The Project Gutenberg eBook of Contes et légendes. 1re Partie This ebook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this ebook or online at www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook. Title: Contes et légendes. 1re Partie Author: H. A. Guerber Release date: July 19, 2006 [eBook #18873] Language: English, French Credits: Produced by Chuck Greif, Jason Isbell and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net *** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK CONTES ET LÉGENDES. 1RE PARTIE *** Produced by Chuck Greif, Jason Isbell and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net CONTES ET LÉGENDES 1ÈRE PARTIE PAR H. A. GUERBER AUTEUR DE "MYTHS OF GREECE AND ROME" NEW YORK CINCINNATI CHICAGO AMERICAN BOOK COMPANY DÉDIÉ À Roger et Marguerite PREFACE. This little collection of Legends and Fairy Tales is intended merely as an introduction to general French reading. The stories have been told as simply as possible, with infinite repetition of the same words and idioms to enable the pupil to obtain a good vocabulary almost unconsciously. They have also been narrated as graphically as practicable to arouse an interest in the plot, to stimulate curiosity, and thereby induce the pupil to read to the end. With the exception of the first tale of the series, for which I have purposely selected the common nursery story, "The Three Bears," I have carefully avoided the tales which are most familiar, or have given them in some unusual version, so that only by knowing the meaning of the words the sense of the story can be obtained. This method has been used with most gratifying results with pupils of all ages either with or without the accompaniment of a grammar, and it is very gradual, to facilitate rapid progress in the language. Of course, the results to be achieved depend greatly upon the instructor, but I have found that where daily lessons were the rule, the pupils, at the end of a very short time, were able to read simple histories and novels at sight with much pleasure and profit. My own method, which, however, varies greatly according to the age and the intelligence of the pupils, is, roughly outlined, as follows, taking the first paragraph of this work as an example: The first sentence is read plainly by the teacher or written on the blackboard, and as these stories are intended to be used from the very first lesson, each word is translated into English. Then the pupils read the sentence in turn, supplying the translation of the words as they are rapidly pointed out. A few moments' work of this kind suffices with average pupils to enable them to memorize the words so that they can reproduce them verbally or in writing, when the book is shut or after they have been rubbed off the board. The next sentence is treated in the same way, the pupils translating the words previously given and the instructor giving the meaning _of the new words only_. Then making use of the first idiomatic expression "il y avait," an explanation is given, showing how it can be changed into the interrogative form "y avait-il?" and the pupils are questioned rapidly as follows, using only the words already mastered: "Y avait-il un ours?" "Y avait-il deux ours?" "Y avait-il trois ours?" "Y avait-il un grand ours?" "Y avait-il un petit ours?" "Y avait-il un ours de grandeur moyenne?" The answers are all given in French, as quickly as possible, ere the second sentence is written from memory. Proceeding thus from sentence to sentence, more or less rapidly according to the class, a stock of words is soon acquired, reading, writing, and conversation become easy, and in a very short time the pupils, _encouraged to guess at the meaning of new words_, become entirely independent of vocabulary or dictionary. In concluding the lesson, the story is told again by the teacher, quite rapidly, in the usual conversational tone, or the pupils read or tell it aloud. A vocabulary and a few notes have been added more as a matter of convenience for any pupils who should miss a recitation than for constant use, for the main object of this method is that the pupils should have all the French they have learned at the tip of their tongues. If this collection of stories helps to make the study of French more of a pleasure and less of a bugbear than it has heretofore proved, I shall feel that one part of my aim has been attained. H. A. GUERBER. TABLE DES MATIERES. IÈRE PARTIE. Les Trois Ours Les Quatre Saisons La Rose Mousseuse Les Trois Souhaits Le Chat et le Renard Blanche-Neige Les Trois Citrons La Ville Submergée Le Poisson d'Or La Cabane au Toit de Fromage Le Vrai Héritier Yvon et Finette Le Renard et le Loup La Mauvaise Femme Baba-Iaga Les Nez L'Hospitalité du Pacha Les Deux Frères Le Berger et le Dragon Les Deux Aumônes L'Amour d'une Mère Le Cheveu Merveilleux Un Conte de ma Mère l'Oie Godefroi le Petit Ermite Le Grain de Moutarde CONTES ET LÉGENDES. LES TROIS OURS.[1] [Note 1: The original of this story is the common English nursery tale, "The Three Bears and Little Silver Hair."] Il y avait une fois un, deux, trois ours: un grand ours, un ours de grandeur moyenne, et un petit ours. Les trois ours demeuraient dans une petite maison, dans une grande forêt. Dans la maison, il y avait trois lits: un grand lit pour le grand ours, un lit de grandeur moyenne pour l'ours de grandeur moyenne, et un petit lit pour le petit ours. Il y avait aussi trois chaises: une grande chaise pour le grand ours, une chaise de grandeur moyenne pour l'ours de grandeur moyenne, et une petite chaise pour le petit ours. Il y avait aussi trois assiettes et trois cuillères: une grande assiette et une grande cuillère pour le grand ours, une assiette de grandeur moyenne et une cuillère de grandeur moyenne pour l'ours de grandeur moyenne, et une petite assiette et une petite cuillère pour le petit ours. Un jour le grand ours dit de sa grande voix: "J'ai faim." "Oui," dit l'ours de grandeur moyenne de sa voix de grandeur moyenne, "J'ai faim." Et le petit ours dit de sa petite voix: "Oui, oui, j'ai faim." Les trois ours firent la soupe. Alors ils versèrent la soupe dans les trois assiettes. Ils versèrent une grande portion dans la grande assiette pour le grand ours. Ils versèrent une portion de grandeur moyenne dans l'assiette de grandeur moyenne pour l'ours de grandeur moyenne, et une petite portion dans la petite assiette pour le petit ours. Alors le grand ours prit la grande cuillère, goûta la soupe et dit: "La soupe est trop chaude." L'ours de grandeur moyenne prit la cuillère de grandeur moyenne, goûta la soupe et dit: "Oui, la soupe est trop chaude," et le petit ours prit la petite cuillère, goûta la soupe et dit: "Oui, oui, la soupe est trop chaude." Alors le grand ours dit: "Allons nous promener dans la forêt." "Oui," dit l'ours de grandeur moyenne, "allons nous promener dans la forêt;" et le petit ours dit: "Oui, oui, allons nous promener dans la forêt." Les trois ours partirent. Ils laissèrent la porte de la maison ouverte, et la soupe sur la table. Une petite fille passa. Elle vit la petite maison, elle vit la porte ouverte, et elle vit la soupe sur la table. Elle dit: "J'ai faim," et elle entra dans la maison. Elle prit la grande cuillère, goûta la soupe dans la grande assiette, et dit: "Cette soupe est trop chaude." Alors elle prit la cuillère de grandeur moyenne, goûta la soupe dans l'assiette de grandeur moyenne, et dit: "Cette soupe est trop froide." Alors elle prit la petite cuillère, goûta la soupe dans la petite assiette, et dit: "Cette soupe est excellente." La petite fille mangea toute la soupe. Alors la petite fille dit: "Je suis fatiguée, où y a-t-il une chaise?" Elle vit les trois chaises. Elle alla à la grande chaise, s'assit, et dit: "Cette chaise n'est pas confortable." Elle alla à la chaise de grandeur moyenne, s'assit, et dit: "Cette chaise n'est pas confortable." Alors elle alla à la petite chaise, s'assit, et dit: "Cette chaise est très confortable." Alors la petite fille sauta de joie et la chaise se cassa! La petite fille dit: "J'ai sommeil, où y a-t-il un lit?" Elle vit les trois lits. Elle alla au grand lit, se coucha, et dit: "Ce lit n'est pas confortable." Elle alla au lit de grandeur moyenne, se coucha, et dit: "Ce lit n'est pas confortable." Alors elle alla au petit lit, se coucha, et dit: "Ce lit est très confortable," et la petite fille s'endormit. Quelques minutes après les trois ours arrivèrent. Le grand ours regarda sa grande cuillère et sa grande assiette, et dit de sa grande voix: "Quelqu'un est entré et a goûté ma soupe." L'ours de grandeur moyenne regarda sa cuillère de grandeur moyenne et son assiette de grandeur moyenne, et dit de sa voix de grandeur moyenne: "Oui, quelqu'un est entré et a goûté ma soupe," et le petit ours regarda sa petite cuillère et sa petite assiette, et dit de sa petite voix: "Oui, oui, quelqu'un est entré et a mangé toute ma soupe." Le grand ours regarda sa grande chaise et dit de sa grande voix: "Quelqu'un est entré et s'est assis sur ma chaise." L'ours de grandeur moyenne regarda sa chaise de grandeur moyenne, et dit de sa voix de grandeur moyenne: "Oui, quelqu'un est entré et s'est assis sur ma chaise." Et le petit ours regarda sa petite chaise, et dit de sa petite voix: "Oui, oui, quelqu'un est entré et a cassé ma petite chaise." Alors le grand ours regarda son grand lit et dit de sa grande voix: "Quelqu'un est entré et s'est couché sur mon grand lit." L'ours de grandeur moyenne regarda son lit de grandeur moyenne, et dit de sa voix de grandeur moyenne: "Oui, quelqu'un est entré et s'est couché sur mon lit de grandeur moyenne." Et le petit ours regarda son petit lit, et dit de sa petite voix: "Oui, oui, une petite fille est couchée sur mon petit lit." Les trois ours s'approchèrent: "Oh!" dit le grand ours, "cette petite fille est jolie." L'ours de grandeur moyenne dit: "Oh, oui, cette petite fille est jolie," et le petit ours dit: "Oh! oui, oui, cette petite fille est très jolie." A cet instant la petite fille se réveilla. Elle vit le grand ours, l'ours de grandeur moyenne, et le petit ours. Elle dit: "Oh! J'ai peur," et elle sauta du lit et partit vite, vite! "Oh!" dit le grand ours de sa grande voix: "La petite fille a peur." "Oui," dit l'ours de grandeur moyenne, "la petite fille a peur." Et le petit ours dit: "Oui, oui, elle a peur." La petite fille ne visita plus jamais la maison des ours. LES QUATRE SAISONS.[2] [Note 2: This is one of the most popular of the Bohemian folk stories. It has been translated into many languages, and an elaborate version of it can be found in Laboulaye's "Fairy Book."] Il y avait une fois une petite fille. Cette petite fille demeurait dans une jolie petite maison avec sa mère et sa soeur. La petite fille, Claire, était bonne et très jolie. La soeur de la petite fille, Laure, était méchante et laide. La mère était aussi méchante et laide. La mère aimait Laure, mais elle n'aimait pas Claire. Un jour la méchante fille dit à sa mère: "Ma mère, envoyez Claire à la forêt cueillir des violettes. La mère répondit: "Des violettes, dans cette saison! C'est impossible, ma fille, dans la forêt il y a seulement de la neige et de la glace." Mais la méchante fille insista, et la mère dit à Claire: "Allez à la forêt cueillir un bouquet de violettes pour votre soeur." Claire regarda sa mère avec surprise, et répondit: "Ma mère, c'est impossible! Dans cette saison il y a seulement de la neige et de la glace dans la forêt." Mais la mère insista, et la pauvre Claire partit. Elle alla à la forêt, chercha les violettes, et trouva seulement de la neige et de la glace. La pauvre fille dit: "J'ai froid; où y a-t-il du feu?" Elle regarda à droite, elle regarda à gauche, et elle vit un grand feu à une grande distance. Elle alla à ce feu, et vit douze hommes assis autour du feu. Trois hommes avaient de longues barbes blanches et de longues robes blanches; trois hommes avaient de longues barbes blondes et de longues robes vertes; trois hommes avaient de longues barbes brunes et de longues robes jaunes, et trois hommes avaient de longues barbes noires et de longues robes violettes. La petite fille s'approcha en silence, et elle vit qu'un des hommes à barbe blanche avait un bâton à la main. Cet homme se tourna et dit: "Petite fille, que cherchez vous dans la forêt?" La petite fille répondit: "Monsieur, je cherche des violettes." L'homme à barbe blanche dit: "Ma pauvre petite fille, ce n'est pas la saison des violettes, c'est la saison de la neige et de la glace. "Oui," dit la petite fille, "mais ma mère a dit: 'Allez à la forêt cueillir un bouquet de violettes pour votre soeur,' et je suis forcée d'obéir." L'homme à barbe blanche regarda la petite fille un instant, et dit: "Chauffez-vous, ma pauvre enfant." Alors il prit son bâton, se tourna vers un des hommes à barbe blonde, lui donna le bâton et dit: "Frère Mai, les violettes sont votre affaire. Voulez-vous aider cette petite fille?" "Certainement," répondit Frère Mai. Il prit le bâton et attisa le feu. En un instant la glace disparut, et la neige aussi. La petite fille n'avait plus froid, elle avait chaud. Un instant après elle vit que l'herbe était verte, et bientôt elle vit beaucoup de violettes dans l'herbe. Alors Frère Mai se tourna vers elle et dit: "Ma chère petite fille, cueillez un bouquet de violettes, aussi vite que possible, et partez." La petite fille cueillit un bouquet de violettes, dit: "Merci, mon bon monsieur Mai," et partit. Frère Mai donna le bâton à l'homme à barbe blanche, il attisa le feu, et en un instant les violettes et l'herbe avaient disparu, et la glace et la neige étaient là comme avant. La petite fille alla à la maison et frappa à la porte. La mère ouvrit la porte et dit: "Avez-vous les violettes?" "Oui, ma mère," répondit Claire, et elle donna les violettes à sa mère. "Où avez-vous trouvé ces violettes?" dit la mère. "Dans la forêt," répondit Claire, "il y avait beaucoup de violettes dans l'herbe." La mère de Claire était très surprise, mais elle ne dit rien. Le lendemain la méchante fille dit à sa mère: "Ma mère, envoyez Claire à la forêt cueillir des fraises." "Des fraises, dans cette saison, c'est impossible, ma fille," répondit la mère. Mais Laure insista, et la mère dit à Claire: "Allez à la forêt cueillir des fraises pour votre soeur." Claire regarda sa mère avec surprise, et dit: "Ma mère, c'est impossible! Dans cette saison il y a de la glace et de la neige dans la forêt mais pas de fraises." Mais la mère insista, et la pauvre Claire partit. Elle alla à la forêt, chercha les fraises, et trouva seulement de la neige et de la glace. La pauvre fille dit: "J'ai froid! où y a-t-il du feu?" Elle regarda à droite et à gauche, et elle vit un grand feu à une grande distance. Elle s'approcha de ce feu et vit les douze hommes. Trois hommes avaient des barbes blanches et des robes blanches, trois hommes avaient des barbes blondes et des robes vertes, trois hommes avaient des barbes brunes et des robes jaunes, et trois hommes avaient des barbes noires et des robes violettes. La petite fille s'approcha et dit à l'homme à barbe blanche qui avait un bâton à la main: "Monsieur, j'ai froid, voulez-vous me permettre de me chauffer à votre feu?" "Certainement," répondit l'homme. "Mon enfant, que cherchez-vous dans la forêt dans cette saison?" "Des fraises, monsieur." "Des fraises," répéta l'homme avec surprise, "ce n'est pas la saison des fraises. C'est la saison de la glace et de la neige." La petite fille répondit: "Ma mère a dit, 'Allez à la forêt cueillir des fraises pour votre soeur,' et je suis forcée d'obéir." Alors l'homme à barbe blanche donna son bâton à un des hommes à barbe brune, et dit: "Frère Juin, les fraises sont votre affaire. Voulez-vous aider cette petite fille?" "Avec le plus grand plaisir," répondit Frère Juin. Il prit le bâton et attisa le feu. En un instant toute la neige et toute la glace avaient disparu. La petite fille n'avait plus froid, elle avait chaud. Elle vit l'herbe verte, et quelques minutes après elle vit beaucoup de fraises dans l'herbe. Alors Frère Juin se tourna vers elle et dit, "Ma chère petite fille, cueillez vos fraises, vite, vite, et partez." La petite fille cueillit les fraises, dit: "Merci, mon bon monsieur Juin," et partit. Frère Juin donna le bâton à Frère Janvier. Il attisa le feu et en un instant les fraises avaient disparu, et la neige et la glace étaient là comme avant. La petite fille retourna à la maison et frappa à la porte. La mère ouvrit la porte, et demanda: "Où sont les fraises?" Claire donna les fraises à sa mère. "Où avez-vous trouvé ces fraises?" demanda la mère. "Dans la forêt;" répondit la petite fille, "il y avait beaucoup de fraises dans l'herbe." La mère était très surprise. Elle donna les fraises à la méchante fille, qui les mangea toutes. Le lendemain la méchante fille dit à sa mère: "Ma mère, envoyez Claire à la forêt cueillir des pommes." La mère dit: "Ma fille, il n'y a pas de pommes dans la forêt dans cette saison." Mais la méchante fille insista, et la mère dit à Claire: "Ma fille, allez dans la forêt cueillir des pommes pour votre soeur." Claire regarda sa mère avec surprise et dit: "Mais, ma mère, il n'y a pas de pommes dans la forêt dans cette saison." La mère insista, et Claire partit. Elle regarda à droite et à gauche, mais elle ne trouva pas de pommes. Elle avait froid, et dit: "Où y a-t-il du feu?" Dans un instant elle vit le même feu et les mêmes hommes. Elle s'approcha et dit à l'homme à barbe blanche qui avait le bâton à la main: "Mon bon monsieur, voulez-vous me permettre de me chauffer à votre feu?" L'homme répondit: "Certainement, ma pauvre enfant; que cherchez-vous dans la forêt dans cette saison?" "Je cherche des pommes, monsieur." "C'est la saison de la neige et de la glace, ma pauvre enfant, ce n'est pas la saison des pommes." "Oui, monsieur, mais ma mère a dit: 'Allez chercher des pommes,' et je suis forcée d'obéir," dit Claire. Alors l'homme à barbe blanche prit son bâton, se tourna vers un des hommes à barbe noire et dit: "Frère Septembre, les pommes sont votre affaire. Voulez-vous aider cette pauvre petite fille?" "Certainement," répondit Frère Septembre. Il prit le bâton, attisa le feu, et dans un instant la petite fille vit un pommier, tout couvert de pommes. Alors Frère Septembre se tourna vers la petite fille, et dit: "Ma chère petite fille, cueillez deux pommes, vite, vite, et partez." La petite fille cueillit deux pommes rouges, dit: "Merci, mon bon monsieur," et partit. Frère Septembre donna le bâton à Frère Janvier, qui attisa le feu, et à l'instant le pommier disparut, et les pommes rouges aussi, et la neige et la glace étaient là comme avant. La petite fille retourna à la maison, elle frappa à la porte. La mère ouvrit la porte, et demanda: "Avez-vous les pommes?" "Oui, ma mère," répondit la petite fille. Elle donna les pommes à sa mère et entra dans la maison. La mère donna les pommes à la méchante fille. La méchante fille mangea les deux pommes, et demanda à Claire: "Ma soeur, où avez-vous trouvé ces grosses pommes rouges?" "Dans la forêt, il y avait un grand pommier tout couvert de pommes rouges," répondit Claire. La méchante fille dit à sa mère le lendemain: "Ma mère, donnez-moi mon manteau et mon capuchon. Je vais à la forêt cueillir beaucoup de violettes, de fraises, et de pommes." La mère donna le manteau et le capuchon à Laure, qui partit. Elle alla dans la forêt, elle vit de la glace et de la neige, mais elle ne vit pas de violettes. Elle ne vit pas de fraises, et elle ne vit pas de pommes. Elle chercha à droite, elle chercha à gauche, en vain. Alors elle dit: "J'ai froid, où y a-t-il du feu?" Elle regarda à droite et à gauche, et vit le grand feu et les douze hommes, assis en silence autour du feu. Laure s'approcha, et l'homme qui avait le bâton dit: "Mon enfant, que cherchez-vous dans la forêt dans cette saison?" "Rien," dit la méchante fille, qui était aussi très impolie. Frère Janvier prit son bâton, attisa le feu, et dans un instant la neige commença à tomber. La méchante fille partit pour aller à la maison, mais en route elle tomba dans la neige et périt. La mère dit: "Où est Laure?" Un moment après la mère prit son manteau et son capuchon et partit pour chercher Laure. Elle chercha dans la forêt, elle arriva aussi au grand feu et vit les douze hommes. Frère Janvier dit: "Ma bonne femme, que cherchez-vous dans la forêt dans cette saison?" "Rien," répondit la mère, qui était aussi impolie. Frère Janvier prit son bâton, attisa le feu, et à l'instant la neige commença à tomber. La mère partit pour aller à la maison, mais en route elle tomba dans la neige et périt aussi. La bonne fille était seule dans la maison, mais douze fois par an elle recevait la visite d'un des douze hommes. Décembre, Janvier, et Février apportaient de la glace et de la neige; Mars, Avril, et Mai apportaient des violettes; Juin, Juillet, et Août apportaient de petits fruits; et Septembre, Octobre, et Novembre apportaient beaucoup de pommes. La petite fille était toujours très polie, et les douze mois étaient ses bons amis. LA ROSE MOUSSEUSE.[3] [Note 3: The story of the "Moss Rose" has been developed from the following beautiful lines by Krummacher:-- "Weary of pleasure, And laden with treasure, The Angel of flowers Had wandered for hours; When he sunk to his rest With his wings on his breast. And the rose of the glade Lent her beautiful shade, To guard and to cover The flower king's slumber. When the Angel awoke, Then in rapture he spoke: "Thou queen of my bowers, Thou fairest of flowers, What gift shall be mine, And what guerdon be thine?" "In guerdon of duty Bestow some new beauty," She said, and then smiled, Like a mischievous child. In anger he started, But ere he departed, To rebuke the vain flower, In the pride of her power, He flung some rude moss Her fair bosom across. But her new robes of green So became the fair queen, That the Angel of flowers Mistrusted his powers, And was heard to declare He had granted her prayer. ] L'Amour alla un jour se promener dans la forêt. C'était un beau jour au mois de Juin. L'Amour se promena longtemps, longtemps. Il se promena si longtemps qu'il se trouva enfin fatigué, bien fatigué. "Oh!" dit L'Amour, "je suis si fatigué!" Et L'Amour se coucha sur l'herbe verte pour se reposer. Tous les petits oiseaux de la forêt arrivèrent vite, vite pour voir l'Amour. L'Amour était si joli, si blanc et rose. L'Amour avait de si jolis cheveux blonds et de si jolis yeux bleus. "Oh!" dirent tous les petits oiseaux de la forêt. "Regardez le petit Amour! Comme il est joli! Comme il est blanc et rose! Quel joli Amour! Quels jolis cheveux blonds! Quels jolis yeux bleus!" Tous les oiseaux se perchèrent sur les branches et commencèrent à chanter en choeur: "Quel joli petit Amour!" Le petit Amour ferma ses jolis yeux bleus. Le petit Amour s'endormit. Il s'endormit profondément. Les petits oiseaux continuèrent à chanter, "Quel joli petit Amour!" Alors le Soleil dit: "Les petits oiseaux de la forêt chantent tous: 'Quel joli petit Amour!' Où est ce joli petit Amour?" et le Soleil entra dans la forêt pour chercher le joli petit Amour. Le Soleil entra dans la forêt, et, guidé par le chant des petits oiseaux, il arriva bientôt à la place où le joli petit Amour était couché sur l'herbe verte. "Oh!" dit le Soleil, "Quel joli petit Amour! Comme il est blanc et rose! Quels jolis cheveux blonds! Quelle est la couleur des yeux de ce joli petit Amour?" Le Soleil était curieux, très curieux, mais la Rose qui était là dit: "Non, non, Soleil, vous êtes curieux, très curieux, mais le joli petit Amour dort. Partez, méchant Soleil, partez vite. L'Amour dort profondément, et les petits oiseaux chantent. Partez! "Oh non!" dit le Soleil. "Je veux voir quelle est la couleur des yeux de ce joli petit Amour." "Non, non!" dit la Rose, et elle se pencha sur L'Amour, et elle le protégea. La Rose protégea le petit Amour, et le Soleil, le Soleil curieux, resta dans la forêt, et dit: "Je veux voir la couleur des yeux de ce joli petit Amour. Je resterai ici, dans la forêt, et quand l'Amour ouvrira les yeux, je serai content, très content." Le Soleil resta dans la forêt, les oiseaux chantèrent, la Rose protégea l'Amour, et l'Amour dormit profondément. Enfin l'Amour ouvrit les yeux. "Oh!" dit le Soleil, "j'ai vu la couleur des yeux de l'Amour. L'Amour a les yeux bleus!" "Mais oui!" chantèrent les petits oiseaux de la forêt: "L'Amour a les yeux bleus!" "Oui, certainement," dit la Rose, "L'Amour a les yeux bleus!" L'Amour regarda le Soleil, et dit: "Oh Soleil" pourquoi êtes-vous entré dans la forêt?" "Oh!" dit le Soleil, "j'ai entendu les oiseaux qui chantaient: 'Oh, le joli petit Amour'; et je suis entré dans la forêt pour vous voir." L'Amour dit au Soleil, "Oh Soleil, vous êtes curieux, très curieux." "Oui," dit le Soleil, "je suis curieux, mais la Rose vous a protégé." "Merci! chère Rose," dit le joli petit Amour, "merci, merci. Vous êtes bien bonne, chère Rose, et vous êtes aussi belle que bonne. Quelle récompense voulez-vous, chère Rose, vous qui êtes la plus belle de toutes les fleurs?" "Oh!" dit la Rose. "Donnez-moi un charme de plus!" "Comment!" dit l'Amour, surpris. "Vous demandez un charme de plus. Impossible! Je vous ai déjà donné tous les charmes. Je vous ai donné une forme parfaite. Je vous ai donné une couleur charmante. Je vous ai donné un parfum délicat. Je vous ai donné tous les charmes et toutes les grâces, et vous demandez un attrait (charme) de plus. Ce n'est pas raisonnable!" "Oh!" dit la Rose, "raisonnable ou pas raisonnable, je vous demande un attrait de plus, cher Amour. Je vous ai protégé. Récompensez-moi!" L'Amour dit: "C'est impossible!" Mais la Rose insista. Enfin l'Amour, en colère, dit: "Rose, vous êtes belle, vous êtes la plus belle des fleurs, mais vous n'êtes pas sage (bonne)." Et l'Amour prit de la mousse. Il jeta la mousse sur la Rose, et dit: "Vous ne méritez rien que cela!" La Rose, couverte de mousse verte, parut plus belle que jamais, et la Rose dit avec joie: "Merci, mon joli petit Amour! Merci, vous m'avez donné une récompense. Vous m'avez donné une grâce de plus." "Oui!" dit l'Amour, surpris. "Je vous ai donné une grâce de plus!" Le Soleil regarda la Rose, et dit aussi: "Mais oui! la Rose a une grâce de plus." Et tous les petits oiseaux chantèrent: "Mais oui, le joli petit Amour a donné une grâce de plus à la Rose, à la plus belle des fleurs." Et l'Amour partit en chantant aussi: "La Rose mousseuse est la plus belle des fleurs. Elle est bonne aussi. Elle m'a protégé quand le Soleil est arrivé pour voir la couleur de mes yeux qui sont bleus." Et depuis ce jour la Rose, cette coquette, a toujours porté un peu de mousse verte. LES TROIS SOUHAITS.[4] [Note 4: Another version of this story can be found in "Les Contes de Fées de Charles Perrault," where it is entitled "Les Souhaits Ridicules."] Il y avait une fois un homme qui était très pauvre. Il demeurait avec sa femme dans une misérable petite maison. Tous les jours l'homme allait à la forêt pour couper du bois. Un jour il était dans la forêt et dit: "Je suis bien misérable! Je suis pauvre, je suis forcé de travailler tous les jours. Ma femme a faim, j'ai faim aussi. Oui, je suis bien misérable!" A cet instant une jolie petite fée parut, et dit: "Mon pauvre homme, j'ai entendu tout ce que vous avez dit. J'ai compassion de vous, et comme je suis fée je vous accorderai trois souhaits. Demandez ce que vous voulez, et vos trois souhaits seront accordés." La fée disparut après avoir parlé ainsi, et le pauvre homme resta tout seul dans la forêt. Il était très content maintenant, et dit: "Je vais à la maison. Je vais dire à ma femme qu'une fée m'a accordé trois souhaits." Le pauvre homme alla à la maison, et dit à sa femme: "Ma femme, je suis très content. J'ai vu une fée dans la forêt. La fée a dit: 'Mon pauvre homme, j'ai compassion de vous. Je suis fée, et je vous accorderai trois souhaits. Demandez ce que vous voulez.' Ma femme, je suis très content." "Oh oui," dit la pauvre femme, "je suis très contente aussi. Entrez dans la maison, mon cher ami, et nous parlerons ensemble de la fée et des trois souhaits." "Certainement," dit l'homme. Il entra dans la maison, s'assit près de la table, et dit: "Ma femme, j'ai faim. Je propose de dîner. Pendant le dîner nous parlerons ensemble de la fée et des trois souhaits." Le pauvre homme et la pauvre femme s'assirent près de la table et commencèrent à manger et à causer (=parler) ensemble. Le pauvre homme dit: "Ma femme, nous pouvons demander de grandes richesses." "Oui," dit la femme, "nous pouvons demander une jolie maison." L'homme dit: "Nous pouvons demander un empire." La femme répondit: "Oui, nous pouvons demander des perles et des diamants en grande quantité." L'homme dit: "Nous pouvons demander une grande famille, cinq fils et cinq filles." "Oh," dit la femme, "je préfère six fils et quatre filles." L'homme et la femme continuèrent ainsi, leur conversation, mais ils ne pouvaient pas décider quels souhaits seraient les plus sages. L'homme mangea sa soupe en silence regarda le pain sec, et dit: "Oh! j'aimerais avoir une bonne grosse saucisse pour dîner." Au même instant une grosse saucisse tomba sur la table. L'homme regarda la saucisse avec la plus grande surprise, la femme aussi. Alors la femme dit: "Oh, mon mari, vous avez été très imprudent. Vous avez demandé une saucisse seulement. Un souhait est accordé. Maintenant il reste seulement deux souhaits." "Oui," dit l'homme, "j'ai été imprudent, mais il y a encore deux souhaits. Nous pouvons demander de grandes richesses et un empire." "Oui," dit la femme, "nous pouvons demander encore de grandes richesses et un empire, mais nous ne pouvons pas demander dix enfants. Vous avez été si imprudent. Vous avez demandé une saucisse. Vous préférez une saucisse, sans doute, à une grande famille." Et la pauvre femme continua ses lamentations et répéta si souvent: "Vous avez été très imprudent," que l'homme perdit patience et dit: "Je suis fatigué de vos lamentations: je voudrais que cette saucisse fût pendue au bout de votre nez!" Un instant après la saucisse était pendue au bout du nez de la pauvre femme. La pauvre femme était très surprise, et l'homme aussi. La femme commença à se lamenter encore plus, et dit à son mari: "Ah, mon mari, vous êtes bien imprudent. Vous avez demandé une saucisse, et maintenant vous avez demandé que cette saucisse fût pendue au bout de mon nez. C'est terrible. Deux souhaits sont accordés. Maintenant il reste seulement un souhait!" "Oui," dit l'homme. "Mais nous pouvons demander de grandes richesses." "Oui," dit la femme, "mais j'ai une saucisse pendue au bout du nez. Je suis ridicule. J'étais jolie, maintenant je suis laide, et c'est de votre faute!" et la pauvre femme pleura. L'homme regarda sa femme, et dit: "Oh, j'aimerais que cette saucisse ne fût pas ici." À l'instant la saucisse disparut, et l'homme et la femme étaient aussi pauvres qu'avant. La femme se lamenta, l'homme aussi, mais les trois souhaits avaient été accordés, et l'homme se trouva obligé de manger son pain sec. Après le dîner il retourna à la forêt pour couper du bois. Il dit: "Je suis bien bien misérable," mais la fée n'arriva pas, et il resta toujours pauvre. Il n'avait pas de richesses, il n'avait pas d'empire, il n'avait pas de perles, il n'avait pas de diamants, il n'avait pas de fils, il n'avait pas de filles, et il n'avait pas même une saucisse pour son dîner. Sa femme continua à pleurer, et elle disait tous les jours à son mari: "Ah, si vous n'aviez pas été si imprudent, nous serions riches et contents, et nous aurions une grande famille. Hélas! hélas!" LE CHAT ET LE RENARD.[5] [Note 5: A Russian folk story. The cat is considered a foreigner who has just arrived from Siberia, while the fox, the bear, and the wolf are quite at home in the forest.] Un paysan avait un chat qui était très méchant et si désagréable que tout le monde le détestait. Le paysan était fatigué de ce chat, et un jour il le mit dans un grand sac. Le paysan porta le sac dans le bois (la forêt), et quand il fut arrivé à une grande distance de la maison, il ouvrit le sac, et le méchant chat sortit. Le chat resta dans la forêt, où il trouva une petite cabane. Le chat demeura dans cette cabane et mangea beaucoup de souris et d'oiseaux. Un jour le chat alla se promener dans la forêt et rencontra Mademoiselle Renard. Elle regarda le chat avec curiosité, et dit: "Mon beau monsieur, qui êtes-vous? Que faites-vous dans la forêt?" "Je suis le bailli de la forêt. Mon nom est Ivan. J'arrive de la Sibérie pour gouverner cette forêt." "Oh," dit Mademoiselle Renard. "Je vous prie, Monsieur le bailli de la forêt, venez dîner avec moi." Le chat accepta l'invitation, et au dîner Mademoiselle Renard dit: "Monsieur le bailli, êtes-vous garçon ou marié?" "Je suis garçon," répondit le chat. "Et moi, je suis demoiselle. Monsieur le bailli, épousez-moi!" Le chat consentit à ce mariage, qui fut célébré avec beaucoup de cérémonie. Le lendemain du mariage, le chat dit à sa femme: "Madame Renard, j'ai faim; allez à la chasse et apportez-moi un bon dîner." Madame Renard partit. Elle rencontra le loup, qui dit: "Oh ma chère amie, je vous cherche depuis longtemps en vain. Où avez-vous été?" "Chez mon mari, le bailli de la forêt, car je suis mariée!" "Vous, mariée!" dit le loup avec surprise. "J'aimerais faire visite à votre mari." "Très-bien," dit Madame Renard, "mais comme mon mari est terrible, je vous conseille d'apporter un agneau. Déposez l'agneau à la porte, et cachez-vous; sans cela il vous dévorera." Le loup courut chercher un agneau pour le chat. Madame Renard continua sa route. Elle rencontra l'ours. L'ours dit: "Bonjour, ma chère amie. D'où venez-vous?" "De la maison de mon mari," répondit Madame Renard. "Mon mari est le bailli Ivan." "Oh!" dit l'ours, "permettez-moi de faire visite à votre mari." "Certainement," répondit Madame Renard, "mais mon mari a la mauvaise habitude de dévorer tous les animaux qu'il n'aime pas. Allez chercher un boeuf. Apportez-le-lui en hommage. Le loup apportera un agneau." L'ours partit; il alla chercher un boeuf. Il rencontra le loup avec un agneau. Le loup dit: "Mon ami l'ours, où allez-vous?" "Chez le mari de Madame Renard. Je lui porte un boeuf. Où allez-vous, mon cher loup?" "Je vais aussi chez le mari de Madame Renard. Je lui porte un agneau. Madame Renard dit que son mari est terrible!" Les deux animaux continuèrent leur route; ils arrivèrent bientôt près de la maison du chat. Le loup dit à l'ours: "Allez, mon ami, frappez à la porte, et dites au mari de Madame Renard que nous avons apporté un boeuf et un agneau." "Oh non!" dit l'ours, "j'ai peur. Allez vous-même!" "Impossible," dit le loup, "mais voilà le lièvre, il ira pour nous." Le lièvre alla à la cabane. Le loup se cacha sous les feuilles sèches, et l'ours grimpa sur un arbre. Quelques minutes après Madame Renard arriva avec le chat, son mari. "Oh!" dit le loup à l'ours. "Le mari de Madame Renard est très petit." "Oui!" dit l'ours avec mépris, "il est en effet fort petit!" Le chat arriva. Il sauta sur le boeuf, et dit avec colère: "C'est peu, très peu!" "Oh!" dit l'ours avec surprise; "il est si petit, et il a un si grand appétit! Un taureau est assez grand pour quatre ours. Il est terrible en effet!" Le loup, caché sous les feuilles, trembla. Le chat entendit un petit bruit dans les feuilles. Il pensa qu'une souris était cachée sous les feuilles, et il courut et enfonça ses griffes dans le museau du loup. Le loup pensa que le chat voulait le dévorer, et il partit vite, vite. Le chat, qui avait peur du loup, sauta sur l'arbre. "Oh!" dit l'ours. "Le chat m'a vu, il m'a vu, il va me dévorer!" Et l'ours descendit rapidement de l'arbre et suivit le loup. Madame Renard, qui avait tout vu, cria: "Mon mari vous dévorera, mon mari vous dévorera!" L'ours et le loup racontèrent leurs aventures à tous les autres animaux de la forêt, et tous les animaux avaient peur du chat. Mais le chat et Madame Renard étaient très heureux, car ils avaient beaucoup de viande à manger. BLANCHE-NEIGE.[6] [Note 6: This is the Russian version of the myth of the Snow Maiden, which appears in the folk tales of all northern nations. Small at the beginning of the season, the child's rapid growth is emblematic of the rapid increase of the cold, and her sudden disappearance in the woods is typical of the melting of the last snows, which linger longest in the dense forests where the sunbeams cannot penetrate.] Il y avait un paysan appelé Ivan, sa femme se nommait Marie. Ces paysans n'avaient pas d'enfants, et ils étaient très tristes. Un jour, en hiver, le paysan était assis à la fenêtre. Il vit les enfants du village qui jouaient dans la neige. Les enfants étaient très occupés. Ils faisaient une bonne femme de neige. Ivan dit à sa femme: "Ma femme, regardez ces enfants, ils s'amusent, ils font une bonne femme de neige. Venez dans le jardin, amusons-nous à faire une bonne femme de neige." Le paysan et sa femme allèrent dans le jardin, et la femme dit: "Mon mari, nous n'avons pas d'enfants; faisons un enfant de neige." "Voilà une bonne idée!" dit l'homme. Et il commença à façonner un petit corps, de petites mains, de petits pieds. La femme façonna une petite tête et la plaça sur les épaules de la statue de neige. Un homme passait sur la route; il les regarda un instant en silence, puis il dit: "Dieu vous aide." "Merci," dit Ivan. "Le secours de Dieu est toujours bon à quelque chose," répondit Marie. "Que faites-vous donc?" demanda le passant. "Nous faisons une fille de neige," dit Ivan. Et en parlant ainsi il fit le nez, le menton, la bouche et les yeux. En quelques minutes l'enfant de neige était finie. Ivan la regarda avec admiration. Tout à coup il remarqua que la bouche et les yeux s'ouvraient. Les joues et les lèvres changèrent de couleur, et quelques minutes après il vit devant lui une enfant vivante. "Qui êtes-vous?" dit-il tout surpris de voir une enfant vivante à la place de la petite statue de neige. "Je suis Blanche-Neige, votre fille," dit l'enfant, et elle embrassa l'homme et la femme, qui commencèrent à pleurer de joie. Les parents conduisirent Blanche-Neige dans la maison, et elle commença à grandir très rapidement. Toutes les petites filles du village arrivèrent chez le paysan pour jouer avec la charmante petite fille. Elle était si bonne et si jolie. Elle était blanche comme la neige, elle avait les yeux bleus comme le ciel, sa longue chevelure dorée était admirable, et bien que ses joues ne fussent pas aussi roses que celles des autres enfants du village, elle était si douce que tout le monde l'aimait beaucoup. L'hiver se passa très rapidement, et Blanche-Neige grandit si vite que quand le soleil du printemps fit verdir l'herbe, elle était aussi grande qu'une fille de douze ou treize ans. Pendant l'hiver Blanche-Neige avait toujours été très gaie, mais quand le beau temps arriva elle était toute triste. La mère Marie remarqua sa tristesse, et dit: "Ma chère enfant, pourquoi êtes-vous triste? Êtes-vous malade?" "Non, je ne suis pas malade, ma bonne mère," répondit l'enfant, et elle resta tranquille dans la maison. Les petites filles du village arrivèrent et dirent: "Blanche-Neige, venez avec nous, venez avec nous, nous allons au bois cueillir des fleurs." "Voilà une bonne idée!" dit Marie. "Allez au bois avec vos petites amies, mon enfant, allez et amusez-vous bien!" Les enfants partirent. Elles allèrent au bois, elles cueillirent des fleurs, elles firent des bouquets et des couronnes, et quand le soir arriva elles firent un grand feu. "Maintenant, Blanche-Neige, regardez bien et faites comme nous," dirent-elles, et elles commencèrent à chanter et à danser. Elles sautèrent aussi l'une après l'autre à travers le feu.[7] Tout à coup elles entendirent une exclamation: "Ah!" Toutes les petites filles regardèrent, et un instant après elles remarquèrent que Blanche-Neige n'était plus là. [Note 7: Jumping through the fire is a vestige of heathenism.] "Blanche-Neige, où êtes-vous?" crièrent-elles, mais Blanche-Neige ne répondit pas. Les petites filles cherchèrent en vain, elles ne trouvèrent pas leur petite compagne. Ivan, Marie et tous les paysans cherchèrent aussi en vain, car la petite Blanche-Neige s'était changée en une petite vapeur au contact du feu, et elle s'était envolée vers le ciel d'où elle était venue sous la forme d'un flocon de neige. LES TROIS CITRONS.[8] [Note 8: One of the Austro-Hungarian folk tales. Different versions of this story have been given, among others by Wratislaw, in his "Sixty Folk Tales from exclusively Slavonic Sources," and by Laboulaye in his well-known "Fairy Book."] Il y avait une fois un prince beau comme le jour, riche et aimable. Le roi, son père, désirait beaucoup de le voir marié, et tous les jours il lui disait: "Mon fils, pourquoi ne choisissez-vous pas une femme parmi toutes les belles demoiselles de la cour?" Mais le fils regardait toutes les demoiselles avec indifférence, et refusait toujours de choisir une femme. Enfin, un jour, fatigué des remontrances de son père, il dit: "Mon père, vous désirez me voir marié. Je n'aime pas les demoiselles de la cour. Elles ne sont pas assez jolies pour me plaire. Je propose de faire un long voyage, tout autour du monde, si c'est nécessaire, et quand je trouverai une princesse, aussi blanche que la neige, aussi belle que le jour, et aussi intelligente et aimable qu'un ange, je la prendrai pour femme, sans hésiter." Le roi était enchanté de cette décision, dit adieu à son fils, lui souhaita un bon voyage, et le prince partit tout joyeux. Il commença son voyage gaiement, et alla tout droit devant lui. Enfin il arriva à la mer, où il trouva un beau vaisseau à l'ancre. Il s'embarqua sur ce vaisseau, et quelques minutes après des mains mystérieuses et invisibles levèrent l'ancre, et le vaisseau quitta rapidement le port. Le prince navigua ainsi pendant trois jours. Alors le vaisseau arriva à une île. Le prince débarqua avec son cheval, et continua son voyage, malgré le froid intense et la neige et la glace qui l'entouraient de tous côtés. Le prince était surpris de se trouver déjà en hiver, mais il continua bravement son chemin. Il arriva enfin à une toute petite maison blanche. Il heurta (=frappa) à la porte, et une vieille dame, aux cheveux blancs, ouvrit la porte. "Que cherchez-vous, jeune homme?" demanda-t-elle. "Je cherche une femme, la plus jolie au monde; pouvez-vous me dire où la trouver?" répondit le prince. "Non, il n'y a pas de femme pour vous dans mon royaume. Je suis l'Hiver, je n'ai pas le temps de m'occuper de mariages. Mais allez visiter ma soeur, l'Automne, elle vous trouvera peut-être la femme idéale que vous cherchez." Le prince remercia la belle dame aux cheveux blancs, remonta à cheval, continua son chemin et remarqua bientôt que la neige et la glace avaient disparu, et que les arbres étaient tout couverts de beaux fruits. Il arriva bientôt après à une petite maison brune, et frappa à la porte. Une belle dame, aux yeux et aux cheveux noirs, ouvrit la porte, et demanda d'une voix bien douce: "Que voulez-vous, jeune homme, et que cherchez-vous ici dans mon royaume?" "Je cherche une femme," répondit le prince sans hésitation. "Une femme!" répéta la belle dame avec surprise. "Je n'ai pas de femme pour vous. Je suis l'Automne, et je suis très occupée, je vous assure, car j'ai tous les fruits à cueillir. Allez faire visite à ma soeur, l'Été, elle aura peut-être le temps de s'occuper de vous et de vous trouver une jolie femme." Le prince, ainsi congédié, continua son voyage. Il remarqua avant bien longtemps que l'herbe était haute, que le feuillage était épais, et que le blé était mûr. Il n'avait plus froid, au contraire il avait bien chaud, et il fut très content d'apercevoir une petite maison jaune, à peu de distance. Arrivé à la porte de cette petite maison, il heurta, et une jolie femme, aux cheveux bruns et aux joues rouges, ouvrit la porte en demandant: "Que voulez-vous, jeune homme, et que cherchez-vous dans mon royaume?" "Madame," dit le prince avec la plus grande politesse, "j'ai eu l'honneur de faire visite à vos deux soeurs, l'Hiver et l'Automne. Je leur ai demandé de me trouver une femme, la plus jolie du monde, mais elles sont trop occupées et m'ont envoyé chez vous. Pouvez-vous me procurer la femme charmante que je cherche depuis si longtemps en vain?" "Ah, mon prince," répondit la belle dame aux cheveux bruns et aux joues rouges, "je suis aussi fort occupée, et je n'ai pas le temps de vous trouver une femme. Mais allez faire visite à ma soeur, le Printemps, elle vous aidera certainement." Le prince la remercia et partit. Quelques minutes après il remarqua que l'herbe était d'un vert plus tendre, que tous les arbres étaient couverts de fleurs, et vit une petite maison verte, au milieu d'un jardin, où il y avait une grande quantité de belles fleurs: des tulipes, des jacinthes, des jonquilles, des violettes, des lilas, des muguets, etc., etc. Notre héros heurta à la porte de cette petite maison, et une dame aux cheveux blonds et aux yeux bleus parut immédiatement. "Que cherchez-vous, jeune homme," demanda-t-elle? "Je cherche une femme. Vos trois soeurs, l'Hiver, l'Automne et l'Été étaient trop affairées pour m'en procurer une, mais j'espère bien que vous aurez compassion de moi, et que vous me trouverez la personne charmante que je cherche depuis si longtemps en vain." "Oui, mon prince, je vous aiderai," répondit la jolie jeune femme. "Entrez dans ma petite maison, asseyez-vous là, à cette petite table, et je vous donnerai à boire et à manger, car vous avez sans doute bien faim et bien soif." Le prince accepta cette invitation, entra, s'assit à table et mangea et but avec plaisir. Quand il eut fini son repas, le Printemps lui apporta trois beaux citrons, un joli couteau d'argent et une magnifique coupe d'or, et dit: "Prince, voici trois citrons, un couteau d'argent et une coupe d'or. Je vous donne ces objets magiques. Quand vous arriverez tout près du château de votre père, arrêtez-vous à la fontaine. "Prenez ce couteau d'argent, coupez le premier citron, et au même instant une belle princesse paraîtra. Elle vous demandera à boire. Si vous lui donnez immédiatement à boire dans la coupe d'or, elle restera avec vous et sera votre femme; mais si vous hésitez, même un instant, elle disparaîtra, et vous ne la reverrez plus jamais. "Si vous avez le malheur de la perdre, coupez le second citron, et une seconde princesse paraîtra, qui vous demandera aussi à boire. Si vous ne lui donnez pas immédiatement à boire, elle disparaîtra aussi. "Alors vous couperez le troisième citron, une troisième princesse paraîtra; elle demandera à boire, et si vous lui permettez de disparaître, aussi, vous n'aurez jamais de femme, et vous n'en mériterez pas, parce que vous aurez été trop stupide." Le prince écouta les instructions de la jolie dame avec beaucoup d'attention; il prit le couteau d'argent, la coupe d'or et les trois citrons, monta à cheval, et partit. Il passa à travers le royaume du Printemps, de l'Été, de l'Automne, de l'Hiver, arriva au bord de la mer, trouva le vaisseau, s'embarqua, et arriva au bout de trois jours, au port où il s'était embarqué. Quelques jours après il arriva à la fontaine près du château de son père. Il descendit de cheval, prit les trois citrons et le couteau d'argent, remplit la coupe d'or d'eau pure à la fontaine, et quand ces préparatifs furent tous finis il coupa le premier citron d'une main tremblante. Au même instant une princesse, belle comme le jour, se présenta devant lui, et dit timidement: "Prince, j'ai soif, voulez-vous, s'il-vous-plaît, me donner à boire?" Mais le prince était si occupé à l'admirer, qu'il oublia la recommandation du Printemps, et ne lui donna pas à boire. La princesse le regarda un instant d'un air de reproche, et puis elle disparut. Le prince, au désespoir, pleura et se lamenta. Il dit cent fois, au moins, qu'il était bien stupide de laisser échapper une si belle princesse, et enfin il se décida à couper le second citron. Une seconde princesse, plus belle que la première, se présenta aussitôt, et dit: "Prince, j'ai soif, donnez-moi à boire, s'il-vous-plaît." Mais le pauvre prince était si surpris de sa beauté, qu'il resta là, la bouche ouverte, et oublia de lui donner à boire. La seconde princesse le regarda d'un air de reproche, et disparut aussi. Alors le prince pleura et se lamenta, et dit au moins deux cents fois: "Je suis stupide, très stupide," mais la princesse avait complètement disparu. Après avoir pleuré longtemps, le prince se décida à couper le troisième citron, et une troisième princesse, plus belle que les deux autres, se présenta devant lui: "Prince," dit-elle, timidement, "j'ai soif, donnez-moi à boire, s'il-vous-plaît." Le prince lui donna à boire immédiatement. Alors la princesse s'assit à côté de lui, et quand il lui demanda si elle voulait bien être sa femme, elle rougit, et dit, "Oui." Le prince la regarda avec admiration, et dit: "Que vous êtes belle! Vous êtes la plus belle personne du monde, j'en suis sûr! Mais votre robe n'est pas belle. Elle est trop modeste. Attendez ici, et j'irai au château de mon père, chercher une belle robe de satin blanc et une voiture pour vous présenter à mon père comme une grande dame." La princesse était très timide; elle avait peur de rester seule, mais enfin elle consentit à rester près de la fontaine, et le prince partit. Il alla au château de son père, dit qu'il avait trouvé une princesse, blanche comme la neige, belle comme le jour, et aimable et intelligente comme un ange, et promit de la présenter dans une heure. Alors le prince alla demander une belle robe de satin blanc à sa soeur favorite, donna ordre de préparer la plus belle voiture, et fit tous les préparatifs nécessaires pour recevoir la princesse avec honneur. Quand tout fut prêt, il monta en voiture pour aller chercher la belle princesse qu'il était impatient de revoir. Pendant son absence, la princesse, qui avait peur de rester là toute seule, grimpa dans un grand arbre, près de la fontaine, et se cacha dans le feuillage. Tout son corps était complètement caché, mais sa jolie figure était visible, et se reflétait dans l'eau pure de la fontaine, comme dans un miroir. Quelques minutes après, une négresse arriva à la fontaine pour chercher de l'eau. Elle avait une grande cruche, elle se pencha sur l'eau, vit la jolie figure, et regarda à droite et à gauche pour découvrir la personne à qui cette jolie figure appartenait. Mais elle ne vit personne, et décida bientôt que l'image qu'elle voyait dans l'eau était celle de sa propre figure: "Oh, que je suis jolie," dit-elle avec joie. "Que je suis jolie. Je suis aussi jolie qu'une princesse. Ma maîtresse dit toujours: 'Lucie, vous êtes laide, laide à faire peur,' mais ce n'est pas vrai. Je suis jolie, et ma maîtresse est jalouse parce que je suis plus jolie qu'elle. Je suis trop jolie pour porter de l'eau!" Et la négresse cassa sa cruche sur les pierres, et retourna chez sa maîtresse, qui attendait l'eau avec impatience. "Où est la cruche?" demanda-t-elle. "Où est l'eau que je vous ai dit de m'apporter?" "J'ai cassé la cruche, je suis trop jolie pour porter de l'eau," dit la négresse. "Vous! Jolie!" dit la dame avec étonnement (surprise), "vous êtes laide à faire peur!" Et la maîtresse, en colère, battit la pauvre négresse, lui donna une autre cruche, et la renvoya, en pleurant à la fontaine. La négresse retourna lentement à la fontaine, se pencha sur l'eau, vit la même jolie figure, et dit: "Oh, que je suis jolie! Je suis sûre que je suis la plus jolie personne du monde! Je ne porterai pas l'eau pour ma maîtresse," et elle cassa la seconde cruche et retourna à la maison sans eau. "Où est l'eau de la fontaine, esclave?" demanda la maîtresse impérieusement. "L'eau est dans la fontaine, et la cruche est cassée. Je ne serai plus votre servante. Je suis trop jolie. Je suis assez jolie pour épouser le prince." Alors la maîtresse commença à rire, et dit: "Que vous êtes absurde, Lucie; vous êtes laide, laide à faire peur; retournez à la fontaine!" La négresse retourna à la fontaine avec une troisième cruche et se pencha sur l'eau. Quand elle vit la jolie figure, réfléchie dans l'eau limpide, elle dit: "Oh, que je suis jolie!" et cette fois elle parla si haut que la princesse dans l'arbre l'entendit. Amusée par ces exclamations, elle se mit à rire. La négresse, surprise, leva la tête, et vit la jolie princesse: "Ah," pensa-t-elle, "c'est cette personne-là qui a causé tout mon malheur! Je me vengerai!" Alors d'une voix bien douce, elle, dit: "Ma jolie dame, pourquoi êtes-vous dans cet arbre?" "Pour attendre le prince, mon fiancé, qui est allé au palais du roi, son père, chercher une belle robe de satin blanc, et une voiture." "Ma jolie dame, vos beaux cheveux blonds sont en désordre, voulez-vous me permettre de grimper dans l'arbre et de vous les arranger?" La princesse consentit, la négresse grimpa sur l'arbre, prit une grande épingle, et perça la tête de la pauvre princesse, qui jeta un cri terrible et disparut. La négresse, surprise, leva la tête et vit un joli pigeon blanc qui s'envolait en poussant des cris plaintifs. Alors la négresse s'assit à la place de la princesse et attendit le retour du prince. Quelques minutes après le prince arriva avec toute sa suite. Il regarda à droite et à gauche, et ne vit personne. Il commença à appeler: "Ma princesse, ma belle fiancée, ma bien-aimée, où êtes-vous?" "Ici," répondit la négresse. Le prince courut à l'arbre avec empressement. Mais quelle ne fut pas sa surprise et son chagrin quand il vit la vilaine négresse, au lieu de sa charmante fiancée. "Où est ma princesse, ma fiancée, une dame belle comme le jour et blanche comme la neige?" demanda-t-il. "Je suis votre fiancée," dit la négresse; "je suis la belle princesse, je suis votre bien-aimée. Mais pendant votre absence une méchante fée est venue et m'a changée en négresse, comme vous voyez." Le prince était un homme d'honneur, et comme il avait demandé la main de la jolie princesse, il pensa: "Je suis forcé d'épouser cette personne, parce qu'elle déclare qu'elle est ma fiancée." Alors il aida la négresse à descendre de l'arbre et appela les dames d'honneur, qui regardèrent leur nouvelle souveraine avec dégoût. Le prince leur ordonna de vêtir la négresse, et elles lui donnèrent la belle robe de satin blanc, le voile de mariée, et la couronne de fleurs d'oranger. Mais toute cette belle toilette la faisait paraître plus laide que jamais. Quand la toilette de la négresse fut complètement finie, le prince la conduisit à la voiture, prit place à côté d'elle, et alla au château. Le vieux roi, anxieux de voir la beauté de sa future belle-fille, la reçut à la porte. Il regarda la négresse avec surprise, se tourna vers son fils et dit avec colère: "Mon fils, êtes-vous fou? Vous avez dit que la princesse que vous aviez choisie était plus blanche que la neige, plus belle que le jour, intelligente et aimable comme un ange, et maintenant vous arrivez avec une vilaine négresse, qui est laide à faire peur." Le roi était si en colère contre son fils qu'il lui tourna le dos, et alla dans sa chambre, où il pleura de rage. Le prince conduisit la négresse à l'appartement qui avait été préparé pour elle. Il plaça le château et tous les domestiques à sa disposition, et lui dit que leur mariage aurait lieu seulement le lendemain. Alors le prince alla trouver son père, lui raconta toutes ses aventures, et déclara qu'il ne se consolerait jamais de la perte de la jolie princesse, mais, qu'étant un homme d'honneur, il ne pourrait jamais refuser d'épouser la négresse. Pendant que le prince était avec son père, la négresse, heureuse de commander aux autres, alla partout dans le palais, donna des ordres à tous les domestiques, et arriva enfin à la cuisine, où elle dit au chef de faire beaucoup de bonnes choses à manger. Pendant qu'elle donnait cet ordre, un joli pigeon blanc vint se poser sur un arbre, tout près de la fenêtre de la cuisine, et poussa un petit cri plaintif. La négresse vit le pigeon, le montra au chef, et dit: "Chef, prenez votre grand couteau, coupez la tête à ce pigeon, et faites-le rôtir pour mon souper." Le cuisinier prit son grand couteau, alla dans le jardin, et tua le pauvre petit pigeon blanc. Trois gouttes de sang tombèrent à terre, et le chef porta le pigeon à la cuisine pour le rôtir pour le souper de la négresse, sa nouvelle maîtresse. Le prince avait quitté son père, et il s'était retiré dans sa chambre pour pleurer la belle princesse. Il était près de la fenêtre; il vit le cuisinier tuer le pigeon blanc, et il remarqua les trois gouttes de sang qui tombèrent à terre. Quelques minutes après que le cuisinier fut parti, le prince remarqua trois petites plantes qui sortaient de terre à la place où les trois gouttes de sang du pigeon étaient tombées. Ces trois petites plantes poussaient avec une rapidité extraordinaire, et en quelques minutes le prince vit avec surprise trois arbres, tout couverts de fleurs. Quelques minutes après les fleurs avaient disparu, et le prince remarqua trois fruits verts. En un instant les fruits étaient mûrs, et le prince vit avec surprise que ces fruits étaient trois citrons. Il descendit dans le jardin, cueillit les trois citrons, remonta dans sa chambre, remplit la coupe d'or d'eau fraîche, et prit le couteau d'argent. Le pauvre prince coupa le premier citron, en tremblant; la première princesse parut, et demanda à boire, mais le prince dit: "Oh non, charmante princesse, ce n'est pas vous que je veux pour femme." Il coupa le second citron, la seconde princesse parut, et il lui refusa aussi à boire. Mais quand il coupa le troisième citron et que la troisième princesse parut, il lui donna à boire avec empressement, et elle resta avec lui, et il l'embrassa avec joie. La jolie princesse raconta toutes ses aventures au prince, et il dit que la négresse serait punie. Mais le prince était si heureux de revoir sa chère princesse qu'il dansa de joie. Le roi, entendant le bruit dans la chambre du prince, arriva en colère, ouvrit la porte, et dit: "Mon fils, vous êtes décidément fou! Pourquoi dansez-vous maintenant?" "Oh mon père," répondit le prince, "je danse de joie, parce que j'ai retrouvé la chère princesse, la plus jolie femme du monde!" et le prince présenta la princesse à son père, qui la regarda avec admiration, et dit: "Mon fils, vous avez raison, cette princesse est belle comme le jour, blanche comme la neige, et je suis sûr qu'elle est aussi bonne et intelligente qu'un ange!" Alors le roi demanda au prince comment il avait retrouvé la princesse, où elle avait disparu, et quand il eut entendu toute l'histoire, il dit: "La négresse est une très méchante femme. Elle mérite une punition très sévère." Alors le roi prit un grand voile, le jeta sur la tête de la princesse, et la mena dans la grande salle, où tous les courtisans étaient assemblés autour de la négresse, qui portait une robe de satin rose toute couverte de perles et de diamants. Le roi s'avança vers la négresse et dit: "Madame, demain vous pensez être la reine de ce royaume. Donnez-moi votre opinion, et dites-moi quelle punition mérite la personne qui attaquerait la future femme du prince, mon fils?" "Une personne qui attaquerait la femme de votre fils mériterait une mort terrible. Elle mériterait d'être jetée dans un grand four, rôtie toute vive, et je commanderais que ses cendres fussent jetées au vent." Le roi répondit: "Madame, vous avez prononcé votre propre punition. Vous êtes une femme cruelle! Vous avez voulu tuer cette jolie princesse, la future femme de mon fils, et vous serez jetée dans un four, rôtie toute vive, et je commanderai que vos cendres soient jetées au vent!" Alors le roi leva le voile de la princesse, et tous les courtisans et toutes les dames d'honneur s'écrièrent: "Oh, quelle jolie princesse!" La pauvre négresse se jeta à genoux devant le roi, et dit: "Mon roi, mon roi, ayez compassion de moi, ayez compassion de moi, ne me faites pas rôtir toute vive dans un four. Pardon, mon roi, pardon!" Mais le roi refusa de pardonner à la négresse; alors la belle princesse s'avança, et dit: "Votre majesté a promis de me donner un beau cadeau de noces. Donnez-moi la vie de cette pauvre créature si ignorante!" Le roi consentit à la demande de la princesse, qui trouva une bonne place pour la négresse, et tout le monde déclara que la nouvelle reine était aussi bonne que belle. Le mariage du prince et de la princesse fut célébré le lendemain avec beaucoup de pompe et de cérémonie, et le prince et la princesse furent heureux tout le reste de leur vie, et regrettés après leur mort de tous leurs sujets. LA VILLE SUBMERGÉE.[9] [Note 9: This is one of the Dutch Mediæval Legends. The only Stavoren now existing is a little fishing town on the northeast coast of the Zuyder Zee. This gulf was caused by "the terrific inundations of the thirteenth century," when thousands of people perished. It was only after this inundation took place that the city of Amsterdam arose on the southwest shore of the Zuyder Zee. The story, with the exception of the inundation, is purely mythical.] Il y avait une fois, en Hollande, une grande et belle ville appelée Stavoren. Cette ville était située près de la mer, et les habitants étaient très riches, parce que leurs vaisseaux allaient dans toutes les différentes parties du monde chercher les trésors de toutes les différentes contrées. Les habitants de Stavoren étaient très riches, et ils étaient fiers de leur or, fiers de leur argent, fiers de leurs vaisseaux, et fiers de leurs grands palais. Ils étaient fiers et égoïstes aussi, parce qu'ils ne pensaient jamais aux pauvres, qui n'avaient ni or, ni argent, ni vaisseaux, ni palais. Il y avait une dame à Stavoren qui était plus riche et plus fière que tous les autres habitants; elle était aussi plus égoïste et plus cruelle envers les pauvres. Un jour, cette dame si riche appela le capitaine de son plus grand vaisseau, et dit: "Capitaine, préparez votre vaisseau, et quittez le port. Allez me chercher une grande cargaison de la chose la plus précieuse du monde." "Certainement, madame," dit le capitaine, "commandez, et j'obéirai. Mais que voulez-vous, madame? Voulez-vous une grande cargaison d'or, d'argent, de pierres précieuses, ou d'étoffes? Que voulez-vous?" "Capitaine," répondit la dame, "j'ai donné mes ordres. Je demande une cargaison de la chose la plus précieuse du monde. Il y a seulement une chose qui est plus précieuse que toutes les autres. Allez chercher cette chose-là et partez immédiatement." Le pauvre capitaine, qui avait peur de la dame, obéit. Il alla au port, il prépara son vaisseau, et partit. Alors il appela ses officiers et ses matelots, et dit: "Camarades, notre maîtresse a commandé une grande cargaison de la chose la plus précieuse du monde. Elle a refusé de dire quelle est la chose la plus précieuse du monde. Je ne sais pas quelle est la chose la plus précieuse du monde. Savez-vous quelle est la chose la plus précieuse du monde?" "Oui, mon capitaine," répondit un officier, "la chose la plus précieuse du monde, c'est l'or." "Oh, non, mon capitaine," répondit un autre officier, "la chose la plus précieuse du monde, c'est l'argent." "Non," dit un autre. "Mes camarades, la chose la plus précieuse du monde ce sont les pierres précieuses, les perles, les diamants, et les rubis." Un autre matelot dit: "Mon capitaine, la chose la plus précieuse du monde ce sont les étoffes." Tous les hommes et tous les officiers avaient une opinion différente, et le pauvre capitaine était très embarrassé. Enfin le capitaine dit: "Je sais quelle est la chose la plus précieuse du monde, c'est le blé. Avec le blé on fait le pain, la chose la plus précieuse du monde, parce que le pain est indispensable." Le capitaine était content, et tous les hommes étaient contents aussi. Le capitaine dirigea son vaisseau dans la mer Baltique.[10] Il alla à la ville de Dantzic.[11] Là il acheta une grande cargaison de blé magnifique. Il chargea la cargaison de blé sur son vaisseau, et il repartit pour Stavoren. Pendant son absence, la dame avait fait visite à toutes les personnes riches de Stavoren, et avait dit: "J'ai envoyé mon capitaine chercher une cargaison de la chose la plus précieuse du monde." [Note 10: The Baltic Sea, between Germany, Denmark, Scandinavia, and Russia.] [Note 11: Dantzic, a city in West Prussia, on the Baltic coast.] "Ah," répondaient les personnes riches, "quelle est cette chose?" Mais la dame refusait de répondre et disait seulement: "Devinez, mes amis, devinez." Naturellement la curiosité de toutes les personnes de Stavoren était grande, et elles attendaient le retour du capitaine avec impatience. Un jour le grand vaisseau arriva dans le port, le capitaine se présenta devant la dame qui le regarda avec surprise, et dit: "Comment, capitaine, déjà de retour! Vous avez été rapide comme un pigeon. Avez-vous la cargaison que j'ai demandée?" "Oui, madame," répondit le capitaine, "j'ai une cargaison du plus magnifique blé!" "Comment!" dit la dame. "Une cargaison de blé! Misérable! j'ai demandé une cargaison de la chose la plus précieuse du monde, et vous apportez une chose aussi vulgaire, aussi ordinaire, aussi commune que du blé!" "Pardon, madame," dit le capitaine. "Le blé n'est pas vulgaire, ordinaire, et commun. Le blé est très précieux. C'est la chose la plus précieuse du monde. Avec le blé on fait le pain. Et le pain, madame, est indispensable." "Misérable!" dit la dame. "Allez au port, immédiatement, et jetez toute la cargaison de blé à la mer." "Oh, madame, quel dommage!" dit le capitaine. "Le blé est si bon! Si vous ne voulez pas ce bon blé, donnez-le aux pauvres, ils ont faim, ils seront contents." Mais la dame refusa, et dit encore une fois: "Capitaine, allez au port, immédiatement, et jetez toute la cargaison de blé à la mer! J'arriverai au port dans quelques minutes pour voir exécuter mes ordres." Le pauvre capitaine partit. En route il rencontra beaucoup de pauvres, et dit: "Ma maîtresse, la dame la plus riche de Stavoren, a une grande cargaison de blé. Elle ne veut pas ce blé. Elle a commandé de jeter toute la cargaison à la mer. Si vous voulez le blé, venez au port, peut-être que ma maîtresse aura compassion de vous, et vous donnera toute la cargaison." Quelques minutes plus tard tous les pauvres de Stavoren étaient assemblés sur le quai; la dame arriva, et dit: "Capitaine, avez-vous exécuté mes ordres?" "Non, madame, pas encore!" "Alors, capitaine, obéissez, jetez toute la cargaison de blé à la mer." "Madame," dit le capitaine, "regardez tous ces pauvres, ils ont faim! Donnez le blé que vous ne voulez pas aux pauvres!" "Oh, oui, madame! Nous avons faim, nous avons faim," crièrent les pauvres. "Donnez-nous le blé! Donnez-nous le blé!" Mais la dame était très cruelle, et dit: "Non, non! Capitaine, j'ai commandé. Jetez tout le blé à la mer, immédiatement." "Jamais, madame!" répondit le capitaine. Alors la dame fit un signe aux officiers et aux matelots, et répéta son ordre. Les hommes obéirent, et malgré les cris des pauvres, et malgré leurs pleurs, tout le blé fut jeté à la mer. La dame regarda en silence, et quand la procession de sacs eut cessé, elle demanda aux officiers et aux matelots: "Avez-vous jeté tout le blé à la mer?" "Oui, madame," répondirent les hommes. "Oui, madame," dit le capitaine d'une voix indignée, "mais un jour arrivera où vous regretterez ce que vous avez fait! Un jour arrivera où vous aurez faim! Un jour arrivera où personne n'aura compassion de vous!" La dame regarda le capitaine avec surprise, et dit: "Capitaine, c'est impossible. Je suis la personne la plus riche de Stavoren. Moi, avoir faim, c'est absurde!" Alors la dame prit une bague de diamants, la jeta à la mer, et dit: "Capitaine, quand cette bague de diamants sera placée dans ma main, je croirai ce que vous avez dit!" et la dame quitta le port. Quelques jours après, un domestique trouva la bague de diamants dans l'estomac d'un poisson qu'il préparait pour le dîner de la dame. Il porta la bague à sa maîtresse. Elle regarda la bague avec surprise, et demanda: "Où avez-vous trouvé cette bague?" Le domestique répondit: "Madame, j'ai trouvé la bague dans l'estomac d'un poisson!" Alors la dame pensa aux paroles du capitaine. Le même jour la dame reçut la nouvelle de la destruction de tous ses vaisseaux, et elle perdit aussi tout son or, tout son argent, toutes ses pierres précieuses, et tous ses palais. La dame n'était plus riche, mais elle était pauvre, très pauvre. Elle alla de porte en porte, demander quelque chose à manger, mais tous les riches et tous les pauvres de Stavoren refusèrent de lui donner du pain. La pauvre dame périt enfin de froid et de faim. Les autres personnes riches de Stavoren ne changèrent pas leurs habitudes. Alors le bon Dieu, qui n'aime pas les personnes égoïstes, envoya un second avertissement. Un jour, le port de Stavoren se trouva bloqué par un grand banc de sable. Ce banc empêcha le commerce, et dans quelques jours le blé que la dame avait jeté à la mer, commença à pousser, et le banc de sable était tout couvert d'herbe verte. Toutes les personnes de Stavoren regardèrent le blé et dirent: "C'est un miracle, c'est un miracle!" Mais, le blé ne produisit pas de fruit! Le commerce avait cessé; les riches avaient assez à manger, mais les pauvres étaient plus pauvres qu'avant. Alors Dieu envoya un troisième avertissement. Un jour, un homme arriva dans la maison où tous les riches étaient assemblés, et dit; "J'ai trouvé deux poissons dans le puits! La digue est rompue. La digue est rompue. Protégez la ville, protégez les maisons des pauvres près de la digue!" Mais les riches continuèrent à danser. La mer entra dans la ville pendant la nuit, et tout à coup toutes les maisons et tous les palais de Stavoren furent submergés.[12] Les pauvres périrent, les riches périrent aussi, et le Zuidersée occupe maintenant la place de la belle ville de Stavoren, détruite à cause de l'égoïsme de ses habitants riches qui refusaient de donner à manger aux pauvres. [Note 12: Many dikes are built in Holland to prevent the country from being submerged, as a great portion of it now lies beneath the level of the North Sea.] LE POISSON D'OR.[13] [Note 13: This is a Russian fairy story. It is a favorite along the shores of the Baltic Sea.] Il y avait une île au milieu de l'océan où il y avait une petite cabane. Dans cette cabane vivaient un vieillard et sa femme. Ils étaient pauvres, très pauvres, et le mari avait seulement un filet. Tous les jours il allait pêcher, et lui et sa femme mangeaient les poissons qu'il prenait dans son filet. Un jour après avoir pêché longtemps, il prit un petit poisson d'or qui avait une voix humaine, et qui dit: "Brave homme, rejette-moi dans la mer bleue. Je suis si petit, donne-moi la vie, et je ferai tout ce que tu me demanderas." Le pêcheur eut compassion du petit poisson, et retourna à la cabane sans rien. Sa femme demanda, "Eh bien, mon mari, as-tu pris beaucoup de poissons?" "Non," dit-il, "j'ai pêché toute la journée, et j'ai seulement pris un petit poisson d'or." "Où est-il?" dit la femme. "Dans la mer," répondit le pêcheur, "il m'a tant prié d'avoir compassion de lui que je l'ai remis dans l'eau." La femme était très indignée. "Imbécile!" dit-elle, "tu avais la fortune dans la main et tu as été trop stupide pour en profiter." Elle parla tant que le vieillard, fatigué de ses reproches, courut au bord de la mer, et cria: "Poisson d'or, poisson d'or! viens à moi, la queue dans la mer, la tête tournée vers moi!" Le poisson d'or arriva aussitôt, et dit: "Vieillard, que veux-tu?" "Je veux du pain pour ma femme qui est en colère." "Va à la maison, vieillard, et tu trouveras du pain en abondance," dit le poisson. Le vieillard arriva à la cabane, "Eh bien, ma femme, as-tu du pain en abondance?" "Oui," dit la femme, "mais je suis bien malheureuse. J'ai cassé mon baquet, je ne sais où laver mon linge. Va trouver le poisson d'or, et dis-lui que je veux un baquet neuf." Le vieillard alla au bord de la mer, et cria: "Poisson d'or, poisson d'or! viens à moi, la queue dans la mer, la tête tournée vers moi!" Le poisson d'or arriva en disant, "Vieillard, que veux-tu?" "Un baquet neuf pour ma femme, qui n'est pas contente parce qu'elle ne peut pas laver son linge." "Va à la maison," dit le poisson d'or, "et tu y trouveras un baquet neuf." Le vieillard retourna chez lui, et dit: "Eh bien, ma femme, as-tu un baquet neuf?" "Oui," dit la femme, "mais va dire au poisson d'or que notre cabane tombe en ruine, et qu'il m'en faut une autre." Le vieillard retourna au bord de la mer et cria: "Poisson d'or, poisson d'or, viens à moi!" "Que veux-tu?" demanda le poisson. "Une cabane neuve pour ma femme, qui est de bien mauvaise humeur." "Très-bien, va à la maison, et tu trouveras une cabane neuve!" Le vieillard arriva chez lui et vit une belle cabane neuve. Sa femme ouvrit la porte, et dit: "Imbécile, va dire au poisson d'or que je veux être archiduchesse, et demeurer dans un beau château, où j'aurai beaucoup de domestiques qui me feront de grandes révérences." Le vieillard retourna au bord de la mer et fit la commission. "C'est bien," lui dit le poisson d'or, "retourne à la maison; tu trouveras tout fait." Arrivé à la maison, le vieillard vit un château magnifique. Sa femme, vêtue d'or et d'argent, était assise sur un trône et donnait ses ordres à une foule de domestiques. Quand elle aperçut le vieillard elle dit: "Qui est ce vieillard-là, ce mendiant?" et elle commanda qu'on le mît à la porte. Mais bientôt elle voulut être impératrice. Elle fit donc venir le vieillard et lui dit d'aller trouver le poisson d'or et de lui dire: "Ma femme ne veut plus être archiduchesse; elle veut être impératrice." Le vieillard obéit, et le poisson d'or accorda aussi ce souhait. Enfin la méchante femme voulut être reine des eaux et commander à tous les poissons. Le vieillard alla donc au bord de la mer, appela le petit poisson d'or et dit: "Poisson d'or, ma femme n'est toujours pas contente. Elle dit qu'elle aimerait être reine des eaux et commander à tous les poissons." "Oh, c'est trop," dit le petit poisson d'or, "elle ne sera jamais reine des eaux, elle est bien trop méchante, et je suis sûr que tous les poissons seraient bien malheureux sous ses ordres." Le poisson disparut, en disant ces mots, et quand le vieillard arriva chez lui, il retrouva la pauvre cabane, le baquet cassé, la vieille femme mal vêtue, et il fut obligé de reprendre son filet et de pêcher. Mais il eut beau jeter son filet à la mer, il ne retrouva plus le poisson d'or. LA CABANE AU TOIT DE FROMAGE.[14] [Note 14: This is one of the Swedish folk tales; another well-known version of "Hans and Gretchen."] Une vieille sorcière demeurait dans une cabane au milieu d'une forêt sur une haute montagne. Cette femme était très cruelle, et elle aimait manger les petits enfants. Elle avait l'habitude de placer tous ses fromages sur le toit de sa cabane, afin d'attirer tous les enfants du voisinage. A une certaine distance de cette cabane, demeurait un pauvre paysan qui avait deux enfants, une petite fille très stupide et un garçon qui était bien intelligent. Un jour le paysan envoya les enfants dans la forêt pour cueillir des fraises. Ils arrivèrent bientôt à la maison de la sorcière, et comme ils avaient bien faim, le garçon grimpa sur le toit. Il prit un fromage. La vieille sorcière entendit un petit bruit, et cria: "Qui est là, sur mon toit?" "Ce sont de petits anges," répondit le petit garçon d'une voix bien douce. La sorcière dit: "Chers petits anges, mangez autant de fromage que vous voulez," et elle resta assise auprès du feu. Le petit garçon prit des fromages et partit avec sa soeur. Quelques jours après, les enfants revinrent. Le garçon grimpa sur le toit, et la sorcière cria: "Qui est là, sur mon toit?" Le garçon répondit comme la première fois: "Ce sont de petits anges!" et la petite fille, qui aimait beaucoup causer, cria: "Je suis là aussi!" Alors la sorcière sortit de la maison, et saisit les deux enfants en disant: "Oh, oui, vous êtes deux jolis petits anges et vous ferez un bon rôti. Comment est-ce que votre mère tue ses porcs?" demanda-t-elle. La petite fille dit: "Elle leur coupe la tête avec son grand couteau." "Non, non," dit le garçon, "elle leur met une corde autour du cou." La sorcière alla chercher une corde, la mit autour du cou du garçon, qui tomba par terre comme s'il était mort. "Es-tu mort, maintenant?" demanda la sorcière. "Oui," répondit le garçon. "Oh, non," dit la sorcière; "tu n'es pas mort pour de bon, car tu parles encore." Le garçon répliqua: "Je parle encore parce que ma mère engraisse toujours ses porcs avant de les rôtir. Elle dit qu'ils sont bien meilleurs." "Une bonne idée!" dit la sorcière. Elle prit les deux enfants, les mit dans une cage, et dit: "Comment votre mère engraisse-t-elle ses porcs?" "Oh, elle leur donne du grain," dit la petite fille. "Non, non," dit le garçon, "ma soeur se trompe, elle est si petite! Ma mère engraisse ses porcs avec des gâteaux et du lait doux." "Bon," dit la sorcière, "c'est ce que je ferai." La sorcière leur donna donc beaucoup de gâteaux et de lait doux. Un jour elle arriva à la cage, et dit: "J'ai mal aux yeux et je ne puis pas voir si vous êtes assez gras. Levez le doigt que je le tâte." La petite fille allait faire juste comme la vieille avait dit; mais le petit garçon prit sa place et présenta un petit bâton. La sorcière le tâta, et dit: "Vous êtes bien maigres." Et elle leur donna deux fois plus de gâteaux et de lait doux. Quelques jours après, elle dit de nouveau: "Levez le doigt, je veux voir si vous êtes assez; gras." Le garçon tendit une queue de chou, et la vieille femme dit: "Oui, vous êtes assez gras." Elle porta les enfants dans sa cabane, et dit à la fille de faire un grand feu dans le four. Quand il fut bien chaud, elle dit aux enfants: "Maintenant, mettez-vous sur la pelle, l'un après l'autre, et je vous mettrai au four." La petite fille, toute tremblante, allait obéir, quand son frère prit sa place. Mais quand la vieille prit la pelle, il roula à terre. La sorcière se mit en colère, mais le garçon s'excusa poliment, et dit: "Madame, nous sommes bien stupides, et bien gauches, je le sais; montrez-nous comment nous placer sur la pelle!" La sorcière se plaça sur la pelle, le garçon la poussa vite dans le four et ferma la porte. Alors il prit tous les fromages de la sorcière, et accompagné de sa petite soeur, il rentra tout joyeux chez son père. Quant à la sorcière, elle fut bien rôtie, et personne ne pleura sa mort. LE VRAI HÉRITIER.[15] [Note 15: This anecdote is adapted from a story in a French Reader, "Livre de Morale en Action," by Barrau.] Julien était le fils d'un homme très pauvre. Son père tomba malade et mourut, et le pauvre Julien était seul, tout seul. Julien était jeune, et un homme riche dit: "Pauvre enfant, vous avez perdu votre père et votre mère, vous êtes orphelin, vous êtes seul au monde. J'ai pitié de vous!" Et l'homme riche plaça Julien dans une bonne famille, se chargea de son éducation, et quand il fut assez grand il le plaça en apprentissage. Son apprentissage fini, Julien dit adieu à son bienfaiteur, et partit pour son tour de France. Cinq ans après, il arriva à la maison. Il avait beaucoup voyagé, il avait beaucoup travaillé, mais il n'avait pas gagné beaucoup d'argent. Sa première pensée en arrivant dans sa ville natale fut d'aller faire visite à son bienfaiteur. Hélas, le pauvre homme était mort. Julien trouva tous les héritiers dans la maison. Ils étaient tous furieux parce que leur oncle n'avait pas laissé une aussi grande fortune qu'ils avaient espéré. Les héritiers désappointés firent une vente de tous les objets qui étaient dans la maison de leur oncle. Julien alla à la vente, et il vit avec surprise que les héritiers n'avaient aucun respect pour la mémoire de leur oncle. Ils vendaient tout. Enfin Julien vit avec indignation qu'ils vendaient même le portrait du pauvre mort. Naturellement Julien acheta les objets que son bienfaiteur avait le plus aimés, et naturellement il acheta aussi le portrait, et il donna tout l'argent qu'il avait au monde pour l'obtenir. Il porta ce portrait dans sa chambre, sa misérable petite chambre, et le suspendit contre le mur par une petite ficelle (corde). Mais la ficelle était vieille, le portrait était lourd, et bientôt la ficelle cassa, et le portrait tomba. Julien examina le portrait avec soin, et trouva le cadre cassé. Il voulut réparer le cadre, et il vit quelque chose de curieux. Il examina le cadre de plus près et découvrit bientôt des diamants, et un papier sur lequel son bienfaiteur avait écrit: "Je suis sûr que mes héritiers sont des ingrats. Je suis sûr qu'ils vendront même mon portrait. Ce portrait sera peut-être acheté par une personne à qui j'ai fait du bien. Ces diamants sont pour cette personne; je les lui donne." Le papier était signé, et personne ne put disputer la possession des diamants à Julien, qui se trouva ainsi le vrai héritier de la fortune de son bienfaiteur. Il était si riche, qu'il pensa aux pauvres enfants de la ville, orphelins comme lui. Il construisit une grande maison pour eux, et il leur raconta souvent l'histoire du portrait de son cher bienfaiteur. YVON ET FINETTE.[16] [Note 16: Brittany is the most westerly province of France. The people, who are called Bretons, are descendants of the ancient Celts. They have a language of their own, are very imaginative, and delight in extravagant tales like this one, which is one of their special favorites. Laboulaye also gives a version of this tale in his "Fairy Book."] Dans la Bretagne, il y avait autrefois la noble famille des barons Kerver. Le baron, qui était aussi brave que bon, avait douze enfants, six fils, grands et forts comme lui, et six filles, belles comme le jour, et vraiment adorables. Avec une telle famille vous pouvez comprendre que le baron Kerver était fier et heureux, et quand un autre enfant arriva, il dit: "Vraiment je ne sais pas où je trouverai la place pour ce garçon, le château est déjà plein!" Le nouveau-venu fut appelé Yvon et bientôt il gagna tous les coeurs par sa franchise, sa bonne humeur et surtout par son courage, car il n'avait peur de rien. Quand Yvon eut atteint l'âge d'homme il dit à son père: "Mon père, vous avez tant d'enfants qu'il n'y a pas de place dans le château pour moi. Permettez-moi d'aller chercher fortune." Le baron Kerver refusa d'abord de se séparer de son cher enfant, mais enfin il consentit au départ d'Yvon. Le jeune homme dit adieu à ses parents, à ses frères et à ses soeurs et partit gaiement en répétant la devise des Kerver: "En avant," chaque fois qu'un obstacle ou un danger se présentait. Enfin il arriva à la mer et s'embarqua dans un vaisseau prêt à partir, en criant: "En avant." Quelques jours après, quand le vaisseau était en pleine mer, une tempête terrible s'éleva, et bientôt le vaisseau fut englouti par les vagues, et Yvon se trouva seul dans l'eau: "En avant," répéta-t-il courageusement, et il se mit à nager vigoureusement. Il arriva enfin en vue de terre, et après avoir fait beaucoup d'efforts il se trouva sur une plage, où il se reposa quelques heures avant de continuer son chemin. Quand il fut un peu reposé, il grimpa sur une montagne, et du haut de cette montagne, il s'aperçut qu'il était sur une île. L'île n'était pas déserte, cependant, car Yvon aperçut une maison immense à quelque distance. Il se dirigea vers cette maison, et fut tout surpris en voyant la grandeur des portes et des fenêtres qui n'avaient pas moins de soixante pieds de haut. Yvon ne se déconcerta cependant pas, et s'approcha de la porte. Le marteau était hors de portée. Il prit une grosse pierre et frappa à la porte. Un géant, qui n'avait pas moins de quarante pieds de haut, ouvrit la porte, et demanda d'une voix terrible: "Qui êtes-vous, et que voulez-vous?" "Je suis Yvon, fils du baron Kerver, en Bretagne, et je viens chercher fortune!" dit Yvon, sans trembler. "Très-bien!" dit le géant. "Votre fortune est faite, j'ai besoin d'un domestique, vous pouvez entrer à mon service. Si vous me servez bien, je vous récompenserai bien; mais si vous n'êtes pas fidèle et si vous ne faites pas exactement ce que je vous dis, je vous mangerai." "C'est entendu!" dit Yvon. Alors le géant lui dit: "Aujourd'hui je suis très occupé. Je vais mener mes troupeaux à la montagne, je serai absent toute la journée. Pendant mon absence vous pouvez nettoyer les écuries. Je ne vous donne rien de plus à faire, mais je vous défends d'entrer dans ma maison!" Le géant partit en disant ces mots. Yvon le suivit des yeux, et quand il fut hors de vue, il ouvrit la porte et entra dans la maison, en disant: "Il est clair qu'il y a quelque chose d'intéressant à voir dans cette maison; sans cela le géant ne m'aurait pas défendu d'y entrer." Yvon entra dans la première chambre; elle était vide, complètement vide. Il n'y avait rien qu'une marmite suspendue dans la cheminée. Yvon s'avança et remarqua avec surprise que la marmite contenait une soupe étrange qui bouillait. Comme il n'y avait pas de feu sous la marmite, Yvon trouva ceci très extraordinaire. Il coupa donc une mèche de ses cheveux, la trempa dans la soupe, et quand il l'en retira, il fut très surpris de voir que les cheveux étaient couverts de cuivre. "Oh!" dit-il, "monsieur le géant a sans doute un estomac bien solide puisqu'il peut digérer une soupe pareille!" Yvon alla dans la seconde chambre. Il la trouva exactement pareille à la première, et là aussi il trouva une marmite, mais quand il trempa une mèche de cheveux dans la soupe bouillante qu'elle contenait, il remarqua que la mèche était toute couverte d'une couche d'argent. "Oh," dit-il, "monsieur le géant a vraiment une digestion admirable, et il faut qu'il soit riche pour pouvoir se payer des soupes pareilles." Yvon entra alors dans la troisième chambre, et bien qu'elle fût exactement pareille aux deux premières, il découvrit bientôt que la soupe dans la troisième marmite était une soupe d'or. Sa curiosité était éveillée, et il courut vite ouvrir une quatrième porte, et entra hardiment dans une quatrième chambre. Oh, quelle surprise! Il vit devant lui une charmante jeune fille, qui s'approcha vivement de lui, et qui lui dit: "Qui êtes-vous? Que faites-vous ici? Partez vite, malheureux, car si le géant vous trouve ici, il vous tuera!" Le jeune homme répondit aussitôt: "Je suis Yvon, fils du baron Kerver. Je suis venu chercher fortune. Je n'ai pas peur du géant que j'ai vu et qui m'a engagé comme domestique." "Que vous a-t-il donné à faire?" demanda la jeune fille en tremblant. "Il m'a dit de nettoyer l'écurie. C'est bien simple, car je l'ai souvent vu faire aux domestiques de mon père. On prend un balai, on balaie, et voilà tout!" "Oh!" dit la jeune fille, "c'est très facile dans une écurie ordinaire, mais dans une écurie magique comme celle du géant, ce n'est pas si simple, car toutes les fois que vous jetterez du fumier par la porte il en entrera plus par la fenêtre. Mais si vous tournez le balai, et si vous commencez à balayer avec le manche, l'écurie se nettoiera toute seule." "Très-bien!" dit Yvon, "je suivrai votre conseil, et maintenant asseyons-nous là, côte à côte, et causons." Le temps passa vite, bien vite; et avant la fin de la journée Yvon avait non seulement raconté toute sa vie à la jeune fille, mais il avait aussi appris qu'elle s'appelait Finette, qu'elle était un peu fée, mais qu'elle était la captive et la servante du géant, qui était un homme cruel. Leur conversation était si intéressante qu'elle dura jusqu'à tard dans l'après-midi. Enfin Finette dit: "Mon ami, allez vite nettoyer l'écurie, sans cela le géant arrivera avant que votre tâche ne soit finie." Yvon la quitta donc et alla à l'écurie. Il prit un balai et jeta du fumier par la porte comme il l'avait vu faire aux domestiques de son père, mais au même instant une quantité de fumier entra par la fenêtre. Alors il se rappela ce que Finette lui avait dit. Il saisit le balai et commença à balayer avec le manche. A l'instant même l'écurie se trouva toute propre comme par enchantement. Yvon mit le balai dans un coin, puis il alla s'asseoir sur le banc devant la porte de la maison du géant. Quand il vit arriver son maître, il se croisa les jambes, renversa la tête en arrière, ferma les yeux et commença à siffler nonchalamment. Le géant arriva, et demanda avec colère: "Eh bien, paresseux, pourquoi ne travaillez-vous pas?" Yvon ouvrit les yeux lentement, et dit: "Je n'ai rien à faire!" "Comment," cria le géant; "je vous ai dit de nettoyer mon écurie." "C'est fait!" dit Yvon tranquillement. Le géant courut à l'écurie, et revint en disant: "Misérable! vous n'avez pas fait ceci tout seul; vous avez vu ma Finette." "Mafinette," dit Yvon, "mafinette! Qu'est-ce que c'est que cela? Est-ce un animal, une personne, ou une chose? Mon maître, montrez-moi ça!" Le géant dit: "Imbécile, vous ne saurez que trop tôt ce que c'est. Allez vous coucher dans la grange, et je vous dirai ce que vous aurez à faire demain." Le lendemain avant de partir de nouveau pour toute la journée le géant dit à Yvon: "Allez à la montagne, attrapez mon cheval noir et mettez-le à l'écurie. Je veux m'en servir demain. Mais n'allez pas dans ma maison, et ne cherchez pas à découvrir ma Finette!" "Ah, mon maître," dit Yvon, "vous parlez toujours de mafinette. Qu'est-ce que c'est que mafinette?" Le géant ne répondit pas et partit, mais aussitôt qu'il fut hors de vue Yvon courut joyeusement dans la maison pour voir Finette, qu'il aimait déjà beaucoup. Finette lui demanda ce que le géant lui avait donné à faire. "Oh!" dit Yvon négligemment, "c'est quelque chose de très facile. Il m'a dit d'aller à la montagne attraper son cheval, de le ramener et de le mettre à l'écurie. Il veut s'en servir demain." "Oh!" dit Finette, "ce n'est pas aussi facile que vous pensez, mon cher Yvon, car le cheval du géant est immense, et de sa bouche et de ses narines jaillit un feu dévorant qui tue toutes les personnes qui l'approchent." "Très-bien!" dit le jeune homme, "je n'irai pas à la montagne, car je n'ai nulle envie de mourir!" "Oh!" dit Finette, "si vous prenez la bride magique suspendue derrière la porte de l'écurie, le cheval sera docile comme un agneau, et vous pourrez le brider et le monter sans danger." Yvon remercia la jeune fille de ses bons conseils, et après avoir causé avec elle presque toute la journée, il alla chercher la bride magique, et partit pour la montagne. Arrivé là, il entendit bientôt un bruit, comme le tonnerre, et il vit venir au grand galop un cheval monstre, de la bouche et des narines duquel jaillissait un feu dévorant. Yvon, qui n'avait peur de rien, secoua la bride, et le coursier vint s'agenouiller devant lui, doux comme un agneau. Yvon brida le cheval sans peine, monta sur son dos, retourna à la maison et le mit à l'écurie. Cela fait, il alla s'asseoir sur le banc, devant la porte, et quand il vit venir le géant, il se croisa les jambes, ferma les yeux et commença à siffler. Le géant s'approcha, et lui dit avec colère: "Eh bien, paresseux, pourquoi n'avez-vous pas fait ce que je vous ai commandé?" "C'est fait, mon maître, votre cheval est à l'écurie, et c'est une bien gentille bête, allez!" "Mon cheval une gentille bête!" s'écria le géant avec surprise, et il courut à l'écurie pour voir si c'était vraiment son cheval que le jeune homme avait ramené de la montagne. Il revint en quelques minutes en grommelant: "Misérable, vous n'avez pas fait ceci tout seul. Quelqu'un vous a aidé. Vous avez vu ma Finette." "Mafinette, mafinette!" dit Yvon. "Vous parlez toujours de mafinette, mon maître; qu'est-ce donc que mafinette?" "Vous ne saurez que trop tôt," dit le géant, et il alla se coucher. Le lendemain, avant de partir, il dit à Yvon: "Yvon, allez aujourd'hui à l'abîme sans fond, toucher mes revenus!" "Très-bien!" dit Yvon, sans paraître le moins du monde surpris, et le géant partit. Quand il fut hors de vue, Yvon courut rejoindre Finette, qui lui demanda anxieusement ce que le géant lui avait commandé de faire. "Oh!" dit Yvon, "le géant m'a dit: 'Allez à l'abîme sans fond, toucher mes revenus.' Je ne sais pas où c'est, ni combien le géant veut, mais je suis sûr que vous savez tout, ma Finette chérie, et que vous m'aiderez de nouveau." Finette rougit, sourit, et dit: "Oui, Yvon, je sais en effet où est l'abîme sans fond. Prenez cette baguette, allez à la montagne, frappez-en le grand rocher noir trois fois. Le rocher s'ouvrira, et un démon paraîtra; il vous demandera brusquement: 'Que voulez-vous?' et vous répondrez, 'Les revenus du géant!' Alors il dira: 'Combien voulez-vous?' Vous répondrez: 'Pas plus que je ne peux porter.' "Alors le démon vous fera entrer dans une grotte immense, où vous verrez des diamants, des rubis, des perles, des émeraudes, des topazes, des améthystes, de l'or et de l'argent en grandes quantités. Vous verrez un sac par terre. Prenez-le et remplissez-le, sans dire un seul mot, et sortez en silence." "Très-bien," dit Yvon, "je ferai exactement tout ce que vous m'avez dit, ma chère Finette." Et il s'assit à côté d'elle, et ils causèrent longtemps ensemble. Quand l'après-midi arriva, le jeune homme prit la baguette, et partit pour la montagne. Il trouva le rocher noir sans peine. Il le frappa trois fois de sa baguette. Le rocher s'ouvrit, et un démon parut, qui dit d'une voix terrible: "Que voulez-vous?" "Les revenus du géant!" répondit Yvon sans se laisser déconcerter. "Combien voulez-vous?" demanda brusquement le démon. "Pas plus que je ne puis porter," dit Yvon. "Entrez!" fit le démon, et il conduisit Yvon dans une grotte toute étincelante d'or, d'argent, et de pierreries. Yvon vit un sac à terre; il le prit et le remplit d'or, d'argent, et de pierreries, et sortit en silence. Il descendit la montagne, et s'assit sur le banc devant la porte. Quelques minutes après le géant arriva. "Avez-vous fait ma commission?" dit-il. "Oui," répondit le jeune homme, "je suis allé à l'abîme sans fond, et j'ai touché vos revenus." "Avez-vous le compte juste?" demanda le géant. "Comptez vous-même, et vous verrez!" dit le jeune homme en montrant le sac du doigt. Le géant ouvrit le sac, compta les pierres précieuses, et dit: "Misérable, vous n'avez pas fait ceci tout seul; vous avez sans doute vu ma Finette." "Ah, mon maître, qu'est-ce donc que mafinette? Vous en parlez sans cesse; qu'est-ce?" "Vous ne saurez que trop tôt!" grommela le géant, et il partit. Le lendemain matin il s'en alla à cheval sans dire mot à Yvon. Quand il fut hors de vue le jeune homme alla trouver Finette. "Qu'avez-vous à faire aujourd'hui," demanda Finette. "Rien, absolument rien! J'ai vacance aujourd'hui!" répondit Yvon. "Oh," dit Finette, "c'est un mauvais signe. Allez vite vous asseoir sur le banc, devant la maison, et restez là jusqu'à ce que je vienne." Yvon obéit à regret. Quelques minutes après le géant revint. Il ne dit pas un seul mot à Yvon, mais il entra dans la maison et dit à Finette: "Prenez un couteau, coupez la gorge au jeune homme que vous trouverez assis devant la porte, et faites-en une bonne soupe. Je vais dormir; appelez-moi quand la soupe sera prête." En disant ces mots, le géant alla se coucher, et quelques minutes après il était profondément endormi, et on l'entendait ronfler par toute la maison. Finette prit un couteau, alla à la porte, appela Yvon et lui raconta toute l'histoire. "Finette!" dit Yvon, "vous n'allez sûrement pas me couper la gorge." "Oh non!" dit Finette. "Donnez-moi le doigt." Elle coupa un peu le doigt d'Yvon, et trois gouttes de sang tombèrent sur le pas de la porte. "Venez avec moi maintenant," dit-elle. Yvon l'accompagna dans la maison. Ils firent un grand feu. Ils suspendirent une marmite sur le feu. Yvon remplit la marmite d'eau de la fontaine, et Finette y jeta des oignons, des carottes, des navets, du persil et des pommes de terre. Puis elle y jeta une paire de souliers, une paire de bas, une paire de pantalons, une chemise, une veste, un habit et un chapeau, et quitta la chambre. Accompagnée d'Yvon, elle alla dans la chambre où bouillait l'or. Là elle fit trois boulets d'or. Puis elle alla dans la chambre où bouillait l'argent. Là elle fit deux boulets d'argent. Puis elle alla dans la chambre où bouillait le cuivre. Là elle fit un boulet de cuivre. Puis elle prit Yvon par la main, et dit: "Fuyons, fuyons, avant que le géant se réveille," et ils s'enfuirent tous deux aussi vite que leurs jambes pouvaient les porter. Le géant dormit longtemps, enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupe est-elle prête?" "Non, pas encore, mon maître," dit la première goutte de sang. Le géant se tourna, ferma les yeux et se rendormit. Il dormit longtemps. Enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupe est-elle prête?" "Non, pas encore, mon maître," dit la seconde goutte de sang. Le géant se tourna, ferma les yeux et se rendormit. Il dormit longtemps. Enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupe n'est-elle pas encore prête?" "Non, mon maître, pas encore," répondit la troisième goutte de sang. Le géant se tourna, ferma les yeux et se rendormit. Il dormit longtemps. Enfin il se réveilla et cria: "Finette, la soupe est-elle prête?" Pas de réponse. Il cria de nouveau: "Finette, la soupe est-elle prête?" Toujours pas de réponse. Il alla à la cuisine. Finette n'y était pas, mais la marmite était sur le feu. La soupe bouillait fort. Le géant prit une cuillère, la plongea dans la soupe et retira un soulier. "Oh!" dit-il avec dégoût. Il plongea de nouveau la cuillère dans la soupe, et retira un bas. Il trouva les bas, les souliers, les pantalons, la chemise, la veste, l'habit, le chapeau; il trouva les navets et tous les autres légumes, mais il ne trouva pas de viande fraîche. Il comprit enfin qu'Yvon et Finette s'étaient échappés, et il se mit à leur poursuite. Il courait si vite avec ses longues jambes que bientôt il vit les fugitifs qui se dirigeaient vers la mer. Finette vit aussi le géant; elle jeta le boulet de cuivre à terre, et dit: "Boulet, sauvez-moi!" À l'instant la terre s'ouvrit, et un grand précipice parut entre le géant et les fugitifs, qui fuyaient toujours. Le géant, furieux de trouver cet obstacle, arracha un grand arbre, le jeta en travers du précipice, et se mit à califourchon pour passer de l'autre côté. Il arriva enfin de l'autre côté, et continua la poursuite. Pendant ce temps, Yvon et Finette étaient arrivés au bord de la mer, mais il n'y avait pas de vaisseau en vue. Finette prit un boulet d'argent, le jeta à la mer en disant: "Boulet, sauvez-moi!" et au même instant parut un vaisseau, dans lequel Yvon et Finette s'embarquèrent promptement, et qui fit voile aussitôt. Le géant arriva à la plage (au bord de la mer) à cet instant, et plongea dans l'eau pour saisir le bateau. Alors Finette jeta le second boulet d'argent en disant: "Boulet, sauvez-moi." Au même instant parut un poisson, un poisson monstre. Le géant vit le poisson. Il eut peur, et il retourna vite à terre pendant qu'Yvon et Finette s'éloignaient rapidement. "Nous sommes sauvés," dit Yvon avec joie. "Ah!" dit Finette, "ce n'est pas encore sûr. Le géant a une tante qui est sorcière; elle essaiera de nous faire du mal, et je ne serai pas tranquille jusqu'à ce que nous soyons mariés dans l'église du château de Kerver, car jusqu'alors elle peut exercer son pouvoir sur nous." Yvon consola Finette. Le voyage fut très agréable, et les jeunes gens débarquèrent enfin près du château de Kerver. Le vaisseau disparut aussitôt, et Yvon dit à Finette: "Ma chère amie, vous êtes la plus belle et la plus charmante des femmes; il n'est donc pas convenable que vous entriez dans la maison de mon père à pied et ainsi vêtue. Attendez-moi ici. J'irai au château chercher une belle robe et un bon cheval, et alors vous pourrez vous présenter d'une façon convenable." Finette objecta; elle dit qu'elle avait peur, mais Yvon insista tant qu'elle consentit enfin à le laisser partir. Elle lui fit promettre cependant qu'il ne s'arrêterait pas en route, qu'il ne mangerait pas et ne boirait pas avant de revenir la chercher. Yvon partit, et Finette resta seule au bord de la mer pour attendre son retour. Le jeune homme arriva bientôt au château de son père. Il y trouva une grande société, car une de ses soeurs se mariait. On le reçut avec joie, mais il refusa de s'arrêter, courut à la chambre de ses soeurs chercher une belle robe, alla à l'écurie, prit deux chevaux, et se prépara à partir. A ce moment-là une belle dame aux cheveux d'or s'avança vers lui, une coupe d'or à la main, et dit: "Monsieur Yvon, vous ne pouvez pas refuser de boire à ma santé, ce serait trop impoli." Yvon, sans penser à la promesse qu'il avait faite à Finette, prit la coupe, salua la belle dame, et but à sa santé. Malheureusement cette coupe était une coupe magique, et dès qu'Yvon eut goûté le vin, il oublia tout le passé. Il oublia entièrement la pauvre Finette, descendit de cheval, donna la main à la belle dame aux cheveux d'or, et entra dans la salle de festin, où il prit place à côté d'elle, et mangea et but de bon appétit. La pauvre Finette attendit en vain au bord de la mer jusqu'au soir. Alors elle prit la route du château. Elle arriva bientôt à une pauvre petite cabane, où demeurait une vieille femme. Cette vieille femme était assise devant sa porte. Elle était occupée à traire sa vache. Finette avait bien faim et bien soif. Elle s'approcha donc de la vieille femme, et dit: "Voulez-vous me donner une tasse de lait, ma bonne femme?" "Oui!" dit la vieille femme, "je vous donnerai une tasse de lait si vous remplissez mon seau d'or." Finette prit un boulet d'or, le jeta dans le seau de la vieille femme, et à l'instant le seau fut plein, tout plein de belles pièces d'or. La pauvre femme regarda cet or avec la plus grande surprise. Enfin elle dit avec joie: "Je suis riche! Je suis riche! Ma belle demoiselle, je vous donne ma maison, ma vache, tout ce que je possède, excepté ce seau plein d'or. Je vais à la ville, où je serai une grande dame, car je suis riche à présent, bien riche." La vieille femme partit donc pour la ville, toute joyeuse de se trouver si riche. Finette se mit à traire la vache, but du lait et entra dans la maison. La maison était pauvre et sale, et Finette la regarda avec dégoût. Enfin elle prit le second boulet d'or, le jeta dans le feu et dit: "Boulet, sauvez-moi." Le boulet se fondit, l'or se répandit, et en quelques minutes toute la maison se trouva dorée. La maison était dorée, non seulement à l'intérieur, mais à l'extérieur aussi, et tous les meubles et tous les ustensiles étaient d'or. Finette se coucha sur le lit d'or, et quelques minutes après elle s'endormit profondément. Pendant ce temps la vieille femme était arrivée à la ville. Elle rencontra le bailli, qui dit: "Eh bien, la mère, où allez-vous?" "Moi, je vais à la ville. Je suis riche maintenant. Regardez mon or; je vais être une grande dame!" Le bailli regarda l'or avec surprise et avec une admiration intense. Il fit entrer la vieille femme chez lui, et pendant qu'il comptait les belles pièces d'or elle lui raconta comment elle les avait obtenues. Le bailli réclama plusieurs pièces d'or pour sa peine, recommanda à la vieille femme de ne parler à personne de la belle demoiselle qui lui avait donné tout cet or, et se coucha, décidé à visiter la jeune fille le lendemain et à demander sa main en mariage. Quand Finette ouvrit les yeux, elle vit le bailli au pied de son lit. Il dit: "Mademoiselle, je suis venu pour vous épouser; levez-vous et suivez-moi à l'église!" "Oh!" dit Finette, "je ne suis pas sûre que vous ferez un bon mari!" "Moi! Je ferai un mari excellent. Venez, venez tout de suite (immédiatement)." "Ah," dit Finette, "un bon mari arrange toujours le feu pour sa femme. Arrangez le feu!" "Très-bien!" dit le bailli, "j'arrangerai le feu." Le bailli saisit les pincettes. Finette dit: "Tenez-vous les pincettes, mon ami?" "Oui," répondit le bailli; "oui, mon amour; je tiens les pincettes!" "Misérable, que les pincettes vous tiennent, et que vous teniez les pincettes jusqu'au coucher du soleil," dit Finette, en sortant de la maison. Au même instant les pincettes commencèrent à danser. Le pauvre bailli dansa aussi, car il ne pouvait se séparer des pincettes. Il dansa toute la journée, malgré sa fatigue, malgré ses cris, malgré ses larmes. Quand le soleil se coucha, il lâcha les pincettes, et les pincettes le lâchèrent. Il ne resta pas dans la maison, il ne chercha pas Finette; au contraire, il retourna chez lui, et alla se coucher, car il était bien bien fatigué. Quand le soir arriva, Finette rentra. Elle soigna sa vache, but un peu de lait et se coucha. Pendant ce temps la vieille femme avait raconté son histoire à une amie seulement, en secret. L'amie l'avait racontée à une autre, en secret aussi. Celle-ci l'avait racontée à une troisième, et avant la nuit, tout le monde parlait de la demoiselle, qui avait donné un seau d'or à la vieille femme. Le maire entendit cette histoire. Il se dit: "Quelle bonne chose que je ne sois pas encore marié. J'irai demain matin épouser cette demoiselle, et je serai riche, plus riche que cette vieille femme qui cause tant." Quand Finette ouvrit les yeux le lendemain matin, elle vit le maire, qui lui dit: "Mademoiselle, levez-vous tout de suite; suivez-moi à l'église. Moi, le maire de la ville, je vous fais l'honneur de vous épouser." "Oh!" dit Finette, "je ne suis pas sûre que vous ferez un bon mari." "Moi! Je ferai un mari excellent!" dit le maire pompeusement. "Oh!" dit Finette, "un bon mari ferme toujours la porte!" "Très-bien," dit le maire, "je fermerai la porte," et il alla la fermer. "Tenez-vous le pommeau de la porte, cher ami?" demanda Finette. "Oui, mon amour; je tiens le pommeau de la porte!" répondit le maire. "Misérable, que le pommeau vous tienne, et que vous teniez le pommeau jusqu'au coucher du soleil!" dit la jeune fille, et elle alla au bord de la mer attendre Yvon. Le pauvre maire était attaché à la porte, qui s'ouvrait et se fermait violemment. Le maire était lancé contre le mur extérieur, et contre le mur intérieur, et, malgré ses cris, malgré ses larmes, il continua cet exercice violent jusqu'au coucher du soleil. Alors il lâcha la porte, la porte le lâcha, et il rentra chez lui, et se mit au lit, car il était bien fatigué. La nouvelle de la grande fortune de la vieille femme était arrivée aux oreilles d'un bel officier, qui se dit: "Quelle bonne chose que je ne sois pas marié. J'irai demain matin, épouser cette belle demoiselle, et je serai très riche." Finette avait vainement attendu Yvon, et quand le soir arriva, elle rentra, soigna sa vache, but un peu de lait et se coucha. Quand elle ouvrit les yeux le lendemain matin, elle vit un bel officier, en uniforme, au pied de son lit. "Mademoiselle," dit-il, "je suis venu pour vous épouser. Levez-vous et suivez-moi à l'église." "Oh!" dit Finette, "je ne suis pas sûre que vous ferez un bon mari." "Cela n'est d'aucune importance!" dit l'officier. "Suivez-moi, ou je vous coupe la tête!" et le galant officier tira son sabre. La pauvre Finette eut peur. Elle sauta du lit, et courut dans l'étable. La vache recula effrayée, et s'arrêta dans la porte. L'officier ne pouvait pas entrer pour arriver à Finette. Il prit la vache par la queue, et commença à tirer. Finette dit: "Tenez-vous la queue?" "Oh oui!" répondit l'officier; "je tiens la queue." "Misérable!" cria Finette, "que la queue vous tienne, et que vous teniez la queue jusqu'au coucher du soleil, et jusqu'à ce que vous ayez fait le tour du monde ensemble." Au même moment la vache partit au grand galop, et l'officier, qui ne pouvait pas lâcher la queue, fut obligé de suivre la vache. Ils allèrent comme le vent. Ils traversèrent les montagnes, les vallées, les plaines, les lacs, les rivières, les mers, sans s'arrêter un instant. Ils allèrent si vite, qu'ils firent tout le tour du monde et arrivèrent chez Finette au moment où le soleil se couchait. Alors la queue de la vache lâcha l'officier, l'officier lâcha la queue, et rentra vite chez lui, où il alla se coucher, car il était bien fatigué de son long voyage. Pendant ce temps Yvon avait entièrement oublié la pauvre Finette. Il faisait la cour à la belle dame aux cheveux d'or, et il avait demandé sa main en mariage. Le jour de la noce (mariage) arriva. Yvon monta dans une belle voiture, avec la dame aux cheveux d'or et partit pour l'église. Le cocher fit claquer son fouet, les six chevaux s'élancèrent en avant, et un trait se cassa. Le cocher arrêta les chevaux. On raccommoda le trait. Le cocher fit claquer son fouet, les six chevaux s'élancèrent en avant. Le trait se cassa de nouveau. On le raccommoda une seconde et une troisième fois. Enfin le bailli, qui était à cheval dans la procession, s'approcha de la voiture et dit à Yvon: "Mon jeune maître, voyez-vous cette petite maison qui brille là, entre les arbres. Dans cette maison il y a une dame. Cette dame a une paire de pincettes. Je suis sûr qu'elle vous les prêterait, et je suis certain que les pincettes tiendraient jusqu'au coucher du soleil." Yvon fit un signe. Un domestique alla à la maison de Finette et la pria de prêter ses pincettes d'or à son maître. Quelques minutes après le domestique arriva avec les pincettes. On s'en servit pour raccommoder le trait cassé. Le cocher fit claquer son fouet. Les chevaux s'élancèrent en avant, le trait ne se cassa plus, mais le fond de la voiture tomba! "Halte, halte-là," cria Yvon. Le cocher arrêta ses chevaux. Les charpentiers arrivèrent. Ils replacèrent le fond de la voiture, mais hélas, il tomba de nouveau, et de nouveau. Enfin le maire s'approcha de la portière et dit: "Monsieur Yvon, voyez-vous cette petite maison qui brille là, entre les arbres. Dans cette maison demeure une dame. Elle a une porte merveilleuse. Je suis sûr qu'elle vous prêterait cette porte, et je suis certain que la porte tiendrait jusqu'au coucher du soleil." Yvon fit un signe. Deux domestiques partirent. Quelques minutes après ils arrivèrent avec la porte. Elle fut placée au fond de la voiture, et tint ferme. Le cocher fit claquer son fouet. Les chevaux s'élancèrent en avant, mais la voiture ne bougea pas. On attela huit, dix, douze, vingt-quatre chevaux à la voiture, mais malgré tous leurs efforts la voiture ne bougea pas. Enfin l'officier s'approcha de la portière et dit à Yvon: "Mon maître, voyez-vous cette petite maison qui brille là, au milieu des arbres. Dans cette maison il y a une dame. Cette dame a une vache vraiment remarquable. Je suis sûr qu'elle vous prêterait sa vache, et je suis certain que la vache ferait le tour du monde s'il le fallait." Yvon fit un signe. Deux domestiques partirent. Quelques minutes après ils arrivèrent avec la vache. La vache fut attelée à la voiture. Elle partit au grand galop. Elle arriva à l'église, mais elle ne s'arrêta pas à la porte. Au contraire, elle fit le tour de l'église vingt fois, puis elle ramena la voiture au château. "Il est trop tard pour le mariage aujourd'hui!" dit le baron Kerver. "Entrez, mes enfants, entrez. Nous aurons le festin aujourd'hui, et le mariage demain." Yvon donna la main à la belle dame aux cheveux d'or; il la conduisit à table et s'assit à côté d'elle. Le baron dit: "La dame qui demeure dans la petite maison a été très aimable. Elle nous a prêté ses pincettes, sa porte, et sa vache. Elle mérite une récompense." Alors il appela un domestique, et dit: "Allez à la petite maison qui brille entre les arbres. Dites à la dame qui y demeure que le baron Kerver lui fait ses compliments, et la prie de bien vouloir lui faire l'honneur de venir au festin de noce de son fils Yvon." Le domestique partit. Quelques minutes après il était de retour sans la dame. "Où est la dame?" dit le baron. "Pourquoi n'est-elle pas venue?" "Mon maître," dit le domestique, "la dame a dit: 'Si le baron Kerver a vraiment envie que j'accepte son invitation, dites-lui de venir me chercher.'" Le baron dit: "Cette dame a raison!" Il fit venir son cheval, et il alla chercher Finette lui-même, et l'escorta au château avec autant de cérémonie que si elle avait été une princesse. Quand Finette arriva au château, le baron lui donna la place d'honneur. Tout le monde la regarda avec admiration. Tout le monde excepté Yvon, qui n'avait d'yeux et d'oreilles que pour la belle dame aux cheveux d'or. Finette regarda tristement Yvon. Enfin elle prit le troisième et dernier boulet d'or, et dit tout bas: "Boulet, sauvez-moi." Un instant après elle avait une belle coupe d'or à la main. Elle remplit cette coupe de vin, la donna au domestique, et dit: "Portez cette coupe à votre jeune maître, et dites-lui que la dame qui demeure dans la petite maison qui brille là entre les arbres, lui donne cette coupe et le prie de boire à sa santé." Le domestique fit la commission. Yvon prit la coupe. Il regarda dans la coupe, qui était une coupe magique, et vit comme dans un miroir les différentes scènes de sa vie chez le géant, et son évasion avec Finette. "Finette, ma chère Finette, où êtes-vous?" cria-t-il. "Que fait cette femme à côté de moi? Pourquoi est elle à la place de ma chère Finette?" Il leva les yeux, vit Finette, se précipita dans ses bras, l'embrassa mille fois, et lui demanda mille fois pardon. Finette lui pardonna de bon coeur, et le lendemain ils allèrent à l'église ensemble. Le trait ne se cassa pas, le fond de la voiture ne tomba pas, la voiture avança rapidement, sans encombre. Ils arrivèrent à l'église à l'heure, ils furent mariés et ils furent toujours heureux, car la belle dame aux cheveux d'or, qui était la sorcière, la tante du géant, avait disparu, et ne revint plus jamais en Bretagne. LE RENARD ET LE LOUP.[17] [Note 17: A Russian fable.] Il y avait une fois un homme et une femme. L'homme était âgé, et la femme aussi. Un jour l'homme alla à la mer pour pêcher. L'homme prit beaucoup de poissons. Il prit de grands poissons, de petits poissons, et des poissons de grandeur moyenne. Il prit tant de poissons qu'il était impossible de les porter tous, et il les mit dans un char pour les porter à la maison. En route l'homme vit un renard couché au milieu de la route. L'homme descendit de son char. Il toucha le renard. Le renard ne bougea pas. "Oh!" dit l'homme "Le renard est mort. Voilà un beau cadeau pour ma femme!" Il prit le renard. Il jeta le renard dans le char avec le poisson, et remontant dans le char, il continua son chemin (route). Mais le renard n'était pas mort comme le pauvre homme l'avait supposé. Il jeta tous les poissons du char, l'un après l'autre et quand il eut jeté tous les poissons à terre, il descendit aussi. Arrivé à la maison, l'homme dit à la femme: "Ma femme, regardez le beau cadeau que je vous ai apporté." "Où est ce cadeau?" demanda la femme. "Là, dans le char, sur le poisson." La bonne femme regarda, et dit: "Mon mari, il n'y a ni poissons, ni cadeau dans le char." L'homme tourna la tête, et vit que les poissons et le renard avaient disparu, et naturellement il était bien désappointé, car il avait pensé obtenir beaucoup d'argent pour son poisson. Le renard, qui avait pris tout le poisson, était très occupé à manger le poisson quand un loup arriva. "Bonjour, mon frère," dit le loup. "Bonjour," dit le renard. "Donnez-moi des poissons," dit le loup. "Allez en pêcher," répondit le renard. "Mais je ne sais pas pêcher!" dit le loup. "C'est très facile," dit le renard. "Allez sur la glace, près d'un trou, plongez votre queue dans l'eau, et dites: 'Venez, venez, petits et gros poissons,' et dans quelques minutes tous les poissons viendront se pendre à votre queue." Le loup, enchanté, alla à la rivière. Il alla sur la glace; il trouva un trou; il plongea sa queue dans l'eau, et dit: "Venez, venez, petits et gros poissons." Le renard arriva alors, et dit tout doucement: "Que le ciel soit clair, clair, clair; que la queue du loup gèle, gèle, gèle!" "Que dites-vous, mon ami?" demanda le loup. "Je vous aide," dit le renard, et il partit quelques minutes après. Le loup resta là toute la nuit, enfin il voulut partir. Impossible. La queue était prise dans la glace. Le loup pensa: "Oh, j'ai pris tant de poissons qu'il est impossible de les tirer tous hors de l'eau." Les femmes du village arrivèrent au trou pour chercher de l'eau. Quand elles virent le loup, elles se mirent à crier aussi fort que possible: "Au loup! Au loup! Tuez-le, tuez-le." Tous les hommes arrivèrent avec de grands bâtons. Les hommes frappèrent le pauvre loup, qui arracha sa queue du trou et partit en toute hâte en hurlant de douleur. Pendant que les hommes et les femmes étaient occupés à battre le pauvre loup, le renard était entré dans les maisons, et il avait mangé beaucoup de bonnes choses. Enfin le renard mit la tête dans un seau de pâte, se barbouilla bien, et alla à la rencontre du loup. Le loup dit: "Méchant renard, regardez ma pauvre queue!" "Oh!" dit le renard en gémissant, "regardez ma pauvre tête!" "Oh!" dit le loup. "Les méchantes gens vous ont battu aussi, mon pauvre petit frère. Vous êtes plus malade que moi, montez sur mon dos, je vous porterai à la maison." Le renard monta sur le dos du loup, et chanta gaiement: "Celui qui a été battu Porte celui qui n'a pas été battu." Mais le loup était trop stupide pour comprendre, et il pensa seulement: "Mon petit frère est très courageux. Il a la tête malade, et il chante gaiement. Moi, qui ai seulement la queue malade, je ne chante pas, oh non, je ne chante pas." LA MAUVAISE FEMME.[18] [Note 18: A Russian folktale.] Il y avait une fois une mauvaise femme. Elle était si mauvaise qu'elle se querellait avec tout le monde. Elle se querellait surtout avec son mari, et jamais elle ne faisait ce qu'il lui disait. Quand le mari disait: "Ma femme, levez-vous, s'il-vous-plaît, pour faire le déjeuner," elle restait trois jours au lit. S'il disait: "Ma femme, couchez-vous tôt ce soir," elle restait debout toute la nuit. Un jour l'homme dit à sa femme: "J'aime beaucoup les crêpes; faites-moi des crêpes!" La femme dit: "Non, misérable; vous ne méritez pas de crêpes!" Alors l'homme dit: "Très-bien, si je ne mérite pas de crêpes, n'en faites pas." La femme courut à la cuisine et fit beaucoup de crêpes. Elle força son mari à manger toutes les crêpes, et il eut une attaque d'indigestion. Fatigué de se quereller avec cette méchante femme, le pauvre homme alla un jour dans les bois chercher des fraises. Il arriva enfin au milieu de la forêt, et s'assit sous un arbre. En regardant autour de lui il aperçut un trou. Il alla au trou, regarda dedans (dans le trou) et vit qu'il était sans fond. Il dit: "Ma femme est si mauvaise, et si désagréable, que j'aimerais qu'elle fût dans ce trou-là." Il retourna à la maison et dit: "Ma femme, n'allez pas à la forêt cueillir des fraises." La femme se prépara immédiatement à aller dans la forêt, et l'homme dit: "Eh bien, ma femme, si vous allez dans la forêt, n'allez pas vous asseoir sous un grand arbre au centre de la forêt." La femme répondit: "Mon mari, j'irai à la forêt, et j'irai m'asseoir sous le grand arbre au centre de la forêt." "Eh bien, ma femme, allez si vous voulez, mais ne regardez pas dans le trou." La femme dit: "J'irai dans la forêt, et je regarderai dans le trou!" La femme partit. Son mari la suivit. Elle arriva au centre de la forêt, elle s'approcha du trou. Le mari arriva aussi, et poussa sa femme, qui tomba dans le trou sans fond. Alors le mari retourna à la maison. Il passa trois jours sans sa femme. Quand le quatrième jour arriva, il retourna à la forêt, s'approcha du trou, et il regarda dedans. Il avait apporté une longue corde. Il attacha un bout de cette corde à un arbre, et laissa tomber l'autre bout dans le trou. Après quelques minutes il retira la corde, et à sa grande surprise il trouva un démon attaché à la corde. Le pauvre homme avait peur. Il trembla, et il aurait rejeté le démon dans le trou si le pauvre démon n'avait pas dit: "Mon cher homme, je suis bien aise (content) de sortir de mon trou. Une méchante femme est arrivée, et elle est si désagréable que je préfère rester sur terre. Venez avec moi, et vous aurez une grande fortune. J'irai dans toutes les villes et dans tous les villages, et je tourmenterai tant toutes les femmes qu'elles seront dangereusement malades. Alors vous arriverez avec une médecine qui les guérira." Le démon alla le premier, et toutes les femmes et toutes les jeunes filles tombèrent malades. Alors le paysan arriva avec sa médecine, et il guérit toutes les malades. Naturellement tout le monde payait cher cette médecine, et le paysan fit une grande fortune en très peu de temps. Le démon dit un jour au paysan: "Maintenant, paysan, je tourmenterai la fille du roi; elle sera malade, très malade, mais je vous défends de la guérir." La fille du roi tomba malade. Le roi envoya chercher le médecin, et dit: "Guérissez ma fille, ou vous périrez." Le démon dit: "Ne guérissez pas la fille du roi, ou vous périrez." Le pauvre paysan se trouvait naturellement très embarrassé. Il pensa longtemps, puis il alla trouver tous les domestiques du roi, et dit: "Allez dans la rue, et criez aussi fort que possible: 'La méchante femme est arrivée! la méchante femme est arrivée!'" Alors le paysan entra dans la maison du roi. Le démon, qui était dans la maison, dit: "Misérable, pourquoi arrivez-vous ici?" Le paysan répondit: "Mon pauvre démon, la méchante femme est arrivée." "Impossible!" dit le démon. Mais à cet instant-là tous les domestiques du roi commencèrent à crier: "La méchante femme est arrivée! la méchante femme est arrivée!" Le démon dit au paysan: "Oh! mon ami, j'ai peur de la méchante femme. Dites-moi où me cacher." Le paysan dit: "Retournez dans votre trou. La méchante femme n'y retournera sûrement pas." Le démon partit bien vite, et il se précipita dans le trou, où, hélas, il retrouva la méchante femme. Le paysan guérit la fille du roi et reçut une grande récompense pour ses services. BABA-IAGA.[19] [Note 19: One of the folktales so popular among Russian peasants. All the witches are known as Baba-Iaga in Russia.] Un homme avait perdu sa femme; il était donc veuf, et il était très triste. Il avait une fille. Un jour il dit à sa fille: "Mon enfant, je suis triste, je vais me remarier." En effet il prit une seconde femme, mais elle n'était pas bonne du tout. Elle était très cruelle, et elle battait toujours la pauvre fille quand le père était sorti. Un jour la méchante femme dit à la pauvre fille: "Ma fille, allez vite chez votre tante, ma soeur, et dites-lui de vous prêter une aiguille et du fil, car je veux vous faire une robe." La jeune fille partit, mais elle alla d'abord visiter sa vraie tante; car elle avait peur de la soeur de sa belle-mère, qui s'appelait Baba-Iaga, et qui était une sorcière renommée. La vraie tante lui donna toutes les instructions nécessaires, et alors elle alla chez la sorcière Baba-Iaga. La sorcière était dans sa chaumière (petite maison); elle était très occupée à filer. "Bonjour, ma tante," dit la jeune fille. "Ma belle-mère m'a envoyée pour vous prier de lui prêter une aiguille et du fil pour me faire une robe." "Très-bien," dit Baba-Iaga, "asseyez-vous là, et filez un instant." La jeune fille s'assit à la place de Baba-Iaga, et commença à filer. La sorcière alla dans la cuisine, et dit à sa servante: "Allez vite chauffer un bain, et lavez bien cette jeune fille, car j'ai l'intention de la manger à dîner." La jeune fille entendit cet ordre cruel. Elle courut à la servante, et lui dit: "Ma bonne amie, voici un joli mouchoir pour vous, si vous allumez le feu et si vous versez l'eau dessus (sur le feu)." Quelques minutes plus tard la sorcière arriva à la fenêtre, et cria: "Ma chère enfant, filez-vous?" "Mais oui, ma tante, je file," dit la jeune fille. La sorcière partit. La jeune fille donna un morceau de lard au chat, et dit: "Voulez-vous me dire comment on peut sortir d'ici?" "Oui," dit le chat. "Voilà un peigne et une serviette; prenez-les, et sauvez-vous vite. La sorcière vous poursuivra, et quand elle sera près de vous, jetez la serviette; elle deviendra un large fleuve (rivière). Si la sorcière passe et s'approche de vous, jetez le peigne; il deviendra un bois si vaste et si épais qu'elle ne pourra pas le traverser." La jeune fille prit le peigne et la serviette, et partit. Les chiens de la sorcière voulurent l'arrêter. Elle leur jeta un morceau de pain, et ils la laissèrent aller. Les portes voulurent aussi arrêter la jeune fille; elle les graissa avec un peu de beurre qu'elle avait apporté, et les portes s'ouvrirent et la laissèrent passer. Le chat prit sa place, et quand la sorcière cria: "Ma chère enfant, filez-vous?" le chat répondit: "Mais oui, ma chère tante, je file." Mais bientôt la sorcière arriva. Elle vit que le chat filait, et que la jeune fille s'était sauvée. La sorcière battit le chat, et dit: "Pourquoi n'avez-vous pas crevé les yeux de la jeune fille?" "Oh," dit le chat, "je suis à votre service depuis longtemps, et vous ne m'avez jamais rien donné. La jeune fille m'a donné du lard!" La sorcière dit à la servante: "Pourquoi avez-vous versé de l'eau sur le feu? Pourquoi avez-vous permis à la jeune fille de se sauver?" "Oh," dit la servante, "la jeune fille est bonne; elle m'a donné un mouchoir; vous ne m'avez jamais rien donné." La sorcière dit aux portes: "Pourquoi avez-vous permis à la jeune fille de se sauver?" Les portes répondirent: "La jeune fille est bonne; elle nous a graissées avec du beurre. Nous avons crié depuis des années, et vous ne nous avez jamais rien donné." La sorcière dit aux chiens: "Pourquoi avez-vous permis à la jeune fille de se sauver?" Les chiens répondirent: "La jeune fille est bonne; elle nous a donné du pain. Vous ne nous avez jamais rien donné." Alors Baba-Iaga, la sorcière, partit en toute hâte pour chercher la jeune fille; mais la jeune fille mit l'oreille à terre et entendit venir la sorcière. Elle jeta la serviette derrière elle, et à l'instant une large rivière commença à couler. Quand la sorcière arriva à la rivière, elle était furieuse. Elle retourna à la maison, conduisit ses boeufs à la rivière, et dit: "Mes boeufs, buvez l'eau, toute l'eau de la rivière afin que je puisse traverser." Quand les boeufs eurent bu toute l'eau de la rivière, la sorcière continua la poursuite. Mais quand la jeune fille l'entendit venir, elle jeta le peigne derrière elle, et à l'instant une forêt épaisse se trouva entre elle et la sorcière. La sorcière arriva. Elle vit la forêt. Elle était furieuse, mais elle ne pouvait pas la traverser. La jeune fille arriva à la maison, et son père lui demanda: "Où avez-vous été, ma fille?" "Mon père, ma belle-mère m'a envoyée chez la sorcière Baba-Iaga chercher une aiguille et du fil pour me faire une robe, et Baba-Iaga voulait me manger!" "Ma pauvre fille," dit l'homme, "comment avez-vous fait pour vous sauver?" La jeune fille raconta toute l'histoire à l'homme, qui entra dans une grande colère et renvoya sa femme. Quand la méchante femme fut partie, il fut très heureux avec sa fille, qui devint une excellente ménagère. La jeune fille n'oublia cependant jamais ce que sa vraie tante lui avait dit, et quand elle fut mère elle répéta bien souvent à ses enfants, en leur racontant l'histoire de ses aventures chez Baba-Iaga: "Mes chers enfants, soyez toujours bons envers tous, et tout le monde sera bon envers vous. Si la sorcière avait bien traité sa servante, son chat, ses portes et ses chiens, je ne serais certainement pas ici, car elle m'aurait mangée pour son dîner." LES NEZ.[20] [Note 20: This is one of the Hungarian-Slavonian stories. Different versions have been given by Slavonic writers. Wratislaw gives a translation of it in his "Sixty Folk Tales," and Laboulaye has given his version of it in his "Fairy Book."] Il y avait autrefois, près de Prague, un vieux fermier, très original, qui avait une fille extrêmement belle. Les nombreux étudiants de l'université de Prague faisaient souvent de longues promenades à la campagne, et ils passaient souvent devant la maison, espérant voir la jeune fille, qui s'appelait Marie, et faire un peu de conversation avec elle. Le fermier étant fort riche, plus d'un de ces étudiants aurait bien aimé être son gendre. Afin de trouver moyen de faire la cour à la jolie Marie, les étudiants se déguisèrent en domestiques, et vinrent offrir leurs services comme garçons de ferme. Le vieux propriétaire, qui était très rusé, s'aperçut bientôt de cette manoeuvre, et il déclara qu'il n'accepterait aucun domestique pour moins d'une année, et jura que le garçon serait forcé de rester à son service jusqu'au moment où le coucou chanterait au printemps. Il ajouta qu'il se réservait aussi le droit de couper le nez des mécontents, en disant qu'on pourrait lui couper le sien, s'il lui arrivait de se mettre en colère. Malgré ces conditions bizarres, plusieurs jeunes gens entrèrent au service du fermier, mais ils perdirent tous le nez, vu que le fermier s'amusait à les faire enrager, et dès qu'ils se montraient mécontents, il les renvoyait après leur avoir amputé le bout du nez. Un jeune étudiant, nommé Coranda, arriva enfin à la ferme bien résolu d'épouser la fille du fermier. Celui-ci lui dit qu'il serait obligé de travailler jusqu'au moment où le coucou chanterait, mais que s'il lui arrivait une seule fois de se fâcher il perdrait le nez. Coranda consentit à cet arrangement, et commença son service. Le fermier s'amusa à le tourmenter de toutes les façons possibles. A table il ne le servit ni au dîner ni au souper. Cependant il ne manqua pas de lui demander plusieurs fois s'il était parfaitement content. Coranda répondit chaque fois avec une bonne humeur que rien ne pouvait ébranler, et après souper voyant qu'il mourrait de faim s'il ne se servait pas lui-même, il prit le plus beau jambon qui se trouvait dans le garde-manger et une grosse miche de pain et se régala bien. La fermière s'étant aperçue du vol, alla se plaindre à son mari. Il pâlit de colère, et demanda à Coranda comment il avait osé se servir lui-même. Coranda répondit naïvement que n'ayant rien mangé de toute la journée il avait grand'faim, et ajouta: "Mais si vous n'êtes pas content, mon maître, vous n'avez qu'à le dire, et je partirai dès que je vous aurai amputé le bout du nez." Le fermier, qui n'avait aucune envie de subir cette petite opération, déclara avec emphase, qu'il était parfaitement content, mais après cela il n'oublia plus jamais de servir le garçon de ferme à table. Quand vint le dimanche, le fermier annonça à Coranda qu'il comptait aller à l'église avec sa femme et sa fille, et lui recommanda de faire la soupe pendant leur absence. "Voilà la viande, les carottes, les oignons, et la marmite, et vous trouverez du persil dans le jardin." Coranda promit de faire la soupe, et de ne pas oublier le persil, et le maître partit tout joyeux. Le garçon de ferme commença ses préparatifs culinaires, mit la viande et les légumes dans la marmite, puis il alla au jardin pour cueillir du persil. Là, il trouva un petit chien, le favori du fermier, et comme cette petite bête s'appelait Persil, il la tua et la jeta dans le pot-au-feu. Au retour de la ville, le fermier se mit à table, et goûta la soupe. Elle avait bien mauvais goût, et il fit la grimace. Il n'osa cependant pas se plaindre, de peur de perdre le nez, et appela le petit chien pour la lui faire manger. Bien entendu le chien n'arriva pas, et quand le maître alla à sa recherche, il trouva la peau toute ensanglantée de son pauvre favori. "Misérable," dit-il à Coranda, "qu'avez-vous donc fait?" "Moi," dit Coranda, "je vous ai tout bonnement obéi. Vous m'avez dit de mettre du Persil dans la soupe et je l'ai fait; mais si vous n'êtes pas content, vous n'avez qu'à le dire, je vous couperai le bout du nez, et je partirai tout de suite." "Mais non, mais non," dit le fermier, "je ne suis pas mécontent," et il s'en alla en soupirant. Le lendemain le fermier alla au marché avec sa femme et sa fille, et avant de partir il dit à Coranda: "Restez ici, et faites seulement ce que vous verrez faire aux autres." Coranda, resté seul, regarda autour de lui et vit que les autres ouvriers avaient placé une échelle contre une vieille grange afin de grimper sur le toit pour le démolir. Il courut donc chercher une échelle qu'il appuya contre la maison, et il se mit à démolir le toit neuf avec tant d'ardeur, que le fermier trouva sa maison exposée à tous les vents à son retour. Ce spectacle le mit en colère, mais quand Coranda lui dit qu'il lui couperait le nez s'il n'était pas content, il sourit avec contrainte et déclara qu'il se trouvait parfaitement satisfait. Le fermier, pressé de se débarrasser d'un serviteur si incommode, consulta sa fille pour savoir comment il pourrait le renvoyer sans perdre le nez. "Allez vous promener avec lui dans le grand pré derrière la maison," dit la jeune fille. "Je me cacherai dans les branches du pommier, et je ferai 'coucou, coucou.' Vous lui direz alors que vous l'avez engagé seulement jusqu'au printemps, et qu'il peut s'en aller puisque le coucou a chanté." Le fermier, charmé de cette bonne idée, alla se promener avec Coranda, et dès qu'il entendit chanter le coucou il lui donna son congé. "Très-bien, mon maître," répondit Coranda, "mais comme je n'ai jamais vu de coucou il faut que je voie celui-là." En disant ces mots il courut au pommier et le secoua si vigoureusement que la jeune fille tomba à terre comme une pomme mûre. Le fermier arriva en courant, car il croyait que la chute avait tué sa fille, et s'écria: "Misérable, partez de suite, si vous ne voulez pas que je vous tue!" "Partir," reprit Coranda, naïvement, "pourquoi partir? N'êtes-vous pas content?" "Non," hurla le fermier en colère. "Je ne suis pas content et..." "Alors permettez-moi de vous couper le bout du nez..." "Non, non," dit le fermier, en détresse, "je veux garder mon nez, coûte que coûte. Laissez-le-moi, et je vous donnerai dix moutons!" "Ce n'est pas assez!" dit Coranda. "Dix vaches alors." "Non! je préfère vous couper le nez!" La jeune fille lui demanda alors à quel prix il consentirait à pardonner à son père, et quand il dit qu'il le ferait seulement à condition de l'obtenir pour femme, elle lui donna la main en rougissant. Coranda invita tous les étudiants à ses noces, qui furent magnifiques, et il se montra si bon gendre et si bon mari que le fermier ne regretta jamais de l'avoir reçu dans la famille plutôt que de perdre son nez. Quant à la fille du fermier, elle aima beaucoup son mari, fut une bonne femme et éleva ses enfants bien sagement. Quand ils n'étaient pas contents, elle leur proposait en riant, de leur couper le bout du nez, une proposition qu'ils n'acceptèrent jamais, je vous assure. L'HOSPITALITÉ DU PACHA.[21] [Note 21: An Arabian legend. The Mahometans are the followers of Mahomet. In Arabia and Turkey God is called Allah. A pacha is the same as a bashaw. The Koran is the Mahometan Bible.] Il y avait dans une ville d'Asie un riche marchand, un pacha. Cet homme était aussi bon que riche, et il observait tous les commandements du Koran avec l'exactitude la plus scrupuleuse. Sa conduite était si exemplaire que tout le monde l'admirait beaucoup, et on disait toujours en parlant de lui: "Il mérite toute la prospérité qu'Allah lui envoie." Un jour le pacha était assis dans son jardin. Il fumait sa longue pipe, et il souriait tout doucement en regardant ses nombreux enfants, qui jouaient autour de lui, et en admirant la grande beauté de ses femmes, car il en avait bon nombre comme tous les Mahométans riches. Vers le soir les femmes et les enfants retournèrent à leurs appartements, et le bon pacha, resté seul, rendit grâces à Allah (c'est ainsi que les Mahométans appellent le bon Dieu) de lui avoir accordé tant de bénédictions. Tout à coup un serpent arriva en toute hâte, en criant: "Protection! Protection, au nom d'Allah!" "Au nom d'Allah et du Prophète je vous donne ma protection," dit le brave pacha. "Mais qui êtes-vous? D'où venez-vous et pourquoi demandez-vous ma protection?" "Je suis le roi des serpents, j'ai beaucoup d'ennemis, ils me poursuivent, et s'ils me trouvent ils me tueront! Cachez-moi, bon pacha, cachez-moi, au nom d'Allah!" "Très-bien," dit le pacha, "j'ai promis de vous protéger; allez vous cacher sous mon divan!" "Non! non!" dit le serpent. "Je suis sûr que mes ennemis me trouveraient. Ils m'ont vu entrer dans votre maison, et ils seront bientôt ici. Le seul moyen de bien me cacher, et de tenir votre parole de me protéger au nom d'Allah et du Prophète, est celui-ci. Ouvrez la bouche toute grande, pacha, et permettez-moi de me cacher dans votre poitrine. Vite, vite; car j'entends mes ennemis qui arrivent en toute hâte." Le bon pacha pensa: "Le serpent est mon hôte, et le Koran commande l'hospitalité. Or on ne doit jamais refuser à un hôte aucune requête, donc, bien que ce soit fort désagréable de recevoir ce vilain serpent dans ma bouche, c'est mon devoir de le protéger." Le pacha ouvrit donc la bouche toute grande, et le serpent se glissa rapidement dans sa poitrine, juste au moment où ses ennemis entraient dans le jardin, en criant: "Où est notre ennemi? où est le traître? à mort, à mort, à mort!" Le pacha leur demanda pourquoi ils criaient si fort. Ils répondirent qu'ils avaient vu le serpent entrer dans la maison du pacha, et demandèrent la permission de le chercher. Le pacha leur dit que sa maison et son jardin étaient à leur service, et ils commencèrent à chercher le serpent. Ils cherchèrent partout, ils allèrent partout, ils regardèrent dans tout, mais ils ne trouvèrent pas le serpent, et ils partirent enfin en déclarant que le malin s'était sans doute échappé. Quand ils furent partis, le pacha dit au serpent: "Sortez sans crainte, vos ennemis sont tous partis; sortez vite, car vous gênez les battements de mon coeur." "Non; je ne sortirai pas sans avoir une bouchée de votre coeur ou de votre poumon. Choisissez!" dit le serpent cruel. Le pacha lui reprocha son ingratitude, mais le serpent dit: "Que voulez-vous, mon cher pacha? C'est ma nature, et je suis vraiment bien bon de vous donner le choix. Mais, faites vite, car je suis bien pressé." Le pacha dit alors: "Eh bien, puis qu'il n'y a aucune autre alternative, vous aurez le meilleur morceau de ma chair. Mais, permettez-moi de dire adieu à mes enfants, et d'arranger les choses de façon à donner à ma mort l'apparence d'un accident. Car, si on savait que je suis mort parce que j'ai obéi au Koran, les hommes penseraient qu'il ne faut plus montrer d'hospitalité à personne et ils cesseraient de pratiquer les vertus que le Prophète recommande." Le serpent consentit à attendre encore un peu. Le pacha embrassa ses enfants, il arrangea ses affaires, il fit ses ablutions, puis il alla seul dans le jardin, et après avoir récité une dernière prière, il dit au serpent: "Maintenant faites votre volonté." Au même moment parut un jeune homme d'une beauté resplendissante, qui dit: "Pacha, confirmez votre foi. Prononcez trois fois le nom d'Allah, détachez une feuille de cet arbre, posez-la sur votre bouche, et vous serez sauvé." "Qui êtes-vous donc?" demanda le pacha, tout surpris. "Je suis l'ange de l'hospitalité, et le Prophète m'a envoyé pour vous sauver!" En disant ces mots le messager céleste disparut aussi promptement qu'il avait paru. Le pacha ne douta cependant pas. Il cueillit une feuille de l'arbre, la posa sur sa bouche, prononça trois fois le nom d'Allah, et le serpent sortit de sa poitrine, noirci et calciné par la justice divine, qui ne permet jamais que la vertu soit punie. Le bon pacha qui avait été sauvé ainsi par un miracle, remercia tous les jours Allah de l'avoir sauvé de ce terrible danger. Il continua à vivre heureux, au milieu de sa famille, et recommanda tous les jours à ses enfants de ne pas oublier que le Koran commande l'hospitalité. Cette recommandation fut répétée par ses enfants à ses petits-enfants, et tous les descendants du pacha sont renommés pour leur hospitalité. LES DEUX FRÈRES.[22] [Note 22: A Slavonic legend.] Il y avait une fois un homme, bien pauvre, qui avait deux fils Jozka et Janko. L'aîné (=le plus âgé) de ces deux fils était très intelligent, et un jour son père lui dit: "Jozka, il est temps d'aller faire ton tour d'apprentissage." Le jeune homme, qui était très content de voyager, reçut la bénédiction de son père, quelques gâteaux de sa mère, et partit gaiement. Il marcha longtemps, il traversa une montagne sombre, et il arriva enfin dans une prairie. Comme il avait faim, il prit un des gâteaux que sa bonne mère lui avait donnés, et commença à le manger de bon appétit. Les fourmis arrivèrent aussitôt, et crièrent au jeune homme: "Donne-nous un bien petit morceau de ton bon gâteau!" Mais Jozka était gourmand et égoïste, et il refusa de leur en donner même les miettes. Les fourmis, très désappointées, dirent alors: "Tu n'es certainement pas généreux, Jozka, et nous ne viendrons jamais à ton secours quand tu seras dans la misère." Jozka ne fit aucune attention à cette menace, il finit tranquillement son repas et continua son voyage. Il arriva bientôt au bord d'une rivière, et vit un pauvre petit poisson qui avait sauté hors de l'eau, sur le rivage, et qui s'efforçait vainement de rentrer dans son élément liquide. Il demanda du secours à Jozka, qui lui donna un coup de pied au lieu de l'aider. "Méchant," dit le poisson, "nous ne t'aiderons jamais." Jozka ne fit pas attention au poisson, et continua son chemin. Enfin il arriva à un carrefour. Là des diables se disputaient et se battaient. Le jeune homme les regarda tranquillement et ne fit rien pour les séparer. Les diables lui crièrent: "Tu es un égoïste, Jozka, et rien ne te réussira dans ce monde." Cette prédiction se vérifia bientôt, et Jozka, fatigué de voyager sans profit, retourna chez son père où son frère cadet (= plus jeune) lui fit des reproches, parce qu'il n'apportait rien à la maison. Le père décida alors qu'il était temps d'envoyer Janko dans le monde, et il lui donna une petite bouteille, qui contenait une eau magique qui guérissait toutes les maladies. La mère lui donna une miche de pain, et il partit gaiement. Il marcha droit devant lui, traversa la même montagne sombre que son frère avait traversée, et arriva dans la même prairie. Comme il avait bien faim, il s'assit sous un arbre, prit un morceau de pain et commença à manger de grand appétit. Les fourmis arrivèrent aussitôt, en criant: "Nous avons faim aussi, donne-nous un peu de ton pain." "Avec le plus grand plaisir," dit Janko, qui était bon et généreux, et il coupa un morceau de pain qu'il émietta pour les fourmis. Elles étaient si reconnaissantes qu'elles le remercièrent bien des fois et dirent aussi: "Bon Janko, nous viendrons à ton secours." Janko continua sa route. Il arriva près d'un lac. Là il vit un pauvre petit poisson sur le rivage. Il le prit, et le mit dans l'eau en disant: "Pauvre petit poisson, tu es fait pour vivre dans l'eau, et non sur la terre." Le petit poisson, heureux de se retrouver dans son élément, le remercia, et dit: "Bon Janko, nous te viendrons en aide!" Le jeune homme continua son voyage, et arriva avant longtemps au carrefour, où les diables se disputaient et se battaient. Il les regarda un instant avec chagrin, puis il les sépara et rétablit le bon accord parmi eux. Les diables le remercièrent et partirent, en disant: "Bon Janko, nous viendrons à ton secours." Janko nota ce détail dans sa mémoire, et continua son chemin. Il arriva à une ville. Là il trouva tout le monde en détresse, car la fille du roi était dangereusement malade, et tous les médecins disaient qu'elle allait mourir. Janko alla à une auberge (= petit hôtel), appela l'aubergiste et dit: "Allez vite au palais, et annoncez au roi que je suis le premier médecin du monde. Je guérirai sa fille malade." L'aubergiste alla bien vite au palais, et dit au roi: "Le premier médecin du monde est à mon auberge. Il dit qu'il guérira la princesse." Le roi, enchanté, fit venir Janko, et dit: "Monsieur le médecin, si vous guérissez ma fille, je vous la donnerai pour femme." Janko prit sa petite bouteille et donna un peu de son eau magique à la princesse, qui se trouva mieux après la première dose, et qui au bout de quelques jours était complètement guérie. Mais elle n'avait pas envie d'épouser le médecin, et dit à son père: "Mon père, je refuse d'épouser ce jeune homme." Le roi insista, et la princesse répondit: "Eh bien, je l'épouserai, mais seulement à condition qu'il accomplisse les trois choses que je lui dirai." Janko consentit à cette condition, et dit: "J'accomplirai ces choses si elles sont possibles et si Dieu m'aide." La princesse prit deux sacs de graines de pavot et deux sacs de cendres. Elle mêla les graines de pavot et les cendres, appela Janko, et dit "Janko, si vous séparez les graines de pavot des cendres avant demain matin, je suis à vous." Janko était bien embarrassé. Il n'était pas habile, et il alla dans la prairie, où il commença à pleurer et à prier Dieu de lui venir en aide. Tout à coup une quantité de fourmis arrivèrent, en disant: "Ne désespère pas, Janko; tu nous as aidées, maintenant nous t'aiderons;" et les fourmis séparèrent les graines de pavot des cendres. La princesse était surprise et désappointée, et dit à Janko: "Vous avez accompli une des conditions, mais il faut que vous me procuriez la perle la plus précieuse du fond de la mer." Janko alla au bord du lac, et pleura amèrement. Tout à coup un poisson parut à la surface de l'eau, et dit: "Janko, pourquoi pleures-tu?" Le jeune homme confia ses peines au poisson, qui lui promit la perle, en disant: "Tu nous as aidés, nous t'aiderons." Quelques minutes plus tard il arriva avec la perle désirée, que la princesse admira beaucoup. Puis elle dit à Janko: "Vous avez accompli deux des conditions; maintenant je vous épouserai si vous me rapportez une rose de l'enfer." Janko courut au carrefour, où il avait rencontré les diables, et frappa à la porte de l'enfer. Les diables ouvrirent la porte, et lui donnèrent la rose qu'il demandait. La belle princesse reçut la rose avec grand plaisir et consentit enfin à épouser Janko, qui invita ses parents à la noce. Le frère Jozka fut aussi invité, et quand il entendit l'histoire de son frère, il comprit que l'égoïsme est un mauvais moyen de faire fortune, et qu'on a souvent besoin d'un plus petit que soi. LE BERGER ET LE DRAGON.[23] [Note 23: A Servian tale.] Il y avait une fois un berger qui gardait ses moutons sur la montagne. C'était en automne, au temps où les serpents vont dormir dans la terre, et le berger en entendant un petit bruit, leva la tête pour voir quelle en était la cause. Il vit un grand nombre de serpents qui en arrivant près d'un certain rocher le touchaient d'une herbe qu'ils tenaient à la bouche. Au moment où l'herbe touchait le rocher, le rocher s'ouvrait, et les serpents entraient ainsi, l'un après l'autre, dans la montagne. Le berger appela son chien; il lui confia les moutons, et cueillant un brin d'herbe il toucha le rocher, qui s'ouvrit. Le berger entra dans une grotte, dont les murs étaient couverts d'or, d'argent et de pierres précieuses. Au centre de la grotte il y avait un trône, et sur ce trône il y avait un serpent immense. Tous les autres serpents groupés autour de lui dormaient comme lui. Le berger examina la grotte, regarda les serpents, et quand il eut tout vu il dit: "C'est assez maintenant," et voulut partir. Mais le rocher était fermé, et comme il ne pouvait pas sortir il s'enveloppa dans son manteau, se coucha à terre, et dormit comme les serpents. Il se réveilla seulement quand il entendit un bruit étrange, et quand il ouvrit les yeux il vit que tous les serpents étaient réveillés. Ils étaient groupés autour du trône, et ils demandaient tous à la fois: "Est-il temps, ô mon roi, est-il temps?" Le roi des serpents resta immobile encore quelques minutes, puis il dit: "Il est temps!" En disant ces mots il descendit de son trône, et se dirigea vers le rocher, suivi de tous les autres serpents. Arrivé au rocher, le roi le toucha. Le rocher s'ouvrit; les serpents sortirent tous, suivis de leur roi. Mais quand le berger voulut sortir aussi, le rocher se referma. "Roi des serpents, laissez-moi sortir!" cria le berger de toutes ses forces. "Non, non," dit le roi; "restez-là, mon ami." "Mais, j'ai assez dormi!" dit le berger. "Mon troupeau m'attend; laissez-moi sortir." "Je vous laisserai sortir seulement à condition que vous juriez solennellement que vous ne révèlerez à personne où vous avez dormi, ni comment vous êtes entré dans la grotte aux serpents!" dit le roi. Le berger jura trois fois, le rocher s'ouvrit, et il se trouva sur la montagne. Mais quel changement! Ce n'était plus l'automne, c'était le printemps! Le berger pensa à sa femme, et descendit la montagne aussi vite que possible, car il avait peur d'être grondé parce qu'il était resté si longtemps absent. Quand il arriva près de la maison il vit un monsieur à la porte, et il entendit qu'il disait à la femme: "Ma bonne femme, votre mari est-il chez lui?" "Mais non, monsieur," répondit la femme. "Il est parti pour la montagne l'automne dernier, et comme il n'est pas revenu, je crains (j'ai peur) que les loups ne l'aient mangé." Et elle commença à pleurer. "Les loups ne m'ont pas mangé!" cria le berger. "Me voilà." Quand la femme vit le berger, elle cessa de pleurer, et dit: "Eh bien, paresseux, où avez-vous été tout l'hiver?" L'homme, n'osant dire la vérité, répondit: "J'ai été dans le parc aux moutons où j'ai dormi tout l'hiver!" "Imbécile," dit la femme, en colère. Le beau monsieur dit: "Allons donc, berger, ce n'est pas vrai, ce que vous dites là. Si vous me dites où vous avez passé l'hiver, je vous donnerai une grande somme d'argent." Tourmenté par sa femme et par le beau monsieur, le berger raconta enfin tout ce qui lui était arrivé. Le beau monsieur, qui était magicien, le força alors à le conduire à la montagne, et à ouvrir le rocher en le touchant avec l'herbe merveilleuse. Quand le rocher fut ouvert, le magicien prit son livre et commença à lire. Tout à coup on entendit un bruit terrible, et un dragon sortit. Ce dragon était le vieux serpent, le roi. Il était furieux contre le berger, qui avait révélé le secret de la grotte aux serpents. Le magicien donna vite une corde au berger, en disant: "Jetez-lui ce licol au cou!" Le pauvre berger obéit malgré lui, et tout à coup il se trouva assis sur le dos du dragon, qui volait rapidement par-dessus les montagnes et les mers. Le pauvre berger était très effrayé, car le dragon allait toujours plus vite, et montait toujours plus haut. Enfin le berger aperçut une petite alouette, et lui cria: "Alouette, chère petite alouette, oiseau cher à Dieu, allez, je vous en prie, auprès du Père céleste; racontez-lui mes peines. Dites-lui qu'un pauvre berger lui souhaite le bonjour, et qu'il le prie de le secourir." L'alouette fit la commission du berger. Le Père Éternel eut compassion du pauvre homme; il écrivit un mot, en lettres d'or, sur une feuille qu'il cueillit d'un arbre dans le Paradis. Il donna cette feuille à l'alouette, et lui ordonna de la laisser tomber sur la tête du dragon. L'alouette s'envola, laissa tomber la feuille sur la tête du dragon, et à l'instant même le dragon et le berger tombèrent à terre. Quand le berger revint à lui, il vit qu'il était sur la montagne, et au bout de quelques minutes il s'aperçut qu'il avait eu un mauvais rêve, car son chien était à côté de lui, les moutons autour de lui, et c'était en automne tout comme quand il s'était endormi quelques heures avant. LES DEUX AUMÔNES.[24] [Note 24: This story is adapted from a legend published in "Le Magasin Pittoresque," a popular French periodical.] Une pauvre vieille femme était assise au bord de la route. Elle avait froid, car la neige tombait; et elle avait faim, car elle n'avait rien mangé de toute la journée. Elle était assise là, et elle attendait patiemment, espérant qu'un voyageur compatissant lui donnerait un peu d'argent pour acheter du pain et du bois pour faire un peu de feu dans sa pauvre petite maison où il faisait si froid. Le premier homme qui passa la regarda avec compassion, et dit: "Pauvre femme, voilà un temps bien dur pour mendier sur la route. Dieu vous assiste," et il continua son chemin, d'un pas rapide, sans lui donner un seul sou, car il avait de gros gants, et il aurait été obligé de les ôter pour mettre la main dans sa poche. Il aurait eu froid aux doigts en déliant les cordons de sa bourse, et il n'eut pas le courage de s'arrêter. La pauvre vieille femme, toute désappointée qu'elle était, remercia cependant le voyageur de ses bonnes paroles, et quand il lui dit: "Dieu vous assiste!" elle répondit: "Merci bien, mon bon monsieur, Dieu vous le rende." Peu de temps après un second voyageur passa en voiture. Il était tout enveloppé dans une ample fourrure, il vit la pauvre femme, et, touché de sa misère, il mit une main dans sa poche et de l'autre baissa la fenêtre de la voiture. "Oh!" dit-il, "quel terrible froid!" et il appela la pauvre vieille femme, qui arriva aussi vite que possible. Il lui tendit l'argent et s'aperçut seulement alors qu'il s'était trompé, et que c'était une pièce d'or et non pas la petite pièce blanche qu'il pensait donner. "C'est beaucoup trop!" dit-il, et il allait retirer la main, mais le froid lui fit lâcher la pièce d'or, qui tomba dans la neige. Il ferma la fenêtre, la voiture repartit et il se dit philosophiquement: "C'est trop, mais enfin je suis bien riche, et je puis me payer la fantaisie de faire une bonne action de temps en temps." La pauvre mendiante, à genoux dans la neige, cherchait la pièce d'or, et ses mains froides fouillaient sans cesse, car la malheureuse femme était non seulement pauvre et âgée, mais elle était aussi aveugle. Pendant ce temps l'homme riche était rentré chez lui. Assis devant un bon feu, après avoir bien dîné, il dit: "Il ne fait pas aussi froid que je croyais. J'ai trop donné à cette pauvre femme. Fera-t-elle bon usage de cette pièce d'or? Enfin, ce qui est fait, est fait. J'ai été généreux, très généreux, et Dieu, sans doute, me récompensera, car il aime les bonnes actions." L'autre voyageur était arrivé à l'auberge où il avait trouvé un bon feu et un bon dîner qui l'attendait. Mais la pensée de la pauvre femme lui revint à la mémoire. Il regretta beaucoup de ne pas lui avoir donné un peu d'argent, et au lieu de s'asseoir devant le feu et de manger la bonne soupe chaude que le domestique apportait, il lui dit: "Mettez deux couverts; je reviens à l'instant!" et sortit en toute hâte. Il arriva bientôt à l'endroit où il avait vu la vieille femme et la trouva fouillant dans la neige. "Que cherchez-vous là, ma bonne femme?" "Une aumône, qu'un monsieur m'a jetée!" "Oh! elle est perdue dans la neige. Venez avec moi; nous irons à l'auberge, où un bon feu nous attend, et la soupe aussi." Le voyageur s'aperçut alors pour la première fois que la vieille femme était aveugle, il la prit donc par le bras et la conduisit à l'auberge, où il l'installa à table, devant le feu, et lui fit manger un bon dîner. Deux anges ce jour-là prirent la plume, l'un pour effacer la mention de la pièce d'or sur le livre où le maître de la voiture inscrivait tous ses bienfaits, et l'autre pour inscrire sur le livre du piéton le bon dîner de la pauvre mendiante. L'AMOUR D'UNE MÈRE.[25] [Note 25: This is a popular tale in Touraine, in Central France. It is merely the French version of the tale told by every nation, and has innumerable counterparts. Tours is the capital of the province of Touraine. The Loire is one of the great rivers in France, which it divides into two almost equal parts.] Au centre de la France, au bord de la Loire, et tout près de la ville de Tours, demeurait une fois un vigneron appelé Jean Bourdon. Il était bon travailleur, mais il était violent de caractère, et il ne supportait pas patiemment sa pauvreté. Un jour en rentrant de sa vigne, il se disait sans cesse: "Oh! si mon oncle était seulement mort, je serais riche, bien riche, et je ne serais plus obligé de travailler." Quelques minutes après il vit son oncle près d'une carrière au bord du chemin. Le démon lui parla, et dit: "Poussez votre oncle; il tombera dans la carrière, et sera mort; tout le monde pensera que c'est un accident, et vous serez riche, bien riche, car vous êtes son seul héritier." Le vigneron exécuta immédiatement cette mauvaise pensée, et ce fut seulement après que le crime eut été commis, qu'il comprit qu'il était un assassin et qu'il méritait la prison et même la mort. Il regretta amèrement sa violence, et continua son chemin en tremblant, et en regardant sans cesse de tous côtés pour voir si quelqu'un était en vue qui pourrait le dénoncer à la police. Il trembla plus fort encore quand il sentit une main sur son épaule, et quand une voix moqueuse lui dit à l'oreille: "Eh bien, votre oncle est mort. Vous l'avez tué pour hériter de sa fortune. J'ai tout vu, mais si vous me donnez ce que je vous demande, je ne vous dénoncerai pas." "Oh oui, je vous donnerai tout ce que vous voudrez, tout. Je vous le promets," s'écria le pauvre homme, qui avait bien peur. "Très-bien, je demande votre fils. Je le réclamerai dans trois jours à moins que vous ne deviniez mon nom." En disant ces mots, le démon--car c'était un démon,--disparut, et le pauvre vigneron rentra chez lui. Mais il était si triste à la pensée de perdre son fils, et si tourmenté de remords à la pensée de son crime, qu'il lui fut impossible de manger ou de dormir. Sa femme, inquiète de le voir si pâle, lui demanda enfin ce qu'il avait, et le pauvre homme lui avoua tout. La femme ne lui reprocha pas sa conduite, mais elle courut toute tremblante à l'église où elle raconta toute l'histoire au curé, qui était un brave homme, et qui avait la réputation d'un grand savant et d'un grand saint. Le curé lui parla longtemps, et quand elle revint à la maison, elle dit à son mari: "Allez à l'endroit où vous avez vu le démon, et appliquez-vous à deviner son nom en priant Dieu de vous aider." L'homme alla à l'endroit où il avait commis son crime, mais le souvenir de ce crime l'empêcha de concentrer assez ses pensées. Il répétait sans cesse: "Oh! que j'aimerais savoir le nom de ce démon," mais comme il pensait plus à son crime qu'à autre chose, il ne trouva pas le nom du démon. Le second jour la femme alla à l'endroit. Elle était décidée à sauver son enfant, et elle concentra si bien toute son attention, que bientôt elle entendit une petite voix sous terre, qui chantait tout doucement: "Dormez, mon enfant, dormez bien. Votre papa, le démon Rapax, est parti pour vous chercher un petit compagnon; dormez, dormez bien." La femme rentra toute joyeuse, et quand le démon se présenta le lendemain pour réclamer son enfant, elle lui cria joyeusement: "Eh, bonjour, Monsieur Rapax, comment vous portez-vous?" Le démon, tout surpris, partit sans l'enfant, et quelques minutes après le vigneron faillit mourir de joie en voyant son oncle, qu'il croyait avoir tué, et qui venait l'inviter à souper. Le méchant démon Rapax, sachant que le vigneron était violent et envieux, l'avait trompé pour obtenir l'enfant. Grâce à la bonne petite femme il n'avait pas réussi, mais une chose bien certaine c'est que Bourdon ne fut plus jamais violent, il avait trop peur de commettre un crime, et il savait que le remords n'est pas une sensation agréable. LE CHEVEU MERVEILLEUX.[26] [Note 26: This is one of the Servian national tales; different versions of it can be found in Wratislaw's "Folk Tales," and in the "Magasin Pittoresque."] Il y avait une fois un homme très pauvre, qui avait beaucoup d'enfants. Sa famille était si nombreuse qu'il lui était impossible de trouver assez à manger pour ses enfants. Tous les jours il disait à sa femme: "Ma femme, les enfants ont faim. Il m'est impossible de trouver assez à manger pour eux. Je pense que la meilleure chose à faire serait de me tuer avec eux." "Patience!" disait la pauvre femme; "patience, mon ami, ne vous tuez pas aujourd'hui." Une nuit le pauvre homme vit en songe un enfant qui lui disait: "Pauvre homme, vous êtes bien malheureux; mais écoutez-moi bien, et vous serez heureux. Demain matin vous trouverez sous votre oreiller un miroir, du corail et un mouchoir. Prenez ces trois objets, ne parlez à personne, et allez dans la montagne. Vous trouverez une petite rivière. Suivez le cours de la rivière, et vous arriverez à la source. "Là vous verrez une belle jeune fille. La jeune fille vous parlera, mais ne répondez pas. Si vous parlez, elle vous changera en poisson ou en un autre animal. Asseyez-vous à côté de la jeune fille. Elle placera sa tête sur vos genoux. Alors vous chercherez avec soin. Quand vous aurez trouvé un cheveu rouge, arrachez-le. "Sauvez-vous immédiatement avec ce cheveu rouge. La jeune fille vous poursuivra. Jetez le mouchoir, le corail et le miroir, l'un après l'autre, et elle s'arrêtera pour les regarder. Continuez votre route, vous arriverez à la ville, vous vendrez le cheveu à un homme riche pour une grande somme d'argent, et vous serez assez riche pour élever tous vos enfants." Le lendemain matin, quand le pauvre homme s'éveilla, il mit la main sous son oreiller. Il trouva le mouchoir, le corail et le miroir. Il partit pour la montagne. Il arriva à la rivière. Il suivit le cours de la rivière, et il arriva à la source. Là il vit une belle jeune fille, qui lui dit: "D'où venez-vous, brave homme?" Il ne répondit rien. Elle répéta la question, mais il ne parla pas. Il s'assit à côté d'elle sans parler. Elle plaça sa tête sur les genoux de l'homme. L'homme chercha avec soin et bientôt il trouva un cheveu rouge. Il arracha le cheveu rouge et partit en courant. La jeune fille poursuivit l'homme. Elle courait plus vite que lui. Quand il vit qu'elle allait l'atteindre, il jeta le mouchoir. La jeune fille, qui n'avait jamais vu de mouchoir, s'arrêta pour l'examiner, et l'homme continua à courir. Quand la jeune fille eut assez examiné le mouchoir, elle continua la poursuite. Quand l'homme vit qu'elle allait l'atteindre, il jeta le corail. La jeune fille s'arrêta pour examiner le corail avant de continuer la poursuite. Quand l'homme vit qu'elle allait l'atteindre, il jeta le miroir. La jeune fille s'arrêta pour s'admirer, et l'homme arriva chez lui et raconta toutes ses aventures à sa femme. Le lendemain l'homme alla à la ville. Il se plaça sur le marché, et commença à crier: "J'ai un cheveu rouge à vendre. J'ai un merveilleux cheveu rouge à vendre." Quelques minutes après un homme arriva et dit: "Je vous donnerai un sou pour votre cheveu rouge. "Ce n'est pas assez!" dit l'homme. Un autre homme arriva: "Je vous donnerai le double, deux sous," dit-il. "Ce n'est pas assez." Les autres acheteurs arrivèrent, et ils commencèrent à dire l'un après l'autre: "Je vous donnerai le triple, trois sous." "J'en donnerai quatre." "J'en donnerai cinq." Ils continuèrent ainsi et un homme dit enfin: "Je donnerai vingt sous, un franc." Les enchères continuèrent, et la foule augmentait toujours. Le prix du cheveu rouge augmentait rapidement aussi. Enfin le roi arriva et dit: "Je vous donnerai dix mille francs." L'homme accepta cette somme et alla à la maison, où il se trouva assez riche pour élever ses enfants. Le roi porta le cheveu merveilleux dans son palais, le coupa dans sa longueur et trouva une inscription, qui racontait les choses importantes qui s'étaient passées depuis le commencement du monde, et il ne regretta jamais d'avoir payé dix mille francs ce cheveu merveilleux. UN CONTE DE MA MÈRE L'OIE.[27] [Note 27: This is one of the folk tales told along the banks of the Danube. It forms part of the Slavonic folk lore.] Dans une contrée traversée par le Danube il y avait une fois un roi qui se trouva forcé, peu de temps après son mariage, de quitter la reine, sa femme, et de partir pour la guerre. Son absence fut longue, très longue, et la reine attendait son retour avec impatience. Elle voulait lui montrer son fils qu'il n'avait jamais vu, car l'enfant était né après son départ. C'était dans les temps où il n'y avait ni poste, ni téléphone, ni télégraphe, ni chemins de fer, ni bateaux à vapeur, et la pauvre reine n'avait pas de nouvelles de son mari, et le roi n'avait pas de nouvelles de sa femme. Enfin la guerre fut terminée, et le roi se mit en route pour son royaume. Un jour il se trouva en grand danger de périr dans un torrent, et il dit: "Oh! ma chère femme, je vais périr ici, sans vous revoir!" Un corbeau arriva et dit: "Roi, promettez-moi que vous me donnerez la chose que vous avez de plus chère au monde, mais que vous ne connaissez pas, et je vous sauverai." Le roi pensa; "La chose qui m'est la plus chère au monde c'est, sans doute, ma femme. Pour le plaisir de revoir ma femme, je donnerais volontiers une chose que je ne connais pas!" Le roi accepta donc la proposition du corbeau, qui dit: "Je suis généreux, ô mon roi, et je vous laisserai cette chose pendant sept ans avant de la réclamer." Le corbeau sauva donc le roi, qui arriva à la maison, où il vit la reine, et où sa surprise fut grande de trouver un joli petit enfant, qui était son fils. Mais son chagrin fut presqu'aussi grand que sa surprise, quand il pensa à la promesse qu'il avait faite au corbeau. Le temps passa vite, trop vite, et quand le petit garçon eut sept ans, le corbeau arriva, et disparut aussitôt avec l'enfant royal. Le corbeau transporta le petit prince dans une vallée profonde, inconnue, solitaire, et le donna à un pauvre homme qui demeurait là avec sa femme et sa petite fille, qui n'avait que cinq ans, mais qui était très avisée. Les deux enfants étaient très heureux ensemble. Le père et la petite fille aimaient beaucoup le petit prince, mais la mère ne l'aimait pas, et elle le maltraitait beaucoup, car elle était méchante et un peu sorcière. Un jour cette femme dit à son mari: "Jean est trop avisé; il faut nous débarrasser de lui." L'homme protesta en vain; la femme appela Jean, et dit: "Jean, vous êtes grand maintenant, mais vous ne travaillez pas assez. Il faut que vous abattiez cette forêt, d'ici à demain, et que vous bâtissiez un pont qui chantera quand je passerai dessus." Le pauvre Jean était très triste. Il appela sa petite amie Catherine, et dit: "Catherine, votre mère est bien cruelle! Elle dit qu'il faut que j'abatte la forêt, d'ici à demain, et que je bâtisse un pont qui chantera quand elle passera dessus." "Oh!" dit la petite Catherine; "allez vous coucher, mon cher Jean. Cette tâche n'est pas difficile. Je vous aiderai, mais faites bien attention de ne pas boire le lait que ma mère vous donnera demain matin." Jean alla se coucher tranquillement, et la petite fille, qui était un peu sorcière aussi, courut à la forêt, évoqua les esprits, leur commanda d'abattre la forêt et de bâtir un pont qui chanterait quand sa mère passerait dessus. Le lendemain matin Jean se présenta devant la femme, et dit: "C'est fait!" "Ah! très-bien, mon bon enfant; voici du lait; buvez-le," dit la femme. Mais Jean, qui n'avait pas oublié la recommandation de Catherine, ne but pas le lait. La femme était fâchée, et elle dit à son mari: "Mon mari, Jean est trop avisé; il faut nous débarrasser de lui." L'homme, qui aimait Jean, protesta, mais en vain, et la femme dit à Jean: "Cette nuit vous irez dans l'écurie, où vous trouverez six chevaux. Sellez et bridez ces chevaux, et faites-les trotter." Jean était très content parce qu'il croyait (pensait) que c'était très facile, mais Catherine dit: "Jean, ce n'est pas facile, car un de ces chevaux est ma mère elle-même. Mais si vous prenez ces six brides magiques, la chose sera facile." Jean prit les brides que Catherine lui donna; il brida et sella les six chevaux, il les fit trotter toute la nuit, et avant de rentrer il les conduisit à la forge où il les fit ferrer. Le lendemain matin quand la méchante femme se réveilla, elle poussa des cris terribles, car elle avait des fers aux mains et aux pieds. Elle était furieuse, et elle dit avec rage: "Ce misérable Jean périra, ce misérable périra!" Catherine, en entendant ces menaces, dit à Jean: "Partons, fuyons, ma mère est furieuse. Si nous restons ici, elle nous tuera tous les deux!" Avant de partir Catherine s'arracha trois cils. Elle jeta un cil dans la chambre, elle jeta un autre cil dans la cuisine, et elle jeta le troisième cil sur le perron. Quelques minutes après le départ de Jean et de Catherine, la mère cria: "Catherine, ma fille, que faites-vous?" Le premier cil, que Catherine avait jeté dans la chambre, répondit aussitôt: "Ma mère, je suis très occupée, je fais le lit." Une deuxième fois la mère demanda: "Que faites-vous donc, Catherine, ma fille?" Le deuxième cil répondit: "Maman, je fais la cuisine." Enfin la mère cria une troisième fois: "Catherine, que faites-vous donc?" "Ma mère, je balaie le perron!" répondit le troisième cil. Les deux fugitifs étaient déjà loin quand la mère s'aperçut de leur fuite. Elle ne pouvait pas les poursuivre, car elle avait des fers aux mains et aux pieds, mais elle dit à son mari: "Allez chercher les enfants; ils sont partis." L'homme obéit; il poursuivit les enfants. Catherine s'arrêta tout à coup écouta attentivement, et dit à Jean: "Jean, mon père arrive. Je vais me changer en un champ de blé; vous serez le gardien du champ!" Quand les deux enfants furent déguisés ainsi, le père arriva. Il ne reconnut pas Jean, et dit: "Gardien, avez-vous vu passer un jeune homme et une jeune fille?" "Oui," dit le gardien, "je les ai vus passer quand on semait ce champ de blé!" Alors le père courut plus vite. Quand il fut parti, Jean et Catherine reprirent leur forme naturelle et continuèrent leur fuite. Mais bientôt le père s'approcha d'eux une seconde fois, et Catherine dit à Jean: "Vite, vite, Jean, changez-vous en prêtre; je serai l'église, et mon père ne nous trouvera pas." Le père arriva aussitôt que le déguisement eut été accompli. Il s'adressa au prêtre, et dit: "Avez-vous vu passer un jeune homme et une jeune fille?" "Oui!" répondit le prêtre, "je les ai vus passer quand on bâtissait cette église!" L'homme, fatigué et découragé, abandonna la poursuite. Mais la mère, qui avait soif de vengeance, monta sur un manche à balai et partit rapide comme l'éclair. Catherine dit à Jean: "J'entends ma mère qui arrive. Changez-vous en étang; je me changerai en canard." La mère arriva. Elle s'aperçut de la métamorphose, et elle ne pensa qu'à punir les enfants. Elle commença donc à boire l'eau, mais elle but si avidement qu'elle mourut. Alors Jean et Catherine continuèrent leur route. Ils arrivèrent dans une forêt, où ils rencontrèrent le roi et toute sa cour à la chasse. Le roi regarda le jeune homme et la jeune fille. Il les questionna, et bientôt il reconnut son fils, et l'embrassa avec des transports de joie. Le jeune prince finit par épouser la jolie Catherine, qui continua à l'aider comme par le passé, et ils furent toujours très heureux. GODEFROI, LE PETIT ERMITE.[28] [Note 28: One of the stories in the collection of Canon Christopher Schmid, the German writer, who was born in 1768 and died in 1854. These stories were translated into French by the tutor of the Comte de Paris in 1842, and have been the delight of French as well as of German children. In the original version this story is very long indeed, as the worthy Canon used his stories as vehicles for his religious teachings. This is a complete outline of the story.] Il y avait une fois un pauvre homme qui avait une très grande famille. Cet homme était pauvre, mais il était toujours occupé, il était très industrieux. Cet homme avait une petite maison, et comme sa femme était aussi très industrieuse, la maison était toujours en ordre. L'homme, qui s'appelait Pierre, avait aussi un petit jardin. Dans ce jardin il cultivait quelques arbres fruitiers, et il y cultivait aussi beaucoup de légumes. Au printemps, en été, et en automne, cet homme industrieux travaillait dans les champs de ses voisins qui étaient plus riches que lui, et qui le payaient bien. Il travaillait aussi pour les pêcheurs, car sa maison était près de l'eau. En hiver, quand il ne pouvait pas travailler dans les champs, et quand le temps était trop mauvais pour aller à la pêche, il restait à la maison, où il fabriquait des filets ou des paniers, qu'il vendait aux pêcheurs ou aux fermiers. Les enfants de cet homme étaient très industrieux et très intelligents. Le plus intelligent était Godefroi, qui avait douze ans, et qui était assez grand pour aider son père aux champs, au jardin, à la pêche, et à la fabrique de paniers et de filets. Mais Godefroi n'était pas toujours sage. Il aimait mieux jouer que de travailler. Un jour le père dit à Godefroi: "Mon fils, tu as été sage pendant une semaine, et maintenant tu mérites une récompense. Demain matin, si le temps est beau, nous irons à l'Île Verte que tu vois en mer à une grande distance d'ici. C'est une île où demeurait mon père. Sur l'île nous trouverons beaucoup d'osier pour faire nos paniers, et nous trouverons aussi un grand noyer. Nous cueillerons les noix, et nous les apporterons à la maison, où tu pourras les manger cet hiver." Godefroi était naturellement enchanté. Il se leva de bonne heure le lendemain matin, et quand il vit que le temps était superbe il s'habilla vite, et courut déjeuner. Après déjeuner le père dit: "Maintenant, Godefroi, aide-moi à faire les préparatifs de départ. Voici une quantité d'objets. Porte-les au bateau." Godefroi vit deux petites haches, un grand manteau d'hiver, deux paniers, une corde, une marmite, un pot de lait, cinq pains, et de la viande, et il dit à son père: "Toutes ces choses ne sont pas nécessaires. Un pain est assez. Il fait chaud; pourquoi prendre ce manteau d'hiver?" "Oh!" dit le père, "c'est plus prudent. Je suis allé à l'île une fois. Une grande tempête est arrivée. J'ai été obligé de rester trois jours sur l'île. Je n'avais pas assez de provisions et j'avais froid. Maintenant, si une tempête arrive, nous aurons assez de provisions, et nous aurons un bon manteau d'hiver pour nous couvrir." Le petit Godefroi répondit: "Le temps est magnifique aujourd'hui; il n'y a pas de signe de tempête; c'est vraiment absurde de charger le bateau ainsi!" car Godefroi pensait qu'il était aussi sage que son père. Mais le père insista, et Godefroi porta tous les objets dans le bateau. La soeur de Godefroi dit: "Voici un chapeau neuf pour toi, Godefroi, un chapeau que j'ai garni moi-même. Regarde, j'ai mis un beau ruban vert à ton chapeau, et je l'ai attaché avec des épingles, car je n'avais pas le temps de le coudre." Godefroi dit adieu à sa soeur, à ses six frères et à sa bonne mère, et partit joyeusement avec son père. L'Île Verte était à une grande distance; elle était à une si grande distance qu'elle paraissait bien petite. Mais bientôt l'île parut de plus en plus grande, et la maison qu'ils avaient quittée de plus en plus petite. Quand ils arrivèrent à l'île, Godefroi dit à son père: "Regarde, mon père. Notre maison paraît si petite maintenant. Elle paraît aussi petite qu'une toute petite pierre blanche!" "Oui," dit le père, "nous avons été trois heures en bateau; nous sommes à une grande distance de la maison. Maintenant, Godefroi, prends une hache et suis-moi." Le père attacha le bateau avec la corde, puis il prit une hache, et alla couper une grande quantité d'osier. Godefroi coupa de l'osier aussi. Il arrangea les branches en fagots, et il les porta l'un après l'autre dans le bateau. A midi la provision d'osier était toute faite, et le père dit: "Godefroi, j'ai faim, allons dîner." Le père et le fils allèrent au bateau. Le père s'assit sous un grand arbre, et dit à Godefroi: "Va chercher le pain, le lait, la viande, et le beurre." Godefroi alla chercher les provisions. Le père fit du feu. Il mit du pain, du beurre, et du lait dans la marmite. Il mit la marmite sur le feu, et dit: "Nous aurons une bonne soupe au lait." Quand la soupe fut prête, Godefroi et le père dînèrent de bon appétit. Alors le père dit: "Godefroi, porte toutes ces choses au bateau, et alors nous irons cueillir les noix." "Oh! mon père," dit Godefroi, "allons maintenant cueillir les noix. Je porterai les choses dans le bateau plus tard." "Non," dit le père, "porte les choses maintenant. Un garçon devrait avoir de l'ordre. Et ce n'est pas de l'ordre, c'est du désordre de laisser ces pains, ce beurre, ce lait, cette marmite, cette pierre à feu, et ce manteau ici sous un arbre." Godefroi obéit à regret. Quand tous les objets furent à leur place, le père dit: "C'est bien, mon fils; maintenant prends les paniers et suis-moi." Le père alla vers le centre de l'île, et arriva enfin à un grand noyer tout chargé de noix. Le père grimpa sur l'arbre. Il secoua l'arbre, et les noix tombèrent en grande quantité. Godefroi remplit ses paniers. Il porta les paniers pleins de noix au bateau, les vida, et revint les remplir une seconde, et une troisième fois. Le père était dans l'arbre, occupé à faire tomber les noix. Godefroi était très occupé à remplir ses paniers. Il ne remarqua pas l'approche d'une tempête. Son père ne la remarqua pas non plus. Godefroi était dans le bateau. Il vidait ses paniers pour la quatrième fois, quand une grande vague arriva et enleva le bateau. Godefroi saisit les rames pour ramener le bateau à terre, mais les vagues emportèrent les rames. Alors le pauvre garçon commença à crier. Son père arriva au rivage, juste à temps pour voir disparaître le petit bateau, qui était emporté par les vagues avec une grande rapidité. Le pauvre homme pensa: "Mon enfant, mon pauvre enfant est mort. Il a péri dans les vagues!" Et il pleura beaucoup. La mère de Godefroi avait vu la tempête, et dit: "Oh, voici une tempête terrible! J'espère bien que mon mari et Godefroi sont restés sur l'île." Elle pria toute la nuit. Le lendemain la mer était calme, mais le père et Godefroi n'arrivèrent pas. Alors la pauvre femme alla chez un riche voisin appelé Thomas et lui dit que son mari et son fils n'étaient pas revenus de l'Île Verte. Le voisin, compatissant, dit: "Ne pleurez pas, pauvre femme. Il est probable que la tempête a emporté le bateau. Mais votre mari et Godefroi sont, sans doute, sur l'île. Je vais partir immédiatement pour aller les chercher." Le brave homme partit immédiatement, et avant la nuit il revint avec le pauvre père, qui raconta, en pleurant, que le bateau avait été emporté par la tempête et que le pauvre Godefroi avait sans doute péri. Toute la famille pleura beaucoup, et la mère resta inconsolable. Mais Godefroi n'avait pas péri. Le vaisseau, emporté rapidement par la tempête, avait disparu dans l'obscurité. Le pauvre petit Godefroi, pâle d'effroi (de terreur), commença à prier avec ferveur: "Bon Dieu, sauvez-moi!" Après avoir voyagé quelque temps dans l'obscurité, le vaisseau fut jeté sur un rocher. Le choc fut terrible, et Godefroi sortit vite du bateau, et tomba sur le rocher. Quand la tempête fut finie, le pauvre garçon s'aperçut qu'il était sur une île. Son bateau avait été jeté dans une petite anse (baie) entre deux grands rochers. Il regarda de tous côtés, et ne vit rien que les rochers, et l'immensité du ciel et de la mer. Après quelques minutes, cependant, il aperçut l'Île Verte à l'horizon, mais elle était à une grande distance et ne paraissait pas plus grande qu'une petite plante. Godefroi courut à son bateau, en disant: "L'Île Verte est là, il faut que je retourne à l'Île Verte!" Mais au bout de quelques minutes il vit que c'était impossible. Le bateau était brisé (cassé). Il vit que les rames étaient parties aussi. Alors Godefroi commença à pleurer. Mais il n'y avait personne pour le consoler, personne pour l'aider, et Godefroi essuya enfin ses larmes. Il alla prendre du pain et des noix dans le bateau, mangea tristement son souper, et quand la nuit arriva, il s'enveloppa dans le grand manteau d'hiver de son père, se coucha sur le rocher, et s'endormit en pleurant. Le lendemain matin il se réveilla. Le soleil était chaud, bien chaud. "Oh!" dit Godefroi, "j'ai soif! J'ai bien soif; où y a-t-il de l'eau?" La mer était là, mais l'eau de mer est très désagréable. Elle est très salée, et il est impossible de la boire. Le pauvre Godefroi regarda de tous côtés. Enfin il se décida à quitter le rocher où la tempête l'avait jeté, et à aller chercher une fontaine dans l'île. Il prit du pain et des noix dans sa poche, il mit son chapeau sur la tête, il prit une des petites haches et un bâton et partit. Il marcha longtemps, longtemps, et découvrit que l'île était formée d'une grande masse de rochers. Au centre de l'île il y avait deux pics très élevés. Les rochers de l'île étaient chauffés par le soleil, et la soif du pauvre Godefroi était toujours plus ardente. Il souffrait beaucoup. Enfin il tomba à genoux en pleurant, et dit: "Mon Dieu, faites-moi trouver de l'eau, ou je mourrai de soif!" A cet instant il entendit un petit murmure, et en descendant dans un petit ravin il trouva une source d'eau claire. Quelle joie pour Godefroi! Il but avec plaisir, et alors il tomba à genoux, et remercia Dieu qui lui avait montré cette source d'eau fraîche. Alors Godefroi mangea son pain et ses noix, et quand il eut fini ce dîner frugal, il gravit (grimpa) la plus haute des deux montagnes. Du sommet de la montagne il vit la vaste mer, et près de l'horizon l'Île Verte, qui paraissait si petite. Godefroi vit aussi beaucoup de vaisseaux qui suivaient la ligne de l'horizon, mais qui ne s'approchaient pas de son île, qui était vraiment dangereuse parce qu'elle était entièrement composée de rochers. Godefroi descendit de la montagne, il retourna au bateau, il mangea du pain et des noix, il s'enveloppa dans son manteau, et passa une seconde nuit sur l'île déserte, après avoir pensé à ses parents et après avoir récité sa prière du soir. Quand le matin arriva, Godefroi vit avec détresse que sa provision de pain était bien petite: "Oh!" dit-il, "je n'ai que peu de pain. J'ai examiné toute l'île hier, depuis le sommet de la montagne, et je n'ai pas vu une seule plante ou un seul arbre fruitier. J'ai vu de la mousse et des sapins, mais il est impossible de manger de la mousse ou du bois de sapin. Je suis sûr que je mourrai de faim ici sur cette île déserte, car mon père m'a souvent dit que l'Île Verte était la seule île sur nos côtes. Il ne sait donc pas que cette île existe, et il ne pensera pas à venir me chercher ici!" Le pauvre Godefroi mangea aussi peu que possible, mais hélas! son pain diminua bien rapidement. Il alla dans toutes les directions pour trouver des provisions, mais il ne trouva rien, absolument rien. Enfin Godefroi mangea son dernier morceau de pain, et ses dernières noix, et s'assit tristement au bord de la fontaine, en pensant qu'il serait bientôt mort de faim. Son attention fut bientôt attirée par les poissons qui nageaient dans l'eau limpide: "Oh!" dit-il, "si j'avais seulement une ligne, des hameçons, et un filet, je pourrais prendre des poissons!" Tout à coup il vit son chapeau. Le ruban vert que sa soeur avait attaché avec des épingles attira son attention. Il prit une épingle, et la courba. Puis il effila le ruban. Il tressa les fils avec beaucoup de soin et fit une ligne. Il attacha l'épingle à une extrémité de la ligne. Il attacha une branche d'osier à l'autre extrémité. Alors il chercha et trouva un ver. Il attacha ce ver à son épingle, et jeta son hameçon à l'eau. Quelques minutes après Godefroi dansait de joie, car il avait attrapé un poisson! Il courut au bateau, chercha sa pierre à feu, ramassa de la mousse sèche, et en quelques minutes il eut un bon feu. Alors il suspendit la marmite sur le feu. Il mit de l'eau fraîche de la fontaine dans la marmite, et il mit aussi son poisson dans la marmite. "Oh!" dit-il, "quelle bonne chose que j'aie porté toutes les choses dans la barque (bateau) après notre dîner. Si j'avais laissé le pain, le beurre, la viande, la marmite, la pierre à feu, les haches et le manteau sous le grand arbre, où j'ai dîné avec mon père, je serais mort de faim sûrement. Mon père avait bien raison; l'ordre est une bonne chose!" Quand le poisson fut prêt, Godefroi le mangea de bon appétit. Le poisson n'était pas très bon, cependant, car Godefroi n'avait pas de sel, mais bientôt il trouva du sel sur les rochers, du sel laissé par les vagues. Godefroi passa dès lors une grande partie de son temps à pêcher. Il fabriqua un gros hameçon avec un clou. Cette opération fut très difficile. Godefroi aiguisa (fit une pointe) le clou sur une pierre. Il le courba aussi sur une pierre. Il effila sa cravate pour faire une ligne solide, et enfin il attrapa de gros poissons de mer. Un jour il arriva une grande tempête. Le pauvre Godefroi était malheureux. Il ne pouvait pas pêcher, car les vagues étaient terribles. Les poissons ne venaient pas à la surface. La pluie tombait, et Godefroi était très inconfortable. Le vent était froid, très froid. Le pauvre Godefroi pleura beaucoup, et quand la tempête fut dissipée, et quand il eut satisfait son appétit, il dit: "L'automne arrive. Il est certain que l'hiver arrivera bientôt aussi. Il faut que je trouve une grotte, ou je mourrai de froid!" Godefroi chercha longtemps parmi les rochers, et enfin il trouva une grotte, près de la fontaine. Cette grotte était si bien cachée par deux sapins qu'il ne l'avait pas vue. La grotte était sèche. Godefroi sécha une grande quantité de mousse sur les rochers. Il porta cette mousse sèche dans la grotte et en fit un bon lit. Il sécha le manteau de son père, et il le porta aussi dans la grotte. Il y porta aussi la marmite, les cruches, les haches, la pierre à feu, la corde, et même les clous et les planches du bateau, car la dernière tempête avait complètement démoli le pauvre bateau. Alors Godefroi dit: "Si j'avais un réservoir, je pourrais y mettre mes poissons, et même quand le temps est mauvais, je pourrais avoir à manger." Godefroi chercha beaucoup, et il trouva enfin une bonne place. Il fit une bonne digue avec des pierres, il conduisit l'eau de la fontaine dans ce bassin par un petit canal, et il mit dans le bassin une partie des poissons qu'il attrapait. Il coupa aussi des sapins avec sa hache, fit des fagots des petites branches, et des bûches des grandes branches. Il porta ce bois dans le ravin où était sa grotte, pour y faire du feu en hiver. L'hiver arriva bientôt. Le pauvre Godefroi fit une porte pour sa grotte en tressant les branches d'osier qu'il avait apportées de l'Île Verte. Il ferma toutes les ouvertures avec de la mousse, et il attacha la porte à deux grands arbres placés de chaque côté de l'entrée de sa grotte. La neige commença à tomber, et Godefroi, qui ne pouvait pas faire de feu dans sa grotte à cause de la fumée, construisit une petite cuisine dans la vallée. Il prit des pierres et fit un mur. Ce mur et un grand rocher formaient trois côtés de la cuisine. Le quatrième côté était ouvert, et le toit était formé des planches du bateau. Godefroi y passait une partie de la journée, assis près de son feu. Pour s'occuper, il fabriqua une table et un banc des planches du vaisseau. Il arrangea d'autres lignes. Il arrangea un autre hameçon. Il prit un clou, il le chauffa dans le feu comme il avait vu faire au forgeron du village. Il fit une bonne pointe au clou, car il avait une pierre comme enclume, et sa hache comme marteau. Il fit aussi deux barbes à l'hameçon. Enfin le printemps arriva. Godefroi, qui espérait toujours être sauvé, vit beaucoup de vaisseaux, qui, hélas! passaient toujours loin de l'île, trop loin pour voir ses signaux désespérés. Godefroi trouva une petite anse où il y avait du sable fin, et là il trouva aussi des moules et des huîtres. Il mangea les moules et les huîtres avec plaisir, et il trouva des perles dans les coquilles. "Oh!" dit-il, "mon père m'a dit que les perles étaient précieuses. Je vais trouver autant de perles que possible, et si j'arrive jamais chez mon père, je lui donnerai ces perles, et il ne sera plus pauvre." Godefroi trouva beaucoup de perles; et il trouva aussi des branches de corail, de corail rouge. Il plaça les perles et le corail dans un petit panier qu'il tressa lui-même. Une année s'était passée depuis que Godefroi était arrivé dans l'île, une année entière. Les habits du pauvre enfant étaient usés, entièrement usés. Godefroi coupa le manteau de son père, et en fit une espèce de robe, comme celle que portaient les moines qui passaient dans le village. Tout l'été Godefroi pêcha, et coupa du bois, car il voulait avoir une grande provision de bois pour l'hiver, qui arrivait rapidement. Un jour il dit, "Aujourd'hui j'irai de l'autre côté du ravin couper du bois." Il partit, mais quand il arriva à midi dans son ravin, il leva les mains d'horreur. Le ravin était en feu! Il avait laissé un peu de feu dans la cuisine. Le vent avait attisé le feu. La provision de bois était toute en flammes. Le toit de la cuisine était brûlé. Les lignes à pêche étaient brûlées. La porte de la maison, sa table, le banc, tout, tout était détruit! Le pauvre Godefroi tomba à genoux, et dit: "Hélas! maintenant il faudra bien mourir. Voici l'hiver, je n'ai plus rien que ma hache et ma robe. Ma provision de bois que j'ai obtenu par mon travail, mes lignes, mes pauvres lignes, tout est perdu!" Et il regarda tristement la fumée noire, qui montait vers le ciel. Pauvre petit Godefroi, il était en effet bien malheureux. La veille, le père de Godefroi avait dit à sa famille: "Il faut que je visite l'Île Verte. Ma provision d'osier est épuisée." Il partit donc avec deux enfants, et il promit à sa femme qu'il ne permettrait pas aux enfants d'entrer dans le bateau sans lui. La pauvre femme les laissa partir à regret, car elle pensait toujours au pauvre petit Godefroi. Le père et les enfants arrivèrent à l'Île Verte sans accident. Ils coupèrent l'osier, et quand la provision fut finie, la petite fille dit à son père: "Papa, viens avec nous sur la montagne. J'aimerais tant gravir une montagne!" Le père consentit. Ils arrivèrent bientôt au sommet de la montagne, et ils regardèrent leur maison, qui paraissait bien petite. Alors ils se tournèrent et regardèrent la mer. Tout à coup la petite fille dit: "Papa, regarde là-bas. Voilà quelque chose qui ressemble à de la fumée." Le père regarda, et dit: "C'est de la fumée. C'est probablement un vaisseau en feu!" "Non," dit le petit garçon, "ce n'est pas un vaisseau, papa, je suis sûr que c'est un volcan, comme j'ai vu dans ma géographie à l'école!" Le père regarda attentivement, et dit enfin: "C'est curieux, mais je crois distinguer deux montagnes. On dirait une île. Je n'ai jamais entendu parler d'une île dans cette direction-là!" "Oh, papa," dit la petite fille, "s'il y a une île là, peut-être qu'elle est habitée. Peut-être que notre frère Godefroi est là, sur cette île, car c'est dans cette direction-là que la tempête a emporté le bateau." Le père, qui avait eu la même pensée, commença à trembler. Enfin il dit: "C'est possible, mon enfant, c'est possible. Rentrons vite à la maison. Je parlerai au bon voisin Thomas. Il me prêtera peut-être son bateau à voile, et j'irai à cette île!" Les enfants descendirent la montagne, et s'embarquèrent vite. Arrivés à la maison, les enfants et le père racontèrent ce qu'ils avaient vu, et le coeur de la pauvre mère battit plus fort de joie. "Va vite chez le voisin Thomas," dit-elle à son mari. "Il a un bateau à voile. Il est compatissant; il nous aidera, j'en suis sûre!" Le père alla chez Thomas, et lui raconta tout. "C'est possible," dit Thomas. "Et demain matin, si le temps est favorable, nous partirons, vous et moi, et mon voisin Jean, et nous irons à cette île." Le lendemain ils partirent par un temps magnifique, et avant le coucher du soleil, ils arrivèrent tout près de l'île. L'île paraissait déserte. Il n'y avait pas un signe d'habitation. Il n'y avait plus de fumée. "L'île est déserte!" dit Thomas tristement. "Elle est complètement déserte." Le père de Godefroi regarda aussi tristement ces rochers inhospitaliers, mais il dit: "Il est tard; débarquons, et nous chercherons dans l'île. Peut-être que le corps de mon pauvre enfant a été jeté ici." Ils débarquèrent et commencèrent à chercher. Enfin ils arrivèrent dans la petite vallée, toute noircie par le feu de la veille (jour avant). Là ils virent un moine à genoux. Le père s'approcha, et dit d'une voix tremblante: "Mon père, mon brave ermite, avez-vous vu un petit garçon nommé Godefroi..." Le père ne put finir, car le moine s'était précipité dans ses bras. Ce moine, cet ermite, c'était Godefroi lui-même! Après quelques minutes de grande émotion Godefroi raconta ses aventures à son père. Il lui raconta comment il était arrivé à l'île, comment il avait fabriqué des lignes et des hameçons, comment il avait passé le long hiver. Il lui dit combien il avait travaillé pour faire une grande provision de bois pour son second hiver, et il décrivit son désespoir quand il découvrit que le feu avait tout détruit. "J'ai pensé que Dieu m'avait abandonné," dit Godefroi. "Oh! mon fils," dit le père, "au contraire! Car, sans cet accident, ta petite soeur n'aurait pas remarqué cette île, nous n'aurions pas pensé que peut-être la tempête t'y avait jeté, et nous ne serions pas venus ici aujourd'hui pour te trouver!" Le lendemain Godefroi s'embarqua avec Pierre, Thomas et Jean, et avant le soir il arriva à la maison où il fut reçu avec une joie que je vous laisse imaginer, car il est impossible de la décrire en quelques mots. Thomas était si content du succès de son entreprise qu'il invita toute la famille et tout le village à dîner chez lui. Au dessert Godefroi raconta toutes ses aventures, et tout le monde admira le courage qu'il avait montré. Godefroi donna à son père les perles et le corail, les seules choses que le feu avait épargnées, et le père, heureux et fier de son fils, les montra à tout le monde. Un marchand de corail offrit d'acheter le corail et les perles, et lui donna une bonne somme d'argent. Cet argent permit à Pierre de donner une excellente éducation à tous ses enfants, et surtout à Godefroi qui en profita bien. Godefroi alla à l'école et apprit beaucoup de choses, mais les leçons de patience, de persévérance et de foi, qu'il avait apprises tout seul dans son île déserte, étaient les plus précieuses de toutes. Il ne les oublia jamais, et même quand il fut très âgé il disait souvent à ses petits-enfants: "Il ne faut jamais désespérer. Dieu fait notre fortune de nos infortunes. Les choses qui paraissent impossibles à l'homme sont possibles à Dieu, car rien ne Lui est impossible." LE GRAIN DE MOUTARDE.[29] [Note 29: This is one of the Hindu legends. Buddha is one of the principal Hindu gods and teachers. Those who follow his precepts are called Buddhists.] Il y avait une jeune femme dans l'Inde qui avait un petit enfant. Un jour le petit enfant tomba dangereusement malade, et bientôt le pauvre petit mourut. La pauvre mère prit le petit enfant dans ses bras, et alla de porte en porte, demandant si personne ne pouvait lui donner de remède pour son fils. Les voisins dirent: "La pauvre femme est folle de porter son enfant mort d'une maison à l'autre!" Un vieillard vit la pauvre jeune mère, et pensa: "Oh, la pauvre femme n'a jamais vu la mort. Elle ne sait pas que son petit enfant est mort. Il faut que je la console." Le vieillard s'approcha de la pauvre femme, et dit: "Ma pauvre femme, je n'ai aucun remède pour votre enfant, mais je connais un médecin qui vous donnera un remède." La jeune mère dit: "Dites-moi, je vous en prie, où est le médecin qui peut me donner un remède pour mon enfant malade." "Allez trouver le dieu Bouddha; il vous donnera un remède!" dit le vieillard. La pauvre femme remercia le vieillard, et partit en toute hâte pour aller trouver Bouddha. Quand elle arriva dans le temple, elle dit: "Seigneur et maître, avez-vous un remède pour mon enfant malade?" "Non, ma bonne femme, mais je sais un remède." "Quel est ce remède?" dit la mère vivement. "C'est un grain de moutarde. Allez me chercher un grain de moutarde. Mais le grain de moutarde doit venir d'une maison où personne ne soit jamais mort." La pauvre femme partit, en toute hâte, avec son enfant mort dans les bras. Elle alla de porte en porte, demandant un grain de moutarde. Tout le monde lui donna ce qu'elle demandait, et quand on lui avait donné le petit grain, elle disait: "N'est-il mort personne dans la maison? ni père, ni fils, ni serviteur?" Et dans chaque maison on lui disait: "Beaucoup de personnes sont mortes ici, car les morts sont beaucoup plus nombreux que les vivants." La pauvre femme visita beaucoup de maisons, mais elle reçut toujours la même réponse. Sa fatigue était grande, et elle dit tristement: "Dans chaque maison que j'ai visitée il est mort quelqu'un, ou un père, ou un fils, ou un serviteur. Je ne suis pas la seule mère au monde qui ait perdu un fils." Alors elle porta son pauvre petit enfant mort dans une forêt, où elle creusa une tombe, et l'enterra. Puis elle alla au temple, et tomba à genoux devant Bouddha. "Avez-vous trouvé le grain de moutarde?" demanda-t-il à la pauvre jeune mère. "Non," dit-elle, "tous les gens du village ont perdu un membre de leur famille. Ils m'ont tous dit: 'Les morts sont beaucoup plus nombreux que les vivants.'" "Oui," dit Bouddha, "cela est vrai. Sur la terre tout passe. C'est la loi universelle." La pauvre femme demanda alors la permission de rester dans le temple, et elle passa le reste de sa vie à faire du bien. Enfin elle mourut aussi et passa dans l'endroit immortel des Hindous, dans le Nirvana,[30] où elle ne souffrit plus jamais, et où elle trouva le bonheur complet et le repos qu'elle cherchait depuis si longtemps. [Note 30: Nirvana is the Hindu heaven, for the Buddhists imagine that the virtuous after death pass into a negative state of bliss, while those who have not yet reached the necessary state of perfection undergo various transmigrations of soul.] * * * * * VOCABULARY a, _has_. à, _to_, _at_, _with_. abandonn-a, _forsook_;-é, _forsaken_;-er, _to abandon_. abatt-e, _cut down_;-iez, _should_ _cut down_;-re, _to cut down_. abîme, m., _abyss_;--sans fond, _bottomless pit_. abord, d'--, _at first_. absolument, _absolutely_. accept-a,-é, _accepted_;-e, _accepts_;-erait, _would accept_. accompagn-é,-ée,-és, _accompanied_;-er, _to accompany_. accompl-i, _accomplished_;-irai, _will accomplish_;-isse, _may accomplish_. accord, bon----, _good understanding_. accord-a,-é,-ée,-és, _granted_;-erai, _will grant_. achet-a,-é, _bought_;-er, _to buy_;-erait, _would buy_. acheteur,-s, m., _buyer_. adieu, m., _farewell_. admir-a,-é,-ée,-és,-ait, _admired_;-er, _to admire_. adress-a,-é, _addressed_. affair-é,-ée,-és, _busy_. affaire,-s, f., _business_. affreu-x,-se, _frightful_. afin, _so as_. âge, m., _age_. âg-é,-ée,-és, _aged_. agenouiller, s'----, _to kneel_. agneau, m., _lamb_. ai, _have_. aid-a,-é,-ées,-és, _helped_;-erai,-eras,-era,-erez, erons, _will help_. aie, aient, _may have_. aiguille, f., _needle_. aiguisa, _sharpened_. ailleurs, _elsewhere_; d'----, _besides_. aim-a,-é,-ée,-es,-ait,-aient, _loved_;-e, _loves_;-erais, _would love_ or _like_. aimable, _amiable_. aîné, _eldest_. ainsi, _thus_. aise, _ease_; bien----, _very glad_. ait, _may have_. ajout-a, _added_;-er, _to add_. all-a,-ait,-aient,-èrent, _went_;-é,-ée,-és, _gone_;-er, _to go_;-ez, _go_. allons, _let us go_;----donc, _come now_, _nonsense_. allumez, _light_. alors, _then_. alouette, f., _lark_. amèrement, _bitterly_. améthyste, f., _amethyst_. ami,-e,-s, _friend_, _dear_. Amour, m., _Love_. amputé, _amputate, cut off_. amus-a,-ait,-é,-ée,-es, _amused_;-er, _to amuse_;-ant, _amusing_;-ons, _let us amuse_. an, m., _year_. ancre, f., _anchor_. ange, m., _angel_. animaux, m., _animals_. année,-s, _year_. annon-ça,-ce,-cée, _announced_;-cez, _announce_. anse, f., _bay_, _cove_. anxieu-x, _anxious_;-sement, _anxiously_. août, m., _August_. aper-cevoir, _to perceive_;-çut,-çue,-çu, _perceived_. apparence, f., _appearance_. appartement, m., _apartment_. appartenir, _to belong_. appar-ut, _appeared_;-aître, _to appear_. appel-a,-ai,-ait,-é,-ée, _called_;-le,-lent, _call_;-er, _to call_. appétit, m., _appetite_. appliquez, _apply_. apport-a,-ait,-èrent,-é, _brought_;-era, _will bring_;-er, _to bring_. apprentissage, m., _apprenticeship_. appri-s,-t, _learned_; apprendre, _to learn_. approch-a,-ait,-èrent, _drew near_;-e,-ent, _approach_;-er, _to approach or draw near_. appuy-a, _leaned_;-er, _to lean_. après, _after_. après-midi, m. and f., _afternoon_. arbre,-s, m., _tree_. archiduchesse, f., _archduchess_. ardente, _burning_. argent, m., _silver_, _money_. arrach-a, _pulled out_;-ez, _pull out_. arrang-e,-ez, _arrange_;-ea, _prepared_;-era, _will arrange_. arrêt-a,-é,-ée,-èrent, _stopped_;-er, _to stop_;-ez, _stop_. arrière, _back_. arriv-a,-ait,-èrent, _came_;-er, _to come_, _happen_;-era,-erez, -eront,-erons, _will arrive_;-é,-ée,-es, _come_. as, _have_. assemblé,-s, _assembled_. ass-eoir, _to sit down_;-eyez,-eyons, _sit down_;-is,-irent,-it, _seated_. assez, _enough_. assiette,-s, f., _plate_. assiste, _help_. attach-a,-é,-ée, _fastened_;-er, _to fasten_. attaque, f., _attack_. attein-dre, _to reach_;-t, _reached_. attel-a,-é, _harnessed_. attend,-ez, _wait_;-re, _to wait_;-ait,-aient,-it,-u, _waited_. attentivement, _attentively_. attir-é,-ée, _attracted_;-er, _to attract_. attis-a,-é, _poked_, _kindled_. attrait, m., _attraction_. attrap-e, _catches_;-ez, _catch_;-a,-ait,-é, _caught_;-er, _to catch_. auberge, f., _inn_. aubergiste, m., _innkeeper_. aucun,-e,-s, _none_, _not any_. augment-ait, _increased_;-er, _to increase_. aujourd'hui, _to-day_. aumône,-s, f., _alms_. auprès, _near_. aur-a,-ai,-as,-ez,-ont,-ons, _will have_;-ais,-ait,-aient,-ions,-iez, _would have_. aussi, _also_, _as_. aussitôt, _as soon_, _immediately_;----que, _as soon as_. autant, _as much_, _as many_. automne, m., _autumn_. autour, _around_. autre,-s, _other_. autrefois, _formerly_. aux, _to the_, _with the_. av-ais,-ait,-aient,-ions,-iez, _had_;-ez,-ons, _have_. avan-ça,-ce,-cée, _advanced_. avant, _before_; en----, _forward_. avare, m., _miser_. avec, _with_. avenir, m., _future_. aventure,-s, f., _adventure_. avertissement, m., _warning_. aveugle, _blind_. avidement, _eagerly_, _greedily_. avis-é,-ée, _smart_. avoir, _to have_;----... ans, _to be... years old_. avou-a,-é, _acknowledged_, _confessed_. avril, _April_. ay-ant, _having_;-ez,-ons, _have_, _let us have_. bague, f., _ring_. baguette, f., _wand_. baie, f., _bay_. bailli, m., _bailiff_. bain, m., _bath_. baiss-a,-é, _lowered_, _stooped_. balai, m., _broom_. balaie, _sweeps_;-ayer, _to sweep_. banc, m., _bench_, _bank_. baquet, m., _tub_. barbe,-s, f., _beard_, _barbed points_. barbouilla, _smeared_. barque, f., _skiff_. bas, m., _stocking_. bas,-se, _low_. bassin, m., _basin_. bateau,-x, m., _boats_; à voile, _sailboat_; à vapeur, _steamboat_. bât-i,-issait,-issiez, _built_;-ir, _to build_. bâtisse, f., _building_. bâton, m., _stick_. batt-ait,-aient,-it, _beat_;-u, _beaten_;-re, _to beat_. battement,-s, m., _pulsation_. beau, _beautiful, fine_; avoir----jeter, _to throw in vain_. beaucoup, _much_, _many_. beau-frère, m., _brother-in-law_. beauté, f., _beauty_. belle,-s, _beautiful_; belle-fille, _step-daughter_ or _daughter-in-law_; belle-mère, _step-mother_ or _mother-in-law_. bénédiction,-s, f., _blessing_. berger, m., _shepherd_. besoin, m., _need_; j'ai----, _I need_. bête, f., _beast_. beurre, m., _butter_. bien, _well_, _very_;-aimé,-aimée, _beloved_;----que, _although_. bienfait, m., _good deed_. bienfaiteur, m., _benefactor_. bientôt, _soon_. bizarre,-s, _odd_. blanc,-he,-s, _white_. blé, m., _wheat_. bleu,-e,-s, _blue_. blond,-e,-s, _blond_. bloqué, _blocked_. boeuf, m., _ox_. boi-rait, _would drink_;-re, _to drink_. bois, m., _wood_. bon,-ne,-s, _good_; pour de----, _for good_. bonheur, m., _happiness_, _good luck_. bonhomme, m., _fellow_, _little man_. bonjour, m., _good day_. bonnement, _simply_. bonté,-s, f., _kindness_. bord, m., _edge_. bouche, f., _mouth_. bouchée, f., _mouthful_. bougea, _stirred_. bouill-ait, _was boiling_;-ant,-ante, _boiling_. boulet, m., _bullet_. bourse, f., _purse_. bout, m., _end_. bouteille, f., _bottle_. branche,-s, f., _branch_. bras, m., _arm_. brave, _brave_, _worthy_. bravement, _bravely_. Bretagne, f., _Brittany_. brid-a,-é, _bridled_;-er, _to bridle_;-ez, _bridle_. bride, f., _bridle_. brin, m., _bit_. brisé, _broken_. bruit, m., _noise_. brûl-é,-ées, _burned_. brun,-e,-s, _brown_. brusquement, _suddenly_, _roughly_. bu, _drunk_;-t, _drank_;-vez, _drink_. bûche, f., _log_. bûcheron, m., _woodcutter_. ça, _that_. cabane, f., _hut_. cach-a, _hid_;-e, _hides_;-er, _to hide_;-erai, _will hide_;-ez, _hide_;-é,-ée, _hidden_. cadeau, m., _present_. cadet,-te, _youngest_. cadre, m., _frame_. calciné, _burned_. califourchon, à----, _astride_. calme, _calm_. camarade, m., _comrade_. campagne, f., _country_. canard, m., _duck_. capitaine, m., _captain_. capuchon, m., _hood_. car, _for_, _because_. caractère, m., _character_. cargaison, f., _cargo_. carotte,-s, f., _carrot_. carrefour, m., _cross-road_. carrière, f., _quarry_. cass-a, _broke_;-é,-ée, _broken_;-er, _to break_. caus-a,-é,-ée,-èrent, _caused_ or _talked_;-er, _to cause_ or _to talk_;-erai, _will talk_ or _cause_;-ons, _let us talk_. ce, _this_;-ci, _this_;-la, _that_. célébré, _celebrated_. céleste, _heavenly_. celui, celle,----ci, _this one_. cendre,-s, f., _ashes_. cent,-s, m., _hundred_. centre, m., _center_. cependant, _however_. cérémonie, f., _ceremony_. certainement, _certainly_. ces, _these_. cess-a,-é, _ceased_;-er, _to cease_;-erait, _would cease_. cesse, f., _ceasing_. cet,-te, _this_. chacun,-e, _each_, _every_. chagrin, m., _grief_. chair, f., _flesh_. chaise,-s, f., _chair_. chambre, f., _room_. champ, m., _field_. chang-é,-ée,-ea,-èrent, _changed_;-er, _to change_;-ez, _change_;-era, _will change_. changement, m., _change_. chant-a,-ait,-aient,-èrent, _sang_;-é,-ée, _sung_;-er, _to sing_;-era, _will sing_. chant,-s, m., _song_. chapeau, m., _hat_. chaque, _each_. char, m., _cart_. charge, f., _load_. charg-é,-ée, _laden_;-ea, _took charge_;-er, _to load_, _to take charge_;-e, _load_ or _take charge_. charmant,-e,-s, _charming_. charmé, _charmed_. charpentier, m., _carpenter_. chasse, f., _hunt_. chasse, _drive away_. chat, m., _cat_. château, m., _castle_. chaud,-e, _warm_, _hot_. chauff-a,-é,-ées, _warmed_;-er, _to warm_;-ez, _warm_. chaumière, f., _thatched roof cottage_. chef, m., _cook_. chemin, m., _road_;----de fer, _railroad_. cheminée, f., _chimney place_. chemise, f., _shirt_. cher, chère, _dear_. cherch-a,-é,-ée,-ait,-èrent, _sought_;-er, _to seek_;-erez, _will seek_;-ant, _seeking_;-ez, _seek_. chev-al,-aux, m., _horse_; à----, _on horseback_. chevelure, f., _head of hair_. cheveu,-x, m., _hair_. chez, _at_, _at the house of_;----lui, _at home_. chien,-s, m., _dog_. choc, m., _blow_. choeur, m., _chorus_. chois-i,-ie, _chosen_;-ir, _to choose_;-irai,-irons, _will choose_; -issez, _choose_. choix, m., _choice_. chose, f., _thing_. chou, m., _cabbage_. chute, f., _fall_. ciel, m., _sky_. cil,-s, m., _eyelash_. cime, f., _peak_. cinq, _five_. citron,-s, m., _lemon_. clair,-e,-s, _light_, _clear_, _transparent_. claquer, _to crack_; fit----, _cracked_. clou, m., _nail_. cocher, m., _coachman_. coeur, m., _heart_; de bon----_willingly_. coin, m., _corner_. colère, f., _anger_; en----, _angry_. combien, _how much_ or _many_. command-a,-é,-ée,-èrent, _ordered_;-er, _to order_;-ez, _order_. commandement, m., _order_. comme, _like_, _as_. commen-ça,-cèrent, _began_;-cez, _begin_;-cer, _to begin_;-cerais _will begin_;-cé,-cée, _begun_. comment, _how_, _what_. commettre, _to commit_. commis, _committed_. commission, f., _errand_, _message_. commun,-e, _common_. compagn-e, f.,-on, m., _companion_. compatissant, _compassionate_. complet, _entire_, _complete_. complètement, _completely_. compos-é,-ée, _composed_. compr-endre, _to understand_;-it, _understood_. compt-a,-ait,-é, _counted_;-ez, _count_. compte, m.,----juste, _right amount_. concentr-a, _concentrated_;-er, _to concentrate_. condui-re, _to lead_;-sit,-sirent, _lead_. conduite, f., _conduct_. confia, _confided_, _confessed_. confirmez, _confirm_. congé, m., _dismissal_. congédié, _dismissed_. conn-ais,-aissez, _know_;-aître, _to know_. conseille, _advise_. consent-ir, _to consent_;-irait, _would consent_;-it, _consented_. consol-a,-é, _consoled_;-er, _to console_;-erait, _would console_. construisit, _built_. consulta, _consulted_. consumer, _to consume_ or _burn_. conte,-s, m., _tale_. contenait, _contained_. content,-s,-e,-es, _contented_. continu-a,-èrent,-é, _continued_;-er, _to continue_. contrainte, f., _constraint_. contraire, _contrary_. contre, _against_. contrée, f., _country_. convenable, _suitable_. coquille,-s, f., _shell_. corail, m., _coral_. corbeau, m., _crow_. corde, f., _rope_. cordons, m., _strings_. corps, m., _body_. côte à côte, _side by side_. côté, m., _side, direction_. côtes, f., _shores_. cou, m., _neck_. couch-a (se),-èrent, _lay down_;-é,-ée,-es, _lain down_. couche, f., _layer_. coucou, m., _cuckoo_. coudre, _to sew_. couler, _to flow_. couleur, f., _color_. coup de pied, m., _kick_. coup-a,-èrent,-ait,-é, _cut_;-era,-erez, _will cut_. coupe, f., _cup_. cour, m., _court_; faire la----, _to woo_. courageusement, _courageously_. courageu-x,-se, _brave_. cour-ait,-ut,-urent, _ran_;-s,-u, _run_;-ir, _to run_. courant, m., _current_. courba, _bent_. couronne,-s, f., _crown_. cours, m., _course_. course, f., _race_. coursier,-s, m., _steed_. court,-e,-s, _short_. courtisans, m., _courtiers_. coûte que coûte, _at any cost_. couteau, m., _knife_. couvert,-s,-e,-es, _covered_. couvert,-s, m., _places at table_. couvrir, _to cover_. crains, _fear_. crainte, f., _fear_. crêpe,-s, f., _pancakes_. creusa, _dug_. crevé, _put out_. cri,-s, m., _cry_, _scream_. cri-a,-é,-èrent,-aient, _screamed_;-ant, _screaming_;-er, _to scream_. croi-s, _believe_;-rai, _will believe_. croiser, _to cross_. croy-ais,-ait, _believed_. cruche, f., _jar_. cueill-ant, _picking_;-ez, _pick_;-it,-irent,-i, _picked_;-erons, _will pick_. cuillère, f., _spoon_. cuisine, f., _kitchen_; je fais la----_, I am cooking_. cuisinier, m., _cook_. cuivre, m., _copper_. culinaire, _cooking_. cultivait, _cultivated_. curé, m., _priest_. curieu-x,-se, _inquisitive_. dame, f., _lady_. dangereusement, _dangerously_. dangereu-x,-se, _dangerous_. dans, _in_. dans-a,-èrent,-é, _danced_;-er, _to dance_;-ez, _dance_. de, _of_, _with_. débarqu-a,-èrent,-é, _landed_;-er, _to land_;-ons, _let us land_. débarrasser, _to get rid of_. debout, _standing up_. décembre, _December_. décevoir, _deceive_. décid-a,-èrent,-é,-ée, _decided_;-eraient, _would decide_;-er, _to decide_. décidément, _decidedly_. déclar-a, _declared_;-ant, _declaring_. déconcert-a,-é, _disconcerted_. décourag-é,-ée, _discouraged_. découvr-it, _discovered_;-ir, _to discover_. décrivit, _described_. dedans, _within_. défend,-s, _forbid_;-u, _forbidden_. dégoût, m., _disgust_. déguis-a,-é,-èrent, _disguised_. déguisement, m., _disguise_. dehors, _outside_. déjà, _already_. déjeuner, m., _breakfast_. déliant, _untying_. demain, _to-morrow_. demand-a,-ait,-èrent,-é,-ée, _asked_;-er, _to ask_;-ant, _asking_; -era,-eras, _will ask_. demeur-aient,-ait,-a,-èrent,-é, _dwelt_;-er, _to dwell_. demoiselle, f., _spinster_. démoli, _demolished_;-r, _to demolish_. démon, m., _demon, genius_. dénoncerai, _will denounce_. départ, m., _departure_. déposez, _lay_. depuis, _since_. dern-ier,-ière, _last_. derrière, _behind_. des, _some, of the_. dès, as _soon_;----que, as _soon as_;----lors, _henceforth_. désagréable, _disagreeable_. désappoint-é,-ée, _disappointed_. descend-ant, _coming down_;-it,-irent, _came down_;-re, _to come down_. déserte, _deserted_. désespér-a, _despaired_;-er, _to despair_;-père, _despair_;-és, _desperate_. désespoir, m., _despair_. désir-e, _wish_;-ée, _wished_. désordre, m., _disorder_. dessert, m., _dessert_. dessus, _on_, _over_. détestait, _hated_. détresse, f., _distress_. détruit,-e, _destroyed_. deux, _two_. deuxième, _second_. devant, _in front of_. devenir, _to become_. deviendra, _will become_. devin-er, _to guess_;-iez, _guessed_. devise, f., _motto_. devoir, m., _duty_. dev-ons, _must_;-rait, _should_. dévor-er, _to devour_;-ant, _devouring_;-era, _will devour_. diable, m., _devil_. diamant,-s, m., _diamond_. Dieu, _God_. différent,-e, _different_. difficile, _hard_, _difficult_. digérer, _to digest_. digue, f., _dike_. dimanche, m., _Sunday_. diminu-a,-èrent,-é, _diminished_. dîn-a,-èrent,-ait, _dined_;-e, _dine_;-er, _to dine_. dîner, m., _dinner_. dire, _to say_. dirige-a,-aient, _directed_. di-s, _say_;-t,-sait,-rent, _said_;-tes, _say_;-rait, _would say_;-rai, _will say_;-sant, _saying_. disparaître, _to disappear_. disparu,-t, _disappeared_. disput-aient, _were quarreling_;-er, _to quarrel_. dissip-é,-ée, _scattered_. distinguer, _to distinguish_. dix, _ten_. doigt, m., _finger_. doit, _must_. domestique,-s, m. and f., _servant_. dommage, m., _damage_; c'est----, _it is a pity_. donc, _therefore_, _then_, _now_. donn-a,-ai,-ait,-èrent, _gave_;-é,-ée, _given_;-er, _to give_;-era, _will give_;-eraient, _would give_. dont, _of which_. dorée, _golden, gilded_. dorm-ant, _sleeping_;-ir, _to sleep_;-irai, _will sleep_;-ez, _sleep_. dort, _sleeps_. dos, m., _back_. doucement, _gently_. douleur, f., _pain_, _sorrow_. douta, _doubted_. doute, m., _doubt_; sans----, _undoubtedly_. doux,-ce, _sweet_, _gentle._. douze, _twelve_. droit, _right_, _straight_. droite, à----, _to the right_. du, _some_, _of the_;----quel, _of which_;----tout, _at all_. dur, _hard_, _severe_, _inclement_. dura, _lasted_. eau,-x, f., _water_. ébranler, _to shake_. échapp-é,-ée, _escaped_;-er, _to escape_. échelle, f., _ladder_. éclair, m., _lightning_. école, f., _school_. écout-a,-èrent,-é, _listened_;-ez, _listen_. écri-a,-èrent, s', _cried_. écrit, _written_. écrivit, _wrote_. écurie, f., _stable_. effac-er, _to efface_;-é, _effaced_. effet, en----, _indeed_. effila, _raveled_. efforçait, _strove_. effray-é,-ée,-és, _frightened_. effroi, m., _terror_. église, f., _church_. égoïsme, m., _selfishness_. égoïste,-s, _selfish_. eh bien, _well_. élanc-èrent, _sprang_;-er, _to spring_. elev-a,-èrent,-é, _brought up_;-er, _to bring up_. elle,-s, _she_, _they_. éloignaient, s', _were going away_. embarqu-a,-é,-èrent, _embarked_. embarrass-é,-ée, _embarrassed_. embrassa, _kissed_. émeraude, f., _emerald_. émietta, _crumbled_. empêcha, _hindered_. emphase, m., _emphasis_. emport-é,-èrent, _carried away_. empressement, m., _polite haste_. en, _in_. enchant-é,-ée, _enchanted_. enchère-s, f., _bid_. enclume, f., _anvil_. encombre, f., _hindrance_. encore, _yet_, _still_, _again_. endormi, _asleep_; s'endormit, _fell asleep_. endroit, m., _place_. enfant,-s, m. and f., _child_. enfer, m., _hell_. enfin, _at last_. enfonça, _drove in_. enfuirent, _fled_. engagé, _engaged_, _hired_. englouti, _engulfed_. engraisse, _fatten_. enleva, _carried off_. ennemi,-s, m., _enemy_. énorme, _enormous_. enrager, _to get mad_. ensanglant-é,-ée, _bloody_. ensemble, _together_. ensuite, _afterwards_. entend-it,-irent,-u, _heard_;-re, _to hear_. entendu, _heard_; c'est----, _agreed_; bien----, _of course_. enterra, _buried_. ent-ier,-ière, _whole_. entièrement, _wholly_. entour-aient,-a,-é, _surrounded_. entr-a,-èrent,-ait,-é,-ée, _entered_;-er, _to enter_;-ez, _enter_; -erait, _would enter_;-era, _will enter_;-ant, _entering_. entre, _between_. entrée, f., _entrance_. entretien, m., _conversation_. envelopp-a,-é, _wrapped_. envie, f., _wish_; j'ai----, _I wish_. envieux, _envious_. environs, m., _neighborhood_. envoie, _sends_. envol-a,-ait, _flew away_;-é, _flown away_. envoy-a,-èrent,-ait,-é,-ée, _sent_;-er, _to send_. épais,-se,-ses, _thick_. épargnées, _spared_. épaule,-s, f., _shoulder_. épingle, f., _pin_. épous-ez, _marry_;-er, _to marry_;-erai, _will marry_. éprouver, _experience_. épuis-é,-ée, _exhausted_. ermite, m., _hermit_. es, _art (thou)_. esclave, m., _slave_. escorta, _escorted_. espace, m., _space_. espèce, f., _kind_. espère, _hope_; espér-é,-ait, _hoped_;-er, _to hope_. esprit,-s, m., _spirit_, _wit_. essaiera, _will try_. essuya, _wiped away_. est, _is_. estomac, m., _stomach_. et, _and_. étable, f., _stable_. établi, _established_. étang, m., _pond_. ét-ais,-ait,-aient,-iez,-ions, _were_;-ant, _being_;-é, _been_. été, m., _summer_. êtes, _are_. étincelant,-e, _sparkling_. étoffe,-s, f., _stuff_. étonnement, m., _astonishment_, _surprise_. étrange, _strange_. être, _to be_. étudiant,-s, m., _student_. eu,-t,-rent, _had_. eux, _them_, _they_. évasion, f., _escape_. éveill-a,-é, _awake_. évoqua, _called up_. exactement, _exactly_. exactitude, f., _exactness_. examin-a,-èrent,-ait,-é, _examined_;-er, _to examine_. excepté, _except_. excusez, _excuse_. exécut-a,-èrent,-é, _executed_;-er, _to execute_. exemplaire, _exemplary_. exercer, _to exercise_. existe, _exists_. exposé, _exposed_. extérieur, m., _outside_. extraordinaire, _extraordinary_. extrèmement, _extremely_. extrémité, f., _extremity_. fabriqu-é,-ait, _manufactured_. fâch-é,-ée, _angry, sorry_; se----er, _to be angry_. facile, _easy_. façon, f., _fashion_. façonn-a,-èrent,-é, _fashioned_;-er, _to fashion_. fagots, m., _bundles_. faible, _weak_. faillit, _almost_ (_idiomatic_) faim, f., _hunger_; avoir----, _to be hungry_; avoir grand'----, _to be very hungry_. fai-re, _to make_, _do_;-s, _make_;-sait,-saient, _made_;-sons, _let us make_;-t,-te, _done_;-tes, _do_, _make_. falloir, _to be necessary_. famille, f., _family_. fantaisie, f., _fancy_. fatigu-é,-ée,-és, _tired_. faudra, _will be necessary_. faut, il----, _it is necessary_, _must_. faute, f., _fault_; de votre----, _your fault_. favori,-te, _favorite_. fée, f., _fairy_. femme, f., _woman_. fenêtre, f., _window_. fer, _iron_;-s, _shoes_; chemins de----, _railroads_. fer-a,-ai,-ont,-ez, _will make_ or _do_;-ait,-aient, _would make_ or _do_. ferm-a,-èrent, _shut_;-er, _to shut_. ferme, f., _farm_; garçon de----, _farm hand_. fermier,-ière, _farmer_. ferrer, _to shoe_. ferveur, m., _fervor_, _warmth_. festin, m., _feast_. feu, m., _fire_; en----, _afire_. feuillage, m., _foliage_. feuilles, f., _leaves_. février, _February_. fianc-é,-ée, _betrothed_. ficelle, f., _string_. fidèle, _faithful_. fier,-s, fière,-s, _proud_. figure, f., _face_. fil,-s, m., _thread_. fil-ait, _was spinning_;-er, _to spin_;-e,-ez, _spin_. filet, m., _net_. fille,-s, f., _daughter, girl_. fils, m., _son, sons_. fin, f., _end_. fin-i,-ie,-is, _finished_. fi-rent,-t, _made, said_. flamme,-s, f., _flame_. fleur,-s, f., _flower_. fleuve, m., _river_. flocon, m., _flake_. foi, f., _faith_. fois, f., _time_; une----, _once upon a time_. folle, _foolish, crazy_. fond, m., _bottom_. fondit, _melted_. font, _make, do_. fontaine, f., _fountain_. for-ça,-cé,-cée,-cèrent, _compelled_;-cer, _to compel_;-cerai, _will compel_. force,-s, f., _strength_. forêt,-s, f., _forest_. forge, f., _smithy_. forgeron, m., _blacksmith_. form-a,-é,-ée,-ait, _formed_;-er, _to form_. forme, f., _shape_. fort, _very, strong_. fou, _crazy_. fouet, m., _whip_. fouill-ant, _fumbling_;-aient, _were fumbling_. foule, f., _crowd_. four, m., _oven_. fourmis, f., _ants_. fourrure,-s, f., _fur_. fraîche, _fresh_. frais, _fresh_. fraises, f., _strawberries_. franc,-s, m., _franc, twenty cents_. franchise, f., _frankness_. frapp-a,-èrent,-é, _knocked_;-er, _to knock_;-ez, _knock_. frère,-s, m., _brother_. froid,-e, _cold_; j'ai froid, _I am cold_. fromage,-s, m., _cheese_. fruitier, _fruit (tree)_. fugitifs, m., _fugitives_. fuir, _flee_. fuite, f., _flight_. fumait, _was smoking_. fumée, f., _smoke_. fumier, m., _manure_. furent, _were_. furieu-x,-se, _angry_. fut, fus, _was_. fuy-ons, _let us flee_;-aient, _were fleeing_. gagn-a,-èrent,-ait,-é, _won, reached_;-e, _wins, reaches_. gaie, _gay_. gaiement, _gayly_. gant,-s, m., _glove_. garçon, m., _boy, bachelor_. gard-a,-èrent,-ait,-é, _kept_;-er, _to keep_. garde-manger, m., _larder_. gardien, m., _keeper_. garni, _trimmed_. gâteau,-x, m., _cake_. gauche,-s, _awkward_; à----, _to the left_. géant, m., _giant_. gèle, _may freeze_. gémissant, _groaning_. gendre, m., _son-in-law_. généreu-x,-se, _generous_. gênez, _hinder_. genoux, _knees_; à----, _kneeling_. gens, _people_. gentil,-le, _nice_. glace, f., _ice_. glissa, _slipped_. gorge, f., _throat_. gourmand, _greedy_. goût-a,-é, _tasted_;-er, _to taste_. goutte, f., _drop_. gouverner, _to govern_. grâce,-s, f., _grâce_;----à, _thanks to_. grain, m., _grain_;-es, f., _seeds_. graiss-a,-é,-ées, _greased_. grand,-s,-e,-es, _large_, _big_. grandeur, f., _size_, _grandeur_. grandi-r, _to grow tall_;-t, _grew tall_. grange, f., _barn_. gras,-se, _fat_. gravir, _to climb_. griffes, f., _claws_. grimace, f., _grimace_; faire des----s, _to make a face_. grimp-a,-èrent,-é, _climbed_;-er, _to climb_. grommel-a, _grumbled_;-ant, _grumbling_. grondé, _scolded_. gros,-se, _fat_, _large_, _big_, _thick_. grotte, f., _cave_. groupés, _grouped_. guér-i,-it,-issait, _cured_;-ira,-irai, _will cure_;-issant, _curing_,-ir, _to cure_. guerre, f., _war_. guise, en----, _like_. habile, _skillful_. habill-a,-é, _dressed_. habitant-s, m., _inhabitants_. habits, m., _clothes_. habitude, f., _habit_, _custom_. hache,-s, f., _axe_. halte, _halt_;----là, _stop_. hameçons, m., _fishhooks_. hardiment, _boldly_. hâte, f., _haste_. haut,-e,-s, _high_. hélas, _alas_. herbe, f., _grass_. hérit-er, _to inherit_;-a, _inherited_. héritier,-s, m., _heirs_. héros, m., _hero_. hésit-a,-é, _hesitated_;-ez, _hesitate_. heure-s, f., _hour_; à l'----, _on time_; de bonne----, _early_. heureu-x,-se, _happy_. heurta, _rapped_. hier, _yesterday_. histoire, f., _story_. hiver, m., _winter_. hommage, m., _homage_. homme,-s, m., _man_. honneur, m., _honor_. horreur, f., _horror_. hors, _out of_. hospitalité, f., _hospitality_. hôte, m., _guest_. huit, _eight_. huître, f., _oyster_. humaine, _human_. humeur, f., _humor_, _temper_. hurl-a, _howled_;-ant, _howling_. ici, _here_. idéale, _ideal_. idée, f., _idea_. il, _he_;----y a, _there is_, _are_. île, f., _island_. ils, _they_. imaginer, _to imagine_. imbécile, m., _fool_. immédiatement, _immediately_. immense, _immense_. immobile, _motionless_. immortel,-le, _immortal_. impérieusement, _imperiously_. incommode, _inconvenient_. inconfortable, _uncomfortable_. inconnu,-e, _unknown_. indign-é,-ée, _indignant_. industrieu-x,-se, _industrious_. infortuné, _unfortunate_. ingrat, _ungrateful_. inhospitalier, _inhospitable_. inqui-et,-ète, _uneasy_. inscri-re, _to inscribe_;-vit, _inscribed_. insist-a,-é,-èrent, _insisted_. installa, _settled_. intéress-a,-èrent,-ait,-é, _interested_. intérieur, m., _interior_. invit-a,-èrent,-ait,-é, _invited_;-er, _to invite_. ir-a,-ai,-ez,-ons,-ont, _will go_. jacinthe,-s, _hyacinths_. jaill-it,-issait, _spurted forth_. jalou-x,-se, _jealous_. jamais, _ever_; ne... jamais, _never_. jambe, f., _leg_. jambon, m., _ham_. janvier, _January_. jardin, m., _garden_. jaune, _yellow_. je, j', _I_. jet-a,-èrent,-é,-ée,-ait, _uttered_, _threw_;-erai, _will utter_, _will throw_;-er, _to utter_, _to throw_. jeune,-s, _young_;----gens, _young people_. joie, f., _joy_. joli,-e,-s, _pretty_. jonquilles, f., _jonquils_. jou-aient, _played_;-er, _to play_. joue, f., _cheek_. jour,-s, m., _day_. journée, f., _day_; toute la----, _all day long_. joyeusement, _joyously_. joyeu-x,-se, _joyful_. juillet, _July_. juin, _June_. jur-a, _swore_;-ez, _swear_;-erez, _will swear_. jusque, _until_. juste, _just_, _right_. la, _the_, _her_, _it_. là, _there_; là-bas, _yonder_. lac, m., _lake_. lâch-a,-èrent, _let go_;-er, _to let go_. laid,-e, _homely_. laiss-a,-ait,-èrent,-é,-ée, _left_;-er, _to leave_;-era,-erai, _will leave_. lait, m., _milk_. lament-a,-èrent,-é, _lamented_;-er, _to lament_. lancé, _thrown_. lard, m., _bacon_. large, _wide_. larme,-s, f., _tear_. lav-a, _washed_;-er, _to wash_;-ez, _wash_. le, _the_, _him_, _it_. leçons, f., _lessons_. légendes, f., _legends_. légumes, m., _vegetables_. lendemain, m., _morrow_, _next day_. lentement, _slowly_. lequel, _which one_. les, _the_, _them_. lettres, f., _letters_. leur, _they_, _them_, _to them_. lev-a,-èrent,-é, _lifted_;-ez, _lift_. lèvre, f., _lip_. licol, m., _halter_. lieu, m., _place_; au----, _instead_. lièvre, m., _hare_. ligne, f., _line_, _fishing line_. lilas, m., _lilacs_. limpide, _limpid_. linge, m., _clothes_, _linen_. liquide, m., _liquid_. li-re, _to read_;-t, _reads_;-s, _read_. lit, m., _bed_. livre, m., _book_. loi, f., _law_. loin, _far_. long,-ue,-s, _long_. longtemps, _a long time_. longueur, f., _length_. loup, m., _wolf_. lourd, _heavy_. lui, _him_, _her_, _to him_, _to her_. ma, _my_. madame, _Mrs._, _Madam_. mademoiselle, _Miss_. magicien,-ne, _magician_. magique,-s, _magic_. magnifique, _magnificent_. maigre,-s, _thin_. main,-s, f., _hand_. maintenant, _now_. maire, m., _mayor_. mais, _but_. maison, f., _house_. maître,-sse, _master_, _mistress_. mal, m., _harm_; faire du----, _injure_, _hurt_;----aux yeux, _sore eyes_. malade,-s, _sick_, _sick person_. malgré, _in spite of_. malheur,-s, m., _misfortune_. malheureusement, _unfortunately_. malheureu-x,-se, _unhappy_. malin, _malicious_. maltraitait, _ill-treated_. manche, m., _handle_. mang-ea,-eait,-eaient,-èrent, _ate_;-er, _to eat_;-erait, _would eat_;-era, _will eat_;-é, _eaten_. manier, _to handle_. manoeuvre, f., _manoeuvre_. manqua, _failed, came near_. manteau, m., _cloak_. march-a,-é, _walked_. marchand,-s, m., _merchant_. marché, m., _market_; bon----, _cheap_. mari, m., _husband_. mari-a,-é,-ée,-ait, _married_;-er, _to marry_. mari-é,-ée, _bridegroom_, _bride_. marmite, f., _pot_. mars, _March_. marteau, m., _knocker_, _hammer_. masse, f., _mass_. matelots, m., _sailors_. matin, m., _morning_. mauvais,-e,-es, _bad_. me, _me_, _I_;----voilà, _here I am_. méchant,-e,-s, _bad_, _wicked_. méche, f., _lock_. mécontent, _discontented_. médecin, m., _doctor_. meilleur,-e,-s, _better_. membre, m., _member_. même,-s, _same_, _very_, _even_, _self_. mémoire, f., _memory_. ménace, f., _threat_. ménagère, f., _housekeeper_. mendiant,-e,-s, _beggar_. mendier, _to beg_. mener, _to lead_. menton, m., _chin_. mépris, m., _scorn_. mer,-s, f., _sea_. merci, _thanks_. mère,-s, f., _mother_. mérit-a,-ait,-é, _deserved_;-er, _to deserve_;-erez, _will deserve_; -erait, _would deserve_. merveilleu-x,-se, _marvelous_. mes, _my_. messager, m., _messenger_. métamorphose, f., _metamorphosis_. mets, m., _dishes_. met-tez, _put_;-tre, _to put_;-trai, _will put_. miche, f., _loaf_. midi, _midday_, _noon_. mien,-s,-ne,-nes, _mine_. miettes, f., _crumb_. mieux, _better_. milieu, m., _middle_. mille, _thousand_. miroir, m., _mirror_. misère, f., _misery_, _poverty_. mit, _put_; se----à, _began_. moine, m., _monk_. moins, _less_; au----, _at least_. mois, m., _month_. mon, _my_. monde, m., _world_; tout le----, _everybody_. monsieur, _Mr._, _sir_. monstre, m., _monster_. mont-a,-ait,-é,-èrent, _mounted_, _climbed_;-er, to _mount_, _to climb_;-ez, _climb, mount_;-erait, _would climb_ or _mount_. montagne, f., _mountain_. montr-a,-èrent,-é, _shown_;-ez, _show_;-er, _to show_. moqueuse, _mocking_. morceau, m., _piece_. mort,-s, _dead_. mort, f., _death_; à----, _to death_. mots, m., _words_. mouchoir, m., _handkerchief_. moules, f., _mussels_. mour-ir, _to die_;-ut, _died_;-rai, _will die_;-rait, _would die_. mousse, f., _moss_. mousseuse, _mossy_; rose----, _moss-rose_. moutarde, f., _mustard_. mouton, m., _sheep_, _lamb_. moyen,-s, m., _means_, _way_. moyenne, _medium_, _middle sized_. muguet,-s, m., _lily of the valley_. mur,-s, m., _wall_. mûr,-e,-s, _ripe_. murmure, m., _murmur_. museau, m., _snout_. mystérieuse,-s, _mysterious_. nag-ea,-eaient, _swam_. naïvement, _innocently_. narine,-s, f., _nostril_. natal,-e, _native_. navets, m., _turnips_. navigua, _sailed_. ne... pas, _not_. né,-e, _born_. nécessaire, _necessary_. négligemment, _carelessly_. négresse, f., _negro woman_. neige, f., _snow_. netto-yer, _to clean_;-iera, _will clean_. neu-f,-ve, _new_. nez, m., _nose_. ni, _neither_, _nor_. noces, f., _wedding_. noir,-s,-e,-es, _black_. noirci, _blackened_. noix, f., _nuts_. nom, m., _name_. nombre, m., _number_. nombreux, _numerous_. nomm-ait,-é, _named_. non, _no_;----plus, _neither_. nota, _noted_. notre, _our_. nôtre, _ours_. nous, _we_, _us_. nouveau,-x, _new_;----venu, _newcomer_; de----, _again_. nouvel,-le,-les, _new_. nouvelles, f., _news_. novembre, _November_. noyer, m., _nut tree_. nuit, f., _night_. nul,-le, _none_, _not any_. obé-i,-it,-issait, _obeyed_;-irai, _will obey_;-ir, _to obey_;-issez, _obey_. objet, m., _object_. oblig-é,-ée, _obliged_. obscurité, f., _darkness_. observ-a,-èrent,-é, _noticed_. obten-ir, _to obtain_;-u, _obtained_. occup-é,-ée,-és, _occupied_;-er, _to occupy_. octobre, _October_. oeil, m., _eye_. officier, m., _officer_. offrir, _to offer_. oie, f., _goose_. oignon, m., _onion_. oiseau,-x, m., _bird_. on, _one_, _they_. oncle, m., _uncle_. ont, _have_. onze, _eleven_. oppos-é,-ée, _opposite_. or, _now_. or, m., _gold_. oranger, m., _orange tree_. ordinaire, _ordinary_. ordonna, _ordered_. ordre,-s, m., _order_, _system_. oreille,-s, f., _ear_. oreiller, m., _pillow_. original, _eccentric_. orphelin,-s, m., _orphan_. os-a,-èrent,-é, _dared_;-ant, _daring_. osier, m., _willow_. ôter, _to take away_, _remove_. ou, _or_. où, _where_. oubli-a,-èrent,-ait, _forgot_;-er, _to forget_;-é, _forgotten_. oui, _yes_. ours, m., _bear_. ouvert,-e,-s, _open_. ouverture, f., _opening_. ouvr-ez, _opens_;-it,-ait,-irent, _opened_;-ira, _will open_;-irait, _would open_. ouvrier,-s, m., _workman_. pacha, m., _pacha_. pain, m., _bread_. paire, f., _pair_. palais, m., _palace_. pâle, _pale_. pâlit, _grew pale_. panier, m., _basket_. papier, m., _paper_. par, _by_;----dessus, _over_. paradis, m., _paradise_. par-aît, _appears_;-aîtra, _will appear_; par-aissait,-ut,-u, _appeared_. parc, m., _park_;----aux moutons, _sheepfold_. parce que, _because_. pardon, m., _pardon_. pardonna, _forgave_. pareille,-s, _like_. parents, m., _parents_. paresseu-x,-se, _lazy_. parfait, _perfect_. parfaitement, _perfectly_. parfum, m., _perfume_. parl-a,-èrent,-ait,-aient, _spoke_;-é, _spoken_;-ant, _speaking_; -erait, _would speak_;-er, _to speak_; entendu----er, _heard of_. parmi, _among_. parole, f., _word_. part-i,-it,-is,-irent,-ait, _departed_;-irait, _would depart_;-ir, _to depart_. partie, f., _part_. partout, _everywhere_. pas, _not_. pas, m., _step_. pass-a,-é,-ait, _passed_;-era, _will pass_;-erait, _would pass_;-er, _to pass_. passant, m., _passer-by_. pâte, f., _batter_, _dough_. patiemment, _patiently_. pauvre, _poor_. pauvreté, f., _poverty_. pavot,-s, m., _poppy_. pay-a,-é,-ait,-aient, _paid_;-er, _to pay_; se payer, _to afford_; paiera, _will pay_. pays, m., _country_. paysan, m., _countryman_, _peasant_. peau, f., _skin_. pêche, f., _fishing_. pêch-é, _fished_;-er, _to fish_. pêcheur, m., _fisherman_. peigne, m., _comb_. peine, f., _trouble_. pelle, f., _shovel_. pench-a,-é, _bent over_. pendant, _during_. pend-re, _to hang_;-ue, _hanging_, _hung_. pens-a,-ait,-aient,-èrent,-é, _thought_;-er, _to think_;-era, _will think_. pensée, f., _thought_. per-ça, _pierced_;-cé, _pierced_. perchèrent, _perched_. perd-ant, _losing_;-re, _to lose_;-u, _lost_. père, m., _father_. pér-i,-it,-irent, _perished_;-ir, _to perish_. perle,-s, f., _pearl_. permet-tre, _to permit_, _enable_;-tez, _allow_; permis, _allowed_. perron, m., _porch_. persil, m., _parsley_. personne, f., _person_; ne----, _nobody_. perte, f., _loss_. petit,-s,-e,-es, _small_, _little_;----enfant, m. or f., _grandchild_. peu, _little_, _few_. peur, m., _fear_; avait----, _was afraid_. peut, _can_;----être, _perhaps_. philosophiquement, _philosophically_. pic,-s, m., _peak_. pièce, f., _piece_;----blanche, _nickel_. pied,-s, m., _foot_. pierre, f., _stone_;----à feu, _flint_. pierreries, f., _precious stones_. piéton, m., _pedestrian_. pincettes, f., _tongs_. pitié, f., _pity_. pla-ça,-cé, _placed_;-cer, to _place_;-cera, _will place_. plage, f., _beach_. plaindre, _complain_. plaine, f., _plain_. plaire, _to please_. plaisir, m., _pleasure_. plaît, _please_; s'il-vous----, _if you please_. planche,-s, f., _plank_. plante,-s, f., _plant_. plein,-e, _full_. pleur-a,-èrent,-ait,-é, _wept_;-ant, _weeping_;-er, _to weep_;-era, _will weep_. pleurs, f., _tears_. plong-ea, _plunged_;-ez, _plunge_. pluie, f., _rain_. plume, f., _feather_, _pen_. plus, _more_. plusieurs, _several_. plutôt, _rather_. poche, f., _pocket_. point, _not_; ne----, _not at all_. pointe, f., _point_. poisson,-s, m., _fish_. poitrine, f., _chest_. poli, _polite_. poliment, _politely_. politesse, f., _politeness_. pomme, f., _apple_;----de terre, _potato_. pommeau, m., _knob_. pommier, m., _apple tree_. pompe, f., _pomp_. pompeusement, _pompously_. pont, m., _bridge_. porc,-s, m., _pig_. port-a,-èrent,-ait,-é, _carried_, _worn_;-era, _will carry_;-ez, _carry, wear_;-er, _to carry, wear_. porte, f, _door_. portée, f., _reach_. portière, f., _carriage_, _door_. pos-a,-èrent,-é, _laid_;-er, _to lay_;-era, _will lay_. possède, _owns_;-era, _will own_; posséd-a,-èrent,-ait, _owned_;-er, to _own_. possible, _possible_. poste, f., _post_. pot-au-feu, m., _soup pot_. poumons, m., _lungs_. pour, _for_. pourquoi, _why_. pourr-ait, _would be able_, _could_;-ez, _will be able_. poursuite, f., _pursuit_. poursuiv-i, _pursued_;-ra, _will pursue_;-re, _to follow_;-irent, _followed_. pourtant, _however_. pouss-ant, _uttering_;-er, to _utter_ _grow_;-ez, _push_. pouvoir, m., _power_. pouv-oir, _to be able_;-ez,-ons, _can_. prairie, f., _prairie_. pratiquer, _to make_, _to practice_. pré, m., _meadow_. précieu-x,-se, _precious_. précipita, _precipitated_, _flung_. prédiction, f., _prediction_, _prophecy_. préfère, _prefer_. prem-ier,-ière, _first_. pren-ant, _taking_;-dre, _to take_;-ez, _take_;-drai, _will take_. prépara, _prepared_. préparatif, m., _preparation_. près, _near_. présent, _present_; à----, _now_. présenta, _presented_. presque, _nearly_. pressé, _hurried_, _in a hurry_. prêt,-e, _ready_. prêt-er, _to lend_;-era, _will lend_;-erait, _would lend_. prêtre, m., _priest_. pri-e, _prays_;-a,-èrent, _prayed_;-era, _will pray_;-er, _to pray_. prière, f., _prayer_. prince,-s, m., _prince_. princesse,-s, f., _princess_. printemps, m., _spring_. pri-s,-se, _taken_;-t, _took_. prison, m., _prison_. prix, m., _price_, _prize_. probable, _probable_. probablement, _probably_. procession, f., _procession_. procurer, _to procure_. produi-re, _produce_;-sit, _produced_. profit, m., _profit_. profond,-e, _deep_. profondément, _deeply_. promen-a,-èrent, _walked_; se promener, _to walk_. promenades, f., _walks_. promesse, f., _promise_. prom-ettre, _to promise_;-ettrez, _will promise_;-is,-it, _promised_. promptement, _promptly_. pronon-ça,-cé, _pronounced_;-cez, _pronounce_. prophète, m., _prophet_. propos-er, _to propose_;-é,-a, _proposed_. propre, _own_, _clean_. propriétaire, m., _owner_. prospérité, _prosperity_. protêg-er, to _protect_;-ea,-é, _protected_. protesta, _protested_. provision, f., _provision_, _supply_. puis, _then_;-que, _since_. puisse, _can_, _may_. puits, m., _well_. pun-ir, _to punish_;-ie, _punished_. punition, f., _punishment_. put, _could_. quand, _when_. quant à, _as to_, _as for_. quantité, f., _quantity_. quarante, _forty_. quatr-e, _four_;-ième, _fourth_. que, _than_, _that_, _as_. quel,-le,-s, _which_, _what a_. quelque,-s, _some_, _a few_;----fois, _sometimes_. querell-er, _quarrel_;-ait, _was quarreling_. questionner, _to question_. queue, f., _tail_, _stem_. qui, _who_, _which_. quitt-a,-é,-ée,-èrent, _left_;-ez, _leave_;-er, _to leave_. raccommod-a, _mended_;-er, _to mend_. racont-a,-ait,-èrent,-é, _told_;-er, _to tell_. raison, f., _right_, _reason_; avoir----_to be right_. raisonnable, _reasonable_. ramassa, _picked up_. rame,-s, f., _oar_. ramen-é, _brought back_;-er, _to bring back_. rappel-a,-èrent, _called back_. rapportez, _bring back_. ravin, m., _ravine_. recevoir, _to receive_. recherch-é, _sought after_;-er, _to seek again_. récit, m., _account_. récit-er, to _recite_;-é, _recited_. réclam-a,-èrent, _claimed_;-erait, _would claim_. recommand-a, _recommended_. récompense, f., _reward_. récompenserai, _will reward_. reconnaissant,-e, _grateful_. reconnut, _recognized_. reç-u,-ut, _received_. recul-a, _drew back_;-é, _drawn back_. referma, _closed_. refléta, _reflected_. refus-a,-é, _refused_;-er, _to refuse_. régal-a, _treated_;-er, _to treat_. regard-a,-é,-èrent,-ait, _looked_;-ant, _looking_;-er, _to look_; -erait, _would look_. regret, à----, _regretfully_. regrett-a,-èrent,-é, _regretted_. reine, f., _queen_. rejet-é, _thrown back_;-er, _to throw back_. rejoindre, _to join again_. remarier, _to marry again_. remarqu-a,-èrent,-ait,-é, _noticed_;-er, _to notice_;-erai, _will notice_. remarquable, _remarkable_. remarquablement, _remarkably_. remède, m., _remedy_. remerci-a,-èrent, _thanked_. remis, _put back_. remonta, _mounted again_. remontrance, f., _remonstrance_. remords, m., _remorse_. rempl-ir, _to fill_;-issait,-it,-i, _filled_;-issez, _fill_. renard, m., _fox_. rencontr-a,-èrent,-é, _met_;-er, _to meet_;-erai, _will meet_. rend-e, _give back_;-it, _gave back_. rendormit, se, _fell asleep again_. renommé, _renowned_. rentr-a,-èrent,-ait, _came in again_;-er, _to reënter_;-ant, _reëntering_. renversa, _overturned_. renvo-ie, _send back_;-yer, _to send back_;-ya,-yèrent,-yait,-yé, _sent back_. répandit, _scattered_, _spilled_. réparer, _to repair_. repartit, _set out again_. repas, m., _meal_. répét-a, _repeated_;-ant, _repeating_. replacèrent, _put back_. répliqua, _retorted_. répond-ait,-it,-irent,-u, _answered_;-re, _to answer_;-rai, _will answer_. réponse, f., _answer_. repos, m., _rest_. repos-er, _to rest_;-é, _rested_. repr-irent,-it, _resumed_. reproche, m., _reproach_. requête, f., _request_, _petition_. réserv-ait, _reserved_. réservoir, m., _reservoir_, _fish pond_. résolu, _resolved_. respect, m., _respect_. respectueusement, _respectfully_. respectueux, _respectful_. resplendissant,-e, _resplendent_. ressemble à, _looks like_. rest-a,-èrent,-ait,-é,-ée, _remained_;-er, _to remain_;-ez, _stay_;-erai, _will remain_. rétabli, _reëstablished_. retir-a, _withdrew_;-é, _withdrawn_. retour, m., _return_. retourn-a,-é,-èrent, _returned_;-era, _will return_;-er, _to return_. retrouvé, _found again_. réuss-i, _succeeded_;-ira, _will succeed_. rêve, m., _dream_. réveilla, _awoke_. révél-é, _revealed_;-erez, _will reveal_. revenu,-s, m., _revenues_. revenus, _come back_. révérences, f., _bows_. reverrez, _will see again_. revi-ens, _come back_;-nt, _came back_. revoir, _to see again_; au----, _farewell._ ri, _laughed_;-ant, _laughing_;-re, _to laugh_. riche, _rich_. richesses, f., _wealth_. ridicule, _ridiculous_. rien, _nothing_. rivage, m., _shore_. rivière,-s, f., _river_. robe,-s, f., _dress_. rocher, m., _rock_. roi, m., _king_. romp-u,-ue, _broken_;-re, _to break_. ronfler, _to snore_. rose, f., _rose_. rose, _pink_. rôt-ie, _roasted_;-ir, _to roast_. rouge,-s, _red_. roug-ir, _to blush_;-issant, _blushing_;-it, _blushed_. roula, _rolled_. route, f., _road_; en----, _on the way_. royaume, m., _kingdom_. ruban, m., _ribbon_. rubis, m., _ruby_. rue, f., _street_. ruine, f., _ruin_. rusé, _sly_, _cunning_. sa, _her_, _his_. sable, m., _sand_. sabre, m., _sword_. sac,-s, m., _bag_. sachant, _knowing_. sage, _wise_; _good_, _well-behaved_. sagement, _wisely_. sai-s,-t, _knows_. sais-ir, _to seize_;-it, _seized_. saison, f., _season_. sale, _dirty_. sal-é,-ée, _salty_. salle, f., _hall_. salua, _bowed_, _greeted_. sang, m., _blood_. sans, _without_. santé, f., _health_. sapin, m., _pine_. satisfait, _satisfied_. saucisse, f., _sausage_. saurez, _will know_. saut-a,-é,-èrent, _jumped_;-er, _to jump_. sauv-a,-é,-èrent, _saved_;-erai, _will save_;-er, _to save_;-ez, _save_. sav-ait, _knew_;-ez, _know_;-oir, _to know_. savant, _learned_. scène, f., _scene_. scrupuleu-x,-se, _scrupulous_. se, _one's self_. seau, m., _pail_. sec,-s, sèche,-s, _dry_. séch-a, _dried_;-er, _to dry_. secou-er, _to shake_;-ez, _shake_. secours, m., _help_. seigneur, m., _lord_. sel, m., _salt_. selle, f., _saddle_. sellez, _saddle_. semaine, f., _week_. semait, _was sowing_. sent-ir, _to feel_;-it, _felt_. sêpar-a,-é,-èrent, _separated_;-er, _to separate_. sept, _seven_. septembre, _September_. ser-a,-as,-ai,-ez,-ons,-ont, _will be_;-ais,-ait,-ions,-iez,-aient, _would be_. servante, f., _servant_. serviette, f., _napkin_. serv-ir, _to serve_;-it, _served_. serviteur, m., _servant_. ses, _his_, _her_. seule, _alone_. seulement, _only_. sévère, _severe_. si, _so_, _if_. sien,-ne,-s, _his_, _hers_. siffler, _to whistle_. signaux, m., _signals_. signe, m., _sign_. signé, _signed_. situé, _situated_. six, _six_. société, f., _society_. soeur, f., _sister_. soi, _one's self_. soie,-s, f., _silk_. soi-ent,-s,-t, _may be_. soif, f., _thirst_, _thirsty_; j'ai----, _I am thirsty_. soigna, _cared for_. soigneusement, _carefully_. soin, m., _care_. soir, m., _evening_. soixante, _sixty_. soleil, m., _sun_. solennellement, _solemnly_. solide, _solid_. solitaire, _solitary_. sombra, _sank to the bottom_. somme, f., _sum_. sommeil, m., _sleep_; j'ai----, _I am sleepy_. sommet, m., _summit_. son, _his_, _her_. songe, m., _dream_. sorcière, f., _witch_. sort-aient,-ait,-it,-irent, _went out_;-i, _gone out_;-irai, _will go out_;-ir, _to go out_. sou,-s, m., _cent_. souffr-ait,-it, _suffered_. souhait-a, _wished_;-er, _to wish_. souhaits, m., _wishes_. souliers, m., _shoes_. souper, m., _supper_. soupirant, _sighing_. source, f., _source_, _spring_. souris, f., _mouse_, _mice_. sour-it,-iait, _smiled_. sous, _under_. souvenir, _to remember_. souvenir, m., _remembrance_. souvent, _often_. souveraine, f., _sovereign_. soy-ez, _be_;-ons, _let us be_. spectacle, m., _sight_. subir, _to submit_. subitement, _suddenly_. submergé, _flooded_, _submerged_. succéder, _to succeed_. succès, m., _success_. suis, _am_; _follow_. suite, f., _followers_, _retinue_; ainsi de----, _and so forth_. suivant,-e, _following_. suiv-i,-it,-irent,-ait,-aient, _followed_;-re, _to follow_;-rai, _will follow_. superbe, _superb_. supportait, _endured_. supposé, _supposed_. sur, _on_. sûr,-e, _sure_. sûrement, _surely_. surpris,-e, _surprised_. surtout, _especially_. suspend-ue,-irent, _hung_. ta, _thy_. table, f., _table_. tâche, f., _task_. tant, _so much_, _so many_. tante, f., _aunt_. tard, _late_. tasse, f., _cup_. tât-a,-é,_felt_;-er, _to feel_. taureau, m., _bull._ ta, _thee_, _thy_. tel,-le,-s, _such_. tempête, f., _tempest_. temps, m., _time_, _weather_. tend-it,-aient, _held out_;-re, _to hold out_;-ez, _hold_. tendre, _tender_. tenir, _to hold_. tenter, _to tempt_ or _attempt_. terminé, _ended_. terre, f., _land_, _ground_, _earth_. terreur, f., _terror_. tes, _thy_. testament, m., _will_. tête, f., _head_. tien,-ne,-s, _thine_. tien-s, _hold_;-ne,-nent, _hold_;-draient, _would hold_. timide, _afraid_. timidement, _timidly_. tint, _held_;----ferme, _held tight_. tir-er, _to pull_;-ez, _pull_;-a,-èrent, _pulled_. toilette, f., _toilet_. toit, m., _roof_. tomb-a,-ait,-èrent, _fell_;-é,-ée, _fallen_;-e, _falls_;-era, _will fail_. tombe, f., _tomb_. ton, _thy_. tonnerre, m., _thunder_. topaze, f., _topaz_. tort, _wrong_; a----, _is wrong_. tôt, _soon_. touch-a,-èrent,-ait,-é, _touched_, _collected_;-er, _to touch_, _to collect_;-ant, _touching_, _collecting_. toujours, _always_, _still_. tour, m., _tour_. tourment-a,-é, _tormented_ or _worried_;-er, to _torment_ or _worry_; -erai, _will torment_ or _worry_. tourn-a,-é, _turned_;-ez, _turn_;-er, _to turn_. tout,-e,-s, _all_, _every_;----à coup, _suddenly_;----de suite, _immediately_. train, m., _train_; en----, _on the point of_. traire, _to milk_. trait, m., _trace_. traître, m., _traitor_. tranquille, _quiet_. tranquillement, _quietly_. transport-a, _carried_, _conveyed_;-ez, _carry_, _convey_. transports, m., _transports_. travaill-a,-ait,-èrent,-é, _worked_;-er, _to work_;-ez, _work_. travailleur, m., _worker_. travers, à, _across_. travers-a,-ait,-é,-èrent, _crossed_;-er, _to cross_;-era, _will cross_. treize, _thirteen_. trembl-a,-é,-êrent,-ait, _trembled_;-ant,-ante, _trembling_;-er, _to tremble_. trempa, _dipped_. très, _very_. trésors, m., _treasures_. tress-a, _twisted_, _wove_;-ant, _weaving_. triomphe, m., _triumph_. triple, m., _treble_. triste, _sad_. tristement, _sadly_. trois, _three_. troisième, _third_. trompe (se), _is mistaken_. trône, m., _throne_. trop, _too much_, _too many_. trotter, _to trot_. trou, m., _hole_. troupeau, m., _flock_. trouv-a,-ait,-é,-èrent, _found_;-er, _to find_;-era, _will find_; -eriez, _would find_;-ant, _finding_. tu, _thou_. tu-a,-é,-èrent, _killed_;-er, _to kill_;-e,-ez, _kill_;-eront,-era, _will kill_. tulipe,-s, f., _tulip_. un,-e, _a_, _an_, _one_. universelle, _universal_. université, f., _university_. usage, m., _use_. us-e, _wears out_;-és, _worn out_. ustensiles, m., _utensils_. va, _go_, _is going_. vacance, f., _holiday_. vache, f., _cow_. vague,-s, f., _wave_. vain, _vain_. vainement, _vainly_. vais, _am going_. vaisseau,-x, m., _vessel_. vallée,-s, f., _valley_. vapeur, f., _steam_, _vapor_. vaste, _extensive_. veille, f., _day before_. ven-aient,-ait, _came_;-u,-ue,-ez, _come_;-ir, _to come_;-ant, _coming_. vend-aient, _were selling_;-rons,-rez, _will sell_;-re, _to sell_;-ant, _selling_;-u, _sold_. vengerai, _will revenge_. vent,-s, m., _wind_. vente, f., _sale_. venu,-e, _come_; nouveau----, _new comer_. ver, m., _worm_. verdir, _to grow green_. vérifia, _verified_. vérité, f., _truth_. verrez, _will see_. vers, _towards_. vers-èrent,-é, _poured_. vert,-e,-s, _green_. vertu, f., _virtue_. vertueux,-se, _virtuous_. veste, f., _vest_. vêt-ir, _clothe_;-ue, _clad_. veu-f,-ve, _widower_. veu-x, _want_;-t, _wants_. viande, f., _meat_. victime, f., _victim_. vid-a,-ait, _emptied_;-er, _to empty_. vide, _empty_. vie, f., _life_. vieil,-le,-s, _old_;-le, f., _old woman_. vieillard, m., _old man_. vien-drons,-dront,-dra, _will come_;-ne, _may come_. vieux, _old_. vi-f,-ve, _lively_. vigne, f., _vine_. vigneron, m., _vine grower_. vigoureusement, _vigorously_. vilaine, _ugly_. ville, f., _town_. vin, m., _wine_. vingt, _twenty_. vin-rent,-t, _came_. violemment, _violently_. visit-a,-èrent,-é,-ée, _visited_;-er, _to visit_. visites, f., _calls_. vi-t,-rent, _saw_. vite, _quickly_. viv-aient,-ait, _lived_;-re, _to live_. vivant,-e,-s, _living_. vivement, _quickly_. voici, _here is_, _here are_. voie, _may see_. voilà, _there is_, _there are_; me----, _here I am_. voile, m., _veil_. voile, f., _sail_; mit----, _set sail_; bateau à----, _sail boat_. voir, _to see_. voisin,-e,-s, _neighbor_. voisinage, m., _neighborhood_. voiture, f., _carriage_. voix, f., _voice_. vol, m., _theft_. volant, _flying_. volcan, m., _volcano_. volonté, f., _wish_, _will_. volontiers, _willingly_. vont, _are going_. vos, _your_. votre, _your_. vôtre, _yours_. voudrez, _shall wish_. voul-ait,-u,-urent,-ut, _wanted_;-ez, _want_;-oir, _to want_;-ant, _wanting_. vous, _you_. voyage, m., _journey_. voyag-é,-ea,-èrent, _traveled_;-era, _will journey_;-eant, _journeying_. voyageur, m., _traveler_. voy-ant, _seeing_;-ez,-ons, _see_;-ons, _see_, _come_. vrai,-e, _true_, _real_. vraiment, _truly_. vu,-s, _seen_;----que, _as_. vue, f., _view_; en----, _in sight_. vulgaire, _vulgar_. y, _there_; il y a, _there is_, _are_. yeux, m., _eyes_. Zuidersée, _Zuyder Zee_. * * * * * FRENCH TEXTS ELEMENTARY PRICE BACON. Une Semaine à Paris $0.50 BRUNO. Le Tour de la France (Syms) .60 CHATEAUBRIAND. Les Aventures du Dernier Abencerac (Bruner) .30 CONLEY. La Fille de Thuiskon .65 DUMAS. Excursions sur les Bords du Rhin (Henckels) .40 DUMAS. Le Chevalier de Maison-Rouge (Sauveur & Jones) .40 ERCKMANN-CHATRIAN. Madame Thérèse (Fontaine) .50 FOA. Le Petit Robinson de Paris (De Bonneville) .45 FONCIN. Le Pays de France (Muzzarelli) .60 FRANÇOIS. Easy Standard French .40 GOODELL. L'Enfant Espion, and Other Stories .45 GUERBER. Contes et Légendes. Two Parts. Each .60 LA BÉDOLLIÈRE. La Mère Michel et Son Chat (Josselyn) .30 LABICHE and MARTIN. La Poudre aux Yeux (François) .30 LABICHE and MARTIN. Le Voyage de M. Perrichon (Castegnier) .35 LEGOUVÉ and LABICHE. La Cigale chez les Fourmis (Farrar) .35 MAIRET. La Clef d'Or, and Les Flèches Magiques (Healy) .35 MAIRET. La Petite Princesse (Healy) .35 MAIRET. La Tâche du Petit Pierre (Healy) .35 MAIRET. L'Enfant de la Lune (Healy) .35 MÉRIMÉE. Colomba (Williamson) .40 SCHULTZ. La Neuvaine de Colette (Lye) .45 SYMS. Easy First French Reader .50 SYMS. Le Chien de Brisquet, and Other Stories .35 VERNE. Les Enfants du Capitaine Grant (Healy) .30 AMERICAN BOOK COMPANY FRENCH TEXTS These texts are, in the main, those recommended by the Modern Language Association, the College Entrance Examination Board, and the New York State Education Department. Most of the volumes contain notes and a vocabulary. INTERMEDIATE PRICE AUGIER and SANDEAU. Le Gendre de M. Poirier (Roedder) $0.40 CAMERON. Tales of France 1.00 CORNEILLE. Le Cid (Bruner) .45 CRÉMIEUX and DECOURCELLE. L'Abbé Constantin (François) .35 DAUDET. La Belle-Nivernaise, and Other Stories (Jenkins) .50 DAUDET. Tartarin de Tarascon (Fontaine) .45 DUMAS. La Tulipe Noire (Brandon) .40 DUMAS. Le Comte de Monte-Cristo (Fontaine) .40 DUMAS. Les Trois Mousquetaires (Fontaine) .60 FONTAINE. Douze Contes Nouveaux .45 HUGO. Hernani (Bruner) .70 HUGO. La Chute (Kapp) .35 LA BRÈTE. Mon Oncle et Mon Curé (White) .50 LAURIE. Mémoires d'un Collégien (Borgerhoff) .50 MOLIÈRE. Le Bourgeois Gentilhomme (Roi and Guitteau) .35 SAND. La Mare au Diable (Randall-Lawton) .35 SAND. Le Meunier d'Angibault (Kuhne) .40 SANDEAU. Mademoiselle de la Seiglière (White) .40 SCRIBE and LEGOUVÉ. Bataille de Dames (Eggert) .30 SÉVIGNÉ, MADAME DE. Selected Letters (Syms) .40 WEILL. French Newspaper Reader .50 WEILL. Historical French Reader .40 ADVANCED GONCOURT, EDMOND, and JULES DE. Selections (Cameron) $1.25 HEALY. La Comédie Classique en France .50 LA FONTAINE. Fifty Fables (McKenzie) .40 MOLIÈRE. Les Femmes Savantes (Eggert) .40 RACINE. Iphigénie (Woodward) .60 SHIPPEE and GREENE. Stories from French Realists .40 TAINE. Les Origines de la France Contemporaine (Raschen) .60 VOLTAIRE. Selected Letters (Syms) .75 AMERICAN BOOK COMPANY SPANISH TEXTS ALARCÓN. El Capitán Veneno (Brownell) $0.50 El Niño de la Bola (Schevill) .90 AVELLANEDA. Baltasar (Bransby) .65 BRETÓN. ¿Quién es Ella? (Garner) .70 CALDERÓN. La Vida es Sueño (Comfort) .70 FONTAINE. Flores de España .45 GALDÓS. Doña Perfecta (Lewis) 1.00 Electra (Bunnell) .70 Marianela (Gray) .90 JOHNSON. Cuentos Modernes .60 LARRA. Partir á Tiempo (Nichols) .40 MORATÍN. El Sí de las Niñas (Geddes & Josselyn) .50 TURRELL. Spanish Reader .80 VALERA. El Comendador Mendoza (Schevill) .85 Pepita Jiménez (Cusachs) .90 WORMAN'S SPANISH BOOKS--REVISED First Spanish Book $0.40 Second Spanish Book $0.40. In their new form these books offer a satisfactory course in spoken Spanish. The FIRST BOOK teaches directly by illustration, contrast, association, and natural inference. The exercises grow out of pictured objects and actions, and the words are kept so constantly in mind that no translation or use of English is required to fix their meaning. In the SECOND BOOK the accentuation agrees with the latest rules of the language. AMERICAN BOOK COMPANY A THREE YEAR COURSE IN FRENCH By L. C. SYMS, B. ès L., L. en D., De Witt Clinton High School, New York First Year in French $0.50 Second Year in French 1.00 Third Year in French 1.20 This comprehensive course in French teaches pupils not only to read but also to speak and write the language correctly. In the First Year the early lessons contain only the names of common objects while the later ones include short stories which are not intended to be translated into English. In the Second Year an almost equal amount of time is given to reading, conversation, translation, and grammar. Particular stress is laid upon the study of verbs. A short story or description forms the basis of each lesson, illustrating a grammatical principle and affording an easy and pleasant subject for conversation. The more difficult aspects of French grammar and syntax are treated in the Third Year, and unusual attention is given to all points likely to prove especially confusing. The progressive reading lessons are such as will prepare the student to read the masterpieces of French literature. Each book contains vocabularies. SYMS'S EASY FIRST FRENCH READER. $0.50 These stories and poems have, for the most part, been selected from the works of Octave Feuillet, É. Laboulaye, Hégésippe Moreau, Félix Gras, and other well known writers. The text is easy and progressive, proceeding from the very simple to the more difficult by a regular gradation. Following the reading material, and based on it, are short English exercises to be translated into French, vocabularies, etc. AMERICAN BOOK COMPANY GERMAN PROSE COMPOSITION By CARL W. J. OSTHAUS, Professor of German, Indiana University; and ERNEST H. BIERMANN, Instructor in German, Indiana University. $0.65 This book is designed for the second and third years in college, and for the third and fourth years in the secondary school. The work is based on consecutive prose, and is intended to develop rapidly the student's sense of independence. The selections are really new and fresh, and offer a wide range of material, being anecdotal and historical, taken from Germanic folklore, literature, and real life. ¶ A portion of the elementary exercises are made up of three parts: a German selection, a set of questions in German, and an English paraphrase of the preceding German selection for translation into German. The German selection forms the basis of the work which follows, and should be studied thoroughly before the translation is worked out by the class. In the elementary part most of the selections are preceded by a statement of the grammatical principles involved, thus making it easy for the instructor to assign certain portions of grammar for review. ¶ The questions in German, which are intended to be answered in German, afford excellent practice work in the transposition of tenses or persons, and the changing from direct to indirect discourse, etc. As the selections increase in length, the questions are omitted, and in the latter portion only English material of higher grade is given. ¶ Copious footnotes throughout the book provide the needful suggestions and refer the student to sections of the digest of syntax which follows the text. This digest, which is intended chiefly for the guidance of the inexperienced, is to be supplemented by the grammar with which the student is familiar. There are full German-English and English-German vocabularies at the end of the book. AMERICAN BOOK COMPANY GERMAN TEXTS ELEMENTARY PRICE ARNOLD. Ein Regentag auf dem Lande (Kern) $0.25 ARNOLD. Fritz auf Ferien (Thomas) .30 BENEDIX. Der Prozess (Lambert) .30 EBNER-ESCHENBACH. Krambambuli, and Klausmann Memoiren eines Offizierburschen (Spanhoofd) .25 FAHSEL. Allerlei .25 FICK. Dies und Das .25 FICK. Neu und Alt .30 GERSTÄCKER. Germelshausen (Busse) .30 GRIMM. Kinder- und Hausmärchen (Vos) .45 HAUFF. Das Kalte Herz (Holzwoth & Gorse) .35 HEYSE. Anfang und Ende (Lentz) .30 HEYSE. Das Mädchen von Treppi (Bernhardt) .30 HEYSE. L'Arrabbiata (Lentz) .30 HILLERN. Höher als die Kirche (Daner) .25 KERN. German Stories Retold .30 LEANDER. Träumereien (Hanstein) .35 MÜLLER. Neue Märchen (Little) .30 RIES. Easy German Stories (Biermann) .35 SCHRAKAMP. Deutsche Heimat .80 SCHRAKAMP. Ernates und Heiteres. .35 SEIDEL. Die Monate (Arrowsmith) .25 SEIDEL. Der Lindenbaum, etc. (Richard) .25 SEIDEL. Herr Omnia (Mathewman) .25 SPANHOOFD. Aus Vergangener Zeit .50 SPYRI. Rosenresli, and Der Toni von Kandergrund .25 STERN. Geschichten vom Rhein .85 STOLTZE. Bunte Geschichten .30 STOLTZE. Losc blätter .30 STORM. Immensee (Dauer) .25 Storm. Im Sonnenschein, etc. (Swiggett) .25 WILDENBRUCH. Der Letzte (Beckmann) .30 ZSCHOKKE. Der Zerbrochene Krug (Berkefeld) .25 AMERICAN BOOK COMPANY GERMAN TEXTS INTERMEDIATE PRICE BERNHARDT. Deutsche Litteraturgeschichte $0.75 BERNHARDT. Freudvoll und Leidvoll .65 FOUQUÉ. Undine (Senger) .50 FREYTAG. Die Journalisten (Johnson) .35 GOETHE. Hermann und Dorothea (Hewett) .60 GROLLER. Inkognito, and Albersdorf. Cand. phil. Lauschmann (Lentz) .30 HEINE. Die Harzreise (Kolbe) .50 HEYSE. Er Soll Dein Herr Sein (Haertel) .30 HOLLY. German Epics Retold .65 KELLER. Bilder aus der Deutschen Litteratur. Revised 1.00 LESSING. Minna von Barnhelm (Lambert) .50 MEYER. Das Amulett (Glascock) .35 MOSER. Der Bibliothekar (Cooper) .45 RIEHL. Das Spielmannskind; Der Stumme Ratsherr (Priest) .35 RIEHL. Der Fluch der Schönheir (Frost) .30 RIEHL. Die Vierzehn Nothelfer, and Trost um Trost (Sibler) .30 ROTH. Ein Nordischer Held (Boll) .35 SCHANZ. Der Assistent and Other Stories (Beinhorn) .35 SCHEFFEL. Der Trompeter von Säkkingen (Buehner) .75 SCHILLER. Ballads and Lyrics. Selections (Rhoades) .60 SCHILLER. Die Jungfrau von Orleans (Florer) .70 SCHILLER. Wilhelm Tell (Roedder) .70 STERN. Geschichten von Deutschen Stàdten. In two Parts. Each .70 STIFTER. Das Heidedorf (Lentz) .25 WILDENERBUCH. Das Edle Blut (Eggert) .30 ADVANCED COLLITZ. Selections from Early German Literature $1.00 DILLARD. Aus dem Deutschen Dichterwald .60 LESSING. Nathan der Weise (Diekhoff) .80 PREHN. Journalistic German .50 RANKE. Kaiserwahl Karls V. (Schoenfeld) .35 RICHTER. Selections (Collins) .60 SCHEFFEL. Ekkehard--Audifax und Hadumoth (Handschin & Luehke) .60 SCHILLER. Gustav Adolf in Deutschland (Bernhardt) .45 WAGNER. Die Meistersinger von Nürnberg (Bigelow) .70 WILBRANDT. Der Meister von Palmyra (Henckels) .80 AMERICAN BOOK COMPANY A BRIEF GERMAN COURSE $1.20 By C. F. KAYSER, Ph.D., Professor of German, Normal College of the City of New York, and FREDERICK MONTESER, Ph.D., First Assistant in German, DeWitt Clinton High School, New York Many valuable features differentiate the Brief German Course from the conventional beginner's book in German. Each lesson contains one or more topics of grammar, a special vocabulary, and exercises in reading and writing German, with such suggestions and helps for the student as are needed. The arrangement of the subject-matter has been determined by pedagogic considerations and practical experience, which have led to frequent departures from the usual sequence of topics. The recommendations of the Modern Language Association have been followed. ¶ To secure to the pupil variety and interest in his work, and to facilitate their mastery, the difficulties of declension and conjugation, instead of being grouped together, as is customary, are introduced gradually. Elementary syntax is treated from the beginning in immediate connection with the study of forms. The rational acquisition of a German vocabulary is facilitated by a unique treatment of word formation. The transition from disconnected sentences to connected reading is made simple by the use of real idiomatic German sentences, often connected in sense. ¶ Frequent review lessons are given, containing grammatical questions, interesting reading matter, both prose and verse, and exercises in conversation. The reading matter, which provides an excellent application of those grammatical principles, and only those, met in the previous lessons, is written in an easy, fluent style, and illustrates German life, history, geography, and literature. The book includes complete German-English and English-German vocabularies, an appendix of collected paradigms of declensions and conjugations, and an index. AMERICAN BOOK COMPANY *** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK CONTES ET LÉGENDES. 1RE PARTIE *** Updated editions will replace the previous one—the old editions will be renamed. Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright law means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. 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