The Project Gutenberg eBook of Le Comte Ory: Opéra en deux actes This ebook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this ebook or online at www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook. Title: Le Comte Ory: Opéra en deux actes Composer: Gioacchino Rossini Librettist: C.-G. Delestre-Poirson Eugène Scribe Release date: February 1, 2006 [eBook #9893] Most recently updated: December 27, 2020 Language: French *** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LE COMTE ORY: OPÉRA EN DEUX ACTES *** Produced by Vital Debroey, Renald Levesque and PG Distributed Proofreaders. This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr. LE COMTE ORY OPÉRA EN DEUX ACTES Livret de M. Scribe (Eugène) et M. Delestre-Poirson (Charles-Gaspard) MUSIQUE DE M. ROSSINI PERSONNAGES LE COMTE ORY, seigneur châtelain. LE GOUVERNEUR du comte Ory. ISOLIER, page du comte Ory. RAIMBAUD, chevalier, compagnon de folies du comte Ory. CHEVALIERS, amis du comte Ory. LA COMTESSE DE FORMOUTIERS. RAGONDE, tourière du château de Formoutiers. ALICE, jeune paysanne. CHEVALIERS CROISÉS. CHEVALIERS de la suite du comte Ory. ÉCUYERS. PAYSANS, PAYSANNES. DAMES D'HONNEUR de la Comtesse. _La scène de passe à Formoutiers, en Touraine._ ACTE PREMIER. _Un paysage. Dans le fond, à gauche du spectateur, le château de Formoutiers, dont le pont-levis est praticable. A droite, bosquets à travers lesquels on aperçoit l'entrée d'un ermitage._ SCÈNE PREMIÈRE. RAIMBAUD, ALICE, PAYSANS ET PAYSANNES, _occupés à dresser un berceau de feuillage et de fleurs._ RAIMBAUD. Allons, allons, allons vite! Songez que le bon ermite Va paraître dans ces lieux. Qu'en rentrant à l'ermitage, Il reçoive à son passage Nos offrandes et nos voeux. PAYSANS. Aurai-je par sa science Le Savoir et l'opulence? JEUNES FILLES. Aurons-nous par sa science Les maris Qu'il nous a promis? RAIMBAUD, _cachant sous sou manteau son habit de chevalier._ Vous aurez tout, croyez en ma prudence; Car j'ai l'honneur de le servir. Vous riez... Lorsqu'ici l'on rit de ma puissance, C'est le ciel que l'on offense. Hâtez-vous de m'obéir. _(D'un air d'impatience.)_ Placez aussi sur cette table Quelques flacons de vin vieux. Il aime assez le vin vieux, Car c'est un présent des cieux. SCÈNE II. LES PRÉCÉDENTS, DAME RAGONDE. DAME RAGONDE, _sortant du château, à gauche._ Quand votre dame et maîtresse, Quand madame la comtesse Est, hélas! dans la tristesse, Pourquoi ces chants d'allégresse?.. Pleins d'amour pour leur maîtresse, De bons et fidèles vassaux Doivent souffrir de tous ses maux. Elle veut au bon ermite Dans ce jour rendre visite, Pour que du mal qui l'agite Il puisse la délivrer. ALICE. Le ciel vient de l'inspirer. DAME RAGONDE. Vous croyez que sa science Peut nous rendre l'espérance? RAIMBAUD. Rien n'égale sa puissance: Mainte veuve, grâce à lui, A retrouvé son mari. DAME RAGONDE. Oh! je veux aussi l'entendre. Près de lui je veux me rendre, S'il est vrai qu'un coeur trop tendre Par lui Puisse être guéri. RAIMBAUD. Silence... Le voici! SCÈNE III. _LES PRÉCÉDENTS, LE COMTE ORY, déguisé en ermite avec une longue barbe._ AIR. Que les destins prospères Accueillent vos prières! La paix du ciel, mes frères, Soit toujours avec vous! Veuves ou demoiselles, Dans vos peines cruelles, venez à moi, mes belles, Obliger est si doux! Je raccommode les familles, Et même aux jeunes filles Je donne des époux. Que les destins prospères Accueillent vos prières! La paix du ciel, mes frères, Soit toujours avec vous! DAME RAGONDE. Je viens vers vous! LE COMTE ORY, _la regardant._ Parlez, dame... trop respectable. DAME RAGONDE. Tandis que nos maris, dont l'absence m'accable, Dans les champs musulmans moissonnent des lauriers, Leurs fidèles moitiés, quoiqu'à la fleur de l'âge, Ont juré comme moi de passer leur veuvage Dans le château de Formoutiers. LE COMTE, _à part._ Où tant d'attraits sont prisonniers. (_Haut._) C'est le château de la belle comtesse. DAME RAGONDE. Dont le frère aux combats a suivi nos guerriers. Et cette noble châtelaine, Sur un mal inconnu, qui cause notre peine, Veut aujourd'hui vous consulter. LE CONTE, _à part._ _(Haut.)_ Ah! quel bonheur! Près de moi qu'elle vienne, Mon devoir est de l'assister. _(Se retournant vers les paysans.)_ Voies aussi, mes enfants... De moi pour qu'on obtienne, On n'a qu'à demander... Parlez; Tous vos souhaits seront comblés. CHOEUR, _se pressant autour du comte._ Ah! quel saint personnage! C'est le bienfaiteur du village. DAME RAGONDE. De grâce, parlons tous L'un après l'autre. LE COMTE. Quel désir est le vôtre? Que me demandez-vous. LE CHOEUR. Parlons l'un après l'autre. Silence! taisez-vous. UN PAYSAN. Moi je réclame Pour que ma femme Dans mon ménage Soit toujours sage. LE COMTE. C'est bien, c'est bien. ALICE. J'ai tant d'envie Qu'on me marie Au beau Julien! LE COMTE. C'est bien, c'est bien. DAME RAGONDE. Moi je demande Faveur bien grande, Qu'aujourd'hui même L'époux que j'aime Ici revienne Finir ma peine; Que je l'obtienne, C'est mon seul bien. LE COMTE, _à part._ Qu'un bon ermite Qu'on sollicite, Qu'un bon ermite A de mérite! _(Se retournant vers les jeunes filles.)_ Jeune fillette, Et bachelette, Dans ma retraite Venez me voir. RAIMBAUD. Vous l'entendez, il faut le suivre à l'ermitage. Rendez hommage A son pouvoir. TOUS, _entourant le comte._ Moi, moi, moi, bon ermite, Je sollicite Faveur bien grande, Et je demande De la tendresse, De la jeunesse, De la richesse: Exaucez-nous. Tout le village Vous rend hommage... A l'ermitage Nous irons tons. _(Le comte remonte à son ermitage, suivi de toutes les filles. Dame Ragonde rentre au château. Les paysans sortent par le fond.)_ SCÈNE IV. ISOLIER, LE GOUVERNEUR. LE GOUVERNEUR. Je ne puis plus longtemps voyager de la sorte. ISOLIER. Eh bien! reposons-nous sous ces ombrages frais. LE GOUVERNEUR. Pourquoi m'avoir forcé de quitter notre escorte Et m'amener ici? ISOLIER, _à part, regardant à gauche._ J'avais bien mes projets... Voilà donc le château de ma belle cousine! Si je pouvais l'entrevoir... Quel bonheur! Mais, loin de partager l'ardeur qui me domine, Elle ferme à l'amour son castel et son coeur. _(Au gouverneur qui s'est assis.)_ Eh! monsieur le gouverneur, Reprenez-vous un peu courage? LE GOUVERNEUR. Maudit emploi! maudit message! Monseigneur notre prince, auquel je suis soumis, M'ordonne de chercher le comte Ory, son fils, Ce démon incarné, mon élève et mon maître, Qui, sans mon ordre, de la cour S'est avisé de disparaître. ISOLIER, _à part._ Pour jouer quelque nouveau tour. LE GOUVERNEUR. On le disait caché dans ce séjour. Comment l'y découvrir?... Comment le reconnaître? ISOLIER. Vous devez tout savoir... D'être son gouverneur N'avez-vous pas l'honneur? LE GOUVERNEUR. Oui! quel honneur! AIR. Veiller sans cesse, Trembler toujours pour son altesse Et pour ses jours... Du gouverneur D'un grand seigneur, Tel est le profit et l'honneur. Quel honneur d'être gouverneur! A la guerre comme à la chasse, Si quelque péril le menace, Il faut partout suivre ses pas. Dût-il me mener au trépas! Veiller sans cesse, Trembler toujours, etc., etc., etc. Et s'il est épris d'une belle, Il me faut courir après elle; Tout en lui faisant des sermons Sur le danger des passions. Veiller sans cesse, Courir toujours, Pour son altesse Ou ses amours: Du gouverneur, D'un grand seigneur. Tel est le profit et l'honneur. Quel honneur d'être gouverneur! SCÈNE V. LES PRÉCÉDENTS; PAYSANS, PAYSANNES, _sortant de l'ermitage_ CHOEUR. O bon ermite! Vous, notre appui, Vous, notre ami, Merci vous di. O bon ermite! Je veux partout faire savoir Son grand mérite Et son pouvoir. Jeune fillette A, grâce à lui, Fortune faite, Et bon mari O saint prophète, Soyez béni! Oui, Puissant prophète, Soyez béni! LE GOUVERNEUR, _à part, regardant les jeunes filles_. Je vois paraître Minois joli; Ah! mon cher maître Doit être Près d'ici. CHOEUR _des jeunes filles, l'apercevant_. Un étranger! Qui peut-il être? Un beau seigneur. Pour le village, ah! quel honneur! LE GOUVERNEUR, _à part_. Ce respectable et bon ermite, Dont chacun vante le mérite, Malgré moi dans mon âme excite Un soupçon qui m'effraie ici. Lui qu'on adore, Lui qu'on implore, Serait-ce encore Le comte Ory? Depuis quand cet ermite est-il dans le village? ALICE. Depuis huit jours, pas davantage. LE GOUVERNEUR. O ciel! en voilà tout autant Qu'il est parti. _(Retenant Alice, qui reste la dernière.)_ Ma belle enfant, Où pourrais-je le voir? ALICE. Ici même ... à l'instant Il va venir ... madame la comtesse A désiré le consulter. ISOLIER. Vraiment. ALICE. Sur un mal inconnu qui l'accable et l'oppresse. LE GOUVERNEUR ET ISOLIER. Merci, merci, ma belle enfant. LE GOUVERNEUR. Il doit donc venir dans l'instant! ISOLIER. Elle va venir dans l'instant! LE GOUVERNEUR, _à part_ Cette belle comtesse au regard séduisant! Ceci me semble encore une preuve plus forte. _A Isolier._ Attendez-moi ... Je vais retrouver notre escorte. _A part._ Puis ensemble nous reviendrons, pour confirmer, ou bien dissiper mes soupçons. SCÈNE VI. ISOLIER, _seul, regardant du côté du château._ Je vais revoir la beauté qui m'est chère.... Mais comment désarmer cette vertu si fière? Comment, en ma faveur, la toucher aujourd'hui? Si cet ermite, ce bon père, Voulait m'aider ... Oh! non ... ce serait trop hardi.... Allons, ne suis-je pas page du comte Ory! SCÈNE VII. ISOLIER, LE COMTE ORY, _en ermite._ ISOLIER. Salut, ô vénérable ermite! LE COMTE, _à part, avec un geste de surprise._ C'est mon page! sachons le dessein qu'il médite. _(Haut)._ Qui vers moi vous amène, ô charmant Isolier? ISOLIER, _à part._ Il me connaît! LE COMTE. Tel est l'effet de ma science. ISOLIER. Un aussi grand savoir ne peut trop se payer, _(Lui donnant une bourse.)_ Et cette offrande est bien faible, je pense. LE COMTE, _prenant la bourse._ N'importe ... à moi vous pouvez vous fier: Parlez, parlez, beau page. DUO. ISOLIER. Une dame du haut parage Tient mon coeur en un doux servage, Et je brûle pour ses attraits. LE COMTE. Je n'y vois point de mal ... après? ISOLIER. Je croyais avoir su lui plaire; Et pourtant son coeur trop sévère S'oppose à mes tendres souhaits. LE COMTE. Je n'y vois pas de mal ... après? ISOLIER. Et jusqu'au retour de son frère, Qui des croisés suit la bannière, Aucun amant, aucun mortel Ne peut entrer dans ce castel. LE COMTE, _à part._ Celui de la comtesse ... o ciel! ISOLIER. Pour y pénétrer, comment faire? J'avais bien un moyen fort beau; Mais je le crois trop téméraire. LE COMTE. Parlez ... parlez ... beau jouvenceau. ISOLIER. Je voulais, d'une pèlerine Prenant la cape et le manteau, M'introduire dans ce château. LE COMTE. Bien! bien ... le moyen est nouveau. _A part._ On peut s'en servir, j'imagine. _Au page._ Noble page du comte Ory, Serez un jour digne de lui! ENSEMBLE. LE COMTE, _à part_. Voyez donc, voyez donc le traître? Oser jouter contre son maître! Mais je le tiens, et l'on verra Qui de nous deux l'emportera. ISOLIER, _à part_. A l'espoir je me sens renaître Ce moyen est un coup de maître.... Oui, je le tiens, et vois déjà Que son pouvoir me servira. ISOLIER. Mais d'abord ce projet réclame Vos soins pour être exécuté. LE COMTE. Comment? ISOLIER. Par cette noble dame Vous allez être consulté. LE COMTE, _à part_. C'est qu'il sait tout, en vérité. ISOLIER. Dites-lui que l'indifférence Cause, hélas! son tourment fatal. LE COMTE. J'entends! j'entends ... ce n'est pas mal. ISOLIER. Et pour guérir à l'instant même, Dites-lui ... qu'il faut qu'elle m'aime. LE COMTE. J'entends! j'entends ... ce n'est pas mal. Je lui dirai qu'il faut qu'elle aime.... (_A part.)_ Mais un autre que mon rival.... ISOLIER. Dites-lui bien qu'il faut qu'elle aime. LE COMTE. Noble page du comte Ory, Serez un jour digne de lui! ENSEMBLE. LE COMTE. Voyez donc, voyez donc le traître? Oser jouter contre son maître! Mais je le tiens, et l'on verra Qui de nous deux l'emportera. ISOLIER. A l'espoir je me sens renaître Ce moyen est un coup de maître.... Oui, je le tiens, et vois déjà Que son pouvoir me servira. SCÈNE VIII. LES PRÉCÉDENTS: LA COMTESSE, DAME RAGONDE, TOUTES LES FEMMES, sortant du château; dans le fond, PAYSANS ET PAYSANNES, VASSAUX de la comtesse, marche, etc. LA COMTESSE, _apercevant Isolier._ Isolier dans ces lieux! ISOLIER. Sur le mal qui m'agite Je venais consulter aussi le bon ermite. LE COMTE Je dois à tous les malheureux Mes conseils et mes voeux. LA COMTESSE, _s'approchant du comte Ory._ Une lente souffrance Me consume en silence; Et ma seule espérance Est la tombe où j'avance Sans peine et sans plaisir; Et de mon âme émue Je voudrais et ne puis bannir Cette langueur qui me tue. O peine horrible! Vous que l'on dit sensible, Daignez, s'il est possible, Guérir le mal terrible Dont je me sens mourir! ISOLIER ET LE CHOEUR. Ah! par votre science Dissipez sa douleur. LA COMTESSE. Faut-il mourir de ma souffrance? LE CHOEUR. Ah! que votre puissance Lui rende le bonheur. ISOLIER, _à part, au comte_. Vous avez entendu sa touchante prière! Voici le vrai moment, parlez pour moi, bon père! LE COMTE, _à la comtesse_. Je puis guérir vos maux, Si vous croyez à ma science Ils viennent de l'indifférence Qui laisse votre coeur dans un fatal repos. Et pour renaître à l'existence, Il faut aimer, former de nouveaux noeuds. LA COMTESSE. Hélas! je ne le peux. Naguère encor d'un éternel veuvage Mon coeur fit le serment. LE COMTE. Le ciel vous en dégage. Il ordonne que de vos jours La flamme se ranime au flambeau des amours. LA COMTESSE. Surprise extrême! Le ciel lui-même Vient par sa voix me ranimer! _(A part.)_ Toi, pour qui je soupire, Toi, cause d'un martyre Que je n'osais exprimer, Isolier, je puis donc t'aimer! Je puis t'aimer et te le dire! Ah! bon ermite, que mon coeur Vous doit de reconnaissance! Par vos talents, votre science Vous m'avez rendu le bonheur. ISOLIER ET LE CHOEUR, _à part_. Oui, sa douce parole Semble la ranimer; Le mal qui la désole Commence à se calmer. LE CHOEUR. Les belles affligées Par lui sont protégées... Par lui, par ses discours, Les belles affligées Se consolent toujours. ISOLIER, _bas, au comte. C'est bien... je suis content. LE COMTE. Encore un mot, de grâce. _(A demi voix.)_ D'un grand péril qui vous menace Je dois vous avertir!... il faut vous défier.... LA COMTESSE. De qui? LE COMTE, _à voix basse._ De ce jeune Isolier. LA COMTESSE. O ciel! LE COMTE, _de même._ Songez qu'il est le page De ce terrible comte Ory. Dont les galants exploits.... Mais ici.... devant lui, Je n'oserais en dire davantage. Entrons dans ce castel. LA COMTESSE. Mon coeur en a frémi! _(Au comte.)_ Venez, ô mon sauveur!... ô mon unique appui! _(Elle prend le comte par la main, et va l'entraîner dans le château. Toutes les dames les suivent. Le comte Ory a déjà mis le pied sur le pont-levis, et, en raillant Isolier, fait un geste de joie. En ce moment entre le gouverneur, suivi de tous les chevaliers de son escorte._) SCÈNE IX. LES PRÉCÉDENTS, LE GOUVERNEUR, CHEVALIERS, etc. LES CHEVALIERS ET LE GOUVERNEUR. Nous saurons bien le reconnaître. Avançons... _(Apercevant Raimbaud qui est en paysan.)_ Qu'ai-je vu!... c'est Raimbaud, Le confident, l'ami de notre maître! RAIMBAUD. Taisez-vous donc, ne dites mot. LE GOUVERNEUR. Plus de doute, plus de mystère, _(Montrant l'ermite.)_ C'est Monseigneur! c'est lui! LE COMTE, _à voix basse._ Misérable! crains ma colère. TOUS LES CHEVALIERS, _s'inclinant._ C'est le comte Ory! TOUTES LES FEMMES, _s'éloignant avec effroi, et se réfugiant dans un coin._ Le comte Ory! LES PAYSANS, _s'avançant avec indignation._ Le comte Ory! LE COMTE. Eh bien! oui... le voici. QUATUOR DICESIMO. Ciel! ô terreur' ô trouble extrême! Quel indigne stratagème! Mon coeur En frémit d'horreur. LE COMTE, _bas, à Raimbaud._ O dépit extrême! Lorsque j'étais sûr du succès, C'est notre gouverneur lui-même Qui vient déjouer mes projets. LE GOUVERNEUR. Pour vous, et de la part d'un père qui vous aime, J'apporte cet écrit qu'il remit à ma foi. Lisez. LE COMTE. Eh! lis toi-même; D'un chevalier est-ce l'emploi? LE GOUVERNEUR, _lisant._ «La croisade est finie, Et dans notre patrie Tous nos preux chevaliers vont bientôt revenir.» TOUTES LES FEMMES, _avec joie._ La croisade est finie, Et dans notre patrie Tous nos maris vont enfin revenir. LE GOUVERNEUR, _lisant._ «Mon fils, pour mieux fêter des guerriers que j'honore, Je veux qu'auprès de moi vous brilliez à ma cour.... Mais venez... hâtez-vous; car la deuxième aurore Peut-être dans ces lieux les verra de retour.» ENSEMBLE. CHOEUR DE FEMMES. Quoi! demain?... ô bonheur extrême! Nos maris vont revenir! LE COMTE. Quoi! demain?... ô dépit extrême! Leurs maris vont revenir! RAIMBAUD, _bas._ Oui, Monseigneur, il faut partir; A votre père il faut obéir. LE COMTE. Il n'est pas temps... un dernier stratagème Peut encor nous servir. DAME RAGONDE ET LES FEMMES, _au comte Ory._ Adieu vous dis, ô noble comte, Soyez plus heureux désormais. LE COMTE, _à part._ Sachons venter ma honte Par de nouveaux succès. _(Bas, à Raimbaud.)_ Un jour encor nous reste, Sachons en profiter. RAIMBAUD, _bas._ Quoi! ce retour funeste.... LE COMTE. Ne saurait m'arrêter. ENSEMBLE. LE COMTE ET SES COMPAGNONS. Beauté qui ris de ma souffrance, Bientôt nous nous reverrons; Je veux qu'une douce vengeance Vienne réparer mes affronts. LA COMTESSE ET SES FEMMES. Mon coeur renaît à l'espérance. Le ciel que nous implorons, Saurait encor, dans sa clémence, Nous soustraire à d'autres affronts. ISOLIER, _montrant le comte Ory._ Observons tout avec prudence; Suivons ses pas et voyons Si par quelque autre extravagance Il songe à venger ses affronts. ACTE DEUXIÈME. _La chambre à coucher de la comtesse. Deux portes latérales; porte au fond. A gauche, un lit de repos, et une table sur laquelle brille une lampe. A droite, une croisée au premier plan._ SCÈNE PREMIÈRE. LA COMTESSE, DAME RAGONDE, DAMES _de la suite de la comtesse groupées différemment et occupées à des ouvrages de femmes._ LE CHOEUR. Dans ce séjour calme et tranquille S'écoulent nos jours innocents; Et nous bravons dans cet asile Les entreprises des méchants. LA COMTESSE, _assise et brodant une écharpe._ Je tremble encore quand j'y pense; Quel homme que ce comte Ory! De la vertu, de l'innocence C'est le plus cruel ennemi. DAME RAGONDE. C'est le nôtre... Dieu! quelle audace! D'un saint homme prendre la place! Et me promettre mon mari! LA COMTESSE. Par bonheur nous pouvons sans crainte Le défier dans cette enceinte, Qui nous protège contre lui. ENSEMBLE. Dans ce séjour calme et tranquille S'écoulent nos jours innocents; Et nous bravons dans cet asile Les entreprises des méchants. _(L'orage qui a commencé à gronder pendant la reprise du choeur précédent se fait entendre en ce moment avec plus de force.)_ TOUTES, _effrayées._ Écoutez!... le ciel gronde. LA COMTESSE. Oui, la grêle et la pluie Ébranlent les vitraux de ce noble castel. DAME RAGONDE. Nous sommes à l'abri!... que je rends grâce au ciel! LA COMTESSE. Et moi, lorsque l'orage éclate avec furie, Au fond du coeur combien je plains Le sort des pauvres pèlerins! _(En ce moment on entend au dehors, au-dessous de la croisée à droite:)_ Noble châtelaine, Voyez notre peine; Et dans ce domaine, Dame de beauté, Pour fuir la disgrâce Dont on nous menace, Donnez-nous, par grâce, L'hospitalité. LA COMTESSE. Voyez qui ce peut être, et qui frappe à cette heure. Jamais le malheureux qui vient nous supplier N'a de cette antique demeure Imploré vainement le toit hospitalier. _(Dame Ragonde sort. La comtesse et les autres dames chantent le choeur suivant; et en même temps on reprend en dehors celui qu'on a déjà entendu. L'orage redouble.)_ ENSEMBLE. LES FEMMES. Grand Dieu! dans ta bonté suprême, Apaise cet orage affreux! En ce moment l'époux que j'aime Est peut-être aussi malheureux. LA COMTESSE. Grand Dieu! dans ta bonté suprême, Apaise cet orage affreux! En ce moment celui que j'aime Est peut-être aussi malheureux. LE CHOEUR DES CHEVALIERS. Noble châtelaine, Voyez notre peine; Et dans ce domaine, Dame de beauté, Pour fuir la disgrâce, Dont on nous menace, Donnez-nous, par grâce L'hospitalité. SCÈNE II. LES PRÉCÉDENTS, DAME RAGONDE. DAME RAGONDE, _d'un air agité._ Quand tomberont sur lui les vengeances divines Quelle horreur! TOUTES. Qu'avez-vous? DAME RAGONDE. Dieu! quel crime inouï! LA COMTESSE. Mais qu'est-ce donc? DAME RAGONDE. Encore un trait du comte Ory. De malheureuses pèlerines Qui, fuyant sa poursuite, et cherchant un abri, Pour la nuit demandent un asile. LA COMTESSE. Que nos secours leur soient offerts! DAME RAGONDE. J'ai prévenu vos voeux! ce soin m'était facile. On aime à compatir aux maux qu'on a soufferts... LA COMTESSE. Ces dames sont-elles nombreuses? DAME RAGONDE. Quatorze. LA COMTESSE. C'est beaucoup! DAME RAGONDE. Mais quel air! quel maintien! LA COMTESSE. Leur âge? DAME RAGONDE. Quarante ans. LA COMTESSE. Leurs figures? DAME RAGONDE. Affreuses! Ce comte Ory n'a peur de rien. Je les ai fait entrer au parloir en silence. Elles tremblaient encor de froid et de frayeur. L'une d'elles pourtant, dans sa reconnaissance, De vous voir un instant demande la faveur. Mais c'est elle, je pense: Elle approche. LA COMTESSE. C'est bien. Laissez-nous un instant. DAME RAGONDE, _au comte Ory, qui paraît en pèlerine et les yeux baissés._ Entrez, ne craignez rien. _(Toutes les dames sortent.)_ LA COMTESSE. Ragonde avait raison, quel modeste maintien! SCÈNE III. LA COMTESSE, LE COMTE ORY. DUO. LE COMTE. Ah! quel respect, Madame, Pour vos vertus m'enflamme; Souffrez que de mon âme J'exprime ici l'ardeur! Nous vous devons l'honneur. LA COMTESSE. Je suis heureuse et fière D'avoir d'un téméraire Déjoué les projets! Je suis heureuse et fière D'avoir à sa colère Dérobé tant d'attraits! LE COMTE. Ah! dans mon coeur charmé de tant de grâce, Ne craignez pas que rien efface Le souvenir de vos bienfaits. _(Prenant sa main.)_ Par cette main, je le jure à jamais. LA COMTESSE. Que faites-vous? LE COMTE. De ma reconnaissance, Quoi! l'excès vous offense! Ah! sans votre assistance, Hélas! lorsque j'y pense... Quel était notre sort!... Je tremble encor!... LA COMTESSE, _avec bonté, et lui tendant la main._ Calmez le trouble de votre âme. LE COMTE, _pressant sa main sur ses lèvres._ Ah! Madame! LA COMTESSE, _souriant._ Quel excès de frayeur! LE COMTE. Il fait battre mon coeur. ENSEMBLE. LA COMTESSE. Ah! vous pouvez sans crainte Braver le comte Ory. Ici, dans cette enceinte, On peut rire de lui. LE COMTE, _à part._ Même dans cette enceinte, Craignez le comte Ory. _(Haut.)_ On le dit téméraire. LA COMTESSE. Je brave sa colère. LE COMTE. On prétend qu'il vous aime. LA COMTESSE. Lui!... Quelle audace extrême! LE COMTE. A vos genoux S'il implorait sa grâce, Madame, que feriez-vous? LA COMTESSE. D'une pareille audace La honte et le mépris Seraient le prix. ENSEMBLE. LA COMTESSE. Le téméraire Qui croit nous plaire, En vain espère Être vainqueur; Moi je préfère L'amant sincère Qui sait nous taire Sa tendre ardeur... Mais on doit rire Du faux délire Et du martyre D'un séducteur. LE COMTE. Beauté si fière, Prude sévère, Bientôt j'espère Toucher ton coeur; Je ris d'avance De sa défense; La résistance Est de rigueur... Puis l'heure arrive Où la captive, Faible et plaintive, Cède au vainqueur. LA COMTESSE. Voici vos compagnes fidèles. LE COMTE. (_Se reprenant._) Je les entends... ce sont eux... ce sont elles! _(A part et regardant par le fond.)_ Mes chevaliers! sous ces humbles habits! LA COMTESSE, _montrant une table qu'on a apportée à la fin du duo_. J'ordonne qu'on vous serve et du lait et des fruits. LE COMTE. Quelle bonté céleste! _Il baise avec respect la main de la comtesse, qui sort en le regardant avec intérêt. Le comte la suit quelque temps des yeux; puis il dit en montrant la table_: L'ordinaire est frugal et le repas modeste Pour d'aussi nobles appétits. SCÈNE IV. LE COMTE, LE GOUVERNEUR, ONZE CHEVALIERS. _Ils sont vêtus d'une pèlerine qui est entr'ouverte, et laisse apercevoir leurs habits de chevaliers._ LE CHOEUR. Ah! la bonne folie! C'est charmant, c'est divin! Le plaisir nous convie A ce joyeux festin. LE COMTE. L'aventure est jolie, N'est-il pas vrai... monsieur le gouverneur? LE GOUVERNEUR. Je pense comme Monseigneur. Mais si le duc... LE COMTE. Mon père... LE GOUVERNEUR. Apprend cette folie, Ma place m'est ravie! Il faudra prendre garde. LE COMTE. Eh! mais, c'est ton emploi; Tu veilleras pour nous, et nous rirons pour toi. Rien ne nous manquera, je pense; Car sagement j'ai su choisir Mes compagnons, pour le plaisir, Mon gouverneur pour la prudence. LE GOUVERNEUR. Qui peut vous inspirer pareille extravagance? LE COMTE. C'est mon page Isolier... mon rival. LE GOUVERNEUR. L'imprudent! LE COMTE. Qui, ne connaissant point l'objet de ma tendresse, M'a suggéré lui-même un tel déguisement Pour mieux enlever sa maîtresse. LE GOUVERNEUR. Et le ciel le punit. LE COMTE. En me récompensant. LE CHOEUR. Oh! la bonne folie! C'est charmant, c'est divin! Le plaisir nous convie A ce joyeux festin. (_Ils se mettent à table._) LE GOUVERNEUR. Eh! mais, quelle triste observance! Rien que du laitage et des fruits. LE COMTE. C'est le repas de l'innocence, Mesdames. LE GOUVERNEUR. Point de vin! SCÈNE V. LES PRÉCÉDENTS, RAIMBAUD, _tenant un panier sous son manteau de Pèlerine._ RAIMBAUD. En voici, mes amis. TOUS, _se levant._ C'est Raimbaud! RAIMBAUD. En héros j'ai tenté l'aventure, Et je viens avec vous partager ma capture. AIR. Dans ce lieu solitaire, Propice au doux mystère, Moi, qui n'ai rien à faire, Je m'étais endormi. Dans mon âme indécise, Certain goût d'entreprise Que l'exemple autorise Vient m'éveiller aussi. C'est le seul moyen d'être Digne d'un pareil maître, Et je veux reconnaître Ce manoir en détail! Je pars... Je m'oriente; A mes yeux se présente Une chambre élégante, C'est celle du travail. Une harpe jolie... De la tapisserie; Près d'une broderie J'aperçois un roman! Même en une chambrette, J'ai, dans une cachette, Cru voir l'historiette Du beau Tyran-le-Blanc! Marchant à l'aventure Sous une voûte obscure, Je vois une ouverture... C'est un vaste cellier, Dont l'étendue immense Et la bonne apparence Attestaient la prudence Du sir de Formoutiers, Arsenal redoutable, Qui fait qu'on puise à table Un courage indomptable Contre le Sarrasin. Armée immense et belle, D'une espèce nouvelle, Plus à craindre que celle Du Sultan Saladin.... Près des vins de Touraine, Je vois ceux d'Aquitaine, Et ma vue incertaine S'égare en les comptant. Là, je vois l'Allemagne; Ici, brille l'Espagne Là, frémit le champagne Du joug impatient. J'hésite... ô trouble extrême! O doux péril que j'aime! Et seul, avec moi-même, Contre tant d'ennemis, Au hasard je m'élance. Sans compter je commence, J'attaque avec vaillance, A la fois vingt pays. Quelle conquête Pour moi s'apprête... Mais je m'arrête, J'entends du bruit. Quelqu'un s'avance, Vers moi s'élance! On me poursuit. Les échos en frémissent, Les voûtes retentissent, Et moi, je fuis soudain. Mais, que m'importe? Gaîment j'emporte Toute ma gloire et mon butin. TOUS, _ôtant les bouteilles du panier._ Partageons son butin! Qu'il avait de bon vin Le seigneur châtelain! Pendant qu'il fait la guerre Au Turc, au Sarrasin; A sa santé si chère Buvons ce jus divin. Buvons, buvons jusqu'à demain. Quelle douce ambroisie! Célébrons tour à tour Le vin et la folie, Le plaisir et l'amour. LE COMTE. On vient... c'est la tourière! Silence! taisez-vous! Mettez-vous en prière, Ou bien c'est fait de nous. SCÈNE VI. LES PRÉCÉDENTS, DAME RAGONDE, _traversant le théâtre et examinant si les pèlerines n'ont besoin de rien._ TOUS LES CHEVALIERS, _fermant leur pèlerine, et cachant leur bouteille, sans avoir l'air de voir Ragonde_. Modèle d'innocence Et de fidélité, Que le ciel récompense Votre hospitalité! Ah! que le ciel vous récompense! (_Ragonde les regarde d'un air attendri, lève les yeux au ciel, et s'éloigne._) RAIMBAUD. Elle a disparu, Réparons bien le temps perdu. LE GOUVERNEUR. De crainte encore peut-être Qu'on n'arrive soudain, Faisons bien disparaître Les traces du butin. (_Il boit._) TOUS. Buvons, buvons soudain!... Qu'il avait de bon vin, Le seigneur châtelain! Pendant qu'il fait la guerre Au Turc, au Sarrasin; A sa santé si chère Buvons ce jus divin. Buvons, buvons jusqu'à demain. Quelle douce ambroisie! Célébrons tour à tour Le vin et la folie, Le plaisir et l'amour. LE COMTE. Mais on vient encore... silence! SCÈNE VII. LES PRÉCÉDENTS, LA COMTESSE, DAME RAGONDE, PLUSIEURS FEMMES, _portant des flambeaux_. TOUS, _feignant de ne pas les voir_. Modèle d'innocence Et de fidélité, Que le ciel récompense Votre hospitalité! LA COMTESSE, _à part, aux autres femmes._ Quel doux ravissement! combien je les admire! (_Haut._) Du repos voici le moment. Que chacune de vous, Mesdames, se retire Dans son appartement. LE COMTE. Adieu, noble comtesse... ah! si le ciel m'entend, Bientôt viendra l'instant peut-être, Où pourrai vous faire connaître Ce qu'éprouve pour vous mon coeur reconnaissant. TOUS. Modèle d'innocence Et de fidélité, Que le ciel récompense Votre hospitalité! (_Le comte et les chevaliers prennent les flambeaux des mains des dames, et se retirent._) SCÈNE VIII. LA COMTESSE, DAME RAGONDE, QUELQUES AUTRES DAMES. LA COMTESSE, _commençant à défaire son voile._ Oui, c'est une bonne oeuvre, et qui, dans notre zèle, (_Écoutant._) Doit nous porter bonheur. On sonne à la tourelle, Qui vient encore? DAME RAGONDE, _regardant par la fenêtre._ Un page. LA COMTESSE. Un page dans ces lieux, Dont l'enceinte est par nous aux hommes interdite! Je veux savoir quel est l'audacieux! SCÈNE IX. LES PRÉCÉDENTS, ISOLIER, ET LES AUTRES FEMMES. ISOLIER. C'est moi, belle cousine, et point je ne mérite Ce fier courroux qui brille en vos beaux yeux. LA COMTESSE. Qui vous amène ici? ISOLIER. Le duc mon maître. Il m'a chargé de vous faire connaître Que les preux chevaliers... DAME RAGONDE. Parlez, mon coeur frémit. ISOLIER. Qu'on attendait demain, arrivent cette nuit. TOUTES. Quoi! nos maris... bonté divine!... ISOLIER. Seront de retour à minuit. Oui, dans l'ardeur qui les domine, Ils veulent en secret vous surprendre ce soir. TOUTES. Ah! cet heureux retour comble tout notre espoir! ISOLIER. Le duc le croit aussi; mais il pense en son âme Qu'un mari bien prudent prévient toujours sa femme. Un bonheur trop subit peut être dangereux. DAME RAGONDE. Quoi! nos maris enfin reviennent en ces lieux! Ah! le ciel les devait à nos vives tendresses. Je cours en prévenir nos aimables hôtesses. ISOLIER, _l'arrêtant._ Et qui donc? DAME RAGONDE. Quatorze vertus... Que le comte Ory, votre maître, Poursuivait. ISOLIER. De terreur tous mes sens sont émus. Achevez... ce sont peut-être Des pèlerines? DAME RAGONDE. Oui, vraiment. ISOLIER. C'est fait de nous... sous ce déguisement Vous avez accueilli le comte Ory lui-même, Et tous ses chevaliers. TOUTES. O ciel! LA COMTESSE. Terreur extrême! DAME RAGONDE. Que dire à mon mari, trouvant en ses foyers Sa chaste épouse avec quatorze chevaliers? TOUTES. Hélas! à quel péril sommes-nous réservées? ISOLIER. Une heure seulement, et vous êtes sauvées. On va nous secourir... il faut gagner du temps. TOUTES. Hélas! hélas! je tremble! LA COMTESSE. Plus terrible à lui seul que les autres ensemble, Le comte Ory... le voici... je l'entends. (_Toutes les dames s'enfuient en poussant un grand cri. Isolier va souffler la lampe qui est sur le guéridon, puis, s'enveloppant du voile que la comtesse vient de quitter, il se place sur le canapé, et fait signe à la comtesse de s'approcher de lui._) SCÈNE X. ISOLIER, _assis sur le canapé_; LA COMTESSE, _debout, s'appuyant près de lui_; LE COMTE, _sortant de sa chambre._ (_La nuit est complète._) TRIO. LE COMTE. A la faveur de cette nuit obscure, Avançons-nous, et sans la réveiller, Il faut céder au tourment que j'endure; Amour me berce, et ne puis sommeiller. ENSEMBLE. LA COMTESSE. Ah! sa seule présence Fait palpiter mon coeur; La nuit et le silence Redoublent ma frayeur. ISOLIER. De crainte et d'espérance Je sens battre mon coeur. La nuit et le silence Redoublent son erreur. LE COMTE. D'amour et d'espérance Je sens battre mon coeur; Et sa seule présence Est pour moi le bonheur. ISOLIER, _bas, à la comtesse._ Parlez-lui. LA COMTESSE. Qui va là? LE COMTE. C'est moi: C'est soeur Colette. Seule, et dans cette chambre où je ne peux dormir, Tout me trouble, et tout m'inquiète. J'ai peur... permettez-moi... près de vous... devenir. ISOLIER ET LA COMTESSE, _à part._ Ah! quelle perfidie! LE COMTE, _avançant près d'Isolier._ O moments pleins de charmes! Quand on est deux, on a moins peur. ISOLIER, _à part._ Oui, lorsqu'on est deux. LE COMTE, _prenant la main d'Isolier._ Ah! je n'ai plus d'alarmes. LA COMTESSE. Que faites-vous? LE COMTE, _pressant la main d'Isolier._ Pour moi plus de frayeur! Quand cette main est sur mon coeur. LA COMTESSE, _à part, et riant._ Il presse ma main sur son coeur. ISOLIER, _bas, à la comtesse._ Beauté sévère, Laissez-le faire; Son bonheur ne vous coûte rien. LE COMTE, _à part._ Grand Dieu! quel bonheur est le mien! ENSEMBLE. LE COMTE. D'amour et d'espérance Je sens battre mon coeur; Amour, par ta puissance, Achève mon bonheur. LA COMTESSE. Ah! sa seule présence Fait palpiter mon coeur; La nuit et le silence Redoublent ma frayeur. ISOLIER. De crainte et d'espérance Je sens battre mon coeur; Sachons avec prudence Prolonger son erreur. LA COMTESSE. Maintenant, je vous en supplie, Soeur Colette, rentrez chez vous. LE COMTE, _à Isolier._ Vous quitter... c'est perdre la vie... Oui, je demeure à vos genoux. LA COMTESSE, _à part._ (_Haut._) Il tremble. O ciel! que faites-vous? LE COMTE. Sachez le feu qui me dévore! C'est un amant qui vous implore. LA COMTESSE. Ah! grand Dieu! quelle trahison! LE COMTE. L'amour qui trouble ma raison Doit me mériter mon pardon. (_A Isolier qui veut se lever._) Ne m'ôtez point, je la réclame, Cette main que ma vive flamme... LA COMTESSE. Ah! comme vous me pressez! Laissez-moi. LE COMTE, _embrassant Isolier._ Vrai Dieu! Madame. Peut-on vous aimer assez! (_En ce moment ou entend sonner la cloche, et un bruit de clairons retentit à la porte du château. Les femmes de la comtesse se précipitent dans l'appartement en tenant des flambeaux._) LE COMTE. O ciel! quel est ce bruit? ISOLIER, _jetant son voile._ L'heure de la retraite. Car il faut partir, Monseigneur. LE COMTE, _le reconnaissant._ C'est mon page Isolier! ISOLIER. Celui que soeur Colette Embrassait avec tant d'ardeur. LE COMTE. Je suis trahi! crains ma colère! ISOLIER. Craignez celle de mon père! Il arrive dans ce castel. Entendez-vous ces cris de joie? LE COMTE. O ciel! SCÈNE XI. LES PRÉCÉDENTS; LE GOUVERNEUR, RAIMBAUD, COMPAGNONS DU COMTE ORY, _en habits de chevaliers, et paraissant à la grille à droite._ LE CHOEUR. Ah! quelle perfidie! Nous sommes tous Sous les verrous; Délivrez-nous! LE COMTE. Je suis captif ainsi que vous. LA COMTESSE. Vous qui faites la guerre aux femmes, Vous voilà donc nos prisonniers! LE COMTE Oui, nous sommes vaincus! à vos pieds, nobles dames, Je demande merci pour tous mes chevaliers. Pour leur rançon qu'exigez-vous? LA COMTESSE. Un gage. Votre départ!.. Évitez le courroux De nos maris. ISOLIER. Par un secret passage Je vais guider vos pas, et votre page Fermera la porte sur vous. LE COMTE. C'est lui qui nous a joués tous. LA COMTESSE. Écoutez ces chants de victoire... Ce sont de braves chevaliers Que l'amour ainsi que la gloire Ont ramenés dans leurs foyers. LE COMTE ET SES COMPAGNONS. A l'hymen cédons la victoire, Et qu'il rentre dans ses foyers. Quittons ces lieux hospitaliers. (_Isolier ouvre à gauche une porte secrète, par laquelle le comte Ory et ces chevaliers disparaissent. En ce moment s'ouvrent les portes du fond. Le duc et les chevaliers revenant de la Palestine entrent, précédés de leurs écuyers, qui portent des étendards et des faisceaux d'armes. Dame Ragonde et les autres femmes se précipitent dans les bras de leurs maris, et la comtesse dans ceux de son frère: puis Isolier va baiser la main du comte de Formoutiers, qui le relève et l'embrasse pendant le choeur suivant._) LE CHOEUR. Honneur aux fils de la victoire, Honneur aux braves chevaliers, Que l'amour ainsi que la gloire Ont ramenés dans leurs foyers! DAME RAGONDE, _à son mari._ Seules, dans ce séjour, nous vivions d'espérance, Attendant le retour de nos preux chevaliers! Et nous n'avons reçu, pendant cinq ans d'absence, Aucun homme en ces lieux. ISOLIER, _aux maris._ Vous êtes les premiers. LE CHOEUR. Honneur aux fils de la victoire, Honneur aux braves chevaliers, Que l'amour ainsi que la gloire Ont ramenés dans leurs foyers! *** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LE COMTE ORY: OPÉRA EN DEUX ACTES *** Updated editions will replace the previous one—the old editions will be renamed. Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright law means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. 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START: FULL LICENSE THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK To protect the Project Gutenberg™ mission of promoting the free distribution of electronic works, by using or distributing this work (or any other work associated in any way with the phrase “Project Gutenberg”), you agree to comply with all the terms of the Full Project Gutenberg™ License available with this file or online at www.gutenberg.org/license. Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg™ electronic works 1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg™ electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to and accept all the terms of this license and intellectual property (trademark/copyright) agreement. If you do not agree to abide by all the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy all copies of Project Gutenberg™ electronic works in your possession. 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