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LE
PARLER POPULAIRE
DES
CANADIENS FRANÇAIS
LE
PARLER POPULAIRE
DES
CANADIENS FRANÇAIS
OU
LEXIQUE
DES CANADIANISMES, ACADIANISMES, ANGLICISMES, AMÉRICANISMES
MOTS ANGLAIS LES PLUS EN USAGE AU SEIN DES FAMILLES
CANADIENNES ET ACADIENNES FRANÇAISES
COMPRENANT ENVIRON 15,000 MOTS ET EXPRESSIONS
AVEC DE NOMBREUX EXEMPLES POUR MIEUX FAIRE COMPRENDRE LA
PORTÉE DE CHAQUE MOT OU EXPRESSION
PAR
N.-E. DIONNE, M. D., LL. D.
Bibliothécaire de la Législature de la Province de Québec
Professeur d'archéologie à l'Université Laval
Membre de la Société Royale du Canada
AVEC PRÉFACE
par M. Raoul de la GRASSERIE
Docteur en droit, juge au Tribunal civil de Nantes, lauréat
de l'Institut de France, auteur de plusieurs ouvrages
sur la linguistique française
QUÉBEC
J.-P. GARNEAU, Libraire
6, rue de la Fabrique
Agent pour le Canada
NEW YORK
G.-E. STECHERT & Co
129-133: Ouest, 20e rue
Agents pour les Etats-Unis
QUÉBEC
LAFLAMME & PROULX, Imprimeurs
1909
PRÉFACE
C'EST avec raison qu'après s'être longtemps
livré uniquement à l'étude des langues,
on a enfin abordé celle des divers parlers
d'un même langage, des argots, des patois,
du langage populaire, soit dans son vocabulaire,
soit dans sa grammaire et sa stylistique,
soit enfin dans son folk-lore. Cette discipline nouvelle,
malgré ses immenses progrès, n'en est encore qu'à
ses débuts, mais elle mérite d'être encouragée, car non
seulement elle couronne les recherches de la linguistique,
mais elle jette un coup d'œil profond sur la psychologie
humaine la plus latente, celle de l'âme du peuple, non
seulement dans ses traits essentiels et communs, mais avec
toutes les modifications que les races, le sol, le milieu physique
ou intellectuel lui ont fait subir. L'intérêt est plus
grand encore lorsqu'il s'agit pour nous, non d'une simple
province, mais d'une partie de la France, détachée de la
mère patrie, à une époque déjà lointaine, par des circonstances
fatales, mais que l'affection et un indestructible souvenir
unissent encore à travers l'Atlantique: nous avons nommé
le Canada.
Aussi l'ouvrage de M. Dionne, l'auteur estimé de plusieurs
livres importants, dont l'un nous a déjà fourni
l'excellente biographie très documentée de Samuel Champlain,
le fondateur du Canada français, est-il bien venu et
apparaît à son heure, en nous donnant un dictionnaire, aussi
complet que possible, du parler populaire des Canadiens
français, assez développé et illustré par de très nombreux
exemples, pour intéresser, non seulement les Français du
Canada, mais aussi leurs frères fidèles, les Français, savants
ou non, de France; car on ne retrouve pas seulement dans
cette œuvre des éléments précieux pour la science du
langage, mais aussi la remembrance de nos patois et de nos
façons de concevoir et de dire, usités depuis longtemps en
plusieurs de nos provinces, notamment dans la Bretagne et
la Normandie, et au prononcé de certains de ces mots,
nous sentons résonner en nous l'écho sympathique de ceux
qui nous ont bercés nous-mêmes dans l'enfance, que nos
paysans emploient toujours, et qui font qu'à travers les
mers nous croyons retrouver le même clocher.
La méthode suivie par l'auteur est propre à nous éclairer;
car il ne se borne pas à une sèche nomenclature, mais il
illustre presque tous les mots par des exemples, qui non
seulement nous font comprendre, mais indiquent aussi la
portée exacte et nous donnent la sensation de l'expression.
Cela est nécessaire, surtout quand il s'agit d'un langage
populaire, car souvent le mot n'y est pas employé d'une
manière générale, mais seulement dans telle ou telle locution
d'une façon indivisible, ou tout au moins, il ne possède que
là une saveur complète. Puis, il en résulte un argument, la
justification de ce que le mot est réellement usité, que toute
création ou emploi subjectif est écarté, et que nous avons
bien affaire au langage vivant et circulant.
Comme dans les parlers du même genre, le parler populaire
canadien présente des caractéristiques qui ressortent
de l'ouvrage publié, et dont nous allons esquisser les plus
saillantes.
C'est d'abord et avant tout, le penchant du peuple à
matérialiser, pour les rendre plus sensibles, les idées abstraites
ou intellectuelles. Il le fait sans doute, et là est
son défaut, parce qu'il s'élève difficilement ou ne peut se
maintenir longtemps à centaines hauteurs de l'idée, auxquelles
son éducation ne l'a pas préparé; mais il le fait
encore sous l'empire d'un instinct tout autre: celui de
sensibiliser ce qui est trop purement rationnel et cérébral,
le cœur devant ainsi y trouver sa place, et non seulement
le cœur lui-même, mais tout ce qui lui sert d'introducteur:
l'ouïe, la vue surtout; il ne suffit pas de désigner les objets,
il faut les voir, les entendre, parfois les palper, mais surtout
les voir. On sait que la langue française se compose de
deux couches superposées, le fonds naturel, celui des mots
d'origine populaire, formés spontanément, par usure d'abord,
par nouvelle intégration ensuite, du latin, et celui des mots
d'origine savante et artificielle, tirés à nouveau du latin par
un emprunt postérieur volontaire. Le peuple ne comprend
guère ces derniers, et comme il exprime ses idées sans leur
secours, il faut qu'il se forme dans ce but un vocabulaire
spécial. Il y parvient en employant des images, partout
des images. Celle-ci doivent forcément être empruntées
un monde matériel et visible. Elles ont un immense avantage,
celui de donner au langage une naïveté, une fraîcheur
qu'on chercherait vainement dans le parler plus élevé, et
aussi une vivacité de couleurs, enfin une émotion constante
et latente que le langage littéraire n'obtient par une autre
voie que lorsqu'il monte à une très grande hauteur. Quelquefois,
cependant, ces images peuvent trop descendre, et
même simuler le dénigrement en abaissant les idées intellectuelles;
mais si cela se produit souvent dans nos argots,
il est juste de dire que dans le canadien cela est beaucoup
plus rare.
Les exemples de cette tendance que nous avons indiquée
sont très nombreux. Ruse est un terme intellectuel, au lieu
de dire les ruses, on dira donc les affûts, image empruntée
à la chasse. Au lieu du mot commode, on emploiera une
circonlocution cette fois, mais combien plus sensible et
énergique: à main. Travailler beaucoup, c'est abattre de
l'ouvrage. S'attacher fortement à quelqu'un, c'est s'achienneter.
Subitement devient à coup, c'est-à-dire d'un seul
coup. Loin, c'est à désamain, c'est-à-dire qui n'est plus
á la portée de la main. Amadouer, chercher à concilier
quelqu'un, c'est l'affiler, de même qu'on affile, en promenant
doucement sur la main, d'où cette expression: «pour le
convaincre, il faut d'abord l'affiler». Saisir, c'est agrafer
ou agricher. Payer, c'est s'allonger, cela marque bien
l'effort moral et parfois matériel que cause un paiement.
Voici le mot amancher, tout matériel, il va signifier, avec
le manche, bien des choses pour lesquelles nous avons des
mots divers et abstraits: ajuster, arranger, habiller, même
donner un coup, ou tromper. Adoucir a un sens moral,
voici son image sensible et matérielle un peu abaissée:
amollir. Battre, c'est aplatir; cette fois on aperçoit l'homme
battu dans la position que les coups lui ont donnée. Beaucoup
était autrefois dans la langue latine une image;
maintenant cette image s'est plus affaiblie, le Canadien la
ressuscite par à plein. De même, l'idée avec force se rend par
d'aplomb. Au lieu de fournir les preuves, mots tous de
raison, voici le mot amener; amener les preuves, combien
plus énergique, on les voit arriver. Injurier, c'est abîmer.
Faire des propositions, c'est approcher. Se tirer d'embarras,
c'est s'arracher. Le repos, c'est l'arrêt, matériel et visible:
arrêtez de parler. Ce qui est simplement ennuyeux pour
nous est assommant pour le peuple, on voit tomber alors
sous le coup de l'ennui. Tout près, cela s'aperçoit sans doute
déjà, mais à ras, cela se voit bien davantage, et c'est plus
près encore, on rase l'objet. La dépense de travail, c'est
une attelée, de même maîtriser quelqu'un, c'est l'atteler; le
voilà attaché comme un bœuf ou un cheval, ou le voit
ainsi, on ne le pense plus seulement. Une foule est une
avalanche, on sent qu'elle se précipite de loin. Appuyer,
c'est accoter. Même, lorsque le mot était déjà matériel, on
l'abaisse encore pour avoir une image plus saisissante.
S'accroupir devient s'accouver, tacher devient abîmer.
C'est là sans doute, en tout pays, la source la plus abondante
du parler populaire; il en est de même au Canada,
aussi insistons-nous sur ce point. L'idée intellectuelle se
trouve partout immatérialisée, et si elle l'est déjà, elle
descend encore. Dans tous les cas, c'est au moyen d'une
image sensible que l'on s'exprime. Le glossaire de M.
Dionne en fournit des exemples incessants. Citons encore
les plus frappants. Crier fort, c'est beugler, de même que
parler s'exprime par chanter. Une petite quantité, c'est
un brin; caduc signifie triste, et câiller c'est s'endormir; en
effet le sang alors se fige, pour ainsi dire, dans les veines.
La bouche n'est plus qu'une boîte, le tableau qu'un cadre, et
la montre qu'un cadran. Le bruit devient bien terrible,
c'est un carnage. Un substantif, bœuf, se convertit en
adjectif énergique, dans un effet bœuf. Outrager devient
blasphémer, et être impatient, bouillir. La colère bleue est
la plus terrible, plus, sans doute, que si elle n'était que rouge.
Le diable apparaît bien plus réel, si on l'appelle bourreau.
Conter des mensonges, c'est bourrer. Etre insupportable
devient visible par cette expression n'avoir pas de bout, de
même que bête au bout, c'est être tout a fait bête. Quelquefois
l'explication semble plus lointaine. Pourquoi une attaque
de folie est-elle une branche de folie? pourquoi fêter s'appelle-t-il
brosser? On comprend que s'approcher d'un objet
qu'on cherche soit brûler, cela se dit aussi en France dans
les petits jeux de salon. Le mobilier est bien un butin,
surtout pour ceux qui ont économisé pour l'acheter pièce à
pièce. Le casque signifie tête, toupet, l'image est bien
naturelle. Le char semble très prétentieux, car le langage
populaire n'élève pas ainsi les expressions, sans qu'il y ait
ironie, cela s'applique à un wagon, à un train de chemin de
fer, à un tramway. Au contraire, on abaisse lorsqu'on
donne le nom de charretier au cocher, de charriement, à la
course, de charrier, à aller trop vite, renvoyer, ou que la fenêtre
devient un simple châssis, comme si elle avait perdu ses
vitres. Le tapage est si fort qu'il devient un carillon, ce
qui fait image pour les oreilles.
Certains mots prennent à la fois une foule de sens: caler,
c'est enfoncer, devenir chauve, perdre de l'argent, tandis
qu'en français, c'est céder, avoir peur.
Parfois c'est un sens étymologique qui se trouve restitué:
casuel, c'est fragile, de même camper est jeter par terre.
Chaud, c'est cher, c'est aussi un peu ivre. La double analogie
est facile à saisir. Ce qui est trop cher brûle la main
indigente qui veut y toucher. En passant ainsi du matériel
à l'intellectuel, il s'opère souvent des déviations remarquables.
Chétif a signifié d'abord en français captif, du latin
captivus; il a maintenant le sens de faible de corps; en
Canada, il passe au sens de méchant. De même, chavirer
prend celui de devenir fou, car l'intelligence fait naufrage.
Le circuit obtient le sens de pièce de terre qu'il ne possède
pas en français. Comme interversion totale de la signification,
citons: coquin, employé dans le sens de gentil,
chouette dans celui d'amie: ma belle chouette. Le chien
comparaît à son tour pour fournir des comparaisons vigoureuses,
il devient l'adverbe beaucoup: un mal de chien,
une faim de chien, bête en chien (très bête), avoir du chien
dans le corps; la pauvre bête ne se plaint pas d'être mise
ainsi à contribution par l'argot. Le mot clair passe du
physique au moral, lorsqu'il signifie libéré. Au plus tôt,
c'est au plus coupant; insinuer, c'est couler; usé, c'est cotonné.
Au lieu d'interdire sa porte, on la condamne. La
jambe animée descend au rang de compas, simple instrument.
La poitrine devient un simple coffre. La peau
n'est rien de plus qu'une couenne. Claquer forme image
pour rendre bien des idées diverses: courir, travailler vite,
tromper, frapper; en quantité, c'est à pleine clôture.
Telle est la force de l'analogie et des images; ce fut ici un
puissant facteur.
Un autre mode de matérialisation très curieux consiste à
employer des prépositions ou des conjonctions exprimant
le lieu, pour remplacer des verbes de sens immatériel et
provenant de la couche savante. En français on dit prévaloir,
le patois canadien dira avoir le dessus; il remplace
excepté par la locution à part de; celle-ci, en effet, tombe
sous la vue. La proposition: l'enfant est à terre, devient
l'enfant est à bas. Dans cet emploi, la préposition après
est d'un grand usage; au lieu de il me poursuit toujours,
on dira: il est toujours après moi; au lieu de escaladons
le mur, montons après le mur. On dira encore: il est
après travailler, il est après manger. L'adverbe arrière
remplace le substantif retard, en vertu du même instinct:
il a de l'arrière, au lieu de il a du retard. Parfois la
particule n'est pas matérialisée, mais on la décompose en la
rapprochant de sa signification primitive, on la retrempe,
pour ainsi dire. Parce que signifiait bien par le motif que;
mais on en avait perdu l'analyse, en prononçant cette conjonction
d'un trait; le patois la redivise, inconsciemment
sans doute, mais énergiquement, en disant à cause que, de
même; afin devient à seule fin, de même encore puisque
devient d'abord que, d'abord que tu le veux. La préposition
chez possède dans notre langue une certaine
élégance, elle est moins naturelle, et le peuple dira aller
au médecin, comme il dit à soir nous irons. La préposition
de marque dans la langue une relation savante,
celle du génitif, le patois la remplace par à, lequel a
mieux conservé l'emploi local, il dira: le chapeau à Pierre.
Le besoin d'images a fait emprunter certains mots techniques
de tel ou tel métier, notamment à la marine. Ne
rien faire, c'est être à l'ancre; le dommage de toutes sortes,
c'est l'avarie; on dit amarrer ses souliers, au lieu de les
attacher; s'habiller, c'est s'agréier; les engins de pêche, les
outils, l'attelage, enfin une personne désagréable, tout cela
c'est des agrès.
Ce même instinct porte toujours à analyser les mots
d'origine savante, à les morceler en plusieurs, ces derniers
sensibles, et à se servir dans ce but de termes couramment
employés. Nous eu avons déjà des exemples en français
dans les verbes aller, faire, etc., mais en patois ce sera plus
fréquent. Nous disons, par exemple: il est vieux, il est
très vieux; pour tout cela le parler populaire canadien
emploiera le mot âge, et dira il est en âge, il est à bout
d'âge. Le mot cœur figurera à son tour. L'adjectif
tout est trop abstrait. Au lieu de tout le jour, toute
l'année, on dira à cœur de jour, à cœur d'année. Le mot
air remplira à son tour un pareil rôle; on dira être en air,
pour être en verve; avoir de l'air, pour se tromper; perdre
son air, pour perdre son aplomb. Le verbe faire entre
dans les locutions suivantes, où il sert à résoudre et à disloquer
un verbe unique abstrait. C'est ainsi que l'on dit
faire son affaire, pour s'enrichir; faire l'affaire à quelqu'un,
pour le punir; les affaires, pour les effets d'habillement.
De même, le verbe aller: aller sur la soixantaine; s'en aller,
pour mourir; se faire aller, pour se presser.
Au point de vue psychologique, les phénomènes que nous
venons d'indiquer ont une grande importance. D'autres
n'en possèdent pas une égale, mais ils ont cet effet de donner
à un patois une sorte de goût de terroir, en variant soit
les prépositions employées, soit les préfixes ou les suffixes
qui dérivent des mots. L'oreille est un peu surprise d'abord
et n'y sent qu'une faute; mais ensuite elle découvre que le
mot, dont le sens étymologique s'était émoussé, y trouve
un nouveau ragoût. Citons seulement quelques exemples.
Voici la préposition avec, usitée là où le français emploie
par, de, dans, envers, de même, sans, et l'on dit: je vais
partir avec les chars; que faire avec cela? je suis quitte
avec lui; il est resté coi, et moi avec; partir avec pas le sou.
Il en est de même des suffixes que le langage populaire
substitue à ceux du langage commun et qui peuvent ne pas
donner une expression plus vive, mais qui le modifient et
le rajeunissent. C'est ainsi que l'on peut comparer abatis
et abatages, abordage et abordade, accablement et accablation,
acharnement et acharnation, admissible et admettable.
De même, les préfixes sont substitués à d'autres,
ou ajoutés, ou supprimés. On peut comparer dans ce sens:
aconnaître, au lieu de connaître; alentir, au lieu de ralentir;
amonter, au lieu de monter; amorphose, au lieu de métamorphose;
avention, au lieu de invention. La nuance est indéfinissable,
mais elle est certaine; au lieu de mots prévus
d'avance et indifférents, on a l'avantage de la surprise.
Mais un procédé qui doit fixer particulièrement notre
attention, est un emploi de ce que Ronsard et du Belley
appelaient le provignement et qu'ils essayaient de mettre
en honneur.
On sait qu'en français, tous les verbes ne font pas souche
d'adjectifs et de substantifs correspondants, ni à son tour, le
substantif, de verbes; sauf le cas des parasynthétiques assez
nombreux, il faut, si l'on veut mettre dans la forme substantive
un mot d'action, souvent recourir de nouveau à la
source latine, qui donne un vocable éloigné du premier; par
exemple, le verbe boire ne produit pas boivable, ni même
buvable, mais potable. Est-ce bien logique que des sens
analogues emploient des mots tout à fait différents? Lors
de la Renaissance, on avait pensé que non, et qu'il valait
mieux recourir au vieux fonds français et le faire provigner,
comme l'on fait de la vigne, c'est-à-dire lui faire pousser
des rejetons d'eux-mêmes. C'est ce que, sans système et par
instinct, fait la langue populaire, notamment celle des Canadiens.
C'est ainsi que d'accommoder, on fait accommodation;
de bande, s'abander (aller en bande), d'aller, allable,
(capable d'aller) et allant (bien disposé). Le mot annexe
est savant, on créera plus simplement allonge. La coutume
provigne le joli mot d'accoutumance. Se laisser surprendre
par la nuit, longue et lourde périphrase, cède la place à
ce mot pittoresque dans sa concision, s'annuiter. L'apparence
devient l'apercevance. Pareil donne appareiller,
dans le sens d'égaler et de comparer. L'idée sujet à appel,
n'est plus périphrastique, on ne recule pas devant le mot
appelable, pas plus que devant le mot arregardable, pour
qui mérite d'être regardé. Le substantif argent donne l'adjectif
argenté, dans le sens de riche; c'est plus saisissant.
Couvrir en ardoises, c'est ardoiser. Une grande quantité,
c'est une battée. Un mot fort pittoresque, c'est l'adverbe
chevalement, tiré de cheval, pour exprimer terriblement.
Les exemples de ce procédé abondent, il est des plus heureux.
Au verbe boire, en français, correspond le substantif
ivrogne, la correspondance n'est pas tout à fait exacte.
Grâce au procédé de provignement, le parler canadien est
plus parfait, en créant buveron. Une autre expression très
pittoresque, rentrant dans le même procédé, c'est celle de
chatter pour aimer, dérivé de chat. A remarquer aussi
chérant, dérivé de cher, et signifiant celui qui exige un prix
trop élevé. L'aurore boréale est un clairon, dérivé de clair,
et l'homme de cœur s'indique énergiquement par l'adjectif
cœureux, que rien ne remplace chez nous, car courageux
n'a pas la même signification exacte. Cabaner, de cabane,
signifie habiller chaudement, et cornailler veut dire lutter
comme le font les animaux à coups de cornes. On peut
citer encore comme construits d'après le même plan: contenancer,
pour appuyer; consommages, pour déchets de
viande; comprenage, pour entente; comprenouère, pour
intelligence, et combien d'autres!
Noterons-nous qu'il existe bon nombre de mots archaïques
qui ont disparu, ou presque, du français? Non, car on
le devine, les premiers colons du Canada les ont apportés
de France, à une époque où il en existait encore des vestiges.
On s'attend, en raison de la situation politique et de l'histoire,
à rencontrer beaucoup d'anglicismes. Il y en a, en effet, et
de fort reconnaissables, le texte les indique par une astérisque;
mais ils ont été à peine défigurés, ils ne sont pas fondus
et gardent leur physionomie anglaise. L'auteur fait d'ailleurs
observer avec raison que plusieurs d'entre eux ont eu une
singulière odyssée. Ils étaient venus de France en Angleterre
avec les Normands, de là ils furent importés en
Amérique, puis prêtés par les Anglais d'outre-mer aux
Canadiens; on peut dire qu'ils ont fait retour, par exemple:
bargain, marché; bacon, lard. Mais tous ne sont pas
dans ce cas. Il y a des mots bien saxons, ou ayant adopté
un sens nouveau dans l'emploi anglais. On peut citer: aft,
à l'arrière; brain, le cerveau; bar room, buvette; average,
la moyenne; accomplissement, qualités; apologie, excuse;
applicant, candidat; appointement, rendez-vous; appraiser,
évaluer; anticiper, prévoir; bachelier, célibataire; badloque,
malechance; acte, loi; affecter, influencer, et beaucoup
d'autres dont le glossaire donne une liste abondante, et dont
la plus grand nombre a conservé la forme anglaise, notamment:
beaver, castor; bed, lit; best, le meilleur; better,
parier; black-hole (trou-noir), cachot; brandy, cognac;
broker, courtier; bun, brioche; business, affaire; cake,
gâteau; cash, argent comptant; cheap, bon marché; checker,
enregistrer; clairance, quittance; clairer, débarrasser;
cleaner, nettoyer; coat, habit.
Le point de vue phonétique offre à son tour ses particularités.
Il faut remarquer la fréquence de la voyelle a,
qu'on substitue presque normalement à l'e: a, pour elle,
(a va aller), couvarte, vardir, avarse, airrhes, alan, alarte,
amant, pour l'aimant, amelette, apothèque. Une des consonnes
sur deux se supprime au milieu du mot abre pour
arbre. Enfin, les consonnes modifiées: agurir pour ahurir,
aiduille pour aiguille, amiquié pour amitié. Comme partout
ailleurs à la campagne, le vocalisme est plus ouvert
et le mot tend à s'abréger.
Telle est, dans son ensemble, la physionomie du parler
populaire des Canadiens français, que nous présente M.
Dionne dans son très intéressant ouvrage. Il faut ajouter
à ces traits principaux ce fait général que parmi ces mots
il en existe un grand nombre, soit qui ne servent plus dans
la langue française actuelle, soit dont le sens a été détourné.
Dans la première catégorie on peut citer: achaler, pour
importuner; chouler, pour exciter les chiens; catiché, pour
efféminé; copper, pour payer; escousse, pour espace de
temps; esquinter, pour fatiguer. C'est là le fonds tout à
fait propre et dialectal. Il est assez riche et, après le
sémantiste, intéresse à son tour le linguiste. Quelques-uns
de ces mots sont en usage sur le continent dans le
parler populaire, d'autres sont tout à fait propres au
Canadien. Nous ne pouvons nous empêcher de citer:
baucher, courir vite, travailler vite; bazir, disparaître; de
becco, de trop peu; berlander, flâner; bisquer, faire endêver,
contrarier; bretter, fureter; bringue, fille nonchalante;
cabas, tapage; cabochon, tête; cani, moisi; chalin, éclair
de chaleur; chaloir, se soucier (vieux français); charlander,
ennuyer; chiâler, pleurnicher; chouenne, mensonge; cotir,
pourrir, dépérir; couette, petite queue, touffe, etc.
Dans la seconde catégorie, voici chrétien, qui prend le sens
d'homme (comparer le roumain crastians), ainsi que catholique
dans le sens d'honnête; chaud, pour ivre; char, pour
wagon; caboche, pour bourgeon; créature, pour femme;
espérer, pour attendre. Un mot a eu une singulière fortune:
chenu, dérivé, croit-on, du latin canus, blanc; il signifie
en français excellent, fort, riche, et au contraire, en canadien,
misérable.
On voit que l'étude du canadien-français apporte une
contribution précieuse à celle des patois et des parlers populaires
français. Il y a là une branche qui s'est détachée des
autres et qui a ensuite évolué à part; cependant ou peut
admirer la persistance chez elle des mots et des caractéristiques
emportés de notre continent, et reconnaître encore
à ce trait le Canadien fidèle à son origine.
Nous devons savoir gré à plus d'un titre au savant auteur
de cet ouvrage d'avoir recueilli avec soin et un grand discernement,
et d'avoir fixé désormais dans un véritable
monument le vocabulaire du Canadien français.
Raoul de la Grasserie.
OUVRAGES MIS A PROFIT
Les ouvrages, dont suit la liste, sont les seuls que l'auteur
de ce Lexique a consultés. Tous ne lui ont pas été
profitables au même degré. Il va de soi que les glossaires
canadiens préparés par Gingras, Manseau, l'abbé Caron,
Dunn, Clapin et Rinfret, pour ne citer que les principaux,
ont plus servi à l'auteur que les dictionnaires publiés en
France. Le Bulletin du Parler-Français lui a été beaucoup
plus utile que les glossaires de Borel, de Favre, de
Moisy, de Jaubert et autres de provenance française, bien
que ceux-ci aient été mis à contribution par l'auteur dans
ses études comparatives.
Quoi qu'il en soit, l'auteur exprime toute sa reconnaissance
aux auteurs de tous ces ouvrages de linguistique,
quels qu'ils soient, et plus particulièrement à M. Clapin et
aux lexicographes du Bulletin. Que ces messieurs, qui
savent ce qu'il en coûte de labeurs pour mener un dictionnaire
à bonne fin, ne soient pas trop sévères à son égard,
et ne lui tiennent pas rigueur parce qu'il a puisé un peu
largement dans leur fonds. Ils comprennent qu'il est bien
difficile, sinon impossible, de faire un pareil ouvrage sans
s'inspirer des devanciers. L'auteur, du reste, n'ambitionne
rien de plus que d'apporter son humble contribution à
l'œuvre si généreusement entreprise par la Société du
Parler-Français, qui est d'épurer notre langage en le débarrassant
des trop nombreuses scories qui le déparent ou le
défigurent. Cette œuvre est possible, et elle se fera, sans
aucun doute, pour peu que les hommes instruits la prennent
à cœur, et donnent le bon exemple, en parlant correctement
le français; et ils le pourraient faire, s'ils voulaient
s'en donner la peine.
On trouvera dans ce lexique un certain nombre de mots
et d'expressions qui ont actuellement cours en France, tout
aussi librement qu'en Canada. Ces mots sont généralement
tirés du parler populaire et familier. On en retrouve quelques-uns
dans Larousse, mais rarement dans le dictionnaire
de l'Académie. Si l'auteur a tenu à les faire figurer dans
son lexique, c'est dans le but de prouver que le langage du
peuple canadien ne diffère que très peu du langage français.
Quant aux canadianismes et acadianismes proprement
dits, on pourra facilement s'assurer qu'ils ont, pour la plupart,
une origine française: normande, saintongeaise,
angevine et percheronne. Ceci s'explique aisément, car
n'oublions pas que nos ancêtres aussi, pour le plus grand
nombre, sont originaires de la Normandie, de la Saintonge,
de l'Anjou et du Perche. Donc, tel père, tel parler. Rien
de plus naturel et de plus logique. Ce qui l'est moins, c'est
l'intrusion des anglicismes et des mots anglais dans nos
conversations. C'est à ceux-là que nous devons faire la
guerre, une guerre à mort, sans trêve ni merci. Que nous
adoptions quelques anglicismes, un tout petit nombre,
parce que nous en avons absolument besoin, passe! Mais
soyons prudents, parce qu'il pourrait arriver un jour que
notre langage populaire ne serait plus compréhensible, ni
pour les Français ni pour les Anglais.
L'auteur manquerait gravement à son devoir s'il n'adressait
pas ses plus sincères remerciements à M. Raoul de la
Grasserie, qui a bienveillamment consenti à faire la préface
de son Lexique. Ou verra, en la lisant, combien il a eu la
main heureuse en s'adressant à l'éminent juge nantais. Qui,
mieux que lui, même en France, eût pu débrouiller tous
les mystères de notre parler, et en tirer des conclusions
aussi nettes et aussi justes? Tous les Canadiens français
qui s'occupent de linguistique, sauront reconnaître et apprécier
le mérite de son œuvre.
Borel.—Dictionnaire des fermes du Vieux François ou
Trésor des Recherches et Antiquités Gauloises et Françoises.
Buies.—Anglicismes et Canadianismes.
Bulletin du Parler-Français au Canada. De 1902 à 1908.
[B. P. F.]
Caron.—Petit Vocabulaire à l'usage des
Canadiens-Français.
Cassell.—New French-English and English-French
Dictionary.
Clapin.—Dictionnaire Canadien-Français ou
Lexique-Glossaire des mois, etc. [Cl.]
De Gaspé.—Mémoires.
De Gaspé.—Les Anciens Canadiens.
De la Grasserie.—Etude scientifique sur l'Argot et
le Parler Populaire.
Dictionnaire des Barbarismes et des Solécismes les plus
ordinaires en ce pays, avec le mot propre ou leur signification. Montréal, 1855.
Dionne (C.-E.)—Les Oiseaux de la Province de
Québec.
Dunn.—Glossaire Franco-Canadien et Vocabulaire de
Locutions vicieuses usitées au Canada.
Edélestand et Duméril.—Dictionnaire du
Patois Normand.
Faucher de Saint-Maurice.—Notes sur la Formation du
Franco-Normand et de l'Anglo-Saxon.
Favre.—Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de
l'Aunis.
Favre.—Dictionnaire de la Prononciation
Française.
Furetière.—Dictionnaire universel.
Gingras.—Manuel des expressions vicieuses les
plus fréquentes.
Godefroy.—Lexique de l'Ancien Français.
Hatzfeld et Darmesteter.—Dictionnaire général de la
Langue Française du commencement du XVIIIe siècle jusqu'à
nos jours.
Huguet.—Petit Glossaire des Classiques Français du
XVIIe siècle.
Jaubert.—Glossaire du Centre de la France.
Joret.—Flore populaire de la Normandie.
Lacurne de Sainte-Pallaye.—Dictionnaire historique à
l'Ancien Langage Français jusqu'à Louis XIV.
Larousse.—Grand Dictionnaire universel.
Larousse illustré.—Nouveau dictionnaire
encyclopédique.
Lusignan.—Fautes à corriger.
Manseau.—Dictionnaire des Locutions vicieuses du
Canada.
Martin.—Origine, et explication de 200 Locutions et
Proverbes.
Mélanges sur les langues, dialectes et patois.
Paris, 1831.
Mémorial des Vicissitudes et des Progrès de la Langue
Française en Canada.
Ménage.—Dictionnaire.
Moisy.—Dictionnaire du Patois Normand.
Moisy.—Dictionnaire comparatif anglo-normand.
Montpetit.—Les Poissons d'eau douce.
Provancher.—La Flore Canadienne.
Recueil des expressions vicieuses et des Anglicismes les
plus fréquents.
Rinfret.—Dictionnaire de nos fautes contre la
Langue Française.
Timmermans.—Dictionnaire étymologique. [Tim.]
Un Curé de Campagne.—Botanique médicale au
presbytère.
Verrier et Onillon.—Glossaire Etymologique et
Historique des Patois et des Parlers de l'Anjou.
LE PARLER POPULAIRE
DES CANADIENS-FRANÇAIS
- A.
- — Elle. Ex. A va aller se promener chez ses parents.
- — Ce. Ex. A soir, nous irons au concert.
- — De. Ex. Voici le chapeau à Pierre.
- — E. Ex. Couvarte, vardir, alarte, avarse.
- — Chez. Ex. Aller au médecin, au prêtre.
- Abajoue, n. f.
- Bajoue, partie de la tête d'un animal qui s'étend depuis l'œil jusqu'à la mâchoire.
- Abander, v. a.
- — Réunir en groupe un certain nombre d'individus.
- — Soulever une assemblée en l'ameutant contre soi.
- Abander, (s'), v. pr.
- Se réunir en groupe, en bande. Ex. Ne t'abande pas avec
ces mauvais garnements, c.-à.-d., ne te mêle pas à eux, à leurs jeux.
- Abandonner, v. a.
- Cesser. Ex. J'ai abandonné de fumer.
- A bas, loc.
- A terre. Ex. l'enfant est à bas, il vient de tomber de sa
chaise. Dans le vieux français on écrivait abas pour signifier
en bas, ici-bas.
- Abatages, n. m. pl.
- Abatis, tête, cou, ailerons, pattes de volaille.
- Abatteux d'ouvrage, loc.
- Individu qui taille beaucoup de besogne en un temps donné.
En Normandie on dit un homme d'abat, qui travaille vite
et beaucoup.
- Abattre, v. a.
- Faire, exécuter. Ex. Voici un ouvrier qui abat beaucoup
d'ouvrage dans une journée. Allusion à ceux qui abattent
du bois.
- A belle heure, loc. adv.
- Tardivement, après l'heure voulue. Ex. Tu arrives à belle
heure, toi; pourquoi avoir tant retardé?
- Abîmer, v. a.
- —Salir, tacher. Ex. Prenez garde d'abîmer mon habit.
En Bretagne, abîmer comporte une signification identique.
- —Injurier. Ex. Je me suis fait abîmer par ce gars-là.
- —Abîmer l'eau, faire eau. Ex. Ma chaloupe abîme l'eau.
- Abîmer (s'), v. pron.
- Se blesser. Ex. Il s'est abîmé les doigts en travaillant au jardin.
- Able.
- La plupart des terminaisons en able se prononcent comme si
la lettre l n'existait pas. Ex. agréabe, aimabe, capabe.
- Aboiteau, n. c.
- Mot de provenance acadienne, qui signifie digue. Nous
trouvons dans Littré, (vol. suppl.) «Aboteau, barrage,
obstacle mis au cours de l'eau dans la Saintonge. Etymologie:
a et bot qui signifie une digue, suivant le glossaire
Aunisien.» La Saintonge, pays natal de Samuel Champlain,
fondateur de Québec, a fourni à l'émigration française en
Acadie un bon nombre de ses enfants. F. Godefroy, dans
son Lexique de l'ancien français, cite le verbe aboiter qui
signifiait tromper. Tromper la mer ou un fleuve au moyen
d'une digue, ne serait pas après tout si mal; de là, pourrait-on
dire, un aboiteau. Le mot Saintongeois est aboteau,
petit batardeau fait pour retenir l'eau; d'abotare de basse
latinité. Du Cange lui donne un sens juridique: abotum,
abotamentum.
- A bonne heure, loc. adv.
- De bonne heure. Ex. Viens donc aussi à bonne heure que tu pourras.
- Abord, n. m.
- —Grande réunion d'individus arrivant tous ensemble au
même lieu.
- —Moment, court espace de temps. Ex. Il commence à
tonner, ce ne sera qu'un abord.
- Abord (d') que, loc.
- Puisque: Ex. D'abord que tu le veux, je me rends.
- Abordade, n. m.—Abordage.
- Aborder, v. a.
- —Approcher. Ex. Aborde ici que je te parle.
- —Heurter par accident. Ex. Sa voiture a abordé la mienne
au coin de la rue Couillard.
- Abouler, v. n.
- —Aboutir, finir. Ex. Aboule et finissons-en.
- —Payer une dette. Ex. Je vais le presser tellement qu'il
finira par abouler.
- About, n. m.
- —Extrémité d'un terrain confinant au terrain d'un autre,
dans le sens de la longueur.
- —Planche de labour à l'extrémité d'un champ.
Autrefois le mot habout signifiait fond de terre abandonné
à un créancier et désigné par ses tenants et aboutissants,
dans la coutume de Lille.
- Abouter, v. a.
- —Joindre par le bout deux choses susceptibles d'être adaptées
l'une à l'autre.
- —Confiner. Ex. Ma terre aboute à celle de Mathieu.
- —Faire un about.
- —Disposer une planche de labour à l'extrémité d'un champ.
- Aboutir, v. n.
- —Finir. Ex. Aboutis donc, tu retardes mon ouvrage.
- —Réussir. Ex. Cette affaire a abouti heureusement.
- —Avoir le dessus, prévaloir. Ex. Son opinion n'aboutira
pas plus aujourd'hui qu'autrefois.
- A brasse-corps, loc. adv.
- A bras-le-corps. Ex. Allons, les enfants, vous allez colleter,
prenez-vous à brasse-corps.
- Abre, âbre, n. m.
- Arbre. Ce mot est d'origine normande: «Pour l'amour du
buisson va la brebis à l'abre.»—Proverbe du XVe siècle,
cité par Leroux de Lincy. (Prov. français, t. I, p. 97.)
- Abrier, v. a.
- —Abriter. Se dit surtout du fait de couvrir une personne
couchée et qui veut se mettre à l'abri du froid ou de l'air.
Dans le sens propre, abrier signifie se mettre à couvert
sous un arbre. (Lac. de S. Pallaye.)
- —Excuser. Ex. Ne cherche pas à l'abrier (ou l'abriller), il
est certainement coupable.
- Abrier (s'). v. pr.—S'envelopper, se couvrir, se mettre à l'abri.
- Abriller, v. a.—V. Abrier.
- Abriller (s'), v. pr.—V. S'abrier.
- Abroué, n. m.
- Abreuvoir, mare d'eau. Ex. Va mener le cheval à l'abroué.
- * Abuser, v. a.—Injurier, dire des paroles dures. Ex. C'est
un polisson qui m'a abusé. (Angl.)
- * Abutment, (m. a.)
- Culée, arc-boutant, but, borne, contre-fiche.
- Acadien, enne, adj.
- Nom donné à tout Français né dans les Provinces Maritimes,
bien que l'ancienne Acadie ne comprît que la
Nouvelle-Ecosse actuelle. Il se rencontre encore un bon
nombre de familles acadiennes dans la Province de Québec.
- Acagnardi, part. pas.—Bourru et misanthrope.
- Acagnardir (s'), v. pr.
- Devenir paresseux, bourru, d'humeur acariâtre, misanthrope.
- L'Acad. dit s'acagnarder, se plaire dans la solitude.
- A cause que, loc.
- Parce que. Ex. Je suis allé me promener à cause qu'il faisait beau.
- Accablation, n.f.
- Accablement. Ex. Ces enfants sont insupportables, ils
mettent tout à feu et à sang; quelle accablation!
- Accalmir (s'), v. pron.
- Se calmer. Ex. Le temps commence à s'accalmir.
- Accaparer (s'), v. a.
- Accaparer. Ex. Il est défendu de s'accaparer le bien d'autrui.
- Accent, n. m.
- Action, ardeur, en parlant d'un cheval. Ex. Mon cheval
a un bel accent.
- Acceptance, n. f.
- Acceptation.
- Accommodation, n. f.
- —Confort. Ce steamer manque d'accommodation.
- —Train d'accommodation, train spécial pour accommoder
les voyageurs d'une région restreinte.
- —Billet d'accommodation, billet de complaisance, qui permet
au voyageur de se promener gratuitement.
- Accomparager, v. a.
- Comparer.
- * Accomplissements, m. pl. (Angl.)
- Talents, qualités, connaissances en général.
- Accord, n. m.
- Réconciliation. Ex. Pourquoi vous chicaner, il faudra
ensuite que vous fassiez l'accord.
- Accordant, adj.
- Conciliant, facile en affaires.
- Accords, n. m. pl.
- Accordailles, fiançailles.
- Accoster, v. a.
- S'approcher de quelqu'un pour lui parler. Ex. Quel ennuyeux,
il accoste tout chacun sur la rue.
- Accoter, v. n.
- —Appuyer, soutenir. Ex. Cet homme jouit de hautes
influences, il est bien accoté.
- —Egaler. Ex. Cet individu a du talent, il est difficile à
accoter.
- —Accoter une porte, la rendre stable au moyen d'un meuble,
d'un morceau de bois, d'une pierre.
- Accoter (s'), v. pr.
- —S'appuyer sur un mur, un meuble, etc., de façon à se trouver
à l'aise et à rester en place pendant un certain temps.
- —S'accoter l'estomac, bien manger.
- Accotouer, n. c.—Dossier de chaise.
- Accoupler, v. a.
- Attacher, en parlant des wagons de chemins de fer.
- Accoupleur, n. m.—Homme d'équipe.
- Accoutumance, n. f.
- —Habitude.
- —Caprice, fantaisie. Ex. Ces enfants sont remplis d'accoutumances.
Ce mot qui, d'après Vaugelas, était déjà vieilli
au XVIIe siècle, est resté. Nous le trouvons dans Marot,
La Fontaine, Montaigne, Amyot et La Rochefoucauld, de
même que dans la dernière édition du Dictionnaire de
l'Académie.
- Accouver (s'), v. pron.
- S'accroupir, comme la poule qui couve.
- Accrapoutir, v. a.
- —Ecraser. Ex. Je vais t'accrapoutir comme une punaise.
- —Accroupir. Ex. Regarde Pierre, il est tout accrapouti
dans son banc.
- Accreire, v. a.
- —Accroire. Ex. Tu ne me feras pas accreire cela. Ce mot
vient du roman. En berrichon, accreire; en wallon, acreure;
en provençal, acreire.
- —S'en faire accreire, se donner de l'importance. Expression
vieillie qui, d'après Hatzfeld, veut dire gagner du crédit,
de l'autorité.
- Accrochat, n. c.
- Crochet ou patère qui sert à suspendre un chapeau, un
habit, etc.
- Accrocheter, v. a.—Accrocher.
- Accrochoir, n. m.—Même sens qu'accrochat.
- Accrochouer, n. m.—Accrochoir.
- Accroupiller (s'), v. pron.
- S'accroupir. Ex. Accroupille-toi par terre.
- Acculer, v. a.
- Eculer. Ex. Ses souliers sont acculés.
- Acculoire, n. f.
- Avaloire, pièce du harnais qui, fixée au brancard, descend
derrière les cuisses du cheval de timon, pour retenir la
voiture dans une descente.
- A celle fin que, loc.
- Afin que. Ex. Je vais aller vous voir à celle fin que vous
me rendiez mes livres.
- Acertainer, v. a.
- Certifier. Mot vieilli, et dont l'usage semble disparu ici.
- Achalage, n. f.—Ennui, embarras.
- Achalant, adj.
- Fatigant. Ex. Il fait un temps achalant.—Un individu
achalant.
- Achaler, v. a.
- —Blaguer, tromper. Ex. Cet homme s'est fait achaler dans
cette affaire.
- —Importuner. Ex. Va-t'en donc, tu m'achales.
- —Exciter le feu. Ex. Cours donc achaler le poêle.
- —Fatiguer, incommoder. Ex. Il fait un temps qui m'achale
au point de me rendre malade.
- Achalerie, n. f.—Ennui, fatigue.
- Achargnement, n. m.—Acharnement.
- Achargner, v. a.—Acharner.
- Achargner (s'),—S'acharner.
- Acharnation, n. f.
- Acharnement. Ex. Cet homme aime ses enfants, c'est une
véritable acharnation qu'il a pour eux.
- Acharnement, n. m.
- Attachement. Ex. Ma mère avait beaucoup d'acharnement
pour ses enfants.
- Achesser, v. a.
- Assécher. Ex. Mes habits sont mouillés, il faut les faire
achesser au soleil.
- Acheter, v. n.
- Devenir père d'un enfant. Ex. Les cloches sonnent un
baptême, sais-tu qui vient d'acheter?
- Achienneté, e, adj.
- Expression acadienne pour marquer l'attachement ou mieux
l'acharnement. Ex. Cet enfant est achienneté à sa mère.
- Achiffe, n. f.—Affiche.
- Achigan, n. m.
- —Poisson que la science a rangé dans l'espèce des microptères
Dolomiens. Ainsi appelé, parce qu'il est très commun
dans la rivière Achigan.
- —Manger un achigan, ne pas faire de points au jeu de whist.
- Achiquette, n. f.
- —Se dit du bois que l'on corde sous forme d'échiquier,
c'est-à-dire en plusieurs carrés.
- —Plancher en achiquette, parquet posé par carrés.
- A clair (tout), loc.
- Distinctement. Ex. Je l'ai entendu tout à clair.
- Acmoder, v. a.
- Accommoder. Ex. Acmoder du poisson.
- A cœur d'année, loc. adv.
- Toute l'année. Ex. Il me faut endurer ce paresseux-là à cœur d'année.
- A cœur de jour, loc. adv.
- Toute la journée, du matin jusqu'au soir. Ex. Travailler
à cœur de jour.
- A cœur jeun, loc. adv.
- A jeun. Ex. Le docteur me fait prendre ses bolus à cœur jeun.
- A compte (en), loc. adv.
- A compte. Ex. J'ai reçu dix piastres en à compte. On peut
dire: J'ai reçu un acompte de dix piastres, ou dix piastres
à compte.
- Aconnaître, v. a.
- Connaître. Ex. Pierre est revenu des Etats; il a eu de la
misère à se faire aconnaître.
- Acouillau, acoyau, n. m.
- Coyau, pièce de bois posée sur la base des chevrons et l'angle
du mur, de manière à dépasser la saillie de l'entablement
et à former l'avance de l'égoût du toit.
- A coup, d'à coup, loc.
- Subitement. Ex. Le vent s'est élevé d'à coup.
- Acoustique, n. f.
- Récepteur. Cylindre évasé qu'on appuie sur l'oreille pour téléphoner.
- Acquéreuse, n. f.
- Acquéreur. Ce féminin a été rejeté par l'Académie.
- Acquêt, n. m.
- Gain, profit, chance. Ex. Tu as autant d'acquêt de ne pas
te mêler de cette affaire. Mot vieilli, mais français.
- Acte, n. m.
- Loi. Les Actes sont le journal où sont consignés des actes:
les Actes du parlement anglais, les Actes des Apôtres.
D'après le B. P. F., acte pour loi est très approprié.
- * Acter, v. n.
- Tenir un rôle de théâtre. Ex. Ce Monsieur acte à la perfection.
(Angl.) Autrefois acter se disait pour dater les actes.
- A désamain, loc.
- Qui n'est pas à la main. Ex. J'irais bien me loger à Saint-Roch,
mais c'est trop à désamain.
- A dire le vrai, loc.
- A vrai dire, pour parler franchement. Ex. A dire le vrai,
c'est une grosse besogne que de faire un dictionnaire.
- Admettable, adj.—Admissible.
- Admission, n. f.
- Aveu. Ex. Le prisonnier a fait l'admission de son crime.
- Adon, n. m.
- —Effet du hasard, de la chance. Ex. Quel adon! Que je
suis chanceux! Adon voulait dire autrefois don, présent.
- —Habileté, talent. Ex. C'est un homme qui a de l'adon
pour faire de belles choses, des petits chefs-d'œuvre.
- Adonner, v. a. et n.
- —Etre favorable. Ex. La marée adonne, allons à la pêche.
- —Jouer une carte de même couleur. Ex. J'ai joué du
cœur, adonne.
- Adonner (s'), v. p.
- —Convenir. Ex. Cet individu t'adonne-t-il, toi?
- —Effet du hasard. Ex. Je m'adonnais à passer par chez
vous, quand tu m'as appelé.
- —S'accorder, marcher en harmonie. Ex. Ces deux cousins
s'adonnent bien ensemble.
- * Adresser, v. a.
- Porter la parole devant une assemblée. (Angl.)
- Adret, te, adj.
- Adroit. Ex. Ce menuisier est adret, ce médecin est adret.
S'entend non seulement de la dextérité du manœuvre,
mais aussi du savoir et de l'intelligence.
- Adroisse, n. f.—Adresse.
- Affaire, n. f.
- —Faire son affaire, s'enrichir. Ex. Ce marchand fait son
affaire.
- —Faire l'affaire à quelqu'un, le punir, le mettre à la raison.
Ex. Si cet individu revient ici, je lui ferai son affaire.
- —Etre d'affaire, être habile en affaires.
- —Avoir affaire à quelqu'un Ex. Si tu ne me payes pas,
tu auras affaire à moi.
- —Pas d'affaire, non, je ne veux pas.
- Affaires, n. f. pl.
- —Effets, lingerie. Ex. Déménage au plus tôt toutes tes
affaires.
- —Faire ses affaires, aller à la garde-robe.
- Affecté, e, adj.—Prétentieux, vaniteux.
- * Affecter, v. a.
- Influencer. Ex. Rien ne saurait affecter mon vote à la
Chambre, ni promesses, ni menaces, etc. (Angl.)
- Afficolant, adj.—Inutile, nuisible. (Expr. acadienne)
- Afficots, Affiquiots, n. m.
- Affiquet, ajustement de femme. Ex. Cette femme a mis
tous ses afficots, c.-à.-d. qu'elle affiche toutes ses parures,
colliers, bracelets, épingles, etc.
- Affidavid, n. m.
- Affidavit, déclaration avec serment faite devant une autorité.
- Affiler, v. a. et n.
- —Tailler en pointe, aiguiser. Ex. Mon crayon est mal affilé.
- —Amadouer. Ex. Pour le convaincre, il faut d'abord l'affiler.
- —Se préparer. Ex. Affile-toi pour partir bientôt.
- —Aligner, mettre à la file.
- Affirmative (dans l'), loc.
- —Affirmativement. Ex. Quelle réponse ferez-vous? Je
répondrai dans l'affirmative, cela vaudra beaucoup mieux.
- Affligé, e, adj.
- —Malade. Ex. Une personne affligée des yeux, des oreilles.
- Affrancher, v. a.—Hongrer, procédé qui vient de la Hongrie.
- Affranchir, v. a.
- —Châtrer, hongrer.
- —Greffer.
- —Civiliser les nations sauvages, les tirer de la barbarie.
- Affranchisseur, n. m.—Châtreur de bestiaux.
- Affronter, v. a.
- —Tromper impudemment.
- —Aborder de front, rencontrer face à face.
- Affûtage, n. m.—Tir à l'affût.
- Affûteur, n. m.—Tireur à l'affût.
- Affûts, n. pl.
- Ruses, dissimulation. Ex. Vos affûts me laissent absolument
froid, je saurai m'y soustraire.
- Afistoler, v. a.
- Arranger, se parer, se mettre beau, rafistoler.
- —Enjôler.
- —Raccommoder.
- —Remettre à neuf. Ex. Afistoler un vieil habit.
- * Aft. (m. a.)—A l'arrière. (Terme de marine.)
- Agacer, v. a.
- —Produire sur les dents une sensation désagréable provenant
de la saveur aigre ou acide. Ex. L'alun agace les
dents.
- —Emousser une scie.
- * Agate, (Angl.)
- Parisienne ou Sédanaise. 5½ points. (T. d'impr.)
- Age, n. f.
- Age, n. m. Ex. Nous sommes tous deux de la même âge.
- Age (à bout d'), loc.
- Très vieux. Ex. Etre rendu à bout d'âge.
- Age (être en), loc.
- —Avoir atteint la majorité, l'âge de vingt et un ans. Ex.
Maintenant que tu es en âge, tu vas jeûner pendant le
carême.
- Age (hors d'), loc.
- Très vieux. Se dit surtout des animaux. Ex. Mon cheval
blanc est hors d'âge, ménageons-le.
- Agent, n. m.
- —Agent de station, chef de gare.
- —Agent de télégraphe, télégraphiste.
- —Agent des Terres de la Couronne, officier préposé à la vente
des terres.
- —Agent des passagers, employé préposé au service des voyageurs.
- Ageter, v. a.—Acheter.
- Ageteur, euse, n. m. et adj.—Acheteur.
- Agets, ajets, n. m. pl.
- Les agets sont les douze jours qui commencent avec la Noël
pour finir aux Rois; la température de chacun d'eux sert
de pronostic pour les douze mois de l'année qui va commencer.
Ainsi Noël, c'est janvier, le 26 décembre, février,
etc., etc.
- M. Rivard signale, dans le B. P. F. (v. 2. p. 39-41), que
le mot aget s'emploie différemment dans certaines parties
de la province de Québec: présage, pronostic, dans la
région de St-Hyacinthe; êtres d'une maison, dans la région
du Saguenay et dans le comté de Charlevoix; comble de la
mesure, dans le comté de Dorchester.
- Aget veut dire habitude, manière d'être. On dit ajeu à
Caen, et agi dans le patois de Provence.
- Agever, v. a.—Achever. Ex. Cette femme est belle agevée.
- Agir (en), loc.
- En user. Ex. Il faudra que tu en agisses bien avec cet
homme-là, c'est-à-dire que tu t'en serves de manière à le
satisfaire.
- Agoïen, enne, n. m. et f.
- Acadien. Ex. Ce doit être un agoïen de Madawaska, il
parle pas comme tout le monde.
- Agoniser, v. a.
- Accabler d'injures, agonir. Ex. C'est une mauvaise langue,
il m'a agonisé de bêtises.
- Agoucer, v. a.
- Exciter, irriter. Ex. N'agouce pas le chien, il est malin.
Agoucer paraît être une corruption d'agacer.
- Agrafe, n. f.—Fermoir d'un livre, d'un porte-monnaie.
- Agrafer, v. c.
- —Saisir au passage et retenir. Ex. Cet importun m'a agrafé,
c'est-à-dire, il m'a retenu en s'accrochant à mon bras.
- —Orthographier. Ex. Un homme qui agrafe mal.
- Agrains, n. m. pl.
- Criblures, résidu de ce qui est passé au crible.
- Agrayer, v. a.
- Gréer, garnir un bâtiment, un mât, de voiles, poulies, cordages.
- Agréient, n. m.
- Ingrédient, ce qui entre dans la composition d'un médicament,
d'une boisson.
- Agrément, n. m.
- Plaisir, joie. Ex. Nous avons eu beaucoup de plaisir, sans
compter l'agrément. Vaugelas avait condamné ce mot
qui, de son temps, s'écrivait agreement.
- Agrès, n. m.
- —Engins de pêche.
- —Outils.
- —Personne désagréable.
- —Attelage d'un cheval.
- Agréyer, v. a.—(V. Agrayer).
- Agréyer (s'), v. pr.—S'habiller en vue d'une promenade.
- Agréyer (se faire), loc.—Se faire donner des coups violents.
- Agréiable, adj.—Agréable.
- Agricher, v. a.—Saisir, mettre les crocs sur une proie quelconque.
- Agripper, v. a.—Prendre avidement, accrocher. (Fr. fam.)
- Agripper (s'), v. pr.—S'agriffer, s'attacher avec les griffes.
- Agrouer (s'), v. pr.—S'accroupir.
- Aguette (d'), loc.
- En tapinois. Ex. Cette femme marche d'aguette. Le vieux
français nous a laissé le mot agait, guet, veille, et aguaiter,
guetter.
- Aguettes (aux), loc.
- Aux aguets. Ex. Notre servante est toujours aux aguettes
pour renifler nos paroles.
- Agurir, v. a.—Ahurir, ennuyer, troubler.
- Agurissement, n. m.—Ahurissement.
- Ahan, n. m.
- Effort qui essouffle le travailleur, le bûcheur.
- Aider à quelqu'un.
- Aider quelqu'un, le secourir, l'assister. Aider à quelqu'un
signifie contribuer à son travail.
- Aiduille, n. f.—Aiguille. Ex. Une aiduille à laine.
- Aiduillée, n. f.—Aiguillée. Ex. Une aiduillée de fil.
- Aigle pêcheur, n. m.—Balbuzard (faucon) de la Caroline.
- Aigrefin, n. m.—Etre faible, de complexion délicate.
- Aigrettes, n. f. pl.—Fétus du chanvre ou de lin.
- Aiguillettes (en), loc.
- En pièces. Ex. En voulant réparer un meuble, je l'ai mis
en aiguillettes.
- Aillère, n. f.
- —Œillère, dent canine de la mâchoire supérieure.
- —Œillère, visière.
- Aillis, n. m.—Taillis, broussailles.
- Aïol, n. m.—Aïeul.
- Ain, n. m.—Haim, hameçon.
- Air, n. f.
- S'emploie souvent au féminin, mais à tort. Ex. L'air est
fine ce matin, il fait un froid de loup.—Jouer une belle air
de piano.
- Air, n. m.
- —Erre, allure, train, vitesse. Ex. Si tu veux sauter plus
haut, prend plus d'air.
- —Arrhes. Ex. Je lui ai donné une piastre d'air.
- —Souffle. Ex. Impossible d'aller en chaloupe aujourd'hui,
il n'y a pas un air de vent.
- —Etre en air, être disposé, être en veine. Ex. Je suis en
air de travailler ce matin.
- —Se donner des airs, affecter certaines prétentions.
- —Vivre de l'air du temps, vivre de rien ou de peu de chose.
- —Monter en l'air, monter haut.
- —Etre en l'air, être très gai.
- —Avoir de l'air, se tromper. Ex. Quelle heure est-il? Il
est deux heures. T'en as de l'air! il est quatre heures.
- —Donner un air d'aller, donner un élan.
- —Perdre son air, perdre son aplomb.
- —Faire de l'air, laisser passer l'air extérieur. Ex. Une
croisée qui fait de l'air.
- —Prendre l'air, laisser passer l'air de l'intérieur à l'extérieur.
Ex. Une pompe qui prend l'air.
- —Avoir de faux airs, ressembler vaguement. Ex. L'enfant
a de faux airs de sa mère.
- Airer, v. a.
- Aérer, ventiler. Ex. Aire le salon comme il faut.
- Airrhes, n. f. p.
- Arrhes, argent donné à l'avance pour assurer l'exécution
d'un marché.
- Airs, n. m. pl.
- Etres, aîtres. Ex. Je connais tous les airs de cette maison,
c'est-à-dire la disposition des diverses parties d'une maison.
- Ajambée, n. f.—Enjambée.
- Ajamber, v. a.—Enjamber.
- Ajouter à quelqu'un.
- Ex. Je lui ajoutai, pour j'ajoutai à ce que je lui ai dit.
- Al, alle, pron. pers. f.
- Elle, devant une voyelle ou une h muette. Ex. Alle est
allée à la messe.
- Alalime, adv. et adj.
- —Unanimement. Ex. Notre candidat a été élu alalime.
- —Unanime. Ex. Etes-vous alalimes pour régler cette
question?
- Alan, n. m.—Elan.
- Alarte, adj. f.—Alerte.
- * Alderman, (al-deur-mane).—(m. a.)
- Conseiller municipal.
- Alener, v. a. et n.
- —Anneler, mettre un anneau dans le groin d'un cochon.
- —Agneler.
- Alentir, v. a.
- Ralentir. Molière a employé alentir.
- Alentir (s'), v. pr.—Se ralentir.
- Alentour, adv.
- Autour. Ex. Qu'as-tu à rôder alentour de moi? Il ne faut
pas confondre autour avec alentour, dit la grammaire.
- Alentours (dans les), loc.
- Environ. Ex. Mon père a dans les alentours de cinquante ans.
- Algonquin, n. m.
- —Personne d'apparence bizarre, mal vêtue.
- —Langage incompréhensible. Ex. Qu'est-ce que tu baragouines?
Parles-tu l'algonquin?
- Ali, e, adj.
- Pâte mal cuite. Ex. Ce pain est mal cuit, il est ali.
- A lieur de, loc. adv.
- Au lieu de. Ex. Je lui ai recommandé d'aller aux vêpres,
a lieur de cela, il est allé au Nickel.
- Alimal, alimaux, n. m.
- Animal, animaux.
- Alise, n. f.—Bourdaine.
- Alitré, e, adj.
- Avivé, légèrement enflammé. Ex. Cet enfant a les joues alitrées.
- * All aboard al-a-bôrde (m. a.)
- En voiture! En voiture!
- Allable, adj.
- Action d'aller. Ex. Les chemins sont dans un état terrible,
ce n'est pas allable.
- Allant, part. pr. du verbe aller.
- Bien ou mal disposé à marcher. Ex. Mon cheval n'est pas
allant, aujourd'hui.
- Allant à dire, loc.
- De nature à laisser croire ou entendre. Ex. Il s'est servi
d'une expression allant à dire que j'avais faussé la vérité.
- Allébore, n. m.—Ellébore.
- Allège, adj.
- Lège, à vide, non chargé. Ex. Ma voiture est allège, embarque
tes valises.
- Allégéance, n. f.—Allégeance.
- Allégir, v. a.
- Alléger. Ex. Depuis la dernière fois que je me suis pesé,
j'ai allégi de dix livres.
- Allégir (s'), v. pron.
- —Diminuer son fardeau.
- —Se soulager. Ex. Je lui ai dit ma façon de penser, cela
m'a beaucoup allégi, car j'en avais gros sur le cœur.
- Allégué, n. m.
- Allégation, Employé substantivement, le mot allégué a
rencontré beaucoup d'adversaires, parce qu'il n'est pas
reconnu par l'Académie et qu'il ne se rencontre pas dans
les dictionnaires, à l'exception de Littré. L'usage que nous
en faisons en Canada a rendu ce mot presque indispensable,
et allégué restera.
- Allemagne, n. c.
- —Ecole d'Allemagne, école normale.
- —Argent d'Allemagne.. Ex Cette cuiller est en argent
d'Allemagne; métal qui vient d'Allemagne.
- Aller, v. n.
- Ce mot s'emploie dans différentes acceptions:
- —Ex. Aller sur la soixantaine, avoir dépassé cinquante-neuf
ans.
- —Aller au prêtre, requérir ses services.
- —Aller le train de la blanche, très doucement.
- —Aller piamme-piamme, aller petit train.
- —Aller au contraire, contester, contredire.
- —Y aller, commencer. Ex. Allons-y, mon cher, l'ouvrage
commande.
- —Aller de trian, de biais.
- Aller (à), loc.
- Où aller. Ex. J'ai encore deux places à aller.
- Aller (s'en), v. pr.
- —Arriver. Ex. Il s'en va midi.
- —Etre à l'article de la mort. Ex. Je t'assure que notre
malade s'en va.
- Aller (se faire), loc.
- Expédier vite une affaire, un ouvrage quelconque. Ex. Si
tu veux réussir, tu as besoin de te faire aller. Expression
populaire employée, en France, pour signifier berner.
- Aller d'venir.
- —En sens opposé. Ex. Mon mal part du cou et vient finir
dans le bas du dos, frotte-moi avec du liniment aller
d'venir.
- —Course rapide. Ex. J'arrive du marché, je n'ai fait
qu'aller d'venir.
- * Alley, (m. a).—Bille en verre de couleur, boulet.
- * All fours, al fôrze (m. a.)—Impériale. (T. de jeu de cartes).
- Allonge, n. f.
- Annexe, prolongement apporté à une maison. Ex. Ma
maison fait face à la rue Hébert, mais j'ai fait construire
une allonge sur la rue Laval.
- Allonger (s'), v. pr.
- —Payer. Ex. Il a bien fallu qu'il s'allongeât de cinquante
piastres.
- —Se coucher, s'étendre de tout son long. Ex. N'ayant
pas de lit pour m'y coucher, je me suis allongé par terre.
- Allouance, n. f.
- —Concession. Ex. Tu me feras bien une petite allouance
de cinq par cent.
- —Réserve, espace de terrain réservé pour les chemins.
- Allumé, adj.
- Légèrement pris de vin. En France, la même expression
s'emploie pour dire être abreuvé.
- Allumer, v. n.
- Se reposer. Ex. Pierre, entre donc allumer, nous allons
rire. Le mot pipe est évidemment sous-entendu, mais
comme la question peut être aussi bien adressée à un passant
qui ne fume jamais, le sens de se reposer nous paraît le
plus rationnel.
- Allure, n. f.
- —Démarche. Ex. Voici une personne de belle allure.
- —Bon sens, entrain. Ex. Cette chanson n'a pas d'allure,
cette danse a beaucoup d'allure.
- Almenach, n. m.
- Almanach.
- Alorsse, adv.—Alors.
- Alouette branle=queue, n. f.—Maubèche tachetée.
- Alouette des prés, n. f.—Maubèche à poitrine cendrée.
- Alouette pipi, n. f.—Farlouse de la Louisiane.
- Alouette solitaire, n. f.—Chevalier solitaire.
- Alphabette, n. f.—Alphabet, n. m.
- Alsphate, n. m.—Asphalte.
- Altérage, n. m.—Atterrage, rive glacée d'une rivière.
- Altère, n. f.—Artère.
- Alton (fil d'), n. m.
- Fil de laiton. Autrefois laton ou leton se disait.
- Alumelle, n. f.
- —Lame d'un canif, d'un couteau.
- —Surplis sans manche.
- Aluminum, n. m.—Aluminium.
- A maille et à corde, loc.
- —A bout de ressources. Ex. Ce pauvre diable est rendu
à maille et à corde. Clapin cite l'expression à mâts cordes
parmi les canadianismes, pour signifier la même chose.
- —Péniblement. Ex. Travailler à maille et à corde.
- A main, loc.—Commode, à la main.
- Amalgamation, n. f.—Fusion, union.
- Amalgamer, v. a.
- Unir, fondre ensemble. Ex. Ces deux compagnies de
chemin de fer vont être amalgamées.
- Amancher, v. a. et n.
- —Ajuster, mettre en ordre. Ex. Cette femme est bien mal
amanchée.
- —Arranger. Ex. C'est une affaire qui a été mal amanchée.
- —Tromper. Ex. Ce gars-là m'a amanché de la belle façon.
- —Emmancher, mettre un manche.
- —Donner, flanquer. Ex. Baptiste m'a amanché un coup
de poing qui m'a fait voir trente-six chandelles.
- —Aboucher. Ex. Amancher des tuyaux.
- Amancher (s'), v. pr.
- —S'habiller. Ex. Il fait un temps de chien, je ne sais
vraiment comment m'amancher.
- —Prendre ses mesures. Ex. Je vais m'amancher de telle
façon qu'il n'aura pas le dernier mot.
- —S'emmancher. Ex. Je te dis que ça s'amanche pas de
même.
- Amanchure, n. f.
- —Manière dont une personne ou une chose sont terminées.
Ex. Comme tu est mal habillé! quelle amanchure?
- —Affaire mal arrangée et incompréhensible.
- —Ouvrage mal fait.
- Amant, n. m.—Aimant. Ex. Voici de la pierre d'amant.
- Amarinades, n. f.—Marinades, conserves au vinaigre.
- Amarinages, n. f.—Marinades.
- Amariner, v. a.
- —Mettre des légumes en conserves.
- —Semoncer. Ex. Je me suis fait amariner par mon père,
qui était de mauvaise humeur.
- Amarrer, v. a. et n.
- —Attacher. Ex. Amarrer ses souliers.
- —Arrêter. Ex. Il y a assez longtemps que nous travaillons,
amarrons.
- —Joindre les deux bouts. Ex. A force d'économie, j'ai
fini par amarrer.
- —Avoir égalité de votes. Ex. Nos deux candidats ont
amarré, ils ont reçu chacun 2250 votes.
- Dans le principe, amarrer signifiait préparer un navire pour
la mer, et plus tard arranger, mettre en ordre.
- Amassis, n. m.—Ramassis, amas.
- A matin, loc.
- Ce matin. Ex. Crois-tu qu'il fait beau, à matin.
- Ambiber, v. a.—Imbiber.
- Ambine, n. f.
- Lien fait de branches flexibles qui relie les bâtons d'un traîneau.
- Ambitieux, euse, adj.—Orgueilleux.
- Ambition, n. f.
- —Orgueil.
- —Rivaliser. Ex. Ils sont tous deux à l'ambition, c'est à
qui en fera le plus.
- —Persévérer, être courageux. Ex. C'est un homme qui
travaille d'ambition, aussi réussit-il.
- Ambitionner (s'), v. pr.
- S'entêter, s'efforcer plus que de raison. Ex. Plus je travaille,
plus je m'ambitionne pour finir plus vite.
- Amblette, n. f.
- —Hart tordue pour lier les piquets de clôture.
- —Carcan de bois qui sert à attacher les bêtes à cornes dans
l'étable.
- Ambre, n. m.—Amble.
- Ambrer, v. n.—Ambler, aller l'amble.
- Ambreur, n. m.—Ambleur, cheval qui va l'amble.
- Ame en peine, n. f.
- Individu qui promène son chagrin un peu partout.
- Amelette, n. f.—Omelette.
- Amen.
- Jusqu'à amen, jusqu'à épuisement. Ex. Je lui ai chanté
pouilles jusqu'à amen. Amen est un mot hébreu.
- Amendement (en).
- Comme amendement. Ex. Nous proposons en amendement
à la motion, les mots qui suivent.
- Amener, v. a.
- Produire. Ex. Puisque tu prétends cela, amène tes preuves.
- Américain, n. m. et f.—Citoyen, citoyenne des Etats-Unis.
- Américanisation, n. f.
- Acte légal qui rend quelqu'un citoyen de la république des
Etats-Unis.
- Américaniser, v. n.
- Se faire naturaliser citoyen de la grande république des Etats-Unis.
- Amérique, n. f.
- Pour les Canadiens-Français en général, l'Amérique se confond
avec les Etats-Unis. Partir pour l'Amérique, c'est
traverser la ligne frontière entre le Canada et les E.-U.
- Ames (les), n. f. pl.
- Les âmes détenues dans le purgatoire. Ex. Je promets, si
je réussis, de faire dire une messe pour les âmes.
- Ames (les bonnes), n. f. pl.—Les âmes du purgatoire.
- Amet, n. m.—Lumière, balise, point de repère, jalon.
- Ameuiller, v. n.
- —Se dit d'une vache très avancée dans sa gestation.
- —Arriver au but, finir. Ex. Ameuille donc, termine ton
ouvrage.
- Ami, n. m.
- —Amis comme cochons, amis inséparables, par allusion au
cochon de saint Antoine.
- —Il n'y a pas à dire mon bel ami, inutile d'hésiter.
- Amiauler, v. a.—Amadouer.
- Amicablement, adv.—Amiablement.
- Amiqué, n. f.—Amitié.
- Amlette, n. f.
- Omelette. Ex. Manger des amlettes au lard.
- Amollir (s'), v. pr.
- S'adoucir. Ex. Le temps s'amollit, le froid achève.
- Ammunition, n. f.
- Munition de chasse ou de guerre.
- Amont, adv.
- —Contre. Ex. Ne grimpe pas amont la clôture.
- —Parmi. Ex. Il était amont les autres gars.
- —Au milieu. Ex. J'ai trouvé un nid d'oiseau amont le blé.
- Amont (d'), loc.
- Auprès de. Ex. Veux-tu bien t'ôter d'amont moi?
- Amonter (s'), v. pr.
- Monter. Ex. Votre billet s'amonte à cinquante piastres.
- Amorphosé, v. p.
- Métamorphosé, absorbé dans ses pensées au point d'être
comme immobilisé. Ex. Remue-toi donc, es-tu amorphosé?
- Amouneter, v. a.
- Admonester. Expression plutôt acadienne, signifiant calmer.
- Amour, n. m.
- —Tomber en amour, devenir amoureux.
- —Etre en amour, être amoureux.
- —Faire l'amour, faire la cour à une personne du sexe.
- —Pomme d'amour, pomme d'api.
- Ampas, n. m.
- —Appât.
- —Entraves. Liens fixés aux pieds d'un cheval pour gêner
sa marche.
- Lampas. Engorgement de la membrane qui tapisse le palais
des jeunes chevaux.
- Ampâter, v. a.—Amorcer, garnir d'une amorce.
- Ampouille, n. f.—Ampoule.
- Ampouler, v. a.—Produire des ampoules, des boursouflures.
- Amusard, adj. et n.
- Homme loquace, qui prend du plaisir à perdre son temps et
à faire perdre le temps des autres, un musard.
- Amusement n. f.
- Amusement, n. m. Ex. C'est une belle amusement.
- Amuser (s'), v. a.
- —S'arrêter en route. Ex. Amusons-nous point, le temps
presse.
- —Amuser le temps, perdre le temps en niaiseries.
- Amuseux, adj.
- —Amuseur, enjôleur.
- —Musard, négligent.
- Amusouère, n. m.—Amusoire, moyen d'amuser.
- Anales, n. f. pl.
- Annales. Ex. Je suis abonné aux Anales de la Bonne Sainte-Anne.
- Anbandon, n. m.—Abandon.
- Anbandonner, v. a.—Abandonner.
- Ancanter, v. a.
- Appuyer, donner une position plus stable et plus confortable.
Ex. Ne bouge pas, nous allons t'ancanter avec des oreillers.
- Ancanter (s'), v. pr.
- Se donner une position plus ou moins déclive dans un lit
ou un fauteuil.
- Anchet, n. m.
- —Appât.
- —Ver de terre.
- Ancre (à l'), loc.
- Ne rien faire. Ex. Pierre a perdu sa place, le voilà de
nouveau à l'ancre.
- Ancre de perle, n. m.
- Nacre de perle. Ex. Un chapelet en ancre de perle a été
perdu dans cette église. Prière de le remettre au bedeau.
- Ancrer, v. n.—S'asseoir pour longtemps.
- Andille, n. f.—Anguille.
- Andouille, n. f.
- —Individu mou, sans ossature. Ex. Va travailler, espèce
d'andouille.
- —Dépendeux d'andouilles, v. Dépendeux.
- Ane, n. m.
- —Faire l'âne pour avoir de l'avoine, feindre d'ignorer une
chose pour se la faire redire.
- —Agir de bonne foi comme un âne qui pète, avec la meilleure
foi du monde.
- Ange, n. m.—Papillon de nuit.
- Ange cornu, n. m.
- Individu, qui sous des apparences angéliques, mérite la défiance.
- Angel's cake endjèle kéke (m. a.)—Gâteau des anges.
- Angelu, n. m.—Angelus.
- Angencement, n. m.—Agencement.
- Angencer, v. a.—Agencer.
- Angenouiller (s'), v. pr.—S'agenouiller.
- Anges (gâteau des), n. m.
- Gâteau léger, très sucré, sous forme d'anneau.
- Anglaise, n. f.
- Jouer à l'anglaise (Terme de jeu de balle). Frapper la balle
d'une façon particulière et très élégante. Ex. Cet écolier
a une belle anglaise.
- Anglification, n. f.
- Fait de devenir anglais. Ex. Il est souvent question au
Canada de l'anglification de la race française.
- Anglifier (s'), v. pr.
- S'angliciser. Ex. Les Canadiens-Français n'ont pas l'air
décidés de s'anglifier de sitôt.
- Anguille=brûle, n. f.
- Cache-tampon. Jeu d'enfants où l'on cache un mouchoir
roulé en tampon, que l'un des joueurs doit chercher et
dont il frappe, lorsqu'il l'a trouvé, ceux qu'il peut atteindre.
- Anguille de roche, n. f.—Ammodyte d'Amérique.
- Animau, n. m.—Animal.
- Anis sauvage, n. m.
- Aralie à fleurs en grappe. Racine aussi grosse que le bras,
recommandée comme ingrédient dans la petite bière
d'épinette.
- Anmorcer, v. a.—Amorcer.
- Anmorphoser, v. a.
- Métamorphoser. V. Amorphosé.
- Anmouracher (s'), v. pr.—S'amouracher.
- Anneau, n. m.
- Rond, coulant. Ex. Passe-moi donc mon anneau de serviette.
- Année de la grande noirceur.
- Il y eut plusieurs noirceurs en Canada, mais la plus célèbre
remonte à l'année 1785 (15 octobre). Ex. Un tel est
venu au monde l'année de la grande noirceur.
- Année du grand choléra.
- Année 1832, qui vit mourir en quatre mois plus de 3500 personnes.
- Année du grand dérangement.
- Année 1755, qui a été témoin de la dispersion de nos frères
de l'Acadie en terre étrangère.
- Année du siège.
- Année 1759. Nos ancêtres faisaient remonter à cette année-là
une foule de choses et d'objets antiques.
- Année fiscale, n. f.
- Exercice financier qui embrasse une période de douze mois.
Dans la Province de Québec, l'année fiscale commence le
1er jour de juillet.
- Années (les bonnes), n. f. pl.
- Dicton populaire, qui veut qu'autrefois les récoltes étaient
plus abondantes que celles d'aujourd'hui. Alors c'était
l'âge d'or, les bonnes années.
- Annexion, n. f.
- Incorporation des Canadiens au peuple de la république des Etats-Unis.
- Annexionniste, n. m.
- Partisan de l'annexion du Canada aux Etats-Unis.
- Annoncer, v. n.
- Bien paraître. Ex. Cet enfant annonce bien.
- Annuiter (s'), v. pron.
- Se laisser surprendre par la nuit. Expression déjà démodée
en France au XVIIe siècle.
- A noir, loc.
- Entièrement, complètement. Ex. Nous avons vendu nos
gants à noir. J'ai clairé à noir toute cette marmaille.
- Anouillère, adj.
- Se dit d'une vache, lorsqu' elle continue de donner du lait
sans avoir de veau. Dans la Vendée, on dit nolière. Nous
disons aussi anoyère, ennayère.
- Anpât, n. m.—Appât.
- Anpâter, v. a.—Appâter.
- Anpauvrir, v. a.—Appauvrir.
- Anpauvrir (s'), v. pr.
- S'appauvrir, perdre sa fortune ou sa santé.
- Anse, n. m.—Anse, n. f.
- Ansillon, n. m.
- Espèce de col de cornue par où l'anguille fait son chemin
pour aller s'emprisonner dans un coffre de bois.
- Antéchrit, n. m.—Antéchrist.
- * Anticipation, n. f. (Angl.)—Attente.
- * Anticiper, v. a. (Angl.)
- —Prévoir. Ex. J'anticipe des embarras sans nombre.
- —Empiéter. Ex. N'anticipons pas sur nos revenus.
- —Espérer. Ex. J'anticipe un grand succès dans cette
affaire.
- * Antimacassar, n. m. (Angl.)
- Dossier ou voile de fauteuil.
- Antiquités, n. f.
- Antiquailles, vieux objets de plus ou moins de valeur.
- Anvaler, v. a.—Avaler.
- * Anxieux, adj. (Angl.)
- Désireux. Ex. Je suis anxieux d'aller vous voir.
- Aouène, n. f.—Avoine.
- Août, n. m.
- Nous entendons souvent dire a-oût pour oût. Faute de prononciation.
- Aparcevance, n. f.
- —Apparence. Ex. La récolte a une belle aparcevance.
- —Action d'apercevoir. Ex. La première aparcevance que
j'en ai eue, ce fut à l'Auditorium.
- Aparcevoir, v. a.—Apercevoir.
- Aparçu, n. m.—Aperçu.
- Aparément, adv.
- Apparemment.
- Apart, n. m.
- Réserve. Ex. Je ferai un apart de cinq piastres pour toi
seulement.
- A part de, loc. adv.
- Excepté, à part. Ex. Personne ne viendra au lac, à part de
Jean, de toi et de moi.
- Apartement, adv.
- Apertement, au juste. Ex. Je ne sais pas apartement s'il viendra.
- Apçon, n. m.—Hameçon.
- Apetisser, v. a.—Rapetisser.
- A pic, loc.
- Susceptible. Ex. Cette femme est à pic, il faut s'en défier.
- Aplatir, v. a.—Battre, donner une très forte leçon.
- Aplatir (s'), v. pron.
- S'abaisser, s'humilier. Ex. S'aplatir devant les grands de
la terre.
- A plein, loc. adv.
- Beaucoup. Ex. Y avait-il beaucoup de monde à l'assemblée?
Il y en avait à plein.
- Aplomb, n. m.
- —Avec force. Ex. Je lui ai porté un coup aplomb.
- —Perdre son aplomb, se laisser aller au découragement.
- —Prendre son aplomb, reprendre ses sens, sortir d'un état
de faiblesse.
- Aplomber (s'), v. pr.
- —Se mettre d'aplomb. Ex. S'aplomber sur sa chaise.
- —Prendre ses précautions.
- A poil, loc. A cru. Ex. Je suis allé à cheval, mais j'étais à poil.
- Apola, n. f.—Ragoût d'alouettes. Mot sauvage.
- Apologie, n. f.—Faire des apologies, faire excuse.
- Apothèque, n. f.—Hypothèque.
- Apothéquer, v. a.—Hypothéquer.
- Apothicaire, n. m.
- Pharmacien. Ex. C'est un compte d'apothicaire que vous
m'avez fait, c'est-à-dire, un compte sur lequel il y aurait
beaucoup à rabattre.
- Appareiller, v. a. et n.
- —Préparer, habiller. Ex. Marguerite, appareille le petit
pour sortir.
- —Egaler. Ex. Cet homme est difficile à appareiller.
- —Dresser. Ex. Marie, appareille la table pour le dîner.
- —Apparier. Ex. Appareiller une paire de bas, de gants.
- —Comparer. Ex. Il n'y a pas moyen de mieux appareiller
ce gros homme qu'à une barrique.
- Appareiller (s'), v. pron.
- Se préparer à partir. Ex. Ma femme, appareillons-nous pour
le bal du Gouverneur.
- Apparence (d'), loc.
- Vraisemblablement, selon les apparences.
- Apparence que, loc.
- D'après l'apparence. Ex. Apparence qu'il va faire beau;
il va faire mauvais, apparence.
- Appartement, n. m.
- Pièce. Ex. J'ai une maison à louer; il y a cinq appartements,
je puis ne vous en louer qu'un seul.
- Appelable, adj.
- Sujet à appel, en terme de jurisprudence. Ce mot ne se
trouve pas dans le Dictionnaire de l'Académie, ni dans
plusieurs autres grands dictionnaires, cependant le B. P. F.
dit qu'il est français (III, p. 30).
- Appeler, v. a.
- —Convoquer.
- —Donner. Ex. Monsieur, Jean m'appelle des noms.
- Appelle (qui s'), loc.
- En règle, bien défini. Ex. Pierre a reçu une râclée qui s'appelle...
- Appétit, n. m.
- Désir de posséder. Ex. Cet homme est prêt à tout sacrifier
pour l'appétit de quelques piastres.
- * Applicant, n. m.
- Candidat, solliciteur. Ex. Il y a au moins vingt-cinq
applicants à la charge de gardien de nuit. (Angl.)
- * Application (faire), loc.
- Faire une demande. Ex. Je vais faire application pour
obtenir la place de messager. (Angl.)
- Appliquant e, adj.—Qui exige beaucoup d'application.
- Appliquer, v. n.—Faire une demande d'emploi. (Angl.)
- Appoint, n. c.
- —L'heure favorable. Ex. Je suis las d'attendre ses appoints.
- —Avantage. Ex. C'est un grand appoint que la réussite
de cette affaire.
- * Appointement, n. m.
- —Rendez-vous. Ex. J'ai un appointement avec le ministre
des terres pour deux heures. (Angl.)
- —Nomination. Ex. J'ai reçu mon appointement à raison
de cent piastres par mois.
- —Commodité. Ex. Attendre les appointements de Pierre
et de Jacques.
- * Appointer, v. a. (Angl.)
- —Nommer. Ex. Le docteur Isambart a été appointé coroner.
- —Fixer un rendez-vous. Ex. Je lui ai appointé un jour et
une heure pour une entrevue.
- Apport, n. m.—Etre à son apport, être à son compte.
- * Appraiser, v. a.—Evaluer, estimer. (Angl.)
- * Appraiseur, n. m.—Estimateur. (Angl.)
- Approbation, (en) loc.
- A l'essai, sous condition. Ex. J'ai acheté un chapeau en approbation.
- Approchants (dans les), loc.
- Approximativement. Ex. Cet animal pèse dans les approchants
de trois cents livres.
- Approche, (faire l')
- Sonder le cœur d'une jeune fille. Ex. Pierre a l'intention
de se marier, il vient de faire l'approche de ma sœur
Adèle.
- Approcher, v. a.
- Faire des propositions. Ex. Au sujet de ce que je t'ai
communiqué, as-tu approché ton frère.
- Appropir, v. a.—Rendre propre.
- * Appropriation, n. f.
- Argent, crédit voté par les corporations ou les gouvernements.
Ex. Nous serons payés à même les appropriations
de l'année courante. (Angl.)
- Approprier, v. a.—Affecter à un certain usage. (Angl.)
- Appui de chaise, n. m.
- Tringle en bois fixée au mur pour le protéger contre le
frottement des chaises.
- Apré! int.—Juron sans conséquence.
- Après, prép.
- —Poursuivre. Ex. Il est toujours après moi.
- —À. Ex. On est après travailler.
- —Le long de. Ex. Montons après le mur.
- —Sur. Ex. Vous avez de la peinture après votre habit.
Accotons-nous après la clôture.
- —Par derrière. Ex. Ferme la porte après toi.
- —Présence. Ex. Attends après moi.
- —Occupation. Ex. Il est après manger.
- Bossuet et Racine ont écrit: Je suis après à conclure. Pendant
qu'on était après à me saigner.
- Après vient-il de pressus, serré contre, ou du sanscrit parâ,
en arrière, et param, ensuite?
- Après (d'), loc.
- Selon. Ex. D'après moi, il fera beau demain.
- Après (en), loc.—Ensuite. Ex. Ceux-là viendront bien en
après.
- Après (par), loc.
- Ensuite, après. Expression française, mais bien vieillie.
- Apse, n. m.
- Asthme. Ex. Je souffre de l'apse depuis deux ans.
- A pu près, loc. adv.—A peu près, environ.
- A quat'pattissement, n. m.
- Le fait d'être à quatre pattes devant les pouvoirs publics, a
fait naître ce barbarisme qui n'a pas d'égal dans la langue,
à l'exception peut-être du mot struggleforlifer dont les
Canadiens-Français ne sont pas responsables.
- Aquer, v. a.—Amorcer un hameçon.
- Aquette, n. m.
- —Hoquet.
- —Acquet.
- Aragan, n. m.—V. Ouragan.
- Araignée, n. f.
- —Avoir une araignée au plafond, n'être pas sain d'esprit.
Expression correspondante à la locution latine musca in
cerebro citée par Du Cange.
- —Saxifrage sarmenteux. Plante de serres ou d'appartements,
cultivée dans un pot suspendu.
- A ras, loc. adv.
- Tout près. Ex. Mon verre est plein à ras le bord.—Coupe
cette tige à ras terre.—J'ai coupé la queue de mon chien
tout à ras je t'en prie.
- Arbe, n. m.—Arbre.
- Arboutant, n. m.
- —Terrain qui aboutit à un autre.
- —Propriétaire du terrain.
- —Aboutissant d'une terre.
- Arbre de vie, n. m.
- Cèdre blanc, ou thuja d'Occident; se trouve dans la région
du lac Saint-Jean, et sert à la fabrication du bardeau.
- Arcades, n. f.—Galeries de côté dans une église.
- Arcajou, n. m.
- Acajou. Ex. Tous mes meubles sont en bois d'arcajou.
- Arce, n. f.—v. Arse.
- Arche, n. f.
- Arc de triomphe. Ex. C'est demain la procession du Saint-Sacrement;
on a construit deux arches sur la rue St-Jean.
- Archette, n. f.—Archet.
- Archibête, adj.
- Très bête. Ex. Pierre est bête, mais Jean est archibête.
- Archidiocèse, n. m.
- —Diocèse à la tête duquel se trouve un archevêque.
- —Province ecclésiastique sous la juridiction d'un archevêque.
- Arcompter, v. a.—Recompter, compter de nouveau.
- Arçon, n. m.—Garçon. Ex. Viens ici, mon petit arçon.
- Ardille, n. f.—Argile. Au moyen âge on disait ardrille, arsille.
- Ardilleux, n. m. et adj.
- —Argileux.
- —Orgelet, petite tumeur inflammatoire qui se forme au
bord des paupières, en forme de grain d'orge.
- —Orgueilleux.
- Ardoiser, v. a.—Couvrir en ardoise.
- Arèche, n. f.
- —Arète de poisson. Ex. J'étouffe, j'ai avalé une arèche.
- —Pièce du parement d'un quai.
- Aregnée, n. f.—Araignée.
- A revoir, loc.—Au revoir.
- Arganeau, n. m.
- Organeau, anneau de fer où l'on attache un câble.
- Argardable, adj.—Qui mérite d'être regardé.
- Argardant, part.—Regardant.
- Argarder, v. a.—Regarder.
- Argent, n. m.
- —Jouer à l'argent, risquer de l'argent au jeu.
- —Argent de papier, papier monnaie.
- —Argent dur, monnaie d'argent.
- Argent, n. f.
- Argent, n. m. Ex. Est-ce de la bonne argent que vous
avez là?
- Argent mignon, n. m.—Argent que l'on garde au coffre.
- Argenté, adj.
- Riche. Ex. C'est un homme à l'aise, je t'assure qu'il est
argenté.
- Argenteries, n. f. pl.
- Argenterie. Ex. Je fais encan, et je vendrai toutes mes
argenteries. Louise, frotte donc nos argenteries.
- Argents, n. m. pl.
- Argent, fonds, deniers. Ex. Il vit à même les argents du
public.
- Argot, n. m.
- —Ergot. Ex. Joseph est monté sur ses argots, il devient
difficile de lui parler. Argot et ergot se disaient également
bien au XVIe siècle.
- —Ergot de seigle.
- Argoté, adj.—Ergoté. Ex. Un coq bien argoté.
- Arguer, v. n.—Argumenter, plaider.
- Arias, arrias, n. m.
- —Embarras, contrariété. Ex. Mes enfants me causent
bien du arias.
- —Attirail. Ex. Emporte tous tes arias avec toi.
- —Tumulte. Ex. Entends-tu le tapage des enfants? Quel
arias épouvantable!
- En France arias s'emploie bien dans le sens de tracas. Ex.
Que d'arias! Le vieux français disait arie.
- Aridelle, n. f.—Ridelle.
- * Arlepape, n. m. (Angl.)—Hornpipe, danse écossaise.
- * Arlepatte, n. m. (Angl.)
- Autre corruption du mot anglais hornpipe, danse très en
vogue autrefois parmi nos Canadiens.
- Arlevée, n. f.—Relevée. Ex. J'ai travaillé toute l'arlevée.
- Arlovée, n. f.—V. Arlevée.
- Armanach, n. m.—Almanach.
- Armette germain, adj.
- Issu de germain. Corruption de maître germain, cousin germain.
- Armière, n. f.—Ormière.
- Armise, n. f.—Remise.
- Armoire montante, n. f.
- Monte-plats ou monte-charge hissant les plats de la cuisine
à la salle à manger.
- Armoniaque, n. f.
- Ammoniaque. Ménage dit: «L'usage veut qu'on dise armoniac,
les Italiens disent de même armoniaco. Richelet
disait, en 1680, sel armoniac.» (Observ. sur la langue
française.)
- Arouser, v. a.—Arroser.
- Arousoir, n. m.—Arrosoir.
- Arouter, v. a.—Routiner, former par la routine.
- Arouter (s'), v. pr.—S'accoutumer, s'habituer.
- Aroutiner, v. a.—Accoutumer, habituer.
- Aroutiner (s'), v. pr.
- S'habituer, prendre l'habitude de quelque chose.
- Arpentage, n. m.
- Levée des plans. Ex. Pierre va faire l'arpentage de ma
terre.
- Arpenteur, n. m.
- Arpenteuse, chenille des phalènes dite géomètre. Ces chenilles
dépourvues de pattes au milieu du corps, ne marchent
qu'en se rapprochant les extrémités de manière à
se recourber le corps en forme d'un U renversé.
- Arrache=braquettes, n. m.
- Petit instrument en fer servant à arracher les broquettes.
- Arracher (en), loc.
- Eprouver de grandes difficultés. Ex. Les nouveaux colons
ont une grosse besogne à remplir, je te prie de croire
qu'ils en arrachent.
- Arracher (s'), v. pr.
- Se tirer d'embarras. Ex. Il travaille tellement, qu'il finira
par s'arracher.
- Arracher (se faire).
- Se faire enlever de force. Ex. Je me suis fait arracher pour
accepter son invitation.
- Arracher (se m').
- Disputer la présence. Ex. On m'invite de droite et de
gauche, enfin on se m'arrache.
- Arracheur de dents, n. m.—Menteur.
- Arracheux bon=temps.—Roger Bon-Temps. V. ce mot.
- Arrachis, n. m.
- —Arbre arraché.
- —Partie de forêt dont les arbres ont été dévastés par un
ouragan.
- —Branchages employés comme bois de chauffage par les
fabricants de sucre d'érable.
- Arrainement, n. m.
- Mise en accusation, au terme de la cour criminelle. Vieux
mot français introduit, comme bien d'autres, dans la procédure
anglaise au temps de la conquête de l'Angleterre
par les Normands. En le refrancisant, nous ne faisons
que prendre notre bien, notre butin, comme disaient
les Normands, et comme nous disons nous-mêmes. Le
verbe araisnier, cité par Godefroy, est un ancien mot qui
signifiait adresser la parole, accuser, assigner. C'est bien
l'origine du mot anglais arraignment. On avait dans le
même temps le mot araisnement, action d'adresser la
parole.
- Arrangeant, adj.
- De composition facile. Ex. Un homme bien arrangeant.
- Arrangement, n. m.
- —Conciliation. Ex. C'est un homme d'arrangement.
- —Arrangement d'hiver, d'été, service d'hiver, d'été sur les
voies ferrées.
- Arranger, v. a.
- —Réparer. Ex. Fais donc arranger ton habit.
- —Mettre quelqu'un à sa place. Ex. Il s'est fait arranger
de la belle façon.
- Arranger (s'), v. pr.
- —Se parer, s'habiller pour sortir. Ex. Arrange-toi de ton
mieux pour aller à l'église.
- —Se tirer d'embarras. Ex. Arrange-toi comme tu pourras,
je n'y peux plus rien.
- Arrangeur, n. m.
- Ouvrier qui répare. Ex. Voilà l'arrangeur de parapluies
qui passe, faisons-le entrer. Nous disons aussi, un arrangeur
d'horloges, de montres.
- Arraroute.—Arrow-root. (Angl.)
- Arrestation, n. f.
- Arrêt. Ex. Le juge a lancé un mandat d'arrestation.
- Arrêt, n. m.
- Repos. Ex. Cet homme n'a pas d'arrêt, il remue toujours.
- Arrêter, v. n.
- —Attendre. Ex. Arrête, je ne serai pas absent bien
longtemps.
- —Cesser. Ex. Arrête de me chanter pouilles.
- Arricot, n. m.—Pruche. Expression acadienne.
- Arriérages, n. m. pl.
- Arrérages.
- Arrière, n. m.
- Retard. Ex. Ma montre prend de l'arrière. Ce locataire
a de l'arrière sur son loyer.
- Arrimer, v. a.
- —Arranger, réparer. Ex. Arrime-moi donc le toupet, que
j'aie l'air de quelque chose.
- —Battre, malmener. Ex. Je me suis fait arrimer proprement.
- —Habiller, accoutrer. Ex. Mon tailleur m'a arrimé de
son mieux.
- —Avancer, se hâter.
- Arrimer (s'), v. pr.
- —S'habiller. Ex. Arrimons-nous de notre mieux avant de
partir.
- —Se placer, s'installer. Ex. Les sièges sont remplis,
tâchons de nous arrimer autrement.
- —Se mettre d'accord. Ex. Nos deux amis finiront par
s'arrimer, ils ont trop de bon sens.
- Arisée, n. f.
- Risée. V. ce mot. Le cheval qui se lance avec vitesse,
poussé par son conducteur, prend alors une arisée. Risée
se dit plutôt qu'arisée, mot cité par Clapin.
- Arriver, v. n.
- —Obtenir une belle position. Ex. Cet homme est enfin
arrivé à force de travail.
- —Concorder. Ex. J'ai vérifié les deux comptes, mais ça
n'arrive pas.
- Arriver avec quelqu'un.—L'égaler, lui tenir tête.
- Arroser, v. a.—Arroser un marché, boire en le concluant.
- Arroser (s'), v. pr.—S'arroser la luette, le gosier, boire.
- * Arrow=root, arorout. (m. a.)
- Fécule comestible tirée des racines de la marante, du curcuma,
etc. Mot usité en France.
- Arse, n. f.
- —Espace, place. Ex. Veux-tu me donner plus d'arse?—Il
n'y a pas d'arse à se mettre.—Faites de l'arse, là-bas.
- Arsoir, adv.—Hier soir. Marot a écrit hersoir.
- Artichoux, n. m.—Bardane.
- Artifailles, n. f. pl.—Afficôts. V. ce mot.
- Artisse, n. m.—Artiste.
- Arupiaux, n. m. pl.—Erypiaux, oreillons.
- Arvenir, v. n.—Revenir.
- As de pique, n. m.
- —Propre à rien.
- —Etre planté quelque part comme un as de pique, se tenir
debout de manière à gêner son voisin.
- A seule fin.
- Afin. Ex. Je t'ai fait demander à seule fin que tu règles
ton compte.
- Asile, n. m.
- Hospice d'aliénés. Ex. Cet homme est fou, mettez-le à
l'asile. C'est un craqué, il est mûr pour l'asile.
- Asparge, n. f.—Asperge.
- Aspargès, n. m.—Aspergès.
- Aspect, n. m.
- Apparence. Ex. Les récoltes ont un bel aspect.
- * Aspersions, n. f. pl.
- Attaques malicieuses, diffamation. (Angl.)
- Assaiye, n. m.
- Essai. Ex. Nous allons te mettre à l'assaiye.
- Assayer, v. a.—Essayer.
- * Assaut, n. m.—Voie de faits. (Angl.)
- Assavoir, v. et conj.
- —Savoir. Ex. Je vous écris pour vous faire assavoir de
mes nouvelles.
- —Savoir. Ex. Ils étaient deux, assavoir Jacques et Jean.
Molière s'est servi de ce mot dans son Tartufe:
- "Le bal et la grand'bande, assavoir deux musettes."
- Assemblée, n. f.
- Faufilage. Ex. Fais donc une assemblée pour que je puisse
terminer ma couture.
- Assembler, v. a.
- Faufiler, faire une fausse couture à longs points.
- Assermentation, n. f.
- —Prestation du serment.
- —Action d'assermenter quelqu'un.
- Assermenter, v. a.
- Attester par serment. Ex. Son témoignage a-t-il été assermenté?
- Assesseur, n. m.—Estimateur officiel.
- Asseyer, v. a.—Essayer.
- Assez, adv.
- —Tellement. Ex. Ai-je été assez bonasse que je l'ai cru
sur parole?
- —Assez bon. Ex. Michel est assez poète.
- Assinabe, n. f.
- Grosse pierre employée par les sauvages pour retenir au
fond de l'eau un filet, une seine.
- Assination, n. f.
- Assignation. Ex. Nous allons jouer aux cartes, mais pas
d'assination, s'il vous plaît.
- Assiner, v. n.
- Tricher au moyen de signes. Ex. Nous allons jouer au
quatre-sept, mais il est défendu d'assiner.
- Assir, v. a.—Asseoir. Ex. Tais-toi ou je vais t'assir.
- Assir (s'), v. p.
- S'asseoir. Ce mot est fort en vogue. Ronsard a dit: "Assisons-nous
sur cette molle couche."
- Assistance, n. f.
- Présence. Ex. Je suis allé à la conférence du juge Routhier,
l'assistance de mille personnes rendues pour l'écouter, lui
fait honneur.
- Assistant, n. m.
- —Adjoint. Ex. Je vais de ce pas chez l'assistant-commissaire
des terres.
- —Assistant-bibliothécaire, sous-bibliothécaire.
- Assister (s'), v. pr.—S'asseoir. Ex. Assistez-vous, monsieur.
- Associé, n. m.—Compagnon, ami.
- Associer avec, v. a.
- S'associer avec.
- Assommant, adj.
- Accablant. Ex. Cet orateur donne des raisons assommantes.
- Assommer, v. a.
- Abattre l'esprit. Ex. La perte de sa fortune l'a assommé.
- Assouer, v. a.
- Actionner, intenter un procès. Expression acadienne.
- Assumer, v. a.—Prendre charge. Ex. Il a assumé ma dette.
- Astérique, n. m.
- Astérisque, signe typographique en forme d'étoile * pour
indiquer un renvoi, une lacune, etc.
- Astheure, loc. adv.
- A cette heure, maintenant, à l'heure présente. La Rochefoucauld,
l'homme aux maximes, a écrit: Pour ne vous
pas mentir, je me suis fort tourmenté qu'il serait bon
d'être assuré asteure de ces affaires que d'attendre davantage
(Lettres, 24.) La Boétie écrivait astheure. Montaigne
a écrit asture.
- Astination, n. f.—Obstination.
- Astiner, v. n.—Obstiner. Ex. J'astine pas.
- Astiner (s'), v. pr.—S'opiniâtrer à vouloir faire une chose.
- Atoca, n. m.—Canneberge à gros fruits.
- Atosset, n. m.
- Nom sauvage d'un poisson que l'on trouve dans les eaux
du lac Saint-Jean.
- Atout, n. m.
- Agréments, qualités extérieures, attraits. Ex. Voilà une
femme qui a beaucoup d'atout. En Normandie, le mot
adous signifie ornements, parures.
- A tout de reste, loc. adv.
- Quand même, de toutes ses forces. Ex. Il veut cela à tout
de reste.
- A toute, loc. adv.—Aussi bien que possible.
- A toute éreinte, loc. adv.
- De toutes ses forces. Ex. Travailler à toute éreinte.
- Attache, n. f.
- —Attachement, affection. Boileau et Racine se sont servi
de ce mot pour exprimer la même idée.
- —Lien. Ex. Mets des attaches à ton chapeau.
- Attaque, n. f.—Jouer à l'attaque. V. Tague.
- Attaquer, v. a.
- Meurtrir, dans un état voisin de la corruption. Ex. Cette
pomme est attaquée, mets-la de côté.
- Attation, n. f.
- Attention. Ex. Je te dis que le feu d'artifice durant les
fêtes de Champlain a été beau, attation!
- Attelage, n. m.
- Harnais. Ex. Mets l'attelage sur le dos du cheval.
- Attelée, n. f.
- Forte dépense de travail. Ex. Puisqu'il y a tant à faire,
donnons une bonne attelée.
- Atteler, v. a.
- —Mettre le harnais au dos du cheval. Ex. Baptiste,
attelle la grise sur le quat'roues?
- —Assujétir quelqu'un, le maîtriser. Ex. En voici un que
j'attellerai au premier jour.
- —Mettre dans une impasse, dans de mauvais draps.
- Attelles (dans les), n. f. pl.
- —Traîner une existence pénible. Ex. Il est dans les
attelles.
- —Faire un grand effort. Ex. Il va falloir tirer dans les
attelles, la besogne est raide.
- * Attendre pour quelqu'un.
- Attendre après quelqu'un. (Angl.)
- Attends bien (t').
- Tu me comprends.
- Attifiaux, n. m. pl.—Attifets.
- Attigner, v. n.
- Forcer beaucoup.
- Attikkameg, n. m.
- Poisson blanc. Nom d'une ancienne tribu sauvage cantonnée
sur la rivière Saint-Maurice.
- Attirer, v. n.
- Faire suppurer. Ex. Sur ton clou (furoncle), mets un cataplasme
de graine de lin, ça attire bien.
- Attisée, n. f.
- Un bon feu. Ex. Il commence à faire froid, nous allons
faire une petite attisée.
- Attorney, n. m.
- Procureur chargé de représenter une partie en justice. Vieux
mot français atorné. L'atorné, à Compiègne, est un
magistrat élu pour trois ans à la Saint-Jean-Baptiste.
- Attraper, v. a.
- —Atteindre: Ex. J'ai attrapé mon but.
- —Déshonorer.
- Au, art.
- —Le. Ex. Nous partirons au premier de mai.
- —De. Ex. Une salade au poulet.
- —Du. Ex. Voici le livre au père Lemoine.
- Aubarge, n. f.—Auberge.
- Aubargiste, n. m.—Aubergiste.
- Aubel, n. m.
- Aubier. Aubel se disait jadis.
- Aucun, adj.—Tout, n'importe quel.
- Aucun temps (en), loc. adv.
- En tout temps. Ex. Tu pourras venir en aucun temps.
- Aucun autre, loc. adv.—Tout autre.
- Audience, n. f.—Auditoire.
- * Auditer, v. a.—Vérifier les comptes. (Angl.)
- * Auditeur, n. m.
- Celui qui vérifie, examine les comptes. (Angl.)
- * Audition, n. f.—Vérification des comptes. (Angl.)
- Auge, n. m.—Auge, n. f.
- Augmentation, n. f.—Partie de paroisse nouvellement annexée.
Ex. L'augmentation de Somerset.
- Augurer, v. n.—Avoir belle ou mauvaise apparence. Ex.
Cette affaire augure mal.
- Auieu de, loc. adv.—Au lieu de.
- Aujord'hui, adv.—Aujourd'hui.
- Au jour d'aujourd'hui, loc. adv.
- Aujourd'hui même. Ce mot se décompose en quatre autres,
dont deux, jour et hui ont la même signification.
- Aumone, n. f.
- Aumône. Ex. Faire l'aumone aux pauvres qui passent.
- Aunage, n. m.
- —Aunaie, lieu planté d'aunes.
- —Branche d'aune.
- Auparavant, adv.
- Avant. Nous devons nous habiller chaudement auparavant
que de nous mettre en route.
- Auparavant moi, loc.—Avant moi.
- Au ras.
- V. A ras. On peut dire au ras de l'eau, de manière à être
de niveau avec la surface de l'eau.
- Auripiaux, n. m. pl.—Oreillons.
- Aussi... comme, loc. adv.
- Aussi... que. Ex. Il est aussi instruit comme toi.
- Autant comme, loc. adv.
- Autant que. Ex. J'exigerai autant comme vous.
- Autant comme autant, loc. adv.
- Tant et plus. Ex. Je l'ai réprimandé autant comme autant,
et rien n'y fait.
- Autant (en) que, loc. adv.
- Autant que, en tant que. Ex. En autant que je m'en souviens,
c'est vrai.
- Autant dire, loc.
- On peut dire, pour ainsi dire. Ex. Autant dire que ma
fortune est compromise.
- Aute, adj.
- Autre. Ex. C'est une aute paire de manches. On trouve
aute dans l'ancien français.
- Authentiquer, v. a.—Rendre authentique. Mot vieilli.
- Aux environs, loc.
- Près de. Ex. Il est aux environs de quatre heures.
- Avachi, n. m.—Paresseux.
- Avachir, v. n.—Rendre lâche, paresseux.
- Avachir (s'), v. pr.—Devenir lâche.
- Avalanche, n. f.
- Troupe, ribambelle. Ex. Une avalanche d'enfants à instruire.—As-tu
vu sortir les écoliers du séminaire? Quelle
avalanche!
- Avalange, n. f.
- Avalanche.
- Avance (à l'), loc. adv.
- D'avance, par anticipation. Ex. Je vais te payer à l'avance.
- Avance (d'), adv.
- —Vif, prompt à la besogne. Ex. Cet homme n'est pas
d'avance.
- —Des patates d'avance. V. Patates.
- Avancé, n. m.
- Allégation, assertion. Ex. Je vais répondre à tous ses
avancés.
- Avancer, v. a.
- —Approcher. Ex. Avance donc cette chaise pour que je
m'y asseoie.
- —Commencer à se corrompre. Ex. Ce bifstek est pas mal
avancé.
- Avancer à quelqu'un.
- Fournir des fonds. Ex. Avance-moi donc cinq piastres,
j'en ai un grand besoin.
- Avances, n. f.
- —Racontars. Ex. Je n'ai que faire de tes avances, cela ne
prend pas.
- —Arrhes. Si tu veux que je corrige tes épreuves, donne-moi
des avances.
- Avant, adv. et n.
- —Profondément. Ex. Creuse avant, si tu veux trouver
de l'or.
- —Aller trop vite. Ex. Ma montre prend de l'avant.
- Avant (venir de l').
- Briguer les suffrages. Ex. As-tu entendu dire que notre
ami vient de l'avant pour les Communes.
- Avant (en), loc.
- —Briller. Ex. Cet élève est en avant de sa classe.
- —Prévoir, savoir par avance. Ex. Un tel est en avant de
son temps.
- Avant (par), loc.
- Avant. Ex. Il est venu par avant moi.
- Avant-z-hier, loc adv.—Avant-hier.
- Avarde, adj. f.
- Avare. Ex. Cette femme est avarde.
- Avaricieux, euse, adj.
- Avare qui lésine sur tout.
- Avarie, n. f.
- —Malheur, dommages. Ex. Si nous n'avons pas d'avarie,
nous serons bientôt prêts à partir.
- —Besoin imprévu. Ex. En tout cas d'avarie, emportons
nos parapluies.
- Avarse, n. f.
- Averse. Ex. Il tombe une avarse à boire debout.
- Avé, prép.—Avec. Ex. Viens avé moi.
- Avec, prép.
- —Par. Ex. Je vais partir avec les chars.
- —De. Ex. Que faire avec cela?
- —Dans. Ex. Je n'ai rien à voir avec cela.
- —Envers. Ex. Je suis quitte avec lui.
- —De même. Ex. Il est resté coi, et moi avec.
- —Partir avec pas le sou, sans argent.
- Aveindre, v. a.
- Atteindre difficilement. Ex. Cet objet est très élevé, tout
de même je vais essayer de l'aveindre.
- Aveindu, p. p.
- Aveint. Ex. Le docteur a eu de la misère à m'arracher
une grosse dent malade, finalement il l'a aveindue.
- Aveine, n. f.—Avoine.
- Avenant, adj. part.
- Advenant. Ex. Avenant le jour où tu voudras me voir, je
serai là.
- Avenante (à l'), loc. adv.—A l'avenant.
- Avenir, v. n.—Convenir. Ex. Cet habit lui avient.
- A venir jusqu'à, loc. adv.
- Jusqu'à. Ex. Il s'est bien comporté à venir jusqu'au jour
d'aujourd'hui.
- Avention, n. f.
- —A merveille. Ex. Cet orateur parle comme une avention.
- —Dextérité. Ex. Voilà un enfant qui ira loin, il est plein
d'aventions.
- Aventionner, v. a.
- Inventer. Ex. Cet ouvrier est très habile, il ne cesse pas
d'aventionner quelque nouvelle machine.
- Aventionner (s'), v. pr.
- Se mettre dans l'idée. Ex. Aventionne-toi pas que tu puisses
me blaguer, je connais tes trucs.
- Avents (les), n. m. p.
- L'Avent. Ex. Voilà les Avents qui arrivent, l'hiver va commencer.
En France, on dit les avents des grands prédicateurs.
- Aventurer (s'), v. pr.
- Aller loin. Ex. J'arrive du lac à la Galette, je me suis
même aventuré un peu plus loin.
- Avérage, n. m.
- Borne moyenne, vraie et admise. Ex. Ma terre m'a rapporté
depuis trois ans trois cents minots de blé en avérage.
- Averdingle, n. f.
- —Avarie.
- —Insulte, affront.
- Avèré, adj.
- Avéré, reconnu vrai. Ex. C'est un fait avèré que nous
sommes en temps d'élection.
- Avertisation, n. f.—Avertissement.
- Aveuc, prép.—Avec.
- Aviron, n. m.
- Pagaie. L'aviron est une rame d'embarcation; la pagaie
se manie sans qu'on l'appuie à l'embarcation.
- Avis, n. m.—M'est avis, je suis d'avis.
- * Aviser, v. a.
- —Conseiller. Ex. Je vous aviserais de ne pas présenter
cette loi devant les Chambres. (Angl.)
- —Regarder. Ex. Examine sérieusement ton affaire, avise-la
de près.
- Aviseur, n. m.—Conseiller. (Angl.)
- Avisse, n. f.—Vis.
- Avisser, v. a.—Visser.
- Avocasser, v. a.
- Défendre, appuyer une théorie.
- Le mot avocasser était l'une des expressions favorites
de Sir George-Etienne Cartier. Nous trouvons dans
Godefroy le mot avocassage pour signifier l'art de plaider,
la profession d'avocat, et avocacion, plaidoyer, office
d'avocat. L'Académie a admis avocasserie, en 1877, et
avocasser est français et signifie exercer obscurément la
profession d'avocat.
- Avoine, n. f.
- Faire manger de l'avoine à quelqu'un, le fait d'un jeune
homme qui courtise une jeune fille avec plus d'avantage
que tout autre.
- Avoir, v. aux.
- S'emploie dans une foule de locutions assez typiques.
- —Avoir le bras long, faire sentir son influence très au loin.
- —Avoir du sable dans les yeux, s'endormir, c'est l'homme
au sable qui passe.
- —Avoir du pain sur la planche, avoir de l'argent de côté.
- —Avoir du chien, être brave, courageux.
- —Avoir des mots, se disputer.
- —Avoir mal aux cheveux, avoir la migraine le lendemain
d'une noce.
- —Avoir l'estomac dans les talons, avoir une grande faim.
- —Avoir les côtes sur le long, être paresseux.
- —N'avoir pas inventé la poudre, être imbécile.
- —N'avoir pas inventé les boutons à quatre trous, même sens.
- —N'avoir pas la langue dans sa poche, parler beaucoup.
- Avons (j'), v. aux.
- Nous avons, j'ai. Expression très en vogue chez les Acadiens.
- Avous? v. aux.
- Avez-vous? Dans la farce de Pathelin, nous lisons: Avous
mal aux dents, maistre Pierre?
- Avri, n. s.—Avril.
- Avril (poisson d').
- Courir le poisson d'avril, c'est aller à la recherche d'une chose
qui n'existe pas.
- Ayau, n. m.—Noyau.
- Ayère, n. f.
- —Œillère, dent.
- —Œillère, visière.
- Âzur, n. m.—Azur. Ex. Bleu comme l'âzur.
- Babiche, n. f.
- Lanière étroite de cuir, de peau d'anguille, etc. Ex. Fournir
quelqu'un de cuir et de babiche.
- Babicher, v. a.
- —Corriger. Ex. Cet écolier s'est fait babicher sérieusement
par son maître.
- —Dire des paroles dures.
- Babine, n. f.—Avoir la babine dépendue, pleurer.
- Babines (ruine=), n. f.
- Petit instrument de musique à bouche dont se servent les
enfants pour s'amuser plutôt que pour en tirer des sons
harmonieux. Il s'en trouve cependant qui parviennent
à en tirer des airs connus.
- Bâbord, n. m.
- Courir de bord et bâbord, de bord à bâbord, aller d'un côté et
de l'autre.
- Babouin, e, n. et adj.—Enfant turbulent.
- Baboune, n. f. (Angl.)
- Personne munie de lèvres épaisses, avec toutes les apparences
de l'idiotie. Du mot anglais baboon, babouin.
- Bac, bacq, n. m.
- Auge, petite cuvette. Son diminutif baquet est aussi français;
vient de l'allemand back, qui signifie toute espèce de
vase.
- * Bachelier, n. m.
- Garçon à marier. Ex. Il y aura à Québec, le 18 du mois
courant, un grand bal donné par les bacheliers de cette
ville. Traduction du mot anglais batchelor.
- Bâcher, v. a.
- Travailler sans soin. Ex. Cet ouvrier bâche tout ce qu'il
entreprend.
- Bâcheur, n. m.—Celui qui bâche de l'ouvrage.
- Bachot, n. m.—Bateau de rebut.
- * Back=board,—bôrde, (m. a.)
- Attelle avec dossière pour protéger la poitrine.
- * Back=door,—dore, (m. a.)—Porte de derrière.
- * Backgammon,—gammeune, (m. a.)
- Trictrac, jeu qui se joue avec des dames et des dés, sur un
tableau divisé en deux compartiments.
- * Back=store, n. m., (m. a.)
- Arrière-magasin, arrière-boutique.
- Bacon,—bék-onne, (n. m.)
- Viande de porc fumée et salée. On disait autrefois en
France baconer pour saler. Bacon n'est donc pas un mot
emprunté à la langue anglaise. Notre manière de le prononcer
lui donne l'apparence anglaise.
- Bacul, n. m.
- Barre de travers que l'on met en avant d'une charrue ou
d'une voiture, qui forme une croupière aux bêtes de trait.
Vient de baculus, bâton.
- * Badge, n. f., (m. a.)—Insigne.
- * Badloque, n. f. (Angl.)
- Malchance, infortune. Ex. Je suis dans la badloque. De
l'anglais bad luck.
- Badloqué, e, adj. (Angl.)
- Malchancheux. Ex. Il n'y a personne de plus badloqué que
moi.
- * Bâdrage, n. m. (Angl.)
- Ennui, tracas. De l'anglais bother, ennui.
- * Bâdrant, adj. (Angl.)—Ennuyeux, assommant.
- * Bâdrement, n. m. (Angl.)—Même sens que bâdrage.
- * Bâdrer, v. a. (Angl.)
- Ennuyer. Ex. Ne viens pas me bâdrer.
- * Bâdrerie, n. f. (Angl.)
- Même sens que bâdrement et bâdrage.
- * Bâdreux, euse, n. et adj. (Angl.)
- Ennuyeux, importun. Ex. Il y a toujours quelque bâdreux
qui vient me faire perdre mon temps.
- Bafouiller, v. n.
- Bredouiller, parler comme si on avait la bouche pleine.
Expression française, mais familière.
- Backer, v. n.—V. Baquer.
- Bâfrer, v. pron.
- Manger goulument et avec excès.
- * Bagage (chambre à), n. f.
- Consigne. De l'anglais baggage-room.
- * Bagage (char à), n. m.
- Fourgon. De l'anglais baggage-car.
- * Bagamenne, n. m.
- Trictrac. Corruption de l'anglais backgammon.
- Bagatelle, n. f.
- Trou-madame.—Jeu qui consiste à faire passer de petites
boules d'ivoire dans des arcades numérotées.
- Bagne!
- Onomatopée en parlant d'une affaire soudaine. Ex. Bagne!
il est tombé à plein ventre par terre.
- Bagosse, n. m.
- —Mauvais whiskey, préparé en cachette.
- —Etoffe de poil de bœuf tissée sur de la laine.
- —Chose commune en général. (B. P. F.)
- Bagnère, n. f.—Bannière.
- Bagou, n. m.
- Verbiage, bavardage effronté. Ce mot n'est pas reconnu
par l'Académie.
- Bagoulard, n. m.
- Bavard, un homme qui parle beaucoup pour ne dire que des
sornettes. Ne se trouve pas dans le Dict. de l'Acad.
- Bagouler, v. n.
- Bavarder, parler à tort et à travers.
- * Bague d'engagement, n. f.—Anneau de fiançailles.
- Baguette, n. f. et int.
- —Interjection d'usage fréquent. Ex. Baguette! que c'est
beau!
- —Jalon, (terme d'arpentage).
- Baguetter, v. a.
- Poser des baguettes. Oudin et Cotgrave donnent à baguetter
le sens de frapper avec une baguette.
- Baguettes de tambour, n. f. pl.—Jambes frêles.
- Baille, n. f.
- Petite cuve employée dans l'industrie du sucrier ou fabricant
de sucre d'érable.
- Bailler, v. a.
- Donner. Ex. Baille-moi cette morue. Expression plutôt
acadienne.
- Bâille, n. m.
- Bâillement. Ex. J'étais présent quand il est mort, j'ai vu
son dernier bâille.
- Bâiller, v. n.
- Bayer. Ex. Il est là qui bâille aux corneilles.
- Bâillette, n. f.
- Bâillement. Ex. Tu t'endors, mon enfant, tu commences
à faire des petites bâillettes.
- Bailli, n. m.
- Huissier. Ce mot était en vogue autrefois, et l'on prononçait
bâilli.
- Bain, n. m.
- Baignoire. Ex. Va donc chercher le bain pour le nettoyer.
- Baisage, n. m.—Action de se faire duper, tromper en affaires.
- Baise=la=piastre, n. m.
- Avare, mesquin. Ex. C'est un dur baise-la-piastre, il peut
tondre sur un œuf.
- Baiser, v. n.
- —Duper, attraper. Ex. Il s'est fait baiser dans son affaire.
- —Baiser les portes, sortir, être chassé de la classe, du collège.
- Baissant, n. m.
- Reflux, jusant. Ex. Nous irons nous baigner au commencement
du baissant.
- Baissière, n. f.
- Enfoncement dans une terre labourée; l'eau des pluies y
est retenue.
- Bal, n. m.—Faire le bal, faire beaucoup de tapage.
- Bal à gueule, n. m.
- Réunion où l'on danse sans musique, au son de la voix,
seulement.
- Bal à l'huile, n. m.
- Réunion où il ne se fait d'autre dépense que l'huile qui sert
à éclairer la salle.
- Balader (se), v. p.
- Marcher en affectant un certain air d'importance. Ex.
Voici madame la Pompadour qui passe, se balade-t-elle un
peu?
- Baladeuse, n. f.
- Femme ou fille qui se balade à travers les rues.
- Balai (petit), n. m.
- Vergette. Les Montagnais de Tadoussac appelaient le Père
jésuite La Brosse la Grande Vergette: le Père avait dû les
inspirer lui-même à propos de cette appellation.
- Balan, n. m.
- —Hésiter, être en suspens. Ex. Je suis en balan si j'irai
passer l'été à la campagne.
- —Manque de solidité.
- —Balancement. Ex. Le balan de la branche l'a fait tomber
de l'arbre.
- Balancille, n. f.—Balançoire.
- Balanciller, v. n.—Se balancer.
- Balancine, n. f.
- —Balançoire, siège suspendu entre deux cordes et sur
lequel on se balance.
- —Bascule, longue pièce de bois mise en équilibre sur un
point d'appui, et sur laquelle se balancent deux personnes
placées aux deux bouts.
- Balanciner, v. n.—Se balancer.
- Balanner (se), v. pron.
- Aller et venir pour se faire voir.
- Balcon, n. m.
- Berceau entouré de verdure. Espèce de tonnelle.
- Balestron, n. m.
- Perche qui sert à tendre la voile dans une embarcation.
- Balet, balette, n. m.
- —Branche de cèdre ou d'épinette dont on fait les balais.
- —Aller au balette, aller couper des branches dans les bois
pour en fabriquer des balais. Figurément, aller au diable.
Ex. Va-t-en au balette, au plus vite.
- —Fou comme balette, stupide.
- —Cheveux taillés en balet, coupés en carré et un peu long
sur la nuque.
- Balier, v. a.
- Balayer. Ex. Marie, balie la place, c'est-à-dire le parquet.
Le Dict. de Trévoux dit: «Il ne faut point se servir de ce
mot.» Cependant il a toujours été employé, et il l'est
encore à Amiens ainsi qu'au Canada.
- Balieux, euse, n. et adj.—Balayeur, balayeuse.
- Balise, n. f.
- —Petit arbre tiré des forêts.
- —Erables, sapins, épinettes qui servent à orner les chemins
ou les rues à l'occasion de fêtes publiques.
- —Petits arbres plantés dans la neige pour guider les voyageurs.
- Baliser, v. a.
- —Poser des balises le long des chemins et des rues pour une
fête nationale, ou pour l'arrivée d'un évêque en tournée
pastorale.
- —Indiquer le chemin à suivre en hiver au moyen de balises
plantées dans la neige ou dans la glace.
- Baliures, n. f. pl.—Balayures, ordures ramassées avec le balai.
- * Ballast, n. m. (m. a.)
- —Sable ou pierre concassées qui servent à empierrer les
chemins.
- —Lest d'un navire.
- * Ballaster, v. a. (Angl.)
- Poser des pierres concassées, du sable, du gravier sur les
voies ferrées pour maintenir les traverses solides.
- Balle, n. f.—Partir raide comme une balle, partir très vite.
- Balleux, euse, adj.
- Personne qui fréquente assidûment les bals.
- Ballon, n. m.—Vaste jupon bouffant, crinoline.
- * Balloune, n. f.—Bulle de savon. Mot anglais, balloon.
- Balusse, n. f.
- Balustre, (n. m.) Ex. Allez vous agenouiller à la balusse.
S'emploie souvent au féminin, bien que balustre soit masculin.
- Balustre, n. f.
- Balustrade, rangée de balustres unis par une tablette.
- Bambocher, v. n.
- Faire une vie de débauche, de ripaille. L'Académie ne
connaît pas le verbe bambocher, mais bien bamboche, bambochade
et bambocheur.
- Bambocheur, n. et adj.—Qui bamboche.
- Banc, n. m.
- —Magistrature. Ex. L'avocat Désy a été appelé à monter
sur le banc.
- —Cour de justice. Ex. Le banc est au complet. Le petit
banc.
- —Gradin, tabouret, escabeau.
- Banc de brume, n. m.—Brouillard.
- Banc de neige, n. m.
- Amoncellement de neige occasionné par le vent qui, soulevant
la neige, la transporte comme de la poudre: d'où le
mot poudrerie. V. ce mot.
- Banc=lit, n. m.
- Meuble à double usage. Fermé le jour il sert de siège pour
s'asseoir; ouvert la nuit, on y couche comme dans un lit.
Le mot anglais bed, d'usage fréquent, sert bien à distinguer
le banc-lit de tout autre meuble.
- Bandage, n. m.
- Embatage, posage d'une bande de fer qui serre une roue
pour la tenir en état.
- Bande, n. f.
- Corps de musique, de musiciens. Quelques-uns récriminent
contre l'emploi du mot bande dans ce sens. Molière a dit:
«la bande des musiciens.» Ce mot a dû être importé de
France en Angleterre, comme l'a prétendu Blain de Saint-Aubin
dans l'Opinion Publique. Le même ajoute que ce
mot a été emprunté par les Français aux Italiens.
- Il paraît certain que bande, dans le sens de corps de musique,
est du bon français, mais, comme le mot a vieilli, il
vaut peut-être mieux dire corps de musique, comme on dit
aujourd'hui en France.
- —Bandage herniaire.
- —Avoir de la bande, se dit d'un bâtiment qui penche d'un
côté.
- —Prendre de la bande, même sens.
- Bandelière, n. f.—Bandoulière.
- Bander, v. a.
- —Armer. Ex. Ton fusil est-il bandé, fais attention?
- —Raidir. Ex. Bande bien serrée la corde de ton arbalète.
- * Bandeur, n. m. (Angl.)
- Moulinet ou bâton sur lequel on passe une corde pour la
serrer en tordant. De l'anglais binder.
- Bang! int.—Coup. Pif! Paf! Pan! V. Bagne.
- * Bank-note, nôte, (m. a.) Billet de banque.
- * Banne, n. f.
- Bande. Ex. Il y aura de la banne, ce soir, sur la terrasse
Dufferin. De l'anglais band.
- Banneau, n. m.
- —Charrette garnie de planches dont on se sert pour transporter
le charbon, les détritus de la rue et des caves.
Diminutif de banne.
- —Sellette carrée des harnais de travail.
- Banque, n. f.
- —Crête d'un fossé, d'un canal. Ne vient pas de l'anglais
bank, quoique les deux mots comportent la même signification.
- —Tire-lire des enfants.
- Banqueroute, n. f.
- —B. honnête, qui ne nuit pas à la réputation du failli.
- —B. frauduleuse, punie par la loi.
- Le mot banqueroute signifie faillite et, en France, ne comporte
pas de divisions.
- * Banqueter, v. a.
- Donner un banquet. Ex. Nous allons banqueter notre nouveau
maire. (Angl.) Banqueter signifie prendre part à un
banquet.
- Banqueteur, n. m.
- Celui qui aime à fréquenter les banquets. Ce mot était
admis jadis.
- Baptême, n. m.
- —Voiture qui transporte à l'église ou qui en ramène le
parrain, la marraine et l'enfant. Ex. As-tu vu passer le
beau baptême?
- —Juron fréquent. Ex. Baptême, que tu m'embêtes!
- Baptêmer, v. n.
- —Baptiser.
- —Blasphémer.
- Baptêmeux, n. m.—Qui blasphème à tout propos.
- Baptiser, v. a.
- —Donner des sobriquets.
- —Jeter de l'eau à la figure.
- —Couper le lait avec de l'eau.
- Baptiste, n. m.
- Nom donné à tout Canadien-Français. Ex. Paie, Baptiste!
- Baquer, v. a. et n.
- —Reculer, céder, lâcher. Ex. Nous allons nous entendre
pour tâcher d'arriver au pouvoir, mais ne baque pas.
- —Aider. Ex. Je vais te baquer, si tu veux me prendre
avec toi pour mener cette affaire à bonne fin.
- Baquer n'est pas un anglicisme, comme on l'a écrit. On
l'emploie encore dans l'arrondissement de Valognes (France)
comme ici pour signifier plier, céder. Backer était français
autrefois et signifiait reculer, céder. On a écrit que ce
mot vient de l'islandais bagaz qui veut dire être empêché,
être changé de position.
- Baqueur, n. m.
- —Celui qui aide quelqu'un dans une opération financière ou
autre.
- —Celui qui recule devant les difficultés.
- * Bar, n. f. (m. a.)
- —Comptoir de restaurant, de buvette. Ex. Tu me rejoindras
à la bar du Frontenac.
- —Bar, n. m. En France, le mot bar est masculin et s'emploie
dans le même sens qu'ici.
- Baranguer, v. n.
- Parler à tort et à travers. Expression très usitée autrefois
dans la région de Montréal.
- Barattée, n. f.
- Contenu d'une baratte, avant ou après la confection du
beurre. Ex. J'ai à faire une grosse barattée de beurre.
- En France, une barattée désigne le liquide qui reste au
fond de la baratte quand le beurre en a été extrait.
- Barauder, v. a. et n.
- —Aller et venir en tous sens. Ex. Les chemins sont glissants,
la voiture baraude beaucoup.
- —Fureter un peu partout, sans s'arrêter nulle part. Ex.
Qu'est-ce que tu baraudes dans le grenier?
- —Remuer un objet massif sur son centre ou de côté, pour
le changer de place.
- —Flâner, se promener sans but arrêté. Ex. J'ai baraudé
dans les rues toute l'après-midi.
- Barauder (se), v. pr.
- —Se promener sans but arrêté.
- —Marcher en se dandinant.
- Baraudeux, euse, n.—Baraudeur, euse, qui aime à flâner.
- Barbe de Capucin, n. f.
- Nigelle de Damas, appelée aussi Cheveux de Vénus. Plante
d'ornement.
- Barbeau, n. m.
- —Larve d'œstrides. Ex. Mon cheval est malade, il a des
barbeaux.
- —Barbeau de cuisine, le kokerlac, appelé caffard en France.
- —Tache d'encre, pâté.
- —Poisson dont se sert le pêcheur de morue.
- Barbeau-volant, n. m.
- Hanneton.
- Barbis, n. f.
- Brebis. Ex. C'est la barbis du Bon-Dieu que celui-là.
- Barbotte, n. f.
- —Poisson, genre des silures, qui ne diffère de la barbue que
par sa queue qui est carrée au lieu d'être fourchue.
- —Tasse de lait dans laquelle on a mis tremper du pain.
- Barbouiller, v. a.
- Donner des nausées. Ex. Ce fricot me barbouille le cœur,
chaque fois que j'en mange.
- Barbouiller (se), v. pr.
- Se gâter. Ex. Le temps se barbouille, nous aurons de la
pluie bientôt.
- Barbue, n. f.
- Poisson de nos rivières, de la famille des Siluroïdes. Les
savants l'appellent l'Ictalarus nigricans.
- Bardasser, v. n.—V. Berdasser.
- Bardasserie, n. f.—V. Berdasserie.
- Bardasseux, n. et adj.—V. Berdasseux.
- Bardassier, n. et adj.—V. Berdassier.
- Bardatter, v. a.
- —Couvrir de bardeaux.
- —Poser des bardeaux. (B. P. F.)
- Bardeau, n. m.
- —Casse de fonte, casseau; réserve dans laquelle on dépose
les caractères d'imprimerie inutiles à raison de leur multiplicité.
- —Bérêt d'universitaire.
- —Il lui manque un bardeau, il a l'esprit faible.
- Bardi=barda, loc. adv.
- V. Berdi-barda.
- Bardoiser, v. a.—Couvrir de bardeaux.
- Bardoller, v. a.
- Couvrir de bardeaux, dans le langage des Acadiens.
- Barène, n. f.
- Marelle, jeu consistant à sauter à cloche-pied dans un rectangle
tracé sur le sol et partagé en diverses cases, en poussant
d'une case dans l'autre une pierre, un palet.
- Barer, v. a.
- Donner. Ex. Veux-tu me barer quinze centins pour mon
porte-monnaie?
- Bargagner, v. n.—Commercer, trafiquer.
- Bargagneux, n. et adj.—-Qui se livre à toute espèce de négoces.
- Bargaine, n. m.
- Marché. Ex. Je viens de faire un beau bargaine. Bargaigne,
vieux mot français, signifiait commerce, marché. On
trouve bargaïnne.
- Bargainer, v. a. et n.
- —Commercer, trafiquer, faire du bargaine en général.
- —Echanger. Ex. Veux-tu bargainer ta montre avec la
mienne?
- Bargou, n. m.—Gruau.
- Barguigner, v. n.
- —Hésiter, se décider difficilement. Ex. Il n'y a pas à barguigner,
il faut que tu me remettes l'argent que je t'ai
prêté.
- —Marchander. Moi j'achète sans barguigner.
- Bar=keeper, kîpeur, (m. a.)—Cabaretier.
- Barlan, n. m.
- Brelan. Ex. Jouons ce soir au barlan de pommes.
- Barley, n. m.
- Orge mondé ou perlé. Ex. Ce pain est fait de barley.
Barley n'est pas la traduction anglaise d'orge perlé. C'est
un mot français par lui-même; on le trouve dans l'ancien
langage français.
- Badine, n. f.—V. Berline.
- Barloque, n. f.—Breloque. Ex. Une vieille barloque.
- Barlot, n. m.—V. Berlot.
- Barlue, n. f.—Berlue.
- Barnèche, n. f.—Barnache, oie marine, à bec court et menu.
- Barniques, n. f. pl.—V. Berniques.
- Barouche, n. f.
- —Voiture de famille, participant à la fois du caractère du
carrosse et de la malle-poste.
- —Vieille voiture.
- —Toute chose vieille, hors de service.
- Barouette, n. f.—Brouette.
- Barouettée, n. f.—Brouettée.
- Barrabas à la Passion.
- Etre connu comme Barrabas à la Passion, être connu de tout
le monde. Dicton conservé par le patois normand.
- * Barrack, (m. a.)—Caserne.
- Barre à tonnerre, n. f.—Paratonnerre.
- Barre du cou, n. f.
- Cou. Ex. Si tu ne te tiens pas tranquille, je vais te casser
la barre du cou.
- Barre du jour, n. f.
- Point du jour. Allusion au pâle sillage qui paraît à l'horizon,
aux premiers feux de l'aurore.
- Barreau, n. m.
- Trictrac. Ex. Maintenant que nous sommes tannés de
jouer aux dames, faisons une couple de parties de barreau.
- Barreauter, v. a.—Poser des barreaux.
- Barreautin, n. m.
- Petit barreau, diminutif de barreau. Barreaux qui unissent
la rampe aux degrés d'un escalier de bois.
- * Bar=room, (roum) (m. a.)—Buvette, estaminet.
- Barres (jouer aux), loc.
- Jeu de course pour enfants.
- Barré, adj.
- Tacheté, bigarré. Ex. Voilà une belle vache barrée. D'où
le nom de barrette donné souvent aux vaches barrées.
- * Barrenn'se, n. f—V. Barène. Ex. Jouer à la barrenn'se.
- Barrer, v. a.
- Fermer à clef, au moyen d'une serrure ou d'un cadenas.
Ex. Barre la porte, barre la valise, barre la commode, etc.
- Barrettée, n. f.
- Le contenu d'une barrette. Dans certaines églises de campagne,
on faisait autrefois la collecte au moyen d'une
barrette.
- Barrique, n. f.
- —Ivrogne invétéré, dont l'haleine rappelle l'odeur qui s'échappe
d'une barrique vide de liqueur forte.
- —Plein comme une barrique, ivre.
- Barrure, n. f.
- Carré où l'on attache les chevaux et les vaches dans les
écuries.
- Bas, n. m.
- Pas, le seuil. Ex. le bas de la porte est tout usé, il faudra
y voir.
- Bas=côté, n. m.
- Appentis, petit bâtiment adossé contre un grand.
- Bas=de=soie, n. m.—Sobriquet donné aux Irlandais.
- Bas=percé, n. m.—Dépensier, qui n'a jamais le sou.
- Bas (descendre en), loc.
- —Aller dans un étage inférieur. Ex. Descends en bas me
chercher mon chapeau.
- —Aller dans le bas du fleuve. Ex. Vas-tu descendre en bas
dans le courant de l'été?
- Bascule (donner la), loc.
- Jeu d'enfants qui consiste à saisir la victime désignée d'avance
et à lui frapper le dos sur un mur autant de fois
qu'elle a d'années révolues. C'est une manière de célébrer
les anniversaires de naissance parmi nos collégiens.
- Basculer, v. a.
- —Renverser un véhicule mobile sur son axe.
- —Se faire rouler d'un côté ou d'un autre au milieu d'une
foule remuante.
- * Baseball, n. m. bése-bâle, (m. a.)
- Balle aux champs. Ex. Le jeu de baseball est très en
vogue par le temps qui court.
- * Basement, n. m. bèsemènte, (m. a.)
- Soubassement, sous-sol.
- Basir, v. n.—Disparaître, être perdu.
- * Basse=carte, n. f.
- Corruption de l'anglais post-card, carte-postale.
- Bassine, n. f.
- Urinal, vase à col relevé où les malades urinent.
- Bassinée, n. f.
- Contenu d'une bassine.
- Bastinguer, v. a.—Battre.
- Bastonais, n. m.
- Bostonais, citoyen de la ville de Boston. Sous le régime
français les Bastonais, c'est-à-dire les Anglais de la Nouvelle-Angleterre,
étaient fort redoutés de nos Canadiens.
- * Bat, batte, n. m. (m. a.)—Crosse, battoir, bâton, maillet.
- Bataclan, n. m.
- Attirail, ameublement. Ex. Prends ton bataclan et quitte
ma maison.
- Bataclan, d'après Timmermans, voudrait dire moulin
faisant claquer son traquet, dit batacle, d'où par métaphore,
train, remue-ménage, branlebas.
- * Batch, n. f. (m. a.)—Fournée, tas.
- Batèche.—Juron très répandu dans le peuple.
- Bâtiments, n. m. pl.
- Ecuries, granges. Ex. Cours vite aux bâtiments atteler la
grise.
- Bâtir, v. a.
- Construire pour l'usage de quelqu'un. Ex. C'est l'entrepreneur
Laroche qui va bâtir monsieur Larochelle.
- Bâtir, v. n.
- —Fortement charpenté. Ex. Cet homme est bien bâti, il
doit être fort comme un cheval.
- —Prendre de l'embonpoint. Ex. As-tu rencontré Henri, il
commence à bâtir.
- Bâtir (se), v. pron.
- Construire une maison, une résidence. Ex. M. le curé va
se bâtir pour se mettre chez lui quand il abandonnera sa
cure.
- Bâtisse, n. f.
- Bâtiment, édifice. Ex. Les bâtisses du parlement viennent
de passer au feu.
- Bâtisse (jouer à la), loc.
- Jeu de carte très en vogue chez les tout petits enfants. Ils
se bâtissent en or, en argent, etc., etc.
- Batiste, n. f.
- Lustrine. La batiste est une toile très fine, d'un tissu très
serré; elle diffère de la lustrine, tissu de coton employé
pour la doublure des vêtements.
- Bat=le=diable, n. m.
- Individu plein de ressources et dangereux de toute façon.
- Bâton=bleu, n. m.—Connétable, suisse.
- Bâton=de=crème, n. m.—Bâton de sucre.
- Bâton (tour du), n. m.
- Tour de bâton, profit illicite. D'après Borel, cette expression
serait formée de bas et ton, parce que lorsqu'on veut
faire un gain injuste on ne le dit qu'à voix basse (d'un
bas ton) à l'oreille des personnes qu'on met dans ses intérêts.
- Battable, adj.
- Qui peut être surpassé en valeur, en qualité. Ex. Voici
un gas qui n'est pas battable.
- Batte=feu, n. m.
- —Briquet.
- —Individu remuant.
- Batterie, n. f.
- Partie d'une grange où l'on bat les grains, les céréales au
moyen du fléau.
- Batteur=de=faux, n. m.
- Oiseau qui, à l'époque de la fenaison, fait entendre un chant
comparable au son que retire le faucheur de sa faux en
l'aiguisant.
- Battée, n. f.
- —Grande quantité. Ex. Y avait-il beaucoup de monde à
l'assemblée? Oui, il y en avait une battée.
- —Chaudronnée. Ex. Je viens de terminer une battée de
savon, de sucre.
- —Airée, nombre de gerbes qui peuvent être battues d'une
seule fois.
- Batteux, n. m.—Machine pour battre le blé.
- Battois, n. m.
Battoir, instrument avec lequel on bat le linge.
- Battoué, n. m.—Battoir.
- Battouète, n. m.—Battoir.
- Battre, v. a.
- —Remuer. Ex. Empêche donc la porte de battre au vent.
- —Battre à plate couture, remporter une victoire complète.
- —Battre la campagne, délirer, déraisonner: jeu de phrase
pour battre la campane, carillonner.
- —Battre le blé, égrener les épis en les frappant.
- —Battre comme blé, battre sans se lasser.
- —Battre quatre as, ne pouvoir être surpassé.
- —Battre la comète, même sens.
- —Le diable bat sa femme, le soleil luit à travers un ciel pluvieux.
- Battre (se), v. pron.
- —Se battre la gueule, se dit d'un individu qui discourt longuement
et à tue-tête. On devrait dire se battre de gueule.
- —Se battre les flancs, cherche à se donner du courage.
- Battu, part. pas. de battre.
- —Etre malade. Ex. Cet homme est battu du rhumatisme.
- —Etre surpassé en qualité. Ex. Ici l'on vend des huîtres
qui ne sont pas battues.
- Batture, n. f.
- —Rivage laissé à découvert à la marée basse. Ex. La
batture aux loups-marins.
- —Glace formée sur les rives du fleuve.
- Bauche, n. f.
- —Course très vive. Ex. Mon cheval a fait dix lieues d'une
seule bauche.
- —Travail rapide, dans un temps limité.
- —Course entre hommes. Ex. Veux-tu tirer une bauche
avec moi.
- Baucher, v. n.
- —Courir vite. Ex. Nos chevaux ont lutté de vitesse, je
t'assure que ça bauchait.
- —Travailler vite.
- —Courir pour s'amuser. Ex. Veux-tu que nous bauchions
tous deux?
- Baudet, n. m.
- Lit de sangle. Ex. De mon temps, au collège, nous couchions
sur des baudets.
- Baume, n. m.
- Pimprenelle, plante aromatique qui croît sur le bord des
chemins.
- Baume du Canada, n. m.
- Baumier de Giléad; c'est la gomme de sapin, dont on faisait
autrefois une térébenthine en usage dans la peinture et le
vernis.
- Bavaloise, n. f.
- Pont de culotte, dite à la bavaloise ou bavaroise. Ce mot
indiquerait que la mode en a été empruntée à la Bavière.
Bavaroise se dit également.
- Bavardement, n. m.—Bavardage.
- Bavassage, n. m.—Bavardage.
- Bavassement, n. m.
- —Bavardage. Ex. Encore une affaire qui va soulever des
bavassements à n'en plus finir.
- —Propos désobligeants.
- Bavasser, v. n.
- —Bavarder. Ex. Quel homme dangereux? Il bavasse à la
grande journée.
- —Dénoncer, faire des rapports. Ex. Cet écolier passe son
temps à bavasser au maître.
- Bavasserie, n. f.
- —Bavarderie.
- —Rapport, dénonciation.
- Bavasseux, euse, n. et adj.
- —Bavard, qui aime à parler.
- —Rapporteur.
- Baver sur quelqu'un, loc.
- —Dire du mal de quelqu'un.
- Bavures, n. f. pl.—Bave, matières vomies.
- * Bay rhum, n. m., bé-rome, (m. a.)
- Lotion alcoolique pour les cheveux.
- * Bay=window, (m. a.)—V. Bow-window.
- Bazir, v. n.—Disparaître. Expression acadienne.
- * Beam, bîme, (m. a.)—Poutre.
- * Bean, bîne, (m. a.)
- Haricot. Ex. Aimes-tu les beans, toi? Oui, les beans au
lard.
- * Beater, bîter, v. a. (Angl.)—Surpasser, l'emporter. V. Biter.
- Béatis, n. m. pl.
- Béatilles. Petits morceaux de viande, rejetés dans l'apprêt
des mets, et dont tire parti une économie bien entendue.
- Beauté (une), n. f.
- —Beaucoup mieux. Ex. Pierre écrit une beauté mieux que
Jean.
- —Un grand nombre. Ex. Y avait-il beaucoup de monde au
concert? Il y en avait une beauté.
- * Beaver, n. m., biveur. (Angl.)
- Chapeau de castor, haut de forme.
- Bébelle, n. f.
- —Jouets d'enfants. Ex. Voici le jour de l'an qui approche,
nous allons visiter un magasin de bébelles.
- —Histoires. Ex. Ne me fais pas de bébelles.
- Bébelleries, n. f. pl.—Jouets d'enfant.
- Bec, n. m.
- Gibier. Expression usitée par les chasseurs pour déplorer
l'absence du gibier. Ex. Pas un bec aujourd'hui.
- —Donner un bec, un baiser.
- —Taire son bec, cesser de parler.
- —Se rincer le bec, le gosier.
- —Cela m'a passé devant le bec, cela m'a été refusé, j'ai manqué
l'occasion.
- —Un chapeau à bec, chapeau fermé.
- —S'affiler le bec pour parler, se préparer à faire un discours.
- —Faire le gros bec, montrer de la répugnance à faire une
chose.
- —Tomber le bec à l'eau, rater une affaire.
- —Avoir du bec, de la jasette.
- —Avoir le bec carré, avoir de la difficulté à parler, à raison
du froid qui a raidi les muscles de la mâchoire.
- Bec de corneille, n. m.
- Petite moule comestible, de forme allongée, et dont la
coquille ressemble au bec de la corneille, d'où son nom.
- Becco (de), adv.
- De trop peu, de moins qu'il ne faut. Ex. Voici un bas de
becco, dépareillé. Locution très usitée dans le comté de
Kamouraska; vient du Perche. On entend dire souvent
de bécotte, et beccotte, un bas bécotte.
- Bec=fin, n. m.
- Personne qui fait la grimace sur tous les mets qu'on lui sert.
- Bec=sucré, n. m.
- —Bouche mielleuse.
- —Personne qui aime beaucoup le sucre.
- Bèché, adj.—Eclos. Ex. Mes poulets sont tous bèchés.
- Bécher, v. a.—Becqueter.
- Bèchetée, n. f.—Le contenu d'une bèche.
- Bêcher, v. n.
- Tomber la tête la première. Ex. Prends garde de bêcher en
courant trop vite.
- * Bécouite, n. m. (Angl.)—De l'anglais buckwheat, sarrasin.
- Becquer, v. a.—Becqueter. Ex. Becque-moi, mon petit.
- Bec=scie, n. m.—Harle d'Amérique.
- * Bed, n. m., (m. a.)
- Banc-lit. Ex. Toi, tu coucheras ce soir dans le bed.
V. Banc-lit.
- Béda, n. m.—Cochon mâle. Expression acadienne.
- Bédainer, v. n.—Bedonner, prendre du ventre.
- Bedonner, v. n.—Prendre du ventre. Français familier.
- Bédame, bindame.
- Mais. Ex. Aimes-tu cela? Bindame, ça dépend.
- Bédâne, n. m.
- Bec-d'âne, outil tranchant de charron, de menuisier, pour
creuser des mortaises.
- * Bedder, v. a. (Angl.)
- —Poser. Ex. Bedder une vitre.
- —Asseoir, fixer. Ex. Bedder une pierre sur son lit de
mortier. (B. P. F.)
- Bedeau, n. m.
- —Faire quelque chose en bedeau, travailler avec soin.
- —Le trou du bedeau, la fosse dans un cimetière.
- * Bee, bi, n. m. (m. a.)
- Corvée. Ex. Faisons un bee pour éplucher du blé d'Inde.
- Béguer, v. a.—Bégayer.
- Bégueux, n. m. et adj.—Bégayeux.
- Beigne, n. m.—Beignet.
- Beignet, adj. et n.
- Benet, homme peu intelligent. Ex. Les Beignets de Sainte-Rose.
Sobriquet tombé en désuétude.
- Belle (en), loc.
- —Avoir en belle, avoir beau jeu, être situé favorablement
pour faire une chose. Ex. Tu as en belle, sauve-toi.
- —Prendre son en belle, saisir l'occasion favorable. Ex. Je
saurai bien prendre mon en belle, quand l'occasion se présentera.
- Nous disons encore attendre son en belle, pour signifier la
même chose. M. Chauveau, dans les Notes qui suivent
ses Légendes, écrit: «Embellie est un terme de marine,
c'est un changement favorable dans le temps, dans l'atmosphère;
on profite d'une embellie pour mettre à la voile.
De là peut-être l'avoir embelle ou avoir embelle.» Il est
plus rationnel de croire que, dans, le cas présent, belle est
substitué à beau, avoir belle pour avoir beau.
- Belle (avoir) loc.—Avoir beau.
- Belle (faire la), loc.
- Enfant que l'on fait tenir debout avant qu'il ait appris à
marcher. Se dit aussi d'un chien que l'on fait asseoir sur
son train de derrière.
- Belle (paru), loc.
- Echappé belle. Ex. Je l'ai paru belle.
- Belle=Angélique, n. f.
- Plante aromatique cultivée dans nos jardins.
- Belle heure, loc.
- Longtemps. Ex. Il y a belle heure que je suis arrivé.
- Belle heure (à), loc.
- Heure indue. Ex. Tu arrives à belle heure, toi.
- Béloné, n. m.—Gros saucisson.
- Beluet, n. m.—Bluet.
- Belzamine, n. f.—Balsamine.
- Ben, adv.
- Bien. Ex. Nous sommes ben ici, restons-y.
- Bénane, n. f.—Banane.
- Bénifice, n. m.—Bénéfice.
- Béniquer, n. m.—Bénitier.
- Bénissoué, n. m.
- Goupillon. Ex. M. le curé nous a bénis avec son bénissoué.
- Ber, bers, n. m.
- Berceau. Quelques-uns ont cru que le mot ber était une
corruption de l'anglais bar. Le Dr Devron a écrit dans les
Comptes rendus de l'Athénée Louisianais (janvier 1888),
que ce mot est usité en Louisiane dans le sens de berceau,
et il cite les Mémoires de la Mère Tranchepain, l'une des
premières religieuses ursulines fixées à la Nouvelle-Orléans,
pour faire voir qu'elle a été importée de France. Le
docteur écrit ber et non pas bers. Cependant on trouve
bers dans le Roman de la Rose pour signifier berceau.
- Berçante, n. f.—Berceuse.
- Berceau, n. m.
- —Partie d'une charretée de foin, du fond de la charrette à
la hauteur des ridelles.
- —Tonnelle en verdure. Ex. Allons nous mettre à l'ombre
dans le berceau, au fond du jardin.
- Berceuse, n. f.
- Chaise berceuse. Ex. La berceuse de ma grand'mère.
- Berdas, n. m.
- —Nettoyage, ménage de maison. Ex. As-tu fait ton
berdas, ce matin?
- —Bruit, tapage. Ex. Quel berdas est ça! j'ai la tête cassée.
- —Série confuse. Ex. J'ai fait des berdas de rêves la nuit
dernière.
- Le mot berdas, d'après M. de Gerville, veut dire bavardage.
Il existait pendant les anciens Etats de Rennes une société
où se réunissaient tous les nobles des deux sexes pour
causer et parler politique, d'où est venu le mot berdasse.
- Berdassement, n. m.—Bruit ennuyeux.
- Berdasser, v. a. et n.
- —Faire le ménage. Ex. J'ai une servante qui n'est bonne
qu'à berdasser, elle ne sait pas faire la cuisine.
- —Vaquer à des travaux de peu d'importance. Ex. Quand
tu auras fini de berdasser, nous nous mettrons à l'ouvrage.
- —Se faire secouer. Ex. J'arrive de Lorette, je me suis
fait berdasser dans des chemins affreux.
- —Inquiéter, tracasser. Ex. J'ai quelque chose qui me
berdasse.
- —Disputer. Ex. Si je peux lui mettre la main sur le
corps, je vas le berdasser à mon goût.
- —Faire du bruit. Ex. Achève donc de berdasser, tu me
fatigues.
- Berdasserie, n. f.
- V. Berdassement.
- Berdasseux, adj. et n.
- V. Berdassier.
- Berdassier, n. et adj.
- —Celui qui fait plus de bruit que de besogne.
- —Celui qui fait toute espèce de métiers.
- —Celui qui se mêle des affaires des autres.
- —Chicanier.
- Berdi-Berda, n. m.
- —Grand bruit. Ex. Quel berdi-berda! On ne se comprend
plus.
- —Désordre. Ex. J'ai eu beau chercher dans ma valise, je
ne trouve rien, c'est un berdi-berda où une chatte perdrait
ses petits.
- Berdouiller, v. a.
- Bredouiller. Ex. Qu'est-ce que tu berdouilles là?
- Bergamaux, n. m. pl.
- Lisières d'écorces de bouleau.
- Berlan, n. m.—Brelan.
- Berlander, v. n.
- —Flâner, fainéanter. Ex. Qu'est-ce que tu berlandes là?
- —Dire des balivernes. Ex. Berlander du matin au soir.
- —Hésiter. Ex. Il n'y a pas à berlander, il faut s'exécuter.
- Berlandeux, n. et adj.
- —Fainéant.
- —Indécis.
- Berline, n. f.
- Voiture propre aux boulangers pour transporter leurs pains.
- Berloque, n. f.
- Breloque. S'entend ordinairement d'une montre de peu de
valeur.
- Berlot, n. m.—Voiture d'hiver plus légère que la carriole.
- Berniques, n. f. pl.—Lunettes, bésicles.
- Berouette, n. f.—Brouette.
- Bérouettée, n. f.—Brouettée, la charge d'une brouette.
- Bertelles, n. f. pl.—Bretelles.
- Bésique, n. m.
- Bésigue, jeu de cartes qui se joue à deux, trois ou quatre
joueurs, avec deux, trois ou quatre jeux de trente-deux
cartes.
- Besoin (de), loc.
- Besoin. Ex. Prête-moi ton canif, j'en ai de besoin.
- Besoin (pour son), loc.
- Pour son usage. Ex. C'est vrai que j'ai beaucoup de papier,
mais j'en ai pour mon besoin seulement.
- Besson, ne, n. et adj.
- Jumeau, jumelle. Le Dict. de l'Académie dit que ce mot a
vieilli, mais il s'emploie toujours, en France comme en
Canada.
- * Best, adj. (m. a.)
- Le meilleur. Ex. Nous sommes quatre bons joueurs, mais
c'est toi, Louis, qui est le best.
- Bestage, n. m.—Habitude de bester.
- Bester, v. n.
- Avoir beaucoup d'affection pour une personne du même sexe
que soi. (B. P. F.)
- Besteux, adj.—Qui a l'habitude de bester.
- Bêtas, bêtasse, adj.
- Bête, imbécile. Ex. Un gros bêtas.
- Bêtassement, adv.—Bêtement.
- Bête, n. f.
- —Bête comme ses pieds, très bête.
- —Bête à manger de l'herbe, très bête.
- —Bête à coucher dehors, sot.
- —Une bonne bête, un bonasse.
- —Bête comme un chou, imbécile.
- —Rester bête, éprouver une surprise qui donne un air bête.
- —Faire la bête, simuler le manque d'intelligence.
- Bêtement, adv.
- Très, beaucoup. Ex. Je me suis coupé bêtement.
- Bête puante, n. f.
- Moufette. C'est l'enfant du diable mentionné par nos premiers
missionnaires.
- Bétille, n. f.—Béquille.
- Bêtise, n. f.
- —Sottise. Ex. Ne fais pas la bêtise d'aller sur l'eau par un
temps pareil.
- —Insulte. Ex. Il m'a chanté un tas de bêtises.
- Bêtiser, v. n.—Dire des bêtises.
- Bêtiseux, n. et adj.
- Homme qui tient des propos plutôt malséants.
- Bétôt, adv.—Bientôt. Ex. Tu viendras bétôt.
- Bette, n. f.
- Betterave. Ex. Des bettes à vache, des bettes rouges.
- * Better, v. a. (Angl.)
- Parier, gager. Ex. Je bette avec toi cinq piastres contre
une.
- Beu, n. m.
- Bœuf. Ex. Des souliers de beu. Ma foi de beu.
- Beugler, v. n.
- Chanter très fort. Ex. Nous avons un chantre à l'église
qui chante bien, mais il beugle beaucoup trop.
- Beurdas, n. m.—Berdas. V. ce mot.
- Beurdasser, v. n.—Berdasser.
- * Beurneur, n. m. (Angl.)—Brûleur, bec de lampe.
- Beurre de mai, n. m.
- Beurre fabriqué en mai. Ce beurre aurait, dit-on, la propriété
de guérir les plaies, les ulcères. En France, on
prépare ce beurre avec du sel, on l'étend sur un morceau
de toile qui prend alors le nom de toile de mai, et que l'on
conserve toute l'année. La même coutume existe ici.
- Beurrée, n. f.
- Tranche de pain recouverte de beurre, de confitures, etc.
Ex. Une beurrée de beurre (pléonasme), une beurrée de
confitures (impropre).
- Beurrer, v. a.
- —Flatter. Ex. Tu n' as pas besoin de vouloir me beurrer,
tu n'obtiendras rien de moi.
- —Tacher. Ex. J'ai tout le visage beurré de sirop.
- —Etendre sur un corps quelconque une substance grasse.
Ex. Beurrer de la graisse ou du beurre sur du pain.
- Beurrerie, n. f.—Fabrique de beurre.
- Beurrette, n. f.—Petite beurrée.
- Biais (sur le), loc. adv.
- En biais, d'une manière oblique. Ex. Tu poseras cette
étoffe sur le biais.
- Bibelot, n. m.
- Amas confus d'objets réunis ensemble. Ex. Quel tas de
bibelots? Débarasse-moi de cela au plus vite.
- Bibelotage, n. m.
- Action d'amasser des bibelots. Ex. Cesse donc de faire du
bibelotage, tu t'encombres inutilement.
- Bibite, n. f.
- —Insectes et petits animaux de rang inférieur. Ex. Cette
maison fourmille de bibites. Avoir des bibites dans les
cheveux.
- —Froid. Ex. J'ai la bibite aux doigts.
- —Individu suspect. Ex. Je t'assure que c'est une vilaine
bibite que ce garçon.
- Biblothécaire, n. m.—Bibliothécaire.
- Biblothèque, n. f.—Bibliothèque.
- Bic en blanc (de), loc. adv.—De but en blanc.
- Bicher, v. a.—Embrasser.
- Bicler, v. a.—Regarder du coin de l'œil.
- Bicleux, euse, n.—Qui bicle.
- * Bicouite, (Angl.)—De l'anglais buckwheat, sarrasin.
- Bidette, n. m.—Flandrin.
- Bien, adv. et n.
- —Correct sous tous rapports. Ex. Tu connais Moïse,
n'est-ce pas que c'est un homme bien?
- —Juste. Ex. L'horloge est-elle bien?
- Bière (petite), n. f.
- Chose de peu de valeur. Ex. Ce gars ne vaut pas grand'chose,
en somme c'est de la petite bière.
- * Bifsteck, n. m. (Angl.)
- Bifteck. Tranche de bœuf grillée ou cuite à la poêle.
- Biger, v. a.—Embrasser, baiser. (B. P. F.)
- * Bigne! bagne!
- Pif, paf; onomotapée exprimant un bruit éclatant. Bang
est anglais.
- Bigre, n. m.
- Bougre. Ex. Quel bigre d'enfant! il mérite le fouet. Bigre!
c'est sérieux!
- Bigrement, adv.
- Bougrement, extrêmement. Ex. Cet homme est bigrement
fort.
- Bijouetter, v. a.
- —Biseauter. Ex. Nous mettrons des vitres bijouettées à la
porte.
- —Bécheveter, mettre tête-bêche.
- Bijouettre, v. a.—Bécheveter. (B. P. F.)
- Bileux, euse, adj.—Bilieux.
- Bill, n. m.
- —Projet de loi. Ex. J'ai un bill à présenter à la chambre.
- —Compte, note. Ex. Prépare ton bill, si tu veux être
payé.
- —Billet de banque. Ex. Un bill de cinquante piastres.
- —Affiche, pancarte. Ex. Poster un bill.
- —Menu, bill of fare.
- —Connaissement, bill of lading.
- —Acte d'accusation, true bill.
- —Lettre de change, bill of exchange.
- —Billet à vue, bill at sight.
- Bille de billard, n. f.—Tête chauve.
- Bille de bois, n. f.—Bûche de bois.
- * Biller, v. a. (Angl.)
- Poser un bulletin d'expédition. Ex. Voulez-vous biller ma
valise pour Cacouna?
- —Facturer. Ex. Biller des caisses de marchandises.
- Billet promissoire, n. m.—Billet à terme.
- Billotte, n. m.
- —Billot.
- —Bille, pièce de bois rond d'une longueur régulière, qui
sert à hacher la viande.
- —Etre prêt à mettre son cou sur le billotte, être sûr d'une
chose au point de risquer sa tête.
- Bin, adv.—Bien.
- Biner, v. n.
- Lâcher prise, renoncer à une affaire.
- Bindame oui, bindame non.
- Expression qui indique une grande hésitation à répondre à
une question. Ex. As-tu fait cela? Bindame oui, bindame
non.
- Binette, n. f.
- Tête, visage. Ex. Quelle drôle de binette? Binet était un
perruquier célèbre au XVIIe siècle.
- Binheureux, adj.—Bienheureux.
- Bisc=en=coin (de), adv.
- De travers, de biais. Ex. Ne me regarde pas de bisc-en-coin.
En France on trouve bisacoin, bicacoin, en zigzag.
- Biorque, n. m.—Couac. V. ce mot.
- Birgitté, e, adj.
- Brigitté. Ex. Un chapelet birgitté.
- Biscotin, n. m.—Petit biscuit.
- Biscuit de matelot, n. m.—Biscuit de mer.
- Biscuit (faire le), loc.
- Réduire à l'impuissance. Ex. Laisse-moi, je vais lui faire
son biscuit en pas grand temps.
- * Bisdille, n. f.
- Maldonne. Corruption du mot anglais misdeal. V. Misdille.
- Bisque, n. f.
- Farine de blé délayée avec de l'eau, et mangée cuite, forme
un plat très peu appétissant. Il y a, en France, une bisque
qui est un potage fait avec du coulis d'écrevisses.
- Bisque en coin (de), loc.—D'un coin à l'autre.
- Bisquer, v. a.—Faire endêver.
- Bistringue, n. f.
- Bastringue. Ex. Danser la bistringue.
- * Bit, n. f., (m. a.)
- Morceau, peu. Ex. Tu veux du pain, tu n'en auras pas
une bit.
- * Biter, v. a. (Angl.)
- Surpasser. Ex. Hein, mon cher, cela te bite.
- * Bitters,—teursse, n. m., (m. a.)
- Bitter. Ex. Je viens de prendre un bon bitters.
- * Black=ball, n. m., (m. a.)
- Cirage en boule ou en boîte. Nous disons aussi black-bol.
- * Black and tan, annd-tanne, (m. a.)
- Chien à peau noire et brune. Ex. Que voilà un beau petit
black and tan!
- Blackbouler, v. a.
- —Rouler. Ex. Cet individu s'est fait blackbouler comme
il méritait.
- —Bloquer. Ex. Je me suis fait blackbouler à mon examen
de terme par le docteur Sanguinet.
- * Blackeye, aïe, (m. a.)
- Œil poché. Ex. Tu as le tour des yeux noirs, as-tu reçu
une black eye?
- * Blackguard, blaggarde, (m. a.)—Polisson, voyou.
- * Black=hole, hôle, (m. a.)
- Cachot. Ex. Coucher au black-hole.
- * Black=moon, moune, n. f., (m. a.)
- A l'anglaise (T. de jeu de balle). Cet écolier a une belle
black-moon.
- Blague, n. f.
- Bavardage de fanfaron. Ex. Ce que tu me dis là, ça sent la
blague. L'origine semble venir du fait que la blague des
fumeurs a souvent l'air d'une bourse bien garnie. Cependant
elle ne renferme que du tabac.
- Blaguer le service, loc.
- —Ne pas s'occuper d'une affaire, bien qu'on s'en soit
chargé.
- —Fausser la vérité.
- Blanc, n. m.
- —Document qui renferme des phrases imprimées et des
parties non imprimées qu'il faut remplir à la plume. Ex.
Blanc de billet, blanc de chèque. (Angl.)
- —Mettre du blanc, augmenter le nombre des interlignes,
(terme d'imprimerie).
- Blanc de cirusse, n. m.—Blanc de céruse.
- Blanc d'Espagne, n. m.—Craie.
- Blanc=mange, n. m.—Blanc-manger.
- Blanchissoir, n. m.
- Espèce de pinceau dont on se sert pour blanchir les murs des
maisons et des granges avec de la chaux.
- Blanchissoué, n. m.—Blanchissoir.
- * Blank, (m. a.)—Formule en blanc.
- Blasphémer, v. a.
- Outrager. Ex. Ce misérable m'a blasphémé.
- Blé d'Inde, n. m.
- —Maïs. Ex. Un épi de blé d'Inde.
- —Réprimande sévère. Ex. Je lui ai fait manger un bon
blé d'Inde.
- —Affront, insulte.
- Blémichon, n. m.—Petit garçon très pâle.
- Bleu, n. m. et adj.
- —Ecchymose.
- —Indigo. Ex. Veux-tu passer ce linge au bleu.
- —Partisan d'une fraction politique dite des bleus, des conservateurs.
- —Flambé, coulé. Ex. Notre ancien maire est coulé, il
est bleu comme la poule à Simon.
- —Terrible. Ex. Jean a eu une colère bleue. Pierre a eu
une peur bleue.
- Bleuet, n. m.—Bluet.
- Bleusir, v. a.—Bleuir, faire devenir bleu.
- Bleuvir, v. a.—Bleuir.
- * Blind, blaïnn'de, (m. a.)—Abat-jour, persienne.
- Blinder, v. n.
- Protéger. Ex. Je suis blindé contre toutes les attaques qui
pourraient m'être adressées.
- * Blizzard, n. m. (m. a.)
- Forte tempête de vent et de neige.
- Bloc, n. m.
- —Pâté, îlot. Ex. Un bloc de maisons.
- —Glaçon. Ex. Un bloc de glace.
- * Blocade, n. f. (Angl.)—Action de bloquer.
- Blond, adj.
- Bai-clair. Ex. Mon cheval est d'un beau blond. As-tu
rencontré le blond à François Laroute?
- Blonde, n. f.
- Jeune fille courtisée. Ex. Ce soir je vais aller voir ma
blonde. Ce mot s'emploie sans distinction de la couleur
des cheveux ou de la peau de la jeune fille. Il existe une
chanson où, après avoir fait le portrait d'une brune,
l'amoureux ajoute qu'il en fera une blonde.
- Blondet, adj.—Diminutif de blond.
- Blondiner, v. n.—Blondir.
- * Blood, n. m. (bleude), (m. a.)
- Homme courageux, sur lequel on peut compter. Ex. Qu'est-ce
que tu penses d'un tel? Un tel, mais c'est un vrai
blood.
- Bloquer, v. a. et n.
- —Enrayer. Ex. Nous étions à deux milles de la ville,
lorsqu'une de nos roues a bloqué.
- —Subir un échec. Ex. Imagine-toi donc que je viens de
bloquer mon examen de baccalauréat.
- —Arrêter par la neige. Ex. Un train bloqué.
- —Se dit du fait de remplacer provisoirement une lettre pour
éviter le parcourement. Nos imprimeurs se servent également
du mot virer.
- * Blotting, n. m. (m. a.)—Papier buvard.
- * Bloumersses, n. m. pl. (Angl.)—Pantalons de femmes et
d'enfants durant la saison d'hiver.
- Blouse, n. f.
- —Veston, par-dessus.
- —Réprimande.
- * Blue book, n. m. (blou bouc), (m. a.)
- Livre bleu, qui contient les documents parlementaires. Le
mot bleu vient de ce qu'en Angleterre, les livres qui contiennent
les documents diplomatiques portent une couverture
bleue.
- * Blue nose, (blou nôse), (m. a.)
- Habitant des Provinces Maritimes d'origine anglaise ou
écossaise.
- Bluet, n. m.
- Airelle du Canada. Fruit à confitures très commun dans
la Province de Québec. La croquette et la pomme de
terre sont deux variétés d'airelle. V. ces mots.
- * Bluff, n. m., bloff, (m. a.)
- —Parole ou action propre à intimider ou à provoquer l'illusion.
- —Poker. Ex. Jouons au bluff.
- * Bluffer, v. a. (Angl.)—Illusionner.
- * Bluffeur, n. m. (Angl.)—Qui bluffe.
- Bob (passer au), loc.
- Infliger une leçon sévère. Le mot anglais bob dans cette
locution, signifie coup, tape.
- * Bodkin, (bode-kine), n. m., (m. a.)
- Pointe. Outil dont se servent les imprimeurs pour la correction.
- Bœuf, empl. adj.
- Complet, parfait. Ex. Il a eu un succès bœuf.
- Bœuf de garde, n. m.
- Taureau. Expression acadienne.
- Bœuf de soupe, n. m.—Bouilli.
- Bogane, n. f.—Ruisseau, flaque d'eau.
- Boile, n. f.—Cuveau pour laver le linge.
- Bois, n. m.
- Corps. Ex. C'est un monsieur qui porte bien son bois.
- —De quel bois cet homme se chauffe-t-il? Quelle espèce
d'homme est-ce?
- Bois (aller au), loc.
- Aller chercher du bois dans la forêt. Ex. Mon père est
parti ce matin pour aller au bois, il reviendra rien qu'à
soir.
- Bois barré, n. m.—Erable jaspé, appelé aussi bois noir.
- Bois blanc, n. m.
- Tilleul d'Amérique. Le bois blanc désigne d'une manière
générale tous les bois à fibre blanche, comme le tremble,
le peuplier, etc.
- Bois-Brûlé, n. m.
- Métis de sauvage et de blanc, habitant le Nord-Ouest du
Canada.
- Bois debout, n. m.
- Terre boisée. Ex. Je viens d'acheter une terre en bois
debout.
- Bois de calumet, n. m.
- Cornouiller à feuilles arrondies. Les sauvages se servent de
la tige pour faire des tuyaux de calumet, après en avoir
enlevé la moelle.
- Bois de Calvaire, n. m.
- Bois précieux. Ex. Cet individu n'est certainement pas du
bois de Calvaire, c'est-à-dire qu'il est loin d'être un homme
de valeur.
- Bois de corde, n. m.
- Bois de chauffage. Ex. J'ai acheté tout mon bois de corde,
j'en ai pour l'hiver. Autrefois, en France, pour mesurer
le bois, on plantait quatre pieux en formant un carré de
huit pieds de côté; et comme les dimensions de cette
mesure se prenaient avec une corde, on appela corde la
quantité de bois qu'elle pouvait contenir, bois de corde,
le bois de chauffage qui se débitait à la dite mesure. Telle
est l'origine de l'expression bois de corde.
- Bois de fer, n. m.
- Bois très dur dont on se sert pour faire des essieux, des
outils. On le rencontre au Cap Tourmente, près de Québec.
- Bois de lune, n. m.
- —Arbustes coupés la nuit, dans les bois autour de Québec,
par des maraudeurs.
- —Se chauffer avec du bois de lune, avec du bois volé durant
la nuit.
- Bois de Mai, n. m.
- Aubépine commune, utilisée pour les haies. On l'appelle
encore Epine blanche.
- Bois de Malte, n. m.
- Aulne blanche.
- Bois de plomb, n. m.
- Appelé aussi bois-cuir. Arbrisseau commun dans Nicolet.
- Bois des Iles, n. m.
- Bois de Campêche, employé pour teindre en rouge.
- Bois d'orignal, n. m.—Viorne.
- Bois de poêle, n. m.—Bois de chauffage.
- Bois franc, n. m.
- —Bois dur, y compris l'érable, l'orme, le merisier, le noyer,
etc.
- —Bois des arbres à feuilles caduques.
- Bois francs, n. m. pl.
- —Forêts de bois durs.
- —Région appelée aussi Cantons de l'Est, où le bois franc
est en abondance.
- Bois mou, n. m.
- —Bois blanc, tendre, léger, comme l'épinette, le sapin, etc.
- —Bois des arbres à feuilles persistantes.
- Boisage, n. m.—Boiserie.
- Boisées, n. f. pl.
- Arborescences qui se forment sur les vitres congelées à
l'intérieur des habitations.
- Boisson, n. f.
- —Liqueur forte. Ex. C'est un ivrogne, il prend de la
boisson à cœur de jour.
- —Etre en boisson, être pris de boisson.
- Boisson forte, n. f.
- Boisson enivrante, qui n'est pas le vin, ni la bière, ni même
les élixirs.
- Boisure, n. f.—Boiserie.
- Boitasser, v. n.—Boiter légèrement.
- Boîte, n. f.
- —Bouche. Ex. Veux-tu fermer ta boîte?
- —Banc des jurés. Ex. Les douze petits jurés étaient dans
leur boîte.
- —Banc des accusés.
- —Banc des témoins.
- —Etui. Ex. Boîte de pipe.
- —Chenil. Ex. Boîte à chiens.
- —Avertisseur. Ex. Boîte d'alarme.
- —Panier. Ex. Boîte à ouvrage.
- —Case. Ex. Boîte postale.
- —Caisse. Ex. Boîte d'horloge.
- Boiter tout bas, loc.—Boiter beaucoup.
- Boiteux d'ermite, n. m.
- Boiteux. Ex. «Où vas-tu, boiteux d'ermite?» Souvenir
de Giroflé Girofla.
- Boitte, n. f.—V. Bouette.
- Boitter, v. a.
- Amorcer. Ex. Nous allons boitter nos hameçons.
- Boiture, n. f.
- —Boiterie, claudication d'un animal.
- —Boitement, action de boiter.
- Bol, n. f.
- —Bol, n. m. Ex. Une bol à lait.
- —Bol à thé, tasse à thé.
- —Bol à lait, écuelle.
- —Cuvette.
- Bolée, n. f.—Contenu d'un bol.
- * Bôlt, bôlte, (m. a.)—Boulon, course.
- * Bôlter, v. a. (Angl.)
- —Abandonner son poste. Ex. Mon député a bôlté sur la
question Riel.
- —Se hâter, courir, travailler vite.
- * Bôlteur, adj. (Angl.)
- Député qui lâche ses amis politiques sur une question vitale.
Ex. Ne me parlez pas de Sam MaClure, c'est un bôlteur.
- Bolus, n. f.
- Pilule. E. Un docteur à bolus.
- Bombarde, n. f.—Guimbarde.
- Bombarder, v. a.
- Faire une réputation. Ex. On l'a bombardé grand homme
sans trop de raison.
- Bombe, n. f.
- —Bouilloire. Le corps de la bouilloire ressemble assez à
une bombe, et le bec à celui d'un canard. Il est naturel
qu'à Québec, ville militaire—que les bombes n'ont pas
épargnée—on ait été frappé de la première ressemblance.
Dans la région de Montréal, on dit canard pour bouilloire.
- —Bonde d'un tonneau.
- Bombée, n. f.
- Le contenu d'une bombe. Ex. Une bombée d'eau bouillante.
- * Bôme, n. m. (Angl.)
- Estacade flottante.
- Bommer, v. n. (Angl.)
- —Flâner. Ex. Cesse donc de bommer, tu perds ton temps.
- —Faire la vie. Ex. Si tu continues à bommer, tu vas ruiner
ta santé.
- —Faire un usage immodéré de liqueurs fortes.
- * Bommeur, n. m. (Angl.)
- —Flâneur.
- —Viveur.
- —Buveur de spiritueux.
- Bon, adj. et n. m.
- —Fort, robuste, vigoureux. Ex. C'est un bon homme.
- —Avantages, réduction de prix. Ex. Si tu acceptes mon
marché, je te ferai du bon.
- Bon pour, loc.
- Solvable. Ex. Jean me doit deux cents piastres, mais il
est bon pour.
- Bon (plus), adj.—Meilleur.
- Bondance.—Interjection pour exprimer l'étonnement.
- Bon=Dieu, n. m.
- —Dieu, l'Etre Suprême.
- —Papillon de nuit.
- —La Brebis du Bon-Dieu, personne douce et patiente.
- —Manger le Bon-Dieu, être très dévôt.
- —Rendu devant le Bon-Dieu, disparu. Ex. Dis-moi ce que
tu as fait de ta belle canne à pommeau d'or.—Ne m'en
parle pas, elle est rendue devant le Bon-Dieu.
- Bonguienne.—Interjection pour exprimer la surprise.
- Bonheurement, adv.—Par bonheur, heureusement.
- Bonhomme, n. m.
- —Vieillard, père de famille affligé de vieillesse. Ex. Voilà
le bonhomme Latulippe qui passe, c'est un bon bonhomme.
- —Bouillon-blanc.
- —Petit bonhomme vit encore. Jeu de société. En prononçant
ces mots, on se passe un petit morceau de papier
enflammé, ou une allumette, et celui ou celle dans la main
de qui le feu s'éteint, doit donner un gage. Ce même jeu
a commencé par s'appeler souffler le charbon.
- Bonhomme de chemin, n. m.
- Tranquillement. Ex. Aller son petit bonhomme de chemin.
- Bonjour, int. et n. m.
- —Exclamation. Ex. Bonjour! qu'il fait beau!
- —Individu quelconque. Ex. Ces bonjours-là m'embêtent.
- —Simple comme bonjour, de facile compréhension.
- Bon sang.—Vraiment, en vérité. Ex. Bon sang de la vie.
- Bon sens (sans), loc. adv.
- Beaucoup. Ex. Il y a du poisson sans bon sens dans les
trois petits lacs, nous en avons pris une cochonnerie.
- Bonne, n. et adj.
- —Employé elliptiquement pour bon, dans le but d'exprimer
sa satisfaction. Ex. Comme de bonne.
- —Petit bateau à fond plat.
- —Bon. Ex. Cette fleur sent bonne.
- Bonnefemme, n. f.
- Vieille femme. Exprime l'idée de chef de famille plutôt
sur l'âge.
- * Boomerang, n. m., (m. a.)
- Sorte de fronde dont se servent les enfants pour tuer les
oiseaux.
- Bonnement, adv.
- Au juste, précisément. Ex. Je ne sais pas bonnement si je
t'ai informé de cela.
- Bonnes (être dans ses), loc.
- De bonne humeur. Rabelais a dit:
-
«Notre maistre est en ses bonnes,
Nous ferons tantôt une bonne chière,
Tout ira par escuelles.»
- Bonnet, n. m.
- —Avoir la tête pris du bonnet, être prompt à se mettre en
colère.
- —Triste comme un bonnet de nuit, bien triste.
- —Jeter son bonnet par-dessus les moulins, ne plus garder de
retenue.
- —Bonnet blanc, blanc bonnet, la même chose.
- Bonnet carré, n. m.—Barrette, bonnet de prêtre.
- Bonneter, v. a.
- Flatter. Ex. A quoi sert d'aller le bonneter, tu n'obtiendras
rien de plus.
- Bonnette, n. m.—Bonnet.
- Bonté, n. f.
- —Exclamation. Ex. Bonté, que voilà du bon thé!
- —Bonté divine, même sens.
-
Bonté divine!
J'ai cassé ma terrine.
Divine bonté!
Ma terrine est cassée.
- Bonus, n. m.
- Gratification offerte à des employés en sus de leur salaire.
Ex. Penses-tu que nous aurons un bonus au jour de l'an.
- * Booby, boubé (m. a.)
- Booby-price, prix accordé au jeu de euchre à celui qui arrive
bon dernier. Booby veut dire nigaud.
- Bord, n. m.
- —Côté. Ex. Je vais me promener sur la rue, viens-tu de
mon bord?
- —Bas-côté d'une maison.
- —De part en part. Ex. J'ai traversé la rivière de bord en
bord.
- —Dans. Ex. Embarquons à bord du train.
- —Ouvriers de bord, débardeurs.
- Bord et babord, loc.
- De tous côtés. Ex. Jean court de bord et babord.
- Bordage, n. m.
- Bord d'une rivière en hiver, quand la glace forme comme
une bordure.
- Bordas, n. m.—V. Berdas.
- Bordasser, v. n.—V. Berdasser.
- Bordasserie, n. f.—V. Berdasserie.
- Bordasseux, n. et adj.—V. Berdasseux.
- Bordassier, n. et adj.—V. Berdassier.
- Bordée, n. f.
- —Chute. Ex. Nous allons avoir une grosse bordée de
neige.
- —Série. Ex. J'ai reçu une bordée de coups de canne.
- Border, v. a.—Ourler.
- Bordi=bordas, n. m.—V. Berdi-berdas.
- Bordouiller, v. a.—Bredouiller.
- Bordure, n. f.
- Passementerie qui sert à border un vêtement.
- Borgnesse, adj.—Femme borgne.
- * Borneur, n. m. (Angl).
- Bec-de-lampe.
- Boss, n. m.
- Maître, bourgeois, patron, chef d'usine, directeur, propriétaire.
- Bosse, n. f.
- —Enivrement. Ex. Il s'est flanqué une bosse numéro un.
- —Coup. Ex. Je lui ai flanqué des bosses à tout casser.
- —Porte-feuille.
- Bosser, v. a.
- —Bossuer. Ex. J'ai bossé mon castor en entrant dans le bateau.
- —Conduire, diriger des travaux. (Angl).
- Bosser, (se), v. pron.
- Se bosseler. Ex. Mon chapeau s'est bossé en tombant.
- Bossuse, n. f. et adj.
- Bossue. Ex. Cette femme est bossuse. Se dit surtout dans
la région de Montréal.
- Botte, n. f.
- Tomber en botte, arriver à la ruine, se briser, s'ébarouir. Ex.
Tout tombe en botte chez nous depuis que j'en suis parti.
La tinette de beurre menace de tomber en botte.
- Botter, v. n.
- —Accumuler de la neige ou de la boue aux pieds du cheval.
Ex. Le cheval botte.
- —Rogner des pièces de bois. (Angl.)
- —Adhérer, coller à la chaussure. Ex. La neige botte.
- Botteur, n. m. (Angl.):—Celui qui rogne des pièces de bois.
- Bottes malouines, n. f. pl.
- Bottes à l'écuyère. Souvenir de Saint-Malo.
- Bottes sauvages, n. f. pl.—Bottes molles, sans semelles.
- Boucan, n. m.
- —Petite cabane où l'on fait boucaner la viande.
- —Mauvais lieu.
- —Morceau de bois placé en arrière du chaudron à sucre
pour protéger le feu contre le vent.
- Boucane, n. f.
- —Fumée. Ex. La maison est remplie de boucane, c'est le
tuyau qui a besoin d'être vidé.
- —Vapeur d'eau. Ex. Vois-tu la boucane là-bas, c'est un
bateau qui arrive d'Angleterre.
- Boucane (être à la), loc.
- Etre suspendu sous l'impulsion d'une personne assise à l'extrémité
d'une balançoire spéciale tenue en équilibre sur
un pivot et qui s'abaisse alternativement d'un côté en s'élevant
de l'autre.
- Boucaner, v. n.
- Fumer. Ex. La cheminée boucane.
- Boucanerie, n. f.
- Etablissement où l'on expose des viandes ou des poissons
pour les faire fumer.
- Boucaneux, adj.—Brumeux.
- Boucanière, n. f.—Boucan.
- Boucaud, adj.—Bouscaud.
- Boucharde, n. f.
- —Outil d'acier à l'usage des tailleurs de pierre.
- —Marteau dentelé et brételé, à l'usage des mêmes.
- Bouché (être), loc.
- Etre imbécile. Ex. Cet individu est bouché par les deux
bouts.
- Bouchefroutte, n. m.
- Diable. Ex. As-tu rencontré Bouchefroutte? Expression
dont on se sert lorsqu'on s'adresse à une personne de mauvaise
humeur.
- Boucher, v. a.
- —Réduire à quia par des paroles dures. Ex. Il a voulu
m'insulter, mais je te l'ai bouché proprement.
- —Faire taire, fermer la bouche. Ex. Si tu ne te tais pas,
je vais te boucher.
- Boucher un trou, loc.
- Donner un acompte sur une dette.
- Boucherie (faire), loc.
- Tuer un bœuf ou un porc, l'épiler, l'ouvrir, le dépecer. Ex.
Maintenant que les froids sont commencés, nous allons
faire boucherie.
- Bouche=trou, n. m.
- Qui remplit une lacune. Ex. C'est un gas qui n'est bon
qu'à servir de bouche-trou.
- Bouchon (mettre un), loc.
- Faire taire. Ex. Si tu ne te fermes pas le bec, je vais te
mettre un bouchon.
- Bouchonner, v. a.
- Faire son ouvrage à moitié. Ex. Cet individu bouchonne
tout ce qu'il fait.
- Bouchure, n. f.
- Clôture. Mot usité sur l'île du Prince Edouard.
- Boucle, n. f.
- Nœud. Ex. Fais donc une boucle à ma cravate.
- Boucler, v. n.
- —Se dit de la mer montante lorsqu'elle entoure des rochers
ou des îlots qu'on peut atteindre à pied sec, à marée basse.
Ex. Voilà l'heure où la mer boucle.
- —Conclure. Ex. Notre affaire n'est pas encore bouclée.
- Boucoup, adv.
- Beaucoup. Ex. J'ai boucoup à faire pour arriver à la fin de
mon dictionnaire.
- Bouctouches, n. f. pl.
- Huîtres récoltées à Bouctouche, dans le Nouveau-Brunswick.
- Boudin (faire du), loc.
- Bouder. Ex. Mon petit, cesse donc de faire du boudin.
- Boudinerie, n. f.—Viande hachée, boudin.
- * Boudlage, n. m. (Angl.)
- Commission ou revenu extraordinaire que l'on obtient par
des procédés illicites.
- Boudle, n. m. (Angl.)
- Pot-de-vin accordé à un personnage influent dans le but de
faire réussir une affaire, d'obtenir un contrat.
- * Boudler, v. n. (Angl.)—Faire du boudlage.
- * Boudleur, n. m. (Angl.)
- Entremetteur qui fait accorder un contrat moyennant un
pot-de-vin fixé d'avance et qui ne doit pas apparaître au
contrat.
- Boudrier, n. m.—Baudrier.
- Bouer (se), v. pr.—Se crotter.
- Bouette, n. f.
- —Mélange de son et d'eau donné en pâture aux animaux
de la ferme. Dans le Perche, cette expression ne s'applique
qu'à la mangeaille des pourceaux. Le vrai sens
de bouette est appât pour la pêche de la morue.
- —Boue. Ex. Marcher dans la bouette.
- —Neige fondante.
- —Neige accumulée en masses molles à la surface des
rivières.
- Bouetter, v. a.
- Donner un repas de bouette aux gros animaux.
- Bouffée, n. f.—Accès. Ex. Pierre travaille par bouffées.
- Bouffer de rire, loc.
- Pouffer. Cependant, on dit bien bouffer de colère.
- Bouffie, n. f.
- —Bulle. Ex. Une bouffie de savon.
- —Boursouflure. Ex. Il s'est brûlé, il a de grosses bouffies.
- Bouffre, n. m. et interj.
- Bougre. Ex. Quel bouffre d'enfant! Si je te poigne, mon
petit bouffre, tu te feras arranger.
- Bouffrèse, n. f.
Bougresse. Ex. Oh! la bouffrèse de femme, elle devient de
plus en plus insupportable.
- Boufiole, n. f.
- —Ampoule, cloche, boursouflure.
- —Bulle d'air ou de vapeur, sur les liquides en ébullition ou
en fermentation. (B. P. F.)
- Bouger (ne pas), loc.
- Se détromper. Ex. Bougez pas, l'ami, vous êtes à côté de
la coche.
- Bougon, n. m.
- —Bout d'homme.
- —Pipe dont le tuyau est très court.
- Bougonner, v. n.
- Gronder entre ses dents. Mot français vieilli, qui, en patois
normand, signifie travailler mal, chiffonner.
- Bougonneux, n. et adj.—Qui bougonne à tout propos.
- Bougrant, adj.
- Ennuyeux, fâcheux. Ex. C'est-y pas bougrant que de se
voir pris dans cette sale affaire!
- Bougre=à=bougre (être), loc.—A couteaux-tirés. (B. P. F.)
- Bougrement, adv.
- Beaucoup, très. Ex. C'est bougrement ennuyeux que ce
temps de pluie.
- Bougrer, v. a.
- —Jeter. Ex. Bougre-moi ça à l'eau.
- —Donner. Ex. Je vais te bougrer une tape. Bougre-moi
la paix. Bougre-moi patience.
- Bougrer (se), v. pron.
- Se moquer. Ex. Je me bougre pas mal de toi.
- Bougrèse, n. f.
- —Bougresse.
- —Grand, fort, sérieux. Ex. J'ai une bougrèse d'envie de
te flanquer une gnole.
- Bougrine, n. f.
- Vêtement de dessus sans forme particulière. Ex. Qu'est-ce
que tu as de l'air, avec cette vieille bougrine sur le dos!
- Bouille, 3e pers. s. ind. prés.
- Bout. Ex. L'eau bouille à gros bouillons dans la bombe.
- Bouillie, n. f.
- —Bouillie pour les chats, travail inutile, peine sans profit.
- —Bouillie sans sel, mets mal apprêté.
- —Ramener la peau par-dessus la bouillie, donner des arguments
qui ont été plusieurs fois répétés.
- Bouillir, v. n.
- Etre affecté par l'impatience. Ex. Pendant qu'il parlait, je
bouillais.
- Bouilloire, n. f.—Chaudière à vapeur.
- Bouillon blanc, n. m.
- Molène commune dont les fleurs teignent en jaune.
- Boujour, n. m.—Bonjour.
- Boulâcrer, v. a.
- Bousculer. Ex. Je n'ai pas envie de me faire boulâcrer plus
longtemps.
- —Exécuter un ouvrage sans soin.
- —Bousiller.
- Boulâcreux (euse), n. et adj.
- Celui ou celle qui boulâcre.
- Boulanger, v. a.
- Presser avec la main ou avec les coudes. Ex. Se faire boulanger
le dos, la poitrine au milieu d'une foule de personnes.
- Boulant, adj.
- Enneigé. Ex. Les chemins sont boulants, aujourd'hui.
- Boule, n. f.
- —Tête. Ex. Perds-tu la boule?
- —Position de fortune. Ex. Il a une belle boule en mains.
- Boule=de=cire, n. f.—Symphorine à grappes.
- Boule=de=neige, n. f.
- —Viorne stérile.
- —Faire boule-de-neige, profiter, s'accroître. Ex. Le peu
d'argent que j'ai finira par faire boule-de-neige.
- Bouleau blanc, n. m.—Bouleau à papier.
- Bouleau rouge, n. m.—Bouleau à feuilles de peuplier.
- Bouler, v. a.
- —Rouler en boule. Vient du mot débouler.
- —Maltraiter.
- * Boulezaille, n. f. (Angl.)
- Bonbon en forme d'œil de bœuf. De l'anglais bull's eye.
- Boulettes, n. f. pl.
- Sottises. Ex. Cet écolier n'est bon qu'à faire des boulettes.
- Boulin, n. m.—Tronçon d'arbre employé pour le clôturage.
- Boulinant, adj.
- Synonyme de boulant, enneigé. Ex. Les chemins sont boulinants,
la neige est très légère et très molle.
- Boulotte, n. f.
- Doigt de gant ou linge que l'on met à un doigt malade,
appelé par les enfants catiche. Les Acadiens emploient
encore le mot doyon pour signifier la même chose.—Voir
ce mot.
- * Boume, n. m.
- Valeur factice et exagérée. Ex. Nous allons être témoins
d'un boume dans les chemins de fer, dans les banques.
(Américanisme).
- * Boumer, v. n.
- Donner une valeur factice et exagérée à des actions de compagnies
industrielles et autres. (Amér.)
- Bouque, n. f.—Boucle.
- Bouquer, v. n.—Montrer de l'humeur.
- Bouquet, n. m.
- —Fleur, plante cultivée pour sa fleur. Ex. Je vais semer
beaucoup de bouquets ce printemps.
- —Tête d'arbre, de sapin ou d'épinette plantée au faîte d'une
maison dont la charpente vient d'être posée.
- Bouquette (avoir, tenir le), loc.
- L'emporter sur les autres par son adresse, sa beauté ou toute
autre qualité. Ex. Ces trois sœurs sont très jolies filles,
mais l'aînée tient le bouquette. Elles ont bien chanté
toutes trois, hier soir, mais c'est mademoiselle Domisol qui
a eu le bouquette.
- Bouquineux, adj.—Bouquineur.
- Boura, n. m.—Borax.
- Bouragan, n. m.—Bouracan.
- Bourbassière, n. f.—Bourbier.
- Bourdaine, n. f.
- —Alise. Baie du bourdainier. Viorne nue.
- —Courir la bourdaine, aller en bande, garçons et filles, cueillir
des fruits.
- Bourdainier, n. m.—Alisier.
- Bourdalou, n. m.—Vase de nuit.
- Bourdé, adj.
- Gravé. Ex. Mes bottines sont en cuir bourdé, c'est-à-dire
à grains plus ou moins soulevés. Dans le vieux français,
bourdé voulait dire embourbé.
- Bourdignons, n. m. pl.—V. Bourguignons.
- Bourgeois, n. m.
- —Caractères d'imprimerie de neuf points.
- —Homme riche, censé vivre de ses rentes. Ex. Le voilà
devenu un gros bourgeois, il est bien chanceux.
- Bourgeoiserie, n. f.
- Bourgeoisie.
- Bourgeronner, v. n.
- Bourgeonner, pousser des bourgeons. Ex. Un nez tout
bourgeonné.
- Bourgot, n. m.
- —Porte-voix à coquille. On appelle burgau une grosse
coquille dont on tire une nacre grossière.
- —Trompette droite, qui sert à donner des signaux.—Autrefois
lorsque le service de la poste se faisait par des postillons
qui parcouraient nos campagnes, ils étaient munis
de bourgots de fer-blanc.
- Bourgotter, v. n.
- —Parler ou crier dans un porte-voix.
- —Sonner de la trompette.
- Bourguignons, n. m. pl.
- —Mottes de terre durcies par la gelée.
- —Morceaux de glace pris d'un pain.
- Bourlette, n. f.—Ciboulette.
- Bournichon, n. m.—Petit homme.
- Bourrasse, n. f.—Bourrasque.
- Bourrasser, v. a.
- —Bousculer, brusquer. Ex. Cesse donc de bourrasser tes
petites sœurs.
- —Faire des reproches.
- Bourrasseux, adj.
- Homme d'une humeur difficile qui brusque tout le monde.
- Bourreau, n. m.
- —Diable. Ex. Que le bourreau t'emporte! J'ai eu une
peur du bourreau.
- —Payer en bourreau, payer d'avance. Bon moyen, paraît-il,
pour être mal servi.
- Bourreau d'ouvrage, n. m.—Homme qui travaille beaucoup.
- Bourreau des arbres, n. m.
- Célastre du Canada. Plante grimpante qui s'enroule si
étroitement autour des arbres qu'elle les fait périr.
- Bourrée, n. f.
- —Travail forcé et rapide. Ex. Il va falloir donner une
dure bourrée, si nous voulons finir d'entrer notre avoine!
- —Réprimande, mercuriale. Ex. Je lui ai donné une bourrée
dont il ne perdra pas le souvenir.
- —Beaucoup, grande quantité. Ex. Une bourrée de coups,
de monde.
- —Accès. Ex. Pierre travaille bien, mais toujours par
bourrée.
- Bourrelet de gomme, n. m.
- Morceau de gomme durcie que l'on détache des épinettes
et que les enfants mâchent avec plaisir.
- Bourrer, v. a.
- Conter des blagues. Ex. Je l'ai bourré dans les grands
prix, il a paru croire tout ce que je lui ai dit.
- Bourreur, n. m.
- Ouvrier qui rembourre les sofas, les chaises.
- Bourrichon, n. m.
- Petit bonhomme. Ex. Sauve-toi, mon petit bourrichon.
Vient de burrichon, roitelet, dans le patois du Mans et de
l'Anjou.
- Bourriers, n. m. pl.
- Balayures, ordures. Ce mot vient de bourriers, pailles qui
se mêlent dans le blé battu; du latin burra, employé par
Ausone pour signifier des riens. Par extension, ordures,
mot usité en Bretagne.
- Bourrique, n. f.
- —Ignorant.
- —Catholique comme une bourrique, catholique à gros grains.
- Bourrolle, n. f.
- Espèce de boîte à forme d'amphore sans anse, ouverte aux
deux bouts, dont l'un, le petit, débouche dans un coffre
où l'anguille va se prendre, et l'autre, le grand, est le récipient
de l'anguille qui s'y introduit pour être rejetée dans
le coffre par le courant. La bourrolle est fabriquée au
moyen de petites harts bien entrelacées et très étroitement
serrées les unes contre les autres.
- Bourrure, n. f.
- —Bourrage. Ex. La bourrure du harnais est finie, il va
nous en falloir un autre.
- —Rembourrement. Ex. C'est un bon homme pour travailler
à la bourrure.
- Bourse, n. f.
- Crête-de-coq, dont les feuilles teignent en jaune.
- Boursiller, v. n.
- —Economiser. Ex. Pour arriver à joindre les deux bouts,
il vous faudra boursiller plus que de raison.
- Boursoufle, n. f.
- Boursouflure. Ex. J'ai une grosse boursoufle sur le bras,
c'est un bourdon qui m'a piqué.
- Bouscailler, v. a.—Bousculer.
- Bouscaner, v. a.—Bousculer.
- Bouscaud, n. m.
- —Lourdaud, homme gros, trapu. Ex. C'est un gros bouscaud.
- —Butor, grossier.
- Bœuf ou vache sans cornes.
- —Courtaud.
- Bousculage, n. m.—Action de bousculer.
- Bousiat, n. m.—Homme malpropre.
- Bousillage, n. m.
- Ouvrage mal fait. Ex. Quel bousillage!
- Bousiller, v. a. et n.
- —Remplir les interstices entre les pièces de bois des pans,
avec de la bouse.
- —Corriger, arranger, mettre en bon ordre.
- —Travailler vite et mal.
- Bouskey, n. m.—Whiskey marchand.
- Boussole (perdre la), loc.—Devenir fou.
- Bout, n. m.
- Mot employé dans différentes acceptions, que les dictionnaires
ne mentionnent pas toujours.
- —Bout-ci bout-là, en désordre, pêle-mêle.
- —Un bout de temps, un certain temps.
- —Un petit bout de temps, un court espace de temps.
- —Prendre quelqu'un par le bon bout, savoir arriver auprès de
lui.
- —Mettre les deux bouts ensemble, joindre les deux bouts, ne
pas s'endetter.
- —Tourner un objet bout pour bout, changer sa situation d'une
façon opposée.
- —Au bout la fin y sera, il faudra bien que cela finisse un
jour.
- —Au bout le bout, quand ce sera fini, on n'en parlera plus.
- —C'est le bout du monde, c'est la fin.
- —Cet enfant n'a pas de bout, il est insupportable et incorrigible,
d'une façon inexprimable.
- —Bête au bout, absolument bête.
- —De bout en bout, d'un bout à l'autre.
- —Etre rendu au bout, être épuisé.
- —Il y a un bout à tout, toute chose a une fin.
- Bout=de=canot n. m.
- Chacun des deux rameurs qui se placent aux deux bouts
d'un canot d'écorce pour le diriger.
- Boute=feu, n. m.
- Boute-en-train, celui qui met en gaieté tous ceux avec lesquels
il se trouve.
- Bouteille, n. f.
- —Burette. Ex. La bouteille à l'huile, au vinaigre.
- —Flacon. Ex. La bouteille d'odeur, de parfum.
- —Vin, liqueurs. Ex. Ce garçon caresse un peu trop la
bouteille.
- Bouteillée, n. f.—Le contenu d'une bouteille.
- Bouteiller, v. a.—Mettre en bouteilles.
- Bouteillerie, n. f.
- Vieux mot français signifiant échansonnerie, ou mieux boutillerie,
redevance en grains. Ex. Saint-Denis de la Bouteillerie,
paroisse du comté de Kamouraska.
- Boutique, n. f.
- Maison mal tenue. Ex. Quelle sale boutique!
- Bouton, n. m.
- —Fruit de l'aigremoine qui s'attache à la laine des moutons
en automne et s'enlève très difficilement.
- —Petite inflammation commune aux serins à une certaine
époque de l'année.
- Bouton d'or, n. m.
- Renoncule à fleurs jaunes dont nos campagnes regorgent.
- Bouton, (dernier).
- A bout de ressources. Ex. Pierre est rendu au dernier
bouton, il est ruiné.
- Boutte, n. m.—Bout.
- * Bow=window, n. m., (winn'do), (m. a.)
- Fenêtre en saillie, en rotonde.
- Boxer, v. a.—Emprisonner.
- Boxon, n. m.—Mauvais lieu.
- Boyard, boïard, n. m.—Civière à porter le bois, la pierre, etc.
- Boyau, n. m.
- —Avoir toujours un boyau de vide, avoir toujours faim.
- —Les boyaux me crient, avoir des borborygmes.
- —Avoir des boyaux de père, éprouver de la tendresse pour
ses enfants.
- * Bracket, brakète, (m. a.)
- Petite console, applique, étagère.
- Braguet, breguet, brayet, n. m.—Caleçon de laine.
- Braguette, n. f.
- Fente de devant d'une culotte. En France, on appelle culottes
à braguette celles qui n'ont pas de pont.
En Bretagne, bragez a la même signification.
- Brai, n. m.—Poix des cordonniers.
- Braid, bréde, (m. a.)—Soutache, passementerie.
- * Braider, v. a. (Ang.)—Poser du braid.
- Brâillade, n. f.—Action générale de brailler.
- Brâillage, n. m—-Même sens que brâillade.
- Brâillard, e, adj.
- —Qui braille, qui pleure. Ex. Un enfant brâillard.
- —Qui implore du patronage auprès des gouvernements.
- Brâillard de la Madeleine, loc.
- Expression appliquée aux enfants qui pleurent à tout propos.
Par allusion aux gémissements proférés dans les
environs de la rivière Madeleine, suivant une légende
populaire rapportée par l'abbé Ferland.
- Brâiller, v. n.—Pleurer.
- * Brain, braine, (m. a.)
- Cerveau. Ex. Celui-là, je l'ai sur le brain, il me fatigue.
- * Braker, bréquer. (Angl.)
- —Serrer les freins dans un train de chemin de fer.
- —Réprimer quelqu'un.
- * Brakes, bréques, (m. a.)—Freins.
- * Brakesman, bréke's manne (m. a.)—Serre-frein.
- Brancard, n. m.
- —Morceau de sucre d'érable à forme carrée. Ex. Un
brancard de sucre.
- —Cartes qui restent sur le tapis après la donne aux joueurs.
Ex. Qu'as-tu besoin de regarder dans le brancard?
- Branche, n. f.
- —Division. Ex. Va au département des terres, branche
des arpentages.
- —Attaque. Ex. Jean a eu une branche de folie; Joseph a
une branche de fièvre.
- —Ami. Ex. Bonjour, ma vieille branche.
- Branché, adj.
- Diplômé, porteur de certificat. Ex. Un pilote branché.
- Brancher (se), v. pr.
- Brancher. Ex. Les petits oiseaux commencent à se brancher.
- Branchu (canard), n. m.
- Canard sauvage remarquable par la beauté de son plumage.
- Brandiller, v. a.
- Brandir. Ex. Ne brandille pas ainsi ce bâton.
- Brandy, n. m., branndé.
- —Cognac. Vieux mot français qui signifiait allumé, enflammé.
«Et le feu soit si brandy. » (D'Argentré, Coutume
de Bretagne, p. 1051).
- —Danse. Ex. Nous allons danser un brandy.
- Branle, n. m.
- —Tapage. Ex. Mener un branle terrible.
- —Ni foutre ni branle, absolument rien.
- Branler, v. a.—Branler dans le manche, hésiter.
- Branlette, n. f.
- Oscillation de la tête. Ex. Ce vieillard commence à avoir
la branlette.
- Braque, n. m.—Imbécile. Ex. Il est fou comme braque.
- Braquer, v. a.—Abandonner. Ex. Il m'a braqué là.
- Braquer,(se), v. pr.
- Se fixer. Ex. Il s'est braqué sur une chaise, et il s'y est
installé.
- Braquette, n. f.
- —Broquette.
- —Petite console, applique. (Angl.)
- Braquetter, v. a.—Poser des broquettes.
- Bras, n. m.
- —Avoir le bras long, être influent.
- —Par dessus bras, bras dessus bras dessous.
- —Bras d'escalier, rampe.
- —Aimer gros comme le bras, aimer beaucoup.
- —Frapper à bout de bras, du bout du bras.
- Brasse, n. f.
- —Travailler à la brasse, journée de brasse, corvée de bras.
- Brasse-corps (à), loc. adv.
- A bras le corps. Ex. Se prendre à brasse-corps pour lutter
de force et d'agilité.
- Brassée, n. f.
- Ribambelle d'enfants. Ex. Voilà Victoire qui passe avec
sa brassée.
- Brasseur, n. m.
- Phoque du Groënland qui entre dans le fleuve Saint-Laurent
en hiver.
- Brâssage, n. m.
- Action de secouer, d'agiter quelque chose.
- Brâsse, n. f.
- Main, au jeu de cartes. Ex. A qui la brâsse?
- Brâssée, n. f.
- Chaudronnée. Ex. Une brâssée de savon, de sirop, de
sucre.
- Brâssement, n. m—Remuement, brassage.
- Brâsser, v. a.
- —Mêler. Ex. Allons, brâsse les cartes.
- —Disputer. Ex. Je viens de me faire brâsser de la belle
façon. Je me suis fait brâsser le corps.
- Brâsseur, adj.—Celui qui, aux cartes, tient la donne.
- Braver, v. n.
- Faire le brave. Ex. Il fait cela pour braver.
- Braverie, n. f.—Bravade.
- Braye, n. f.
- —Broie ou macque. Instrument pour broyer le lin et le
chanvre, composé de deux bois retenus par une de leurs
extrémités, et s'enclavant l'une dans l'autre à la manière
d'une mortaise.
- —Femme qui marchande sans acheter. Ex. Voilà encore
une braye qui vient nous ennuyer avec ses marchandages.
- Brayer, v. a.
- —Broyer. Ex. C'est aujourd'hui que nous allons brayer
le lin.
- —Aller d'un magasin à l'autre sans faire d'achat.
- Brayeur, adj.—Celui qui braye.
- * Brécer, v. n. (Angl.)
- Poser un bandage de fer sur la coque à l'intérieur d'un vaisseau.
- Brèche, n. f.
- —Dent perdue. Ex. Cet enfant a plusieurs brèches dans la
bouche.
- —Brèche-dent. Ex. Cette femme serait plus jolie, si elle
n'était brèche.
- Bréché, adj.—Ebréché. Ex. Mon couteau est tout bréché.
- Bredasser, v. a.—V. Berdasser.
- Bredasserie, n. f.—V. Berdasserie.
- Bredassier, adj.—V. Berdassier.
- Bref, n. m.
- Mandat, ordonnance, ordre. Ex. Bref de sommation, bref
d'exécution, bref d'arrestation.
- Brégade, n. f.—Brigade.
- Brelander, v. a.—Raconter les choses à sa façon.
- Brelingant, n. m.
- Mot cité par Lacurne de Sainte-Pallaye, que nous retrouvons
en pleine vigueur dans le comté de Kamouraska.
Employé par les mères de famille pour inviter leurs enfants
à prendre des positions plus décentes.
- Breloque, n. f.—Vieille montre.
- Brenante (à la), loc.—A la brune.
- * Bréque, n. m. (Angl.)—Frein.
- * Bréquer, v. a. (Angl.)—Serrer les freins.
- Bretter, v. n.
- —Fureter. Ex. Veux-tu me dire ce que tu brettes là?
- —Perdre son temps à des bagatelles.
- —Faucher. (Expression acadienne). D'après Oudin, bretter
signifiait jouer ou faire des armes.
- Bretteux, adj.
- —Qui furette.
- —Qui perd son temps. Ex. Avance donc à quelque chose,
espèce de bretteux?
- —Faucheur.
- Breumasser, v. n.—Brumasser.
- Breume, n. f.—Brume.
- Breunante, n. f.—Brune.
- Breune, n. f.—Brune.
- Bréviaire, n. m.—Dire son bréviaire, lire son bréviaire.
- * Brevier, brevière, (m. a.)—Petit texte, 8 points (T. d'impr.)
- Brick, (m. a.)
- —Brave garçon. Ex. Toi, tu es un brick, donne-moi la
main.
- —Brick bâtard, toute espèce de voiture sans caractère particulier,
démodée et vieillie.
- Bricoles, n. f. pl.
- —Bretelles de pantalons. En France, la bricole est une
bande de cuir qui se met aux sabots au-dessus du cou-de-pied.
- Brigade, n. f.
- Troupe de gens réunis ensemble. Ex. Y avait-il beaucoup
de personnes qui marchaient dans la procession?—Oui, il
y en avait une brigade.
- * Brigade du feu. n. f.—Corps des pompiers. (Angl.)
- Brigand, n. m.—Enfant terrible.
- Brimbale, n. f.
- —Perche en bascule pour tirer l'eau du puits.
- —Crémaillère.
- Brimbalement, n. m.—Bruit, désordre.
- Brin, n. m.
- —Peu, petite quantité. Ex. Tu n'en auras pas un brin.
- —Grain. Ex. Un brin de pluie.
- —Bran. Ex. Du brin de scie.
- Brindezingues, n. f. pl.
- Pris de boisson. Ex. En voilà encore un qui est dans les
brindezingues.
- * Brinn'che, n. f.
- Bien-aimée, préférée. Ex. Celle-là est ma brinn'che.
- Bringue, n. f.
- —Fille nonchalante. Ex. C'est une grande bringue.
- —Pièces. Ex. Mettre un objet en bringues.
- Bringuer.—S'amuser, courir, gambader.
- * Briquade, n. f. (Angl.)—Briqueterie.
- * Briquaille, n. f. (Angl.)—Briqueterie.
- Brique, n. f.
- —Morceau taillé en carré. Ex. Une brique de lard, de la
brique à couteaux.
- —Brique réfractaire, brique à feu. (Angl.)
- —Aller à la brique, aller travailler dans les briqueteries.
(Angl.)
- Briqueler, v. a.—Briqueter.
- * Briqueleur, n. m. (Angl.)
- Briqueteur, ouvrier et marchand.
- * Briquer, v. a. (Angl.)
- Briqueter, paver, garnir de briques.
- Briquerie, n. f.
- Briqueterie. Briquerie se disait autrefois pour exprimer
la même chose.
- Brisable, adj.—Fragile.
- Brise, n. f.
- Partir tout d'une brise, partir à la course.
- Brise-fer, n. m.
- —Qui brise tout ce qu'il touche.
- —Qui use beaucoup, usurier. Ex. Cet enfant ne peut rien
conserver, c'est un brise-fer.
- Brisse, n. f.—Brisque. Ex. Jouer à la brisse.
- Broc, n. m.—Fourche en fer à quatre cornes.
- Broche, n. f.
- —Aiguille. Ex. Apporte-moi mes broches pour que j'achève
de tricoter mes bas.
- —Bois pour enfiler le poisson que l'on prend à la ligne.
- —Fil de fer. Ex. Clôture en broche.
- —Epingle. Ex. Broche à cheveux.
- —Jeu de broches, cinq aiguilles.
- Broche (faire de la), loc.—Faire l'amour.
- Broche (travailler à la), loc.—Exécuter à la hâte.
- Brocher, v. n.—Faire l'amour.
- Brochet, n. m.
- Bréchet. Ex. Il n'a pas épais de lard sur le brochet. Le
bréchet est la partie saillante en avant du sternum des
oiseaux.
- Brochetée, n. f.
- —Brochette. Ex. J'ai pris une belle brochetée de poissons.
- —Fourchée, la quantité de foin ou de paille que l'on enlève
avec un broc. Ex. Prends la fourche et envoie-moi une
brochetée de foin.
- —Grande quantité.
- Brodure, n. f.—Broderie.
- * Brôker, n. m., brôkeur, (m. a.)—Courtier.
- Bronches, n. f. pl.
- Bronchite. Ex. Es-tu encore malade, moi j'ai les bronches.
- Bronchique, adj.
- Atteint de bronchite. Ex. Pierre est malade, je crois qu'il
est bronchique.
- Bronze, n. m.
- Bronche. Ex. Louis a une maladie de bronze.
- Broque, n. m.—Tire-fiente, fourche à fumier.
- Brosse, n. f.
- —Fête. Ex. Notre ami vient de sortir d'une brosse qui
s'appelle.
- —Prendre une brosse, faire la fête.
- Brosser, v. a.
- —Fêter. Ex. Cesse donc de brosser.
- —Brosser le chien, faire la fête.
- —Battre.
- Brosser (se), v. pron.
- —Se battre.
- —Se brosser le ventre, se passer de tout.
- Brosseur, n. m.
- Celui qui fait souvent des brosses, qui boit à intervalles assez
réguliers beaucoup de liqueurs enivrantes, et qui recommence
au moment où on le croirait corrigé de sa manie,
un dipsomane enfin.
- Brou, n. f.
- —Ecume, mousse. Ex. P'tit Pierre vient de tomber de
son mal, il a la brou à la bouche.
- —Bave à la gueule des animaux.
- —Savonnure. Ex. Voilà du savon qui fait une belle brou.
- Brouasser, v. n.—Bruiner.
- Brouch'ter, v. a.—Travailler à la hâte et sans précaution.
- Brouch'teux, euse, n. et adj.—Qui brouch'te.
- Brouch'te-brouch'te, adv.
- Ex. Cet ouvrier travaille brouch'te-brouch'te, c'est-à-dire, il
travaille sans soin et hâtivement.
- Brouillasser.—Bruiner.
- Brouille, n. m.
- Brouille, n. f. Ex. Il va y avoir du brouille dans cette discussion.
- Brouillon, adj.
- Fougueux. Ex. J'ai un cheval qui est pas mal brouillon.
- Brousse-poil (à), loc.
- A rebrousse-poil. Ex. Ce gas-là n'est pas facile à mener,
il faut toujours le prendre à brousse-poil.
- Brouscailler, v. a.—Brusquer.
- Brûlade, n. f.—Brûlement, action de brûler.
- Brûlé, n. m.
- Forêt, ou bois ou région rasée par le feu. Ex. La paroisse
du Grand-Brûlé.
- Brûle-gueule, n. m.—Pipe à tuyau très court.
- Brûler, v. a.
- —Dépasser. Ex. Il m'a brûlé le long de la route.
- —S'approcher d'un objet caché que l'on cherche. Ex. Tu
brûles, c'est-à-dire tu t'approches. (Terme de jeu.)
- Brûlette, n. f.
- Ciboulette, ail civette.
- * Brûleur, n. m. (Angl.)—Bec-de-lampe.
- Brûlot, n. m.
- Espèce de cousin qui brûle la peau en la touchant de son
dard. Genre simule.
- Brûlure, n. f.
- Ex. Ce mets est excellent pour la brûlure, c'est-à-dire qu'il
est absolument bon.
- Brumasser, v. n.—Bruiner.
- Brun, adj. et n. f.
- —Bai brun. Ex. Un cheval brun.
- —Brune. Ex. Se promener à la brun.
- Brunante (à la), loc.
- A la brune. Cette expression n'est pas française, mais
pourrait l'être sans inconvénient. Faucher de St-Maurice
en a fait le titre d'un de ses ouvrages.
- Brusquailler, v. a.—Brusquer.
- Brusse, adj.—Brusque.
- Bubule, n. m.—Feu. (Langage enfantin.)
- Bubusse, n. m.
- Lait donné aux petits enfants. Ex. Prends ton bubusse, mon
petit.
- Buc en blanc (de), loc.—De but en blanc.
- Bûchage, n. m.
- —Débitage du bois en bûches.
- —Coupe du bois, abattis.
- Bûche, n. f.
- Stupide. Ex. C'est une bûche, il ne comprend rien, il a la
tête dure.
- Bûcher, v. a.
- Travailler fort. Ex. L'ouvrage est ardu, mais je vais bûcher
assez fort que j'en viendrai bien à bout.
- Bûcheux, n. et adj.
- —Bûcheur, travailleur.
- —Bûcheron.
- * Buck=board, n. m., beuke bôrde, (m. a.)—Barouche.
- * Buckwheat, n. m., beukouit, (m. a.)—Sarrasin, blé noir.
- * Buggy, n. m., beugghé, (m. a.)—Phaéton.
- * Bugle, bioug'l, (m. a.)—Cor de chasse.
- * Bull's eye, n. f., (m. a.)—V. Boulezaille.
- * Bully, boullé, (m. a.)—Fier-â-bras. Ex. Un bully
d'élection.
- * Bun, n. f., bonne, (m. a.)—Brioche.
- Bureau, n. m.
- —Commode.
- —Etablissement public. Ex. Bureau de santé, bureau
d'hygiène.
- * Business, biznesse, (m. a.)
- Rond en affaires. Ex. J'aime à faire des affaires avec ce
marchand, il est business.
- * Bus, beuce (m. a.)
- Abréviation de omnibus, voiture publique qui transporte les
voyageurs hors de la ville, et s'arrête en route au gré de
chacun.
- * Bustle, n. m. beussl, (m. a.)
- Tournure. Ex. Madame a mis son bustle.
- * Busy body, bizzé bodé, (m. a.)
- Officieux. Ex. Ce n'est qu'un busy body.
- Buteux, euse, adj.—Qui bute. Ex. Un cheval buteux.
- Butin, n. m.
- —Marchandises.
- —Mobilier. Ex. Quand je déménagerai, je ne négligerai
rien de mon butin.
- —Linge et vêtements. Ex. Emporte tout le butin que tu
as à te mettre sur le dos.
- —Bonne personne. Ex. Cette fille-là, c'est du butin.
- Butte (une), n. f.
- Beaucoup, en quantité. Ex. Y avait-il beaucoup de monde
à l'assemblée? Oui, il y en avait une butte.
- * Buttercup, beutteurkeupe (m. a.)—Bouton d'or.
- Butteux, euse, adj.
- Couvert de buttes. Ex. Le chemin est devenu butteux
depuis les dernières gelées.
- Button, n. m.
- Petite colline. Ex. La paroisse du Button.
- Buvable, adj.
- Potable. Ex. Cette eau-là n'est pas buvable.
- Buvasser, v. n.—Boire sans cesse.
- Buvasserie, n. f.—Action de boire outre mesure.
- Buvasseux, adj.—Qui est dans l'habitude de boire.
- Buveron, n. m.
- —Biberon. Ex. Cet enfant de deux ans est encore au
buveron.
- —Ivrogne. Ex. Çà, c'est un bon buveron.
- Ça, pron.
- —Il. Ex. Ça gèle fort ce matin.
- —Celui-ci, celui-là, cette personne. Ex. Ça parle sans
savoir ce que ça dit. C'est ça qui est farceur.
- —Cela, cette chose-là. Ex. Ça m'embête gros.
- —Ça y est-il? Ça y est. En es-tu?—Oui, c'est convenu.
- —Il a de ça, il a de la fortune.
- —Quoique ça, malgré cela.
- * Cab, n. m., (m. a.)
- Cabriolet de place, à deux ou quatre roues. Le véritable
cab est conduit par un cocher qui a son siège en arrière.
Quelqu'un faisait remarquer la forme extraordinaire de ce
véhicule importé d'Angleterre en France. Un plaisant
répondit: «C'est afin que de l'intérieur le supérieur ne
puisse voir le postérieur de son inférieur placé à l'extérieur.»
- Cabalable, adj.
- Qui peut être cabalé. Ex. Il y a sept bleus dans cette paroisse
qui ne sont pas cabalables.
- Cabalage, n. m.
- Cabale. Ex. Dans la paroisse de Beaumont, il n'y a pas de
cabalage possible.
- Cabale, n. f.
- Propagande en vue d'une élection quelconque, politique,
municipale, etc.
- Cabaler, v. a. et n.
- —Solliciter des votes en faveur d'un candidat briguant les
suffrages d'une communauté électorale. Ex. A force de
le cabaler, j'ai réussi à le faire voter pour mon candidat.
- —Travailler à obtenir des suffrages, faire de la propagande
d'une manière générale. Ex. J'ai tellement cabalé dans
ma paroisse, que j'ai pu obtenir une majorité pour notre
candidat.
- Cabane, n. f.
- Etal de boucher, de fruitier, de regrattier.
- Cabane à morue, n. f.
- Petite construction en bois placée sur la glace des rivières
où le pêcheur s'installe pour pêcher la petite morue.
- Cabane à sucre, n. f.
- Maisonnette érigée au milieu d'une sucrerie pour y fabriquer
le sucre d'érable, tout en s'y mettant à l'abri. D'où
l'expression tire de cabane, assez souvent employée par les
amateurs.
- Cabané, adj.—Enfoncé. Ex. Il a les yeux cabanés.
- Cabaneau, n. m.
- Petite armoire pratiquée dans un mur sous l'escalier de
service ou sous le rebord d'une fenêtre, de manière à ce
qu'on ne l'aperçoive même pas.
- Cabaner, v. n.
- —Habiller chaudement. Ex. Aie le soin de te tenir la tête
et le cou bien cabanés, car il fait une tempête.
- —S'arrêter en route pour se mettre à l'abri.
- Cabaner (se), v. pron.
- —S'installer chez soi. Ex. Je vais quitter mon bureau à
quatre heures, et puis j'irai me cabaner chez moi jusqu'à
demain matin.
- —Devenir casanier. Ex. Plus je vieillis, plus je cherche
à me cabaner.
- —S'assombrir. Ex. Le temps se cabane, nous allons avoir
quelque orage.
- Cabanes, n. f. pl.—Latrines.
- Cabarouet, n. m.
- —Haquet. Long camion qui sert à transporter les barils,
les grosses caisses, le truck des Anglais.
- —Cabriolet. Petite voiture à deux roues, suspendue sur
des baguettes de bois, ou sur des ressorts, et à un siège,
ou encore une voiture à deux roues, avec quatre poteaux,
comme nous en voyons sur nos marchés.
- Cabas, n. m.
- Bruit, fracas, tapage. Ex. Allons, les enfants, ne faites
pas tant de cabas? En France, ce mot veut dire tromperie,
ou s'applique à un meuble lourd et grossier. Dans l'Anjou,
c'est un manteau.
- Cabasser, v. n.
- —Faire du cabas, du bruit.
- —Fatiguer, abattre. Ex. Cette fille me paraît bien cabassée.
- —Secouer fortement. Ex. Je me suis fait terriblement
cabasser dans la voiture à Marois.
- Cabinet, n. m.
- Chambre à coucher, à la campagne. Ex. Monsieur, passez
dans le cabinet du fond, c'est là votre chambre à coucher.
Nous prononçons souvent cabinette.
- Câblegramme, n. m.—Câblogramme.
- Caboche, n. f.
- —Capsule de certaines plantes. Ex. Une caboche de pavot.
- —Tête. Ex. Je me suis sonné la caboche en tombant.
- Cabochon, n. m.
- —Caboche, tête. Ex. Ce que je te dis là, fourre-moi ça
dans ton cabochon.
- —Bosses, proéminences quelconques.
- —Nœud de bois, loupe.
- —Ouvrier maladroit.
- —Imbécile.
- Cabousse, n. f.
- —Appartement ou pièce attenante à un édifice, servant de
dépense.
- Caca, n. m. et adj.
- —Immondice de toute nature. Ex. Ne touche pas à cela,
c'est du caca.
- —Immangeable. Ex. Ne mets pas cela dans ta bouche,
c'est caca.
- —Méchant. Ex. C'est caca ce que tu as fait là, mon petit.
- Cacasser, v. n.
- —Croasser.
- —Caqueter, en parlant de la poule.
- —Bavarder.
- Cache, n. f.
- Cachette, ou lieu secret connu seulement des trappeurs du
Nord-Ouest. Dans ces caches, ils déposaient ce qu'ils
possédaient de plus précieux.
- Cache la Belle=Bergère.
- Jeu de société qui consiste à se passer de l'un à l'autre un
bijou ou un objet que l'un des joueurs, placé au centre,
doit saisir au passage. La personne prise en possession
du bijou doit payer un gage.
- Cache=mainettes, n. f.
- Tablier muni de poches dans lesquelles les femmes peuvent
introduire leurs mains tout entières.
- Cache petit=pot.
- Jeu d'enfant, où il est question de trouver un objet caché
dans la main de l'un des joueurs réunis en cercle. Le
chercheur est debout, au centre.
- Cacher, v. a.
- —Mettre des couvertures sur une personne couchée pour
la mettre à l'abri du froid.
- —Cacher les fautes de quelqu'un.
- Cacheter, v. a.
- Jeter des couvertures sur quelqu'un pour le protéger contre
le froid.
- Cachette, n. f.
- Cache-cache, jeu d'enfants, dans lequel tous les joueurs se
cachent, à l'exception d'un seul, qui cherche à découvrir
les cachettes des autres.
- Cachette (à la), loc. adv.
- En cachette. Ex. Lire des romans à la cachette du maître.
Tu as fait cela à la cachette de moi.
- Cadran, n. m.
- Montre. Ex. Ton cadran est dérangé.
- Cadre, n. m.
- Tableau, dessin, gravure encadrés. Ex. Voici un beau
cadre. Métonymie, le contenant employé au lieu du contenu.
Se dit très souvent en France.
- Caduc (la), n. f.
- L'aqueduc. Ex. Va donc voir si la caduc marche.
- Caduc, adj.
- Triste, abattu. Ex. Cette femme est bien caduque depuis
que son mari est mort.
- Cafière, n. f.
- Cafetière, vase qui sert à faire ou à verser le café.
- Cage, n. f.
- —Train de bois, composé de billots liés ensemble pour
former un radeau.
- —Planches ou madriers mis en pile et croisés à angles droits
avec de nombreux interstices, pour être séchés au soleil.
- Cageage, n. m.
- Tous les travaux particuliers à la mise en train des billots
en flotte.
- Cager, v. a.
- —Former une cage avec des billots liés les uns aux autres
pour en permettre le transport.
- —Empiler des planches ou des madriers pour les faire
sécher au grand air et au soleil.
- Cageu, n. m.
- Pièces de bois attachées les unes aux autres et mises en flotte
pour être transportées d'un lieu à un autre. Ce mot peut
venir de cajeutes, vieux mot français employé pour désigner
les lits de vaisseaux; du hollandais kajuit.
- Cageur, n. m.—Employé sur une cage.
- Cagouette, n. m.—Gorge. V. Gagouette.
- Cahot, n. m.
- Ce mot, qui est français, s'emploie surtout pour marquer les
inégalités qui se produisent dans nos chemins d'hiver par
les amoncellements de neige. On le trouve dans la fameuse
chanson:
-
...C'est la faute à Papineau
Si nous avons des cahots.
- Câille, adj.
- Mélange de blanc et de noir. Ex. Marie, va tirer la grande
vache câille. Thérèse a les yeux câilles.
- Câiller, v. n.
- Se laisser aller au sommeil. Ex. Mon petit Jean, tu t'endors,
tu commences à câiller. En Anjou, câille se dit pour
sommeil profond.
- Câilles, n. f. pl.
- Caillebottes, masse de lait caillé. Ex. Vivre aux câilles et
aux patates.
- Câillette, n. f.
- Nom fréquemment donné aux vaches de couleur câille.
- Cailloud'chouc, n. m.—Caoutchouc.
- Caisser, v. a.
- Encaisser, mettre en caisse. Ex. Caisser des livres.
- Caisson, n. m.
- Tête. Ex. Se faire sauter le caisson avec un pistolet.
- * Cake, kéke, (m. a.)—Gâteau. Ex. Un Johnny cake.
- Calâbre, n. m.—Cadavre.
- Calamel, n. m.—Calomel.
- Calant, adj.
- Qui cale, enfonce. Ex. Les chemins sont calants.
- * Calculer, v. n. (Angl.)
- Présumer. Ex. Je calcule partir la semaine qui vient.
- Calèche, n. f.
- —Cabriolet à ressorts, à deux roues, suspendu sur deux
bandes de cuir, à coffre gondolé, encore en usage à Québec.
- —Diarrhée. Ex. Avoir la calèche.
- Caléchée, n. f.
- Calèche remplie de voyageurs, de promeneurs.
- Calemberdaine, n. f.—Calembredaine.
- Calenas, n. m.—Cadenas.
- Calenderier, n. m.—Calendrier.
- Caler, v. n. et a.
- —Ruiner. Ex. Ce marchand est calé à tout jamais.
- —Enfoncer. Ex. La terre est molle ici, ça cale.
- —Devenir chauve. Ex. Tu cales bien de bonne heure, toi,
tu as la tête comme un genou.
- —Perdre de l'argent. Ex. J'ai calé gros d'argent dans ma
dernière spéculation.
- En France, caler signifie avoir peur. Ex. Tu caleras
quand il faudra te battre. Caler peut venir de cale, calotte.
Brantôme parle de la cale ecclésiastique, béguin ou coiffe
de soie que les hommes portaient sous le chaperon (camail).
- Calfetage, n. m.—Calfatage.
- Calfeter, v. a.—Calfater.
- Calfeteux, n. m.—Qui exerce le métier de calfat.
- Caliberdas, Bruit, tapage. Ex. Mon Dieu! quel caliberdas!
- Caliborgne, adj.—Louche, borgne.
- Califourchon, n. m.—Fourche des jambes.
- Califournie, n. f.—Californie.
- Calimaçon, n. m.
- Colimaçon. Ex. Calimaçon borgne, montre-moi tes cornes.
- Cali=Mailla, n. m.
- Colin-Maillard. Ex. Courir le Cali-Mailla. Le Colin-Maillard
cherche à saisir un joueur, et, lorsqu'il le tient, il
doit deviner son nom. S'il nomme le joueur qu'il a pris,
ce dernier devient Colin-Maillard.
- Câlice, n. m.—Calice.
- Câline, n. f.
- Espèce de bonnet rond, noué sous le menton, dont nos
Canadiennes se servaient beaucoup dans le temps passé.
La mode semble en vouloir disparaître.
- Calmir, v. n.
- Faire le calme. Ex. La mer va calmir, ensuite nous partirons
pour l'île aux Corneilles.
- Calmir (se), v. pron.
- Se calmer. Ex. Il finira par se calmir avec le temps.
- Calotte, n. f.
- —Ronce odorante, appelée aussi cap, casquette, capuchon,
framboise.
- —Casquette. Ex. Les écoliers du séminaire sont obligés
de porter la calotte de drap bleu avec nervure blanche.
- Calumet, n. m.
- —Toute pipe de bois, ou dont le tuyau est en bois ou en
roseau.
- —Homme de très petite taille.
- Caluron, n. m.
- Petite casquette qui ne recouvre que le sommet de la tête.
- Câlus, n. m.—Cal, calus.
- * Calvette, n. f. (Angl.)
- Ponceau. De l'anglais culvert.
- Calvine, n. m.
- Calville. Ex. Des pommes de Calvine. Calville est un
petit village de Normandie, et la pomme Calville est particulière
à la Normandie. Le nom a été apporté de France,
mais la pomme nous est étrangère.
- Camail, n. m.
- Capeline particulière aux jeunes enfants et qu'ils portent
durant l'été.
- Cambuse, n. f.—Poêle rustique.
- Camelotine, n. f.
- Etoffe de laine très lustrée, en vogue autrefois.
- Camomine, n. f.
- Camomille. Ex. Une bonne tisane de camomine pour la
migraine.
- Camp, n. m.
- —Habitation primitive élevée dans les bois pour y loger les
bûcherons, les voyageurs. Il y a les camps temporaires
et les camps permanents. Se prononce campe.
- —Ficher le camp, se sauver, déserter.
- —Sacrer le camp, même sens.
- Camp=lit, n. m.
- Lit de camp, préparé au moyen de branches d'arbres recouvertes
de peaux de carriole.
- Campe, n. m.—Camp.
- Camper, v. n.
- —S'installer dans un camp, près d'un lac ordinairement,
pour faire la chasse ou la pêche.
- —Jeter. Ex. Son cheval l'a campé par terre.
- —Appliquer. Ex. Je lui ai campé une bonne claque.
- Canâiller, v. n.—Se livrer à la canaillerie.
- Canaoua, n. m.
- Sobriquet donné aux sauvages en général. Ex. Les Canaouas
de Ristigouche.
- Canaouiche, n. m.
- Sobriquet donné aux sauvages. Ex. Bonjour, canaouiche!
- Canard, n. m.—Bouilloire. V. Bombe.
- Canard branchu, n. m.—Canard huppé.
- Canard gris, n. m.—Canard pilet.
- Canayen, enne, n. et adj.
- Canadien, enne. Ex. Les Canayens sont pas des fous, partiront
pas sans prendre un coup.
- Cancanage, n. m.
- Cancan, médisance que l'on colporte.
- Cancanement, n. m.—Cancan.
- Cancaner, v. n.
- Bavarder, médire. Cancan est du français académique, mais
pas cancaner.
- Cancaneux, adj.
- Cancanier, qui a l'habitude de faire des cancans.
- * Cancellation, n. f. (Angl.)
- Action de canceller, de contremander, de résilier, d'annuler,
de biffer.
- * Canceller, v. a. (Angl.)
- —Contremander. Ex. Canceller une commande de livres.
- —Résilier. Ex. Canceller un bail.
- —Annuler. Ex. Canceller une loi.
- —Biffer. Ex. Canceller une disposition de la loi.
- Cancre, n. m.
- Paresseux incorrigible. Se dit aussi bien d'un homme fait
que d'un écolier.
- Cancreté, n. f.
- Le fait d'être cancre. Ex. C'est la cancreté même.
- * Candy, cann'dé, (m. a.)
- Bonbon. Ex. Un enfant qui se nourrit de candy.
- Caneçon, n. m.—Caleçon, avec permutation entre l et n.
- Cani, n. m.
- Moisi. Ex. Cette viande a une forte odeur de cani; voici
du pain qui a goût de cani.
- Canir, v. n.—Se gâter par l'humidité.
- Canisse, n. f.
- Canistre. Bidon de fer-blanc pour y mettre le pétrole et
toutes les huiles, les vernis, etc.
- Canissure, n. f.—Chancissure.
- Canitude, n. f.
- Canicule. Ex. Nous resterons à la campagne durant les
canitudes.
- Canne, n. f.
- —Cruche.
- —Vivre la canne à la main, être assez riche pour pouvoir
s'exempter de travailler.
- Canne de roche, n. f.—Canard histrion.
- Cannée, n. f.—Le contenu d'une canne, d'une cruche.
- Cannelier, n. m.
- Instrument en bois à double montant, troué à intervalles
égaux.
- Cannelle, n. f.—Fuseau, bobine.
- Canner, v. a.—Donner des coups de canne.
- Cannevette, n. f.—Plateau à liqueurs.
- * Cannuck, kannoque, (m. a.)
- Nom donné aux Canadiens-Français par les Anglais.
- * Canon, canonne, (m. a.)
- Gros canon, 48 points. (Terme d'impr.)
- Canon, n. m.
- —Verre. Ex. Viens prendre un petit canon chez Lambert.
- —Fessier.
- Canonner, v. n.—-Rejeter des gaz avec bruit.
- Canot, n. m.
- Sorte de chapeau de femme, appelé aussi chapeau de matelot.
- Canoterie, n. f.
- Côte de la Canoterie, nom donné à une côte qui fait communiquer
la partie basse de Québec avec la partie haute.
Autrefois il fallait la descendre pour prendre les canots
destinés à faire la traversée de la rivière Saint-Charles.
- Cant, n. m.
- Côté, la partie la plus étroite d'une pièce de bois, d'un bloc
de pierre de taille. Ex. Mettre un bloc de pierre sur le
cant, une maison bâtie en madriers sur le cant.
- Canter, v. a.
- —Pencher. Ex. Un mur qui cante. Le vieux français
disait eschanteler pour exprimer la même idée.
- —Mettre sur le côté. Ex. Canter un meuble pour pouvoir
le passer par une porte étroite.
- Canton, n. m.
- —Voisinage. Ex. Nous demeurons dans le canton.
- —Township. Ex. Les Cantons de l'Est.
- * Canvasser, v. a. (Angl.)—Cabaler.
- Caoutchouquer, v. a.
- Couvrir de caoutchouc.
- Cap, n. m.
- —Capsule de fusil.
- —Ronce.
- —Casquette.
- * Cap (night), naïte, (m. a.)
- Consommation prise avant de se mettre au lit. Ex. Prenons
un night-cap et allons nous coucher.
- Capable, adj.
- —Fort, musculeux. Ex. Si tu veux te battre, je t'assure
que je suis aussi capable que toi.
- —Instruit. Ex. Cet écolier a fini ses études, il est très
capable.
- —Dans la possibilité. Ex. Je ne suis pas capable d'aller
glisser.
- * Capacité (en sa), loc. (Angl.)
- En sa qualité. Ex. Agir en sa capacité de président, de
secrétaire.
- Cape, n. f.
- —Câpre. Le fruit se met en conserves dans le vinaigre
pour lui donner du piquant.
- —Cap. Ex. Chemin des Câpes, entre Saint-Joachim et la
Baie Saint-Paul.
- Capharnaüm, n. m.
- Maison spacieuse habitée par plusieurs ménages, où l'ordre
et la propreté font souvent défaut.
- * Capiâsser, v. a. (Angl.)
- Signifier un capias, mandat d'arrestation d'une personne endettée
qui manifeste son intention de quitter la province.
- Capiche, n. f.—Coiffure de femme qui recouvre les épaules.
- Capillaire, n. f.
- La plus belle de nos fougères dont on fait un excellent sirop
pour le rhume. Les botanistes l'appellent adiante pédalé.
- Capine, n. f.—Capeline.
- * Capital politique. (Angl.)
- Exploitation d'une question au point de vue et au profit
d'un parti. Ex. Faire du capital politique en faveur des
conservateurs.
- Capot, n. m.
- —Capote. Ex. Un capot d'écolier, un capot bleu, un capot
d'habitant.
- —Par-dessus de fourrure. Ex. Un capot de poil, un capot de
chat, d'astrakan, de seal, de castor piqué.
- Capot (faire).
- Rester capot. Faire capot veut dire faire toutes les levées,
au jeu de cartes. Ici, c'est le contraire.
- Capoter, v. a.
- Mettre le capot sur le dos d'un autre.
- Capoter (se), v. pron.
- Mettre son capot. Même sens que s'encapoter.
- Capuche, n. f.
- —Bonnet de nuit à l'usage du sexe.
- —Sage-femme.
- Capuchon, n. m.—V. Calotte.
- Capuchonner (se), v. pron. Mettre son capuchon.
- Caque, n. m.
- Caca. Ex. Faire son caque, dans le langage enfantin.
- Caracolage, n. m.—Action de marcher en caracolant.
- Caracoler, v. n.
- Avoir une direction tortueuse. Ex. Un chemin qui caracole.
- Caractère, n. m.
- Lettre de recommandation. Ex. Voulez-vous me faire la
charité, voici mon caractère, lisez-le.
- Un caractère se disait autrefois de la manière d'écrire, et
aussi pour les lettres ou figures que quelques-uns croyaient
avoir une certaine vertu en conséquence d'un pacte fait
avec le diable.
- Caractère seul, loc.
- Homme triste, fuyant la compagnie du monde.
- Carafée, n. f.
- Le contenu entier d'une carafe. Ex. Une carafée d'eau, de
cognac.
- Caraquettes, n. f. pl.
- Huîtres pêchées à Caraquet, sur le littoral de l'Atlantique,
dans le Nouveau-Brunswick.
- Caravane, n. f.
- Bande. Ex. Voyager en caravane, glisser en caravane.
- Carcajou, n. m.
- Glouton, petit animal de nos forêts, mentionné par La Hontan.
On l'appelle encore le diable des bois, et les sauvages le connaissent
sous le nom de quaquasut.
- Carcan, n. m.
- —Collier en bois que l'on met au cou des animaux de ferme
pour les empêcher de sauter les clôtures.
- —Décharné. Ex. Maigre comme un carcan.
- Carcaner, v. a.—Mettre le carcan.
- Carcasse, n. f.—Personne très maigre.
- Carcul, n. m.—Calcul.
- Carculer, v. a.—Calculer.
- Cardures, n. f. pl.
- Retirons, laine restée dans le peigne, après le peignage.
- Carême, n. m.—Face de carême, figure très pâle.
- Carillon, n. m.
- Bruit, tapage. Ex. Quel carillon faites-vous là, mes petits
enfants?
- Carisé, n. m.
- Flanelle croisée très épaisse et très forte. Ex. Des caneçons
de carisé.
- Carnage, n. m.
- —Bruit, fracas. Ex. Quel carnage est çà? Cessez, les
enfants, de vous chamailler.
- —Dégât. Ex. Le tonnerre a fait du carnage cette nuit.
- Carnas, n. m.—Cadenas.
- Carottage, n. m.
- Action de carotter, de tromper, d'escroquer.
- Carotte=à=Moreau, n. f.
- Ciguë. Sa racine ressemble beaucoup à la carotte rouge.
Poison violent.
- Carotte, n. f.
- Mensonge. Ex. Pousser une carotte.
- Carotter, v. a.
- Voler, obtenir de l'argent sous de faux prétextes.
- Carouge commandeur, n. m.—Etourneau à ailes rouges.
- Carpe de France, n. f.
- Cette carpe est nommée par les botanistes maxostôme doré,
cousin germain de la carpe.
- Carpiche, n. f.
- Culbute. Ex. Il a pris une carpiche en descendant l'escalier
de la petite rue Champlain, il a failli s'assommer.
- Carrage, n. m.
- Enjeu. Ex. Le carrage est défendu à ce jeu-là.
- Carré, n. m.
- Place publique. Ex. Le carré Viger, à Montréal. En Normandie
on dit carreau, d'où l'expression jeter sur le carreau.
- Carreau, n. m.
- —Imposte, partie fixe ou non qui surmonte la partie mobile
d'une porte, d'une croisée.
- —Soupirail. Ex. Les rats entrent par le carreau de la cave.
- —Carré, morceau carré. Ex. Un carreau de lard.
- Carreautage, n. m.
- Action de diviser une étoffe par carreaux.
- Carreauté, adj.
- Divisé en petits carreaux. Ex. Avez-vous de l'indienne
carreautée noir et blanc?
- Carrette, n. f.
- Cadre de bois sur lequel les pêcheurs enroulent les lignes
destinées à tirer de l'eau le poisson après l'avoir harponné.
- Carrer (se), v. pron.
- Mettre un enjeu, au jeu de cartes, au brelan.
- Carriole, n. f.
- Traîneau d'hiver. Ex. Attèle la grise à la carriole; n'oublie
pas la peau de carriole.
- Carriolée, n. f.
- —Une carriole remplie de voyageurs.
- —L'ensemble des personnes que contient une carriole.
- * Carte complimentaire, n. f.—Carte de faveur. (Angl.)
- * Carte-poste, n. f.—Carte postale. (Angl.)
- Cartes (tirer aux), loc.—Tirer les cartes.
- Carteron, n. m.—Carton. Ex. Une boîte en carteron.
- Casarner, v. a.—Caserner.
- Caserner (se), v. pr.
- Se renfermer chez soi. Ex. Quand vient l'hiver, j'ai toujours
envie de me caserner.
- Casernier, n. et adj.—Casanier, qui aime à rester chez soi.
- * Cash, cache, (m. a.)
- —Comptant. Ex. Moi, je paye cash.
- —Caissier. Ex. J'ai affaire au cash.
- Casque, n. m.
- —Gros casque, homme important.
- —Arranger le casque à quelqu'un, le morigéner.
- —Avoir du casque, avoir du toupet.
- —Lever le casque à quelqu'un, lui dire ses vérités.
- —Se faire serrer le casque, se faire taper.
- —En avoir plein son casque, être rendu au bout de sa patience.
- —Cela va lui prendre le casque, cela va le forcer sérieusement.
- —Mauvais plaisant. Ex. T'es pas fou, le casque!
- Casquette, n. f.—Ronce odorante. Voir Calotte.
- Cassable, adj.
- Qui peut être cassé. L'Académie ne reconnaît pas ce mot.
- Cassage, n. m.
- Ne se dit que des minerais. Ici, nous étendons ce mot à
toute action de casser, verre, porcelaine, etc.
- Casse, n. m.
- Casque. Ex. Prends ton casse et va-t-en. V. Casque.
- Casseau, n. m.—V. Cassot.
- Casse=glace, n. m.—Brise-glace.
- Casse=poitrine, n. m.—Boisson forte.
- Casser, v. a.
- —Fendre. Ex. Cours me casser un peu de bois pour allumer
le poêle.
- —Renverser. Ex. J'ai tiré au poignet avec Arthur, et je
l'ai cassé.
- —Avoir du succès à tout casser, beaucoup de succès.
- —Se casser le nez sur la porte, se voir refuser la porte.
- —Casser sa pipe, rater son affaire.
- Casserille, n. m.—Quadrille.
- Casserole, n. f.
- Cendrier. Ex. Marie, vide donc la casserole du poêle.
- Casserolée, n. f.—Le contenu d'une casserole.
- Cassette, n. f.
- Boîte de merceries à l'usage des colporteurs, des marchands
ambulants. Ex. Tiens, tu sais bien que monsieur Damour,
si riche aujourd'hui, a commencé par porter la cassette.
- Câssis, n. m.
- Cassis, Gadelle noire. Ex. De la gelée de câssis.
- Cassot, n. m.
- —Estomac. Ex. Avoir le cassot plein.
- —Boîte en écorce de bouleau, dont se servent les fabricants
de sucre d'érable pour mettre la tire. On l'utilise, en
outre, pour la cueillette des petits fruits, des fraises, des
framboises, etc. En France, le cassot est une caisse à
compartiments où l'on trie les chiffons pour la fabrication
du papier.
- —Soulever le cassot, morigéner.
- Castille, n. m.
- —Savon de Castille, savon importé de France.
- —Hache de castille, hache d'acier. De l'anglais cast steel.
- Castonade, n. f.
- Cassonade. Ménage, dans ses observations sur la langue
française, dit: «Le grand usage est castonade, et non pas
cassonade qui est pourtant le véritable mot. De casson,
cassonade. Je dirais donc castonade, mais sans blesser
cassonade.»
- Castor, n. m.
- —Ricin. Ex. Huile de castor. (Angl.) Castor Oil.
- —Parti politico-religieux. Ex. Je te dis, moi, qu'il y a
encore des castors.
- —Chapeau de haute forme. Ex. Tu as l'air de quelque
chose avec ton castor.
- Castor errant, n. m.
- Castor isolé des siens que le chasseur capture facilement.
- Castor (petit), n. m.
- Petit insecte qui pullule sur les mares d'eau et qui passe
pour très venimeux.
- Castoriser (se), v. pron.
- Avoir une tendance de plus en plus prononcée vers le castorisme.
- Castorisme, n. m.
- Parti des castors, qui a pris naissance en 1886, et dont le
programme consistait dans l'application des principes
ultramontains dans la vie publique comme dans la vie
privée.
- * Cast steel, castile, (m. a.)
- Acier fondu. Ex. Une faux en cast steel.
- Casuel, adj.
- —Volage. Ex. Cette personne est pas mal casuelle. (De
Gaspé, Mémoires).
- —Fragile. Ex. Cette verrerie est casuelle.
- —Délicat, faible. Ex. Ma femme n'a pas grand santé,
elle est casuelle.
- Catalogne, n. f.
- —Crêpe au lard. (Taché, For. et Voy.). Ex. Marie, huche
ton père pour venir manger des catalognes.
- —Lisière de tapis fabriqué avec des bandes étroites de laine
ou de coton au moyen d'une machine dite métier.
- Oudin dit qu'il y avait jadis des couvertures de laine
blanche qui portaient ce nom, parce qu'elles venaient de
Catalogne.
- Cataplamme, n. m.—Cataplasme.
- Cataplasse, n. m.—Cataplasme.
- Catapleume, n. m.
- Cataplasme. Le verbe cataplamer existait jadis et signifiait
faire un cataplasme.
- Cataplume, n. m.—Cataplasme.
- Catchime, n. m.—Catéchisme.
- Cateau, cataut, n. f.
- Catherine. Ex. Joséphine est habillée comme Cateau, c'est-à-dire
sans goût, quoique avec beaucoup de fanfreluches.
Nous disons également: Elle est amanchée comme Cateau.
- Catéchime, n. m.—Catéchisme.
- Catéchisse, n. m.—Catéchisme.
- Catéreux, adj.—Homme d'humeur inégale.
- Caterre, n. m.—Catarrhe. Ex. Je crois que j'ai le caterre.
- Catherine-serrée, n. f.
- Femme à l'étroit dans ses vêtements. Ex. Regarde Catherine-serrée
qui passe.
- Catherinette, n. f.—Mûrette ou ronce du Canada.
- Catholique, adj.
- Honnête, respectable. Ex. Ce n'est pas catholique ce que
tu viens de faire.
- Catiche, n. f.
- Doigt de gant ou simplement un linge qui enveloppe un
doigt malade. Diminutif de Cataut.
- Catichette, n. f.—V. Mainette.
- Catichonner, v. a.
- Habiller sans goût. Ex. Cette mère catichonne ses enfants,
est-elle ridicule?
- Catichonner (se), v. pron.
- S'habiller sans goût. Ex. Une fille qui passe son temps à
se catichonner.
- Catin, n. f.
- —Poupée. Ex. Monsieur, avez-vous des catins a vendre?
- —Sans doute. Passez par ici, la femme aux catins? Diminutif
de Catherine.
- —Doigtier, fourreau eu forme de doigt de gant, dont on
recouvre un doigt malade.
- Catiner, v. n.
- Jouer à la poupée, fabriquer des poupées avec du vieux
linge.
- Catinette, n. m.
- Petit garçon efféminé qui se plaît à catiner.
- Catineux, n. et adj.
- Petit garçon qui joue à la poupée avec ses sœurs.
- * Catsup, catseupe, (m. a.)
- Sauce de champignons, de tomates, etc.
- * Caucus, n. m.
- Réunion intime des partisans d'un groupe de politiciens.
(Américanisme.)
- Cause (à), loc. conj.
- Pourquoi. Ex. Tu me refuses d'aller là-bas, dis donc, à
cause?
- Cause que (à), loc. conj.
- Parce que. Ex. J'ai fait cela à cause que j'ai voulu.
- Cause que (d'à), loc. conj.
- Pourquoi. Ex. D'à cause que tu m'en veux?
- Causer, v. n.
- Causer à quelqu'un, causer avec quelqu'un. Ex. Nous lui
causerons de notre affaire.
- Causette, n. f.
- Courte conversation. Ex. Entre donc, l'ami, nous allons
faire un bout de causette.
- Caustique, n. m.
- Carbonate de potasse, et en général toute substance caustique.
Ex. Vous allez laver le plancher avec du caustique.
- Caution, n. m.
- Caution, n. f. Ex. Prête-moi donc cent piastres, j'ai un
bon caution à te donner.
- * Cauxer, v. a. (Angl.)
- Cajoler, enjôler. De l'anglais to coax, amadouer.
- Cavalier, n. m.
- Amoureux qui fait la cour à une jeune fille. Ex. En voilà
une qui n'est pas chanceuse, elle a déjà eu trois cavaliers,
et elle ne se marie pas plus vite que les autres.
- Cavée, n. f.
- Creux, fosse, vallée. On dit encore cavée en Normandie
pour signifier une fosse.
- Cav'reau, n. m.
- —Caveau. On employait autrefois les mots cavearot et
cavereau.
- —Cave à légumes.
- —Chapelle funéraire érigée dans un cimetière.
- Cayen, ne, n. et adj.
- Acadien. Ex. Les Cayens de la Gaspésie.
- Cazagot, n. m.
- Boîte en écorce où les femmes des sauvages déposent leur
petit enfant pour le transporter sur leur dos au cours de
leurs pérégrinations.
- Cèdre blanc, n. m.—Thuya d'Occident.
- Cèdre rouge, n. m.—Genévrier de Virginie.
- Cédrière, n. f.
- Forêt de cèdres. Ex. Nous allons couper du balaitte dans
la cédrière.
- Ceinture fléchée, n. m.
- Ceinture longue et large, aux couleurs voyantes et variées,
fabriquée autrefois par les sauvages seulement.
- Ceinture, n. f.
- Un chemin de fer de ceinture, un chemin de fer circulaire.
- Ceinturer, v. a.
- Entourer avec une corde. Ex. Ceinturer une valise.
- Celle (la), pron.
- Celle. Ex. C'est la celle que je connais.
- Cellesse (la).—Celle.
- Cémiquière, n. m.—Cimetière.
- Cémitière, n. m.—Cimetière.
- Cendrouillonne, n. f.—Servante malpropre.
- Cenelle, n. f.
- Fruit de l'aubépine. L'Académie a écrit senelle, mais en
renvoyant à Cenelle qu'elle a omis de reproduire.
- Cenellier, n. m.—Aubépine.
- Cenille, n. f.—Chenille.
- Cent, cenn't, n. f., (m. a.)
- Centin. Ex. Je n'ai pas la cent, je n'ai pas c'te cent.
- Centin, n. m.
- Traduction de l'anglais cent, centième partie de la piastre.
- Centume, n. m.—Centuple. (B. P. F.)
- Cerceau, n. m.
- Petit berceau de fer et d'osier en forme de tonnelle qui empêche
les draps de lit de toucher à un membre malade.
- Cercle, n. m.
- Cerne. Ex. Es-tu malade, tu as un grand cercle autour des
yeux. As-tu vu le cercle qu'il y a autour de la lune?
- Cercle de quart, n. m.—Cercle de baril, de tonneau.
- Cérémonie (être de), loc.
- Agir en qualité de parrain et de marraine dans un baptême.
Ex. Pierre et sa femme sont de cérémonie chez les Beaufils.
- Cérimonie, n. f.
- Cérémonie. Ex. Pas de cérimonie, Monsieur, entrez.
- Cérimonieux, adj.—Cérémonieux.
- Cérimonitieux, euse, adj.
- Très cérémonieux.
- Cerise, n. f.
- Verre de vin. Ex. Entrons chez Boisdon, nous allons
prendre une cerise.
- Cerise à grappes, n. f.—Cerise de Virginie.
- Cerise à grappier, n. f.—Cerisier à grappes.
- Cerise de France, n. f.—Cerise.
- Cerner, v. a.
- Culotter. Ex. Ta pipe est bien cernée.
- Certifida, n. m.
- Assa fœtida, résine antispasmodique et d'une odeur fétide,
employée par les chasseurs comme appât.
- Ceule, pron.—Celle.
- Ceuses (les), pron.
- Ceux. Ex. Les ceuses qui sont pour, levez la main.
- Chacoter, v. a.
- —Fatiguer l'esprit, donner à réfléchir. Ex. Cette affaire
me chacote gros.
- —Réprimander vertement.
- Chacun (un).—Chacun. Ex. Qu'un chacun donne son opinion
l'un après l'autre.
- Chadron, n. m.
- —Chaudron.
- —Echarde.
- Chadronnée, n. f.—Chaudronnée.
- Chadronnet, n. m.—Chardonneret.
- Chagriner (se), v. pron.
- S'assombrir. Ex. Il fera mauvais tantôt, le temps se chagrine.
- Chaîner, v. n.
- S'enfuir rapidement. Ex. Nous avons été poursuivis par
des voleurs, et nous avons pris la fuite, je t'assure que ça
chaînait.
- Chair de cuir, n. f.
- Partie molle d'un cuir tanné. Employée journellement
pour arrêter les hémorrhagies externes.
- Chaise, n. f.
- —Chaire. Ex. M. le curé est monté dans sa chaise.
- —Etre assis entre deux chaises, expression qui définit bien
la position d'un homme qui, pour avoir couru deux lièvres
à la fois, n'en a saisi aucun.
- Chaland, n. m.—Embarcation à fond plat.
- Chalin, n. m.—Eclair de chaleur.
- En Normandie, câliner veut dire faire des éclairs de chaleur.
Cotgrave définit chaline un tonnerre peu bruyant au commencement
du jour.
- Chalit, n. m.—Bois de lit.
- Challe, n. f.—Semonce. (Cl.)
- Challer, v. a.—Semoncer, réprimander.
- Chaloir, v. imp.
- Se soucier. Ex. Il m'en chaut.
- Chaloupée, n. f.—La charge d'une chaloupe.
- Chaloupier.—Qui conduit une chaloupe.
- Chamborder, v. a.
- Border, entourer. Ex. J'ai fait chamborder mon hangar.
- Chamâillerie, n. f.
- Querelle, dispute, bataille.
- Chambrai, n. m.
- Cambrai, toile de lin, blanche, fine, qu'on fabriquait à Cambrai.
- Chambranler, v. n.
- Chanceler, aller d'un chambranle à l'autre. Ex. Pierre
n'est pas ferme sur ses pieds, il chambranle.
- —Branler, osciller. Ex. Un meuble qui chambranle quand
on le remue.
- Chambre, n. f.
- —Salon. Ex. Passez, Monsieur, dans la chambre, dans la
grande chambre.
- —Avoir des chambres à louer, être un peu fou.
- Chambre (grande), n. f.—Salon.
- Chambré, adj.
- Lamellé. Ex. La glace est chambrée. (B. P. F.)
- Champlure, n. f.
- Chantepleure, robinet quelconque.
- Chançard, adj.
- Chanceux, homme que la chance poursuit.
- Chance, n. f.
- Billet de loterie. Ex. Moi, j'ai six chances, j'ai acheté six
billets.
- —Coup de chance. V. Coup de chance.
- Chancre, n. m.
- —Cancer. Ex. Un chancre à la bouche.
- —Manger comme un chancre, beaucoup.
- L'on disait autrefois boire en chancre, boire avec excès.
(Du Tillet, Hist. de la fête des Foux.)
- Chancreux, euse, adj.
- Cancéreux. Ex. Une plaie chancreuse.
- Chandelle, n. f.
- —Avoir des chandelles au nez, avoir le nez morveux.
- —Ne pas manger de chandelles, se tirer du grand.
Ex. C'est un gas qui ne mange pas de chandelles, car la
mèche l'écœure.
- Chandelles (en), loc.
- —Glace à demi désagrégée sous l'action de la chaleur et de
la pluie.
- —Aiguilles de glace qui pendent des toits des maisons,
à la façon des stalactites. (B. P. F.)
- Chandonnet, n. m.—Chardonneret.
- Change, n. m. et f.
- —Monnaie d'une pièce. Ex. As-tu de la change pour une
piastre?
- —Habits de rechange. Ex. Je n'ai plus de change, la
laveuse ne m'a pas apporté mon linge.
- —De la change, du change.
- Change pour change, loc.
- Troc pour troc. Ex. As-tu une montre à changer? si tu
veux, je changerai la mienne pour la tienne, change pour
change.
- Changeaillage, n. m.—Action d'échanger de menus objets.
- Changeailler, v. a.—Echanger de menus objets.
- Changer (se), v. pron.
- Changer d'habits. Ex. C'est aujourd'hui dimanche, il faut
se changer.
- Changeur de chevaux, n. m.
- Qui fait profession d'échanger des chevaux pour en tirer du
profit.
- Chanquier, n. m.
- —Sentier, chemin très étroit formé dans les bois par un
long usage.
- —Chantier.
- Chanteau, n. m.
- Patin. Ex. Le chanteau de ma chaise berçeuse est usé.
- Chanter, v. a.
- —Imiter le chant. Ex. La poule qui chante le coq, c'est-à-dire,
qui imite le chant du coq.
- —Raconter. Ex. Qu'est-ce que tu me chantes là?
- Chanter le coq, loc.
- Chanter victoire. Ex. Cesse de chanter le coq, je te ferai
bientôt rabattre le caquet.
- Chanteux, adj.
- Chanteur. Ex. Louis est un beau chanteux.
- Chantier, n. m.
- —Exploitation d'une forêt.
- —Quartier où se réunissent les travailleurs.
- —Cabane.
- —Sentier.
- Chape, n. f.
- —Châle.
- —Semonce. Ex. Il s'est fait lever une chape en règle.
- Chapeau, n. m.
- Maladie de la peau sous forme de croûtes qui forment sur
le crâne des enfants une espèce de chapeau.
- Chapeau (passer le), loc.
- Faire une collecte.
- Chapelain, n. m.
- Aumônier. Ex. M. le Chapelain des Ursulines.
- Chap'lette, n. m.
- —Rouler le chap'lette, dire souvent son chapelet.
- —Claque-chap'lette. V. ce mot.
- Chapelinat. n. m.—Aumônerie.
- Chapelouse, n. f.
- Chenille. En Normandie, carpeleuse et charpeleuse se disent.
Du latin caro pilosa, chair velue.
- Chapitre, n. m.
- Réprimande. Ex. As-tu eu ton chapitre de Monsieur St-Cyr,
moi, j'ai eu le mien. Corneille s'est servi de ce mot.
- Chapitrer est français.
- Chaque, pron.
- Chacun. Ex. Mes ouvriers me coûtent deux piastres par
jour chaque.
- Chaqueune, pron. f.—Chacune.
- Char, n. f.—Char, n. m. Ex. Voyager dans les petites chars.
- Char, n. m.
- —Voiture de chemins de fer, wagon. Ex. Embarquons
dans les chars, changeons de char, les chars sont chargés
de monde.
- —Gare. Ex. Y a-t-il loin d'ici aux chars?
- —Train de chemin de fer. Ex. Tu connais Baptiste, ce
n'est pas les chars. Dis-moi donc l'heure des chars. J'ai
un cheval qui marche comme les chars. J'ai eu le malheur
de manquer les chars.
- —Tramway, char urbain. Ex. Les petits chars marchent-ils
aujourd'hui?
- —Char à bagage, fourgon.
- —Char à bois, à charbon.
- Char de Vénus, n. m.—Aconit Napel.
- Charabia, n. m.
- Langage bizarre, incompréhensible. Ce mot, d'après Pierquin
de Gembloux, vient de Skarakiad, ville d'Arabie,
qui donna son nom aux Sarrasins. Charabia se trouve
dans Larousse.
- Charader, v. a.
- Houspiller. (De Gaspé, Mémoires, p. 135.)
- Charbon, n. m.
- —Huile de charbon, pétrole.
- —Charbon dur, houille maigre.
- —Charbon mou, houille grasse.
- Charbonner, v. a.
- Charger un bateau ou un steamer de charbon.
- Charbonnier, n. m.
- Bâtiment qui transporte du charbon. Larousse cite charbonnier
dans ce sens.
- Charcher, v a.
- Chercher. Ex. Qu'est-ce que tu charches là?
- Chardonnet, n. m.
- Chardonneret. Marot dit chardonnet.
- Chardron, n. m.
- —Chardon.
- —Un chardron sec, une personne inabordable.
- Chardronnet, n. m.—Chardonneret.
- * Charge, n. f. (Angl.)
- —Plaidoirie, réquisitoire.
- —Allocution du juge faisant le résumé de la cause.
- —Etre à charge, être fatigant, ennuyeux.
- Chargeage, n. m.—Action de charger.
- Chargeant, adj. part.
- Indigeste. Ex. J'ai dîné au dinde, c'est chargeant.
- * Charger, v. a. (Angl.)
- —Haranguer, charger le jury.
- —Mettre au débit. Ex. Vous chargerez ces deux piastres
sur mon compte.
- —Réclamer. Ex. Il m'a chargé dix piastres pour sa consulte.
- Chargner, n. m.—Charnier. V. ce mot.
- Chargnère, n. f.—Charnière.
- Chariot, n. m.
- —Corbillard.
- —Espèce de banquette roulante, à siège troué au centre,
et où l'on place debout un enfant qui est à la veille de
marcher.
- Charlander, v.
- —Ennuyer, importuner.
- —Chalander se disait jadis.
- Charlanter.—V. Charlander.
- Charlimagne.
- Corruption de Charly man, expression usitée pour engager
les travailleurs qui doivent soulever un lourd fardeau, à
faire un effort commun. Ex. Chante le charlimagne, ça
va nous aider à mieux travailler.
- Charlot, n. m.
- Diable. Ex. Mes mitaines sont raides comme la peau du
vieux Charlot.
- Charme, n. m.
- Se porter comme un charme, avoir une excellente santé.
- C'est charbe qui se disait jadis. Ex. Cet enfant profite
comme une charbe (chauvre).
- Charme (d'un), loc.
- D'un tour de main. Ex. Ç'a été fait d'un charme.
- Charnel, adj.—Consanguin. Ex. C'est mon oncle charnel.
- Charnier, n. m.
- —Caveau où l'on dépose les membres d'une même famille.
- —Caveau à l'usage de tous les défunts durant l'hiver. Au
printemps, les cercueils sont enterrés dans des fosses particulières.
- Charnière, n. f.—Charnier.
- Charpenquer, n. m.—Charpentier.
- Charpente à tête.
- Charpente grossière faite de bois rond ajusté aux angles au
moyen de simples entailles.
- Charpiller, v. a.—Mettre en charpie, écharpiller.
- Charpir, v. a.
- Déchirer, mettre en charpie. Ex. Charpir de la laine.
- Chârrequer, n. m.—Charretier.
- Chârretier, n. m.
- —Cocher de place.
- —Conducteur de voiture en général, quelle que soit sa
forme ou son usage.
- Chârriable, adj.
- Qui peut être charrié.
- Vieux terme de coutumes, qui désignait un vassal obligé
envers son seigneur à fournir des charrois.
- Chârriement, n. m.
- —Course. Ex. Ecoute, mon enfant, cesse tes chârriements
d'un quai à l'autre.
- —Action de transporter des objets, des meubles, d'un lieu
à un autre.
- Charrier, v. a.
- —Aller très vite. Ex. Ce charretier a un bon cheval, il
nous a charriés jusqu'à Lorette en pas grand temps.
- —Renvoyer, chasser. Ex. Veux-tu t'en aller, misérable?
chârrie d'ici.
- —Avoir la diarrhée. Ex. J'ai pris une bonne dose d'huile
de castor, c'est ça qui fait chârrier.
- Chârrieux, m.
- Charrieur, qui charrie. Ex. Un charrieux d'eau, de bois,
de neige, de charbon.
- Chârroyable, Qui peut être charrié.
- Chârroyage, n. m.—Charriage, action de charrier.
- Chârrue, n. f.
- —Chasse-neige.
- —Mot souvent employé pour exprimer le mécontentement.
Ex. Charrue! il y a toujours quelque mauvaise affaire
qui me tombe ainsi sur les bras.
- * Chartine, n. f.—De l'anglais shirting. V. ce mot.
- Chasse=femme, n. f.—Sage-femme.
- Chasse=galerie, n. f.—Danse des sorciers ou des loups-garous.
- Chasse=paillasse!
- Expression dont on se sert pour faire le vide autour de soi,
quand on est entouré d'enfants.
- * Chasse=panne, n. f.—Marmite. De l'anglais saucepan.
- Chassepareille, n. f.
- Salsepareille. Ex. Du baume de chassepareille qui guérit
de tous maux.
- * Chasse=pinte, (Angl.)—Casserole. De l'anglais saucepan.
- Châssis, n. m.
- —Fenêtre. Le châssis est l'encadrement, la fenêtre est
l'ouverture pratiquée dans le mur pour obtenir de l'air et
de la lumière.
- —Encadrement de la charpente d'une maison, d'un hangar.
- Châssis doubles, n. m. pl.
- —Fenêtre extérieure, pour garantir du froid en hiver.
- —Verres de bésicles, et par extension, les bésicles elles-mêmes.
- Chat, n. m.
- —Ami particulier.
- —Pas un chat, personne. Ex. Y avait-il beaucoup de
monde au comité d'archéologie? A l'exception du président
et du secrétaire, il n'y avait pas un chat.
- —Avoir un chat dans la gorge, être enrhumé.
- Chat (capot de), n. m.
- Par-dessus en fourrures, confectionné avec des peaux de chat
sauvage.
- Chat sauvage, n. m.—Raton ordinaire.
- Château, n. m.
- —Chanteau. Ex. C'est à mon tour de donner le pain bénit,
j'ai eu le château aujourd'hui!
- —Patin de chaise berceuse.
- Château branlant, n. m.
- Meuble qui menace ruine. Ex. Mets-moi la hache dans ce
château branlant, c'est bon pour le poêle.
- Chatonner, v. n.
- Marcher en titubant. Ex. Cet enfant commence à chatonner,
c'est-à-dire marche comme les petits chats. Expression
d'origine acadienne. Vieux mot français cité par
Godefroy, qui signifiait, en son temps, marcher à quatre
pattes comme un chat.
- Chatouilleux, adj.
- —Délicat. Ex. Je m'aperçois que lorsqu'on parle d'argent,
tu deviens chatouilleux.
- —Douteux. Ex. Cette affaire est chatouilleuse.
- Chatte (jouer à la), loc.
- Jouer au chat. V. Attaque, Tague, Taque.
- Chatter, v. n.
- —Aimer un confrère plus que tous les autres. Expression
de collégien.
- Dans le principe, chatter signifiait être friand, manger des
friandises.
- —Draguer avec une chatte ou grappin dépourvu d'oreilles.
- Chatterie, n. f.
- Action de chatter. Ex. Les chatteries sont expressément
défendues dans tous nos collèges.
- Chatteux, n. et adj.
- Qui chatte. Ex. Je vous avertis dès le commencement de
l'année que les chatteux passeront mal leur temps avec moi.
- Chaud, adj.
- —A moitié ivre. Ex. Tiens, voilà José qui est encore chaud.
- —Cher. Voilà une affaire qui m'a coûté chaud.
- —Vivement discuté. Ex. Les élections provinciales auront
lieu bientôt, je crois que ce sera chaud.
- —Avoir chaud, avoir honte.
- —N'être pas chaud pour quelqu'un ou quelque chose, n'être
pas très bien disposé. Ex. Je ne suis pas chaud pour les
nationalistes.
- Chaudet, n. f.—Buveur un peu lancé.
- Chaudière, n. f.
- —Piano qui n'est pas d'accord.
- —Seau. Ex. Va chercher la chaudière aux eaux sales.
- —Vase de fer-blanc qui sert à puiser l'eau, à traire les
vaches.
- Chaudiérée, n. f.—Le contenu d'une chaudière.
- Chaudronne, n. f.
- Chaudron. Ex. Une chaudronne pour faire la soupe.
- Chaudronnée, n. f.—Contenu d'une chaudronne.
- Chaufaud, n. m.
- —Plate-forme en forme d'échafaud construite sur le rivage
de manière à favoriser l'accès des vaisseaux qui y déposent
le poisson que les pêcheurs viennent de prendre.
- —Chevalets où l'on dépose le poisson.
- Chauffaille, n. f.—Action de chauffer très fort.
- Chauffé, n. m.
- Echauffé, odeur causée par une forte chaleur ou par la fermentation.
Ex. Ça sent le chauffé.
- Chauffer, v. a. et n.
- —Fermenter. Ex. La bière commence à chauffer dans le
baril.
- —Porter un haut de forme. Ex. Tu as mis ton tuyau, tu
chauffes.
- —Chauffer le four, boire des liqueurs fortes.
- Chaufferie, n. f.
- Chambre où l'on fait sécher le bois, le linge.
- Chauguère, n. f.—Chaudière.
- Chauguèrée, n. f.—Chaudiérée. V. ce mot.
- Chaumer, v. a.
- Chauler, passer le blé à l'eau de chaux avant de le semer;
ainsi des œufs. Ex. Des œufs chaumés.
- Chausser, v. a.
- Convenir. Ex. Si cela te chausse, tant pis.
- Chaussette, n. f.—Pantoufle.
- Chausson, n. m.
- —Individu mal dégrossi, rustre, ignorant et mal vêtu.
- —Chaussette, demi-bas.
- Chautasse, adj.—A moitié ivre. (B. P. F.)
- Chavirer, v. n.—Devenir fou, avoir la tête à l'envers.
- Chayère, n. f.—Chaudière.
- Chayérée, n. f.—Chaudiérée. V. ce mot.
- Ch', pr. pers.—Je. Ex. Ch'suis embêté.
- * Cheap, tshîpe, (m. a.)
- A bon marché. Ex. C'est réellement cheap.
- Chèche, adj.
- Sec, sèche. Ex. Du linge chèche, une serviette chèche.
- Chécher, v. a. et n.
- Sécher. Ex. La lessive chèche, commence à chécher.
- Chècheresse, n. f.—Sècheresse.
- * Check, (m. a.)
- —Chèque. Ex. Un check de cent piastres.
- —Bulletin de bagage. Ex. Mettre un check sur une valise.
- —Etiquette. Ex. Poser un check sur une pièce de flanelle.
- —Fausse rêne. Ex. Un check de bride.
- —Frein. Ex. Mettre un check à quelqu'un.
- —Poussée (au jeu). Donner un check à quelqu'un. (B. P. F.)
- * Checkage, (Angl.)
- —Etiquetage. Ex. Checkage d'un stock de marchandises.
- —Enrênement. Ex. Checkage d'un cheval.
- —Pointage. Ex. Le checkage d'un compte.
- —Enregistrement. Ex. Le checkage du bagage.
- —Poussée (au jeu). Ex. Le checkage n'est pas permis.—(B.
P. F.)
- Checker, (Angl.)
- —Enregistrer. Ex. Checker du bagage.
- —Etiqueter. Ex. Checker des marchandises.
- —Enrêner. Ex. Checker un cheval.
- —Arrêter, calmer. Ex. Checker quelqu'un.
- —Vérifier. Ex. Checker un compte, une facture.
- —Pointer. Ex. Checker une liste électorale.
- —Surveiller. Ex. Checker quelqu'un.
- —Pousser de l'épaule (au jeu).—(B. P. F.)
- * Checkeur, n. m. (Angl.)
- —Celui, qui, le jour du scrutin, soit pour une élection
municipale, soit pour une élection politique, se tient à la
porte du bureau de votation (poil), pour pointer les noms
des électeurs.
- —Vérificateur. Ex. Un checkeur de listes électorales.
- —Facteur de gare. Ex. Un checkeur des boîtes, valises,
arrivées en gare.
- Chèfre, n. m.—Chef.
- Chèfrerie, n. f.
- Fonction et privilèges propres au chef d'un parti.
- Chemin, n. m.
- —Ecartement que l'on donne aux dents d'une scie.
- —Aller son petit bonhomme de chemin, faire son chemin
loyalement.
- —Ne pas y aller par quatre chemins, aller droit au but.
- —Etre dans le chemin, dans la misère.
- Chemin couvert, n. m.
- Corridor qui va du presbytère ou de la sacristie à l'église.
- Chemin (maître), n. m.
- Chemin principal par où l'on transporte le bois, du camp à
la jetée, dans nos chantiers.
- Chemin de sortie.—Chemin qui communique au maître chemin.
- Chemin du roi, n. m.—Grand chemin.
- Chemin passant, n. m.—Chemin régulièrement suivi.
- Chemine, n. f.
- Chemin. Ex. Dans la concession où je reste, il n'y a ni
chemin ni chemine, c'est-à-dire aucun chemin.
- Chemise, n. f.
- —Changer d'idées comme de chemise, changer souvent.
- —Tenir plus à sa peau qu'à sa chemise, s'occuper plutôt de
soi que des autres.
- —Se promener en queue de chemise, en déshabillé.
- Chemise de Notre-Dame.
- Clochettes ou liseron des haies. Terme de botanique.
- Chemise fine, n. f.—Chemise de toile ou de coton blanc.
- Chenail, n. m.
- Chenal. Ex. Le chenail du nord, du sud du fleuve Saint-Laurent.
- Chenâiller, v. n.—Courir, aller à la course.
- Chenille à poil,—V. Chapelouse.
- Chenilles, n. f. pl.
- Maladie des vaches et des moutons. Larves d'œstrides.
- Cheniquer, v. n.
- Abandonner la partie par couardise. Ex. Veux-tu faire
encore une partie? Tu refuses, tu cheniques.
- On a beaucoup ergoté sur l'origine de ce mot. Est-elle
française, anglaise, allemande, hollandaise? En hollandais,
slikken, qui se rapproche un peu de cheniquer, veut
dire avaler, et slock, goutte. D'après Timmermans, slikken
signifierait sangloter, éprouver un spasme de la glotte. En
allemand schnitt veut dire coupure, rognure, schnitzer,
sculpteur, et aussi faute, bévue. L'étymologie anglaise
semble plus rationnelle. Est-elle acceptable? M. Rivard,
dans le Bulletin du Parler Français (vol. 1, p. 146), nous
apporte le mot sneak, prononcé shneak par une certaine
classe d'Irlandais. Comme ce verbe signifie s'en aller
furtivement, se sauver, il donne assez bien l'idée de cheniquer.
Mais on est en droit de se demander comment il se
fait que le mot cheniqueux se rencontre aussi en France,
puisque Timmermans le cite pour désigner un buveur
d'alcool. Il faudrait donc s'en tenir à l'origine hollandaise.
- Cheniqueux, n. m.
- Qui chenique. En France, ce mot signifie buveur d'alcool.
- Chenu, adj.
- —Mesquin, de qualité inférieure. Ex. C'est chenu, cela
ne vaut pas grand chose, c'est mesquin.
- En France, chenu signifie tout le contraire, c'est bon comme
le chêne, d'où chenu semble venir.
- * Chéper. (Angl.)
- De l'anglais shape. Ex. Cet individu est curieusement
chépé, a une drôle de mine.
- Chérant, adj.
- Qui exige un prix trop élevé de ses clients. Ex. M. le
docteur, vous êtes un peu chérant.
- Cherche.—C'est à savoir.
- Cherchement, n. m.
- Action de chercher.
- Chercher, v. a.
- —Chercher des midis à quatorze heures, avoir des idées impossibles.
- —Chercher le soleil en plein midi, chercher une chose qui
crève les yeux.
- Chère=épice, n. m.
- Marchand qui vend cher sa marchandise. Les épices venant
de l'Inde coûtaient très cher autrefois.
- Chérité, n. f.
- Charité. Ex. Voulez-vous me faire la chérité pour l'amour
du Bon-Dieu.
- Chesse, adj.—Sec, sèche.
- Chesser, v. a. et n.—Sécher.
- Chesseresse, n. f.
- Sécheresse. Ex. Si la chesseresse continue, tout va périr.
- Chétiment, adv.—Chétivement.
- Chétit, adj.
- —Chétif. Ex. Un enfant chétit.
- —Méchant. Ex. Sors d'ici, mon petit chétit.
- —Malade. Ex. L'enfant de Baptiste est malade depuis
huit jours, il est bien chétit.
- Chétiver, v. n.—Devenir chétif, maladif.
- * Cheurtine, n. f.—De l'anglais shirting. V. ce mot.
- Cheux, prép.
- —Chez. Ex. Cheux nous.
- —La famille, la paroisse, la maison. Les gens de cheux
nous sont tous faits comme ça. Cheux nous sont tous
malades de la grippe.
- Cheval, n. m.
- —Séchoir.
- —Avoir une faim de cheval, une grosse faim.
- —Cheval à cheval, manche à manche.
- —Cheval fendu, cheval fondu, jeu où un certain nombre
d'enfants étant courbés à la suite des uns des autres, leurs
camarades sautent sur leur dos.
- —Mes chevals, mes chevaux. Expression acadienne.
- —Mon chevau, mon cheval. Expression acadienne.
- —En Anjou, on dit aller à ch'vau, à dos d'chevau.
- Cheval d'ivrogne, n. m.
- Cheval endurant et de piteuse mine.
- Cheval de quêteux, n. m.
- Mauvaise rosse, qui s'arrête de lui-même à toutes les portes.
- Chevalement, adv.
- Terriblement. Ex. Il faut être chevalement bête pour avoir
battu cet enfant.
- Chevalet, n. m.—Chèvre ou ixe.
- Chevaucher, v. n.
- Se croiser. Ex. Les lunes chevauchent.
- Chevêche, n. f.—Chouette du Canada.
- Chevelure de noyés, n. f.—Algues marines.
- Cheveu, n. m.
- —Spiral. Ex. Le cheveu d'une montre.
- —Tête. Ex. As-tu mal aux cheveux? Expression qui
s'applique à un individu qui, au lendemain d'une noce, se
lève avec un gros mal de tête.
- —Cela vient comme un cheveu sur la soupe, sans à propos.
- —Avoir les cheveux fâchés, embroussaillés.
- * Chéver, v. a. (Angl.)—Prêter à des taux usuraires.
- * Chéveur, (Angl.)
- Celui qui prête à usure.
- Cheville, n. f.
- —Individu que l'on place au milieu d'autres pour l'obliger
à travailler.
- —Un trou, une cheville; autant de trous, autant de chevilles,
avoir réponse à tout.
- Cheviller, v. a.
Mettre. Ex. Cheville-toi cela dans le coco bien à serre.
- Chèvre, n. f.
- —Chevalet pour supporter une cloche avant qu'elle soit
placée dans un clocher.
- —Chevalet pour supporter du linge mouillé.
- Chevreuil, n. m.—Cerf d'Amérique.
- Chevreux, n. m.—Chevreuil.
- Cheyère, n. f.—Chaudière.
- Cheyérée, n. f.—Le contenu d'une chaudière.
- Chez (par), loc.—Chez. Ex. Passe-donc par chez nous.
- Chez soi (un), loc.
- Appartement ou domicile à soi. Ex. Un petit chez soi vaut
mieux qu'un grand chez les autres.
- Chiâler, v. n.
Pleurnicher. Ex. Cet enfant a chiâlé toute la nuit. Expression
acadienne. Vient du normand quiauler pour chiauler,
chiailler. Une quiaulée, en normand, est une ribambelle
de petits pleureurs.
- Chiâleux, adj.
Enfant qui est dans l'habitude de chiâler.
- Chic, adj.
- —Bien fait, remarquable, d'un bel effet. Ex. Voilà un
homme chic. C'est chic.
- Chicailler, v. a.—Déchiqueter. (B. P. F.)
- Chicailler (se), v. pron.—Se chicaner.
- Chicaneux, n. et adj.—Chicaneur.
- Chicanier, n. et adj.—Chicaneur.
- Chicher, v. n.—Etre mesquin.
- Chicherie, n. f.
Mesquinerie. Ex. Cet individu est d'une chicherie sans
nom.
- Chiard, n. m.
- Bœuf bouilli dans de l'eau avec des pommes de terre, oignons,
sel, poivre, et le moins de beurre possible. Mets très
connu des collégiens et pas toujours apprécié à sa valeur.
- Chiarge, n. m.—Cierge.
- Chiben, n. m.—Topinambour. Mot usité chez les Acadiens.
- Chicoter, v. a.
- —Contester sur des puérilités.
- —Donner à songer. Ex. Cette affaire me chicote.
- Chicoteux, adj.—Ennuyeux, tracassier.
- Chien, n. m.
- —Avoir du chien, une tournure provoquante.
- —Se regarder comme des chiens de faïence, comme des chiens
en porcelaine de Chine, qui se regardent sans bouger.
- —Manger à son chien de soûl, beaucoup.
- —Mordu d'un chien ou d'une chienne, pas de différence.
- —Une faim de chien, faim canine.
- —Garder un chien de sa chienne, garder rancune.
- —Un mal de chien, une grande peine.
- —Etre accoutumé à faire qqch. comme un chien à aller nu-tête,
avoir une longue habitude.
- —Avoir du chien dans le corps, avoir le courage de faire les
cent coups.
- —Etre chien, être avare.
- —C'est chien, c'est contrariant.
- —Son chien est mort, il est ruiné.
- —Il fait un temps de chien, mauvais temps.
- —Il fait un temps à ne pas mettre les chiens dehors, très mauvais.
- —Tourner en jeu de chien, tourner mal.
- —En chien, beaucoup. Ex. Bête en chien.
- —Les chiens en lèvent la queue, c'est ridicule au point que
même les chiens s'en aperçoivent et expriment leur manière
de voir. Et si le ridicule est poussé jusqu'à son
comble, on ajoute: Et ils ne la rabattront plus.
- Chien de France, n. m.
- Avoir le nez froid comme un chien de France, très froid.
- Chien de poche, n. m.
- Enfant qui s'attache à ses parents et les suit partout, comme
le chien qui suit son maître sans jamais se lasser.
- Chien=fou, n. m.
- Homme enragé, fâché et dangereux comme un chien enragé.
- Chiendent, n. m.
- —Froment rampant.
- —Difficulté. Ex. Il y a du chiendent là-dedans.
- Chienne, n. f.
- —Habit long et d'usage journalier.
- —Voiture formée de planches posées sur quatre roues.
- —Siège dans les chantiers. (Taché, For. et Voy.)
- —Avoir la chienne sur le dos, être paresseux.
- —Promettre un chien de sa chienne, promettre de se venger.
- —Une chienne d'habitude, une mauvaise habitude.
- Chiennetée, n. f.—Chiennée.
- Chienneter, v. n.—Chienner.
- Chiette, n. f.—Lieux d'aisances.
- Chiotte, n. f.—Latrines.
- Chiffon, n. m.
- Nom donné à une jeune fille. Ex. Mon petit chiffon.
- Chigner, v. n.
- —Echiner. Ex. Il y en a qui ne chignent pas à l'ouvrage.
- —Pleurnicher. Ex. Des enfants qui chignent à tous propos.
- Chigneux, adj.—Pleurnicheur.
- Chignon, n. m.
- —Quignon. Ex. Un chignon de pain.
- —Tête, cerveau. Ex. Tâche de te fourrer cela dans le
chignon.
- Chignon du cou.
- Derrière de la tête. Ex. Je l'ai pris par le chignon du cou
et je l'ai couché par terre.
- Chimaigre, n. m.—Maigre et chétif.
- Chimères, n. f. pl.—Idées noires, chagrins, inquiétudes.
- Chiper, v. a.
- Voler avec adresse. Ex. Il m'a chipé mon canif.
- Chipotée, n. f.—En abondance, en quantité.
- Chipoter, v. n.
- S'occuper à des riens, à des travaux de peu d'importance.
- Chipoterie, n. f.
- —Bagatelles, niaiseries.
- —Objets confus, désordre.
- Chipoteux, n. m.
- Chipotier, qui travaille avec lenteur, qui chicane lorsqu'il
marchande.
- Chipouterie, n. f.—V. Chipoterie.
- Chipoutis, n. m.—Chair à pâté.
- Chique, n. f.
- —Propos désagréable. Ex. Nous avons passé le temps à
nous faire manger des chiques.
- —Répartie offensante. Ex. Je lui ai envoyé une chique.
- —Maladie sur les chevaux. Larves d'œstrides.
- —Poser sa chique, se taire.
- —Cela ne vaut pas une chique, ne vaut rien.
- —Bout de chique, petit individu.
- Chiquée, n. f.
- Ce qui constitue une chique. Ex. As-tu une chiquée de
tabac à me passer.
- Chiquement, adv.
- Admirablement. Ex. Cette robe est chiquement faite.
- Chiquette, n. f.
- Petite chique.
- Chiqueux, n. m.
- Qui est dans l'habitude de chiquer.
- * Chire, n. f. (Angl.)
- —Embardée. Ex. Pierre n'est rien que bon à prendre des
chires.
- —Course de vaisseau, de voiture, d'animal ou d'un homme
qui glisse sur la glace ou sur un terrain humide.
- —Fuite. Ex. Mon voleur a eu peur, et il a pris une chire.
- * Chirer, v. n. (Angl.)
- —Embarder. Ex. Notre vaisseau a chiré sur son ancre.
- —Glisser hors de sa voie.
- —Aller vite.
- Chireux, n. et adj. (Angl.)
- Qui va à droite ou à gauche, sans pouvoir marcher dans le
droit chemin.
- Chitit, adj.—Chétif.
- Chiure, n. f.
- Petite tache noire produite par des excréments. Ex. Des
chiures de mouches.
- Chlori de chaux, n. m.
- Chlorure de chaux.
- Chlorure de chaux, n. f.
- Chlorure de chaux, n. m. Ex. Un bon désinfectant, c'est
de la chlorure de chaux.
- Choc, n. m.
- Prise de bec. Ex. Nous avons eu un choc ensemble.
- Chofa, n. m.—Sofa.
- Choisi, adj.
- De bonne qualité. Ex. Voici du beurre choisi.
- Choisir, v. a.
- —Choisir son monde, manifester des préférences pour certaines
personnes.
- —Choisir à la main, trier avec soin. Ex. Des œufs choisis
à la main.
- Choléra, n. m.
- Diarrhée abondante. Ex. Le docteur m'a fait prendre un
remède qui m'a donné le choléra.
- Choléra du pays, n. m.
- Choléra analogue au choléra asiatique, avec des symptômes
beaucoup moins graves.
- Chonge, n. m.—Songe.
- Chonger, v. n.—Songer.
- * Chop, tshope, (m. a.)—Côtelette.
- Choquer la gueule, loc.—Offenser.
- Chose, n. m.
- —Personne dont le nom ne revient pas. Ex. Ecoute-moi,
Chose, ne fais pas cela?
- —Un pas grand chose, un homme dont on ne s'occupe guère.
- —Prendre quéq'chose, prendre un verre de vin.
- Chose (rester tout), loc.
- Interdit, interloqué. Ex. Quand je lui ai rappelé cette
affaire d'argent, il est resté tout chose.
- Chosier, n. m.
- Jolie expression fort usitée autrefois, surtout dans le district
de Montréal. «Il y a bien des choses dans un chosier»
pour dire qu'il y a une multitude de choses qui existent
et dont on ne se doute pas. Le chosier, c'est l'universitas
rerum des Romains. Le mot est du vieux français, qui
signifiait arbre qui porte des choses, comme Madame de la
Sablière disait du bon La Fontaine qu'il était un fablier.
- Chou, n. m.
- —Terme d'amitié, donné aux petits enfants. Ex. Mon
chou! viens ici, mon petit chou.
- —Pomme de chou, v. ce mot.
- Chouayen, n. m.
- Bureaucrate, ami du gouvernement. Ainsi désignait-on de
1800 à 1837 les amis du pouvoir. Ce nom se trouve dans
quelques chansons politiques du temps. En le reproduisant,
les puristes modernes lui ont substitué le mot Chouan.
C'est à tort. Chouayen n'est pas une altération de Chouan.
Ce nom fut donné à une partie du faubourg Saint-Louis,
en l'honneur du fort Chouagen ou Oswégo, pris par les
Français sur les Anglais. Les pauvres gens qui l'habitaient
alors, votaient pour le gouvernement.
- Le nom Chouayen ou Chouéyen est aujourd'hui donné à un certain
nombre de cultivateurs de la Jeune-Lorette. On
les appelle encore les Canons de Lorette.
- Chouche, n. f.—Souche.
- Chouenne, n. f.—Blague, mensonge vulgaire.
- Chouenner, v. n.—Dire des blagues.
- Chouenneux, adj.—Blagueur.
- Chouette, n. f.
- —Amie. Ex. Ma belle chouette.
- —Digne d'admiration. Ex. Cela est chouette.
- Chouler, v. a.
- —Exciter. Ex. Ne va pas chouler le chien après moi.
- —Bafouer.
- Chouqu'ser, v. a.—Pousser deux chiens à se battre.
- Chousse, n. f.—Souche.
- Choutiam, n. m.—Chou de Siam, chou-navet.
- Choux gras (jeter ses), loc.
- Jeter des choses qui peuvent encore être utiles. Ex. Ce
n' est pas lui qui jette ses choux gras, il est trop ménager.
- Chréquien, n. m.
- —Chrétien.
- —Marcher sur le chréquien, marcher à peau nue. En
France on dit marcher sur la chrétienté, sur la chrétienneté.
- Chrétien, n. m.
- —Homme en général. Ex. Il n'y a pas de chrétien capable
de soulever cette pierre.
- —Parler chrétien, parler français de manière à être compris.
- * Christmas, n. m. krissmeuss, (m. a.)
- Noël. Ex. Que vas-tu me donner pour mon Christmas?
- Chuille, n. f.—Cheville.
- Chuiller, v. a.—Cheviller.
- Chuinée, n. f.—Cheminée.
- * Chum, n. m. tsheume, (m. a.)
- Ami, camarade. Ex. Celui-ci est mon chum.
- Chûte de neige, n. f.—Tombée de neige.
- Chuter, v. n.—Tomber, faire une chute.
- Ci, adv.
- Aujourd'hui. Ex. N'oublie pas de venir me voir entre ci
et demain. Il y a encore un mois entre ci et Pâques.
- Ciarge, n. m.—Cierge.
- Cigailler, v. a.
- —Rudoyer un cheval en tirant sur la rêne en tous sens.
V. Zigailler.
- —Couper maladroitement un objet.
- Cigailleur, adj.
- —Qui cigaille.
- —Qui taquine, importune.
- Cigale, n. f.—Cigare.
- Cigane, n. f.—Cigare.
- Cigâre, n. m.—Cigare.
- Cigarette, n. m.
- Cigarette, n. f. Ex. Veux-tu fumer un cigarette?
- Cigonner, v. a.
- —Taquiner, scier. Ex. Achève de me cigonner?
- —Attiser le feu. Ex. Cigonne donc le poêle, on gèle.
V. Zigonner.
- Cileri, n. m.—Céleri.
- Cimiquière, n. m.—Cimetière.
- Cimitière, n. m.—Cimetière.
- Cinglée, n. f.
- Volée, coups de fouet.
- Cinmiquière, n. m.—Cimetière.
- Cinquante, adj.
- Une foule. Ex. Il se fourre cinquante choses dans le chignon.
- Cinq cents, n. m.
- Diable. Ex. Il fait une tempête du cinq cent. J'ai un mal de
dents du cinq cent. Il a une peur de moi du cinq cent. Il
y a du cinq cent dans tout cela. Voilà un enfant qui fait
ses cinq cents volontés.
- Cintième, n. et adj.
- Cinquième. Les vieux manuscrits ayant supprimé la lettre q,
on a formé cintième comme on a fait septième, huitième.
- Cintre, n. m.
- About, planche de labour, ou sillon perpendiculaire aux
autres au bout d'un champ. Vient de chintre, mot mentionné
par Borel et par Lacurne de Sainte-Pallaye.
- Cintrer, v. n.
- Faire le cintre. D'après Jaubert, chaintrer c'est tirer une
ligne avec le soc de la charrue.
- * Cipaille, n. m. (Angl.)
- Ragoût composé de viande et de petits carrés de pâte. C'est
le mot anglais sea-pie francisé.
- * Cipâre, n. m. (Angl.)—Cipaille. V. ce mot.
- Circonstances (sous les), loc.
- Dans les circonstances, dans le cas présent.
- Circuit, n. m.
- Pièce de terre. Ex. Aujourd'hui nous allons labourer le
circuit.
- Circulaire, n. m.
- —Imperméable à l'usage des femmes.
- —Ample manteau d'hiver, doublé en fourrure, et porté
seulement par les femmes.
- Circulation, n. f.
- Tirage. Ex. Une gazette qui a une circulation considérable.
- Circuler, v. a.
- Faire circuler. Ex. Circuler un document pour y faire
apposer des signatures.
- Cire, n. f.
- Chassie, petite sécrétion jaunâtre qui se concrète au bord
des paupières, ou dans le coin des orbites. Ex. Mon
enfant a les yeux pleins de cire tous le matins.
- Cirer ses bottes, loc.
- Se préparer à mourir en recevant l'extrême-onction.
Tu peux cirer tes bottes, le docteur l'a dit.
- Cireux, adj.
- Chassieux. Ex. Mon enfant a toujours les yeux cireux.
- Ciroter, v. n.
- Devenir chassieux. Ex. Les yeux lui cirotent toujours.
- Ciroteux, adj.
- Chassieux. Ex. Avoir les yeux ciroteux.
- Cirurgien, n. m.
- Chirurgien.
- Cisaillage, n. m.
- Action de cisailler, de couper sans soin du linge, du papier.
- Cisailler, v. a.
- —Couper sans cérémonie avec des ciseaux. Ex. Cisailler
du papier, de l'étoffe.
- —Conduire un cheval en tirant d'un côté et de l'autre sur
les rênes. Ex. Cisailler la gueule du cheval avec les
cordeaux.
- —Taquiner, ennuyer.
- —Scier, irriter. Ex. Mon col de chemise me cisaille le cou.
- Ciseau (crier), loc.
- Dans le temps de le dire. Il est mort bien vite, il n'a pas
eu le temps de crier ciseau. J'ai fait cela en criant ciseau.
- Ciseau à dents, n. m.
- Outil d'acier à l'usage des tailleurs de pierre. V. Boucharde.
- Ciseau à fret, n. m.
- Gros ciseau à deux biseaux, dont la lame qui est mousse, sert
surtout à pratiquer l'ouverture des caisses et autres parties
clouées.
- Cité de temps, loc.
- Intervalle de temps dont la durée est très longue ou peut
être incalculable d'avance. Ex. Je l'ai attendu une cité
de temps.
- Citoyen, n. m.
- Homme considéré pour son honnêteté, sa valeur morale et
même pour sa fortune. Ex. Ça, c'est un citoyen.
- Citronnelle, n. f.
- Petite courge de forme bien arrondie qui se confit dans le
sucre.
- Citrouillère, n. f.—Compote de citrouille.
- Civilien, n. m.
- Civil, bourgeois. Ex. Je viens de rencontrer un officier
habillé en civilien.
- * Clabord, n. m. (Angl.)
- —Planche destinée au lambrissage extérieur des maisons,
par le système dit à clin.
- —Lambris à clin.
- —Clous à bardeaux.
- * Claborder, v. a. et n. (Angl.)—Lambrisser à clin.
- * Claim, cléme, (m. a.)—Titre.
- Clair, adj.
- —Libéré, libre. Ex. Il n'est pas clair de son affaire. Me
voilà clair de la douane. Cette planche est claire de
nœuds.
- —Jour. Ex. Il commence à faire clair vers quatre heures.
- Clair (tout à), loc.
- Distinctement. Ex. Je l'ai entendu tout à clair.
- Clairance, n. f. (Angl.)
- —Congé. Ex. C'était un mauvais serviteur, je lui ai
donné sa clairance.
- —Décharge. Ex. Le procès de Lafleur est terminé, le
juge lui a donné sa clairance.
- —Quittance. Ex. Maintenant que tu es payé, donne-moi
une clairance.
- —Acquit. Ex. Mon vaisseau va partir demain, j'ai obtenu
une clairance.
- —Défrichement. Ex. Nous commençons à faire de la
terre, il y a par-ci par-là de bonnes clairances. (B. P. F.)
- Clairaud, adj.
- —De nuance claire. Ex. Cette étoffe est clairaude.
- —Clair. Ex. La soupe est clairaude.
- —Clairsemé. Ex. Les oignons sont clairauds cette année.
- Claircir, v. n.
- —Devenir clair. Ex. Le temps commence à claircir.
- —Rendre clair. Ex. Veux-tu claircir le poêle?
- * Clairer, v. a. (Angl.)
- —Débarrasser. Ex. Clairez le chemin, la chambre, la
place, la table.
- —Absoudre, décharger. Ex. Le juge a clairé le prisonnier.
- —Congédier. Ex. Je viens de clairer ma servante.
- —Déblayer. Ex. Le chemin était plein de bois mort, je
l'ai fait clairer.
- —Faire un profit. Ex. Dans cette affaire j'ai clairé cinquante
piastres.
- —Acquitter. Ex. Louis me devait encore quelques piastres,
je l'ai clairé.
- —Se tirer d'affaire. Ex. La chose était pas mal compliquée,
je m'en suis clairé assez bien.
- —S'éclaircir. Ex. Le temps se claire.
- —Franchir. Ex. J'ai claire la barrière d'un saut.
- —Sortir d un mauvais pas. (B. P. F.)
- —Clairer la bâtisse, sortir, s'en aller.
- Claireur, adj.
- Celui qui déblaye les chemins et fait métier de clairer le bois
afin de permettre aux bûcherons de travailler plus à l'aise.
- Clairifier, v. a.—Clarifier.
- Clairinette, n.f.—Clarinette.
- Clairon, n. m.
- —Aurore boréale.
- —Eclaircie de beau temps entre deux orages. Ex. Il y a
de beaux clairons dans le nord.
- —Gomme à couleur très claire trouvée sur les écorces d'épinette
et recherchée. V. Bourlet.
- Clairon du roi (le).
- Jeu de société où l'on chante: Il a passé par ici, le
clairon du roi, Mesdames; il passe, il est passé, le clairon
du roi joli.
- Clairté, n. f.
- Clarté, lueur. Rabelais et Régnier ont écrit clairté.
- Clajeux, n. m.—Iris versicolore.
- * Clam, (m. a.)—Mollusque.
- Clanche, adj.
- Affamé, qui a les flancs creux faute d'alimentation.
- Clapet, n. m.
- Petite hache pour abattre les jeunes arbres.
- Clapotage, n. m.
- —Agitation légère de l'eau, de la boue avec les mains ou
les pieds.
- —Commérage. Ex. Quel clapotage pour si peu de chose?
- Clapotement, n. m.
- Mouvement de la vague agitée par le vent.
- Clapoter, v. n.
- —Agiter l'eau, la boue, marcher dans des flaques d'eau.
- —Parler à tort et à travers. Ex. Qu'est-ce que tu clapotes
encore?
- —Rapporter tout ce qui se passe sans rien définir.
- Clapoteux, adj.
- —Un indiscret bavard.
- —Un homme de tous métiers.
- Claque, n. f.
- —Chaussure de caoutchouc qui se met par-dessus la chaussure
ordinaire pour se garantir de la boue, de l'humidité,
du froid, de la neige.
- —Soufflet. Ex. Je lui ai flanqué cinq ou six claques par la
tête qu'il en a vu trente-six chandelles.
- Claque=chapelet, n. m.—Bigot.
- Claque=whiskey, n. m.—Ivrogne.
- Claqué, e, adj.
- Couvert partiellement en caoutchouc. Ex. Des chaussures
claquées, chaussures d'hiver dont la semelle est en caoutchouc.
- Claquer, v. a. et n.
- —Courir.
- —Travailler vite. Ex. Il a claqué son ouvrage en un rien
de temps.
- —Tromper. Ex. Je me suis fait claquer dans cette affaire-là.
- —Coûter. Ex. Il en claquera, si je ne réussis pas.
- —Mettre des claques. Ex. Es-tu bien claqué?
- —Taper. Ex. Il m'a claqué par la tête, j'en ai vu des
chandelles.
- —Se faire claquer la gueule, parler beaucoup.
- —Se faire claquer la langue, produire un clappement de
langue.
- —Claquer un somme, dormir.
- —Claquer le coup, boire des liqueurs fortes.
- Claqueux, adj.—Délicieux, de très bonne qualité.
- Claret, n. m.
- Clairet, vin de Bordeaux. Ex. Boire du claret à la place
d'eau.
- Clas, n. m.—Glas. En Saintonge et en Anjou, on dit clas.
- Classe, n. f.
- Qualité. Ex. Nous ne vendons que de l'étoffe de première
classe.
- Clavigraphe, n. m.
- Dactylographe, machine à écrire. Ce mot, de création canadienne,
n'a pas fait fortune. Cependant on s'en sert
encore en Canada.
- Clavigraphie, n. f.—Art du dactylographe.
- Cleaner, v. a., cliner. (Angl.)—Nettoyer. V. Cliner.
- * Cleaneur, n. m. (Angl.)—Laveur de voitures.
- Clef (à la), loc.
- A soi. Ex. Il y a de l'argent à la clef, il fait donc bon de se
mêler de cette affaire. En musique, la clef indique la note.
J'ai quinze enfants à la clef.
- Clencher, v. a. et n.
- Agiter la clenche pour faire ouvrir une porte.
- Clenchette de fusil, n. f.—Détente de fusil.
- Clerc avocat, n. m.—Etudiant en droit.
- Clerc de poll, n. m.—Greffier du bureau de votation.
- Clerc médecin, n. m.—Etudiant en médecine.
- * Cléricale (erreur), n. f. (Angl.)
- Erreur de plume, faute de copiste. Traduction de l'anglais
clerical error.
- Cléricature, n. f.
- Etude d'une profession. Ex. J'ai fait ma cléricature sous le
docteur Lafrance.
- Cliche, n. f.
- Diarrhée. Vient du mot clichard, sobriquet donné aux
habitants de Bayeux, parce que, suivant une vieille tradition,
pour les punir d'avoir chassé saint Gerbold, leur
évêque, Dieu les affligea de lienteries et d'hémorrhoïdes.
- Clicher, v. n.—Avoir la diarrhée.
- Clinclan, n. m.—Clinquant.
- Clins d'z'yeux, n. m. pl.—Clins d'yeux.
- Cliner, v. a.
- —Cligner. Ex. Cette femme cline des yeux.
- —Nettoyer. Ex. Cliner un poêle, un chaudron. De l'anglais
to clean.
- Clinquant, n. m.—Mica.
- * Cliper, v. a. (Angl.)
- Tondre, couper les cheveux tout près du crâne. Ex. Je
viens de faire cliper mon cheval. Se faire cliper la tête.
- * Clipeur, n. m. (Angl.)
- Tondeuse, instrument pour cliper.
- Cliquart, n. m.—Qui appartient à une clique.
- Clique, n. f.
- —Bande d'individus. Ex. Ils étaient une grosse clique.
- —Partisan d'une cause ou ami fidèle. Ex. La clique à
Sénécal.
- Cloche, n. f.
- Filets de morve qui pendent au nez des enfants, et prennent
tantôt la forme de chandelles, tantôt celle de cloches.
V. Chandelle.
- Cloche d'eau, n. f.
- Phlyctène, ampoule formée par de la sérosité.
- Cloche (grosse), n. f.
- Le père de famille. Ex. Avant de décider cette affaire,
nous allons consulter la grosse cloche.
- Cloche à vache, n. f.
- Clarine, sonnette qui pend au cou des animaux pour les
empêcher de s'égarer quand ils paissent dans les bois.
- Clocher, v. n.
- —Se déranger. Ex. Sa santé et ses affaires clochent.
- —Produire des phlyctènes sur la peau.
- Cloque, n. f.
- Par-dessus d'hiver. Ce mot n'est pas un anglicisme, comme
on le pourrait croire. Froissart s'en est servi. «Sur ton
dos jette ta cloque.» C'était alors une espèce d'habillement
arrondi comme une cloche, et qu'on appelait cloche
ou cloque.
- Clore, v. n.
- Faire de la clôture. Ex. Tu vas emplir la charrette de
pieux, de piquets, de harts, et nous irons clore l'arpent du
sorouet.
- Clos, n. m.
- Lieu de pâturage. Ex. Pierre, va mettre les vaches au clos.
- Clos à bois, n. m.—Chantier.
- Close, n. f.
- Clôture, fin d'une retraite, d'une neuvaine.
- * Closet, n. f., (m. a)
- —Latrines.
- —Garde-robe, armoire.
- Closeter, v. a. (Angl.)
- Enfermer dans un cabinet, prendre en particulier.
- Clôturage, n. m.—Action de clôturer.
- Clôture, n. f.
- —Etre sur la clôture, être dans l'indécision sur le choix d'un
parti.
- —A pleine clôture, en quantité. Ex. Le blé est à pleine
clôture.
- —Sauter par-dessus la clôture, faire faux bond, manquer à
un engagement.
- Clôture d'embarras, n. f.
- Clôture faite de branches d'arbres.
- Clou, n. m.
- —Petite quantité de boisson alcoolique que l'on ajoute à
une eau gazeuse ou fermentée.
- —Furoncle.
- Clouer, v. a.—Clore. Ex. Clouer le bec d'un grand bavard.
- Clouéson, n. m.—Cloison.
- Clouésonner, v. a.
- Diviser par des cloisons.
- C'mandement, n. m.—Commandement.
- C'mander, v. a.
- Commander. Ex. Pourrais-tu m'aider à porter ce fardeau,
sans te c'mander?
- C'mencement, n. m.
- Commencement. Ex. Il y a un c'mencement partout.
- C'mencer, v. a.
- Commencer. Ex. C'mence, toi? Non, c'mence, toi.
- C'ment, adv.—Comment.
- C'mode, adj.
- Commode. Ex. En voilà un qui est pas c'mode à manœuvrer.
- C'modité, n. f.—Commodité.
- C'modités, n. f. pl.—Commodités. V. ce mot.
- Co, n. m.—Coq. Ex. Allons voir battre les cos?
- * Coat, côte, n. m., (m, a.)
- —Habit, veston.
- —Frock coat, redingote.
- Coben, adv.
- Combien. Ex. Coben y avait-il de personnes à la conférence—Je
sais pas coben.
- Cobi, e, adj.
- Bossué. Ex. Un chapeau cobi. En Anjou, cobi se dit d'un
fruit meurtri.
- Cocasser, v. n.
- —Colporter des nouvelles fraîches.
- —Tenir des propos cocasses.
- —Chanter, après avoir pondu, en parlant de la poule.
Ex. C'est la poule qui cocasse qui a pond.
- Cocassier, n. m.—V. Coquassier.
- Coche, n. f.
- —Forte somme d'argent. Ex. Je viens de finir mon procès,
j'ai dû payer une grosse coche à mon avocat.
- —Cote. Ex. Tu es à côté de la coche.
- Coche rendrait tout aussi bien l'idée que cote, si on s'en
rapporte à l'origine de l'expression. On faisait des coches
sur un morceau de bois fendu en deux dont chacun des
intéressés gardait une moitié pour marquer la quantité de
fournitures que l'on achetait chez le boulanger et le boucher.
- —Faire une coche mal taillée, commettre une bourde.
- —Faire une coche à la fortune de quelqu'un, la diminuer dans
une certaine mesure.
- Cochon, n. m.
- —Homme vil, méprisable, ladre.
- —Saigner le cochon, tirer de la liqueur d'un fût.
- Cochons (petits), n. m. pl.
- Sarracénie, nom donné par le Dr Sarrasin à cette plante de
nos savanes, très recommandée contre la petite vérole.
- Cochonnaille, n. f.
- Viande de cochon, charcuterie. Ex. Acheter de la cochonnaille
au marché Montcalm.
- Cochonnement, adv.
- Malproprement. Ex. Travailler cochonnement.
- Cochonner, v. a.
- Mal travailler. Ex. Cet ouvrier cochonne tout ce qu'il touche.
- Cochonnerie, n. f.
- —Saleté. Ex. J'ai un tas de cochonneries dans les yeux.
- —Grande quantité, surabondance. Ex. Penses-tu que
nous aurons des prunes, cet automne?—Nous en aurons
une cochonnerie.
- * Cock=tail, téle, n. m. (m. a.)
- Eau-de-vie, sucre, amers et eau qui, mélangés, forment un
breuvage apéritif. Ex. Allons prendre un cock-tail chez
Laforce.
- Coco, n. m. et adj.
- —Œuf. V. Coquaud.
- —Estomac. Ex. S'en est-il fourré dans le coco, de cette
bonne galette.
- —Tête. Ex. Cet homme a le coco fêlé. J'ai une idée sur
le coco qui me tarabuste.
- —Chapeau de feutre dur.
- —Nigaud. Ex. A-t-il l' air coco, celui-là.
- Cocombe, n. m.
- Concombre. Ex. Hé! la mère, y a-t-il ben des cocombes
c't'année?—Pour une année qu'il y a pas de cocombes, il y
a des cocombes, mais pour une année qu'il y a des cocombes,
il y a pas de cocombes.
- Cocote, n. f.
- —Bourgeon. Ex. Des cocotes de pin, d'épinette. J'ai une
sœur qui fait des câdres avec des cocotes.
- —Poule, dans le langage enfantin.
- Cocotier, n. m.
- Coquetier, petit ustensile dans lequel on place l'œuf que l'on
mange à la coque.
- * C. O. D., (m. a.)
- Cash on delivery, paiement contre livraison.
- * Code, n. m. (Angl.)—Berceau. V. Cot et Cote.
- Co d'inde, n. m.
- —Coq d'Inde. Ex. Pourquoi viens-tu rouge comme un
co d'Inde?
- —Imbécile. Ex. Tu n'es qu'un gros co d'Inde.
- * Coercion, n. f. (Angl.)—Coercition.
- Cœur, n. m.
- —Dîner par cœur, se passer de dîner.
- —Donner du cœur au ventre, du courage.
- —Avoir le cœur où les poules ont l'œuf, ne pas avoir de cœur.
- —Donner un coup de cœur, faire un effort sérieux.
- —Avoir le cœur malade, avoir mal au cœur.
- —Se dégraisser le cœur, se remettre l'estomac en changeant
d'alimentation.
- —Avoir le cœur sur la main, être très généreux, très hospitalier.
- —Porter au cœur, éprouver une douleur qui affecte le système
et porte à l'évanouissement. Ex. Je me suis coupé
un doigt avec mon canif, ça m'a porté au cœur. En
Anjou, porter au cœur signifie ravigoter.
- —A cœur d'année. V. A cœur d'année.
- —A cœur de jour. V. A cœur de jour.
- —A cœur jeun. V. A cœur jeun.
- Cœur de poule, n. m.—Personne très sensible à la douleur.
- Cœur d'or, n. m.
- Homme généreux, rempli de toutes les qualités imaginables.
- Cœureux, adj.
- —Un homme de cœur, affectueux.
- —Généreux, ardent, vaillant.
- En Anjou, on dit un vin cœureux pour un vin qui a du
corps.
- * Coffer=dam, coffeur, n. m., (m. a.)
- Batardeau, digue provisoire établie pour mettre à sec un
endroit où l'on veut bâtir.
- Coffre, n. m.
- —Poitrine. Ex. Malgré mon âge, j'ai encore le coffre
solide.
- —Avoir de l'argent au coffre, avoir des économies.
- Coffrer, v. n.
- —Travailler. Ex. Ce bois est vert, il va coffrer.
- —Etre étanche.
- Cognement, n. m.
- Action de cogner avec un outil, un objet quelconque.
- Cogner, v. a. et n.
- —Frapper. Ex. Va ouvrir la porte, ça cogne.
- —Battre. Ex. Le cœur me cogne fort.
- —Cogner des clous, des piquets, dormir assis, la tête oscillant
de tous côtés.
- —Il en cognera si je ne réussis pas, je réussirai à tout prix,
quelque effort qu'il soit requis.
- Coiffer, v. a.
- —Etre né coiffé, avoir toutes les chances.
- —Se faire coiffer, se faire dire ses vérités.
- Coin, n. m.—Maigre comme un coin, très maigre.
- Cointer, v. a.—Mettre un coin, coincer.
- Coix, n. f.—Croix.
- Col, n. m.
- —Faux col. Ex. J'ai un col trop raide, il me gêne le cou.
- —Manteau. Ex. Mets ton col pour sortir, il ne fait pas
chaud.
- Colas=fillette, n. m.
- Homme efféminé, qui s'occupe des travaux propres aux
petites filles.
- * Cold=cream, côld-crîme, n. m., (m. a.)
- Onguent d'eau de rose.
- Coléreux, adj.—Toujours prêt à se fâcher. Français vieilli.
- Colidor, n. m.
- Corridor. Ex. Les colidors du séminaire.
- Coli=Mailla, n. m.—Colin-Maillard. V. Cali-Mailla.
- Colique, n. f.
- —Aimer comme la colique de son ventre, aimer bien peu.
- —Cela passera comme une colique, cela ne durera pas.
- Colique cordée, n. f.
- Obstruction de l'intestin par lui-même, d'après un préjugé
populaire.
- Collage, n. m.
- —Mesurage du bois. (Angl.)
- —Action de mettre au rebut du mauvais bois. (Angl.)
- —Action de se coller au flanc des autres.
- Collant, adj. part.—V. Colleux.
- Collatéral, e, adj. (Angl.)
- Supplémentaire. Ex. Nous leur donnerons une garantie
collatérale.
- Colle, n. f.
- —Rebut. Ex. Du bois de colle. (Angl.)
- —Blague. Ex. Faire de la colle à tout propos.
- * Collecter, v. a. (Angl.)
- Percevoir, faire rentrer ses fonds, recueillir des aumônes.
Ex. Je n'aime pas à me faire collecter trop souvent.
- * Collecteur, n. m. (Angl.)
- Qui sollicite pour un autre le paiement d'une dette. Ex.
Encore un collecteur! Vous repasserez lundi prochain, et
je vous dirai quand revenir, mon ami.
- * Collection, n. f. (Angl.)
- —Perception, recouvrement de dettes. Ex. La collection
ne va pas, l'argent est rare.
- Collège, n. m.
- Collége. Ex. Dans mon petit temps, nous écrivions collége
avec un accent aigu. Tout change en ce monde, et souvent
s'aggrave.
- Coller, v. a. et n.
- —Chercher à faire accroire une chose invraisemblable. Ex.
Il m'en a collé une bonne.
- —Mesurer. Ex. Coller des plançons. (Angl.)
- —Infliger. Ex. Ce misérable s'est fait coller deux jours
de prison.
- —Mettre de côté le mauvais bois, le bois de colle. (Angl.)
- —Donner des marques d'amitié. Ex. J'ai deux petits
garçons qui aiment ça, coller.
- Coller (se), v. pr.
- —Se fixer sur place et ne plus bouger. Ex. Pourquoi es-tu
toujours à te coller sur cette chaise?
- —S'approcher de trop près, de manière à gêner le mouvement.
Ex. Cesse donc de te coller amont moi, tu me
fatigues.
- Collerette, n. f.
- Pèlerine. Ex. Je vais mettre ma collerette en fourrure.
- Collet, n. m.
- —Faux-col.
- —En avoir dans le collet, avoir bu assez pour se mettre
gaillard.
- —En avoir plein son collet, avoir trop bu.
- —Avoir le collet en roue, être guindé.
- Colletailler, v. n.
- Se colleter, lutter dans le but de déployer sa force et son
adresse.
- Colleteur, euse, n. m. et f.
- Qui collette. En France ce mot s'applique à celui qui tend
des collets, au braconnier.
- * Colleur, n. m. (Angl.)
- Mesureur de bois. De l'anglais culler.
- Colleux, n. et. adj.—Ennuyeux, qui ne lâche plus.
- Collier, n. m.
- —Prendre le collier de misère, se mettre au travail.
- —Tirer dans le collier, faire un travail pénible.
- Collouer, v. a.—Clouer.
- Côlon, n. m.
- Colon. Ex. Un côlon du lac Saint-Jean.
- Colonie, n. f.
- Attroupement, rassemblement. Ex. Le bonhomme Noël
du magasin Paquet est arrivé, il fallait voir la colonie
d'enfants qui le suivaient dans les rues.
- Colombien (pain), n. m.
- Petit pain de forme allongée dont la confection remonte à
l'année 1893, lors du quatre-centième anniversaire de la
découverte de l'Amérique par Christophe Colomb.
- Coloué, n. m.—Couloir, passoire.
- * Coltâr, n. m. (Angl.)
- Coaltar, goudron extrait de la houille. Ex. Du coltâr pour
goudronner les toits.
- * Coltârer, v. a. (Angl.)
- Couvrir de coltâr. Ex. Coltârer les toits des maisons.
- * Colvette, n. f. (Angl.)
- Ponceau, dallot. De l'anglais culvert.
- Comarce, n. m.—Commerce.
- Combat, n. m.
- Borborygme, bruit produit par le déplacement des gaz intestinaux.
Ex. La soupe aux pois m'occasionne bien des
combats.
- Combaturer, v. a.—Combattre. (B. P. F.)
- Comben, adv.—Combien.
- Combien, adv.
- Comment. Ex. Combien est notre ami Pierre?
- Combien que, loc. adv.
- Combien. Ex. Combien que ça coûte? Combien que je te
dois?
- * Combine, n. m. et f. (Angl.)
- Trust, cartel. Ex. Cette maison ne fait pas partie de la
combine du pétrole.
- * Combiner (se), v. pron.—Exécuter en commun. (Angl.)
- Comblance, n. f.—Surcroît.
- Comble (un), n. m.
- Le comble du ridicule, de la bêtise, de la folie, et ainsi de
suite. Ex. Pierre offre son ours aux électeurs du comté
de Québec, c'est un comble. Louis vient d'être nommé
sous-chef du département des terres, c'est un comble.
- Comète, n. f.
- Battre la comète, dépasser l'imagination. Ex. Ça bat la
comète, cette histoire-là. Quelle comète? On ne le dit
pas. Toute espèce de comète sans doute.
- Cométique, n. m.
- Traîneau tiré par les chiens du Labrador.
- Commandable, adj.
- Qui peut être commandé. Ex. Ces ouvriers ne sont pas
commandables.
- Comme, conj. et adv.
- —Que. Ex. Je joue aussi bien comme Louis.
- —En qualité de. Ex. Mon père a été choisi comme candidat
à l'élection prochaine.
- —En même temps. Ex. Je suis arrivé comme lui, vers
neuf heures.
- Comme çà, loc. expl.
- Ex. Il m'a dit, comme ça, que rien ne presse de partir.
Enlevons comme ça, et le sens reste le même.
- Comme c'est que, loc. adv.
- Comment, de quelle manière. Ex. Dis-moi donc comme
c'est que tu t'y prends pour avoir d'aussi belles patates?
- Comme ci comme çà, loc.
- —Ni bien ni mal. Ex. Comment te portes-tu?—Comme ci
comme çà.
- —De qualité difficile à définir. Ex. Comment trouves-tu
ce vin-là?—Comme ci comme çà.
- Comme de ben entendu, loc.—Comme cela est évident.
- Comme de bonne, loc. adv.
- Sans doute, assurément. Ex. Aimes-tu beaucoup le sucre
d'érable? Comme de bonne.
- Comme de bonne raison, loc.
- Assurément. Ex. Si tu veux m'en croire, nous allons nous
payer une petite fête aux huitres.—Comme de bonne raison.
- Comme de faite, loc. adv.—En réalité, en effet.
- Comme de juste, loc. adv.
- Sans aucun doute. Ex. Trouves-tu que c'est raisonnable de
ne pas aller au bureau un jour de congé?—Comme de juste.
- Comme de raison, loc. adv.
- Sans doute. Ex. As-tu vu Jacques Cartier aux Pageants?
Comme de raison.
- Comme de plus belle, loc.
- Sans relâche. Ex. Il mouille comme de plus belle.
- Comme d'icitte à demain, loc. adv.
- Locution pour exprimer une longueur de temps. Ex. Un
discours long comme d'icitte à demain.
- Comme dit la chanson, loc.
- Quelle chanson? Aucune en particulier. Ex. Un chien
regarde bien un évêque, comme dit la chanson.
- Comme dit l'anglais, loc.
- Suivant l'expression consacrée par la langue anglaise. Ex.
Comme on fait son lit on se couche, comme dit l'anglais,
as you make your bed, so you must lie.
- Comme je te pousse, loc.
- Misérablement, péniblement. Ex. Ça marche comme je te
pousse.
- Comme manière de, loc. adv.
- Une manière de. Ex. Il avait comme manière de chapeau
sur la tête.
- Comme on dit, loc.
- Locution très souvent employée comme suit: Je dirai comme
on dit, et puis on ajoute un proverbe quelconque, ou une
sentence passée en proverbe: Ex. Je dirai comme on dit:
chacun son métier, les vaches seront bien gardées, ou
encore: Il y a plus de mariés que de contents, etc.
- Comme par charité, loc.
- Sans soin ni égard. Ex. J'ai fait mes emplettes au magasin
de la Dernière-Mode, et on m'a servi comme par charité.
- Comme pour l'amour de Dieu, loc.—Comme par faveur.
- Comme pour mourir, loc.
- Avec instance. Ex. Je l'ai supplié comme pour mourir de
me remettre mon argent.
- Comme qui, loc.
- —A peu près comme. Ex. C'est comme qui dirait une
espèce de fou.
- —Comme si l'on. Ex. C'est comme qui tirerait un fusil
chargé à poudre pour tuer un lièvre.
- Comme tout, loc. adv.
- Beaucoup. Ex. Il est bête comme tout.
- Comment, adv.
- Combien. Ex. Comment avez-vous de crayons dans votre
poche? Comment voulez-vous pour ce piano?
- Comment-ce que, loc.
- Comment. Ex. Comment-ce que vous faites pour n'être
jamais malade?
- Comment que, adv.
- Combien. Ex. Comment que ça coûte pour aller à Québec?
- Commerce, n. m.
- —Désordre, tapage. Ex. Ces enfants mènent un commerce
d'enfer.
- —Juron. Ex. Apré commerce!
- —Troc. Ex. Un enfant qui fait des commerces avec ses
petits camarades.
- Commerceau, n. m.
- Petit commerce.
- Commercer, v. a.
- Troquer, échanger pour autre chose. Ex. Un enfant qui
commerce tous ses bibelots, ses crayons, ses plumes, etc.
- Commérer, v. n.
- —Faire des commérages. Ex. Cette personne passe tout
son temps à commérer.
- —Etre commère dans un baptême.
- Commeune, adj. f.
- Commune. Ex. L'argent est pas commeune par le temps
qui court.
- Commichon, n. m.
- Commis inexpérimenté. Ex. Au magasin de Simon, il y a
un tas de commichons qui vous servent comme par charité.
- Commignon, n. f.—Communion.
- Commissaire, n. m.
- —Commissaire du havre, fonctionnaire chargé de l'administration
du pilotage et des travaux des havres de villes.
- —Commissaire des incendies, officier enquêteur sur les causes
des incendies.
- —Commissaire d'écoles, fonctionnaire élu par les citoyens,
qui voit au fonctionnement des écoles de sa municipalité.
- —Commissaire de la Cour Supérieure, fonctionnaire de la
dite Cour.
- —Commissaire des petites causes, tribunal de juridiction
inférieure.
- —Commissaire pour l'érection des paroisses, fonctionnaire
chargé de régler les affaires relatives à l'érection des paroisses,
à la construction des églises, etc.
- —Commissaire de l'Agriculture, des Travaux publics, de la
Colonisation, des Terres de la Couronne, Ministre de l'Agriculture,
des Travaux publics, de la Colonisation, des Terres
de la Couronne. (B. P. F.)
- Commission, n. f.
- —Course que l'on fait pour rendre service. Ex. Quand
nous étions jeunes, en faisions-nous de ces commissions
pour tout le monde?
- —Emplette.
- Commission scolaire, n. f.
- Corporation des commissaires ou des syndics d'écoles.
- Commugnon, n. f.—Communion.
- Communs, n. m. pl.—Latrines.
- Commussion, n. f.—Commission.
- Commussion scolaire, n. f—Commission scolaire.
- Compagnée, n. f.
- —Compagnie, réunion de plusieurs personnes dans un
salon. Ex. Bonjour, la compagnée.
- —Epouse, fiancée.—Ex. Dansez, monsieur, avec votre
compagnée.
- Comparage, n. m.—Compérage.
- Comparager, v. a.—Comparer.
- Comparaison (sans), loc.
- Sans vouloir exagérer. Ex. Tu as un beau chapeau, mais
le mien est encore plus beau, sans comparaison.
- Comparition, n. f.—Comparution.
- Compas, n. m.
- Jambes. Ex. Allonge le compas, nous avons une longue
marche à faire.
- Compâssieux, adj.
- Compatissant. Ex. Cette femme est bien compâssieuse.
- Compeau, n. m.—Pièce de terre.
- Compérage, n. m.
- —Fête de la famille à l'occasion d'un baptême.
- —Le parrain, la marraine, le père et celle qui porte l'enfant.
- En France, le compérage est le lien spirituel du parrain
et de la marraine, avec le père et la mère de l'enfant.
- Compère=compagnon, n. m.
- Compère et compagnon. Ex. En voilà deux qui sont compères-compagnons,
un peu trop.
- Compéter, v. n. (Angl.)—Faire concurrence.
- * Compétiter, v. n. (Angl.)—Même sens que compéter.
- * Compétition, n. f. (Angl.)
- Concurrence, rivalité dans les opérations commerciales.
- * Complétion, n. f. (Angl.)—Accomplissement.
- * Complimentaire, adj. (Angl.)
- —Billet complimentaire, billet de faveur.
- —A titre complimentaire, à titre de faveur.
- Complimenteux, adj.—Complimenteur.
- * Compliments de la saison, n. m. pl.
- Souhaits de Noël et du Jour de l'An. Ex. Je vous envoie
ma carte avec les compliments de la saison. (Angl.)
- Comportement, n. m.
- Conduite. Ex. Cet écolier a un bon comportement.
- En France ce mot veut dire bonne santé.
- Comportement du temps.
- Manière d'être de la température. Ex. Nous irons peut-être
pêcher demain, ça dépendra du comportement du
temps.
- Composition, n. f.
- Alliage de métaux peu précieux. Ex. Cette cuiller n'est
pas en argent, elle est en composition.
- Compote (tomber en), loc.
- —Perdre connaissance, tomber en syncope.
- —Tomber en ruine.
- Comprenable, adj.
- Compréhensible.
- Comprenage, n. m.—Entente.
- * Comprendre, v. a.
- Entendre dire. Ex. Je comprends que vous avez de l'argent
à prêter. (Angl.) To understand.
- Comprenette, n. f.
- Compréhension. Ex. Mon enfant fait des progrès, il commence
à avoir de la comprenette.
- Comprenouère, n. f.
- Intelligence, esprit. Ex. C'est un gars qui a de la comprenouère.
- Comprenure, n. f.
- Compréhension, intelligence. Ex. Avoir pas mal de comprenure.
- Compris, prép.
- Y compris. Ex. J'ai tout acheté, compris le piano.
- Comptant (son), loc.
- Son soûl. Ex. Rire son comptant.
- Compte, n. m.
- En avoir pour son compte, être à l'article de la mort, ou
encore, avoir reçu des coups au point de ne pouvoir plus
recommencer la bataille. Ex. Paul et Jacques se sont
battus comme des chiens, mais Paul en a eu pour son compte.
- —Faire le compte, suffire. Ex. Voici encore trois piastres
et demie, ça fait-y le compte?
- Compter, v. n.
- —Croire. Ex. Je compte que tu ne me feras pas défaut.
- —Sans compter que, en outre. Ex. Je dois aller au théâtre
ce soir, sans compter que j'ai plusieurs personnes à voir.
- Conçarter (se), v. pron.—Se concerter.
- * Concerne, n. f. (Angl.)
- Etablissement, société de commerce. De l'anglais concern.
- Concession, n. f.
- Partie de paroisse éloignée de l'église et du fleuve. Ex. As-tu
déjà été dans les concessions de Saint-Pascal?
- Concourir, v. n.
- Partager l'opinion, au barreau et dans les délibérations du
Parlement. C'est du français légal. Cette expression
pourrait être adoptée tout aussi bien qu'une foule d'expressions
parlementaires anglaises que la presse française a,
pour bien dire, stéréotypées et qui envahissent rapidement
le dictionnaire de l'Académie. Ce mot, du reste, est
d'origine latine et n'a rien d'anglo-saxon. Il existe dans
la langue française dans plusieurs autres acceptions:
converger vers un même point de l'espace; contribuer
avec d'autres à un même résultat; être sur les rangs en
même temps que d'autres pour prétendre à quelque chose,
un prix, une nomination.
- Condamner, v. n.
- —Fermer. Ex. J'ai condamné ma maison pour l'été.
- —Déclarer hors de service. Ex. Cette maison a été condamnée
par l'architecte. Ce pont a été condamné par l'ingénieur.
- Condition, n. f.
- Acheter sous condition, acheter à condition, sous réserve de
pouvoir rendre au marchand.
- Conducteur, n. m.
- —Chef de train. Ex. Demande au conducteur si le train
est en temps.
- —Chef de tramway, celui qui perçoit les billets.
- —Chef du wagon-poste, conducteur de malles.
- —Maître de cérémonie, conducteur du deuil.
- Conduire (se), v. pron.
- Se rendre quelque part, se transporter d'un lieu à un autre,
aller, marcher. Ex. Je suis capable de me conduire jusqu'au
bout de la ville, bien qu'il n'y ait pas de lumière. Je
vois pas bien clair, mais je suis capable de me conduire.
- Conduisable, adj.—Qui peut être conduit.
- Confi, adj.—Confit, e. Ex. Des prunes confies.
- Confidentellement, adv.—Confidentiellement.
- Confirmer, v. a.
- Donner un soufflet. Ex. Je sais pas ce qui me retient de
te confirmer.
- Confiteur, n. m.—Courte-pointe, édredon.
- Confiture, n. f.
- Mettre quelque chose en confiture, en bouillie, en compote.
- Conformité à (en), loc.
- En conformité de. Ex. En conformité à la loi de juillet.
- Confortable, n. m.—Courte-pointe, édredon.
- Conforteur, n. m. (Angl.)
- Courte-pointe, édredon. De l'anglais comforter.
- Confusion, n. f.
- —Convulsion. Ex. Mon enfant est tombé en confusion.
- —Grande quantité.
- Confusionner,—Faire rougir, rendre confus.
- Congit, n. m.
- Condit, substance ou fruit confit dans du sucre cristallisé.
- Congress, n. f, pl. (Angl.)
- Chaussures, bottines dont l'entrée est demi élastique.
- Conjoint, adj. (Angl.)
- —Mixte. Ex. Les deux orateurs de la Chambre président
de droit le comité conjoint de la bibliothèque.
- —Collectif. Ex. M. le curé a lu, dimanche, une lettre conjointe
de nos évêques.
- —Commun. Ex. L'action conjointe de nos législateurs.
- —Réuni. Ex. Les efforts conjoints de tous nos amis nous
feront arriver au pouvoir. De l'anglais conjoint.
- Conjointement, adv.—Egalement.
- Conjonction, n. f.
- Congestion. Ex. Il est mort d'une conjonction de poumons.
- Connaissant, adj. part.
- Savant. Ex. Mon enfant est pas mal connaissant, il sait
lire, écrire et compter.
- Connectable, n. m.—Connétable.
- Connecter, v. a. et n. (Angl.)
- —Raccorder des trains. Ex. Le Pacifique connecte avec le
chemin des Piles, un peu avant d'arriver aux Trois-Rivières.
- —Joindre, réunir les deux bouts d'un tuyau, d'un fil électrique.
- * Connestache, n. m. (Angl.)
- Corn-starch, amidon de maïs.
- Connétable, n. m.
- —Commissaire de haute police, suisse, homme chargé de
faire la police dans l'église.
- Connexion, n. f. (Angl.)
- —Raccordement entre deux trains.
- —Action de réunir des tuyaux.
- —Communication dans le service téléphonique. Ex. Voulez-vous
me donner la connexion avec le numéro un-neuf-zéro-huit.
- Consarver, v. a.—Conserver.
- Conscience, n. f.
- —En conscience, en vérité.
- —Ma conscience! Ma grande conscience! Ma conscience du
bon Dieu! Appel à la conscience pour affirmer la vérité
de ce que l'on dit.
- —Estomac. Ex. J'ai tout mon dîner sur la conscience.
- Conseiller=de=ville, n. m.
- Echevin. Ex. Autrefois, il y avait à Québec des échevins
et des conseillers-de-ville; aujourd'hui, il n'y a plus que
des échevins, les conseillers-de-ville ont vécu.
- Conseilleux, adj.
- Qui donne des conseils. Ex. Grand conseilleux petit payeux.
- Consent, adj.—Consentant.
- Consentant, e, adj.
- Qui agrée, consent. Ex. Consentez-vous à venir avec
moi?—Oui, je suis consentant.
- En terme de jurisprudence consentant s'emploie. Ex. Les
parties consentantes.
- Consentir à quelqu'un, v. n.
- Consentir. Ex. Je lui ai consenti un billet promissoire.
- Conséquence (de), loc.
- Important. Ex. C'est un homme de conséquence. Cette
affaire est de conséquence.
- Conséquent, adj.
- Important. Ex. Cette affaire est conséquente.
- Conserve (de), loc.
- —En conserve. Ex. Des fruits de conserve.
- —De réserve. Ex. Des légumes de conserve.
- Considération (sous), loc.
- En considération. Ex. Je vais mettre votre demande sous
considération.
- Consistance (sans), loc.
- Inconséquent, manque de logique dans les idées. Ex. C'est
un individu sans consistance.
- Consistant, adj.—Conséquent. (Angl.)
- Consister, v. n.
- Cela ne consiste en rien, cela n'a aucune importance.
- Consommage, n. m.
- —Déchets de viande, graisse, soupe, que l'on fait bouillir
ou consommer pour en fabriquer le savon dit du pays.
- —Action de consommer les déchets de viande.
- Consomptif, ive, n. m. f.
- Phtisique, consomptif n'est pas français.
- Consomption, n. f. et adj.
- —Phtisie. On peut dire: la phtisie amène toujours la
consomption, c'est-à-dire le dépérissement progressif.
- —Phtisique. Ex. Mon cousin est consomption.
- * Conspiration, n. f.
- Complicité. Ex. Il a été condamné à deux ans de pénitencier
pour conspiration de faux. (Angl.)
- * Constable, n. m., (m. a.)—Connétable, officier de police.
- * Constituant, n. m.
- Electeur, commettant. (Angl.)
- Consulte, n. f.
- Consultation. Ex. Le docteur Lalancette charge deux
piastres pour une consulte.
- Contable, adj.
- Qui peut être raconté. Ex. Des histoires comme celle-là,
ça n'est pas contable.
- Conte, n. m.
- A son conte, d'après ce qu'il raconte. Ex. A son conte, c'est
Pierre qui est dans le tort.
- Conte, de conte, prép.
- —Contre. Ex. Je suis fâché conte lui.
- —Près de. Ex. Approche-toi de conte moi.
- * Contemplation, (en).
- En perspective. Ex. J'ai plusieurs projets de loi en contemplation
(Angl.)
- * Contempler, v. a.—Projeter. (Angl.)
- Contenancer, v. a.
- Appuyer, soutenir. Ex. Contenancer quelqu'un en l'encourageant
de son mieux.
- Content, e, adj.
- Faire content, donner des signes de contentement en se frappant
les deux mains. Ex. Fais ton content, mon petit.
Langage maternel.
- Conter, v. a.
- —Dire à quelqu'un son fait. Ex. Je vais lui conter ça.
- —Conter des contes, raconter des histoires, des légendes, etc.
- Conter et raconter, loc.
- Conter à plusieurs reprises. Ex. A quoi sert de conter et
raconter toutes ces histoires-là?
- Conterbande, n. f.—Contrebande.
- Conterbandier, n. m.—Contrebandier.
- Conterbarrer, v. a.—V. Contrebarrer.
- Conterbarrer (se), v. pron.—V. Contrebarrer (se).
- Contecœur (à), loc.
- —A contrecœur. Ex. Travailler à contecœur.
- Conterdiction, n. f.
- Contradiction. Ex. Un tel, c'est la conterdiction en personne.
- Conterdire, v. a.
- Contredire. Ex. Conterdis-moi pas, c'est inutile.
- Conterdit, n. m.
- Contredit. Ex. Nous avons eu un petit conterdit ensemble.
- Conterfaire, v. a.—Contrefaire.
- Contestation d'élection, n. f.
- Procès intenté en vue de faire invalider une élection.
- Conteste, n. f.
- —Protestation.
- —Chicane, querelle.
- Conteur de contes, n. m.
- Individu qui, dans nos campagnes, fait une spécialité de raconter
des histoires, légendes, etc, devant une assemblée
quelquefois assez nombreuse.
- Conteux, adj.—Conteur. Ex. Un conteux de menteries.
- Contiendre (se), v. pron.
- Contenir. Ex. J'ai pas été capable de me contiendre plus
longtemps.
- * Contingents, n. m. pl. (Angl.)
- Dépenses imprévues. Ex. Vous mettrez cette somme au
chapitre des contingents.
- Continu (un).
- Sans interruption. Ex. Il a parlé un continu pendant deux
heures.
- Continuel (un), n. m.
- Sans relâche. Ex. Il pleut un continuel.
- * Contracter, v. a. et n.
- Entreprendre. Ex. Ces deux entrepreneurs vont contracter
pour construire ma maison; un autre a contracté ma
grange. (Angl.)
- * Contracteur, n. m. (Angl.)—Entrepreneur.
- Contrat, n. m.—Marché à forfait.
- Contre, prép.
- —Auprès de. Ex. Asseyez-vous contre moi.
- —Ne pas aller contre, ne pas contredire.
- —Il n'y a pas à aller contre, c'est sûr.
- —Avoir contre son cœur, avoir à contrecœur.
- Contre (de), loc. adv.
- Contre. Ex. Ne te monte pas de contre lui!
- Contre=à=contre, loc. adv.—Côte à côte.
- Contre=à=côte, loc. adv.—Côte à côte.
- Contrebarrer, v. a.
- Contrecarrer. Ex. Tu passes ton temps à me contrebarrer,
à quoi bon, en vérité?
- Contrebarrer (se), v. pron.—Se contrecarrer, se contredire.
- Contre bon sens, n. m.
- Contresens. Ex. Tu vois bien que c'est un contre bon sens.
- Contrebouter, v. a.—Contredire.
- Contrée, n. f.
- Petite étendue de terrain. Ex. Sur ma terre, il y a des
mauvaises contrées où rien ne pousse.
- Contrefait, e, adj.
- Bouleversé. Ex. As-tu du chagrin, tu as la figure toute
contrefaite.
- Contre=porte, n. f.
- Porte extérieure qui se ferme automatiquement.
- Contretenir, v. a.—Retenir, empêcher d'agir.
- Contretenir (se), v. pron.—Se retenir, se modérer, se réprimer.
- Contrevention, n. f.—Contravention.
- Contrôlable, adj.—Qui peut être contrôlé, assujetti.
- * Contrôle, n. m. (Angl.)
- —Direction. Ex. Je vais bientôt prendre le contrôle du
magasin.
- —Dépendance. Ex. Ce département échappe au contrôle
du gouvernement.
- —Influence. Ex. M. X. exerce un fort contrôle sur la
banque des ouvriers.
- —Empire. Ex. Avoir du contrôle sur soi-même.
- —Autorité. Ex. Je ne puis exercer aucun contrôle sur mon
fils aîné.
- —Sous contrôle, maîtrisé. Ex. L'incendie n'a pu être
sous contrôle qu'après trois heures de dégât.
- * Contrôler, v. a.
- Maîtriser, exercer de l'influence, de l'autorité, de l'empire,
commander, gouverner, etc. (Angl.)
- Controvarse, n. f.
- —Controverse.
- —Prêcher la controvarse, contredire sans à propos, pour le
plaisir de la chose.
- Convenir, v. a.
- Fixer. Ex. Convenir d'un jour pour se rencontrer.
- Convention, n. f.
- Réunion. Ex. Les élèves de Rhétorique de 1888 auront
une convention en 1908.
- Conventum, n. m.
- Réunion d'élèves sortis du collège. Ex. Le conventum des
élèves de la rhétorique de 1878.
- * Conviction, n. f.
- Condamnation, rapport de culpabilité. (Angl.)
- Conviendre, v. a.—Convenir.
- Convint, part. pas.
- Convenu. Ex. Nous sommes convints de nous réunir
demain.
- Convoiter, v. n.—Convoler.
- Copérage, n. m.—Compérage, baptême.
- Copère, n. m.—Compère.
- Copiage, n. m.
- —Plagiat.
- —Copie. Ex. J'ai beaucoup de copiage à faire.
- —Imitation.
- Copie, n. f.
- Exemplaire. Ex. Je vous enverrai dix copies de mon dernier
ouvrage.
- Copier, v. a.
- Plagier. Ex. Monsieur, Chose a copié son devoir sur celui
de Machine.
- Copieux, adj.
- —Qui copie, copieur.
- —Elève qui copie ses devoirs sur ceux de ses confrères, ou
dans les livres.
- Coppe, n. f.
- Sou. Ex. Je n'ai pas c'te coppe. Ça ne vaut pas une coppe.
- Copper, v. n.
- Payer. Ex. Allons, l'ami, coppe au plus vite.
- Coq, n. m.
- —Faire un coq, ne pas faire la moitié des points, au jeu de
whist.
- —Faire son coq, faire le fanfaron. Ex. Tu n'as pas besoin
de tant faire ton coq, tu n'es pas si drôle.
- Coq d'Inde, n. m.
- Homme stupide. Il existe en français deux mots seulement
qui se terminent par la lettre q, cinq et coq. On prononçait
autrefois co d'inde. Et la chanson de Boufflers:
-
Or de ces nids, de ces coqs, de ces lacs,
L'amour a formé Ni-co-las.
- Coq (petit), n. m.
- Jeune homme qui aide aux ouvriers. Ex. Par ici, petit coq,
aide-moi à lever ce madrier.
- Coq=l'œil, n. m.—Loucheur.
- Coq-nigaud (en), adv.—Incognito. Voyager en coq-nigaud.
- Coque, n. f.—Moule, moucle.
- Coquecigrue, n. m.
- Drôle de pistolet, un original. D'après l'Académie, ce mot
signifierait baliverne.
- Coq=en=pâte, n. m.
- —Homme retiré dans son fromage.
- —Lourdaud.
- Coquassier, n. m.
- Qui élève des coqs. En France, c'est un marchand de
volailles.
- Coquaud, n. m.
- Œuf de poule. Comme ce mot dérive de coque, il est préférable
d'écrire coquaud et non coco.
- Coquerelle, n. f.
- —Blatte germanique.
- —Homme aux cheveux roux.
- En France, coquerelle est le nom donné aux noisettes dans
leur capsule verte et réunies par trois.
- Il y a un insecte assez semblable à la blatte qui se rencontre
dans les Antilles et que les Anglais appellent cockroaches.
C'est, peut-être, l'origine de notre coquerelle. Il ne serait
pas surprenant de rencontrer ce mot dans les colonies ou
dans quelque province française.
- «Coquerelle, femme qui garde les chanoinesses de Remiremont
depuis l'extrême-onction jusqu'à leur enterrement.» (Mémoires
de la Houssaye, t. I., p. 9.)
- Coquerico, n. m.
- Cocorico. Onomatopée imitant le chant du coq.
- * Coquerie, n. f. (Angl.)
- Cuisine. Vient de l'anglais cookery.
- Coqueron, n. m.
- Petite armoire dérobée, destinée à recevoir toute espèce de
vêtements et de chaussures.
- Coquin, e, adj.
- Gentil. Ex. Cet enfant est bien coquin.
- Coquiner, v. n.
- Manquer d'honnêteté. Ex. Coquine pas avec moi, je suis
honnête.
- Corbigeau, n, m.
- Courlis de la baie d'Hudson. D'après Cotgrave, ce serait
le cormoran.
- Corde, n. f.
- —Se mettre la corde au cou, trop s'engager.
- —Filer sa corde, faire de mauvaises actions qui finalement
mènent à la potence.
- —Toucher la grosse corde, parler d'une chose qui doit faire
du bruit, ou toucher vivement celui à qui on parle. (Fur.)
- Corde à linge, n. f.
- Corde tendue qui sert à suspendre le linge, cordeau.
- Corde de pendu, n. f.
- Corde qui porte chance. Ex. Toi, tu as toutes les chances,
as-tu de la corde de pendu dans ta poche?
- Cordeau, n. m.
- Guide. Ex. Tire donc sur le cordeau à ta droite, tu vois
bien que le cheval marche à côté du chemin.
- Cordé, adj.
- —Filandreux. Ex. Des navets, des raves, des carottes cordés.
- —Colique cordée, V. ce mot.
- Cordée, n. f.
- —Pile. Ex. Une cordée de bois.
- —Cordeau. Ex. Une cordée de linge.
- Cordelle (traîner à la), loc.
- —Hâler un canot dans les rapides au moyen d'une corde.
- —Amarre tirée par un cheval.
- Corder, v. a. et n.
- —Empiler, mesurer du bois à la corde.
- —S'empiler, se corder. Ex. Voilà du bois qui corde mal.
- Corderoi, n. m.—Velours de coton à côtes.
- Cordeur, n. m.—Qui corde le bois.
- Cordon, n. m.
- —Mesure de bois, la quatrième partie d'une corde.
- —Chemin de séparation au bout des terres.
- —Tirer sur le cordon, être très économe.
- Cordon de S. Antoine.
- Eczéma à la surface du corps, tout autour de la taille, zona.
- Corduroi, n. m.—V. Corderoi.
- Corgnère, n. f.—Cornière.
- Cornâiller, v. a. et n.
- —Lutter vivement. Ex. Ça va cornâiller, la lutte va être
chaude.
- —Donner des coups de cornes à droite et à gauche.
- —Se donner des coups de cornes.
- En Saintonge, cornâiller veut dire essayer ses cornes.
- Cornâiller (se), v. pron.
- —Lutter ensemble comme deux bêtes à cornes.
- —Se donner des coups de cornes.
- —S'obscurcir. Ex. Le temps se cornâille.
- Cornas, n. m.—Cadenas.
- Corne de çarf, n. f.—Ammoniaque.
- Corne de seigle, n. f.
- Ergot de seigle, production végétale parasitale sous forme
d'éperon ou de corne sur les épis de quelques graminées,
comme le blé et le seigle.
- Corner, v. a. et n.
- —Donner des coups de cornes. Ex. Cette vache a manqué
me corner.
- —Corner les oreilles, corner aux oreilles.
- Cornet d'encre, n, m.—Encrier.
- Cornetée d'encre, n. f.
- Encrier plein d'encre.
- Corniche, n. f.
- —Tablette de cheminée.
- —Avoir du pain sur la corniche, avoir des économies.
- Cornichon, n. m.
- —Niais, imbécile.
- —Concombre d'Amérique.
- —Ergot de seigle. V. Corne de seigle.
- Cornière, n. f.
- Coin, angle. Ex. Enlever une cornière d'un objet. Employé
adjectivement, cornier, cornière, ce mot est français.
- Coronel, n. m.—Colonel.
- Corporal, n. m.—Caporal.
- Corporation, n. f.
- —Municipalité. Ex. Je m'en vas payer les taxes de la
corporation. (Angl.)
- —Mine, apparence. Ex. Pour un homme malade, tu as
une jolie corporation.
- —Conseil de ville. Ex. Le gros Jean est employé à la
corporation. (Angl.)
- Corporé, adj.—Taillé, bien découplé.
- Corporence, n. f.
- —Corpulence.
- —Taille. Ex. Cet homme est bien bâti, il a une bonne
corporence.
- Marot a employé corporence.
-
Il mourut veau par desplaisance,
Qui fut dommage à plus de neuf.
Car on dit (vu sa corporance)
Que c'eust été un maistre bœuf.
- Corporent, adj.—Corpulent.
- Corporeux, adj.—Corpulent.
- Corps, n. m.
- —Gilet. Ex. Voilà l'hiver, tu vas mettre tes corps de laine.
Madame de Sévigné a écrit: Il faut lui mettre un petit
corps un peu dur qui lui tienne la taille.
- —Cadavre. Ex. Le service funèbre va commencer bientôt,
voici le corps qui passe.
- —Corsage.
- Côrps, n. m.
- Corps. Ex. Avoir mal dans le côrps.
- —Avoir le côrps dérangé, avoir la diarrhée.
- Corps mort, n. m.
- Arbre abattu par la tempête ou par suite de vétusté.
- Correct, adj.
- —Exact. Ex. Mon compte est-il correct?
- —Entendu. Ex. J'espère que tu viendras au comité d'archéologie
ce soir.—C'est correct, j'irai.
- Correctable, n. m.—Connétable.
- Correspondre (se), v. pron. Se corrompre.
- Correyer, v. a.—Corroyer.
- Correyeur, n. m. Corroyeur.
- Corrigeable, adj—-Corrigible.
- Corroie, n. f.
- Courroie. Ex. Des souliers à corroie.
- Corson, n. m.—Cresson.
- Corté, e, adj.
- Bien habillé. Ex. Une fille cortée. V. Recorté.
- Corton, n. m.
- —Creton, rillon. Ex. Je n'ai jamais pu oublier nos cortons
de collège, t'en souviens-tu, Philippe?
- —Croton. Ex. Huile de corton.
- Corvée, n. f.
- Travail fait en commun pour aider quelqu'un dans un
moment d'infortune ou pour d'autres fins utiles et pressantes.
- Cossade, n. f.—Busard des marais.
- Côsse, n. f.
- Cosse. Ex. Une côsse de pois, de fèves.
- Cossin, n. m.
- —Coussin.
- —Homme impropre au travail.
- * Costarde, n. f. (Angl.) Flan.—De l'anglais custard.
- * Cot, n. m., (m. a.)—Berceau suspendu, petit lit d'enfant.
- * Cotation, n. f. (Angl.)
- Cote, part que l'on doit payer d'une dépense, d'un impôt.
Ex. Les cotations de la Bourse.
- * Cote, n. m., (m. a.)
- —Berceau suspendu.
- —Lit de camp.
- Côte, n. f.
- —Ne pas en avoir épais sur la côte, être d'une grande maigreur.
- —Avoir les côtes sur le long, être paresseux. Etant donnée
sa conformité physique plus qu'étrange, l'individu ainsi
affligé n'est pas susceptible de se remuer rapidement.
- Côte du nord, n. f.—La rive nord du fleuve Saint-Laurent.
- Côte du sud, n. f.—La rive sud du fleuve.
- Côtelettes, n. f. pl.—Favoris.
- Côtereux, adj.—Catarrheux.
- Côteux, adj.—Région où il y a beaucoup de côtes.
- Côteyer, v. a.—Côtoyer.
- Cotil, n, m.—Coutil. Ex. Un sac en cotil.
- Cotille, n. f.—Coquille.
- Cotir, v. a. et n.
- —Pourrir. Ex. Nous ne ferons rien de bon avec ce bois,
il est trop coti.
- —Dépérir. Ex. La maladie m'a coti.
- En France, cotir se dit des fruits. Ex. La grêle a coti les
pommes. Signifie aussi craquer. Ex. Fais cotir tes doigts.
- Cotisations, n. f. pl.
- Taxes municipales. Ex. Voici le temps de payer ses cotisations.
- Cotiser, v. a.
- Estimer la valeur d'une propriété foncière, en vue de la
taxe municipale.
- Cotiseur, n. m.—Estimateur.
- Coton, n. m.
- —Tige, trognon. Ex. Un coton de chou, de patates.
- —Râpe. Ex. Un coton de blé d'Inde.
- —Nervure. Ex. Un coton de tabac.
- —Queue d'animal.
- —Vieux cheval.
- —Etre au coton, personne dont la santé va en diminuant, et
au figuré, celle dont la réputation est compromise.
- —Filer un mauvais coton, avoir du mal à se tirer d'affaire.
- Cotonnage, n. m.—Cotonnade.
- Coton jaune, n. m.—Coton écru.
- Cotonner, v. n.
- —Usé. Ex. Mon habit est cotonné.
- —Avoir mauvaise apparence. Ex. Quelle mine as-tu, ce
matin, tu me parais bien cotonné.
- Cotonnier, n. m.—Asclépiade de Cornuti.
- Côtoyeux, adj.—Montagneux.
- * Cottage, (m. a.)—Maison de campagne.
- Cou blanc, n. m.—Pluvier à collier, semipalmé.
- Couac, n. m.
- —Fausse note.
- —Homme aux longues jambes.
- —Charlatan. (Angl.) quack.
- —Oiseau de mer, dont la chair n'est guère mangeable.
- Couchage, n. m.—Action de se coucher.
- Couche, n. f.
- —Avoir la couche épaisse, n'être pas dégrossi.
- —Porter encore la couche, être trop jeune pour avoir autant
de prétentions.
- —En avoir une couche, sous-entendu de bêtise.
- Coucher, v. a.
- Envoyer coucher, envoyer promener. Ex. Veux-tu aller te
coucher, tu m'ennuies gros.
- Coucher (se), v. pron.
- Prendre une position favorable au sommeil. Ex. Il y a des
écoliers qui se couchent sur leurs pupîtres, ce sont de beaux
paresseux.
- Coucher dehors, loc.
- —Se dit des choses inanimées, qu'on a laissées dehors, qu'on
ne met pas à l'abri. Ex. Cette voiture a couché dehors;
je n'ai pas rapporté ma pioche, elle a couché dehors.
- —Etre bête à coucher dehors, à l'instar des animaux qui sont
laissés sans abri durant la nuit.
- Coucherie, n. f.—Hôtellerie.
- Couchettée, n. f.—Couchette remplie d'enfants.
- Cou-croche, n. m.
- Nom vulgaire donné à certaines courges.
- Coude, v. a.—Coudre. Ex. Un dé à coude.
- Coude (lever le), loc.—Boire des spiritueux.
- Coudon!
- Ecoute donc. Ex. Coudon, m'as-tu bien compris?
- Coudre, n. m.
- —Coudrier.
- —Coutre, fer tranchant de la charrue.
- Coudre, v. a.—Coudre le bec, réduire au silence.
- Coudrette, n. f.—Petit coudrier.
- Coudu, part. pass.—Cousu.
- Couëffe, n. f.—Coiffe.
- Couenne, n. f.
- —Gazon. Ex. La terre est prise en couenne.
- —Peau. Ex. Un individu qui a la couenne épaisse. Se dit
au figuré.
- —Chauffer la couenne à quelqu'un, lui donner une forte
réprimande.
- Couanne et couenne se disent en Normandie pour gazon. En
Anjou, une couenne est une fainéante.
- Couenner, v. a.
- Poser de la couenne, du gazon, sur le sol dénudé.
- Couette, n. f.
- —Touffe. Ex. Coupez-moi cette couette de cheveux.
- —Petite queue.
- —Se faire prendre la couette, se faire morigéner.
- —Se faire couper la couette, subir un grand affront.
- Autrefois l'on portait la couette dans la province de Québec.
- Couetter, v. a.
- Disposer sous forme de couettes. Ex. Avoir les cheveux
couettés.
- Couetteux, adj.
- Qui se prend en couettes. Ex. Des cheveux couetteux.
- Couillon, n. et adj.
- Poltron, lâche. Ex. Tas de couillons que vous êtes!
- Couillonnade, n. f.—Lâcheté, traîtrise.
- Couillonnage, n. m.—Action de couillonner.
- Couillonner, v. a.—Tromper, trahir.
- Coulant, adj.
- Glissant. Ex. Le trottoir est coulant après cette pluie de
trois jours.
- Coulée, n. f.
- —Eau ou sève d'érable recueillie en un seul jour par les
fabricants de sucre.
- —Ravin.
- —Coulée de lessive, l'action de faire la lessive.
- Couler, v. n. et a.
- —Glisser sur un terrain gras ou humide. Ex. Mon pied
a coulé, j'ai failli tomber.
- —Ruiner. Ex. Ce marchand est coulé à tout jamais.
- —Insinuer. Ex. Je lui ai coulé ça dans le tuyau de l'oreille.
- —Se la couler douce, faire joyeuse vie.
- Couler (faire), loc.
- Mettre en marche la fabrication du sucre d'érable.
- Couleuré, e, adj.
- Coloré. Ex. Cet enfant est trop couleuré.
- Couleurer, v. a.—Colorer, donner des couleurs.
- Couleuve, n. f.—Couleuvre. Ex. Du raisin de couleuve.
- Coulombage, n. m.—Colombage.
- Coulouer, n. m.—Couloir.
- Coup, n. m.
- —Verre de liqueurs fortes. Ex. Cet homme ne se fait pas
prier pour prendre un coup.
- —Claquer le coup, boire plus souvent qu'à son tour.
- —Faire les cent coups, faire tous les mauvais coups possibles.
- —Avoir un coup, être légèrement ivre. Ex. Etais-tu ivre
l'autre soir quand je t'ai rencontré? Non, j'avais un coup.
- —Avoir pris un coup de trop, avoir trop bu, au point de
s'enivrer.
- —Prendre un coup, trop boire. Ex. Vois Chose, il a encore
pris un coup, c'est plus fort que lui.
- —De ce coup-là, de ce coup-ci, cette fois. Ex. De ce coup-là,
il va se tuer.
- Coup (du), loc.
- A l'instant même. Ex. Du coup, te voilà pincé.
- Coup (un), n. m.
- Une fois. Ex. Un coup Noël arrivée, nous partirons.
- Coup que (un), loc. conj.
- Dès que. Ex. Un coup que tu auras fini tes histoires, tu
auras la bonté de m'écouter.
- Coup d'eau, n. m.
- —Maladie survenant après avoir bu trop d'eau. Ex. Un
cheval malade d'un coup d'eau.
- —Masse d'eau arrivant à la fois à la suite de grandes pluies.
- Coup de chance, loc. adv.
- Heureusement. Ex. Coup de chance que tu sois venu me
tirer de l'eau, car j'allais me noyer.
- Coup de cochon, n. m.—Action lâche et déloyale.
- Coup de fion, n. m.
- Dernière main donnée à la toilette.
- Coup de main, n. m.—Aide passagère.
- Coup de marteau, n. m.—Grain de folie.
- Coup de patte, n. m.
- Critique acerbe. Ex. C'est un homme charitable, mais il
n' oublie pas son petit coup de patte de temps en temps.
- Coup de poche, n. m.—Action vile.
- Coup de torchon, n. m.—Bataille, rixe.
- Coup d'or, n. m.—Excellente affaire.
- Coup du midi, n. m.
- Heure du midi. Ex. Tu viendras me prendre sur le coup
du midi.
- Coupable, adj.
- Qui peut être coupé. Ex. Cette viande-là n'est pas coupable,
elle est dure comme du cheval, ce doit être de la vache
enragée.
- * Coupable (plaider). (Angl.)
- Avouer sa culpabilité. Ex. Des quatre criminels qui ont
comparu à la cour du banc du roi, deux ont plaidé coupable.
- Coupâillage, n. m.
- Découpage de linge, de papier. Ex. Veux-tu cesser tes
coupâillages, vilain garnement.
- Coupâiller, v. a.
- —Couper en menus morceaux.
- —Couper maladroitement et sans ordre.
- Coupant, adj.
- —Mordant.
- —Habile en affaires.
- Coupant (au plus), loc. adv.
- Au plus tôt. Ex. Va me chercher ma canne au plus coupant,
file au plus coupant.
- Coupâsser, v. a.
- Faire des petits ouvrages en coupant sans trop de soin.
- Coupe, n. f.
- —Entaille faite au pied d'un arbre par le bûcheron.
- —Tranchée de chemin de fer.
- —Couple. Ex. Une coupe de jours.
- —Etendue de bois coupé.
- Coupe-feu, n. m.
- Porte de fer qui enlève toute communication entre deux
pièces.
- Couper, v. a.
- —Découper. Ex. Couper la viande.
- —Rogner. Ex. Couper les gages d'un serviteur.
- —Affranchir, hongrer.
- —Clore. Ex. Il s'est fait couper le sifflet.
- —Couper son eau, boire à petites gorgées.
- —Couper la figure, se dit d'un vent très froid qui frappe la
figure avec violence.
- —Couper par, prendre un raccourci. Ex. Tu couperas par
là, si tu veux arriver plus vite.
- Couper (se), v. pron.
- —Se contredire dans ses propres paroles. Ex. Vous venez
de vous couper, mon ami, surveillez vos paroles.
- —Crotter ses chaussures en marchant dans des immondices.
Ex. Regarde à tes pieds, si tu ne veux pas te couper.
- Couple de jours, n. f.
- Deux jours. Ex. Je vous reverrai dans une couple de jours.
- Coupler, v. a.—Accoupler. Ex. Coupler des bas.
- Couplet, n. m.
- Partie du collier qui fixe le timon au harnais. Ex. Des
cordes de couplets.
- * Couque, n. m. (Angl.)—Cuisinier. De l'anglais cook.
- * Couquerie, n. f.
- Cuisine. Ex. Faire la couquerie. De l'anglais cookery.
- Cour (homme de), n. m.—Qui a la surveillance des cours.
- Courâillage, n. m.—-Action de courâiller.
- Courâiller, v. n.
- —Courir de tous côtés.
- —Mener une mauvaise vie.
- Courâilleur, n. m.—Débauché.
- Courâilleux, n. m.
- —Mendiant de mauvaise mine.
- —Homme débauché.
- Courant, n. m.
- —Coulant, tige frêle qui s'allonge en coulant sur le sol.—(Dict.
Littré.)
- —Plante grimpante en général.
- Courante, n. f.—Diarrhée, cours de ventre.
- Coureur, n. m.
- Espèce d'esturgeon à nez très aplati.
- Coureur des bois, n. m.—Chasseur, trappeur.
- Coureux, adj.
- —Personne aux mœurs dissolues.
- —Agile, qui peut courir vite.
- Coureux de chemin, n. m.
- —Chemineau.
- —Individu qui vagabonde à droite et à gauche.
- Couriace, adj.—Coriace.
- Courir, v. a. et n.
- —Pousser. Ex. Pourquoi cours-tu ton cheval à pleine
vitesse?
- —Faire la tournée. Ex. Nous allons courir les érables, cet
après-midi.
- —Courir à travers. Ex. C'est un garçon qui n'est bon
qu'à courir les champs.
- —Prendre part à un concours hippique. Ex. Vas-tu courir
ton trotteur aux prochaines courses.
- —Courir sur, s'avancer vers.
- —Courir après ses cinquante ans, arriver à cet âge.
- Courpion, n. m.
- Croupion. Ex. J'ai mal au courpion.
- Courriette, n. f.
- Petit morceau en forme de lanière. Ex. Se faire enlever
une courriette de peau par un clou.
- Cours de banc.—Cours d'études suivi sans succès.
- Course, n. f.
- —Tirer une course, courir, lutter de vitesse.
- —Faire une course sur une banque, demander un remboursement
de ses fonds.
- Courson, n. m.—Cresson.
- Court, adj.
- Le court et le long, tous les détails. Ex. Je te raconterai le
court et le long de cette affaire, par temps perdu.
- Court (être de), loc.
- Etre à court d'argent. Ex. Prête-moi donc cinq piastres.
- —Impossible, je suis trop de court.
- * Court plaster, n. m. plasteur, (m. a.)—Taffetas gommé.
- Courtes=pattes, n. m. pl.
- Individu à jambes courtes. Ex. Voici un courtes-pattes qui
s'en vient.
- Courtin, n. m.—Veste à manches.
- Courvalline, n. f.
- Dépuratif composé de racines de patience, de salsepareille,
de chiendent et de dent-de-lion, additionnées de sulfate
de magnésie.
- Courvée, n. f.
- —Corvée, tâche pénible.
- —Corvée, travail collectif.
- Cousable, adj.—Qui peut être cousu.
- Couserai (je), futur du verbe coudre.—Je coudrai.
- Cousin, n. m.
- Gâteau à forme particulière qui fait partie des pains bénits.
- Coûtage, n. m.—Coût, frais.
- Coûtageux, adj.
- —Coûteux.
- —Gênant.
- Coûtance, n. f.
- Gêne. Ex. Ce n'est pas la coûtance qui me fait agir ainsi.
- Coûtant, adj.—Qui coûte à faire.
- Coutchou, n. m.—Caoutchouc.
- Coutchouc, n. m.—Caoutchouc.
- Coûte qui coûte, loc.—Coûte que coûte.
- Couteau, n. m.
- —Boisson alcoolique mise dans un verre d'eau gazeuse ou
d'eau. Ex. Coupe ton eau avec un petit couteau.
- —Homme retors.
- —C'est un petit couteau, c'est un homme de peu de valeur.
- —Etre à couteaux tirés, être ennemi.
- Couteau à poisson, n. m.—Truelle.
- Coûtément, n. m.
- Prix d'une chose, dépense à faire. Ex. Tout cela, ce sont
des coûtéments pour rien.
- Coûter, v. n.
- —Coûter les yeux de la tête, coûter très cher.
- —Coûter chaud, même sens. Ex. Tu veux acheter du
stock de la Caisse d'Economie, je t'avertis que ça va te
coûter chaud.
- Coute=pied, n. m.
- Coup-de-pied. Ex. Si tu me donnes un coute-pied, je te le
rendrai.
- Couture, n. f.
- —Tout ce qu'il faut pour coudre. Ex. Emporte ta couture
avec toi.
- —Rabattre les coutures, plaisanterie qui consiste à presser sur
les coutures d'un habit neuf, pour en marquer l'étrenne.
Amusement de collégiens.
- Couvarcle, n. m.—Couvercle.
- Couvarte, n. f.
- Couverte. Ex. Une couvarte de laine, une couvarte à cheval.
- Couvarture, n. f.—Couverture.
- Couvé, e, adj.—Couvi. Ex. Un œuf couvé.
- Couvert, n. m.
- —Couvercle. Ex. Un couvert de plat, de chaudron.
- —Couverture. Ex. Un couvert de livre, de boîte, de maison.
- —Boîtier. Ex. Le couvert d'une montre. Ex. J'ai acheté
une montre couverte, c'est-à-dire à double boîtier.
- —Donner à couvert, loger.
- Couverte, n. f.—Couverture. Ex. Une couverte de lit.
- Couvre=pieds, n. m.—Courte-pointe, couverture de lit piquée.
- Couyau, n. m.
- Coyau, pièce de bois qui porte sur l'extrémité inférieure des
chevrons, de manière à dépasser la saillie de l'entablement
pour former l'avance de l'égout du toit.
- Couyon, n. m.—V. Couillon.
- Couyonnade, n. f.—V. Couillonnade.
- Couyonner, v. a.—V. Couillonner.
- Crabe, int.—Crabe de chien! Crabe de diable! Crabe!
- Crac, n. m.
- —Faire un crac, embrasser une personne en lui entourant
le cou de ses bras. Expression qui s'applique plutôt aux
jeunes enfants. Ex. Crac, minouche.
- —Un instant. Ex. J'ai fait cela dans un crac.
- Cracher, v. n.
- —Payer bon gré mal gré. Ex. Je finirai par le faire cracher.
- —C'est son père tout craché, c'est son portrait ressemblant.
- —Ne pas cracher dedans, ne pas dédaigner les liqueurs
fortes.
- —Cracher des trente sous, cracher un rhume.
- —Cracher blanc, avoir soif.
- —Cracher sur son prochain, le mépriser.
- —Cracher la vérité, avouer, rendre le secret.
- —Ne pas cracher sur, ne pas dédaigner. Ex. Je ne crache
pas sur les petits profits que j'ai faits à la bourse.
- Crachoué, n. m.—Crachoir.
- Crachouè, n. m.—Crachoir.
- * Cracknel, (m. a.)
- Craquelin, biscuit au maïs, à bords dentelés et recourbés.
- * Crakers, n. m. pl., (m. a.)
- —Biscuit.
- —Craquelin.
- Crâde, n. f. (Angl.)
- Multitude de personnes. De l'anglais crowd.
- Crainte, n. f.
- —Crainte de, crainte que, de crainte que. Ex. Dans son
testament, il a tout donné à sa femme, crainte que ses enfants
se chicanent.
- —En crainte, craintivement. Ex. Il fait tout en crainte.
- Craion, n. m.—Crayon.
- Craire, v. a.
- Croire. Ex. Jamais je vous crairai. V. Creire.
- Crâlée, n. f.—Foule.
- Cramaillère, n. f.—Crémaillère.
- Crampe, n. m.—Crampon.
- Cramper, v. a.
- —Cramponner. Ex. Notre poêle est cassé, il faudra le
faire cramper.
- —Se faire cramper, tromper.
- —Cramper des pantalons, leur donner le pli avec un fer à
repasser.
- Cramper (se), v. pron.
- —Se cramponner, s'accrocher à quelqu'un.
- Crampon, n. m.—Grappin.
- Cramponner (se), v. pron.
- —Se dit d'un cheval qui se blesse avec les crampons de
ses fers.
- —Se donner une entorse.
- —Se rétrécir, se contracter, se plisser. Ex. Une étoffe
qui se cramponne.
- Cran, n. m.
- —Rocher stratifié ou à fleur de terre qui borde le rivage du
fleuve Saint-Laurent. Ex. Courir d'un cran à l'autre, au
risque de se casser le cou.
- —Côté. Ex. Mettre son chapeau sur le cran de la tête.
- * Crank, (crangke) m. a.
- Vif, gaillard, volage.
- Cranque, n. f.
- Crampe. Ex. J'ai des cranques dans le mollet.
- Crapaud, n. m.
- Avoir les mains comme des crapauds, avoir les mains enflées
par le froid.
- Crape, interj.
- Juron. Ex. Crape de chien! Crape chien!
- Crapet, n. m.
- —Enfant malin qu'on ne peut prendre plutôt par un bout
que par l'autre.
- —Crapet jaune, poisson moins répandu dans la Province de
Québec que le crapet vert. Dans la région de Montréal
on l'appelle crapet noir.
- Crapin, n. m.—Crapaud, gamin.
- Crapotte, n. m.
- Crapaud. Ex. Faire un saut de crapotte.
- Crapouille, n. f.—Crapule.
- Crapoussin, n. m.—Homme de très petite taille, mal tourné.
- Craquant, n. m.—V. Croquant.
- Craque, n. m.
- —Instrument dont se servent les blanchisseuses pour gaufrer
la toile ou la dentelle.
- —Bruit produit par des bottes en marchant. Ex. M. notre
professeur a du craque dans ses bottes!—Oui, mon enfant,
mais j'aime mieux avoir du craque dans mes bottes que
dans ma tête.
- Craque, n. f.
- —Crevasse. Ex. Une craque dans un mur.
- —Fente. Ex. Cette planche a une craque.
- —Dérangement du cerveau. Ex. Cet homme a une craque
à la tête.
- Craquer, v. a. et n.
- —Crevasser. Ex. Les murs de la ville sont craqués partout.
- —Fendre. Ex. Sur cent planches, il y en a au moins vingt
qui sont craquées.
- —Fendiller. Ex. Après cette grande sécheresse, la terre est
toute craquée.
- — Craqueler. Ex. Il fait tellement chaud dans le salon,
que nos peintures ont fini par craquer.
- —Tuyauter. Ex. Il faudra que ces dentelles soient craquées.
- —Etre craqué après quelqu'un, avoir une amitié particulière
pour lui.
- Craquignole, n. m.—V. Croquecignole.
- Crasse, n. f.
- Homme malhonnête. Ex. C'est une maudite crasse. Il
m'a joué un tour de crasse.
- Crasser, v. n.—Etre malhonnête en affaires.
- Crasser (se), v. pron.
- S'assombrir. Ex. Le temps se crasse.
- Crasserie, n. f.—Canaillerie, coquinerie.
- Crasseux, n. et adj.—Malhonnête en affaires.
- Crassin, n. m.—Crasse durcie.
- Crassiner, v. n.—Bruiner.
- Cravasse, n. f—Crevasse.
- Cravasser, v. n.—Crevasser.
- Cravasson, n. m.—V. Crevasson.
- Crayon de mine.
- Crayon de mine de plomb ou plombagine.
- Crayon de plomb, n. m.
- Crayon de plombagine ou de graphite.
- Crayonner, v. a.
- Ecrire en tous sens avec un crayon. Ex. Mon petit frère a
crayonné mon devoir.
- * Crazy work, crézé weurke, (m. a.)
- Ouvrage fait avec des retailles de drap, de soie.
- Cré, adj.
- Abréviation de sacré. Ex. Cré nom d'un chien! cré mille
noms! Cré mille bombes! Cré mâtin!
- Créature, n. f.
- Femme. Ex. Je vais me promener aux Etats, j'amène ma
créature avec moi. Je me suis souvent demandé, disait M.
Chauveau, si les sermons sur les dangers de s'attacher
trop fortement aux créatures ne formaient pas l'origine de
cette expression bien canadienne. M. Chauveau se trompait,
car le mot créature pour femme se dit en Normandie.
- Créchard, n. m.
- Qui vit aux dépens du gouvernement; celui-ci est la crèche.
- Crèche, n. f.
- Service civil en général. Tout fonctionnaire est censé manger
à la crèche gouvernementale. Ex. Vivre à la crèche,
manger à la crèche.
- Crédit, n. m.
- —Un bon crédit, un homme qui paie bien.
- —Un mauvais crédit, celui qui paie mal. Ex. Ne lui avance
rien, c'est un mauvais crédit.
- Créiature, n. f.
- Créature, femme en général. Ne se prend jamais en mauvaise
part. Ex. C'est ma créiature, c'est-à-dire ma femme
légitime.
- Créié, interj.—Juron très populaire.
- Creire, v. a.
- Croire. Ex. C'est à creire que je vais consentir à te donner
mon argent. J'te cré! Cré-moé ou cré-moé pas, je te dis
qu'il y a un revenant qui apparaît toutes les nuits au
cimitière.
- Crémage, n. m.—Action de crémer.
- Cré mâtin, interj.
- Bégaiement pour sacré!
- Crémer, v. a.
- Couvrir un gâteau de sucre.
- Crèmerie, n. f.
- Etablissement où l'on fabrique le beurre. Ex. Avez-vous
du beurre de crèmerie à me vendre.
- En France, la crèmerie est l'endroit où l'on vend le beurre.
- * Crémeur, n. m., (Angl).
- Mouton de Perse. Ex. Un capot en crémeur.
- Crémeuse, n. f.
- Ecrémeuse. Ex. Du beurre de crémeuse.
- Crémone, n. f.
- Cravate de laine tricotée pour mettre autour du cou, en hiver.
- En France, la crémone est une espagnolete pour fermer les
croisées.
- Créon, n. m.
- Crayon. Lacombe donne créon pour crayon.
- Crêpe, n. f.
- —Virer une crêpe, au jeu de brisque celui qui gagne cinq
brisques s'empare du talon et le tourne à l'envers; alors
il a gagné la partie. Se dit encore de celui qui glisse et
tombe de tout son long.
- —Jouer à la crêpe, jouer à la brisque.
- Crétique, n. f.—Critique.
- Crétiquer, v. a.—Critiquer.
- Créton, n. m.
- Creton, rillon, peau croustillante qui reste dans la graisse
quand on la fait fondre.
- Creume, n. f.—Crème.
- Creumer, v. n.—Crémer.
- Creuve=faim, n. m.—Mendiant.
- Creux, n. m. et adj.
- —Sourd. Ex. Une voix creuse.
- —Faire son creux, son trou.
- —N'être pas dans le plus creux, n'être pas au bout de ses
peines.
- —Sonner le creux, sonner creux.
- —Tousser creux, avoir une toux profonde.
- Creuyabe, adj.—Croyable.
- Crevasson, n. m.—Homme de peu de valeur.
- Crève=faim, n. m.—Pauvre, mendiant.
- Crevé, adj.
- —Hernié.
- —Fat. Ex. Un petit crevé.
- Crever, v. a.
- —Crever la faim, mourir de faim.
- —Crever la soif, mourir de soif.
- Crever (se), v. pron.
- Contracter une hernie.
- Crever (se faire). Se faire mourir. Ex. Il se fait crever à force
de travailler.
- Crevure, n. f.—Hernie.
- Crève=z=yeux, n. m.
- —Asperge.
- —Coléoptère.
- Créyable, adj.—Croyable.
- Créyance, n. f.—Croyance.
- Créyant, adj.—Croyant.
- Cri, n. m.
- —Personne irascible. Ex. Cet enfant est méchant comme
un cri.
- —Criée. Ex. Tu feras le cri à la porte de l'église que j'ai
perdu ma vache.
- Cri (aller).—Aller quérir. Ex. Va cri mon chapeau.
- Criage, n. m.—Criaillerie.
- Criâillage, n. m.—Criaillerie.
- Criâilleux, n. et adj.—Criailleur.
- Cribe, n. m.—Crible.
- Crible, n. m.
- —Tarare, instrument qui sert à vanner le blé et à nettoyer
le grain.
- —Brette, petit train de bois flotté.
- Cric, n. m.
- Enfant maussade. Ex. Etre méchant comme un cric.
- Cric=crac, n. m.—Crécelle.
- * Cricket, crikète, (m. a.)—Jeu de balle à la crosse.
- Crier, v. n.
- —Gronder, gourmander.
- —Annoncer à la criée.
- —Faire une chose en criant Jack ou en criant ciseau, c'est-à-dire
faire très vite.
- —Crier comme un aveugle qui a perdu son bâton, crier à
pleins poumons.
- Crieur, n. m.—Audiencier.
- Crieux, adj.—Criard.
- Crignasse, n. f.—Chevelure épaisse et en désordre.
- Crigne, n. f.
- —Crinière. Ex. Tu prendras le cheval par la crigne et tu
me l'amèneras.
- —Chevelure. Ex. Je l'ai pris par la crigne et je l'ai couché
par terre.
- Crignière, n. f.—Crinière.
- Crin, n. m.
- Avoir les oreilles dans le crin, être sur ses gardes.
- Crincrin, n. m.—Violon.
- Crion, n. m.—Crayon.
- Crique, n. f.
- —Dent d'enfant. Ex. Montre tes petites criques à maman.
- —Petite rivière.
- —Fissure dans un rocher.
- Criquet, n. m.
- —Enfant agité.
- —Grillon domestique.
- Crir, v. a.—Chercher, quérir.
- Cristi, Juron.
- Critiqueux, n. et adj.—Critiqueur.
- Criyon, n. m.—Crayon.
- Cro, cros, n. m.
- —Vieille dent ébréchée.
- —Barbe. Ex. Je me laisse pousser les cros. En Normandie
on se sert du mot barbacro pour désigner de grandes
moustaches, barbe en forme de crochet.
- Croche, adj.
- —Faux. Ex. Cet homme a des idées croches.
- —De travers. Ex. Il a l'esprit croche.
- —Avec certitude. Ex. Je te l'ai fourré dedans un peu
croche.
- Crochet, n. m.
- —Tire-bouton, crochet qui sert à boutonner des souliers,
des gants.
- —Tirer au crochet, se prendre d'un doigt, généralement le
médium, avec le doigt d'un autre pour lutter de force.
- Crochir, v. a.—Courber, rendre croche.
- Crochu, adj.
- Bancroche. Ex. C'est un garçon bien mal planté, il est
tout crochu.
- Crocket, n. m. (Angl.)
- Mail; jeu qui consiste à pousser une boule avec le mail, ou
petit maillet en bois, de forme cylindrique.
- Croire (se) quelqu'un, loc.
- Avoir confiance en soi.
- Croisaillâge, n. m.—Croisement en tous sens.
- Croisâiller, v. a.—Disposer en croix nombreuses.
- Croisâiller (se), v. pr.—Se rencontrer de près sur la route.
- Croisée, n. f.
- Bois disposé en croix aux deux extrémités d'une cordée
pour l'empêcher de débouler.
- Croiser, v. n.
- Etre assez bien pourvu de provisions, de blé, d'avoine, etc.,
pour pouvoir attendre jusqu'après la nouvelle récolte.
Ex. J'ai encore beaucoup de blé, j'espère que je vais
croiser facilement.
- Croiser (se), v. pron.
- Faire le signe de la croix. Se disait à Québec au commencement
du dix-neuvième siècle.
- Croison, n. m.—Cloison.
- Croisonner, v. a.—Cloisonner.
- Croix, n. f.
- Personne assommante, pas endurable. Ex. Encore ma
croix qui arrive.
- Croix de Saint=Louis,
- —Plante qui croît à travers les blés.
- —Ce n'est pas de la croix de Saint-Louis, cet homme ne
vaut pas grand'chose, il ne ressemble aucunement aux
chevaliers porteurs de cette croix. Sous le régime français,
ce genre de décoration était très en vogue, même
parmi les Canadiens.
- Croquant, n. m.
- Cartilage ou autres parties d'un animal qui résiste à la dent.
- Croquecignole, n. m.
- Croquignole, sorte de pâtisserie, ainsi nommée parce qu'elle
imite assez la forme que prennent les doigts lorsqu'on
veut donner une croquignole ou chiquenaude sur le nez.
Dans la région de Montréal, on dit beigne pour croquignole.
Beigne est une corruption de beignet, qui est une
tout autre espèce de pâtisserie. En France, la pâtisserie
qui se rapproche le plus du croquignole, s'appelle casse-museau.
- Croquée, n. f.
- Dentée. Ex. Prendre une croquée amont un morceau de
sucre.
- Croquette, n. f—-Variété d'airelle (bluet).
- * Croqueurse, n. m. pl., (Angl.)—Crackers.
- Croquignole, n. m.—V. Croquecignole.
- * Crossing, n. f., (m. a.)
- Croisière. Ex. Prends garde à ton cheval quand on arrivera
à la crossing, parce qu'il peut passer un train.
- Crotte, n. f.
- —Faire petite crotte, vivre péniblement.
- —Avoir la crotte au nez, avoir des sécrétions nasales durcies.
- Crotteux, adj.
- Plein de crottes. Ex. Cet enfant a le nez crotteux.
- Crotton, n. m.
- Petit enfant chéri. Ex. Viens m'embrasser, mon cher
crotton.
- Croupion (à), loc. adv.
- A croupetons, position d'une personne accroupie. Ex. Etre
à croupion sur une chaise.
- Croupis, v. n.
- Demeurer longtemps dans un même endroit. Ex. Ne me
laisse pas croupir là.
- Crouston, n. m.
- Croûton, l'extrémité du pain où il y a le plus de croûte.
- Croûte, n. f.
- —Neige durcie à la surface. Ex. Marcher sur la croûte.
- —Ecorce des arbres. Ex. Se chauffer avec des croûtes.
- —Casser une croûte, manger, faire un repas.
- —Avoir bien des croûtes à manger avant d'arriver au succès,
n'être pas près d'arriver.
- Croûtes, v. n.—Durcir. Ex. Un sol qui croûte.
- Crow-bar, bâr, (m. a.)—Pince, levier.
- * Crowd, craude, (m. a.)—Foule, rassemblement. V. Crâde.
- Cru, adj.
- Humide Ex. Le temps est cru, nous allons avoir de la pluie.
- Cruchetée, n. f.—Cruchée. Ex. Une cruchetée de lait.
- Cruchon, n. m.—Imbécile.
- Cruel, adj.
- Enfant difficile à élever parce qu'il pleure, et ne dort pas.
Ex. Une mère de famille qui n'a que des enfants cruels.
- C'te, adj.
- Cet, cette. Ex. C'te demande! c't'enfant, c't'armoire.
- C'tella, adj. f.-Celle-là.
- C'tici, adj.—Celui-ci.
- C'tilà,
- Celui-là. Molière à dit: Il faut tirer l'échelle après ceti-là.
- Cuer, v. a.—Tuer, éteindre. Ex. Cuer le feu, la chandelle.
- Cuiller à pot, n. m.
- Grande cuiller pour servir la soupe.
- Cuir à patente, n. m.
- Cuir verni. Ex. Des bottes de cuir à patente.
- Cuire, v. a. et n.
- —Faire cuire le pain dans le four. Ex. Aujourd'hui, nous
allons cuire, il fait mauvais.
- —Se faire surchauffer. Ex. Arrêtez de chauffer le poêle,
nous cuisons.
- Cuisage, n. m.—Cuisson.
- Cuisine, n. f.
- Mets. Ex. Nous allons faire de la bonne cuisine.
- Cuissière, n. f.
- L'une des jambes du pantalon qui recouvre la cuisse.
- Cuite, n. f.—Excès de boisson. Ex. Prendre une cuite.
- Culasse, n. f.
- Arrière-train. Ex. Je l'ai pris par la culasse, et l'ai jeté
par terre.
- Culot, n. m.
- Partie du pantalon qui entoure les cuisses. Ex. Je l'ai
saisi par le culot.
- Culotte, n. f.
- —Pantalon.
- —Porter la culotte, se dit d'une femme qui est la maîtresse
de tout dans un ménage.
- Culotteux, adj.—Qui culotte les pipes.
- Culotton, n. m.—Enfant qui commence à porter des culottes.
- Cumulard, n. m.
- Fonctionnaire qui exerce simultanément plusieurs emplois.
- Cure-pipe, n. m.
- Petit instrument pour vider les pipes et les écurer.
- * Currant, keurrante, (m. a.)—Raisin de Corinthe.
- * Cut, keute, (m. a.)—Gravure, vignette.
- Cuvette, n. f.—Petite cuve, cuveau.
- Cuvotte, n. f.—Cuveau, baquet.
- Cuyer, v. a.
- Cueillir. Ex. Allons cuyer des prunes. Rabelais a dit cuillaite
pour cueillette.
- Cyprès, n. m.—Pin gris, pin de rocher.
- D'abord que, loc. adv.
- —Puisque. Ex. D'abord que tu veux bien m'écouter.
- —Du moment que. Ex. D'abord que tu seras présent, nous
serons plus à l'aise.
- Dague, daye, n. f.
- Emporte-pièce, outil dont la tranche forme exactement le
contour de la pièce à découper.
- Daguer, dayer, v. a.—Découper avec la dague.
- Dagueur, dayeur, n. m.
- Ouvrier employé dans les manufactures de chaussures.
- D'aguette, loc.
- Avec précaution. Ex. Cette femme marche toujours d'aguette,
sans faire de bruit; en réalité elle craint d'éveiller
la curiosité des autres.
- Dalle, n. f.
- —Evier.
- —Chéneau, conduit de bois ou de métal, qui reçoit les
eaux des toits pour les diriger vers le tuyau de descente
(dalleau).
- —Conduit alimentaire de la bouche à l'estomac. Ex.
Allons nous rincer la dalle.
- Dalleau, dallot, n. m.
- —Conduit en fer-blanc, en zinc, en tôle, en bois par où s'écoule
l'eau des toits, et qui lui est arrivée par la dalle.
- —Doigt de gant ou linge, qui sert à envelopper un doigt
malade.
- —Ivrogne, buveur.
- Dalmatique, n. f.
- Chemise. Ex. Ce soir, comme il fait chaud, je vais me
mettre au lit en dalmatique.
- Damage, n. m.
- Dommage. Ex. Beau damage. Nous trouvons damage
dans la chanson de Roland.
- Damageable, adj.—Dommageable.
- Damas, n. m.
- Prunes de Damas, prunes violettes, de grosseur moyenne et
très succulentes, récoltées sur la côte de Beaupré, et sur
l'île d'Orléans.
- Dame, n. f.
- —Femme. Ex. Votre dame est bien, j'espère.
- —Barrage, digue.
- —Cage en bois servant de quai. Ex. A la baie Saint-Paul,
il y a, en plein fleuve, une dame de difficile abord.
- —Grosse dame, dame riche et de haut ton.
- —Dame! interjection.
- Damnation!
- Juron assez fréquent, prononcé dans un moment de colère ou
de douleur.
- Damné, e, adj.
- Mauvais. Ex. Voilà une damnée affaire qui me casse les
bras.
- * Dampeur, n. m. (Angl.)
- Clef de tuyau de poêle, registre de cheminée.
- Dandeliner (se), v. pron.—Se dandiner.
- * Dandy, dann'dé, (m. a.)—Elégant.
- Dangereux, euse, adj.
- —Probable. Ex. C'est pas dangereux qu'il fasse mauvais.
- —Imprudent, étourdi. Ex. Cet enfant est dangereux, il
faut y faire attention.
- Dangéreux, adj.—Dangereux.
- Dans, prép.
- —Sur. Ex. Grimpe dans l'arbre.
- —Par. Ex. Je suis capable de payer cinq chelins dans le
louis.
- —A peu près. Ex. C'est un homme dans votre taille, dans
votre âge.
- —A. Ex. Aller au marché un panier dans le bras.
- Dans (par), loc. prép.
- Dans. Ex. Tu passeras par dans le chemin Gomin.
- Dans la lune (être), loc.
- Etre très distrait. Ex. A quoi pensez-vous donc, êtes-vous
dans la lune?
- Dans le criminel, loc.
- D'une façon exagérée. Ex. Vendre cher dans le criminel.
- Dans le fil, loc.
- Avec beaucoup d'habileté. Ex. Cet ouvrage a été fait dans
le fil.
- Dans le sac (être),
- Régler, terminer. Ex. Notre affaire est dans le sac, tapons-là.
- Dans les, loc. prép.
- Environ. Ex. Cette maison m'a coûté dans les cinq mille
piastres.
- Dans les à peu près, loc. prép.
A peu près. Ex. Il doit avoir quatre-vingts ou dans les à
peu près.
- Dans les environs, loc. prép.
- A peu près. Ex. Ma maison vaut dans les environs de cinq
mille piastres.
- Dans les grands prix, loc. prép.
- Autant qu'il y a moyen. Il s'est fait blaguer dans les
grands prix.
- Dans le temps de le dire, loc.
- En le disant. Ex. J'ai appris ma leçon dans le temps de le
dire.
- Dans mon opinion, loc. prép.
- D'après moi. Ex. Dans mon opinion, il mouillera avant
que le soleil se couche.
- Dans par, loc. prép.
- Par. Ex. Si tu veux dire comme moi, nous partagerons
dans par la moitié.
- Dans un rien de temps, loc.
- En moins de rien. Ex. J'ai fait mon ouvrage dans un rien
de temps.
- Danse, n. f.
- Soirée où l'on danse. Ex. Vas-tu à la danse, ce soir, chez
Boulé?
- Danse câllée, n. f.
- Danse pendant laquelle quelqu'un appelle les figures. Ce
quelqu'un est désigné sous le nom de câlleur. (Angl.)
- Danse carrée, n. f.—Quadrille, lancier.
- Danse ronde, n. f.
- Danse en rond, cotillon.
- Danse vive, n. f.
- Valse, polka. Ex. Les danses vives sont tout simplement
tolérées, elles ne sont pas permises:
- Danser, v. n.
- —Danser à la corde, sauter en faisant passer sous ses pieds
une corde qu'on tourne.
- —Danser plus vite que le violon, aller trop vite en besogne.
- D'apparence, loc.
- Selon les apparences. Ex. Il fera beau avant le coucher du
soleil, d'apparence.
- D'apparence que, loc. adv.—Apparemment.
- D'arculons, loc adv.—A reculons.
- De raculons, loc. adv.—A reculons.
- De reculons, loc. adv.—A reculons.
- Darder (se), v. pron.
- Se jeter sur. Ex. Il s'est dardé sur Pierre pour le frapper.
- Donne l'idée d'un dard lancé avec force et qui pénètre dans
les chairs.
- Dardeur, n. m.—Celui qui darde le poisson avec la nigogue.
- Dargnier, adj. et n.
- —Dernier né. Ex. Le petit dargnier, chez nous, s'appelle
Benjamin.
- —Dernier.
- —En dargnier, en dernier lieu. Ex. Quand même tu
arriverais en dargnier, ça ne fait rien.
- Dargnièrement, adv.
- Dernièrement. Ex. J'ai appris cela tout dargnièrement.
- * Darner, v. a. (Angl.)
- Repriser, raccommoder, ravauder. De l'anglais to darn.
- Darnier, adj.—Dernier. Ex. Le darnier de la classe.
- Darrière, adv.
- Derrière. Ex. Passe par darrière la voiture. Moi, je n'ai
pas de porte de darrière, je dis tout ce que je pense.
- Darte, n. f.—Dartre.
- Darteux, adj.—Dartreux.
- * Dash, dach, n. m., (m. a.)
- —Trait, filet (terme d'imprimerie).
- —Em dash.—Trait de la largeur d'un m.
- Date (en) de, loc.
- A la date de. Ex. Je suis à peu près certain que Montréal
a été fondé en date de 1642.
- * Date (up-to-), eupe-tou-déte, m. a.
- De mode récente, dans les derniers goûts. Ex. Le magasin
Morgan est up-to-date.
- D'avance, loc.
- —Prompt, expéditif. Ex. J'emploie beaucoup d'ouvriers,
sur le nombre il en est peu qui soient d'avance.
- —Hâtif. Ex. J'ai récolté cent minots de patates d'avance.
- D'avant, loc.
- Auparavant. Ex. Viens me voir à Noël?—Non, j'irai la
semaine d'avant.
- D'avant que, loc. adv.—Avant que.
- Davantage, adv.
- Une plus grande quantité, plus. Ex. As-tu assez de pièces
de dix cents?—Non, j'en voudrais davantage.
- * Day-book, dé-bouc, (m. a.)—Brouillard, livre de commerce.
- D'ci et là, loc. adv.
- D'un côté et de l'autre. Ex. Il va d'ci et là sans trop savoir où.
- D'dans, adv. et prép.
- —De. Ex. Débarque d'dans la voiture.
- —Dans. Ex. Embarque d'dans les chars.
- —Dedans. Ex. Je me suis fait fourrer d'dans de la belle
façon.
- De, prép.
- —A. Ex. Je suis prêt de m'en aller.
- —A la place de. Ex. Si j'étais de toi, je m'en irais.
- —Un. Ex. Il ne pourra avoir de serviteur comme celui-là.
- —Au prix de. Ex. Il est bien différent de ce qu'il était
autrefois.
- —Depuis. Ex. Il est malade de la semaine dernière.
- —Dans. Ex. Pierre est bien-affligé des yeux.
- * Dead lock, dèd, (m. a.)
- Arrêt forcé, impasse. Ex. Les affaires vont très mal, nous
sommes en plein dead-lock.
- Débâcle, n. f.
- Diarrhée considérable après une forte constipation.
- Débagagement, n. m.
- Déménagement. Ex. Les débagagements à Québec se font
du 1er au 3 mai.
- Débagager, v. a.
- —Déménager, enlever son bagage pour le transporter ailleurs.
Ex. Charretier, comment me chargez-vous pour
me débagager?
- —Déraisonner. Ex. Le vieux commence à débagager.
Cotgrave cite débagager pour serrer, mettre en paquets.
- Débagoulard, n. m.—Bavard de bas étage.
- Débagouler, v. n.
- Bavarder, parler avec passion de choses fastidieuses.
- Déballé (nouveau), n. m.
- Nouvellement arrivé, comme si l'individu était venu enveloppé
dans une toile d'emballage. Ex. Encore un nouveau
déballé entré au département des terres de la couronne.
- Déballer (se), v. pron.—Se décider à agir.
- Débaptiser, v. a.
- Changer de nom de baptême.
- Débarbouiller, v. a.—Battre.
- Débarbouiller (se), v. pron.
- —Se tirer d'embarras. Ex. Débarbouille-toi comme tu
pourras, moi je m'en lave les mains.
- —S'éclaircir. Ex. Le temps se débarbouille vite.
- Débarquement, n. m.—Débarcadère.
- Débarquer, v. a.
- —Descendre d'un lieu élevé. Ex. Débarque de la voiture,
nous sommes trop de monde.
- —Oter. Ex. Débarque-le de là, ou je vais le débarquer.
- —Descendre en général. Ex. Débarque de sur mes genoux.
- —Cesser de s'appuyer. Ex. Débarque de sur moi, tu me
gênes dans mes mouvements.
- —Cesser d'occuper une position. Ex. Tu vas débarquer de
ta place, si tu continues à te mal conduire.
- Débarras, n. m.
- —Clairière. Endroit où l'on relègue tout objet embarrassant.
- —Diarrhée.
- Débarrasser, v. a.
- Abattre des arbres. Ex. Nous allons construire dans cette
partie du bocage, il faudra commencer par débarrasser.
- Débârrer, v. a.
- Ouvrir une porte, un meuble fermé à clef. Ex. Voici mon
trousseau de clefs, débârre tous les meubles et toutes les
portes qui ont été fermés à clef avant notre départ.
- * Debater, débéteur, (m. a.)
- Orateur parlementaire, argumentateur.
- Débattement, n. m.—Palpitation, battement du cœur.
- Débattre (se), v. pron.
- Battre. Le cœur me débat comme s'il voulait me sortir du
corps.
- Débaucher, v. n.
- Lancer, partir. Ex. Une fois débauché, il n'y a plus moyen
de l'arrêter, celui-là.
- * Débenture, n. f. (Angl.)
- Titre ou obligation émise par un gouvernement, une corporation
municipale.
- De besoin, loc.
- Besoin. Ex. Voulez-vous acheter des livres?—Merci, j'en
ai pas de besoin.
- Débiffer, v. n.
- Perdre sa bonne mine, son apparence de santé. Ex. Comme
tu es débiffé ce matin, as-tu couché sur les ravalements?
- Débine, n. f.
- —Misère, pauvreté, gêne. Ex. La débine me poursuit
depuis quelque temps.
- —Binette.
- Débiner, v. a.
- —Médire, dénigrer. Ex. Qu'as-tu à tant débiner sur le
compte de ton prochain?
- —Perdre contenance.
- Débiscaillé, adj.
- —Bouleversé de figure. D'où viens-tu, comme tu es
débiscaillé, ce matin?
- —Brisé, déformé. Ex. Un chapeau débiscaillé.
- Débitage, n. m.
- —Action de dépecer.
- —Action de fendre le bois.
- Débiter, v. a.
- —Dépecer. Ex. Es-tu bon pour débiter un bœuf?
- —Fendre. Ex. Débiter une corde de bois.
- Débiteur, adj.—Dépeceur, fendeur de bois.
- Débloquer, v. a.
- Mettre un convoi de chemin de fer en état de s'avancer,
après avoir enlevé la neige qui l'arrêtait. Ex. Enfin les
chars, retenus à Saint-Charles depuis deux jours par une
tempête de neige, sont débloqués.
- Déboire, v. n.—Vomir.
- Débord, n. m.—Diarrhée considérable.
- Débordage, n. m.—Saillie.
- Débordé, e, adj.
- Un lit débordé, un lit dont les couvertures sont pendantes.
- Débotter (se), v. pron.—Oter ses bottes.
- Débouche, n. m.—Débouché.
- Débouler, v. n. et a.
- —Rouler de haut en bas. Ex. L'enfant vient de débouler
l'escalier, il a dégringolé de tout son long. En France,
ce mot veut dire s'enfuir au plus vite, courir comme une
boule qu'on lance.
- —Devenir mère, en parlant de la femme.
- Débouliner, v. n.—Dégringoler.
- Déboulis, n. m.
- —Avalanche de neige, provenant des toits ou des roches,
qui culbutent du sommet ou du flanc d'un cap ou d'une
montagne.
- —Eboulis. Ex. Un déboulis de pierres.
- —Eboulement, chute de ce qui s'éboule.
- Débourgeonner, v. a.
- Enlever les bourgeons de l'arbre.
- Débourrer, v. a.
- —Vider la pipe du tabac qu' elle contient.
- —Travailler à former l'intelligence.
- Débourrer (se), v. pron.
- Croître en intelligence. Ex. Notre petit Jean commence à
se débourrer, la maîtresse d'école est contente de lui.
- Débouter, v. a.
- Doubler un cap, en terme de marine. (Cl.)
- Déboutonner (se), v. pron.
- —Faire preuve de générosité dans une circonstance spéciale.
- —Dire tout ce qu'on pense. Ex. Si je perds patience, je
finirai un bon jour par me déboutonner.
- Débrager (se), v. pron.—S'agiter, se démener.
- Débraqueter, v. a.
- Enlever les broquettes. Ex. Débraqueter un tapis.
- Débrayer, v. n.—Trop parler.
- Débrette, n. f.—Gros repas, fête de famille.
- Débricoler, v. a.—Enlever la bricole.
- Débricoler (se), v. pron.—Oter ses bretelles.
- Débringué, e, adj.
- Qui a une tournure négligée, nonchalante.
- Débris, n. m. pl.
- Abatis. Ex. Un débris de veau.
- Débriscaillé, adj. part.—Débiscaillé. V. ce mot.
- Débrousser, v. a.
- Enlever les branchages (brousse) des vigneaux.
- Décacher, v. a.—-Enlever les couvertures d'un lit.
- Décacher (se), v. pr.—Se désabrier. V. ce mot.
- Décaler, v. n.
- —Enlever l'écale d'une noix.
- —Enlever le brou d'une noix, d'une noisette.
- Décalotter, v. a.
- Décoiffer, ôter le chapeau, le casque, la casquette.
- Décalotter (se), v. pron.—Se décoiffer.
- Décampe, n. f.
- Allure, dégaîne. Ex. En voici un qui a une curieuse
décampe.
- Décaniller, v. n.
- Déménager, déguerpir, fuir comme un chien; du latin canis,
chien.
- Décanter, v. a.
- Changer de position un objet mis sur le cant. V. Cant.
- Décapoter, v. a.
- —Enlever le capot ou le par-dessus.
- —Dépecer la baleine.
- Décapoter (se), v. pron.
- Oter soi-même son capot. Ex. Décapotez-vous, vous allez
avoir trop chaud.
- Décapuchonner, v. a.—Enlever le capuchon.
- Décapuchonner (se), v. pron.—Oter son capuchon.
- Décarcaner, v. a.—Oter le carcan.
- Décarêmer (se), v. pron.
- Faire un repas copieux après quelques jours de privations.
Ex. Il y a assez longtemps que nous mangeons de la morue,
décarêmons-nous avec du jambon.
- Décarrer, v. a.
- Enlever à quelqu'un sa carre. (T. de jeu.)
- Déceinturer, v. a.—Oter la ceinture, déceindre.
- Déceinturer (se), v. pron.
- Oter sa ceinture. Ex. Déceinturez-vous, afin que vous respiriez
plus à l'aise.
- De cela (à part), loc adv.
- A part cela. Ex. A part de cela, qu'as-tu à me dire?
- De ce que, loc.
- Comme, à quel point. Ex. Je ne suis pas capable de te dire
de ce que mon père est fâché contre moi.
- De delà, loc. adv.
- De là. Ex. Ote-toi de delà que je m'y mette?
- Décerner, v. a.—Cerner, entourer de toutes parts.
- Décesser, v. n.
- Cesser. Ex. Il ne décesse pas de m'ennuyer.
- Déchafauder, v. a.—Enlever un échafaud.
- Déchagriner, v. a.—Consoler.
- Déchagriner (se), v. pr.—Se consoler.
- Déchaîné, adj. part.
- Homme en furie. Ex. Cet homme est un véritable déchaîné,
il est capable de tuer.
- De chance que, loc. adv.—Heureusement que.
- Déchanger (se), v. pron.—Changer d'habit.
- Décharge, n. f.
- Ruisseau ou rivière dans laquelle se déversent les eaux d'un
lac, d'un étang. Ex. La Grande Décharge du lac Saint-Jean,
dans la rivière Saguenay.
- Déchargeage, n. m.—Déchargement.
- * Décharger, v. a.
- Congédier, retirer à quelqu'un sa charge. Ex. Je suis obligé
de partir de Québec, mon patron vient de me décharger.
(Angl.)
- Décharger (se), v. pron.
- Décharger sa bile. Ex. A la prochaine occasion, je me
déchargerai sur lui.
- Dèche, n. f.
- Gêne, misère. Ex. De ce temps-ci, je suis dans la dèche,
inutile de me parler de souscription.
- Déchesser, v. a.—Dessécher.
- Décheter, v. a.—Repousser, mépriser.
- Décheviller, v. a.—Oter la cheville.
- Déchicoter, v. a.—Déchiqueter.
- Déchiffrer, v. a. Défricher.
- Déchoquer (se), v. pron.
- Se défâcher. Ex. Tu te choques, tu n'auras plus qu'à te
déchoquer.
- Décimale, n. f.
- Volée de coups. Ex. Si tu ne te tiens pas tranquille, je te
donnerai une bonne décimale.
- Décirer, v. a.—Enlever la cire des oreilles, des yeux.
- Decit et d'là, loc.—Ici et là.
- Déclaquer (se), v. pron.
- Oter ses claques. Ex. Déclaque-toi, tu as fini tes sorties
pour ce soir.
- Déclarer faillite.—Se déclarer en faillite.
- Déclaver, v. a.
- Enlever l'anneau qui sert à enclaver un animal.
- Déclencher, v. a.—Enlever la clenchette d'une porte.
- Déclin (en), loc.—A clin. Ex. Lambrisser en déclin.
- Décloquer, v. a.—Enlever la cloque, le par-dessus d'hiver.
- Décloquer (se), v. pron.—Oter sa cloque.
- Décolérer (se), v. pron.—Se défâcher.
- Décoller, v. a. et n.
- —Congédier. Ex. Allons, fiche-moi la paix, sinon je te
décolle d'ici. Décolle, ou je vais me fâcher?
- —Courir à une grande vitesse. Ex. Je viens de rencontrer
un cheval à l'épouvante, je t'assure que ça décollait.
- Décollouer, v. a.—Déclouer.
- Décompte, n. m.
- Revision. Ex. L'élection est finie, les candidats ont presque
le même nombre de votes, il va falloir faire le
décompte.
- Décompter, v. a. et n.
- —Compter les bulletins de vote après une élection.
- —Perdre la raison.
- —Condamné à mourir. Ex. Mon frère Thomas est bien
malade, le docteur l'a décompté.
- Déconçarter, v. a.—Déconcerter.
- De conte, prép.—Contre, à côté de.
- Décoppé, adj.—Sans argent, sans la coppe.
- Décorder, v. a.—Défaire une corde.
- Décorer, v. n.—Enlever les cors au pied.
- Décoter, v. a. et n.
- —Faire en sorte que celui qui est accoté change de position.
- —Changer de position.
- Découde, v. a.—Découdre.
- Découdre (en), loc.
- Grabuge. Ex. Il va en découdre, si je n'arrive pas à mon
but, il y aura du train, du grabuge, on en entendra parler.
- Découèffer, v. a.—Décoiffer, enlever son chapeau.
- Découleurer, v. a.—Décolorer.
- Découper, v. a.
- Trancher. Ex. Cette couleur bleuâtre découpe très bien sur
le jaune.
- Découserai, fut. de découdre.
- Découdrai. Ex. Il en décousera, si je n'arrive pas à temps.
- Découvarte, n. f.—Découverte.
- Découvert, n. m.
- —Abatis d'arbres.
- —Chemin tracé à travers la forêt.
- Découvrir, v. a.
- Découvrir saint Pierre pour couvrir saint Paul, dérober à
l'un pour donner à l'autre.
- Décrasser (se), v. pron.
- Se mettre au beau, en parlant de la température. Ex. Le
temps commence à se décrasser.
- Décravater (se), v. pron.—Oter sa cravate.
- Décrocher (se), v. pron.
- —Se décrocher la palette de l'estomac, se casser l'appendice
xyphoïde ou la pointe du sternum.
- —Avoir l'estomac décroché, avoir contracté une maladie des
voies digestives qui ruine la constitution.
- Décrocheter, v. a.—Décrocher.
- Décroits, n. m. pl.—Ecroits.
- Déculotter, v. a.
- —Donner une verte semonce.
- —Tromper dans un marché.
- —Exposer en public les opinions d'un individu.
- Dedans, adv.
- —Dans. Ex. Va dedans ma chambre.
- —Donner dedans, tromper.
- —Etre dedans, se mettre dedans, être en perte. Ex. Il s'est
mis dedans pour une forte somme.
- —Se faire fourrer dedans, se faire blaguer.
- —Ne pas cracher dedans, ne pas dédaigner le petit verre.
- —Mettre les animaux dedans, les envoyer à l'étable.
- Dedans (en) de, loc. adv.
- En moins de. Ex. Son cheval fait son mille en dedans de
trois minutes.
- De dedans.—De. Ex. Sors de dedans le salon.
- De de.—De. Ex. Je viens d'arriver de de chez lui.
- De devant,
- —D'avant. Ex. Le dimanche de devant Noël.
- —D'auparavant. Ex. Il est mort dans la semaine de
devant.
- Dédire (se), v. pron.
- —Perdre sa bonne mine. Ex. Cette femme, si élégante
autrefois, s'est beaucoup dédit depuis un an.
- —Ne pas arriver dans la mesure que l'on pouvait espérer.
Ex. Les récoltes avaient belle apparence, mais le blé s'est
beaucoup dédit.
- De d'là, loc. adv.
- —De là. Ex. Ote-toi de d'là.
- —De cet endroit. Ex. François dit qu'il est de la paroisse
de Saint-Pierre, toi, es-tu de d'là?
- Dédoubler, v. a.
- —Doubler. Ex. Dédoubler un cap, un coin de rue.
- Dédoubler (se), v. pron.—Redoubler d'efforts.
- D'ein.
- Dans un. Ex. J'ai fait mon ouvrage d'ein rien de temps.
- D'eine.
- —D'une. Ex. Nous avons fait dix lieues d'eine seule
bourrée.
- —Dans une. Ex. Mets les patates d'eine poche.
- Défâcher (se), v. pron.
- Se remettre en bonne humeur après s'être fâché.
- Défaçonner, v. a.—Faire perdre contenance.
- Défaire, v. a.
- —Ramener plus ou moins à l'état primitif. Ex. Défaire
du beurre, l'agiter au point de lui donner la consistance
de crème.
- Défaire (se), v. pron.
- —Oter ses habits extérieurs. Ex. Défaites-vous et venez
prendre le dîner avec moi.
- —S'agiter ferme, se donner beaucoup de mal.
- Défaisable, adj.
- Qui peut se défaire. Ex. Ce nœud-là n'est pas défaisable.
- Défaite, n. f.
- —Prétexte, excuse. Ex. Ça, c'est encore une défaite de ta
part.
- —Echiffes, vieux linge échiffé, cardé et tissé. (B. P. F.)
- * Défalcataire, (Angl.)—Concussionnaire.
- * Défalcation, (Angl.)—Concussion.
- Défaller (se), v. pron.—Se découvrir le cou.
- Défarger, v. a.—Désentraver.
- Défaut, n. m.—Faute. Ex. Tomber en défaut.
- Défaut d'une côte, n. m.
- Endroit où le chemin commence à s'élever ou à s'abaisser.
- Défendre (se), v. pron.
- —Cesser de jouer. Ex. Je ne joue plus, je m'en défends.
- —Se défendre de son corps et de son sang, protester fortement
de son innocence.
- Défendu, adj.
- Impossible. Ex. Je ne puis travailler plus de quatorze heures
par jour, cela m'est défendu. (Par qui? on ne le dit pas.)
- Déficile, adj.—Difficile.
- Défiger (se), v. pron.
- Prendre de l'aplomb, de la vigueur. Ex. Cet enfant commence
à se défiger, sa timidité s'en va peu à peu.
- Défint, te, adj.
- Défunt. Ex. Mon défint père qui est mort.
- Défoncé, adj. part. et n. m.
- —N'avoir plus de fonds en banque. Ex. Demande-moi
pas d'argent, je suis défoncé.
- —Manger comme un défoncé, manger avec excès.
- Défoncer, v. a.
- —Enfoncer. Ex. Ne défonce pas la porte avec tes poings.
- —Se défoncer. Ex. Les chemins défoncent ce matin.
- * Défranchisation, (Angl.)
- Condamnation d'un électeur à la perte de ses droits politiques
ou civils.
- * Défranchiser, v. a. (Angl.)
- Enlever à un électeur ses droits politiques ou civils.
- Défrayer (se), v. pron.—Se divertir.
- Défricher, v. a.—Déchiffrer.
- Défriper, v. a.
- Défaire les plis d'un vêtement chiffonné, d'un linge fripé.
- Défroque, n. f.
- Habits en général. Ex. Ote ta défroque, et entre au salon.
- Défroquer (se), v. pron.
- —Oter sa froc.
- —Se dévêtir. Ex. Défroquez-vous, nous allons nous mettre
à table.
- Défunt, défunte, n. m. et f.
- Le défunt, la défunte, se disent pour le père ou la mère
défunts. Ex. Ce pauvre défunt, a-t-il souffert avant de
mourir. Ce chapeau-là appartenait à la défunte.
- Défuntisé, adj.
- —Décédé. Ex. Mon père et ma mère sont défuntisés depuis
longtemps.
- —Détruit, disparu à tout jamais. Ex. Tu te souviens de
mon beau chapeau de castor, tu sauras qu'il est défuntisé,
le vent l'a emporté dans le fleuve.
- Dégainde, n. f.—Dégaine. Ex. Une belle dégainde.
- Dégaine, n. f.
- Attitude, façon de se tenir. Ex. Un tel a une drôle de
dégaine.
- Dégeancer, v. a.
- Détruire, désengeancer. Nous finirons pourtant par nous
dégeancer des mouches.
- Dégeler (se), v. pron.
- Se dégourdir. Ex. L'enfant commence à se dégeler, il parle,
il s'amuse comme les autres enfants.
- Dégendrer, v. a.
- Détruire. Ex. Tâche donc de dégendrer les punaises de ma
couchette.
- Dégêner, v. a.—Mettre à l'aise.
- Dégêner (se), v. pron.
- Prendre de l'aplomb, sortir de l'état de gêne. Ex. Dégênez-vous,
Monsieur, faites comme si vous étiez chez vous.
- Dégèrer, v. a.
- Digérer. Ex. Docteur, je dégère mal.
- Déglacer, v. a.—Enlever la glace, la froideur.
- Déglacer (se), v. pron.—Se donner de l'aplomb.
- Degnier, n. m.
- Denier. Ex. Le degnier de Saint-Pierre.
- Dégniasier, v. a.
- Déniaiser. Ex. D'où viens-tu, tu n'es pas encore dégniaisé?
- Dégniaiser (se), v. pron.
- Acquérir de l'intelligence en vieillissant.
- Dégobillage, n. m.
- Verbiage. Ex. As-tu entendu le discours de cet orateur?
Quel dégobillage?
- Dégobiller, v. n.
- —Parler mal. Ex. C'est un bavard qui ne cesse de dégobiller
sur mon compte.
- —Vomir abondamment, rejeter ce que l'on a gobé.
- Dégoiser, v. n.—Parler mal avec force et volubilité.
- Dégommer, v. a.
- —Dessouler.
- —Fatiguer, épuiser.
- —Travailler à donner à quelqu'un l'expérience qui lui manque
due à son manque d'intelligence. (B. P. F.)
- Dégonfler, v. a.
- Percer à jour l'orgueil ou la vanité d'un individu.
- Dégorger, v. a.
- Forcer à payer une forte somme. Ex. Je lui ferai bien dégorger
les cinq mille piastres qu'il me doit.
- Dégosiller, v. n.
- Etouffer. Vieux mot français qui signifie égorger.
- Dégoter, v. a.
- —Chasser, perdre sa place. Expression très ancienne, même
en Canada. Elle est française, d'après le Courrier de
Vaugelas. On la trouve dans la correspondance de Voltaire,
dans Littré, mais non pas dans le Dictionnaire de
l'Académie.
- —Dégoiser.
- Dégouailler, v. n.—Déblatérer.
- Dégoubiller, v. n.—Dégobiller.
- Dégouquière, n. f.—Gouttière.
- Dégourmer (se).—Jeter sa gourme.
- Dégoût, n. m.
- Avoir le dégoût, se dit d'une femme mariée incapable de
prendre des aliments sans les vomir aussitôt.
- Dégoûtation, n. f.—Qui cause du dégoût.
- Dégoûté, adj.
- Difficile. Ex. J'aime beaucoup les huîtres, les pâtés de
foie gras aux truffes.—Tu n'es pas dégoûté!
- Dégouttière, n. f.
- Gouttière. Ex. Prends garde aux dégouttières, tu vas abîmer
tes hardes.
- Dégrader, v. a. et n.
- —Dépasser. Ex. Veux-tu te laisser dégrader? Sinon va
plus vite.
- —Etre arrêté sur la route. Ex. Je n'ai pu arriver à l'heure,
j'ai été dégradé par la neige.
- —Entraîner par le vent, les courants. (Se dit d'une chaloupe).
- Dégrader (se), v. pron.
- Tomber par morceaux. Ex. Le mortier se dégrade d'après
la maison.
- Dégraisser, v. a.
- Voler. Ex. Il s'est fait dégraisser de la belle façon par des
voleurs.
- Dégraisser (se), v. pron.
- Se mettre au beau. Ex. Le temps se dégraisse.
- Dégras, n. m.
- —Rebut. Ex. Jette-moi cela au dégras, ça ne vaut plus
rien.
- —Déchets.
- Dans l'ancien français, dégras signifiait joie, plaisir,
bombance.
- Dégreyer, v. a.
- —Dégarnir. Ex. Marie, dégreye la table, le dîner est fini.
- —Enlever les habits. Ex. Dégreyer les enfants.
- Dégreyer (se), v. pron.
- —Se dévêtir. Ex. Dégreyez-vous, Monsieur, vous êtes le
bienvenu chez moi.
- —Se défaire peu à peu de ses meubles. Ex. Pierre descend
la côte, il se dégreye peu à peu de son ménage.
- Dégriller, v. a.—Enlever le hâle sur la peau.
- Dégrimoner, v. n.—Médire, déblatérer.
- Dégrimoner (se), v. pron.
- Se défendre avec vivacité, se débattre vivement.
- Dégripper (se), v. pron.
- —Guérir de la grippe. Ex. Enfin me voilà dégrippé, après
quinze jours de maladie.
- —Se tirer d'affaires.
- Dégroûler, v. n.
- Dégringoler, descendre rapidement d'un arbre.
- Déguarpir, v. a. et n.—Déguerpir.
- Dégueuler, v. n.
- —Bavarder.
- —Vomir à pleine bouche.
- Dégueuleur, n. m.—Bavard de bas étage.
- Déhaler, v. a.
- —Tirer d'embarras. Ex. Déhaler quelqu'un d'une mauvaise
affaire.
- —Tirer. Ex. Déhaler une jambe enfoncée dans la neige,
dans la boue.
- Déhaler (se), v. pron.
- Se tirer d'embarras. Ex. Déhale-toi comme tu pourras.
- Déhancher (se), v. pron.
- Se donner un tour de reins.
- Dehors, adv.
- —Marcher dehors, sortir. Ex. Azor, marche dehors.
- Déhors, adv.
- Dehors. Ex. Toi, sors déhors au plus coupant.
- Dehors (en) de, loc. adv.
- —Hors de. Ex. Je travaille en dehors des heures de bureau,
afin de réparer le temps perdu.
- —En sus de. Ex. Je travaille en dehors de mes heures de
bureau, quoique je n'y sois pas obligé.
- —En cachette. Ex. Moi, je ne fais rien en dehors de mon
associé.
- Déjà, adv.
- D'ailleurs. Ex. Vous n'êtes pas déjà si drôle.
- Déjeter, v. a.
- Rejeter, mépriser. Ex. Etre déjeté du public.
- Déjener, d'jeûner, v. n.—Déjeuner.
- Déjeun=ner, v. n.—Déjeuner.
- Déjeviller, v. a.—Oter la cheville, décheviller.
- Déjointer, v. a.—Déjoindre. Ex. Déjointe tes doigts, ta prière
est finie.
- Déjointer (se), v. pron.
- Déjoindre, disloquer. Ex. Je me suis déjointé le pouce en
jouant.
- Déjouquer, v. a. et n.
- Faire sortir du juchoir, déjucher.
- Déjuiller, v. a.—Enlever la cheville, décheviller.
- Délâbre (en), n. m.—Délabré, en ruine.
- Délâcer, v. a.—Délacer.
- Délibéré, adj.
- —Disposé, décidé à faire une chose.
- —Débarrassé, libre de toute occupation. Ex. Quand tu
seras délibéré, tu viendras me voir.
- Délibérer, v. a.—Donner la liberté, libérer.
- Délibérer (se), v. pron.—Se libérer.
- Délicatesses, n. f. pl.
- Friandises. Ex. N'abuse pas des délicatesses, tu vas te briser
l'estomac.
- Délicat, e, adj.
- Difficile à nourrir. Ex. Cette personne est bien délicate, elle
ne mange de rien.
- Délicatesse (en), loc.
- —Dans une position délicate. Ex. Je suis en délicatesse
avec mon vieil ami.
- Délécher (se), v. pron.
- Se passer la langue sur les lèvres avec délectation, après
avoir bu une liqueur excellente, ou après avoir mangé un
bon mets.
- Délier, v. a.—Délayer. Ex. Délier de la peinture.
- Déligner, v. a.
- Ligner, désigner par un trait. Ex. Toi, Baptiste, tu vas
déligner la planche, c'est-à-dire marquer par un trait au
crayon la partie qui doit être enlevée par la hache, la scie
ou l'égohine.
- * Délivrer, v. a. (Angl.)—Délivrer un discours, prononcer.
- * Déloquer, v. a. (Angl).
- Desserrer une forme. (Terme d'imprimerie.)
- Délurer, v. a.—Déniaiser.
- Délurer (se), v. pron.—Prendre de l'aplomb, de l'expérience.
- Demage, d'mage, n. m.—Dommage.
- Démailler, v. n.
- Echapper des mailles d'un filet. Ex. Le poisson démaille
souvent.
- Démaller, v. a.
- —Ouvrir une malle. Ex. Démaller un sac de poste.
- —Assortir les lettres dans un bureau de poste.
- Démancher, v. a.
- —Luxer, disloquer. Ex. J'ai un bras démanché.
- —Dénouer. Ex. Cette corde est difficile à démancher.
- Démancher (se), v. pron.
- —Se mettre vigoureusement à l'ouvrage. Ex. Pierre s'est
mis à la besogne avec ardeur, évidemment il se démanche.
- —S'agaillardir.
- —Se dévêtir. Ex. Démanchez-vous au plus vite, nous
allons dîner.
- —Se luxer un membre. Ex. Se démancher un bras, une
jambe.
- Démanchure, n. f.—Dislocation d'un os.
- Demande, n. f.
- Faire la grande demande, demander une fille en mariage.
- Demande (belle), n. f.
- Demande inutile. Ex. C'te belle demande! La belle demande!
- Demande (à), loc. adv.
- —Au fur et à mesure. Ex. Si tu as besoin d'argent, tu
en auras à demande, tant que tu en voudras, mais demande-le.
- —En abondance, au gré de la personne. Ex. Comme tu
n'es pas économe, je t'enverrai de l'argent, mais seulement
à demande.
- Demander, v. a.
- —Demander des questions, poser. Ex. Ne me demande pas
de questions, je ne te répondrai point.
- —Demander après quelqu'un, s'informer de quelqu'un avec
espoir de le rencontrer.
- —Faire demander quelqu'un, le faire venir.
- —Demander pour une soirée, inviter.
- —Demander à ce que, demander que.
- Démangeaison, n. f.
- Grande envie. Ex. Avoir une grande démangeaison de
parler.
- Démanger, v. n.
- Avoir une forte envie. Ex. La main me démange, j'ai envie
de te frapper. La langue me démange, j'ai envie de parler.
- Démarcher, v. n.
- Marcher d'une façon inusitée, comme un enfant qui n'est
pas sûr de ses jambes.
- Démârrer, v. a. et n.
- —Défaire, détacher. Ex. Démârre mes souliers.
- —Partir, s'en aller. Ex. Il ne démârre pas de là.
- Démêler, v. a.
- —Mélanger en délayant. Ex. Démêler de la fleur avec
de l'eau.
- —Mettre les cheveux en ordre au moyen d'un démêloir.
- Démêler (se), v. pron.
- —Se peigner au moyen d'un démêloir.
- —Se tirer d'embarras.
- Déméliorer, v. a.—Détériorer.
- Démélouer, n. m.—Démêloir.
- Démembrer (se), v. pron.
- S'agiter les bras d'une manière exagérée durant la marche.
- Démenable, adj.
- Qui est susceptible d'être guidé. Ex. Cet homme n'est pas
démenable.
- Déménager, v. a.
- Perdre la raison. Ex. Chez ce vieux-là, c'est la raison qui
déménage.
- —Jeter à la porte. Ex. Tu ne paies pas ton loyer, déménage,
et tout de suite.
- Démence (en), loc.
- En décrépitude, en ruines. Ex. Cette maison est en démence.
- Déménuer, v. a. et n.—-Diminuer.
- Déménution, n. f.—Diminution.
- Demeurance, n. f.—Demeure.
- Demeurant (le), n. m.
- Le reste, ce qui reste.
- Demeure (à), loc.
- —Bien fait, solidement. Ex. Cet ouvrage est fait à demeure.
- —Tout à fait, absolument. Ex. Pierre est bête à demeure.
- Demeure (en), loc.
- En position. Ex. Je ne suis pas en demeure de faire cela.
Bossuet a dit: Je n'étais pas en demeure de ce côté-là, pour
en retard.
- Demiard, n. m.
- Mesure de liquides équivalant à une demi-chopine. En
roman, il y a le mot demion qui y correspond.
- Demi=lune, n. f.—Table demi-ronde.
- Demi=voix (à), loc.—A mi-voix.
- Demoiselle, n. f.
- —Libellule.
- —Fille. Ex. Comment se porte votre demoiselle?
- —Grosse demoiselle, demoiselle du grand monde, de qualité.
- —Demoiselle à la mode, même sens.
- Démon, n. m.
- —Génie. Ex. C'est un bon démon qui m'a soufflé cette
idée.
- —Etre en démon, fâché, irrité.
- Démonne, n. f.—Femme maligne.
- Démontant, adj.
- Décourageant. Ex. Il pleut toujours, c'est démontant.
- Démonter (se), v. pron.
- Se décourager. Ex. Inutile de se démonter pour si peu de
chose.
- * Demurrage, (m. a.)
- Surestarie. Nombre de jours en plus des estaries donnant
droit à une indemnité pour le fréteur. Estarie est le laps
de temps stipulé pour le déchargement d'un navire de
commerce.
- Dénarfer, v. a.
- Anglaiser, enlever à un cheval les muscles abaisseurs de la
queue, pour qu'elle se tienne dans une position horizontale.
- D'en face, loc.
- En face. Ex. Je viens de louer la maison d'en face.
- Dénicher, v. a.—Faire sortir du lit.
- Dénicheter, v. a.—Dénicher.
- Dénicheux, n. et adj.—Dénicheur.
- Denner, v. a.
- Donner. Ex. Denne-moi donc la main, denne-lui une place
dans ta voiture.
- Dénouable, adj.—Qui peut être dénoué.
- D'en par, loc. prép.
- A partir de. Ex. D'en par ce jour, je cesse de te considérer
comme mon ami.
- D'en par ici, loc. adv.
- Par ici, ici. Ex. Tournons d'en par ici.
- D'en par où, loc. adv.
- Où. Ex. D'en par où m'arrêterai-je de marcher?
- D'en par là, loc. adv.
- Par là, là. Ex. Finissons-en d'en par là.
- Dent, n. f.
- —Honnête jusque dans les dents, très honnête.
- —Avoir la gale aux dents, avoir toujours faim. En France
on dit n'avoir pas la gale aux dents pour signifier la même
chose.
- —Avoir une dent contre quelqu'un, avoir de la rancune.
- —Montrer les grosses dents, parler sévèrement.
- Dent de cheval, n. f.—Grain de maïs durci.
- Dent de chien, n. f.
- Dent censée devoir pousser chez les enfants qui se refusent
de faire extraire leurs dents. Si une dent tombe d'elle-même,
le premier chien qui passe l'avalera, et alors la
dent perdue sera remplacée par une dent de chien.
- Dent de l'œil, n. f.—Œillère.
- Denté, e, adj.
- Endenté. Ex. Une personne mal dentée, c'est pas beau.
- Dentelé, part. pass.
- Garni de dents. Ex. En voici un qui est bien dentelé, il a
des dents plein la bouche.
- Dentisse, n. m.
- Dentiste. Ex. Le docteur Linguet est un bon dentisse, il
vous arrache les dents en criant ciseau.
- * Dentisterie, (Angl.)—Art du dentiste.
- Dénué, part. pass.
- Dépourvu d'esprit. Ex. Jean n'est pas bête, je t'assure
qu'il n'est pas dénué autant qu'on le dit.
- Déouacher, v. a.
- Débucher, faire sortir l'ours ou le castor de sa tannière.
- Dépaler (se), v. pr.
- Se mettre à l'œuvre avec beaucoup d'entrain. Ex. Enfin,
il s'est dépalé, il travaille comme un nègre.
- Ce mot doit se dire d'un navire entraîné hors de sa route
par les vents ou les courants.
- Dépareillé, adj. part.
- —Qui n'a pas d'égal. Ex. J'ai un remède dépareillé pour
la migraine.
- —Déparié. Ex. Un bas dépareillé.
- Déparler, v. n.
- —Délirer, dire des choses insensées. Ex. Ce fiévreux
déparle, c'est grave.
- —Ecorcher les mots. Ex. Qu'as-tu à déparler?
- S'emploie en France pour dire d'un individu qu'il discontinue
de parler.
- Département, n. m.
- —Comptoir. Ex. Le département des tailleurs.
- —Rayon. Ex. Le département des modistes.
- Dépasser, v. a.
- Désenfiler. Ex. Mon fil est dépassé.
- * Dépêche des affaires, n. f.
- Expédition. Ex. Nous allons avoir une session pour la
dépêche des affaires. (Angl.)
- Dépeindre, v. a.
- Peindre, dessiner. Ex. C'est un bon peintre que Charles,
il dépeint les oiseaux à merveille.
- Dépeinturer, v. a.—Enlever la peinture.
- Dépendeux d'andouilles, n. m.
- Homme de très haute taille et dégingandé, niais. Cette locution
vient de ce que, chez les charcutiers, les andouilles
sont ordinairement accrochées assez haut. Commune dans
les environs de Montréal.
- * Dépendre sur quelqu'un, loc.
- Compter sur. Ex. Puis-je dépendre sur toi pour ce montant-là?
(Angl).
- Dépenillé, adj.—Dépenaillé, en loques.
- Dépeniller, v. a.—Effilocher, échiffer.
- Dépense, n. f.
- Consommation. Ex. J'ai fait assez de beurre pour ma
dépense de l'hiver.
- Dépense (de), loc.
- —Dépensier. Ex. J'ai un garçon de dépense, c'est un
usurier.
- —Coûteux. Ex. J'ai une servante de dépense, il y a du gaspille
quelque part.
- Dépenser, v. a.
- Consommer, en parlant de la nourriture du bétail. Ex.
Les chevaux dépensent beaucoup d'avoine durant l'hiver.
- Dépester, v. a.
- Débarrasser. Ex. Enfin, nous sommes dépestés des maringouins.
- Dépigeonné, v. a.—Délivré d'un prétendu sort.
- Depis, d'pis, prép.
- Depuis. Ex. Depis quand es-tu marié?
- Dépitaillé (se), v. pron.
- Se démener, se donner beaucoup de peine.
- Dépiter, v. n.
- Décider. Ex. Es-tu dépité enfin? la besogne ne manque
pas.
- Dépiter (se), v. pron.
- Se démener. Ex. Tu as beau te dépiter, tu as tort.
- Déplacer (se), v. pron.
- Fréquenter des personnes qui tiennent un rang inférieur.
- Déplanter, v. a.
- —Prendre la place. Ex. Antoine a réussi à me déplanter
là où j'étais si bien installé.
- —Tuer. Ex. J'ai tiré cet oiseau à une grande distance, je
l'ai déplanté tout de même.
- —Faire tomber, jeter par terre.
- Déplet, e, adj.
- —Vif, alerte.
- —De belle taille.
- Dépleumer, v. a.—Déplumer, ôter les plumes.
- Déplomber, v. a.
- —Faire perdre à une chose son aplomb.
- —Déplanter.
- —Surplomber.
- —Gratter l'intérieur des tripes, pour la confection de la saucisse
ou du boudin (B. P. F.)
- Déplomber (se), v. pron.
- Se donner la diarrhée. Ex. Si tu manges trop de tire, tu
vas te déplomber.
- Dépoitrailler (se), v. pron.
- Se découvrir la poitrine, être mal habillé, sans tenue.
- Déposer, v. a.
- Déposer de l'argent à la caisse, à la banque. Ex. Où déposes-tu?
Je dépose à la Banque Nationale.
- Dépôt, n. m.
- —Gare, station de chemin de fer. Ex. Y a-t-il bien loin
pour aller au dépôt?
- —Endroit, chambre où l'on dépose les objets destinés aux
élèves des couvents. Ex. Va aux Ursulines, tu jetteras
ce paquet au dépôt.
- Dépouillant (en), loc.
- —En talus. Ex. Un terrain qui va en dépouillant, en pente.
- —Obliquement. Ex. Ce chemin va en dépouillant, descend
obliquement.
- —Se dit d'une voiture qui glisse sur une pente.
- —Se dit de tout objet qui frappe une surface sous un grand
angle d'incidence. (B. P. F.)
- Dépouille, n. f.
- —Vêtement. Ex. Emporte ta dépouille.
- —Rage. Ex. Il fait une vraie dépouille de vent.
- Dépourvu, adj. part.
- Dépourvu d'esprit. Ex. Cet homme n'est pas très futé, cependant
il n'est pas complètement dépourvu.
- Déprendre (se), v. pron.
- Se tirer d'affaire. Ex. Déprends-toi comme tu pourras, tu
as des ressources.
- De profundi.
- De profundis. Ex. Nous allons dire un de profundi pour la
défunte.
- Depu, prép.
- Depuis. Ex. Depu le temps que je te chante cela, ça ne
sert à rien.
- Député, n. m.
- —Sous-chef, suppléant.
- —Député-ministre, sous-chef de département.
- —Député-shérif, shérif suppléant.
- —Député-protonotaire, protonotaire suppléant.
- —Député-régistrateur, régistrateur suppléant.
- * Déqualification, n. (Angl.)
- Perte de ses droits politiques.
- * Déqualifier, v. a. (Angl.)
- Faire perdre à quelqu'un ses droits politiques. Ex. Notre
député vient d'être déqualifié pour sept ans.
- De quand, adv.
- Quand. Ex. De quand tu seras pour venir, tu m'écriras.
- D'équerre, loc.
- N'être pas d'équerre, être de mauvaise humeur.
- De qui, loc.—Qui. Ex. De qui t'a parlé contre moi?
- De quoi, n. m.
- —Moyens, ressources. C'est un individu qui a de quoi, on
dit même qu'il est très riche.
- —Cause, raison. Ex. Je vous remercie de votre cadeau.—Il
n'y a pas de quoi.
- De quoi que.
- —Qu'est-ce que? Ex. De quoi qu'il est question?
- Dérail, n. m.
- Substances grasses qui entourent le péritoine et les viscères
abdominaux. Ex. Quand nous aurons fini d'enlever le
dérail, nous ferons nos cortons.
- Dérailement, n. m.—Déraillement.
- Dérailer, v. n.
- —Dérailler, sortir de la bonne voie. Ex. Les chars sont
dérailés à Saint-Charles.
- —Déraisonner. Ex. Ce pauvre enfant est mûr pour l'asile,
il déraile à tous propos.
- Dérailler, v. n.
- —Enlever le gras du péritoine et des viscères de l'abdomen
du gros bétail.
- —Déraisonner, divaguer. Ex. C'est une espèce de fou que
ce garçon-là, il déraille à tout instant.
- Déralingué, adj.
- En loques, en grand désordre. Ex. D'où viens-tu, petit coureux
de chemins? vois tes habits, ils sont déralingués.
- Terme de marine, qui signifie dégarnir de ralingues (une
voile).
- Dérangement, n. m.
- —Maladie particulière au sexe.
- —Dispersion des Acadiens en 1755, l'année du grand dérangement.
- Déranger (se), v. pron.
- —S'enivrer. Ex. Tu bois trop, mon cher, tu es presque
constamment dérangé.
- —Interrompre son travail. Ex. Ne vous dérangez pas, continuez
votre ouvrage.
- Déraper, v. a. et n.
- —Se sauver à la hâte. Ex. Je réussirai bien à le faire
déraper de là.
- —Arracher, détacher l'ancre du fond, afin de permettre au
navire de marcher.
- Déraquer, v. a.—Sortir de l'ornière. (B. P. F.)
- Dérélingué, e, adj.—V. Déralingué.
- Dérêner, v. a.
- Lâcher les rênes. Ex. Dérêne ton cheval, si tu veux qu'il
reste tranquille.
- Dergnier, adj.—Dernier.
- Dérhumer (se), v. n.—Se désenrhumer.
- De rien, loc.
- Cela ne compte pas. Ex. Je te remercie de ton obligeance.—De
rien.
- Dernier des derniers (le), n. m.
- Homme de la pire espèce. Ex. C'est un homme vil, voleur,
menteur, ivrogne, enfin c'est le dernier des derniers.
- Dérocher, v. a.
- Enlever les pierres, les roches dans un champ.
- Dérougir, v. n.
- —Ne pas cesser de boire des liqueurs enivrantes.
- —Etre toujours en colère.
- Dérouiller (se), v. pron.
- —Enlever du gosier les glaires qui le gênent.
- —Reprendre l'ouvrage avec plus d'habileté ou d'adresse.
- Dérouter, v. n.
- —Faire perdre l'habitude. Ex. Ça me déroute de changer
mes heures de travail.
- Dérouter (se), v. pron.
- Se déshabituer. Ex. A force de faire de la paresse, tu finiras
par te dérouter complètement de l'ouvrage.
- * Derrick, (m. a.)
- —Grue, mât de charge.
- —Martinet.
- Derrière, n. m., prép. et adv.
- —Le derrière de l'église, le bas de l'église.
- —Se lever le derrière le premier, se lever de mauvaise humeur.
- Des, art.
- De. Ex. Ce sont là des braves gens.
- Dés, art.—Des. Ex. Dés hommes, dés enfants.
- Désabrier, v. a.—Oter les couvertures, découvrir.
- Désabrier (se), v. pron.—Oter ses propres couvertures.
- Désacclimater (se), v. pron.
- —Se déshabituer à vivre dans un lieu où l'on se croyait acclimaté.
Les Français qui viennent s'établir au Canada
s'acclimatent très aisément, mais après douze ou quinze
ans, ils paraissent se désacclimater.
- Désaccrocher, v. a.
- Décrocher. Mot cité par Cotgrave.
- Désagraffer, v. a.—Dégrafer.
- Désagréiable, adj.—Désagréable.
- Désagriabe, adj.—Désagréable.
- Désairer, adj.
- Qui se perd à travers les pièces d'une maison dont on ignore
les êtres. (B. P. F.)
- Désamain, adj.—De difficile accès.
- Désamain (à), loc. adv.
- Qui n'est pas à portée de la main. Ex. Rapproche cette
petite table près de mon pupitre; comme elle est maintenant,
elle est trop à désamain.
- Désamancher, v. a.—Démancher. V. ce mot.
- Désamancher (se), v. pron.—Se tirer d'embarras.
- Désâmer, v. a.
- —Faire mourrir.
- —Exténué, à bout de forces.
- —Détruire, mettre en pièces. Ex. Désâmer un jouet.
(B. P. F.)
- Désancanter, v. a.
- Relever quelqu'un d'une position oblique.
- Désanmârer, v. a.—Démarrer.
- De sans, loc.
- Locution pour marquer l'oubli ou le manque d'une chose sur
laquelle on a droit de compter. Ex. Je lui avais recommandé
de m'apporter une boîte de marchandises de la ville,
et il est revenu de sans.
- Expression usitée en Normandie et citée par Moisy.
- Désapareillé, adj. part.
- —Déparié. Ex. Mes bas sont tous désapareillés.
- —Qui n'a pas son égal. Ex. J'ai à mon service un serviteur
désapareillé.
- Désarber, v. a.—Redresser (une faux) (B. P. F.)
- Désargenté, adj. p.—Etre à court d'argent.
- Désarranger, v. a.—Déranger, changer de place.
- Désarter, v. n.
- —Défricher, abattre le bois dans les forêts.
- —Déserter. Ex. Un écolier qui désarte du collège.
- Désattacher, v. a.—Détacher.
- Désatteler, v. a. et n.
- —Dételer.
- —Cesser tout travail (figur.)
- Désavenant, adj.—Pas agréable, pas avenant.
- Désavisser, v. a.—Dévisser.
- Descendable, adj.
- Qui peut être descendu. Ex. Cette valise est trop pesante,
elle n'est pas descendable dans un escalier.
- Descendre, v. a.
- Aller en aval du fleuve Saint-Laurent. Ex. Descendre de
Québec à Cacouna, de Cacouna à Matane.
- Désembourber, v. a.
- Tirer d'un tas de neige le cheval embourbé.
- Désembourbé (se), v. pron.
- Se tirer d'un embarras causé par un amoncellement de neige.
- Désemmancher, v. a.—Enlever la manche d'un habit.
- Désemmancher (se), v. pron.
- Enlever ses habits extérieurs.
- Désempailler, v. a.—Dépailler, dégarnir de sa paille.
- Désempaqueter, v. a.—Dépaqueter.
- Désempester, v. a.
- Enlever les mauvaises odeurs. Ex. Désempester une chambre
de malade.
- Désempêtrer, v. a.—Dépêtrer, délivrer.
- Désempigeonner, v. a.—Enlever un sort.
- Désempiler, v. a.—Enlever les pièces de bois mises en pile.
- Désencadrer, v. a.—Enlever le cadre d'un tableau.
- Désencaisser, v. a.—Décaisser, tirer d'une caisse.
- Désencanter, v. a.—Décanter. V. ce mot.
- Désencapoter, v. a.—Oter son capot.
- Désencapoter (se), v. a.—Se débarrasser de son capot.
- Désencarcaner, v. a.—Oter le carcan.
- Désencercler, v. a.—Décercler, ôter les cercles.
- Désenclaquer (se), v. pron.—Oter ses claques.
- Désencorner, v. a.—Décorner.
- Désencrasser, v. a.—Décrasser. V. ce mot.
- Désendetter (se), v. pron.
- S'acquitter de ses dettes. Ex. Je me désendette un peu tous
les ans.
- Désendiabler, v. a.—Défâcher.
- Désenfarger, v. a.
- Désentraver, ôter les enfarges à un animal.
- Désenfarger (se), v. pron.
- Se débarrasser d'un embarras physique.
- Désenfourner, v. a.
- Défourner, tirer du four. Ex. Désenfourner une cuite de
pain.
- Désengager, v. a.—Dégager.
- Désenganter, v. a.—Oter les gants.
- Désenganter (se), v. pron.—Oter ses gants.
- Désengendrer, v. a.—Détruire. V. Dégendrer.
- Désengerber, v. a.—Défaire une gerbe.
- Désengraisser, v. n.—Perdre sa graisse, maigrir.
- Désengrener (se), v. pron.
- Se débarrasser. Ex. Il se désengrène de ses mauvaises
habitudes.
- Désenlaidir (se), v. pron.—Devenir moins laid.
- Désenneiger, v. a.—Enlever la neige.
- Désenrager, v. a.
- Remettre quelqu'un en son humeur naturelle.
- Désenrouler, v. a.—Dérouler.
- Désentasser, v. a.—Détasser.
- Désenterrer, v. a.—Déterrer, exhumer.
- Désentortiller, v. a.—Détortiller.
- Désentourer, v. a.—Changer de milieu.
- Désentourer (se), v. pr.
- Faire le vide autour de soi.
- Désenvelopper, v. a.—Développer.
- Désergoter, v. a.—Enlever les ongles d'un porc.
- Déserrer, v. a.—Déserter.
- Désert, n. m.
- —Essarts, lieux défrichés.
- —Vide. Ex. Faire le désert autour de soi.
- Déserter, v. a.—Essarter, défricher.
- Déserteux, adj.—Déserteur.
- Déshabiller, v. a.
- Dire à quelqu'un toutes ses vérités. Ex. Il s'est fait déshabiller,
c'est-à-dire qu'il s'est fait dire ses vérités sans en
oublier aucune, afin de mettre à nu tous les mauvais côtés
de l'individu.
- Déshabiller (se), v. pron.
- Oter son paletot, son par-dessus, son chapeau. Ex. Déshabillez-vous,
Monsieur, nous allons faire la partie de cartes.
- Désigner, v. a.—Dessiner.
- Désoblier, v. a.—Oublier.
- Désolé au, loc.
- Désolé. Ex. Je suis au désolé de cette affaire épineuse, qui
m'arrive comme un coup de tonnerre.
- Désorceler, v. a.—Désensorceler.
- Désordre, adj.—Sans ordre. Ex. Cette personne est désordre.
- Désosser (se), v. pron.
- Ouvrir une articulation. Ex. Se désosser le bras, la jambe.
- Désoublier, v. a.—Oublier.
- Désouler, v. a.—Tirer quelqu'un de l'état d'ivresse.
- Désouler (se), v. pron.
- Revenir à son état normal après l'ivresse.
- * Despatcheur, n. m. (Angl.)
- Expéditeur de train, sur les chemins de fer.
- * De spère, loc. (Angl.)
- Chose dont on peut disposer. Ex. As-tu quelques piastres
de spère?
- Dessarte, n. f.—Desserte.
- Dessein (sans), loc. adv.
- Sans plan arrêté. Le Dr J.-C. Taché a écrit dans sa Légende
de Cadieux: «Sans dessein est la traduction d'une expression
sauvage qui veut dire sans plan arrêté, sans souci,
sans soin, sans but particulier, sans signification.» L'expression
paraît assez dans le génie de la langue et dans le
caractère du langage canadien, pour qu'elle s'explique sans
recourir à une traduction du sauvage.
- Dessoler, v. a.—Enlever les fondations d'une maison.
- Dessour, prép.
- Par-dessous. Ex. L'enfant est caché dessour le lit.
- Dessous, n. et prép.
- —Dessous de plat, garde-nappe.
- —Dessous la table, sous la table.
- —Prendre quelqu'un par-dessous le bras, marcher bras dessus
bras dessous.
- Dessous (en), loc. adv.
- —En aval. Ex. Rimouski est en-dessous de Québec.
- —Hypocrite, sournois. Ex. Cette personne me fait l'effet
d'être en dessous.
- —Etre en dessous dans une affaire, y perdre de l'argent.
- —Etre en dessous dans ses affaires, marcher vers la ruine
complète.
- —Aller en dessous, marcher vers la ruine.
- Dessur, adv.
- —Dessus. Ex. Ote-toi dessur moi.
- —Sur. Ex. Grimpe dessur le cheval.
- Dessus, n. m. et adv.
- —Sur. Ex. Monte dessus la chaise.
- —Prendre le dessus, améliorer son sort matériellement et
moralement.
- —Dessus de fauteuil, voile de fauteuil.
- —Dessus de plat, couvre-plat.
- —Dessus d'oreiller, taie d'oreiller.
- Dessus (en), loc. adv.
- —En amont. Ex. Montréal est en dessus de Québec.
- —En voie de prospérité, au-dessus de ses affaires. Ex. Ce
marchand est en dessus dans ses affaires.
- —Avoir l'avantage. Ex. J'ai changé mon cheval, j'ai en
outre donné cinquante piastres de retour, tout de même
je suis en dessus.
- * Destitution, n. f. (Angl.)—Misère, dénuement, privation.
- Détail (au), loc
- En détail. Ex. C'est un marchand qui vend au détail.
- Détailleur, n. et adj.
- Détaillant. Ex. Un marchand détailleur, qui vend en détail.
- Détamer, v. a.
- Perdre son étamine par un long usage. Ex. Nos casseroles
sont toutes détamées.
- Détarauder, v. a.—Enlever le taraud.
- Détarder, v. n.—Retarder.
- Détargetter, v. a.—Soulever la targette.
- Détasser, v. a.
- Mettre plus d'espace. Ex. Détasser le foin, les gerbes.
- Détasser (se), v. pr.
- Faire de l'espace. Ex. Détassons-nous, si nous voulons
être plus à l'aise dans nos mouvements.
- * Détectif, n. m. (Angl.)
- Agent de police secrète habillé en civil. En anglais, detective.
- Dételer, v. a.
- —Abandonner son ouvrage. Ex. Dételons, il commence à
faire noir.
- —S'enfuir, décamper.
- —Mourir. Ex. Ce pauvre malade a enfin fini par dételer.
- —Faire banqueroute. Ex. Si les affaires continuent à mal
aller, je détellerai.
- Dételer (se), v. pron.
- —Se dévêtir, se dégarnir d'habits.
- —Se mettre à l'ouvrage résolument et travailler ferme.
- Détendre, v. a.
- —Enlever du linge tendu à une corde. Ex. Détendre des
serviettes, des chemises.
- —Défaire une pêche à anguilles, à poisson en général.
- Déterrer, v. a.
- Tirer de la neige. Ex. Déterre la pelle qui est quelque part
dans le banc de neige.
- Déteurdre, v. a.—Détordre. Ex. Déteurdre une corde.
- Déteurdre (se), v. pron.
- Se tordre. Ex. Il s'est déteurd les reins, le corps.
- Déteurse, n. f.—Entorse.
- Détiédir, v. n.—Refroidir, rendre tiède.
- Détieindre, v. a.—Détenir.
- Détorse, n. f.
- Entorse. Ex. Je me suis donné une détorse en débarquant
de voiture.
- Détour, n. m.
- Tour, moment. Ex. A quelque bon détour, j'irai vous faire
une visite.
- Détraqué, n. et adj.
- Fou, névrosé. Ex. C'est un détraqué de la pire espèce.
- Détraquer, v. n.
- Avoir l'esprit dérangé. Ex. Il est de plus en plus évident
que ce vieux-là détraque.
- Détraquer (se), v. pron.
- Se démantibuler. Ex. Mes meubles vieillissent, plusieurs
se détraquent.
- Détremper, v. a.
- Délayer. Ex. Allons, Justine, détrempe de la farine pour
nous faire des crêpes.
- Détruiment, n. m.—Détriment.
- Détruire (se), v. pr.—Se suicider, s'ôter la vie.
- Dette, n. f.
- Créance. Ex. Une dette privilégiée.
- Deuce, adj.
- Deux. Ex. Comptons nos piastres ensemble: une, deuce,
troisse.
- Deuel, n. m.—Duel.
- Deuil (en), loc.
- —Avoir les ongles en deuil, non écurés.
- Deux, adj.
- —Se fendre, se mettre en deux, faire un grand effort, probablement
moindre que lorsque l'on se fend en quatre.
- —Marcher en deux, marcher en prenant une position très
courbée.
- Dévaler, v. n.—Descendre. Expression acadienne.
- Dévaliser, v. a.
- Enlever le contenu. Ex. Des voleurs ont, la nuit dernière,
dévalisé les troncs de l'église de Limoilou.
- Devant, n. adv. et prép.
- —Auparavant.
- —Avant. Ex. Devant mon mariage. Devant de consentir
à cet arrangement.
- —Vent devant, vent contraire.
- —J'ai un peu d'argent devant moi, en ma possession.
- —S'en aller les pieds devant, mourir.
- —Prendre le devant, prendre les devants.
- Devant de chemise, n. m.—Plastron.
- Devant que de, loc.
- Avant de. Ex. Devant que de venir, tu m'avertiras.
- Devantière, n. f.
- —Tablier de femme.
- —Devant d'un édifice.
- Devanture, n. f.
- —Devant, partie antérieure d'une personne ou d'une chose.
Ex. Mon enfant, tu as sali ta devanture. La devanture
d'une maison.
- —Propriété de grève qui confine à la terre d'un cultivateur.
Ex. Veux-tu me louer ta devanture, pour y tendre une
pêche?
- Dévargondé, adj. part.—Dévergondé.
- Dévelouteré, adj. part.
- Ex. Avoir les boyaux dévelouterés, avoir la muqueuse intestinale
enflammée, rugueuse.
- D'venir, v. n.
- —Venir. Ex. D'où ce que tu d'viens, petit coureux de
chemins?
- —Arriver justement. Ex. As-tu été faire ma commission?—Oui,
j'en d'viens.
- Devers, prép.
- Vers. Ex. J'irai vous voir devers la Toussaint.
- Déviander, v. a.—Enlever la viande d'un os.
- Dévider, v. a.
- —Dévider son peloton, son chapelet, dévider toute la série des
choses qu'on a à dire.
- Dévidoir, n. m.
- Homme loquace, qui parle avec une grande volubilité. Ex.
Cet orateur parle comme une machine, c'est un véritable
dévidoir.
- Dévidois, n. m.—Dévidoir.
- Dévidoué, n. m.—Dévidoir.
- Devinade, n. f.—Devise, énigme, charade.
- Devinaille, n. f.—Devise.
- Devine, n. f.—Devise.
- Devinette, n. f.—Enigme.
- Dévirage, n. m.
- —Détour d'un chemin.
- —Action d'aller et revenir dans une direction opposée.
- Dévirer, v. a.
- —Détourner. Ex. Il ne dévire pas les yeux de dessus son
livre de messe.
- —Changer de direction. Ex. Nous dévirerons au coin de
la rue du Trésor.
- —Mettre sens dessus dessous. Ex. Dévirer une pierre, une
pièce de bois.
- —Revenir sur ses pas. Quand tu seras rendu au parlement,
tu dévireras, et tu me rencontreras ici même.
- —Retourner. Ex. Dévire tes poches à l'envers.
- —Renverser. Ex. Nous nous sommes pris à brasse-corps,
et je l'ai déviré en deux temps et trois mouvements.
- Dévirer (se), v. pron.
- —Se retourner. Ex. Dévire-toi d'abord, pour voir si ton
habit te fait bien.
- —Se renverser en luttant.
- Déviron, n. m.—Détour.
- Dévisager, v. a.
- —Envisager. Ex. Qu'as-tu à me dévisager de pareille
façon?
- —Répugner. Ex. Cet individu me dévisage, j'en ai peur.
- Dévisager (se), v. pron.—Se battre.
- Devoir (en), loc.
- —De service. Ex. Je suis en devoir ce matin, je ne pourrai
pas m'absenter.
- —En faction. Ex. Je suis en devoir comme sentinelle à la
porte Saint-Louis.
- —En train de. Ex. Je suis en devoir de travailler à mon
dictionnaire.
- Dévoration, n. f.
- —Désir. Ex. Quelle est tout d'un coup cette dévoration
d'aller te promener?
- —Démangeaison. Ex. Qu'est-ce que j'ai sur la tête depuis
deux jours? c'est une vraie dévoration.
- Dévorer, v. a.
- Dire des paroles dures. Ex. Prends garde de me dévorer,
avec ta manière de dire les choses.
- —Démanger. Ex. J'ai une puce qui me dévore le dos.
- Dévorer (se), v. pron.
- Se briser l'épiderme avec les ongles. Ex. J'ai une puce
entre les deux épaules, je me dévore à force de me gratter.
- Dévôtieux, adj.
- Qui inspire la dévotion. Ex. Crois-tu que la chapelle du
Sacré-Cœur est dévôtieuse!
- De vrai, loc. adv.
- Tout de bon. Ex. Dis-tu ça pour de vrai?
- * Déwasher. (Angl.)—Enlever les rondelles (washer).
- D'heure (être), loc.
- Le temps est arrivé.
- Dia, int.
- Cri pour faire aller les chevaux à gauche. En Bretagne,
c'est pour les faire aller à droite. Dia, mot grec, signifie
à travers, de côté. Nous prononçons guia.
- Diablant, adj.
- Contrariant, embêtant. Ex. C'est bien diablant, il faut que
je paie les dettes de mon frère.
- Diable, n. m.
- —Petit véhicule basculant sur deux roues, qui sert à charger
et décharger des bagages, des marchandises. Ceux
qui le traînent, tirent évidemment le diable par la queue,
et comme ce métier n'a jamais dû être bien lucratif, peut-être
est-ce lui qui a donné lieu à la locution tirer le diable
par la queue, c'est-à-dire être dans un état voisin de la
misère.
- —Etre en diable, être furieux.
- —Parler au diable, être dangereux.
- —Se vendre au diable, se tirer aux cheveux.
- —Aller au diable au vert, s'en aller très loin. En France,
on dit aller au diable Vauvert.
- —Avoir le diable au corps, être malin, rusé.
- —C'est le diable à faire, c'est une chose bien difficile à faire.
- —Que le diable t'emporte, va-t-en.
- —Le diable s'en mêle, tout conspire contre mon affaire.
- —Il y a du diable là-dedans, il y a du mystérieux et du
mauvais.
- —Le diable et ses morts. Ex. Il n'y avait pas de monde le
diable et ses morts, c'est-à-dire pas beaucoup de personnes.
- —Faire le diable à quatre, faire beaucoup de bruit.
- —Envoyer au diable, à tous les diables, congédier vivement.
- —Le diable bat sa femme, il pleut et il fait soleil en même
temps.
- —Le diable est aux vaches, il y a du malheur ou du dommage,
l'affaire ne va pas bien.
- —Le diable n'est pas pire, le diable n'agit pas autrement.
- —Méchant comme sept fois le diable, impossible d'être plus
méchant.
- —Loger le diable dans sa bourse, être dans la misère.
- —Que le diable m'ampue (m'ampute), que le diable m'emporte.
- —Pas diable, pas extraordinaire. Ex. Du vin qui n'est pas
diable.
- Diable (bon), n. m.
- Une assez bonne personne. Ex. C'est un bon diable, ne lui
faisons pas de mal.
- Diable d'homme, n. m.—Homme rusé, subtil.
- Diable incarné, n. m.
- Méchant. Ex. C'est le diable incarné que cet animal-là.
- Diable (mauvais),—Très méchant homme.
- Diable (pauvre), n. m.
- Misérable. Ex. Lâche-le, ce pauvre diable.
- Diable (petit), n. m.—Enfant espiègle.
- Diable (un), loc adv.
- En quantité. Ex. Il y a, cette année, des pommes un diable.
- Diable (que le), loc.
- Beaucoup. Ex. Ce monsieur mange que le diable.
- Diablement, adv.
- Beaucoup. Ex. Louis est diablement embêté.
- Diâbler, v. a.
- Endiabler. Ex. Ne me fais pas diâbler de la sorte.
- * Diamond, daïa-meunde, (m. a.)
- Diamant, 3 points. (T. d'imp.)
- * Dickey, di-ké, (m. a.)—Chemisette, plastron.
- Dicter, v. a.
- Rédiger. Ex. Moi je ne suis pas capable de dicter une lettre
comme il faut.
- Différence, n. f.
- Différend. Ex. Si tu veux, nous allons partager la différence
d'en par la moitié.
- Différencer, v. a.—Différencier.
- * Difficultés (en), loc.
- Dans une grande gêne. Ex. Notre fournisseur est en difficultés
depuis ce matin. De l'anglais to be in difficulties,
être gêné en affaires.
- Difformer, v. a.
- Déformer. Ex. Tu as difformé ton chapeau.
- Digérable, adj.—Facile à digérer.
- Digession, n. f.—Digestion.
- Dimanche, n. m.
- Faire ses beaux dimanches de quelque chose, c'est-à-dire conserver
soigneusement quelque chose pour s'en servir dans
les circonstances solennelles.
- Diminuer, v. n.
- S'en aller vers la tombe. Ex. Notre malade diminue vite.
- Dinde, n. m.
- —Personne peu intelligente. Ex. Les dindes de la Malbaie.
Sobriquet qui n'a plus sa raison d'être.
- —Dinde, n. f. Ex. A Noël, nous mangerons un beau gros
dinde. Le mot dinde, pris au masculin, semble vouloir
s'imposer aujourd'hui. L'Académie réglera le litige.
- Dindon, n. m.
- Homme borné. Ex. C'est un gros dindon.
- Dindonne, n. f.
- Femme d'une intelligence bien médiocre. Ex. C'est une
grosse dindonne.
- Dîner avec, loc.
- Manger. Ex. J'ai dîné avec un homard, aujourd'hui vendredi.
- Dîner par cœur.—Se passer de dîner.
- Dint, n. f.—Dent.
- Dire, v. a.
- —Plaire. Ex. J'ai voulu envoyer Pierre aux Pageants,
mais ça ne le lui disait pas.
- —Ecouter. Ex. Dis donc, qu'est-ce que tu me veux?
- —Cela ne me dit rien, cela ne me tente pas.
- —Si le cœur vous en dit, si cela vous plaît.
- —Je ne te dis que cela, le reste serait superflu.
- —Dire du contraire, contredire.
- —Il n'y a pas à dire, malgré tout.
- Dire (pour), loc.
- —Pour ainsi dire. Ex. As-tu pris de l'argent dans mon
porte-monnaie?—Presque pas, pour dire.
- —Pour parler. Ex. Ce que je te dis, c'est rien que pour dire.
- * Directoire, (Angl.)—Almanach des adresses.
- * Directory, teuré, (m. a.)—Almanach des adresses.
- Disable, adj.
- Qui peut être dit sans blesser la morale. Ex. Il m'a raconté
des choses qui ne sont pas disables.
- * Discarter, v. n. (Angl.)—Ecarter. De l'anglais to discard.
- Discompte, n. m.
- Escompte. Le mot discompte est français, mais vieilli.
- Discompter, v. a.—Escompter.
- Disconnecter, v. a.—Enlever la connection.
- Discrétionnaire, adj.
- Loisible. Ex. Il sera discrétionnaire au directeur de faire
comme il l'entendra.
- * Discrimination (sans), loc. (Angl.)
- A la légère. Ex. C'est agir sans discrimination que de
jouer à la Bourse avec l'argent de ses clients.
- Dis donc!
- Interpellation pour attirer l'attention. Ex. Dis donc, qu'est-ce
que tu me chantes-là?
- Diseur, n. et adj.
- Raconteur. Ex. C'est un beau diseur que ce Français qui
a donné une lecture à l'Institut-Canadien.
- Disez, 2e pers. pl. indic. prés. de dire.
- Dites. Ex. Qu'est-ce que vous disez-là?
- * Disgrâce, n. f.
- Honte. Ex. C'est une véritable disgrâce que la conduite
de ce garçon. (Angl.)
- * Disgracieux, adj.—Honteux. (Angl.)
- Disputer, v. n.
- Gronder, réprimander. Ex. Ce vieux passe tout son temps
à disputer, il gronde toute la journée belle et longue.
- Disputer (se), v. pron.
- Se quereller, se chicaner. Ex. Crois-tu en bonne vérité
que je vas me disputer avec toi pour une blague comme
celle-là?
- Disputeux, euse, adj.
- Chicanier, grondeur. Ex. Vieux disputeux que vous êtes,
allez vous serrer?
- Disqualification, n. f.—V. Déqualification.
- Disqualifier, v. a.—V. Déqualifier.
- * Dissatisfaction, n. f. (Angl.)—Dissentiment.
- Dissiper (se), v. pron.—S'amuser.
- Dittel, adv.
- Même chose, le ditto des Anglais. Il paraît assez probable
que ce mot dittel, dans le langage acadien, est le mot ditto
transformé par les Acadiens dans leurs différentes migrations.
- Divorce, n. m.
- —Chicane. Ex. As-tu entendu les chiens hier au soir?
c'était un divorce en règle.
- —En colère. Ex. Je suis en divorce ce matin, j'ai passé
une triste nuit.
- Dix, n. m.
- Jeu. Variété de whist, où il importe surtout de sauver le
dix d'atout, lequel compte dix points. La partie est de 21 points.
- * D'jammer, v. a. (Angl.)
- Arrêter par suite de resserrement ou de pression. Ex. Les
billots sont d'jammés, la roue de cette voiture est d'jammée.
De l'anglais to jam.
- D'jaque, n. m. et adj.
- Individu à taille élancée. Ex. Voici un grand d'jaque. Vient
tout probablement du mot Jack; peut-être aussi de jaque,
juste-au-corps autrefois très porté.
- D'mi=carême, n. f.
- Mi-carême. Ex. Dans quinze jours, ce sera la d'mi-carême.
- Document, n. m.
- Personne qui fait montre de connaissances inattendues et
même étonnantes pour son âge et sa position. Ex. Sais-tu
que ce gas-là, c'est un document?
- Dodicher, v. a.
- —Bercer un enfant dans ses bras.
- —Flatter. Ex. Je n'ai pas besoin d'être dodiché pour faire
ce que je dois faire, je suis trop vieux maintenant.
- Dodiner (se), v. pron.—Se dandiner, se balancer.
- Doigt, n. m.
- —Ne pas faire œuvre de ses dix doigts, ne pas travailler du
tout.
- —Se faire cogner sur les doigts, réprimander.
- —Mettre le doigt dessus, faire connaître clairement.
- —Montrer du doigt, marque d'infamie.
- —Etre unis comme les doigts de la main, grands amis.
- —Ne pas mettre son doigt au feu, avancer une chose.
- —Se mordre les doigts, regretter une action.
- —Se mordre les quatre doigts et le pouce, être très en colère.
- Doigte, n. m.—Doigt. Ex. J'ai mal au petit doigte.
- Doler, v. a.
- Dégrossir un morceau de bois avec une hache ou un couteau.
- Doleur, n. m.
- Celui qui dégrossit les troncs d'arbres avec une hache.
- Dolures, n. f. pl.
- Tout ce qui est enlevé par un instrument tranchant en dolant
du bois, menus copeaux.
- * Dollar, (m. a.)—Piastre.
- Dommage (beau), loc.
- Certainement, sans aucun doute, pourquoi pas? Ex. Penses-tu
que les fêtes du tricentenaire produiront un bon effet à
l'étranger?—Beau dommage!
- * Dompleines, n. f. pl. (Angl.)
- Pâtisserie faite de pommes entourées de pâte et cuite au
bain-marie.
- Don, adv.
- Donc. Ex. Donne-lui don une claque pour moi, je te la
rendrai.
- Donaison, n. f.
- Donation. Ex. Va chercher le notaire Chambalon, je veux
faire une donaison.
- Dondaine, n. f. Grosse fille ou femme.
- Dondine, n. f.
- Femme ou fille qui a de l'embonpoint. Ex. Une grosse
dondine.
- Donner, v. a.
- —Prendre. Ex. Il est temps que j'aille donner ma leçon
de musique.
- —Faire. Ex. C'est un pauvre diable, donne-lui la charité.
- —Abonder. Ex. Le poisson donne beaucoup cette année.
- Donner (se), v. pron.
- —Faire la donation de ses biens. Ex. Je commence à être
vieux, je vais me donner à l'aîné de mes garçons.
- —Se vendre à très bas prix. Ex. Les fraises se donnent, au
marché.
- —Etre contagieux. Ex. Prends garde d'attraper la picote,
car ça se donne.
- —Se procurer. Ex. C'est un mesquin, il n'est seulement
pas capable de se donner un chapeau qui a du bon sens.
- Doré, n. m.
- Poisson très recherché pour la délicatesse de sa chair. Dans
le monde des savants, on l'appelle sauger. Doré est féminin.
- Dor et en avant, adv.—Dorénavant.
- Dormants, n. m. pl.
- Pièces de bois qui servent d'appui et auxquelles sont fixés
les rails des chemins de fer, les traverses.
- Dormette, n. f.
- Somme. Ex. Fais une petite dormette, mon enfant.
- Dormeux, euse, adj.
- Dormeur. Ex. Moi, je ne suis pas un gros dormeux.
- Dormeux (faire le).—Faire semblant de dormir.
- Dormir, v. n.—Dormir un somme, faire un somme.
- Dos, n. m.
- —Epine dorsale du dos, épine dorsale.
- —Etre renvoyé dos à dos, comme on était auparavant.
- —Dans le dos! Non, ce n'est pas cela.
- * Dotche, n. f. (Angl.)
- —Ecart. Ex. Une pelote (balle) qui fait une dotche.
- —Fugue contraire à la règle. Ex. Un écolier qui fait une
spécialité de la dotche.
- * Dotcher, v. n. (Angl.)
- —Rebondir de travers. Ex. Cette pelote dotche trop, prenons-en
une autre.
- —Prendre des libertés avec le règlement. Ex. Il y a parmi
les élèves un certain nombre qui aiment à dotcher, c'est
mal.
- —User de ruses pour s'échapper.
- * Dotcheur, n. m. et adj. (Angl.)—Elève qui dotche.
- Douaine, n. f.—Douane.
- Double, n. m.
- —Autant. Ex. Je vais te prêter cent piastres, tu m'en
remettras deux fois le double dans deux ans, c'est-à-dire
deux cents piastres et non quatre cents, comme le mot
double semble l'indiquer.
- —Epaisseur. Ex. Le docteur a recommandé de mettre
sur sa blessure une serviette pliée en quatre doubles.
- Double (en), loc.
- Courbé en deux. Ex. Marcher en double, quand on a la
colique.
- Double=châssis, n. m.
- Châssis extérieur pour la saison d'hiver seulement.
- Double (lit), n. m.—Grand lit large.
- * Double sole, sôle, (m. a.)
- Double semelle. Ex. Porter des bottes à double sole.
- Douce, adj. f.
- Se la couler douce, vivre sans travailler.
- Douceur (en), loc. adv.
- Lentement et avec précaution. Ex. Vas-y en douceur avec
cet homme-là.
- Douceurs, n. f. pl.
- Mets très délicats. Ex. Ce malade ne peut se nourrir que
de douceurs.
- Doucine, n. f.
- Cuir à rasoir. Ex. Prête-moi ta doucine, que je repasse mon
rasoir. En bon français, la doucine est un rabot de menuisier
servant à faire des moulures concaves par le haut et
convexes par le bas.
- Douille, n. f.
- Sorte de chandeliers accrochés au mur.
- Douleureux, adj.—Douloureux.
- Doutable, adj.—Douteux.
- Doutance, n. f.
- Doute, soupçon. Ex. J'ai une forte doutance de cette affaire-là.
- Doute, n. f. s.
- Doute, m. s. Ex. Je n'ai pas la moindre doute.
- Doute (en), loc.
- Demi intention. Ex. Je suis en doute si je ferai vendre ma
maison.
- Doux, adj.
- Vendre dans les prix doux, vendre à bon marché.
- Douzaine, adj.—La douzaine du boulanger, treize pains.
- Doyon, n. m.—Doigt de gant. V. Catiche, catin.
- D'partir, v. n.
- Venir de partir. Ex. As-tu été à ton bureau ce matin?—Mais
oui, j'en d'pars.
- * Drab, (m. a.)—Gris brun. Ex. Une robe drab.
- * Draft, drafte, (m. a.)—Traite, devis, dessin.
- Drague, n. f.
- Mélange de déchets de cuisine, de lait et d'eau, donné comme
mangeaille aux porcs.
- Draguer, v. a.—Donner de la drague.
- Dragueur, n. m.—Celui qui drague.
- Drame, n. m.
- Cage de bois préparé pour la descente des rivières.
- Drap de pilote, n. m.
- Gros drap épais dont on confectionne les paletots d'hiver.
- Drave, n. f.
- Dérive. Descente d'un train ou cage de bois dans nos rivières,
lorsque les eaux sont grosses.
- Draver, v. n.—Faire la drave.
- Draveur, n. m.—Celui qui fait la drave.
- Drawback, (m. a.)
- Mécompte, inconvénient, désavantage. Ex. Dans toutes
ces choses-là, il y a toujours un drawback.
- * Dredge, (m. a.)—Dragueur.
- Drégaille, n. m.
- Butin, effets. Ex. Cette famille est partie avec tout son drégaille.
En Anjou, on dit drigal pour saint frusquin.
- Drégaye, n. m.—V. Drégaille.
- Drès, prép.—Dès. Ex. Je partirai drès demain.
- Dressir, v. a.—Dresser.
- Drette, adj.
- Droit. Ex. Il est là planté drette comme un as de pique.
- Drette (à), loc. adv.
- A droit. Ex. Passe à drette.
- Drette (tout), loc.
- Tout droit. Ex. Le train est passé tout drette sans s'arrêter.
- Drettier, ère, adj.
- Droitier, opposé à gaucher. Ex. Une personne drettière.
- Drigail, n. m.—V. Drégaille.
- * Drill, n. m. et f., (m. a.)
- —Coutil. Ex. Achète deux verges de drill pour doubler
les manches de ton habit.
- —Foret, mèche.
- —Exercice militaire. Ex. Mon garçon est parti pour la
drill.
- Drille, n. m.—Bon compagnon.
- * Driller, v. a. et n. (Angl.)
- —Faire l'exercice militaire. Ex. Nous allons driller, ce
soir, au manège.
- —Commander sévèrement. Ex. Je me suis fait driller par
mon père.
- —Forer, percer la pierre.
- —Dresser, former. Ex. Nous avons un maître qui sait
driller ses élèves.
- * Drill shed, (m. a.)
- Manège. Ex. Il y aura, ce soir, une grande soirée musicale
au drill shed.
- Drink, n. m., (m. a.)
- Boisson. Vient du vieux mot français drinc.
- Driver, v. n.
- Aller en tous sens sur un chemin glacé. Ex. Prenons garde
de verser, la voiture drive terriblement.
- Drogue, n. f.
- Substances diverses employées par les chasseurs pour attirer
les animaux des bois.
- Droguer, v. a.
- —Donner de la drogue aux bêtes des forêts.
- —Faire prendre un remède.
- Droguet, n. m.
- Etoffe fabriquée à la campagne. Adrien Chabot écrivait, en
1886, dans la Revue des Deux-Mondes: «Droguet, sorte de
tissu fabriqué par les tisserands des campagnes, avec la
laine des bergers et le chanvre des jardins.» Exactement
comme ici, mais en substituant la laine des moutons à la
laine des bergers.
- Drôle, adj.
- —Intéressant. Ex. Cet homme n'est pas drôle.
- —C'est un rien de drôle, sa conduite est blâmable.
- —C'est pas drôle, la situation est bien triste.
- —Un drôle de pistolet, un homme singulier.
- Drôle, drôlesse, n.
- —Expressions employées par les Acadiens pour désigner le
cavalier et sa blonde.
- —Petit garçon. Ex. As-tu vu passer mon petit drôle?
- Drôle (faire), loc.
- Eprouver une sensation curieuse et inaccoutumée. Ex. Depuis
que j'ai pris ce remède, ça me fait drôle dans le corps.
- Drôleté, n. f.—Drôlerie.
- * Dross, n. f., (m. a.)—Ecume qui se forme à la surface d'un
métal fondu.
- Drosser, v. a.—Donner une dégelée, rosser.
- Dru, adv.
- Rapidement, avec vitesse.—Ex. Votre cheval file dru, cocher.
- D'sour, prép.—Dessous.
- D'sur, prép.—Dessus.
- Dû, part, passé de devoir.
- Devoir arriver. Ex. Le train est dû à dix heures.
- * Dude, doude, (m. a.)
- Homme élégant, fashionable, synonyme de petit crevé, en
France.
- * Dull, dol, (m. a.)
- —Sombre. Ex. Le temps est dull.
- —Calme. Ex. Le commerce est dull.
- * Dumb-bell, domm-bel, (m. a.)—Haltère.
- * Dumpling, deum-pling, (m. a.)—Chausson, pâtisserie.
V. Dompleines.
- D'un sens, loc.
- Sous certains rapports. Ex. J'ai manqué mon voyage
d'Europe, d'un sens je n'en suis pas trop fâché.
- Dur, n. et adj.
- —Foie d'un animal. Ex. Nous allons manger du dur de
forçure.
- —Difficile. Ex. Les temps sont durs.
- —Etre dur à son corps, ne pas regarder à ses peines.
- —Un dur à cuire, énergique.
- —Dur à la détente, parcimonieux.
- —Dur de gueule, cheval difficile à contrôler par les rênes.
- —Entendre dur, être presque sourd.
- —Dormir dur, profondément.
- —Coucher sur le dur, sur la dure.
- —Taper dur, taper fort.
- —Manger dur, manger beaucoup.
- —Le vent souffle dur, violemment.
- —Etre dur à son mal, être peu sensible à la douleur.
- Durante, prép.—Durant. Ex. Sa vie durante.
- Durceur, n. f.—Dureté.
- Durcir, v. n.
- Devenir sourd. Ex. Les oreilles lui durcissent, il devient
sourd.
- Durçon, n. m.—Homme sévère, qui tape fort.
- * Duster, dosseteur, (m. a.)—Cache-poussière.
- Eau, n. f.
- —Faire l'eau, faire eau. Ex. Notre chaloupe fait l'eau,
vite gagnons terre.
- —Faire de l'eau, faire eau. Ex. Le toit de ma maison fait
de l'eau.
- —Aller faire de l'eau, aller puiser de l'eau dans un tonneau,
une barrique, pour abreuver le bétail.
- —Etre tout en eau, avoir très chaud.
- —S'en aller à l'eau, courir à la ruine.
- —Tomber de l'eau, uriner.
- Eau d'endormitoire, n. f.
- Opium, ou tout médicament qui a l'effet de produire le sommeil.
- Eau de piaume, n. f.—Opium.
- Eau d'érable, n. f.
- Sève de l'érable recueillie au printemps, que l'on fait bouillir
pour fabriquer le sucre du pays ou d'érable.
- Eau de vaisselle, n. f.
- Tourner en eau de vaisselle, tourner à rien.
- Eau salée, n. f.
- Campagnes le long du fleuve Saint-Laurent où l'eau est
salée. Ex. Nous irons passer l'été à l'eau salée.
- Eau (place d'), n. f.
- Station balnéaire. Ex. Cacouna et Malbaie sont deux places
d'eau toujours populaires.
- Eaux, n. m. pl.
- Urines. Ex. Etre gêné de ses eaux.
- Ebaroui, e, adj.
- —Cuve, tonneau, tinette dont les douves, contractées par la
chaleur, laissent filtrer les liquides. Ex. La tinette au
beurre est ébarouie.
- —Courbaturé par un coup ou une chute.
- Ebasourdir, v. a.
- —Abasourdir, étourdir par le bruit. Ex. Ebasourdi par
un fort coup de canon.
- —Consterné. Ex. La nouvelle de cette mort m'a ébasourdi.
- Ebergiver, v. a. (Cl).—Héberger.
- Ebouillanter, v. a.
- —Infuser, échauder. Ex. Marie, ébouillante le thé.
- —Arroser par une évacuation d'urine. Ex. Ce bougre
d'enfant m'a encore ébouillantée.
- —Nettoyer un baril avec de l'eau bouillante.
- —Brûler avec un liquide bouillant.
- Eboulis, n. m.
- Eboulement. Ex. Il y a eu, cette nuit, un éboulis d'une
partie du cap Diamant.
- Ebourifflant, e, adj.
- Ebouriffant, extraordinaire, incroyable. Ex. Une nouvelle
ébourifflante.
- Ebouriffler, v. a.
- Ebouriffer. Ex. Tu as les cheveux ébourifflés, tu as l'air
d'un sarpida.
- Ebraillé, e, adj.—Déboutonné. Ex. Avoir la gorge ébraillée.
- Ebrassement, n. m. (Cl.)—Embrassement.
- Ebrèché, adj.
- Brèche dans un râtelier. Ex. Cet enfant a la bouche ébrèchée.
- Ebrècher (s'), v. pron.
- Se faire rouler. Ex. Cette affaire est trop difficile à régler
pour lui, il va certainement s'ébrècher.
- Ebriter, v. a.—Ebruiter.
- Ebruter, v. a.—Ebruiter.
- Ecale, n f.
- —Coquille. Ex. Cet œuf a l'écale bien tendre, il doit être
frais pondu.
- —Ecaille. Ex. Va jeter les écales d'huîtres dans la cour.
- Ecaler, v. a.—Ecosser. Ex. Ecaler des pois, des fêves.
- Ecarde, n. f.—Carde, brosse garnie de pointes métalliques.
- Ecardée, n. f.
- Cardée, quantité de textile qu'on prend à la fois entre deux
cardes.
- Ecarder, v. a.
- —Carder, peigner, démêler la laine avec des cardes.
- —Battre, frapper à la tête, au sens figuré.
- De Gaspé a écrit écardit pour écarda.
- Ecardeur, euse, n. m. et f.
- Cardeur, une personne qui carde. Ex. Une écardeuse de
matelas.
- Ecartade, n. f.—Incartade, folie, extravagance.
- Ecartant, e, adj.
- Endroit où l'on s'écarte facilement. Ex. Montréal n'est
pas une ville aussi écartante que Québec.
- Ecarter, v. a.
- Egarer, perdre. Ex. J'ai écarté mon parapluie.
- Ecarter (s'), v. pron.
- —S'égarer, se perdre dans une forêt, dans une ville.
- —Se fourvoyer. Ex. Pierre vieillit, il lui arrive parfois de
s'écarter.
- Ecartiller, v. a.
- —Ecarquiller, écarter. Ex. Cesse donc d'écartiller les
jambes.
- —Ouvrir grand. Ex. Ecartille donc les yeux, si tu veux
bien voir.
- Ecartillement et écartiller étaient autrefois en usage, en
France.
- Ecartiller (s'), v. pron.
- S'ouvrir, s'écarter. Ex. S'écartiller les yeux, les jambes,
les bras.
- Echaffourée, n. f.
- Echauffourée, esclandre. Le véritable sens du mot est une
réunion où l'on se dispute beaucoup, sans grands résultats.
- Echalote, n. f.
- —Partir en bale d'échalote, partir à la course.
- —Passer en bale d'échalote, passer rapidement.
- Echange, n. f.
- Echange, n. m. Ex. J'ai fait là une bonne échange.
- Echangeage, n. m.—Essangeage, action d'essanger.
- Echanger, v. a.
- Essanger, passer à l'eau du linge sale avant de le mettre à
la lessive.
- Echantillion, n. m.—Echantillon.
- Echantion, n. m.—Echantillon.
- Echappe, n. f.
- —Echarde, petit fragment d'un corps quelconque qui est
entré dans la chair.
- —Déversoir, endroit par où s'épanche l'excédent de l'eau
d'un marais, d'un étang.
- Echappée, n. f.
- Moment d'abandon. Ex. Cet écolier a fait un mauvais
coup, mais ce n'est qu'une échappée.
- Echapper, v. a.
- —Laisser échapper. Ex. Il a échappé le cheval en le menant
à l'écurie.
- —Laisser tomber. Ex. J'ai échappé mon chapeau au vent.
- Echardronner, v. a.
- Echardonner, arracher les chardons d'un jardin, d'un champ.
- Echarogner, v. a.
- —Briser à la surface. Ex. Le pain est tout écharogné.
- —Couper mal. Ex. Echarogner un rosbif, la barbe, les
cheveux.
- Echarognure, n. f.—Déchirure, écorchure.
- Echarpe, n. f.—Echarde. V. Echappe.
- Echarpe (en), loc. adv.
- —Qui dépérit. Ex. Cet enfant est en écharpe.
- —En pièces, en loques. Ex. J'ai mis mon habit en écharpe.
- Echarpiller, v. a.
- —Echarper, mettre en charpie. Ex. Echarpiller de la laine.
- —Maltraiter.
- Echarpir, v. a.
- —Echarper. Ex. Aujourd'hui, nous allons écharpir ce qui
nous reste de laine.
- —Battre. Ex. Cet enfant est si incommode, que j'ai envie
de l'écharpir.
- Echauder, v. a. et n.
- —Attraper. Ex. Je me suis fait échauder de la belle façon.
- —Infuser. Ex. Marie, tu échauderas du thé pour le souper.
- —Brûler au soleil. Ex. Le blé a échaudé depuis la dernière
pluie.
- Echauffaison, n. f.
- Pleurésie grave provenant d'un refroidissement, du chaud et
du frette; le chaud-refroidi dans le langage berrichon et
angevin.
- Echauffé, e, adj.
- Avoir la peau irritée par une légère inflammation, dans les
aisselles, dans les plis du cou. Ex. Un enfant échauffé
au cou, dans l'aîne.
- Echelle, n. f.
- Echelette. Ex. Nous allons commencer nos foins, prépare
la charrette et n'oublie pas les échelles.
- Echeniller, v. a.
- Critiquer à outrance un ouvrage, un livre.
- Echerpiller, v. a.
- Echarpiller, écharper, mettre en charpie. D'après Borel, ce
mot aurait signifié voler sur le grand chemin.
- Echevinat, n. m.—Echevinage, fonction d'échevin.
- Echiffe, n. f.
- —Chiffe, mauvaise étoffe que l'on met au rebut, bouts de
laine hors d'usage.
- —Chiffons, en général, vieux morceaux de toile et de coton
qui entrent dans la fabrication du papier de luxe.
- Echiffer, v. a.
- —Effiler, défaire un tissu fil à fil. Ex. Echiffer une étoffe.
- —Echarper. Ex. Echiffer de la laine, du crin.
- Echiffoir, n. m.
- Peigne dont se servent les cardeurs pour échiffer.
- Echigné, e, n. et adj.
- Personne malingre, souffreteuse. Ex. Ho! la grande échignée,
là-bas, tu te meurs!
- Echigner (s'), v. pron.
- Travailler au delà de ses forces. Ex. Il faut s'échigner pour
faire certains ouvrages.
- Echiquette (à l'), loc.
- Mesquinement. Ex. Payer ses comptes à l'échiquette.
- Echiquette (en), loc.
- En échiquier. Ex. Corder le bois en échiquette, faire un
plancher en échiquette. V. Achiquette.
- Echo, adj.—Sonore. Ex. Le temps est écho aujourd'hui.
- Echouer (s'), v. pron.
- —Atterrir, en parlant des loups-marins qui viennent au
rivage.
- —Prendre pied. Ex. Comment se fait-il que tu es venu
t'échouer chez nous?
- Echoueries, n. f.
- Roches que la mer ne recouvre pas, et où les loups-marins
viennent se reposer.
- Echousser, v. a.
- Enlever les souches qui sont restées dans un terrain après
qu'on a abattu les arbres.
- Eci, écitte, adv.
- Ici. Ex. Passe par écitte.—Par écitte nous sommes tous
rouges.
- Eclater, v. n.
- Fondre en larmes. Ex. Quand il apprit la mort de sa mère,
il éclata. Eclater, pris absolument, veut dire éclater de rire.
- Eclater (s'), v. pron.—Eclater. Ex. Il s'est éclaté de rire.
- Eclipe, n. f.—Eclipse.
- Eclôre, v. n. et a.—Eclore.
- Ecluse, n. f.
- Lâcher l'écluse, ne vouloir plus se taire.
- Ecocher, v. a.
- Détacher les débris de la partie ligneuse du chanvre ou du
lin.
- Le vieux mot écocher signifiait écraser.
- Ecochoir, n. m.
- Instrument dont on se sert pour broyer le lin, le chanvre.
- Ecochoué, n. m.—Instrument qui sert à écocher.
- Ecœuranterie, n. f.
- Ecœurement. Ex. Quelle écœuranterie que ce cirque?
- Ecole (montrer, faire l'), loc.
- —Enseigner. Ex. Nous avons une bonne maîtresse, elle
montre bien l'école.
- —Mettre un enfant aux écoles, l'envoyer à l'école primaire,
aux petites écoles.
- Ecolleter, v. a.—Décolleter. Ex. Une robe écolletée.
- Ecolleter (s'), v. pron.—Se décolleter.
- Econôme, n. et adj.
- —Econome. Ex. L'éconôme du séminaire.
- —Ménager. Un homme éconôme.
- Ecopeau, n. m.
- Copeau. Ex. Ramasser des écopeaux pour allumer le poêle.
- Ecore, n. f. et adj.
- —Accore, berge. Ex. Nous pêcherons à la rivière en nous
tenant sur l'écore. Monet cite le mot escore pour signifier
une côte à pic, taillée à plomb.
- —Incliné. Ex. Les bords de cette rivière sont écores.
- Ecorner, v. a.
- —Blesser. Ex. En voilà toujours bien un d'écorné.
- —Donner des coups en général.
- Ecornifler, v. a.
- Espionner. Ex. Qu'est-ce que tu viens écornifler ici? Il
n'y a rien pour toi. En France se dit pour voler, râfler à
droite et à gauche.
- Ecornifleux, se, adj.
- —Ecornifleur, qui fait métier d'espion.
- —Fureteur.
- Ecôsse, n. f.—Cosse.
- Ecôsser, v. a.—Ecosser.
- Ecossois, n. et adj.—Ecossais.
- Ecot, n. m.—Parti. Ex. Un écot de tire.
- Ecourté, e, adj.
- —Trop court. Ex. Une robe écourtée.
- —Etre affublé d'un habit trop court. Ex. Une personne
écourtée.
- Ecourtiché, e, adj.
- Porter un habit trop court. Ex. Une petite fille écourtichée.
- Ecourtiller, v. a.—Ecourter. Ex. Avoir une mine écourtillée.
- Ecoute, n. f.
- Filer grande écoute, aller un train d'enfer.
- Ecouter dire, loc.
- —Ecouter patiemment. Ex. Il m'a parlé pendant une
grosse heure, et je l'ai écouté dire tout le temps sans dire
un mot.
- —Entendre dire. Ex. Je l'ai écouté dire des choses insensées.
- Ecouter (s'), v. Pron.
- Soigner sa santé, en se croyant plus malade qu'on ne l'est.
Ex. Tu t'écoutes trop, tu n'est pas aussi malade que tu
penses.
- Ecquêt, n. m.
- Acquêt. Ex. Tu as plus d'ecquêt d'aller te coucher, il est
tard.
- Ecrabouiller, v. a.
- Ecraser, mettre en bouillie. Forme du vieux français escrabouiller,
acrabiller.
- Ecrapoutir, v. a.
- —Faire succomber dans la lutte. Ex. S'est-il fait écrapoutir,
ce vilain menteur? Il a enfin trouvé son maître.
- —Aplatir et déformer un corps par un choc violent ou une
pression. Ex. J'ai reçu un coup de poing qui m'a écrapouti
le nez.
- En Anjou, écrapoutir comporte la même signification.
- Ecrapoutir (s'), v. pron.
- —S'écraser par terre en prenant le moins d'espace possible.
- —S'effacer devant quelqu'un au point de faire disparaître
sa personnalité.
- —Se déformer.
- Ecriancher (s'), v. pron.—V. Egriancher.
- Ecrire, v. a.
- Ecrire une bonne main, avoir une belle écriture.
- Ecrit, n. m.
- Un papier, un assignation comme témoin, comme juré.
- Ecrit (mot d'), n. m.
- Courte lettre. Ex. Je vous adresse un petit mot d'écrit pour
vous faire assavoir de mes nouvelles, qui sont bonnes, Dieu
marci.
- Ecrivain, n. m.—Copiste.
- Ecrivisse, n. f.—Ecrevisse.
- Ecro, n. m.
- Ecrou de vis. Autrefois écro se disait.
- Ecroît, n. m.
- Croît, augmentation d'un troupeau par la naissance de
petits.
- Ecruelles, n. f. pl.—Ecrouelles, scrofules.
- Ecu, n. m.
- —Tu as perdu ton écu, cours après ta piastre, tu as manqué
ton coup, eh bien! reprends-toi et fais mieux.
- —Voilà bien le restant des écus, il ne manquait plus que cela.
Furetière, Scarron et Molière ont employé cette expression.
- Ecuelles, n. f.—Ecrouelles.
- Ecui, n. m.—Etui.
- Ecuisser, v. a.
- Enlever les cuisses d'un animal.
- Ecuisser est français, et signifie faire éclater le tronc d'un
arbre en l'abattant.
- Ecuisser (s'), v. pron.
- Se briser les cuisses en tombant. Ex. J'ai rasé m'écuisser
en tombant.
- Ecume, n. f.
- Blanc d'écume, couvert d'écume. Ex. Un cheval blanc
d'écume.
- Ecumer, v. n.
- Se fâcher noir. Ex. J'écume rien qu'à penser à cette sale
affaire.
- Ecumoire, n. f.
- Avoir la figure comme une écumoire, avoir la figure marquée
par des pustules varioliques.
- Ecurer (s'), v. pron.
- S'éclaircir. Ex. Le temps commence à s'écurer.
- Ecureu, n. m.
- Ecureuil. Ex. Ma foi d'écureu!
- Ecureuil volant, n. m.—Polatouche du Canada.
- Ecuyer, n. m.
- Ce mot était usité dans le pays avant que nous l'eussions
traduit de l'anglais. Cugnet et Berthelot, avocats, portaient
le titre d'écuyer avant la cession du Canada à l'Angleterre
par la France. Cugnet le prend dans son livre, un
des premiers imprimés à Québec. Il est vrai que c'était
sous le régime anglais. Nous lisons sur le Traité des Hypothèques
de Basnage «Henry Basnage, Ecuyer, Avocat
au Parlement de Normandie». Les raisons que l'on donne
pour abandonner ce titre, n'ont rien à faire avec la grammaire
et l'étymologie. Elles s'adressent au bon goût
seulement; du reste, comme pour le mot Orateur. La
question se trouve réglée par la dernière édition du Dictionnaire
de l'Académie. Dans les Registres du Conseil
Souverain, plusieurs de ses membres et des parties qui
comparaissaient devant lui, sont qualifiés d'écuyers. Le
titre n'est donc pas de provenance anglaise. Au contraire,
il est très probable que ce sont les Anglais qui l'ont emprunté
aux Normands.
- Eduquer, v. a.
- Instruire. Ex. Mon enfant est bien éduqué.
- Efface, n. f.
- Gomme élastique qui sert à enlever les marques du crayon
ou de l'encre.
- Effaçoir, n. m.—Gomme élastique.
- Effalé, e, adj.—Qui a la gorge découverte, la falle à l'air.
- Effardocher, v. a.
- Enlever les fardoches, les broussailles, les jeunes pousses des
arbres vivants ou morts, essarter.
- Effet, n. m.
- —Faire effet, produire de l'effet. Ex. Tu me diras si
remèdes ont fait effet.
- —Faire de l'effet, produire de l'impression.
- —En effet de, en fait de. Ex. Ce que je préfère en effet de
sucreries, c'est le chocolat.
- —Si c'est un effet de votre bonté, si vous avez la bonté.
- Effet que (à l'), loc. prép.
- —Clause statuant telle ou telle chose.
- —A savoir, c'est-à-dire.
- Effette (en), loc. adv.—En effet.
- Effeuiller, v. a.
- Feuilleter, tourner les feuillets.
- Effieller (s'), v. pron.
- Se rendre malade. Ex. Cet enfant s'est effielé en jouant,
(comme si le fiel était en cause).
- Effilandre, n. f.
- Filandre, fibrille qui se rencontre dans une viande coriace.
- Effilandrer, v. a.
- Enlever les filandres.
- Effleurer, v. a.
- Affleurer. Ex. Vois là-bas cette roche qui effleure l'eau.
- Effrayable, adj.
- Effroyable. Ex. Il fait une tempête effrayable.
- Effrayamment, adv.—Effroyablement.
- Effrayant, adj. part.
- C'est beau, effrayant, c'est extraordinairement beau, tellement
beau que je suis stupéfié.
- Effuser, v. a.
- Infuser. Ex. Effusez le thé, Marie, et assurez-vous que
l'eau bouille à gros bouillons.
- Egail, n. m.
- Rosée. Mot employé par les Acadiens pour désigner la rosée
du matin qui se dépose en gouttelettes sur les feuilles.
Egail est cité par Monet dans le même sens.
- Egaler, v. a.
- Enlever les gales qui se forment sur une plaie, un ulcère.
- Egard de (en), loc. adv.
- Par rapport à. Ex. En égard de ce que vous m'avez dit, j'y
repenserai.
- Egarouiller, v. a.
- Egaré, troublé. Ex. Il a les yeux égarouillés, comme s'il
devenait fou.
- Egermer, v. a.
- Enlever le germe des pommes de terre.
- Egoïsse, adj.
- Egoïste. Ex. M'en parle pas, c'est un êgoïsse.
- Egousiller (s'), v. pron.
- S'égosiller. Ex. Voilà un quart d'heure que je m'égousille
à t'appeler.
- Egousser, v. a.—Ecosser. Ex. Egousser des pois, des fèves.
- Egoutté, e, adj.
- Lait égoutté, fromage égoutté, lait caillé dont on laisse égoutter
le petit lait.
- Egraffigner, v. a.
- Egratigner. Ex. Il a le visage tout égraffigné, couvert de
blessures occasionnées par des égratignures. Dans l'ancien
français, ce mot signifiait écrire mal.
- Egraffignure, n. f.—Egratignure.
- Egrandir, v. n.—Agrandir.
- Egrandissement, n. m.—Agrandissement.
- Egrémiller, v. a.
- —Egrener. Ex. Egrémiller des épis.
- —Emietter. Ex. Egrémiller du pain.
- Egrener (s'), v. pron.
- Se disperser, s'en aller les uns après les autres.
- Egriancher (s'), v. pron.
- Faire un grand effort, se briser le corps en lui donnant des
positions forcées. Ex. Si tu continues à forcer comme cela,
tu vas t'égriancher.
- Eguenillé, e, adj.—Déguenillé.
- Ehancher, v. a.—Déhancher, déséquilibrer les hanches.
- Ehancher (s'), v. pr.
- Se déhancher, se luxer l'articulation de la cuisse.
- Eil, n. m.—Œil. Ex. J'ai manqué me crever un eil.
- Ein, eine, art. et. adj. num.
- Un, une. Ex. Ein bon homme, eine bonne personne, il y
en avait rien qu'eine de morte.
- Eïou, adv.—Veux-tu nie dire eïou ce que tu vas?
- Ejambée, n. f.—Enjambée.
- Ejamber, v. a.—Enjamber.
- Ejârer (s'), v. pron.
- S'écarter les jambes violemment, de façon à tomber par terre.
Ex. Il s'est éjâré en patinant.
- Ejeveau, n. m.—Echeveau. Ex. Un éjeveau de laine, de soie.
- Elagne, n. m.
- Instant. Ex. Attends-moi un élagne. Expression acadienne.
- Elaise, n. f.—Planche ajustée à une autre pour l'élargir.
- Elaite, n. f.—Laite de poisson.
- Elaiter, v. a.
- Débarrasser le beurre du petit lait. Ex. Marie, cours élaiter
le beurre, il nous en faut pour déjeuner.
- Elan, n. m.
- Moment, instant. Ex. Attends-moi un petit élan. Cette
expression cadre bien avec l'élagne des Acadiens.
- Electrique, n. m.
- Tramway mû par l'électricité. Ex. Nous prendrons l'électrique
au bas de la côte du Palais.
- Elément, n. m.
- Manière. Ex. C'est son élément de parler mal du prochain.
Français, mais familier.
- Eléphant, n. m. et f.—Personne très grosse et très lourde.
- Elévateur, n. m.
- Ascenseur. Ex. Prenons l'élévateur pour nous rendre à la
haute-ville.
- Elévateur n'est pas un anglicisme; se dit d'un appareil pour
soulever les poids, les denrées, les navires.
- Elèves, n. m. pl.
- Veaux, gorets, poulets, canards. Ex. Il faut que j'aille
donner de la nourriture à mes élèves.
- Eléxir, n. m.—Elixir.
- Elingué, e, n. m. et f.
- Personne grande et fluette. Ex. C'est un grand élingué.
Une élingue est une corde pour soulever les fardeaux.
- Elisable, adj.—Qui peut être élu.
- Eloëze, n. m.
- Eclair. Expression acadienne. Borel cite le mot éloëse pour
éclair. Vient du latin elucere, éclairer.
- Elondation, n. f.—Inondation.
- Elonder, v. a.—Inonder. Ex. Le ruisseau est élondé.
- Elonger. v. a.—Porter. Ex. Elonger un coup de pied.
- Elonger (s'), v. pron.
- —S'étendre de tout son long. Ex. Il s'est élongê sur la
glace en patinant.
- —S'étirer, s'allonger en étendant ses membres. Ex. S'élonger
dans son lit.
- Elure, v. a.—Elire.
- Emagination, n. f.—Imagination.
- Emaginer, v. a.—Imaginer.
- Emanation, n. f.
- Emission. Ex. L'émanation d'un bref.
- Emaner, v. a.
- Lancer, émettre. Ex. Emaner un bref, un mandat.
- Embabouiner (s'), v. pron.
- S'envelopper la figure avec soin, de manière à ne laisser voir
que le bout du nez.
- Embâclage, n. m.
- Embarras, obstacle. D'après Oudin, embâcle se disait jadis.
Embâclage se dit encore d'un accoutrement singulier.
- Embâcler, v. a.
- Se faire prendre dans une mauvaise affaire. Ex. Nous
voilà bien embâcles, avec cette affaire sur les bras.
- Embâcler (s'), v. pron.
- S'embarrasser. Ex. Je me suis embâclé dans une affaire qui
menace de me ruiner.
- Embarcation, n. f.
- Affaire. Ex. J'ai acheté des actions de la Compagnie
minière de la Baie de Chaleur, c'est une bien triste embarcation
que j'ai faite.
- Embardée, n. f.
- —Emballement. Ex. En voilà un qui n'est bon qu'à
prendre des embardées.
- —Ecart brusque. Ex. Notre carriole prend des embardées,
pourvu que nous ne versions pas.
- Embarder, v. a.—Faire des écarts brusques.
- Embarder (s'), v. pron.
- —Se laisser emporter trop loin dans une affaire.
- —Se mettre de travers, en parlant d'un canot.
- Embardeux, se, adj.—Qui s'emballe facilement.
- Embargo, n. m.
- Embarras. Ex. S'il continue à mal se conduire, je lui
créerai des embargo de façon à ce qu'il se corrige.
- Embarlificoter, v. a.—V. Emberlificoter.
- Embarlificoter (s'), v. pron—-V. Emberlificoter (s').
- Embarquement, n. m.—Embarcadère.
- Embarquer, v. a. et n.
- —Mettre, déposer. Ex. Embarque-moi ces deux piastres
dans ton porte-monnaie.
- —Entrer, faire entrer. Ex. Embarque dans mes bras, dans
le tramway.
- —Sauter. Ex. Embarque sur le dos du cheval.
- —Embarquer sur le dos de quelqu'un, l'ennuyer par des discours,
des plaintes, des doléances interminables. Ex.
Quand celui-là m'embarque sur le dos, il ne débarque plus.
- Embarras (clôture d'), n. f.
- Clôture grossière faite avec des branchages et du bois de
rebut.
- Embârrer, v. a.
- Mettre sous clef ou sous verrou. Ex. Embârre pas la porte
sur moi.
- Embârrer (s'), v. pron.
- Fermer la porte sur soi avec une clef, un verrou, une barre.
- Embas (en),
- En bas. Ex. Le thermomètre marque six en embas de zéro.
- Emberlicoter (s'), v. pron.
- S'embarrasser. V. le mot suivant.
- Emberlificoter, v. a.
- —Embarrasser, empêtrer. Ex. Je l'emberlificoterai au premier
jour, s'il cherche encore à me blaguer.
- —Enjôler. Ex. Il m'a conté un tas d'histoires, tellement
qu'il a fini par m'emberlificoter, et je lui ai prêté cinq piastres.
Le vieux français disait emburelicoquer. La langue
a conservé le mot emberlificoter dans le style familier,
et l'on trouve en patois emberlander, emberliner et emberlofer,
toujours pour exprimer la même idée.
- Emberlificoter (s'), v. pron.
- S'empêtrer. Ex. S'emberlificoter les jambes dans les branches.
S'emberlificoter dans son discours.
- Emberné, adj.—Dans l'embarras de mauvaises affaires.
- Embêter, v. a.
- Aveugler quelqu'un en affaires. Ex. Il l'a embêté proprement.
- Embiber, v. a.—Imbiber.
- Embich'ter, v. a.
- —Avaler vite. Ex. J'ai embich'té ce verre de vin avec un
grand plaisir.
- —Mettre, déposer. Ex. Embich'te-moi ce cinq piastres dans
ton porte-monnaie.
- Embobiner, v. a.
- Vêtir chaudement. Ex. Cette femme est bien embobinée.
- Embobiner (s'), v. pron.
- S'envelopper avec soin pour se garantir du froid.
- Emboîter, v. a.—Mettre en boîte.
- Embotter (s'), v. pron.—Mettre ses bottes.
- Embouchage, n. f.
- Embouchure. Ex. Le jeune Dumais joue bien de la flûte,
il a une belle embouchage.
- Embouffetage, n. m.—Action d'embouffeter.
- Embouffeter, v. a.
- Travailler les planches de manière à ce qu'elles puissent
être assemblées au moyen de rainures et de languettes.
- Embouffeteur, n. m.—Qui embouffette.
- Embourber, v. a.
- —Engager dans la neige. Ex. Mon cheval est embourbé,
detelons-le.
- —Engager dans un travail de longue haleine et rempli de
difficultés.
- Embourber (s'), v. pron.
- —S'engager dans un banc de neige.
- —Se livrer à des travaux multiples dont on ne peut prévoir
l'issue.
- Embourrer, v. a.
- Envelopper. Ex. Embourre-moi ce paquet de linge?
- Embouveter, v. a.—V. Embouffeter.
- Embrassement, n. m.
- Embrasement, action d'élargir de dehors en dedans la baie
d'une porte pour donner du jeu aux battants.
- Embrelicotage, n. m.—Confusion, brouillamini.
- Embrelicoter, v. a.—Embrouiller.
- Embreunir, v. pron.
- S'embrunir, se couvrir. Ex. Le temps s'embreunit.
- Embrocher, v. a.
- Mettre du poisson en broche, pour former une brochetée.
V. Broche et Brochetée.
- Embrouille, n. f.
- Embarras, confusion. Imbroglio des Italiens.
- Eméché, adj.
- Pris de vin. Ex. Mon garçon, tu commences à être pas mal
éméché.
- Emécher, v. a.—Moucher. Ex. Emécher la chandelle.
- Emérillon, n. m.—Epervier brun, ou faucon des marais.
- Emiocher, v. a.—Emietter.
- Emitation, n. f.
- Imitation. Ex. Ces meubles ne sont pas en chêne solide,
mais en émitation.
- Emite, n. f.
- Limite. Ex. Il y a des émites à tout. Il fait beau sans
émites.
- Emiter, v. a.—Imiter.
- Emmaigrir, v. a. et n.—Amaigrir.
- Emmalicer, v. a.—Rendre malin.
- Emmaler, v. a.—Mettre dans une malle.
- Emmancher, v. a.
- —Etre pris dans une mauvaise affaire. Ex. S'est-il fait
emmancher un peu?
- —Habiller, vêtir. Ex. Ne va pas sortir emmanché comme
cela.
- Emmanchure, n. f.
- —Affaire mal conduite. Ex. Je suis pris dans une triste
emmanchure.
- —Manière dont un outil est emmanché.
- —Habit mal fait. Ex. Quelle emmanchure as-tu sur le dos?
- Emméliorer, v. a.—Améliorer.
- Emmenable, adj.
- Qui peut être emmené. Ex. Habillé comme tu es, mon
petit, tu n'es pas emmenable.
- Emménager, v. a.
- Mettre aux bons endroits les collets, les trappes destinées à
prendre les animaux à fourrures. (Terme de vénerie.)
- Emmener, v. a.
- Amener. Ex. Cet hiver, il neige tous les jours que le Bon
Dieu emmène.
- Emmerdement, n. m.—Ennui profond.
- Emmerder, v. a.—Tromper grossièrement.
- Emmerder (s'), v. pron.—S'ennuyer beaucoup.
- Emmiâler, v. a.
- Tromper comme un chat, chercher â séduire par des avis
doucereux, leurrer.
- Emmitainer, v. a.—Mettre des mitaines.
- Emmitainer (s'), v. pron.—Se mettre des mitaines.
- Emmitoner (s'), v. pron.—Mettre ses mitons. V. Miton.
- Emmouracher (s'), v. pron.—S'amouracher.
- Emmurailler, v. a.
- Emmurer, enfermer entre des murailles.
- Emouchettes, n. f. pl.—Mouchettes.
- Emoustillé, ée, adj. part.
- Agité, remuant. Ex. Cet enfant est passablement émoustillé,
il faudra le calmer.
- Emouver, v. a.—Emouvoir.
- Emouver (s'), v. pron.—S'émouvoir.
- Emoyer (s'), v. pron.
- S'enquérir, s'informer. Expression acadienne.
- Empaffé, e, adj.—Enivré.
- Empaffer (s'), v. pron.
- Se bourrer de nourriture ou se gorger de vin.
- Empaillure, n. m.
- Empaillage, action d'empailler. Ex. L'empaillure d'une
chaise.
- Empanner (s'), v. pron.—S'en faire accroire.
- Emparer (s'), v. pron.
- S'empresser. Ex. Je me suis emparé de lui faire savoir ma
façon de penser. (Cl.)
- Empas, n. m. pl.
- Gonflement inflammatoire du palais des chevaux.
- Empâter, v. a.—V. Ampâter.
- * Emphase, n. f.
- Conviction, énergie. Ex. Parle-t-il avec emphase cet orateur
là? (Angl.)
- * Emphatiquement, adv.
- Catégoriquement. Ex. Je nie cela emphatiquement. (Angl.)
- Empiétation, n. f.—Empiètement.
- Empiffer, v. a.—Empiffrer. V. Empaffer.
- Empigeonner, v. a.
- Etre sous l'influence d'un être supérieur. Ex. Je ne sais
ce qui se passe, mais depuis quelque temps je ne puis rien
faire de bien, mes animaux meurent les uns après les
autres, je crois vraiment que je suis empigeonné.
- Empilage, n. m.—Empilement, action de mettre en pile.
- Empille, n. f.
- Empile, ligne, fil qui s'ajoute au bout des ligues latérales.
(Terme de pêcheur.)
- Emplâte, n. f.—Emplâtre.
- Emplâtre, n. m. et f.
- —Personne gauche et un peu niaise. Ex. Quel emplâtre
que j'ai là à mon service.
- —Emplâtre, n. f. Ex. Une bonne emplâtre de moutarde.
- Emplayer, v. a.
- Employer. Ex. Moi j'emplaye cinquante mains.
- Emplette (faire), loc.
- Devenir père d'un nouvel enfant. Ex. Me dirais-tu qui ce
qui vient de faire emplette? Entends-tu les cloches qui
sonnent le baptême?
- Empleyer, v. a.—Employer.
- Emplir, v. a.
- —Ne pas tarir en racontars. Ex. Ne viens pas m'emplir
comme tu as déjà fait.
- Emplois, n. m.—Empois.
- Empocher, v. a.
- —Blouser. (Terme de billard).
- —Mettre en poche, en sac. Ex. Empocher des patates,
des carottes, des navets.
- Empocheter, v. a.
- Empocher, mettre dans sa poche. Ex. Empocheter des marbres.
- Empoélure, n. f.
- Substance charbonneuse qui se dépose à la surface extérieure
des chaudrons exposés au feu.
- Empoisonner, v. a.
- Sentir mauvais. Ex. Sauve-toi, mon petit salaud, tu empoisonnes
tout le monde.
- * Emporter, v. a.
- —Adopter. Ex. Cette motion sera-t-elle adoptée? Emportée,
carried. (Angl.)
- —Enflammer. Ex. Cet enfant a toute une joue emportée.
- —Emporter le morceau, réussir d'emblée.
- Emprêter, v. a.
- Emprunter.
- Empunaisé, e, adj. part.
- Infesté de punaises.
- En, adv.
- —Passer en belette, filer dru.
- —Marcher en bedeau, marcher avec ordre.
- —Passer en souris, fuir honteux.
- —Voir tout en soleil, avoir des éblouissements.
- En aiguillettes.—V. Aiguillettes.
- En approbation.—V. Approbation.
- En arracher.—V. Arracher.
- Enarvement, n. m.—Enervement.
- Enarver, v. a.—Enerver.
- En bas de, loc. adv.
- Au-dessous. Ex. Le thermomètre marque 5° en bas de zéro.
- Emu, e, adj. part.
- Sous l'effet des spiritueux. Ex. Je commence à être légèrement
ému, je m'en aperçois.
- Encabaner (s'), v. pron.
- —Se réfugier dans sa cabane, dans sa maison, pour y
séjourner.
- —Se couvrir la figure d'une manière presque complète.
- Encache, n. f.—Enveloppe de lettres.
- Encadrage, n. m.—Encadrement.
- Encager, v. a.—Mettre en prison.
- Encalifourchonner, v. a.—Mettre à califourchon.
- Encalifourchonner (s'), v. pron.
- Se mettre à califourchon.
- Encalmé, e, adj.—Vaisseau pris dans une accalmie.
- Encan, n. m.
- —Par encan, à l'encan. Ex. Fais-tu vendre ton ménage
par encan? Oui, par encan.
- —Faire encan, vendre à l'encan.
- Encanter, v. a.—Vendre à l'encan. V. Ancanter.
- Encanteur, n. m.
- Commissaire-priseur. Ex. Le meilleur encanteur de Québec,
c'est M. Maxime.
- Encapoter, v. a.
- Mettre un capot sur le dos d'un autre. Ex. Je vais t'encapoter,
afin de ménager ton rhumatisme.
- Encapoter (s'), v. pron.
- S'habiller soi-même pour sortir. Ex. Encapote-toi comme
il faut, car il fait une tempête.
- Encarcaner, v. a.
- —Mettre un animal au carcan.
- —Réduire une personne à l'impuissance. Ex. Si tu ne te
retires tout de suite, je vais t'encarcaner.
- Encaver, v. a.
- —Faire une entaille dans le bois.
- —Enfoncer un objet dans un autre ou dans le sol.
- Encenser, v. a.
- Remuer la tête de haut en bas. Se dit du cheval.
- Enchâsser, v. a.—Encenser.
- Enchensoir, n. m.—Encensoir.
- Enchiforné, adj.—Enchifrené.
- En ci, loc.
- D'ici à. Ex. Nous avons le temps de nous voir en ci et le
jour de l'An.
- Enclaquer (s'), v. pron.—Mettre ses claques.
- Enclaver, v. a.—Anneler.
- Enclope, n. f.
- Abot, entrave au pied d'un cheval.
- Enclos, n. m.
- Fourrière. Ex. Mettre un cheval à l'enclos.
- Encombrance, n. f.—Encombrement, embarras.
- Encombrer, v. a.
- Mettre plus que la mesure. Ex. Tu vas me donner un
minot d'avoine, mais tu mettras la mesure encombrée, et je
te paierai en équipollent.
- Encontre (à l'),—Aller à l'encontre, aller au contraire.
- Encornailler (s'), v. pron.
- Encorner. Ex. La noire et la grise passent leur temps à
s'encornailler.
- Encorner, v. a.
- Frapper avec les cornes, sans blesser. Ex. Je me suis fait
encorner par une vache, elle ne m'a pas fait mal.
- Encre de perle, n. f.—Nacre de perle. V. Ancre.
- Encrotté, e, adj.
- Rempli de crottes. Ex. Avoir le nez encrotté.
- Encrucher, v. a.—Mettre en cruche.
- En deci, loc. adv.
- D'ici à. Ex. Je te paierai en deci Noël.
- Endécis, adj.—Indécis.
- En dedans de, loc. adv.
- En moins de. Ex. Mon cheval fait son mille en dedans de
trois minutes.
- Endéhorer, v. a.
- Sortir. Ex. Endéhore-moi la porte au plus vite, ou je vais
me fâcher.
- Endémené, ée, adj.
- Espiègle, turbulent, évaporé. Ex. Cet enfant est endémené.
Expression très en vogue autrefois en France.
(Lac. de S. P.)
- En démon, loc.—Furieux.
- En dessous, loc. adv.
- Hypocrite, sournois. Ex. Cette fille me paraît en dessous.
- Endêver, v. a.
- Impatienter. Ex. Je l'ai fait endêver de mon mieux. Du
français diable, de l'italien diavolo, de l'anglais devil.
- En devoir, loc.—V. Devoir.
- En diable, loc.—En furie.
- Endormable, adj.
- Qui peut être endormi. Ex. Des enfants qui ne sont pas
endormables.
- Endormir (s'), v. pron.
- —Se rebuter, se lasser. Ex. C'est un paresseux, il s'endort
sur son ouvrage.
- Endormitoire, n. f.
- Sommeil. Ex. Tu ne dors pas, prends de l'eau d'endormitoire.
Vers dix heures, l'endormitoire me prend, et je me
flanque au lit.
- Endos, n. m.
- Endosse, trouble, peine, ennui. Ex. C'est toujours le pauvre
qui a l'endos.
- Endreit, n. m.
- —Endroit.
- —Pays natal. Ex. Nous sommes tous les deux du même
endreit.
- Endreitte (à l'), loc.
- Côté par lequel une chose doit être regardée. Ex. Regarde
à l'endrette plutôt qu'à l'envers. En France on dit à
l'endrette pour envers, vis-à-vis.
- Endurer, v. a.
- —Tolérer. Ex. Je l'endure, celui-là, mais ça force.
- —Avoir besoin. Ex. Il fait froid, j'endurerais bien un
manteau pesant.
- Endurer (s'), v. pron.
- Supporter la douleur. Ex. J'ai un si gros mal de tête, que
je ne suis plus capable de m'endurer.
- En échiquette.—V. Echiquette.
- Enfaîter, v. a.
- Emplir jusqu'au faîte. Ex. Nos foins sont terminés, la
grange est enfaîtée.
- Enfaller, v. a.
- Se dit des volailles qui n'ont pas pu digérer les aliments
contenus dans leur falle (jabot).
- Enfaller (s'), v. pron.—S'engouer.
- Enfance, n. f.
- Sénilité. Ex. Ce vieillard est en enfance, c'est certain, il a
des paroles écartées.
- Enfant de chienne, n. m.
- Expression grossière à l'adresse d'une personne tarée.
- Enfant du diable, n. m.—Bête puante, putois.
- Enfarges, n. f. pl.
- Entraves mises aux chevaux ou aux bœufs pour les empêcher
de sauter les clôtures.
- Enfarger, v. a.
- —Mettre les enfarges à un cheval.
- —Réduire quelqu'un à l'impuissance.
- Enfarger (s'), v. pron.
- —Se fourrer dedans.
- —S'empêtrer. Ex. Ce charretier s'est enfargé les jambes
dans ses cordeaux.
- En fête, loc.—Sous l'influence des liqueurs fortes.
- En fifre, loc.—De très mauvaise humeur.
- Enfifreouâper, v. a.
- Berner outre mesure. Ex. Je l'ai enfifreouâpé de la belle
façon, il ne s'est aperçu de rien.
- Enfifreouâpeur, n. m.—Qui fait l'action de tromper.
- Enfilée, n. f.—Enfilade.
- Enfiler, v. a.
- —Accompagner.
- —Enfiler des perles, flaner, s'amuser. D'après Oudin, enfiler
des perles se disait autrefois pour être un grand discoureur.
- Enfiler (s'), v. pron.
- Manger. Ex. Je me suis enfilé une tranche de rosbif saignant.
- Enfioler, v. a.—Avaler avec rapidité.
- Enflammable, adj.—Inflammable.
- Enflammation, n. f.—Inflammation.
- Enflammatoire, adj.
- Inflammatoire. Ex. Je souffre d'un rhumatisme enflammatoire.
- Enfle, n. f.—Enflure. Ex. Ce garçon a une enfle au visage.
- Enflé, e, n. m. et f.
- Enflé, adj. Individu bouffi d'orgueil. Ex. Un grot enflé.
- Enfoncer, v. a.
- —Réfuter, réduire à quia. Ex. Monsieur Ladue a enfoncé
son adversaire sur tous les hustings.
- —Perdre son argent. Ex. Il s'est fait enfoncer dans sa
récente spéculation à la Bourse.
- Enfouir (s'), v. pron.—S'enfuir.
- Enfourner, v. a.
- Avaler. Ex. Enfourne-moi ça dans ton gosier.
- Enfrédir, v. n.—Refroidir.
- Enfrédir (s'), v. pron.—Se refroidir. Ex. Le temps s'enfrédit.
- Enfroidir, v. n.—Refroidir.
- Enfroidir (s'), v. pron.—Se refroidir.
- En fusil, loc.—D'une humeur massacrante.
- Engagé, e, adj.
- Serviteur, domestique. Ex. J'ai deux filles engagées à mon
service.
- Engagement, n. m.
- —Fiançailles. Ex. Mademoiselle, voici votre bague d'engagement.
- —Rendez-vous. Ex. J'ai un engagement avec le rédacteur
de l'Action Sociale pour dix heures.
- * Engager, v. a.
- —Se fiancer. Ex. Pierre et Lucette se marieront aux jours
gras, voilà déjà plus d'un an qu'ils sont engagés. (Angl.)
- —Occupé. Ex. Hello! voulez-vous me mettre en communication
avec le numéro 1828?—La ligne est engagée.
(Angl.)
- Engager, ère, adj.
- Domestique. Ex. J'ai une bonne fille engagère que je paie
dix piastres par mois.
- Enganter, v. a.—Mettre des gants.
- Enganter (s'), v. pron.
- Mettre soi-même ses gants.
- Engearber, v. a.—Engerber.
- Engencement, n. m.—Agencement.
- Engenouiller (s'), v. pron.—S'agenouiller.
- Engin, n. m.—Locomotive.
- * English, Inn-glishe, (m. a.)
- —Saint-Augustin, 14 points. (T. d'impr.)
- —Double english, palestine, 28 points.
- Engouer (s'), v. pron.
- S'étouffer en mangeant. Borel écrit: Engouer, se suffoquer
en mangeant.
- En grand.
- —Servir la messe en grand, remplir les fonctions de thuriféraire
ou de cérémoniaire.
- —D'une façon extraordinaire. Ex. En voilà un qui s'est
fait blaguer en grand.
- Engrandir, v. a.—Agrandir.
- Engrener, v. a.
- S'enraciner. Ex. Il ne faut pas laisser engrener le mal
avant qu'il soit trop tard.
- Engrener (s'), v. pron.
- —Accoutumer. Ex. Je suis tellement engrené dans cette
affaire, que je me crois indispensable à ceux qui l'ont
entreprise.
- —Persister. Ex. Pourquoi s'engrener dans cette mauvaise
habitude de trop boire de vin?
- En gribouille.—Eu difficulté, en chicane.
- Enguenillé, e, adj—Déguenillé.
- Engueulade, n. f.—Action d'engueuler.
- Engueulement, n. m.—Action d'engueuler.
- Engueuleur, n. m.
- Celui qui engueule, qui dit de grossières injures aux autres.
- Engueuler, v. a.—Dire de grosses injures.
- Enguiabler, v. a.—Endiabler.
- Enhuiler, v. a.—Oindre d'huile.
- En j'haut, prép.—En haut.
- Enjôleux, euse, n. et adj.—Enjôleur.
- En l'air, loc.
- —Evaporé. Ex. Une jeune fille en l'air.
- —Dans un endroit élevé. Ex. Monter en l'air, sauter en
l'air, grimper en l'air.
- —Gai, joyeux. Ex. Comme tu es en l'air aujourd'hui, sur
quelle herbe as-tu pilé?
- Enlargir, v. a.—Elargir.
- Enlever (s'), v. pron.—S'en aller.
- Enlourdir, v. n.—Alourdir.
- En mains, loc.—En caisse.
- Enmialer, v. a.—V. Amiauler.
- Enmoyenné, e, adj.
- En moyen. Ex. Quand je serai plus enmoyenné, je te paierai.
- Enneiger, v. a.
- Couvrir de neige. Ex. Si tu veux conserver tes viandes
durant l'hiver, mets-les dans un baril et enneige-les.
- Enneiger (s'), v. pron.
- Etre couvert de neige. Ex. Il fait une tempête épouvantable,
me voilà tout enneigé.
- Ennicher, v. a.—Mettre dans une niche.
- En nuit.—Durant la nuit.
- Ennuyant, adj.
- Ennuyeux. Ex. Dieu, que c'est ennuyant!
- Ennuyer (s') de quelqu'un.
- Eprouver de l'ennui de son absence.
- Ennuyeux (être), loc.
- S'ennuyer d'habitude. Ex. Je suis incapable de m'absenter
de chez moi pour plus d'une semaine, je suis trop ennuyeux.
- Enondation, n. f.—Inondation.
- Enonder, v. a.—Inonder.
- * En opération, loc.
- En vigueur. Ex. Cette loi sera mise en opération, aussitôt
qu'elle aura été sanctionnée par le lieutenant-gouverneur.
(Angl.)
- En outre, loc. adv.
- Outre. Ex. Qu'est-ce que tu veux en outre de ce que je
t'ai déjà donné?
- En par (d'), loc. adv.
- —Dès le moment même. Ex. C'est fini d'en par là.
- —A partir de. Ex. D'en par aujourd'hui, je ne reconnaîtrai
plus tes dettes.
- En petit, loc.
- Servir la messe en petit, remplir les fonction d'acolythe.
- En plein.—Beaucoup.
- Enque, n. f.—Encre.
- En quelque part, loc. adv.
- Quelque part. Ex. Il est allé en quelque part.
- Enrager, v. n.
- Etre tourmenté d'un désir violent. Ex. J'enrage d'aller
me promener aux Etats.
- En rapport avec, loc.
- Au sujet de. Ex. M. l'avocat est venu à Québec, en rapport
avec l'affaire de la banque de St-Pierre.
- Enrefreidir (s'), v. pron.
- Se refroidir. Ex. Le temps s'est enrefreidi depuis le matin.
- Enrefroidir (s'), v. pron.—Se refroidir.
- Enrégistrer, v. a.
- —Recommander. Ex. Je viens de recevoir une lettre
pleine d'argent, heureusement qu'elle était enregistrée.
(Angl.)
- —Enregistrer, porter sur un registre.
- Enrelaidir (s'), v. p.
- S'enlaidir. Ex. Mademoiselle Larivière s'enlaidit tous les
jours.
- En relation avec, loc.—En rapport avec.
- Enretourner (s'), v. pron.
- Retourner. Ex. Nous nous enretournerons chez nous demain
matin.
- Enrevenir (s'), v. pron.
- Revenir. Ex. Je suis enrevenu avec mon petit bonheur.
- Enrhumé, e, adj.—Enroué. Ex. Il a le parlé enrhumé.
- Enroser, v. a.—Arroser. Oudin et Cotgrave citent enroser.
- Enrouillé, e, adj.—Enrhumé.
- Enroutiner, v. a.—V. Aroutiner.
- Enroutiner (s'), v. pron.—V. S'aroutiner.
- Enseigner, v. a.
- Donner une prescription. Ex. Le docteur m'a enseigné un
bon remède pour le rhumatisme.
- Ensemble (se mettre), loc.
- Se dit d'un homme et d'une femme qui se marient.
-
Breton et sa femme se sont mariés,
Se sont mis ensemble, c'est pour faire des paniers.
- Ensembler, v. a.—Assembler.
- En snette, loc.—En boisson depuis plusieurs jours.
- En sorcier, loc.—En furie.
- * En style, staïle (Angl.)
- —Bien habillé, bien mis.
- —Bien disposé, en joie.
- Ensumencer, v. a.—Ensemencer.
- Entaille, n. f.
- Incision faite à l'érable pour permettre à la sève de s'écouler.
- Entailler, v. a.
- —Faire une incision à l'écorce de l'érable pour permettre à
la sève de s'écouler.
- —Fabriquer du sucre d'érable. Ex. Entaillez-vous, ce
printemps?—Sans doute, je vais commencer demain.
- Entarder (s'), v. pron.—S'attarder.
- En temps, loc.
- —A l'heure fixée d'avance. Ex. Le train est-il en temps?
- —A temps. Ex. Tu tâcheras d'arriver en temps.
- Entendement, n. m.
- —Ouïe. Ex. Il est un peu dur d'entendement.
- —Entente. Ex. Il n'y a pas d'entendement possible avec
un être comme ça.
- Entendre, v. a.
- —Entendre dur, avoir l'oreille dure.
- —Etre sourd d'une oreille et ne pas entendre de l'autre, être
complètement sourd.
- —Ne pas entendre de cette oreille-là, ne pas l'entendre de
cette façon.
- Enterfaite, n. f.—Entrefaite.
- Enterprenant, adj.—Entreprenant.
- Enterprendre, v. a.—Entreprendre.
- Enterprise, n. f.—Entreprise.
- Enterrable, adj.—Qui peut être enterré.
- Enterrement, n. m.
- Ereintement. Ex. Ce beau parleur n'a pas été heureux;
son adversaire lui a servi un enterrement de première
classe, tout en le couvrant de fleurs.
- Enterrer, v. a.
- Couvrir. Ex. Va voir dans la cour si ton traîneau n'est pas
enterré dans la neige.
- —Fêter. Ex. Nous allons, ce soir, enterrer le mardi gras.
- Enterrer (s'), v. pron.
- Etre surchargé. Ex. Je suis enterré dans l'ouvrage depuis
un mois.
- Entertainement, (m. a.)—Divertissement.
- Entertiendre, v. a.—Entretenir.
- Entêter, v. a.
- Causer des maux de tête. Ex. Ce parfum-là entête.
- Enteur, prép.
- Entre. Ex. Tu passeras enteur deux.
- Enteurse, n. f.
- Entorse. Ex. Je me suis fait une enteurse à la jambe.
- Entièrément, adv.—Entièrement.
- Entôlage, n. m.—Action d'entôler.
- Entôler, v. a.
- Poser de la tôle. Ex. Entôler un poêle.
- Entome, n. f.
- Entame. Ex. L'entome d'un pain. Rabelais a écrit entomme.
- Entomer, v. a.—Entamer.
- Entonne, n. f—-Entonnoir.
- Entonnoir, n. m.
- Buveur. Ex. Quel entonnoir que cet ivrogne!
- Entonnoué, n. m.—Entonnoir.
- Entortiller, v. a.—Circonvenir, tromper.
- Entortiller (s'), v. pron.
- Se vêtir chaudement.
- Entour, adv.
- Autour. Ex. Je l'ai toujours entour de moi.
- En tous les jours, loc.
- En habit de semaine. Ex. Je suis dans mon en tous les
jours, je n'irai pas à l'église comme cela.
- Entrage, n. f.
- Ouverture donnée à un hameçon pour former la courbe
voulue.
- En train (se mettre), loc.—S'enivrer.
- Entre ci, adv.
- D'ici à. Ex. Entre ci Pâques, il y a quarante jours.
- Entre-cloison, n. f.
- Cloison en bois lattée, et préparée pour recevoir le crépi.
- Entre-deux, n. m.
- Séparation entre deux stalles (barrures) d'écurie.
- Entregarder (s'), v. pron.
- Se regarder réciproquement. Ex. Ils s'entregardent comme
deux chiens de faïence.
- Entregeler, v. a.
- A moitié gelé. Ex. De la viande entregelée.
- Entre-manger (s'), v. pron.
- Se dire des injures mutuellement. Ex. A quoi bon vous
entremanger tous deux? accordez-vous.
- Entrée, n. f.
- —Vestibule. Ex. Essuyez vos pieds dans l'entrée.
- —Inscription. Ex. Tu auras la précaution de faire cette
entrée dans le journal.
- Entremi, adv.
- A travers. Ex. Le pommes ne sont pas bien grosses, cette
année, mais il y en a de fameuses entremi.
- Entremordre (s'), v. pron.
- Médire l'un de l'autre. Ex. S'entremordre entre voisins,
ce n'est pas édifiant.
- Entre=plancher, n. m.
- Entrevous, intervalle entre deux solives dans un plancher.
Ex. Vous mettrez du mortier dans l'entre-plancher.
- Entreprendre, v. a.
- —User jusqu'à la corde. Ex. Mon propriétaire ne fait
pas de trop bonnes affaires, je crois qu'il en a grand d'entrepris.
- —Réduire, mettre à la raison. Ex. Si tu veux dire comme
moi, nous allons l'entreprendre, celui-là.
- Entrequien, n. m.
- Entretien. Ex. Une maison d'entrequien.
- Entrequien (dur d'), loc.
- Difficile à soigner. Ex. Mon cheval est dur d'entrequien.
- Entrer, v. n.
- —Enregistrer, inscrire. Ex. Veuille donc entrer ce compte
au grand-livre.
- —Faire entrer. Ex. Entre le cheval dans l'écurie.
- Entrer-sortir, v. n.
- Entrer et sortir. Ex. Il n'a fait qu'entrer-sortir.
- Entresembler (s'), v, pron.
- Se ressembler. Ex. Ils s'entresemblent comme deux gouttes
d'eau.
- * Entretenir, v. a.
- —Recevoir. Ex. Nous avons passé deux jours chez lui,
il nous a entretenus princièrement. (Angl.)
- —Concevoir. Ex. J'entretiens des doutes sur son compte.
(Angl.)
- Entretint, part. passé.
- Entretenu. Ex. J'ai entretint mon homme pendant une
grosse heure.
- Entreverdir, v. n.
- Commencer à verdoyer. Ex. Les arbres entreverdissent à
vue d'œil.
- Envaler, v. a.
- Avaler. Ex. Envale-moi ça, mon vieux, ça va te guérir.
- Enutile, adj.—Inutile.
- Envaliser, v. a.—Emballer, empaqueter.
- Envarié, e, adj.—Avarié.
- Envelime, adj.
- En furie. Ex. Ne me parle pas ce matin, je suis envelime.
- Envelimer, v. a.
- Envenimer. Vieux français. Un ancien proverbe disait:
-
Paroles rapportées
Sont envelimées.
- Envelimure, n. f.
- Plaie ou coupure infectée par le contact d'un insecte venimeux.
- Envers (à l'), loc. adv.
- —Bouleversé. Ex. Qu'as-tu? tu me parais tout à l'envers.
- —Tourner son capot à l'envers, changer de parti politique.
- En veux-tu en v'là, loc.
- En grande abondance. Ex. Des noisettes, cette année, il
y en a en veux-tu en v'là.
- Envieux, n. m.
- Envie, petite pellicule qui se détache de la peau autour des
ongles. Ex. J'ai un envieux au pouce. Envieux se dit
en France, mais au féminin: une envieux.
- En v'lime, loc.—V. Envelime.
- Environs (aux), loc.
- Environ. Ex. J'ai aux environs de quinze piastres dans ma
poche.
- Environs (dans les), loc.
- A peu près, environ. Ex. Il y a bien dans les environs de
deux lieues pour aller au saut Montmorency.
- Envoi, n. m.
- —Facture. (Angl.)
- —Note.
- Envoirai (j'), futur du verbe envoyer.
- J'enverrai. Ancienne forme française. Nous disons aussi
j'envoirais au conditionnel.
- Envolée, n. f.
- Elan. Ex. J'ai pris mon envolée et j'ai sauté par-dessus la
clôture.
- Envoyable, adj.
- Qui est à envoyer. Ex. Ce paquet n'est pas envoyable, arrangé
comme il est là.
- Envoyer, v. a.
- —Il s'est fait envoyer cela, compter avec des expressions
dures.
- —Ça, c'est envoyé, c'est bien dit.
- —Envoyer faire foute, chasser.
- —Envoyer sous le four, chasser.
- —Envoyer à la gomme, chasser.
- —Envoyer le torchon, dire des mots durs.
- —Envoyer au diable, envoyer au sucre, envoyer au sacre,
envoyer paître, toutes expressions qui signifient à peu
près la même idée: celle de chasser quelqu'un de sa présence.
- Envoyer (s'), v. pron.
- Se mettre à l'œuvre avec une grande vigueur.
- Envrâler, v. a.
- Aller de droite et de gauche dans le but de voir ou de faire
des recherches. Ex. Qu'as-tu à vouloir ainsi envrâler
tout le quartier.
- —Faire table rase, s'emparer de tout ce qui se présente.
- Envrâleux, se, n. et adj.
- —Qui rôde ci et là avec ou sans but particulier.
- —Qui s'empare de tout ce qui lui tombe sous la main.
- Envriller, v. a.—Vriller.
- Epailler, v. a.—Disperser.
- Epailler (s'), v. pron.—Se disperser.
- Epais, se, adj.
- —En quantité. Ex. A force de dépenser son argent, à la
fin il ne lui en restera pas épais.
- —Chargée, en parlant de la langue. Ex. Avoir la langue
épaisse.
- —Saint-Epais, individu lourd, grossier.
- —Ne pas en avoir épais sur le brochet, être très maigre.
- —Etre épais dans le plus mince, être très lourd d'esprit.
- Epanouir (s'), v. pron.
- Fromage qui prend la consistance de la crème. Ex. Un
fromage raffiné qui s'épanouit.
- Epargne, n. f.—Surtout de table.
- Eparpailler, v. a.
- Eparpiller, répandre sans ordre. Ex. Le foin est éparpaillé
dans la grange.
- Eparpillage, n. m.
- Eparpillement, action d'éparpiller.
- Epatant, adj.—Etonnant. Ex. Ce gas-là est épatant.
- Epaté, e, adj.
- Abasourdi, dans un grand étonnement. Ex. Je suis allé
voir les pageants, et j'ai été épaté.
- Epatement, n. m.—Action d'épater.
- Epater, v. a.—Etonner.
- Epater (s'), v. pron.——S'étonner.
- Epatrouillant, adj.—Epatant, étonnant.
- Epatrouiller, v. a.—Etonner outre mesure.
- Epaule, n. f.
- —Avoir les épaules larges, pouvoir endurer beaucoup.
- —En avoir par-dessus les épaules, ne pouvoir endurer davantage.
- Epée, n. f.—Brave comme l'épée du roi, très brave.
- Epées, n. f. pl.
- Ridelles placées en avant et à l'arrière d'une charrette pour
permettre une plus grosse charge de foin ou de gerbes.
- Epelan, n. m.—Eperlan.
- Epergne, n. f.—Surtout.
- Epervier des pigeons, n. m.—Faucon des pigeons.
- Epeurer, v. a.
- Effrayer. Ex. Epeure-moi point, je suis trop nerveux. «On
peut être épeuré sans être effrayé».—(Jaubert.)
- Epiceries, n. f. pl.
- Epicerie. Ex. Où achètes-tu tes épiceries?—Chez l'épicier
du coin.
- Epine, n. f.—Aubépine. Ex. Une haie d'épines.
- Epine du dos, n. f.—Epine dorsale.
- Epine dorsale du dos.—Epine dorsale.
- Epinette (petite), n. f.—Epinette blanche.
- Epinette rouge, n. f.—Mélèse d'Amérique.
- Epingle de bois, n. f.
- Petit instrument en bois, avec ouverture dans le sens de la
longueur, qui sert à tenir en place le linge suspendu sur
une corde pour le faire sécher.
- Epinglette, n. f.—Broche, épingle.
- Epingue, n. f.
- —Epingle.
- —Jouer aux épingues, jouer à la poussette.
- Epître, n. f.
- Chanter une épître, faire des remontrances.
- Eplucher, v. a.
- Peler. Ex. Marie, épluche les patates pour le dîner, tu éplucheras
aussi un peu de blé d'Inde et des pommes.
- Epluchette, n. f.
- Réunion de parents et d'amis où on enlève au blé d'Inde
en épi ses feuilles.
- Eplucheux, euse, n. m. et f.—Eplucheur.
- Eplure, n. f.
- Pelure. Ex. Des éplures de patates, d'oignons.
- Epoiler, v. a.
- —Enlever le poil.
- —Battre, rosser.
- Epoitrailler (s'), v. pron.
- Laisser sa poitrine découverte.
- Epoitriner (s'), v. pron.
- —Se forcer les poumons à crier. Ex. Je me suis époitriné
à force de crier après lui.
- —Menacé de phtisie.
- Epaumoner (s'), v. pron.
- S'époumoner, crier à pleins poumons.
- Eponge, n. f.
- Buveur invétéré. Ex. C'est une vraie éponge, il boit depuis
des années et ne dérougit point.
- Epongeage, n. f.—Action d'éponger.
- Eponger, v. a.
- Enlever avec un linge humide le lustre des draps, afin d'éviter
les taches que la pluie y ferait sans cette précaution.
- Epouffer (s'), v. pron.
- Pouffer. Ex. En entendant cette drôle d'histoire, il s'est
épouffé de rire.
- Epoussetoir, n. m.—Epoussette.
- Epoussettouer, n. m.—Epoussette.
- Epoussièrer, v. a.—Epousseter.
- Epouvante, n. f.
- —Grande hâte. Ex. Il fait tout à l'épouvante, ça devient
fatigant.
- —Allure vertigineuse. Ex. Mon cheval a pris l'épouvante,
nous avons manqué nous tuer.
- Equarri, e, adj.
- Bien planté. Ex. Voici un gas qui est bien équarri.
- Equarriture, n. f.
- Stature, carrure. Ex. Le garçon de mon frère a une belle
équarriture.
- Equerre, n. f.—Tiré à l'équerre, bien tiré.
- Equeuter, v. a.
- Enlever la queue. Ex. Equeuter des pommes, des cerises.
- Equilatéral, adj.
- Indifférent. Ex. Cela m'est pas mal équilatéral.
- Equilibre (sur l'), loc.
- Indécis. Ex. Je suis sur l'équilibre pour pouvoir dire si je
partirai.
- Equiôlé, e, adj.—Etiolé.
- Equipage, n. f.
- Dégât. Ex. Les enfants ont étendu toutes leurs bébelles au
beau milieu de la place, c'est pas qu'une petite équipage.
Molière a employé ce mot pour désigner costume, et La
Fontaine pour meubles.
- Equiper, v. a.
- —Salir. Ex. Comme je passais au coin, je me suis étendu
tout de mon long, et j'ai équipé mes pantalons.
- —Dans une situation pénible. Ex. En voilà un qui en a
grand d'équipé.
- —Malade, blessé. Ex. Je me suis fait mal à la main en
tombant, regarde comme j'ai le pouce équipé.
- Equiper (s'), v. pron.
- —Se salir. Ex. S'équiper les pieds en marchant dans la
boue.
- —Se blesser. Ex. Je me suis équipé la jambe sur une
pierre.
- Equipet, n. f.
- Petit compartiment dans un grand coffre, où l'on dépose les
menus objets. Probablement du mot éclipèque, qui, en
France, veut aussi dire tiroir latéral d'un coffre.
- Equipollent (en), loc. adv.
- A l'equipollent, équivalant. Ex. Tu me donneras ce que
tu voudras, mais en équipollent de ce que je t'ai donné.
- Erable bâtarde, n. f.—Erable à épis.
- Erable sirop (d'), n. m.
- Sirop fabriqué avec l'eau ou la sève extraite de l'érable.
- Erablière, n. f.—Forêt d'érables.
- Erailler, v. a.—Ecorcher légèrement, effleurer la peau.
- Erailler (s'), v. pron.—S'érafler.
- Erbière, n. f.
- Estomac des ruminants. Ex. Je lui arraché l'erbière. Lacurne
de Sainte-Pallaye cite ce mot.
- Ereinte (à toute), loc.
- De toutes ses forces. Ex. Je l'ai poursuivi à toute éreinte,
et je n'ai pu l'attraper.
- Èrer, v. n.
- Errer. Ex. Si tu laisses èrer tes animaux, tu seras poursuivi
par la municipalité.
- Erésipèle, n. m.—Erysipèle.
- Eridelle, n. f.
- Ridelle. Ex. Mets les éridelles à la charrette à foin.
- Erien, adv.—Rien. Ex. Je travaille presque pour erien.
- Erifler, v. a.—Effleurer la peau.
- Eriflure, n. f.—Eraflure, légère écorchure.
- Eripiaux, n. m. pl.—Oreillons.
- Erlevée, n. f.—Relevée, l'après-midi.
- Erocher, v. a.
- Enlever les roches, les pierres d'un champ.
- Eronce, n. f.—Ronce.
- Eronde, n. f.
- Aronde. Ex. Ma maison de campagne est bâtie à queue
d'éronde.
- Erre, n. f.—Arrhe. Ex. Donner une piastre d'erre. V. Air.
- Erusser, v. a.
- —Détacher les feuilles d'une plante en faisant glisser dans
la main, de bas en haut, la tige qui les porte. L'origine
de ce mot vient du fait qu'on cueillait les feuilles du lierre
(éru) au moyen de ce procédé.
- —User. Ex. Tu as érussé tes culottes au genoux.
- Erysipère, n. m.—Erysipèle.
- Escabeau, n. m.
- —Tabouret, petit meuble qu'on met sous ses pieds.
- —Echelle double, échelle de peintre, de tapissier, de libraire.
- Escafignon, n. m.
- Cafignon, chausson. Ex. Quelle odeur abominable! ça sent
l'escafignon. Rabelais s'est servi de la même expression
pour dire la même chose.
- Escalier, n. f.
- Escalier, n. m. Ex. Crois-tu, quelle belle escalier.
- Escandale, n. m.—Scandale.
- Escandaleux, se, adj.—Scandaleux.
- Escapulaire, n. m.—Scapulaire.
- Escârres, n. m. pl.
- Etalage. Ex. Madame fait ses escârres.
- Escarrer (s'), v. pron.
- Affecter de grands airs. Ex. Madame Pepin ne s'escarre
pas qu'un peu, elle fait sa grande dame.
- Escarreux, se, adj.
- Personne affectée, vaniteuse.
- Esclande, n. f.—Esclandre.
- Esclipe, n. f.—Eclipse.
- Esclopé, e, adj.
- Eclopé. Ex. Ils se sont battus et vergés à coups de poing,
et ils sont revenus pas mal esclopés.
- Escogriffe, n. m.
- Homme mal bâti et de haute taille. Vient d'escroc et de
gripon. (Oudin et Cotg.)
- Escouer, v. a.
- —Secouer. Ex. Escoue mon par-dessus, il est couvert de
neige.
- —Corriger, battre.
- Escouer (s'), v. pron.
- —Se donner du mal. Ex. Ce garçon arrivera, il s'escoue
gros.
- —S'agiter brusquement pour se débarrasser d'une chose.
Ex. Va t'escouer, ton habit est plein de poussière.
- —Sortir, s'en aller au grand air. Ex. Cours t'escouer, tu
sens mauvais.
- Escousse, n. f.
- Espace de temps. Ex. Je t'ai attendu une bonne escousse.
Se disait autrefois pour mouvement, action, course qui sert
à mieux sauter. (Mad. de Sévigné.)
- Escousses (par), loc. adv.
- Par intervalles, à diverses reprises. Ex. Docteur, j'ai des
douleurs à l'estomac, mais seulement par escousses.
- Escrofuleux, se, adj.—Scrofuleux.
- Escrupuleux, se, adj.—Scrupuleux, se.
- Escuse, n. f.
- Excuse. Ex. Je vous demande escuse.
- Escuser, v. a.
- Excuser. Ex. Escusez, Monsieur, si je vous coupe la parole.
- Espâce, n. f.
- —Espace, n. m.
- —Intervalle.
- Espèce de...
- Locution pour exprimer toute espèce d'injures. Ex. Espèce
d'imbécile! Espèce de bon à rien! Espèce de traîneux!
Tout simplement Espèce.
- Espérer, v. a. et n.
- —Attendre. Ex. Espérez-moi, je serai à vous dans cinq
minutes.
- —Aimer à croire. Ex. J'espère bien que vous ne me tromperez
point.
- * Espérette, n. f.
- Spiritueux. Ex. Allons prendre un verre d'espérette. (Angl)
spirit.
- Espication, n. f.—Explication.
- Espiègue, n. m. et f.—Espiègle.
- Espionneux, se, adj.—Espion.
- Esplicable, adj.
- Explicable. Ex. Une pareille conduite n'est pas esplicable.
- Esplication, n. f.—Explication.
- Espliquer, v. a.—Expliquer.
- Esprès, adv.—Exprès.
- Espress, n. m.—Express.
- Esprit d'épinette.
- Finesse risquée. Ex. Cet homme, qui en a pourtant pas
trop à vendre, se mêle de vouloir faire de l'esprit, mais
c'est de l'esprit d'épinette.
- Esquelette, n. m.
- Squelette. Ex. Etre maigre comme un esquelette.
- Esquis, e, adj.—Exquis, se.
- Essaye, n. m.
- Essai. Ex. J'ai pris cet homme-là à l'essaye.
- Esseau, n. m.
- Ouverture ménagée dans une digue, pour laisser couler
l'excès de l'eau.
- Esseil, n. m.—V. Essaye.
- Esseu, n. m.—Essieu.
- Essiver, v. a.—Lessiver.
- Essue=mains, n. m.—Essuie-mains.
- Essuer, v. a.
- Essuyer. Ex. Essue la table avant de mettre la nappe.
- Essuifer, v. a.—Enlever le suif.
- Estampille, n. f.
- Timbre-poste. L'estampille est un timbre employé pour attester
l'authenticité, la provenance ou la propriété d'un
livre, d'un brevet.
- Estampiller, v. a.
- Poser un timbre-poste sur une enveloppe de lettre.
- Estampine, n. f.—Estampille.
- Estâtue, n. f.
- Statue. Ex. Pourquoi restes-tu là planté comme une estâtue?
- Est-ce pas?—N'est-ce pas?
- Estèque, n. m.
- —Fin. Ex. Nous avons fini de construire cette maison,
mettons-y le bouquet, ce sera l'estèque.
- —Dernière levée, au jeu de cartes. Ex. J'ai fait l'estèque.
- —Plan, action. Ex. Ne fais pas d'esteques pour te casser
le cou.
- Estèqueux, euse, adj.—Personne ingénieuse.
- Estime, n. f.
- Estimation. Ex. Dans mon estime, je crois qu'il va mourir
aujourd'hui.
- * Estimebotte, n. m. (Angl.)—Steam-boat.
- Estimer, v. a.
- Croire, juger. Ex. J'estime que cela peut bien valoir une
piastre.
- * Estimés, n. m. pl.
- Etat estimatif des dépenses. Ex. Les estimés seront soumis
à la Chambre, demain. (Angl.)
- Estomac, n. m.
- —Poitrine. Ex. Etre pris de l'estomac; cacher quelque
chose dans son estomac.
- —Avoir l'estomac ouvert, avoir une mauvaise digestion.
- —Avoir l'estomac dans les talons, avoir une grande faim.
- Estra, n. m.—Extra. Ex. Je paierai tous les estras.
- Estradinaire, adj.—Extraordinaire.
- Estravagance, n. f.—Extravagance.
- Estravagant, e, adj.—Extravagant, e.
- Estravaguer, v. n.—Extravaguer.
- Estrémité, n. f.
- Extrémité. Ex. Notre malade est à l'estrémité.
- Estremeonction, n. f.—Extrême onction.
- Estropié, adj.
- Hernié. Ex. Je me suis estropié en voulant lever le poids
d'un quintal.
- Estropier (s'), v. pron.
- Se blesser. Ex. Je me suis estropié au doigt.
- Estropique, adj. et n.—Hydropique.
- Etabli, n. f.—Etabli, n. m.
- Etage, n. m.
- —Phase. Ex. Nous ne sommes encore qu'au premier étage
de la procédure. (Angl.)
- —Etage, n. f. Ex. Monte à la seconde étage.
- Etain, n. f.—Etain, n. m. Ex. Une cuiller d'étain fine.
- Etaler, v. a.
- Laisser porter. Ex. Nous ne sommes pas beaucoup habillés
contre le froid, n'importe, étalons.
- Etamper, v. a.
- —Dire à quelqu'un son fait. Ex. Je l'ai étampé de la belle
façon.
- —Frapper, battre.
- Etamper (s'), v. pron.
- S'étendre de tout son long. Ex. Il est tombé dans une
mare de boue, il s'est étampé comme il faut.
- Etamperche, n. f.—V. Etemperche.
- Etancher, v. a.
- Sécher. Ex. Etanche ton papier avec du papier buvard.
- Etang, n. m.
- Pièce d'eau artificielle. Ex. Nous avons jeté des poissons
vivants dans notre étang.
- Etanies, n. f. pl.
- Litanies. Ex. Maintenant, mes enfants, nous allons dire
les étanies, c'est-à-dire les litanies de la sainte Vierge.
- Etarnité, n. f.—Eternité.
- Etarnuer, v. n.—Eternuer.
- Etats, n. m. pl.
- Etats-Unis. Ex. Je pars pour les Etats, je m'en vas travailler
dans les facteries.
- Etau, n. m.—Etal.
- Etaye, n. m.—Etai, appui, support.
- Eté des sauvages.
- Intervalle de doux temps vers la fin de l'automne, qui laisse
croire que l'été va renaître. Nos sauvages profitent de ce
temps pour faire leurs chasses et leurs pêches en vue de
l'hiver qui va s'ouvrir.
- Eteil, n. m.—V. Etaye.
- Eteindu, e, adj. part.
- Eteint. Ex. As-tu éteindu la chandelle?
- Etemperche, n. f.—Tendoir, écoperche.
- Etenderie, n. f.
- —Etendage, assemblage de cordes tendues sur lesquelles on
étend des choses qu'on veut faire sécher.
- —Assemblage de choses étendues sur les meubles ou sur le
plancher.
- Etendre, v. a.
- Etendre le linge. Ex. Aujourd'hui, il fait beau, nous allons
étendre.
- Eternité de temps, n. f.
- Long intervalle. Ex. Crois-tu que je vais t'attendre une
éternité de temps?
- Etiré, e, adj. part.
- —Abattu, fatigué. Ex. Qu'as-tu donc, ce matin, tu es
tout étiré?
- —Tiré, allongé. Ex. Avoir la figure étirée.
- Etoc, n. m.—Etau.
- Etoffe du pays, n. f.
- —Etoffe fabriquée chez les cultivateurs avec la laine de
leurs moutons.
- —Whiskey blanc. Ex. Entrons prendre un coup d'étoffe
du pays.
- Etoile à grand' queue, n. f.—Comète.
- Etou, adv.—Aussi. Ex. Moé étou, toé étou.
- Etouffer, v. a.—La dévotion l'étouffe pas, il n'est pas dévôt.
- Etoupe de France, n. f.
- Etoupe très soyeuse employée par les rebouteurs dans les
cas de fracture.
- Et pis, loc.
- Et puis. Ex. Tu iras au bureau de poste, et pis à l'église.
- Etrange, adj.
- Etranger. Ex. Quel est celui-là qui passe?—C'est un
étrange, ben sûr.
- Etranger, v. a.—Etrangler, vendre cher.
- Etre bien, loc.—V. Bien.
- Etre bon, loc.
- Bien disposé. Ex. Peux-tu m'aider à scier une corde de
bois?—Je suis bon.
- Etre bon pour, loc.—V. Bon pour.
- Etre en cherche, loc.
- Etre à la recherche. Ex. Je suis en cherche d'un bon domestique.
- Etre pour, loc.
- Etre sur le point de. Ex. Je suis pour me marier la semaine
prochaine.
- Etreit, e, adj.—Etroit, étroite.
- Etreitement, adv.—Etroitement.
- Etriper, v. a.
- Tuer de coups. Ex. J'ai manqué me faire étriper.
- Etriqué, e, adj.
- Vêtu. Ex. Cet homme est bien mal étriqué.
- On peut dire étriquer un habit, étriquer un discours.
- Etrivant, e, adj. part.
- Contrariant. Ex. Que c'est étrivant de se voir condamné
à entendre de pareils discours!
- Etrivard, n. et adj.—Qui aime à étriver.
- Etrivation, n. f.—Action d'étriver.
- Etriver, v. a.
- Gouailler, taquiner. Ce mot semble venir de l'islandais
strid, qui signifie guerre, attaque, ou mieux de l'anglais
to strive, disputer, gourmander.
- Etriver (s'), v. pron.—Se plaisanter mutuellement.
- Etriveux, se, n. et adj.
- Qui est dans l'habitude d'étriver.
- E cetera, loc.
- Et cetera. Jeu de mots très involontaire chez celui qui le
commet.
- Eturgeon, n. m.—Esturgeon.
- Eu,
- U. Se prononce le plus souvent u. Tradition du vieux
français. On dit bien: j'eus, tu eus, il eut, gageure, avec
la son u. Tout ce qui parle bien en France, écrivait
Théodore de Bèze, au XVIe siècle, prononce hureux.
- * Euchre, you-keur, (m. a.)
- Jeu de cartes où le valet d'atout joue un grand rôle.
- Eune, adj. f.—Une. Ex. Je vous souhaite eune bonne année.
- * Evaluateur, n. m.—Estimateur. (Angl.)
- Evangile, n. f.
- Evangile, n. m. Ex. Partir de l'église avant la dernière
évangile.
- Eveiller, n. m.
- Réveiller. Ex. Demain, tu m'éveilleras à six heures.
- Eventaire, n. m.—Inventaire.
- Eventé, e, adj.
- —Evaporé, léger. Ex. Une personne éventée.
- —Goût particulier que prend le lard avancé. Ex. Du porc
frais qui a pris le goût d'éventé.
- Eventer, v. a.—Pousser. Ex. Eventer les cris.
- Eventilateur, n. m.—Ventilateur.
- Eventiler, v. a.—Ventiler, renouveler l'air dans un lieu clos.
- Eventouffle, n. f.—Ventouse.
- Eventouse, n. f.—Ventouse.
- Eviander, v. a.—Enlever la viande sur un os.
- Exactitude, n. f.
- Ce mot n'est pas encore reconnu par l'Académie. On l'a
vu naître avec peine, et se conserver malgré tous les efforts
contraires des puristes. Au XVIIIe siècle, on a mis en
circulation, pour en finir, les mots exacteté et exactesse. Ils
ont tous deux disparu. Exactitude est resté, et restera,
parce que la langue en a besoin et ne peut le remplacer.
- Exarcer, v. a.—Exercer.
- Excès (d'), adv.
- A l'excès. Ex. Y avait-il bien du monde à l'assemblée
d'hier soir?—Non, il n'y en avait pas d'excès.
- Excitement, n. m.—Excitation.
- Exciter (s'), v. pron.
- Perdre son sang-froid. Ex. Ne vous excitez pas, l'ami,
prenez vos sens.
- Excrimer (s'), v. pron.
- S'escrimer, se remuer en tous sens.
- Excuse, n. f.
- —Demander excuse, demander pardon.
- —Faire excuse, s'excuser. Ex. Faites excuse, monsieur,
ce n'est pas cela que j'ai voulu dire.
- Excusez! v. a.
- Pris à l'impératif et sans régime, par voie d'exclamation
ironique. Ex. Quelle belle toilette, excusez! excusez du
peu!
- Exemple, n. f.
- Exemple, n. m. Ex. Une belle exemple à suivre.
- Exemple (par)! loc.
- —Exclamation pour exprimer l'étonnement, comme si on
disait: je vous en prie, vous m'étonnez. Ex. Qu'est-ce
que tu me racontes là, par exemple!
- —En retour. Ex. Je vais te donner cent piastres pour le
loyer de ta maison, mais par exemple, tu en feras réparer
tout l'intérieur.
- Exercer, v. a.
- —Répéter. Ex. Exercer un drame.
- —Entraîner. Ex. Exercer un cheval.
- Exhibit, n. m.—Document.
- Exhibition, n. f.
- Exposition. Ex. Vas-tu à l'exhibition du comté de Québec?
- Exil, n. m.—Pénitencier. Ex. Partir pour l'exil.
- Exiler, v. a.
- Condamner au pénitencier. Ex. Un tel va être exilé pour
sa vie.
- Existence (en), loc.
- Qui existe. Ex. C'est le meilleur remède en existence.
- * Exposé financier.—Etat budgétaire. (Angl.)
- Exprès, adv.
- C'est fait exprès, c'est comme un fait exprès, c'est une action
accomplie expressément dans un but particulier.
- Exprès (faire un).
- Aller expressément. Ex. J'ai dû faire un exprès pour faire
votre commission.
- Exprès (par), loc.
- Avec intention. Ex. Monsieur, je ne l'ai pas fait par exprès.
- * Express, n. f., (m. a.)
- —Petite voiture à l'usage des enfants, pour simuler les
grosses voitures dont se servent les épiciers, les bouchers
pour distribuer leurs provisions aux chalands.
- —Voiture de déménagement, voiture de factage, camion.
- Extra, n. m.
- —Supplément. Ex. Extra de journal.
- —Excellent. Ex. Ce vin est extra.
- —Compte additionnel. Ex. Ce qui me coûte le plus cher
dans cette maison que je viens de faire construire, ce sont
les extras.
- Extradinaire, adj.—Extraordinaire.
- Extrait d'âge, n. m.—Acte de naissance, baptistaire.
- Extra superfin.
- Supérieur. Ex. Nous vendons de la fleur extra superfine
pour faire de bons gâteaux.
- Face, n. f.
- —Fendre la face à quelqu'un, lui déplaire beaucoup.
- —Face de peau de nanne, figure désagréable.
- —Face de carême, figure blême et maladive.
- —Se marier en face de cheval, contracter un mariage en dehors
de toutes lois civiles et religieuses.
- —Se marier en face de l'Eglise, contracter un mariage suivant
les règles de l'Eglise.
- Fâche, n. f.
- Fâcherie, brouille. Ex. Allons, les enfants, pas de fâche
entre vous.
- Fâchette, n. f.
- Fâcherie. Ex. Fais donc une petite fâchette, ma chère.
- Façon, n. f.
- —Politesse, usage du monde. Ex. Cet homme a une
grande façon, il a de la façon comme pas un.
- —Cérémonie. Ex. Ne faites pas de façon, acceptez sans
cérémonie, c'est de grand cœur.
- —Chaudronnée. Ex. Une façon de savon, une façon de
sucre.
- Façonneux, euse, adj.—Cérémonieux.
- * Facterie, n. f. (Angl.)
- —Manufacture, fabrique. Ex. Travailler dans une facterie
d'allumettes.
- —Usine.
- —Ateliers en général.
- Fadir, v. n.
- Affadir, rendre défaillant. Ex. Le cœur me fadit, rien qu'à
l'idée de prendre de l'huile de castor.
- Faffigner, v. n.—V. Faffiner.
- Faffiner, v. n.
- Hésiter, tergiverser. Ex. Fais ce que je te dis, ne faffine
pas.
- Faffinerie, n. f.—Hésitation, tergiversation.
- Faffineux, euse, adj.—Qui faffine.
- Fagot, n. m.
- Carte qui ne compte pas pour faire un point, parce qu'elle
se trouve seule au lieu d'être accouplée à deux autres
similaires, au jeu dit du quatre-sept. Ex. Nous avons six
points et deux fagots.
- Fagulté, n. f.
- Faculté. Ex. La fagulté de droit, de médecine, des arts.
- Faible, adj.—En faiblesse. Ex. Tomber faible.
- Faignander, v. n.—Fainéanter.
- Faigniant, e, adj.—-Fainéant, paresseux.
- Faignantise, n. f.—Fainéantise, paresse.
- Faillance, n. f.
- Défaillance. Ex. Il est tombé en faillance. Ce mot se
disait jadis.
- Faillette, n. f.
- —Faiblesse, moment de découragement. Ex. Avoir une
petite faillette.
- —Intervalle de relâche, de répit. Ex. Le capelan remonte
le fleuve, la morue va cesser de mordre, alors nous aurons
une faillette.
- Faillir, v. n.
- Manquer, rater. Ex. Cette affaire est faillie. Expression
acadienne.
- Faillot, fayot, n. m.
- Haricot, fève. Mot français, employé surtout par les Acadiens.
- Faim, n. m.
- —Avoir une faim de loup, de chien, une vieille faim, une
faim d'enragé, avoir beaucoup faim.
- —Avoir faim dans le ventre, même sens.
- Fainéander, v. n.—Ne rien faire.
- Faintise, n. f.—Fainéantise.
- * Fair, (m. a.)
- —Correct. Ex. C'est pas fair ce que tu dis là.
- —Raisonnable. Ex. Pourquoi m'injurier sans raison? c'est
pas fair.
- * Fair play, fér plé, n. m., (m. a.)
- Franc jeu. Ex. Je lui ai donné fair play.
- Faire, v. a.
- —Proposer un prix dans une vente. Ex. Sais-tu qu'il m'a
fait sa maison, six mille piastres.
- —Suffire. Ex. Je te donnerai deux piastres, ça va-t-y
faire?
- —Cultiver. Ex. J'ai un jardin qui est long à faire.
- —Donner les cartes. Ex. A qui à faire?
- —Habiller. Ex. Je t'assure que cet habit te fait bien.
- —Simuler. Ex. Ne fais donc pas l'innocent, la bête.
- —Embrasser une carrière. Ex. Faire un médecin, faire
un avocat, faire un prêtre. Ex. Mon garçon est décidé à
faire un prêtre.
- —Faire soleil, faire du soleil.
- —Faire son homme, faire l'important.
- —Faire une fin, se marier.
- —Faire le gros dos, faire l'homme important.
- —Faire de la terre, défricher.
- —Faire son pouvoir, faire son possible.
- —Faire de la toile, tomber en syncope.
- —Faire ni une ni deux, aller vite en besogne.
- —Faire ses choux gras, se plaire.
- —Faire la pluie et le beau temps, tout régler.
- —Ne pas faire un pli, ne pas soulever d'obstacles.
- —Faire des choux et des raves, disposer d'une chose comme
bon nous semble.
- —Faire du sang de punaise, faire du mauvais sang.
- —Faire danser l'anse du panier, faire des profits illicites.
- —Envoyer faire foute, envoyer au large.
- —Cela ne fera pas, cela n'est pas acceptable.
- —Faire les demandes et les réponses, s'emparer de la conversation,
et ne rien omettre de ce que l'on sait.
- —Faire la grande demande, demander une jeune fille en
mariage.
- —Faire laid, avoir mauvaise mine.
- —Faire du fla-fla, parler d'une manière prétentieuse, arrogante.
- —Faire «Au nom du Père», se signer.
- —Faire les cent coups, mener mauvaise vie.
- —Faire la vie, mener joyeuse vie.
- —Se faire vieux, paraître vieux.
- —Faire sa religion, pratiquer sa religion.
- —Faire la neuvaine, suivre les exercices de la neuvaine.
- —Une chose ni faite ni à faire, une chose très mal faite, qui
n'a ni rime, ni sens.
- * Faiseur, n. m.
- Prometteur. Ex. Nous avons ensemble un billet promissoire,
tu n'oublieras pas que c'est toi qui en es le faiseur.
(Angl.)
- Faiseux, n. m.—Faiseur. Ex. Un faiseux d'embarras.
- Fait, n. m.
- —Vérités. Ex. Dire à quelqu'un son fait.
- —Cela est dû au fait que, cela est dû à ce que. (Angl.)
- —Comme de fait, en effet.
- Faite, n. m.
- Fait. Ex. Comme de faite, par le faite, sur le faite. Je
l'ai pris sur le faite.
- Falbana, falbéna, n. m.
- Falbala, garniture dans la robe des femmes.
- Falle, n. f.
- —Jabot. Ex. La falle de l'oie, du pigeon.
- —Avoir la falle basse, avoir une grosse faim.
- —Avoir la falle à l'air, avoir la gorge découverte.
- Fameuse, n. f.—Pomme fameuse, dite reinette du Canada.
- Fameusement, adv.—Extrêmement. Pas académique.
- Fâmeux, euse, adj.—Fameux.
- Fanal, n. m.
- —Lanterne, lanterne sourde.
- —Individu très élancé. Ex. Où vas-tu, grand fanal? de
ce train-là.
- —Attendre quelqu'un avec une brique et un fanal, l'attendre
de pied ferme, pour lui donner une râclée.
- Fanau, n. m.—Fanal.
- Fanfarluche, n. f.
- Fanfreluche, colifichets propres aux femmes.
- Fanil, n. m.—Fenil, grenier à foin.
- Fantasse, adj.—Fantasque.
- Faraud, e, adj. et n.
- —Personne bien mise. Ex. Comme tu es faraud, aujourd'hui,
pour un jour de semaine!
- —Celui qui courtise une jeune fille. Ex. Mademoiselle a
un faraud. Comme celui qui courtise une jeune fille ne
doit se présenter devant elle qu'avec une mise soignée, on
lui a appliqué le qualificatif faraud pour le désigner. Dans
le Jura, un faraud est un jeune homme de classe inférieure
qui se pare comme les banquiers et les nobles ou qui singe
leur ton. Le mot s'y écrit farot. En Bourgogne, c'est
faro. Larousse écrit faraud, recherché dans sa mise.
- Farauder, v. n.—Faire le faraud.
- Farbala, n. m.—Falbala.
- Farbena, n. m.—Falbala.
- Farce, n. f.—Plaisanterie. Ex. Entendre la farce.
- Farcin, n. m.
- Saloperie, crasse. Ex. C'est un salaud, il est couvert de farcin.
- Farcineux, euse, adj.—Qui fait des farces peu drôles.
- Farda, n. m.—Fardeau.
- Fardaine, n. f.—Fredaine.
- Fardassement, n. m.—Frelassement.
- Fardasser, v. n.—V. Farlasser.
- Fardé, e, adj.—Hardé. Ex. Un œuf fardé.
- Fardoches, n. f. pl.—Ecrues ou bois de croissance récente.
- * Fare (bill of), fére, (m. a.)
- Menu. Ex. Garçon, apportez-moi le bill of fare.
- Farine, n. f.
- Farine de diable tourne toujours en son, le bien mal acquis ne
profite à personne.
- Farinier, n. m.
- Farinière. Le farinier est celui qui fait moudre le blé ou
fait le commerce de farine.
- Farlassement, n. m.—Froissement de la soie.
- Farlasser, v. a.
- Faire un bruit de papier froissé. Ex. Cette femme porte
beaucoup de soie, ça farlasse.
- Farme, n. f.—Ferme. Ex. Les farmes du Séminaire.
- Ferluquet, n. m.
- Freluquet. Jeune homme léger et sans mérite.
- * Faro, n. m. (m. a.)—Pharaon. (Jeu de cartes.)
- Farouche, adj.
- Peureux, craintif, ombrageux. Ex. Mon cheval est farouche,
tu ne pourras pas le prendre dans le clos.
- Faroucher, v. a.—Effaroucher.
- Fars, n. m.
- Farce, herbes hachées pour les préparations culinaires.
- Fascine, n. f.
- Branchage ou harts entrelacées qui servent à tendre les
pêches, et forment une barrière au poisson. On en fabrique
aussi des claies qui sont utilisables pendant plusieurs
années.
- Fatiquant, e, adj.—Fatigant.
- Fatique, n. f.—Fatigue.
- Fatiquer, v. a.—Fatiguer.
- Faubourg, n. m.
- Village, endroit où les maisons sont groupées près de l'église
paroissiale.
- Fauchable, adj.
- Qui peut être fauché. Ex. Ce foin n'est pas fauchable.
- Fauchaille, n. f.—Fauchage.
- Faucher, v. a.
- Faucher dans le champ du voisin, s'emparer du bien des
autres.
- Faucheux, adj.—Faucheur.
- Faucille, n. f.
- Une bonne faucille, un homme habile à manier la faucille,
comme on dit une bonne fourchette, pour désigner un
homme qui mange beaucoup.
- Faufilage, n. m.
- Faufilure, couture provisoire, à points espacés.
- Fauloir, v. imp.
- Falloir. Ex. Il faulait bien se décider à faire quelque
chose.
- * Fausse arrestation. (Angl.)—Arrestation illégale.
- Fausse=couche, n. f.
- Personne mal bâtie et de très petite taille.
- Fausse=porte, n. f.—Contre-porte.
- Fautif, adj.
- Coupable. Ex. Tous ces enfants sont fautifs, la pénitence
sera générale.
- Faut=y!
- Exclamation qui exprime l'étonnement, l'horreur, la pitié,
le regret. Ex. Faut-y que je sois malheureux! Y en
avait-il de ce monde aux pageants, faut-y voir?
- Fégond, e, adj.—Fécond.
- Feignant, adj,—Fainéant. V. Faigniant.
- Feillard, n. m.—Feuillard de fer.
- Fêle, n. f.—Fêlure.
- Feluette, adj.—Fluet. Ex. Une enfant feluette pour son âge.
- Femme (bonne), n. f.
- Femme âgée. «Parmi les femmes, la qualité de bonne ne s'acquiert
ordinairement que par la perte de la qualité de belle,
et, parmi les hommes, depuis qu'on est bonhomme, on ne
doit plus guère prétendre à la bonne mine.» (Costar,
Apolog.)
- Femme (la), n. f.
- Ma femme. Ex. Qu'est-ce que t'en penses, la femme?
- Fendable, adj.
- Qui peut être fendu. Ex. Voilà du bois qui n'est pas fendable.
- Fendre, v. n.—Se fendre. Ex. Cet arbre a fendu.
- Fendre (se), v. pron.
- Dépenser contre son habitude. Ex. Fends-toi d'une piastre,
allons, sois généreux pour une fois.
- Fenêtre, n. f.
- Jeter son argent par les portes et par les fenêtres, dissiper son
bien follement.
- Fénil, n. m.—-Fanil.
- Fénir, v. n.—Finir. Ex. Je ne sais point quand cela fénira.
- Fer, n. m.
- —Cet homme ne vaut pas les quatre fers d'un chien, il ne
vaut rien.
- —Une main de fer, un homme qui brise tout ce qu'il touche.
- —Avoir trop de fer au feu, entreprendre plus qu'on est
capable d'exécuter.
- Ferblanquier, n. m.—Ferblantier.
- Ferblanterie, n. f.
- Objets en fer-blanc. Ex. Acheter de la ferblanterie pour
monter son ménage.
- Ferdaine, n. f.—Fredaine.
- Ferdassement, n. m.—V. Farlassement.
- Ferdasser, v. n.—V. Farlasser.
- Ferdoche, n. f.—V. Fardoche.
- Fergâiller, v. a.
- —Fourgonner, exciter le feu dans un poêle avec le fourgon.
- —Fouiller, fureter.
- Fermer (se), v. pron.
- Se taire. Ex. Veux-tu te fermer, oui ou non? bavard que
tu es.
- Ferrée, n. f.—Bèche.
- Ferrée (bière), n. f.
- Bière dans laquelle on introduit une barre de fer rougie au
feu pour la tiédir.
- Ferreur, n. m.—Maréchal-ferrant.
- * Ferry, ferré, (m. a.)
- Bateau traversier. Ex. Il faut prendre le ferry pour traverser
le fleuve de Québec à Lévis.
- Fertiller, v. n.—Frétiller. V. Fortiller.
- Fertilleux, euse, adj.—V. Fortilleux.
- Fertillon, n. m.—V. Fortillon.
- Fesser, v. a.
- —Mordre à l'hameçon. Ex. Le poisson ne fesse pas aujourd'hui.
- —Frapper, battre. Ex. Mon maître de classe m'a fessé
dans les mains. Fesser dans le dos, fesser sur la tête.
- Fesser dessus (se), loc.
- Prendre son parti. Ex. Tu peux te fesser dessus, tu n'obtiendras
rien.
- Fêtailler, v. n.
- Faire la fête de temps à autre. Ex. Il n'y a pas à compter
sur celui-là, c'est un homme qui fêtaille.
- Fêtailleux, n. m.—Qui fêtaille.
- Fête, n. m.
- —Etre en fête, se mettre en fête, être ivre, s'enivrer.
- —Faire une fête, se griser.
- Fêtes (les), n. f. pl.
- L'intervalle qui s'écoule entre Noël et les Rois. Ex. Vous
descendrez nous voir aux Fêtes.
- Fêter, v. n.—Faire un abus des liqueurs fortes.
- Fêteux, n. m.
- Homme qui est dans l'habitude de fêter.
- Feton, n. m.
- Cheville qui retient les traits du collier aux limons de la
charrette.
- Feu, n. m.
- —Sonner le feu, sonner l'alarme.
- —Passer au feu, incendier, avoir un nouveau-né.
- —Jeter son feu, décharger sa colère.
- —Mettre le feu aux êtoupes, allumer la chicane.
- —Station du feu, poste des pompiers.
- —Assurance contre le feu, contre l'incendie.
- —Brigade du feu, corps des pompiers.
- —Aller au feu, être témoin d'un incendie.
- Feu chalain, n. m.—Eclair de chaleur.
- Feu des dents, n. m.
- Eczéma qui se produit autour de la bouche et du nez, à
l'époque de la dentition, chez les scrofuleux.
- Feu des Roussi.
- Flamme bleuâtre qui s'élève parfois au sein de la mer, à
mi-distance entre Caraquet (N. B.) et Paspébiac, sur la
rive de la Baie de Chaleur. D'après une tradition, ces
feux marqueraient l'endroit ou périt une barge conduite
par de hardis marins du nom de Roussi.
- Feu sauvage, n. m.
- Variété d'eczéma au bord des lèvres. En France on dit feu
volage.
- Feuble, adj.—Faible.
- Feublement, adv.—Faiblement.
- Feublesse, n. f.—Faiblesse.
- Feuillard, n. m.—Fer feuillard.
- Feuille de chou, n. f.—Gazette éphémère et insignifiante.
- Feuiller, v. a.—Feuilleter.
- Feuilloter, v. a.—Feuilleter.
- Feuvrier, n. m.—Février.
- Fève, n. f.
- Haricot. Ce que nous appelons gourgane est la vraie fève.
En France, la gourgane est une fève de marais.
- Fève rameuse, n. f.—Haricot commun.
- Fève (tirer la).
- Tirer le gâteau des Rois. Celle à qui la fève échoit, est proclamée
reine.
- Fève d'odeur, n. f.
- Coumarou, employé pour aromatiser le tabac à priser.
- Fève en côsse, n. f.
- Haricot vert.
- Févérier, n. m.—Février.
- Fiable, adj.
- Digne de croyance. Ex. Cet homme n'est pas fiable, défions-nous!
- Fiacre! interj.
- Marque l'étonnement, l'admiration. Ex. Fiacre, quel beau
temps!
- Fiarté, n. f.—Fierté.
- Fiat, n. m.
- Foi, confiance. Ex. C'est un homme qui n'a pas de parole,
il n'y a pas de fiat à faire sur lui. Nous prononçons
fiate. Dans le cas présent, on joue sur le passage de l'Oraison
dominicale, fiat voluntas tua: il n'y a pas de fiat
dans son Pater.
- Fichant, adj.—Très contrariant. Ex. C'est-y pas fichant!
- Fiche (aller se faire), loc.
- Envoyer promener. Ex. Va te faire fiche, tu m'ennuies.
- Ficher, v. a.
- —Mettre. Ex. Ne fiche plus les pieds ici.
- —Ficher le camp, décamper, déguerpir.
- —Ficher la paix, donner la tranquillité.
- —Aller ficher les pieds ailleurs, s'en aller.
- —Ficher le feu, mettre le feu.
- Ficher (se), v. pron.
- —Laisser entrer, mettre. Ex. Il s'est fiché cette idée dans
le coco.
- —Se moquer de. Ex. Je me fiche de toi comme de ma
première chemise.
- Fichtre, interj.
- Juron, amalgame de fiche et de foutre, pour exprimer l'étonnement,
l'admiration, la douleur. Fichtre n'a rien de
grossier, quoiqu'en dise Dunn dans son Glossaire.
- Fichu, n. m. et adj.
- —Cravate portée par les hommes. Ex. Mets ton fichu,
mon vieux, pour aller à la messe.
- —Perdu. Ex. J'ai laissé mes gants dans les chars, ils sont
bien fichus.
- —Coulé, ruiné. Ex. Pierre est fichu pour le reste de ses
jours, car il y a trop longtemps qu'il abuse du public.
- —Mourant. Ex. Jean est fichu, le docteur me l'a dit.
- —Etre mal fichu, être mal vêtu, être dans une situation
critique.
- Fichument, adv.
- Beaucoup. Ex. Ces poires sont fichument bonnes.
- Fictivement, adv.—Effectivement, réellement.
- Fiel, n. m.—Se ronger le fiel, ronger son frein.
- Fielleux, euse, adj.—Rancunier.
- Fier, ère, adj.
- —Heureux, content. Ex. Que je suis fier d'aller me promener
à la campagne!
- —Vaniteux. Ex. Que cette femme est fière! elle est toujours
habillée comme une reine.
- Fier=à=bras, n. m.
- Individu toujours prêt à faire le coup de poing, surtout en
temps d'élection. Ex. A l'assemblée politique de dimanche,
à la halle du marché Jacques-Cartier, il y avait une
gagne de fiers-à-bras soudoyés par les partisans de M. X.
- Fiéraud, fiérot, adj.—Fier, vaniteux.
- Fiéret, ète, adj.
- Fier. Diminutif. Cotgrave et Oudin citent fiéret.
- Fierpet, te, n. m. et f.
- Personne toujours bien mise. Ex. C'est un fierpet, une
fierpette.
- Fièvre, n. f.
- —Inflammation. Ex. J'ai la fièvre dans ce doigt-là, je
souffre d'un panaris.
- —Peur. Ex. Rien qu'à y penser d'avance, j'en ai la fièvre.
- —Sentir la fièvre, se dit d'un malade retenu au lit par une
fièvre quelconque.
- Fièvres typhoïdes, n. f. pl.
- Fièvre typhoïde. Ex. Le docteur a déclaré que mon frère
avait les fièvres typhoïdes.
- Fifille, n. f—Fille.
- Fifollet, n. m.—Feu-follet.
- Fifre, n. m.
- Diable. Ex. Je l'ai envoyé au fifre, ce misérable qui m'ennuyait.
- Fifre (en), n. m.
- D'une humeur terrible. Ex. Je suis en fifre depuis deux
jours, tu sais pourquoi.
- Figer, v. n.
- Cesser de remuer, devenir immobilisé comme de l'eau congelée
ou du suif figé. Ex. Nous sommes restés figés sur
nos chaises, à la vue de ce spectacle étrange.
- Fignoler, v. n.
- —Faire le fin.
- —Arranger avec beaucoup de soin.
- Fignoleux, euse, adj.
- Un élégant, le coq du village.
- Fignon, ne, adj.—Pimpant, personne qui fignole.
- Figuration, n. f.
- Idée, conception. Ex. J'ai comme une figuration que vous
réussirez à l'avenir.
- Figure, n. f.
- —Feuillure, entaille dans laquelle les portes et les fenêtres
sont encadrées pour fermer juste.
- —Au jeu de cartes, le roi, la dame et le valet. Ex. Joue
une figure, n'importe laquelle.
- Fil, n. m.
- —Fait dans le fil, très bien fait.
- —De fil en aiguille, peu à peu, de propos en propos.
- —Finesses cousues de fil blanc, finesses qui ne sont pas drôles
et faciles à découvrir.
- Filasse, n. f.
- —Cheveux trop clairs.
- —Filasses de tire, filaments ténus formés par la tire.
- * File, n. f. (Angl.)
- Liasse, dossier, série de journaux. Ex. Apportez-moi la
file de la Vigie et celle des journaux du Conseil législatif.
- File (de), loc. adv.
- —D'affilée, de suite. Ex. J'ai marché deux heures de file.
- —A la file. Ex. Vous ferez attention de marcher de file
durant la procession.
- Filée, n. f.
- Rangée de personnes ou de choses disposées à la file. Ex.
As-tu vu le triomphe des bleus, y en avait-il une filée de
voitures?
- Filer, v. a.
- —Produire. Ex. Filer un rapport, un plaidoyer, une
opposition. (Angl.)
- —Marcher vite. Ex. File dehors, tu m'embêtes!
- —Filer un mauvais coton, passer un mauvais quart-d'heure.
- —Filer doux, baisser le ton.
- —Tenir en langueur. Ex. Rien ne presse, au contraire, il
faut que nous fassions filer cette affaire aussi longtemps
qu'il y aura moyen.
- —Filer sa corde, se conduire de manière à arriver sûrement
à la potence.
- Fille, n. f.
- —Servante.
- —Grande fille, jeune fille parvenue à l'âge de puberté.
- —Fille d'enfant, bonne.
- —Fille générale, servante bonne à tout faire.
- —Aller voir les filles, fréquenter la société des jeunes filles
avec des intentions matrimoniales.
- Filleu, n. m.—Filleul.
- Fillol, e, n. m. et f.
- Filleul, e. Autrefois on disait filole. Molière a dit fillol,
après Brantôme.
- Filoseille, n. f.—Filoselle.
- Filou, adj.—Trompeur et flagorneur.
- Fin (à sa),—Fini, achevé. Ex. Cet homme est bête à sa fin.
- Fin (au), loc.
- Très bien. Ex. J'ai réussi au fin. Il travaille au fin.
- Fin (tout), loc.
- Absolument. Ex. J'étais tout fin seul quand il est venu.
- Fin (faire le), loc.
- Dissimuler, ne pas procéder franchement. Ex. Ne fais pas
le fin avec moi, je connais ces histoires-là.
- Fin (un pas), n. m.
- Un homme inhabile et peu sensé.
- Fin cœur, loc.—Milieu. Ex. Le fin cœur de l'hiver, de l'été.
- Fin des fins (à la), loc.—Finalement.
- Fin finale.—Fin définitive.
- Fin fond (le).
- Le tréfonds. Ex. Je verrai le fin fond de cette affaire, ou
il en décousera.
- Financer, v. n.
- Arranger son affaire de façon à payer tous ses billets ou à
les renouveler à échéance. Ex. C'est une grosse journée
de billets, il va falloir financer pour arriver juste.
- Finasser, v. n.—User de subterfuges.—(Familier.)
- Finasserie, n. f.—Finesse cousue de fil blanc.
- Finasseux, euse, adj.
- Individu qui a recours à des subterfuges pour tromper son
monde.
- Finement, adv.
- D'une manière claire et distincte. Ex. Jacques ne voit et
n'entend pas finement.
- Fine mouche (une).—Un homme rusé, très fin.
- Finfin, n. m.
- Fin, pris en mauvaise part. Ex. C'est un beau finfin, il
mourra jeune.
- Finfoin, n. m.—Sainfoin, herbe fourragère.
- Fini, part. pass.
- Très, complètement. Ex. Cette femme est belle finie.
- Finiment, adv.—Parfaitement, très bien fini.
- Finir, v. n.
- J'en ai fini avec vous, je ne veux pas avoir de rapports avec
vous.
- Finisseux, euse, adj.—Qui donne le dernier fini à un ouvrage.
- Finition, n. f.
- Fin, terme. Ex. Il doit y avoir une finition à ces histoires-là.
- Finnan haddie, finnann addé (m. a.)—Morue fumée.
- Fiole, n. f.
- Sécrétion nasale. Ex. Cet enfant a des fioles au nez.
- Fion, n. m.
- —Fini. Ex. Donner le fion à un ouvrage.
- —Chic. Ex. Cette demoiselle a du fion.
- —Homme agité, remuant. Ex. C'est un vrai fion que ce
gaillard-là.
- —Traits de plume que le calligraphe ajoute aux lettres
majuscules.
- —Dessins. Ex. Ce patineur fait toute espèce de fions avec
ses patins, il va même jusqu'à écrire son nom sur la glace.
- —Notes d'agrément. Ex. Nous avons un curé nouveau
qui chante très bien, il fait de beaux fions.
- Le mot fion ne se trouve pas dans le Dict. de l'Académie.
- Fionner, v. n.
- —Ecrire en agrémentant ses lettres de beaucoup de fions.
- —Chanter en intercalant des notes d'agrément.
- —Patiner en tous sens.
- —Jouer du violon, de la flûte, en faisant des fions.
- Fionner (se), v. pron.
- Se vêtir richement. Ex. Je pars pour le bal, je vais me
fionner.
- Fionneux, euse, adj.
- Celui qui fionne en chantant, en jouant du violon, de la
flûte, en patinant, en écrivant.
- Fioper, v. n.
- Faire un certain bruit avec sa bouche lorsqu'on mange avec
un grand appétit.
- Fisque, adj.—Fixe.
- Fisquer, v. a.—Fixer.
- Fissure, n. f.
- Apparence. Ex. Je viens de tomber du toit du hangar, et
je n'ai pas attrappé une fissure de mal.
- Fiston, n. m.
- Fils. Ex. Ecoute, mon fiston, ne va pas au théâtre, tu es
bien trop jeune.
- Fixer, v. a.
- Regarder en face, avec attention. Ex. Fixe-moi pas comme
ça.
- * Fixtures, fixtieure, (m. a.)
- Comptoir, rayons, meubles, aménagement.
- Flac!
- Interjection pour imiter le bruit d'un corps tombant dans
l'eau ou tout liquide.
- Flacotage, n. m.—Action de flacoter, de clapoter.
- Flacoter, v. n.
- —Clapoter. Ex. L'eau entre dans mes bottes, c'est beau
de voir ça, aussi les pieds me flacotent.
- —Flotter. Ex. Comme tu es maigre, tu flacotes dans tes
hardes.
- Flacoteux, euse, adj.—Qui flacote, clapote.
- Flagoter, v. n.—V. Flacoter.
- Flague douce, n. f.
- Sans caractère. Ex. Pour te dire ce que je pense de cet
homme, ce n'est ni plus ni moins qu'une flague douce.
- Flairer, v. a.
- Flairer de la douceur, manger du sirop. Acadianisme.
- Flamaçon, n. m.—Franc-maçon.
- Flambaison, n. f.—Flambée, feu clair de menus bois.
- Flambant neuf, loc.
- Battant neuf, absolument neuf. Ex. J'ai mis ce matin un
habillement flambant neuf.
- Flambe, n. f.—Flamme. Rabelais a écrit flambe.
- Flambé, e, part. pass.
- —Perdu. Ex. Mon chapeau est flambé, on me l'a changé
pour un autre.
- —Ruiné. Ex. La banque du Peuple a fermé ses portes,
je suis flambé.
- Flamber, v. a.
- —Lancer des éclairs. Ex. Les yeux lui flambent.
- —Flamber quelqu'un des yeux, dévisager quelqu'un d'un
regard passionné, ou rendu flamboyant par la colère.
- —Flamber le poisson, le fumer.
- Flamber (se), v. pron.
- Se flamber la cervelle, se brûler la cervelle, se tuer avec un
pistolet.
- Flamboter, v. n.
- Faire la pêche de nuit, dans un canot qui porte un flambeau
d'écorce ou de bois résineux à son avant. (Cl.)
- Flamme, n. f.
- Flegme, crachat, pituite. Ex. Ce malade tousse beaucoup,
il renvoie souvent des flammes.
- Flâmme, n. f.—Flamme.
- Flanc, n. m.
- —Un flanc mou, sans énergie, qui a de la misère à se
remuer.
- —Se battre les flancs, se remuer, s'agiter.
- Flancher, v. n.
- Céder, fléchir. Ex. Ne flanche pas, ou nous sommes perdus.
- Flancheux, n. m.—Poltron.
- Flanc=maçon, n. m.—Franc-maçon.
- Flancon, n. m.—Flacon. Ex. Un flancon de gin,
de brandy.
- Flandrin, n. m.
- Individu de taille élancée, peu alerte, et le plus souvent
paresseux.
- Flanquer, v. a.
- —Donner. Ex. Je lui ai flanqué une maîtresse tape.
- —Envoyer. Ex. Je l'ai flanqué à la porte de mon bureau.
- —Mettre. Ex. Flanque-moi ça là?
- —Laisser. Ex. Je l'ai flanqué là sans cérémonie.
- Flanquette (à la bonne).
- A la bonne franquette, sans cérémonie.
- Flaquer, v. n.
- —Voltiger en ondoyant. Ex. Ses pantalons sont bien trop
larges, ils lui flaquent sur les jambes.
- —Bruit produit par l'eau comprimée et remuée. Ex.
L'eau flaque dans mes bottes.
- Flaquet, te, adj.
- Qui flotte dans ses vêtements. Ex. Ne va pas te montrer
flaquette comme tu es?
- Flâse, n. f. (Angl.)—Soie plate. De l'anglais floss.
- * Flâser, v. a. (Angl.)—Coudre avec de la flâse.
- * Flask, flassque, (m. a.)
- Gourde, flacon. Ex. Un flask de brandy.
- * Flasque, n. m. (Angl.)—Gourde en verre.
- Flasque, adj.
- Estomac vide. Ex. Je suis flasque, je n'ai pas mangé depuis
douze heures.
- Flasse, adj.—Flasque.
- * Flat, flatte, (m. a.)—Bateau plat, bachot.
- Flau, n. m.—Fléau à battre le grain. Ex. Battre au flau.
- Flaubage, n. m—Action de battre.
- Flauber, v. a.
- —Battre, rosser. Ex. Ce misérable s'est fait flauber en
grand.
- —Voler, soustraire. Ex. Je me suis fait flauber mon parapluie.
- En Anjou, on dit flauper pour battre.
- Flaubeur, n. m.—Celui qui flaube.
- Flèche, n. f.
- —Se dit pour l'arc lui-même qui sert à lancer la flèche. Ex.
La corde de ma flèche est trop tendue.
- —Passer flèche, sans obstacle. Ex. J'ai passé flèche mon
examen de terme.
- —Envoyer une chose flèche, envoyer directement, comme
avec une flèche.
- Fléchée (ceinture).
- Ceinture fabriquée avec des fils de diverses couleurs. D'origine
indienne.
- Flème, n. f.—Phlegme. V. Flamme.
- Fleume, n. f.—V. Flamme.
- * Fleur, n. f. (Angl.)
- Farine. Ex. J'aurais besoin de dix livres de fleur pour les
Fêtes. On peut dire de la fleur de farine.
- Fleur de la Passion, n. f.—Passiflore bleue.
- * Flinn'cher, v. n. (Angl.)—V. Flancher.
- * Flinn'cheux, (Angl.)—V. Flancheux.
- Flique, n. f.
- —Bande de lard. Ex. Mets les fliques dans le chaudron
pour faire de l'huile.
- —Sécrétion nasale. Ex. Mon enfant, tu as toujours la
flique au nez.
- Flôbage, n. m.—V. Flaubage.
- Flôber, v. a.—V. Flauber.
- Flôbeur, euse, adj.—V. Flaubeur.
- Flomentation, n. f.
- Fomentation, application d'un médicament chaud sur une
partie du corps, pour l'adoucir.
- Flomenter, v. a.
- Fomenter, appliquer un médicament chaud pour fortifier,
adoucir.
- Flon=flon, n. m.—Fla-fla, étalage, ostentation.
- Flottan, n. m.—Flétan, gros poisson propre aux mers froides.
- Flotter, v. a.—Conduire une cage de bois sur les rivières.
- Flotteur, n. m.—Celui qui dirige la cage ou le cageu.
- Flouer, v. a.
- —Voler. Ex. Il m'a floué pour une grosse somme.
- Flouer est probablement une contraction de filouter. Le mot
est français, mais il est peu usité en France.
- * Flouque, (Angl.)
- Coup inattendu. (Terme de billard). De l'anglais fluke.
- * Floux, n. m. (Angl.)
- Coup de hasard. Ex. Il est parvenu à réussir à la suite
d'un floux.
- * Flush, fleuche, (m. a.)
- —Bien pourvu d'argent.
- —Prodigue, généreux. Ex. Comme tu es flush, maintenant!
- Flûte, n. f.
- —Grive des bois, appelée flûte parce que son chant tient un
peu de la flûte.
- —Jambes. Ex Prépare tes flûtes pour partir.
- Flûter, v. n.—Avoir la diarrhée.
- Flûteux, euse, adj.
- —Qui a la diarrhée chronique.
- —Flûtiste, qui joue de la flûte.
- Foi, n. f.
- —Ma foi du Bon-Dieu! en vérité.
- —Ma foi de piquette!
- —Ma foi!
- —Ma grand' foi de Dieu, même sens.
- Foies, n. f. pl.
- Poumons. Ex. Docteur, je crois que je suis pris des foies,
je tousse à cœur de nuit et de jour.
- Foin, n. m.
- Avoir du foin dans ses bottes, être dans une excellente position
de fortune.
- Foin de caribou, n. m.
- Mousse qui croît dans les savanes, aussi les jeunes pousses
d'arbustes et d'arbrisseaux.
- Foin d'odeur, n. m.
- Houque boréale, genre de graminées voisin des avoines.
- Foins (les), n. m. pl.
- —Epoque de la fenaison.
- —Travailler aux foins, faire la fenaison.
- Foirer, v. n.
- —Se briser, s'écraser. Ex. Cet œuf, en se cassant, m'a
foiré dans la main.
- —Renoncer à une affaire après avoir donné à croire qu'on
la transigerait.
- Foireux, euse, adj.—Qui change d'idée sans raison valable.
- Fois, n. f.
- —Moment. Ex. Il y a des fois que je suis plus frileux que
d'autres.
- —La fois des grandes fois, dans une circonstance exceptionnelle,
connue de tout le monde.
- —Quelquefois. Ex. Vas-tu souvent à l'auditorium?—Des
fois.
- Folâtreux, euse, adj.—Qui aime à badiner.
- Folle-avoine, n. f.
- —Riz du Canada.
- —Nom donné autrefois à une tribu outaouaise.
- Foncé, n. et adj.
- —Habit d'une couleur foncée. Ex. Moi, j'ai l'habitude de
porter du foncé.
- —Homme qui possède des fonds. Ex. Tu peux lui vendre
ta terre, c'est un homme bien foncé.
- Foncer, v. a.
- Mettre un fond à une chaise, à un plat de fer-blanc, à une
chaudière en tôle.
- Foncière, n. f.
- Fond. Ex. La foncière d'un pantalon. (De Gaspé, Mém.)
- Fonctionner, v. n.—Soulager la nature.
- Fonçure, n. f.
- —Fond. Ex. La fonçure d'un traîneau, d'une carriole,
d'un chapeau, d'une culotte.
- —Culotte. Ex. Je l'ai pris par la fonçure et je l'ai fait
pirouetter sur lui-même.
- Fond, n. m.—Avoir le fond noir, être très méchant.
- Fond de Penouil, n. m.
- Fin malheureuse d'une entreprise. Ex. Laisse faire, mon
vieux, avec le temps tu finiras comme les autres par arriver
un jour dans le Fond de Penouil. Langage des pêcheurs
de Gaspé qui entre eux se confient leurs contretemps.
Penouil veut dire péninsule.
- Fondé, e, adj.—Riche fondé, très riche.
- Fondement, n. m.—Rectum.
- Fondeux de cuillers, n. m.
- Ouvrier en l'art de fondre le plomb pour fabriquer des cuillers,
qui parcourait jadis les campagnes en y exerçant
son métier.
- Fondre, v. a.
- Perdre contenance. Ex. Il fond devant moi.
- Fondu, part. pas. de fondre.
- Dissipé, perdu. Ex. L'argent que tu avais à la banque est-il
fondu?
- Fontaine, n. f.
- —Puits. Ex. Va chercher de l'eau à la fontaine.
- —Plume-fontaine. V. ce mot.
- Fontange, n. f.
- Nœud de ruban que les femmes mettent sur le devant de la
tête pour attacher la coiffure.
- * Foolscap, foule, (m. a.)
- Papier écolier, papier ministre.
- * Football, foute bâll, (m. a.)
- —Ballon en caoutchouc qui se gonfle et se dégonfle à volonté.
- —Jouer au foot-ball, ballon au pied.
- Forban, n. m. et f.—Personne très évaporée.
- Forbu, e, adj.—Fourbu.
- Forçaille (au), loc adv.
- Au forçaille, au grand forçaille, je le ferai, quoi qu'il en soit,
malgré l'effort qu'il faudra déployer, je me mettrai à
l'œuvre.
- Forçant, e, adj. verb.
- Pénible, très fatigant. Ex. Cet ouvrage est trop forçant
pour toi.
- Forçaye, n. m.—V. Forçaille.
- Force, n. f.
- —Vigueur. Ex. Cette loi entrera en force aussitôt après
la session. (Angl.)
- —Fort. Ex. Nous sommes dans la force de la chaleur.
- Forcer, v. a.
- —Plier. Ex. J'ai forcé la clef en voulant ouvrir la porte.
- —Gâter. Ex. J'ai forcé la serrure avec une mauvaise clef.
- —Mettre en abondance. Ex. Il faudra forcer sur le beurre
si tu veux faire un bon gâteau.
- —Jouer une carte plus forte que celle qu'il y a sur le tapis,
ou encore lorsqu'on joue d'une couleur dont l'un des
autres joueurs n'a pas, afin de l'obliger à couper.
- —Ça force, ce n'est pas brillant. Ex. As-tu une bonne
santé de ce temps-ci?—Plus ou moins, ça force.
- —Ça ne force pas, ce n'est pas abondant. Ex. Ta récolte
de légumes est-elle bonne?—Ça ne force pas?
- Forcer (se), v. pron.
- —Attraper un effort, un tour de reins.
- —S'efforcer. Ex. J'ai beau me forcer, j'aboutis point.
- —Se luxer. Ex. Je me suis forcé la jambe.
- Forçure, n. f.
- Fressure, foie de veau, de mouton. Ex. Acheter du dur
de forçure sur le marché.
- * Foreman, n. m., (m. a.)
- —Prote, dans un atelier d'imprimerie.
- —Contre-maître, dans un atelier ou un chantier.
- —Chef, dans une boutique, dans un jury.
- —Inspecteur, surveillant des travaux.
- Forestier, n. m.
- Homme de chantier, chasseur, coureur des bois. M. le Dr
J.-C. Taché s'est servi de ce mot pour intituler un de ses
ouvrages: Forestiers et Voyageurs. En France, ce mot
s'emploie pour désigner celui qui a un emploi dans l'administration
forestière.
- Forgeon, n. m.—Forgeron.
- Forger, v. a.
- Forger dans sa tête, ruminer longuement une affaire.
- * Forget me not, forghett, (m. a.)
- Myosotis, souvenez-vous-de-moi.
- Formage, n. m.—Fromage.
- Formance, n. f.
- Forme, apparence. Ex. Il n'a pas formance d'homme.
- Forme, n. f.
- Cahier, en terme d'imprimerie. La forme est le châssis de
fer où sont rangées les pages composées typographiquement.
- Fort, n. m.
- —Village. L'origine de ce mot vient de ce qu'autrefois il
y avait dans certaines paroisses plus exposées que les
autres aux attaques des sauvages, un petit fort que l'on
élevait en plein village, là où la population était plus
dense.
- —Liqueur forte. Ex. Prenez-vous du fort quelque fois?
- —Rance. Ex. Du beurre qui a goût de fort.
- Fort, e, adj.
- —Habile. Ex. Il y en a qui sont forts sur le violon, d'autres
sur le piano, moi, mon fort c'est de rire du monde.
- —Friand. Ex. Es-tu fort sur le sel?
- —Un fort temps, une tempête.
- —Envoyer fort, travailler ferme.
- —Parler fort, parler d'autorité.
- Fort=à=bras, n. m.—Fier-à-bras. V. ce mot.
- Fortiller, v. a.
- Remuer. Ex. Ne fortille pas tant des jambes.
- Fortilleux, euse, adj.—Qui fortille.
- Fortillon, n. m.—Enfant qui est sans cesse en mouvement.
- Fortuné, e, adj.
- Riche. L'Académie a admis fortuné pour signifier être heureux.
Riche et heureux sont deux expressions qui ne vont
pas toujours de pair.
- Fosse, n. f.
- —Etang ou pièce d'eau dormante.
- —Fosse à part, fosse particulière dans un cimetière.
- Fossè, n. m.—Fossé. Ex. La rue des Fossès.
- Fossette, n. m.
- Fossé. Ex. Ma vache est tombée dans le fossette.
- Fosseyer, v. a.—Fossoyer.
- Fosseyeur, n. et adj.—Fossoyeur.
- Fou, n. m.
- —Avoir du fou, être un peu fou.
- —Un fou de l'asile, fou interné dans un asile d'aliénés.
- —Fou à lier, fou furieux.
- —Fou à mettre aux loges, à interner dans un asile d'aliénés.
- Fou de rire.
- Fou rire. Ex. J'ai été pris d'un vrai fou de rire en apercevant
sa binette.
- Fouailler, v. a.
- —Expédier promptement la besogne. Ex. J'ai vite terminé
mon ouvrage, mais ça fouaillait dur.
- —Frapper, fouetter.
- Fouaillon, n. m.
- Individu qui ne porte que des loques, et plus ou moins
vicieux.
- Foudré, e, adj.—Versé. Ex. Nos blés sont foudrés.
- Foué, n. f.
- —Foi, croyance.
- —Fois, expression de quantité.
- Fouer, v. a.
- Donner, accorder. Ex. Foue-moi la paix, la patience.
- Fouer (se), v. pron.—Se moquer. Ex. Je me foue du monde.
- Fouiller (se), v. pron.
- Chercher inutilement une échappatoire. Ex. Tu peux te
fouiller, tu n'auras pas ce que tu demandes.
- Fouillouse, n. f.
- Poche, escarcelle. Ex. Va chercher mes ciseaux dans le sac
aux fouillouses. D'après Lacurne de Sainte-Pallaye, fouillouse
veut dire poche, escarcelle.
- Fouine, n. f.
- Fureteur et malin. Ex. Défie-toi de cet homme, c'est une
fouine.
- Fouiner, v. n.
- Se sauver comme une fouine au premier signe de danger.
- Fouler, v. a.
- —Aplanir. Ex. Va passer le rouleau dans l'avenue, et
foule le chemin.
- —Maltraiter.
- —Foulé de monde. Ex. Je suis allé au théâtre, c'était
foulé.
- —Foulé d'ouvrage, accablé de besogne.
- Foulon, n. m.—Fouloire.
- Foulons, n. m. pl.
- Suite de petites anses entre Québec et Sillery, qui servaient
jadis de refuge aux radeaux de bois descendus des rivières.
- Foulure, n. f.
- Phlegmon du tissu cellulaire qui se loge le plus souvent dans
la main. V. Fourchette.
- Four, n. m.
- —Envoyer sous le four, envoyer promener.
- —Avoir la clef du four sur la figure, avoir des taches noires
sur la figure.
- —Chauffer le four, boire des spiritueux.
- —Faire un four, subir un échec.
- Fourche, n. f.
- —Soigner au bout de la fourche, sans précaution.
- —Branche. Ex. La rivière Saint-Charles a des fourches.
- Fourchemise, n. f.
- Fausse chemise, plastron.
- Fourcher, v. n.
- —La langue m'a fourché, j'ai dit un mot pour un autre.
Français familier.
- Fourchetée, n. f.
- Fourchée. Quantité de paille ou de foin qu'on enlève avec
une fourche.
- Fourchette, n. f.
- —La fourchette du père Adam, les doigts.
- —Maladie inflammatoire des doigts de la main.
- —Une bonne fourchette, un homme de grand appétit.
- Fourchon, n. m.
- Enfourchure. Entre-deux des jambes d'un pantalon.
- Fourgâiller, v. a.
- —Fouiller, fureter. Ex. Fourgâiller dans un coffre, un
tiroir.
- —Agiter, remuer. Ex. Fourgâiller le feu dans un poêle,
fourgâiller des bûches de bois.
- Fourgoter, v. a.
- Fureter, déplacer les objets sans soin et sans nécessité.
- Fournaise, n. f.
- Calorifère à eau, à air, à vapeur. Ex. Une fournaise à air
chaud, une fournaise à vapeur.
- Fourneau, n. m.—Gros fumeur.
- Fournée, n. f.
- —Réserver à quelqu'un un pain de sa fournée, lui réserver
une surprise désagréable.
- —Perdre un pain de sa fournée, être dans la tristesse, paraître
embêté.
- Fournil, n. m.—Cave à légumes.
- Fourniment, n. m.—Fourniture, provisions.
- Fournir, v. a.
- —Arriver. Ex. J'ai tellement d'ouvrage que je ne fournis
point.
- —Jouer une carte de même couleur. Ex. Joue une carte
et fournis. V. Adonner.
- —Aller assez vite. Ex. Je ne puis te fournir à ramasser
des pommes.
- Fourniture, n. f.—Avoir de la fourniture, fournir, aux cartes.
- Fourreau, n. m.—Etui.
- Fourrer, v. a.
- —Donner. Ex. Je lui ai fourré un bon coup de pied.
- —Fourrer dedans, tromper.
- —Fourrer son nez partout, se mêler d'une affaire qui ne
nous regarde pas.
- Fourrer (se), v. pron.
- —Se fourrer dedans, se tromper.
- —Se fourrer le doigt dans l'œil jusqu'au coude, se tromper
grossièrement.
- Fourrole, n. f.—Coiffure d'homme, ou tuque de laine bleue.
- Foutant, adj. verb.
- C'est-y pas foutant! expression pour marquer l'ennui, l'embêtement.
- Foutée (une), n. f.
- Beaucoup. Ex. Il y avait une foutée plus de monde que tu
penses.
- Fouter, v. a.
- —Donner. Ex. Foute-moi la paix.
- —Jeter. Ex. Foute ce gas-là dehors.
- —Fouter le camp, se sauver.
- Fouter (se), v. pron.
- —Se moquer. Ex. Je me foute du monde.
- —S'entredonner. Ex. Ils se sont foutés chacun une bonne
claque.
- Foutre, n. m.
- —Envoyer faire foutre, congédier.
- —Ni foutre ni branle, personne.
- —Un Jean Foutre. V. Jean Foutre.
- Foutu, e, adj. et v. a.
- —Fini, ruiné. Ex. Cet homme est foutu.
- —Donner. Ex. Il m'a foutu un coup de poing sur le nez.
- —Ignorant. Ex. Un foutu notaire.
- Foutument, adv.
- Extrêmement. Ex. Cet individu est foutument bête.
- Fouyer, n. m.
- Foyer, dalle scellée devant la cheminée pour isoler le feu du
parquet.
- Fraîche, n. f.—Frais. Ex. Sortir pour prendre la fraîche.
- Fraîcheur, n. f.
- Chaud et froid. Ex. Attraper des fraîcheurs aux pieds.
- Frais, îche, adj. et adv.
- —Se mettre en frais, se disposer. Ex. Il faut se mettre en
frais de partir demain.
- —Etre en frais, être en train. Ex. Quand j'ai reçu votre
lettre, j'étais en frais de vous écrire.
- —Nouvellement. Ex. Des œufs frais pondus.
- * Fralic, frali, n. m. (Angl.)
- —Banquet, festin, fête de famille. Ex. Nous allons avoir
des noces chez les Lapierre, et nous sommes invités à un
grand fralic.
- —Désordre, tapage dans une réunion. Ex. Au pique-nique
d'hier, on s'est amusé, il y a eu un gros frali.
- Franc=foin, n. m.—Agrostis commun.
- Framacie, n. f.—Pharmacie.
- Framacien, n. m.—Pharmacien.
- Franc, che, adj.
- —Un cheval franc, franc du collier.
- —Bois franc, bois dur.
- —Franc comme l'êpée du roi, loyal.
- Français (souliers).
- Souliers à boucles importés de France sous le régime français.
Ce soulier ne se fabrique plus ici, mais le mot est
resté pour distinguer le soulier de la botte sauvage.
- Française, n. f.
- Au jeu de balle, frapper la pelote ou balle au bout du bras,
c'est frapper à la française. Ex. Cet écolier a une bonne
française.
- Francheté, n. f.—Franchise.
- * Franchise, n. f. (Angl.)—Immunité, liberté politique.
- Franchitude, n. f.—Franchise.
- Franger, v. a.—Effranger. Ex. Sa robe est toute frangée
du bas.
- Frappe=d'abord, n. m.
- Hanneton qui pique en se posant sur la peau.
- Frapper, v. a.
- —Frapper un coup, faire un effort.
- —Ne pas frapper coup, ne pas travailler.
- Frasil, n. m.
- Menus morceaux de glace qui se rencontrent à la surface des
rivières, l'automne et le printemps. Ce mot semble tirer
son origine de fraisil, menues parcelles de charbon qui
restent sur la place où le bois a été carbonisé. En France,
on dit phasil pour de la braise.
- Frayant, e, adj.
- Effrayant. Ex. Il fait mauvais aujourd'hui, frayant.
- Fredasser, v. n.—Froufrouter.
- Frédir, v. a. et n.—Froidir.
- Fredoche, n. f.—V. Fardoche.
- * Freezeur, fri, n. m. (Angl.)—Glacière.
- Frégade, n. f.—Frégate.
- Freidir, v. a. et n.—Froidir.
- Freite, n. m. et adj.—V. Fret.
- Frelasser, v. n.
- Faire entendre un bruit semblable à des feuilles sèches que
l'on remue. Ex. Cette femme a une robe de soie qui
frélasse beaucoup.
- Frémille, n. f.—Fourmi.
- Frémillement, n. m.—Fourmillement.
- Frémiller, v. n.—Fourmiller.
- Frémillière, n. f.—Fourmilière, nid de fourmis.
- Frêne blanc, n. m.—Frêne d'Amérique.
- Frêne gras, n. m.—Frêne à feuilles de sureau.
- Frêne rouge, n. m.—Frêne pubescent.
- Frênière, n. f.
- Frênaie, terrain planté de frênes.
- Fréquentation, n. m.
- Action de fréquenter une jeune fille en vue du mariage.
- Fréquenter, v. a.—Courtiser une jeune fille.
- Frérot, n. m.
- Doubles cousins, ou enfants des deux frères mariés aux
deux sœurs. Littré dit: «Frérot, diminutif de frère,
familier. Dans le Glossaire du Nord de la France, fréreux,
cousins germains, ou enfants de deux frères.» Dans
l'ancien français nous trouvons fréreus, cousin fréreux,
cousin germain, et fréreur, avec la même signification.—En
Auvergne, on dit frarot. «La frarot et lai seurotte se
ressounent bien», c'est-à-dire, se ressemblent.
- Fret, n. m.
- —Colis, marchandises, fret, cargaison.
- —Convoi de marchandises. Ex. Voyager par le fret.
- —Char à marchandises.
- —Agent de fret, commissionnaire de transport.
- Fret, te, adj.—-Froid. Ex. J'ai fret aux mains.
- Fri (ma).—Ma foi.
- Fricasser (se), v. pron.
- Se laver les mains comme Ponce-Pilate. Ex. Qu'il dise ce
qu'il voudra, je m'en fricasse. D'après l'Académie, fricasser
signifie, figurement et populairement, dissiper son
bien en débauches et en bonne chère.
- Friche, n. m.
- Friche, n. f., terre neuve ou vierge. Ex. Cette année, nous
allons semer du grain dans le friche.
- Frichnou, n. m.
- Fricot qui donne une odeur plus ou moins nauséuse. Ex.
Qu'ça sent le frichnou!
- Fricot, n. m.
- —Mets particuliers aux cuisinières canadiennes, et dont le
mot fricot, pris généralement, couvre la variété.
- —Festin, dîner où sont conviés les parents et amis à l'occasion
d'une fête de famille, d'une noce, etc.
- —Confusion, désordre, pêle-mêle.
- En France, fricot signifie bombance; c'est le plat qui résulte
de l'action de fricoter.
- Fricotage, n. m.
- Action de préparer les mets pour un repas ordinaire ou de gala.
- Fricoter, v. n.
- —Préparer des ragoûts, etc.
- —Tenir des propos oiseux. Ex. Qu'est-ce que tu fricotes
encore, avec tes discours qui n'ont ni queue ni tête?
- Fricoteux, euse, n. m.
- —Qui prépare les fricots.
- —Qui perd son temps à tenir des discours frivoles.
- Frigousse, n. f.
- —Ragoût de viande, de pommes de terre.
- —Tout plat mal apprêté.
- Friler, v. n.—Grelotter.
- * Frille, n. m. (Angl.)
- —Petit collet tuyauté ou craqué porté par les petits garçons.
- —Morceau de fer-blanc arrondi et craqué qui entoure le
tuyau de poêle à l'endroit même où il communique avec
la cheminée.
- * Frilling, n. m., (m. a.)—Fraise, ornement d'un jabot.
- Frimasser, v. n.
- Se couvrir de frimas. Ex. Ce matin, les arbres sont tous
frimassés.
- Frine (ma).—Ma foi. Juron déguisé.
- Fringaleux, euse, adj.—Sujet à avoir la fringale.
- Fringue, n. f.
- —Joie. Ex. As-tu vu l'ami Gaspard? je te dis qu'il est en
fringue, ce matin.
- —Crise, excès. Ex. J'ai eu une dure fringue de mal de
dents, depuis deux jours.
- Fripe, n. f.
- Tomber sur la fripe de quelqu'un, lui donner des coups ou
lui dire de grosses vérités.
- Fripé, adj. verb.
- Avoir triste mine. Ex. Comme te voilà fripé, as-tu fait une
fête?
- Fripouille, n. f.
- Gredin, homme sans valeur ni considération.
- Frique, n. f.—Plaine de sable.
- Friser, v. n.—Rejaillir, eu parlant des liquides.
- Frisette, n. f.
- Papillotte, chiffon de papier autour duquel on enroule les
cheveux pour les tenir frisés.
- Frisonner, v. a.
- Poser des frisons sur la jupe ou sur le corsage d'une robe de
femme.
- Frisons, n. m. pl.
- —Moutons, écume blanche qui se forme à la crête des vagues
quand l'eau de la mer est très agitée.
- —Bandes d'étoffes de laine, de coton ou de soie plissées et
qui servent à garnir les bas de robes de femmes.
- Frisson, n. m.
- Enfant émoustillé. Ex. Un petit frisson.
- Frissonneux, euse, adj.
- Pris de frisson. Ex. Je suis frissonneux ce matin.
- Frit, n. m.—Fruit.
- Fritage, n. m.—Fruitage.
- Fritier, n. et adj.—Fruitier.
- Frivolent, e, adj.
- —Coquet. Ex. Une femme frivolente.
- —Vif et sec. Ex. Un vent frivolent.
- Frivolité, n. f.—Sorte de dentelle, broderie.
- Froc, n. f.
- —Vêtement de dessous, en laine ou en coton. Ex. Mets
ta froc si tu ne veux pas prendre le rhume.
- —Blouse avec ceinture à la taille.
- —Frockcoat, redingote, appelée aussi Prince Albert.
- Froid, n. m.
- —Jeter un froid, produire une impression qui glace les esprits.
- —Prendre froid, avoir froid.
- —Un froid noir, temps obscur et très froid.
- —Prendre du chaud et du froid, contracter une inflammation.
- —N'avoir pas froid (frette) aux yeux, avoir un certain
toupet, n'être pas engourdi.
- Froidir, v. n.—Ne pas froidir en place, remuer sans cesse.
- Frôler (se), v. pron.
- Se coller au flanc des autres sans invitation.
- Frôleux, euse, adj.—Personne qui se frôle.
- * Frolic, n. m. (Angl.) V. Fralic.
- Fromage, n. m.—Tête en fromage, fromage de cochon.
- Fromage raffiné, n. m.
- Petit fromage à la crème, que les seuls cultivateurs de l'île
d'Orléans savent bien fabriquer.
- Fromagé, e, adj.
- Tête fromagée, fromage de cochon. Fromagé n'est pas français.
- Fromagier, n. m.—Fromager, qui fabrique le fromage.
- Fromentation, n. f.—Fermentation.
- Fromenter, v. n.—Fermenter.
- Fronde, n. f.
- Furoncle. Ex. J'ai le cou couvert de frondes.
- Fronder, v. a.—Lancer avec la fronde ou avec la main.
- Front, n. m.
- Avoir un front de bœuf, être audacieux à l'excès.
- Fronteau, n. m.
- Limite extrême d'une pièce de terre, prise sur sa plus grande
longueur.
- Frontière, n. f.
- Frontail ou frontal, partie de la têtière du cheval qui passe
en avant de la tête et au-dessus des yeux.
- Frotter, v. a.
- —Cirer. Ex. Garçon, frotte mes bottes.
- —Nettoyer. Ex. Marguerite, frotte le poêle, il est très
malpropre.
- Frotteur, n. m.—Cireur de bottes.
- Frou=frou, n. m.—Personne agitée.
- Fruit, adj.—Vieux. Ex. Un code civil trop fruit.
- Fruitage, n. m.
- —Fruits. Ex. Courir les fruitages.
- —Fruits, en général. Ex. Il ne fait pas bon manger du
fruitage quand il fait bien chaud.
- Fruster, v. n.—Fouiller partout, fureter.
- Frusteux, euse, adj.—Qui fouille partout.
- Frutage, n. m.
- Fruitage. Ex. Il y a beaucoup de frutages cette année.
- Fugère, n. f.—Fougère.
- * Full dress, foule, (m. a.)
- Grande tenue, bien habillé. Ex. Je suis en full dress ce
matin.
- * Full speed, spîde, (m. a.)
- A toutes jambes, à bride abattue. Ex. Un train qui va
full speed.
- * Full steam, stîme, (m. a.)—A toute vapeur.
- Fumelle, n. f.—Femelle. Froissart a écrit fumelle.
- Fumer, v. n.
- —Se reposer en causant. Ex. Entre donc fumer un peu,
nous allons jaser.
- —Faire preuve d'ignorance dans un examen oral. Ex. Un
écolier qui fume en classe, quand son maître lui fait réciter
ses leçons.
- Fumeux, adj.
- —Fumeur. Ex. Un gros fumeux.
- —Ecolier qui ne sait pas ses leçons.
- * Fun, fonne, (m. a.)
- —Divertissement, amusement. Ex. C'est une personne de
fun. Faire un voyage de fun. Prendre un parti de fun.
- Funérailles, n. f. pl.
- Objets divers. Ex. Va chercher la boîte aux funérailles,
j'en ai besoin pour avoir des clous et des vis.
- Fur et à mesure (à), loc. adv.
- Au fur et à mesure. Ex. Vous viendrez à fur et à mesure
que votre nom sera appelé.
- Fureteux, euse, adj.—Fureteur.
- Furir, v. n.—Entrer en fureur.
- Furnonche, n. f.
- Espèce de confiture faite avec du sirop et un peu de farine,
auxquels on ajoute du raisin.
- * Fuse, fiouse, (m. a.)
- —Mèche.
- —Coupe-circuit.
- Fuseau, n. m.
- Bobine. Ex. Donne-moi donc mon fuseau de fil.
- Fusée, n. f.
- Etre au bout de sa fusée, ne savoir plus que faire, que dire.
- Fusil, n. m.
- —Estomac, ventre. Ex. Fourre-toi ce verre de vin dans
le fusil.
- —Fusil sans plaque, un bon à rien.
- —Partir comme un fusil sans plaque, subitement.
- Fusil à air, n. m.—Fusil à vent.
- Fusil (en), loc.
- —En diable, irrité. Ex. Personne n'a su ses leçons, notre
maître était en fusil.
- —Avoir les yeux en fusil, avoir l'air très fâché.
- Futaille, n. f.
- Ivrogne invétéré. Ex. Sors d'ici, vieille futaille.
- Ga, Gas, n. m.
- Gars, petit garçon. S'applique aussi aux personnes d'un
certain âge. Ex. Tu es un beau gas, toi; pourquoi n'es-tu
pas venu me chercher pour aller au club?
- Gaban, n. m.—Mauvais sujet, vagabond.
- Gabander, v. n.
- Vagabonder, errer. Ex. Au sortir de la classe, ne gabande
pas par les rues.
- Gabandeux, euse, adj.—Qui gabande.
- Gabare, n. m.
- Maison, machine quelconque mal construite et d'apparence
grossière. Ex. Est-ce une boîte que tu as voulu faire?
Quel gabare? Un gabare de maison, un gabare de voiture.
- Gabarot, n. m.
- Un bon à rien, querelleur et dissipé. Ex. En voilà un beau
gabarot.
- Gabion, n. m.
- Petite cabane où s'installe le chasseur en attendant le gibier
près d'une mare.
- Gabionner, v. a.
- Envelopper quelqu'un de vêtements chauds, de fourrures.
- Gabionner (se), v. pron.
- —S'emmitoufler. Ex. Gabionnons-nous comme il faut,
car il fait un froid noir.
- —Se cacher aux regards du gibier en s'installant dans un
gabion.
- Gabotter, v. n.
- —Aller et venir sans trop savoir où s'arrêter. Dans le
Perche, gabotter veut dire se balancer en dansant.
- —Exécuter des ouvrages sans importance.
- Gabotteux, euse, adj.—Qui gabotte.
- Gâcher, v. a.—Travailler grossièrement.
- Gâcheux, euse, adj.
- —Qui gâche, travaille grossièrement.
- —Gâteux, personne à l'intelligence affaiblie.
- Gâchillage, n. m.
- Gâchage, action de gâcher.
- Gâchiller, v. a. (Cl.)
- Gâcher. Ex. Il a gâchillê cette besogne. Se dit dans le
centre de la France.
- Gadelle, n. f.
- Groseille à grappes. Nous avons la gadelle rouge, la gadelle
noire et la gadelle sauvage.
- —Avoir les yeux à la gadelle, faire les yeux en coulisse.
- Gadelle noire, n. f.—Cassis.
- Gadelle sauvage, n. f.
- Groseille sauvage dont le fruit est rouge et recouvert d'un
léger duvet.
- Gadellier, n. m.—Groseillier à grappes.
- Gadousier, n. m.—V. Galousier.
- Gaffe, n. f.
- Maladresse. Ex. Faire une gaffe. Français populaire et
familier, dit Larousse.
- Gaffer, v. a.
- —Saisir avec la gueule. Se dit d'un chien qui saisit rapidement
l'aliment qu'on lui jette.
- —Empoigner. Ex. Je l'ai gaffé par le bras et l'ai sorti de
l'eau. Gaffer, en France, se dit pour manger en glouton,
comme un chien.
- Gaffer (se), v. pron.
- —Se prendre à bras-le-corps. Ex. Ils se sont gaffés tous
les deux pour se colletailler.
- —S'emporter outre mesure.
- Gaffeux, euse, adj.
- Qui saisit avec sa gueule ou avec ses mains.
- Gafre, adj.—Glouton, safre.
- Gage, n. m.—Anneau de fiançailles.
- Gage que, loc.
- Employé adverbialement par une sorte d'ellipse de: je gage
que. Ex. Gage que tu n'es pas capable de te lever à cinq
heures du matin.
- Gager, v. a.
- Mettre au doigt d'une jeune fille l'anneau des fiançailles.
- Gages, n. f. pl.
- Gages, n. m. pl. Ex. Les servantes exigent de grosses
gages, par le temps qui court.
- Gagnage, n. m.—Gain, salaire.
- * Gagne, n. f. (Angl.)—V. Gang.
- Gâgne, n. m.
- Gain, salaire. Ex. Tout ouvrier a droit à son gâgne.
- Gâgné (vieux), loc.
- Economies. Ex. Je n'ai plus rien à faire, je suis obligé de
vivre sur le vieux gâgné.
- Gâgne=pain, n. m.—V. Gangne-pain.
- Gagner, v. a.
- —Convaincre. Ex. Il hésitait à me suivre, j'ai fini par le
gagner.
- —Aller, s'en aller, fuir. Ex. Gagne le bois, je t'y rencontrerai.
Gagne la porte, ou je t'assomme.
- —Gagner de l'avance, prendre le devant.
- Gagouette, n. m.
- Gorge. Ex. Je lui ai serré le gagouette, au point que j'ai
cru qu'il allait étouffer.
- Gaillard, adj. et n. m.
- —Qui a une légère pointe de vin. Ex. Nous avons pris
quelque chose ensemble, et nous étions tous gaillards.
- —Botte sans semelle, appelée soulier de beu (bœuf.)
- * Gaiters, guéteurses, n. f. pl., (m. a.)
- Chaussures montantes, à boutons ou à élastiques.
- Galafre, adj.—Gourmand. Ex. Un enfant galafre.
- Galafrée (à la), loc.
- A la dérobée, sans faim, pour le plaisir de satisfaire une
gourmandise exagérée.
- Galancine, n. f.—Balançoire.
- Galanter, v. a.—Galantiser, faire le galant, courtiser.
- Galantise, n. f.
- Galanterie, politesse. Ex. Ce jeune homme est plein de
galantises pour tout le monde. Qu'il est donc poli!
- Galapiat, n. m.
- Rustre, homme sans valeur. Dans le Berry, on dit galapiat
pour mauvais sujet. Dans l'Anjou, c'est un vagabond, un
chemineau.
- Gale, n. f.
- —Croûte, squame formée à la surface des plaies. Ex. Je
ne sais pas ce que ça veut dire, j'ai le dos couvert de
gales.
- —Se carrer comme un pou sur une gale, être heureux dans
sa position.
- —Avoir la gale aux dents. V. Dent.
- Galendard, n. m.—Godendard.
- Galer, v. n.
- Couvrir de gales. Ex. Ton bobo est mieux, il commence à
galer.
- Galère, n. f.—Grande varlope à l'usage des menuisiers.
- Galerie, n. f.
- Sorte de balcon qui fait le tour d'une maison, ou seulement
longe sa façade. Ex. Allons nous promener sur la galerie.
- Galetas, n. m.
- —Mauvais lit, paillasse dure.
- —Grenier à foin.
- En France, le galetas est un logement misérable ou un logement
sous les combles.
- Galette, n. f.
- —Crêpe. Ex. As-tu jamais mangé des galettes de sarrasin
à la station de London? ça ne se bat pas.
- —Terre humide ou neige amoncelée sous forme de galette.
- Galfétage, n. m.—Calfatage, action de calfater.
- Galféter, v. a.
- Calfater, calfeutrer, garnir d'étoupe, de goudron, les fentes
de la coque d'un vaisseau, ou les interstices entre les
madriers ou les pièces de bois dans la construction des
maisons.
- Galféteur, n. m.—Calfateur, calfat.
- Galibardi, n. m.—Garibaldi. V. ce mot.
- Galimafrée (à la), loc.
- Manger à la galimafrée, prendre une bouchée à la dérobée.
- En France la galimafrée est un ragoût copieux de toutes
sortes de viandes.
- Galipote, n. f.
- Prétentaine. Ex. Courir la galipote, rôder à droite et à
gauche sans but arrêté.
- Galoche, n. f.
- Jouer à la galoche, au foot ball.
- * Galogne.—Corruption de l'anglais go along. V. Gologne.
- Galon, n. m.
- Roulette, qui sert à prendre les mesures de superficie et qui
s'enroule dans un boîtier circulaire en bois ou en cuir. On
l'appelle galon de mesure.
- Galop, n. m.—Donner un galop, semoncer.
- Galoper, v. n.—Courir les chemins.
- Galopeux, euse, adj.—Individu qui court les chemins.
- Galotisier, n. m.—Méchant garnement.
- Galureau, n. m.—Godelureau, désœuvré, vaurien.
- Galvauder, v. a. et n.
- —Flâner. Ex. Pierre passe son temps à galvauder ici et là.
- —Tripoter. Ex. Qu'est-ce que tu galvaudes dans la commode?
- —Ennuyer, incommoder. Ex. J'ai une puce qui me galvaude.
- Galvauderie, n. f.—Action de galvauder.
- Galvaudeux, euse, adj.
- —Celui qui furette partout et met le désordre.
- —Celui qui parcourt les chemins avec toutes les allures
d'un voleur.
- Gamache, n. m.
- Raide comme les culottes à Gamache, vêtement raidi par la
gelée ou par la boue séchée.
- * Gambler, bleur, (m. a.)—Joueur.
- * Game, ghème, (m. a.)
- —Brave. Ex. Cet homme-là est bien smart, c'est un game.
- —Généreux. Ex. Es-tu assez game pour payer la voiture?
- * Gamer, ghêmer, v. a. (Angl.)
- Empoigner avec adresse en jouant.
- Gamme, n. f.
- Chanter une gamme, admonester, dire de rudes vérités.
- Ganache, n. f.
- Personne peu intelligente. Ex. Une vieille ganache.
- Gandolle (en), loc.
- En mauvais ordre. Ex. Mes vêtements s'en vont en gandolle.
Gandoler, en Normandie, signifie balancer, remuer;
le provençal gancillar signifie chanceler.
- * Gang, gangne, (m. a.)
- Bande, troupe, clique, escouade. Ex. La gang du clos, une
gang de voleurs, une gang d'écoliers.
- Gangne, n. m.—Gâgne. V. ce mot.
- Gangne=pain, n. m.
- Gagne-pain. Ex. Laisse lui au moins sa hache, c'est son
seul gangne-pain.
- Gangner, v. a.
- Gagner. Ex. Quand tu seras capable à gangner ton tabac,
tu fumeras.
- Ganif, n. m.
- Canif. Ménage dit: «Il faut écrire et prononcer gannif et
non pas cannif.» Ce mot doit venir de knife, couteau.
- * Gangway, ganng'oué, (m. a.)
- Passavant, passerelle. Ex. Embarquez, Monsieur, nous
allons enlever le gangway.
- Ganse, n. f.
- Tirant. Ex. Je viens d'arracher une ganse à mes bottes.
- Gants de la Vierge, n. m. pl.
- Ancolie du Canada.
- Garanti, n. m.
- Garant. Ex. Mets un châle, ce sera un garanti contre le froid.
- Garcette, n. f.
- Cordes ou lanières de cuir dont on se sert pour corriger les
enfants vicieux. Ex. Manger de la garcette n'est pas
agréable.
- Garçon (vieux), n. m.—V. Vieux garçon.
- Garde, n. f.
- Se donner de garde, se garder. Ex. Je me donnerai bien de
garde de sortir sans votre permission.
- Garde=chien, n. m.—Suisse.
- Garde=robe, n. m.
- Garde-robe, n. f. Ex. J'ai un beau garde-robe en acajou.
- Garde=soleil, n. m.
- —Parasol, ombrelle.
- —Store, rideau ou toile placée dans une fenêtre pour tamiser
ou obscurcir les rayons du soleil.
- Garde=vase, n. m.
- Bande de cuir fixée en avant d'une voiture pour garantir de
la boue.
- Garde=z=yeux, n. m.—Œillère.
- * Garden party, (m. a)
- Fête mondaine donnée dans un jardin, dans un parc.
- Garder, v. a.
- —Veiller et prier. Ex. Garder un mort.
- —Regarder. Ex. Garde ce que tu fais là.
- Gârder, v. a.—Regarder. Ex. Gârde-moi pas, misérable!
- Gardeux, euse, adj.
- Gardien, gardienne, qui prend soin de la maison, quand
toute la famille s'absente.
- Gargancua, n. m.—Gargantua, gros mangeur.
- Gargaton, n. m.—Gorge.
- Gargote, n. f.
- Cuisine. Ex. Nous irons au lac à la Galette, et c'est moi
qui se charge de la gargote.
- En France, une gargote est un lieu où l'on mange malproprement.
- Gargoter, v. n.
- —Faire un bruit semblable à celui qui se produit lorsqu'on
se gargarise. Ex. Ça me gargote dans la gorge.
- —Faire de la cuisine plus ou moins grossière.
- Gargoton, n. m.
- Gosier. Ex. Me voilà incapable de parler, j'ai le gargoton
au vif.
- Gargouche, n. f.
- Gros pain de sucre d'érable. Ex. Hacher du sucre amont
la gargouche.
- Gargousser, v. n.—Gargouiller.
- Garguienne, n. f.
- —Fille d'honneur.
- —Gardienne.
- Garibaldi, n. m.—Corsage de laine.
- Garni, n. m.
- —Pierres concassées destinées à remplir les vides d'une
maçonnerie.
- —Morceau de toile ou de coton plié en plusieurs doubles et
piqué qui fait partie de la lingerie particulière au sexe.
- Garnouille, n. f.—Grenouille.
- Garocher, v. a.—Lancer des roches, des pierres.
- Garocher (se), v. pron.
- S'envoyer des pierres. Ex. Des enfants qui se garochent.
- Garouage, n. m.
- Vagabondage, flânerie. Ex. Mon mari est parti en garouage,
cherche où. Ce mot vient probablement de l'expression
courir le loup-garou. En France, aller en garouage,
c'est se dissiper, courir la prétentaine.—Ici, l'expression
ne veut rien dire de plus que flâner, courir d'une maison
à l'autre.
- Garuage, n. m.—V. Garouage.
- Gars, n. m.—Garçon. V. Ga.
- Gaspareau, n. m.—Alose tyran.
- Gaspillard, e, adj.—Gaspilleux, euse.
- Gaspille, n. m.
- Gaspillage. En Normandie, jeter à la gaspille veut dire
jeter des dragées ou des sous à une troupe d'enfants qui
se battent pour les ramasser.
- Gaspilleux, euse, adj.—Gaspilleur.
- Gâte-sauce, n. m. et f.
- Qui gâte tout ce qu'il touche. Ex. Tu n'es qu'un gâte-sauce,
ne te mêle de rien.
- Gas, n. m.—Gars. V. Ga.
- Gaton, n. m.
- Bâtonnet qui sert a assujettir les ménoires au traîneau. Dans
le Perche, gaton signifie bâton; le gaton s'emploie pour
serrer la corde qui tient la charge d'une voiture. En
Normandie, on dit gâton.
- Gaudrier, n. m.
- Baudrier. Ex. Des semelles de bottes en bon gaudrier.
- Gaudriole, n. f.
- Mélange de son et d'eau pour l'alimentation du bétail.
En France, la gaudriole est une plaisanterie un peu libre.
- Gaupe, n. f.—Femme sans ordre. (De Gaspé, Mémoires.)
- Gavache, n. m.—Lâche.
- Gavagner, v. a.
- —Détériorer. Ex. Mes vêtements sont pas mal gavagnés.
- —Troubler. Ex. J'ai une idée qui me gavagne.
- En France, ce mot signifie gaspiller, gâter.
- * Gazelier, n. m. (Angl.)—Lustre à gaz, candélabre.
- Gazette, n. f.—Personne bavarde.
- * Gazetter, v. a. (Angl.)
- Publier un avis, une annonce dans la Gazette Officielle.
- Gazon, n. m.
- Bloc de neige durcie. Ex. Nous allons faire une cabane de
neige, coupe des gazons à force.
- Geangar, n. m.
- Hangar. Ex. Va porter le harnois dans le geangar.
- Gearbe, n. f.
- Gerbe de blé. Ex. La fête de la grosse gearbe semble être
disparue de nos coutumes religieuses.
- Gearce, n. f.—Gerce, crevasse.
- Geargaude, n. f.—V. Gergaude.
- Geargeau, n. m.
- Gesse, légumineuse cultivée comme fourrage et même comme
aliment.
- Gearmain, e, adj.—Germain. Ex. Mon cousin gearmain.
- Gégnièvre, n. f.—Genièvre.
- Geigneux, euse, adj.—Geignard, plaignard.
- Geint, n. m.
- Plainte, lamentation. Ex. Avant de mourir, il a envoyé un
geint.
- Gelasser, v. n.—Geler légèrement.
- Gelaudé, e, adj.—Un peu gelé.
- Geler, v. n.
- —Couvrir de givre. Ex. Les vitres sont gelées.
- —Etre timide à l'excès. Ex. Un enfant gelé.
- —S'éloigner de l'objet cherché. Ex. Tu gèles, c'est-à-dire,
tu t'éloignes de l'objet caché et qu'il s'agit de trouver.
(Terme de jeu.)
- Gendarme, n. m.
- Virago. Ex. Quel gendarme que cette femme!
- Gêner, v. a.
- Etre gêné de ses eaux, souffrir d'une rétention d'urine.
- Génie, n. m.
- Se prend dans un sens tout différent du sens véritable. Nous
disons: c'est un petit génie, c'est-à-dire un homme de peu
d'esprit. Ex. Je ne suis pas un grand esprit, mais je ne
suis pas non plus un petit génie. Il faut connaître nos
cultivateurs pour bien comprendre le vrai sens de cette
phrase.
- Geniève, n. m.—Genièvre.
- Gens, n. f. pl.
- —Personnes de la même famille. Ex. Allons, nos gens,
préparez-vous à partir pour la messe.
- —Personnes de la même paroisse. Ex. Les gens de par
chez nous sont pas aussi bêtes qu'on croit.
- —Les bonnes gens, les maîtres d'une maison, les chefs de la
famille. Ex. Je m'en vais consulter les bonnes gens, et je
vous donnerai une réponse, oui ou non.
- —Les gens des noces, les invités à une noce.
- —Les gens de nos gens, les amis de nos amis.
- Gentilhomme, n. m.
- Homme droit, honorable, bien élevé, de bonne compagnie.
- Gentilhommerie, n. f.—Qualité de gentilhomme.
- Gentillesse, n. f.—Droiture, loyauté.
- * Gentleman, n. m., (m. a.)
- Gentilhomme, un galant homme.
- Georges, n. f. pl.
- Orges. Ex. La semaine qui vient, nous ferons nos georges.
- Gérémium, n. m.—Géranium.
- Gergaude, n. f.
- Fillette qui aime à folâtrer avec les petits garçons de son
âge, une garçonnière.
- Gergauder, v. n.—Faire la gergaude.
- Gergauderie, n. f.—Action de gergauder.
- Germage, n. m.—Action de germer.
- Germe, n. m.
- Bourbillon. Ex. Aussitôt que ton clou (fronde) sera mûr,
tu feras sortir le germe.
- Germine, adj. f.
- Germaine. Ex. Celle-là, c'est ma cousine germine.
- * Gerrymander, n. m., (m. a.)
- Redistribution de la carte des districts électoraux de manière
à ne pas nuire au parti qui en est l'auteur. Ce nom vient
de Gerry, gouverneur du Massachusetts, qui, le premier,
s'avisa d'avoir secours à ce procédé pour favoriser le parti
démocratique.
- Gester, v. n.
- Faire des gestes, afficher des prétentions ridicules.
- Gestes, n. m. pl.
- —Cérémonies. Ex. Allons donc, ne fais pas tant de gestes,
tu as pourtant envie d'aller te promener.
- —Grimaces, contorsions. Ex. Ménage tes gestes, tu te
brises la figure.
- —Prétentions ridicules.
- Gesteux, euse, adj.—Personne affectée, maniérée.
- Gevaux, n. m. pl.—Chevaux. Ex. Une course à gevaux.
- Giant, n. m.
- Géant. Ex. Conte-moi le conte où il y a des giants.
- Gibbar, n. m.—Cétacé très gros, appelé orque épaulard.
- Gibelotte, n. f.—Toute sorte de ragoûts de volaille.
- Gibier, n. m.
- —Enfant difficile, dur à cuir, espiègle. Ex. Quel gibier
que ce garçon!
- —Gibier d'eau douce, même sens.
- —Gibier de malheur, homme de malchance.
- Giboire, n. f.
- Chasser à la giboire, au moyen d'un piège ou lacet suspendu
au bout d'une perche.
- Giffe, n. f.
- Coup avec la main ouverte sur la joue. Ex. Donner, recevoir
une giffe.
- Giffer, v. a.—Souffleter, donner une giffe.
- Gifler, v. a.
- —Voler, dérober. Ex. Il m'a giflé ma plume-fontaine.
- —Donner une gifle.
- Gigailler, v. n.—S'agiter, se remuer beaucoup.
- Gigier, n. m.
- —Gésier.
- —Poumons. Ex. Cet orateur peut parler trois heures en
plein air sans se fatiguer, il faut qu'il ait un bon gigier,
c'est-à-dire, de bons poumons, une forte poitrine.
- Gignoler, v. n.
- —Ne pas être sûr de ses jambes. Ex. Cet homme gignole,
il a les jambes molles.
- —Se disloquer. Ex. La patte de la table gignole, elle menace
de tomber.
- Gigotage, n. m.
- Action de gigoter. Ex. Cesse donc tes gigotages.
- Gigotement, n. m.—V. Gigotage.
- Gigoter, v. n.
- Se remuer, se donner beaucoup de mal pour arriver au succès.
- Gigoteux, euse, adj.—Qui gigote beaucoup.
- Gigue, n. f.
- Faire danser une gigue, battre, rosser d'importance.
- Gigues, n. f. pl.
- Jambes grêles. Ex. Cache tes grandes gigues, mon petit
gas, tu vas te geler.
- Gilet, n. m.
- Veste ou veston. Ex. Mets ton gilet, mon vieux, il fait
encore trop froid pour sortir en veste. En France, le gilet
correspond à ce que nous appelons la veste.
- Gingen, n. m.—Gingembre.
- Gingeolent, e, adj.—Gai, folâtre.
- * Ginger bread, djinn djeur brède, (m. a.)
- Pain d'épice.
- Gingue (en), loc.
- —Gaieté. Ex. Comme tu es en gingue, ce matin, tu vas
nous faire passer une triste journée.
- —Vif d'allure. Notre poulain est terriblement en gingue
depuis que nous le mettons au clos.
- Ginguer, v. n.
- Courir en sautant. Ex. Mes enfants, vous pouvez aller dans
la cour, et ginguez-y tant que vous voudrez. Dans le Perche,
ginguer c'est jouer en montrant son adresse ou sa
force.
- * Ginnerabette. (Angl.)
- Caoutchouc. Ex. J'ai une grosse pelote en ginnerabette
pour jouer à la palette. Ce mot est une corruption de
Indian rubber, caoutchouc.
- Giole, n. f.
- —Trébuchet.
- —Geôle, prison.
- Giolier, n. m.—Geôlier.
- Girafe, n. f.
- Femme au cou long et élancé.
- Glacé (être).
- Avoir froid par tout le corps. Ex. J'arrive du froid, je suis
glacé d'un bout à l'autre.
- Glaine, n. f.
- Graine. Ex. Allons cuyer des glaines sur la montagne à
Coton. Glaine serait synonyme de petit fruit sauvage.
- Glainer, v. a.—Glaner. Autrefois glainer se disait.
- Glainure, n. f.—Glanure.
- Glajeul, n. m.—Glaïeul. V. Clajeul.
- Glandes, n. f. pl.
- Ganglions hypertrophiés. Ex. Mon enfant a la gorge couverte
de glandes.
- Glas, n. m.
- Sonner les glas, sonner le glas funèbre. Ex. Nous avons
une servante qui casse toutes nos assiettes, elle ne sonne
pas les glas chaque fois qu'il lui arrive de ces sortes
d'accidents. (Figur.)
- Glissée, n. f.
- Piste formée par le passage des animaux des grands bois.
Ex. Une glissée de loutres, une glissée de visons.
- Glissette, n. f.—Glissade.
- Glissoire, n. f.
- Auge de forte dimension par où l'on fait glisser les cribes
d'un cageu.
- Globe, n. m.—Cheminée. Ex. Un globe de lampe.
- Gloire, n. f.
- Partir pour la gloire, être sur le chemin de l'ivresse.
- Glouglouter, v. n.
- Imiter le bruit d'un liquide qui s'échappe d'une bouteille.
- Gnasse, n. m. et f.
- Niais. Ex. C'est un gnasse. En Normandie, gniot, et dans
le Berry, gniogniot, ont le même sens.
- Gniangnian, n. m.—Homme sans énergie, lambin.
- Gniasse, n. m. et f.—V. Gnasse.
- Gniochon, n. m.—Homme peu intelligent.
- Gniole, n. f.
- Taloche. Ex. Si tu ne t'arrêtes pas, je vais te flanquer une
bonne gniole. Eu Normandie, gniole signifie niaiserie.
- Gnognote, n. f.
- —Bagatelle, chose de peu de valeur.
- —Mensonge.
- Gnochon, n. m.—V. Gniochon.
- Gnole, n. f.—V. Gniole.
- Go, n. m.
- Gosier. Ex. Fourre-toi ce bonbon dans le go, gourmand
que tu es.
- * Go ahead, go éhedde, (m. a.)
- —Etre entreprenant. Ex. J'ai un enfant qui a du go ahead.
- —Aller de l'avant. Ex. Fouette ton cheval un peu, charretier,
go ahead.
- * Go along, go élonng, (m. a.)
- Avance, poursuis ta route. V. Galogne et Gologne.
- Gobe, n. f.
- —Coup de vin. Ex. Nous allons prendre une gobe.
- —Grosse bouchée.
- —Gobe d'imprimeur.
- Dans l'ancien français gobe voulait dire vaniteux, vain,
délicat.
- Gobette, n. f.
- Histoire pour rire, chose que l'on fait gober aux gens. Ex.
Nous en avons dit des gobettes, c'est-à-dire, nous nous
sommes amusés à conter des histoires en l'air. Expression
fort en vogue autrefois dans les campagnes autour de
Montréal.
- Goce, n. f.
- Entaille dans le bois faite avec un couteau.
- Gocer, v. a.
- Travailler le bois avec un couteau. Ex. Dans les collèges,
les élèves aiment beaucoup à gocer leurs pupitres, ils gocent
aussi pendant les récréations, les arbres, des bouts de bois.
- Goceur, n. m.—Celui qui goce.
- Godd, n. m.—Pingouin commun.
- * Goddem, n. m. (Angl.)
- Sobriquet donné aux Anglais, à cause du juron qui leur est
propre.
- * Goddémer, v. a. (Angl.)
- Jurer en langue anglaise. Ex. Cesse donc de goddémer.
- Godendard, n. m.
- —Grande scie qui sert à tronçonner ou à fendre le bois dans
le sens de sa longueur.
- —Homme très ennuyeux. Depuis que l'on dit: c'est une
scie, pour une homme ennuyeux, on a trouvé pour qualifier
un homme très ennuyeux l'expression: c'est un godendard.
Ce n'est pas du vieux langage canadien, c'est un
néologisme populaire greffé sur une importation française.
Dans le Perche on dit godendardes. En Normandie, le
godenda est une scie de maçon.
- Godille, n. f.—Aviron servant à godiller.
- Godiller, v. n.
- Faire avancer une embarcation à l'aide d'une godille.
- Godron, n. m.—Goudron.
- Godronner, v. a.—Goudronner.
- Goglu, n. m.
- —Oiseau appelé Ricebird par les anglais. Appartient au
genre Dalichonyx. Il siffle admirablement.
- —Mauvais plaisant, hâbleur.
- Goinfre, n. m.
- Goinfre, n. f.—Ex. Quel mangeur terrible, c'est un vrai
goinfre!
- Goitte, n. f.
- Goître, n. f.—Ex. As-tu remarqué comme j'ai la gorge
enflée, je crois que j'ai une goitte.
- * Gologne.
- Corruption de l'anglais go along, va-t-en, poursuis ton chemin.
Ex. Gologne sauve-toi au plus vite. Il n'y a pas
de gologne, c'est-à-dire ce n'est pas tout ci, tout ça, je
reste où je suis.
- Gomme, n. f.
- —Aller à la gomme, s'en aller loin. Ex. Va à la gomme,
tu m'achales.
- —Envoyer à la gomme, envoyer promener.
- Gomme arabique, n. f.
- Mucilage. Ex. Prête-moi ta gomme arabique pour coller
du papier.
- Gommé, e, adj.
- Pris de boisson. Ex. As-tu rencontré Sem, il est encore
gommé, ce soir.
- Gommeux, euse, adj.
- Boueux, vaseux, gluant. Ex. Les chemins sont gommeux
dans les concessions de Saint-Pancrace.
- Gonce, n. m.
- Faire le gonce, pleurnicher pour obtenir quelque faveur. Ex.
Ne fais pas le gonce comme cela, tu m'ennuies à la fin.
- Gonfle, n. m.
- Gonflement, action de ce qui est gonflé.
- Gonze, m. m.—V. Gonce.
- Gordiche, n. m.—Petit goujon.
- Gordon, n. m.—Goujon.
- Gorec, n. m.—Goret.
- Goret (petit),—Goret.
- Gorge (grosse), n. f.—Goître.
- Gorgerette, n. f.—Bride.
- Gorgette, n. f.
- —Bride, attache de chapeau de femme.
- —Sous gorge, dans l'attelage des chevaux.
- Gorgoter, v. n.—V. Gargoter.
- Gargoton, n. m.—Gosier.
- Gorlot, n. m.—Grelot. Ex. Des gorlots de patates.
- Gorlotter, v. n.—Grelotter.
- Gornaille, n. f.—Gens de peu de valeur.
- Gorton, n. m.—Creton.
- Gosse, n. m.—Jeune garçon.
- Gosser, v. a.—V. Gocer.
- Gouaiche (à la), loc.
- A gogo, à satiété. De Gaspé a écrit à gouêche dans ses Mémoires
(p. 417).
- Gouâiller, v. a.—Railler, plaisanter.
- Gouâillerie, n. f.—Raillerie.
- Gouâilleur, adj. et n.—Qui gouâille.
- Goudille, n. f.
- —Godille, aviron placé à l'arrière d'un canot et auquel on
imprime des mouvements qui imitent ceux d'une hélice.
- —Goudrelle. V. ce mot.
- Goudiller, v. n.
- Godiller, faire avancer une embarcation en se servant de la
godille.
- Goudrelle, n. f.
- Chalumeau fixé aux érables qui permet de recueillir la sève
des érables en vue de la fabrication du sucre.
- Goudrier, n. m.—Baudrier.
- Goudrille, n. f.—Goudrelle. V. ce mot.
- Goudriole, n. f.—Gaudriole. V. ce mot.
- Gouffre, n. et adj.
- —Gros mangeur. Ex. C'est un gouffre, il mange comme
quatre.
- —Obtus, émoussé. Ex. Le taillant de ce couteau est
gouffre.
- Gouine, n. f.—Femme de réputation perdue.
- Goujon, n. m.
- Mot piquant, sarcasme, lardon. Ex. Faire avaler un goujon.
- Goule, n. f.
- Bouche. Ex. Ferme ta goule. Corruption de gueule, gula.
- Goulée, n. f.
- Le contenu de la bouche remplie de solide et de liquide. Ex.
Il me vient des goulées de bile quand je digère mal.
- Gouleron, n. m.—Goulot. Ex. Le gouleron d'une bouteille.
- Gouliaffre, adj.—Glouton.
- Gouliat, n. m.—Glouton.
- Goulon, n. m.—Goulot.
- Gourde, n. f.
- Calebasse commune, dont il y a plusieurs variétés, suivant
la forme.
- Gourgane, n. f.
- —Fève.
- —Bajoue de porc fumé.
- Gourgousser, v. n.
- —Glousser. Ex. Nos poules gourgoussent fort.
- —Grogner, murmurer tout bas.
- Gournaille, n. f.
- Gournable, cheville de bois dur employée dans la construction
des navires. Ex. A l'assemblée politique d'hier soir,
les chauds partisans de X étaient armés de gournailles.
- Goût, n. m.—Faire passer le goût du pain, tuer.
- * Goûter, v. a.
- Avoir le goût. Ex. Cette viande goûte le rance. (Angl.)
- Gouterelle, n. f.—Goudrelle.
- Goutte, n. f.
- Spiritueux. Ex. C'en est un qui aime la goutte.
- Grâce (en), loc.
- Par grâce. Ex. En grâce, laisse-moi tranquille.
- Gracieusement, adv.—Suffisamment, grassement.
- Gracuit, adj.—Gratuit.
- Graduer, v. n.
- Prendre ses degrés. Ex. Mademoiselle vient de graduer
aux Ursulines.
- Graffigner, v. a.
- Egratigner. Vieux français qui vient du breton graffina,
ou du provençal graffinar. Rabelais a dit: «Il leur mordoit
les aureilles; ils lui graphinoient le nez.»
- Graffignure, n. f.—Egratignure.
- Graillon, n. m.
- —Odeur de graisse brûlée.
- —Cuisinière malpropre et peu entendue.
- Grain, n. m.
- —Cheminée d'un fusil sur laquelle on place la capsule.
- —Goutte. Ex. La pluie tombe à gros grains.
- —Serrer le grain, marcher les jambes serrées l'une contre
l'autre, et au figuré, se tenir sur la réserve en faisant bien
attention.
- —Fourrer son grain partout, fourrer son nez là où on n'a
pas d'affaire.
- Grain d'orge, n. m.—Orgelet.
- Graine, n. f.
- —Menue monnaie.
- —Mauvaise graine, mauvais sujet.
- —Pas la graine, pas du tout.
- —N'avoir plus une graine de quelque chose, n'avoir plus rien.
Ex. Veux-tu me vendre un minot de pois?—Non, je n'en
ai plus une graine.
- —Monter à graine, rester vieille fille.
- —Avoir de la graine dans la tête, être pouilleux.
- Grainer, v. n.
- Donner du fruit. Ex. Les pois ne grainent pas, cette année.
- Graissages, n. m. pl.
- Substances grasses. Ex. Ramasse tous nos graissages pour
le savon.
- Graisse, n. f.
- —Saindoux.
- —Graisse de mort. Ex. Les cierges sont-ils faits avec de
la graisse de mort?
- —Tache de graisse, personne qui semble vissée sur sa chaise
et ne part plus.
- —Crever dans sa graisse, être très gras.
- Graisser, v. a.
- —Donner de l'argent à quelqu'un pour l'amadouer. Ex.
Je l'ai graissé comme il faut avant de partir, maintenant
je suis sûr de lui.
- —Graisser ses bottes, se préparer à partir ou à mourir.
- —Graisser la patte, donner un pot-de-vin.
- Graissou, adj.—Graisseux.
- Grâler, v. a.—Griller. Ex. Notre café est il bien grâlé?
- Grand, e, adj.
- —Bon. Ex. J'achète toujours à grand marché.
- —Beaucoup. Ex. Cet habitant a grand de terre.
- —En avoir grand d'entrepris, être bien à plaindre.
- —Se tirer du grand, avoir de fortes prétentions.
- —Dans les grands prix, d'une façon complète. Ex. Il
s'est fait blaguer dans les grands prix.
- Grand (en), loc.
- Beaucoup. Ex. Cet individu est bête en grand.
- Grand'biche, n. f.
- Jeune fille élancée.
- Grandement, adv.
- Bien logé, confortablement. Ex. Nous sommes grandement
dans notre maison neuve.
- Grandet, ette, adj.
- Grandelet. Ex. Notre fille commence à être grandette.
- Grand'hache, n. f.
- Bûcheron qui dégrossit les arbres de nos forêts.
- Granmaire, n. f.—Grammaire.
- Grand'père, n. m.
- Pâte bouillie découpée en morceaux roulés ou carrés, qui
s'apprête avec du sirop.
- Grande=grande=mère, n. f.
- Mère de l'aïeul ou de l'aïeule.
- Grand=grand=père, n. m.—Père de l'aïeul ou de l'aïeule.
- Granulé, n. m.—Sucre granulé.
- Grappé, e, adj.
- Bien fourni de grappes. Ex. J'ai, dans mon champ, de
l'avoine qui est bien grappée.
- Grappigner, v. a.—Agripper.
- Grappin, n. m.
- —Crampons. Ex. Les chemins sont couverts de glace,
mettons nos grappins.
- —Main. Ex. Mettre le grappin sur quelqu'un.
- Graquia, n. m.
- —Bardane.
- —Enfant intelligent.
- Gras, se, adj.
- —Gras à lard, très gras.
- —Eaux grasses, eau de vaisselle.
- —Gras à fendre avec l'ongle, très gras.
- —Gras à pleine peau, très gras.
- Gras=cuit, adj.
- Mal cuit. Ex. Du pain gras-cuit, c'est-à-dire, gluant et
graisseux en apparence.
- Gras=de=jambe, n. m.
- Chose profitable. Ex. Cette affaire va m'apporter un beau
gras-de-jambe.
- Grati, n. m.
- Gratis. Ex. Aujourd'hui j'ai travaillé pour du grati.
- Gratigner, v. a.
- Egratigner. Ce mot était usité autrefois.—(Du Bellay,
Palsgrave.)
- Gratignure, n. f.—Egratignure.
- Gratte, n. f.
- —Dégelée. Ex. J'ai attrappé une gratte en règle.
- —Petite houe, binette. Ex. Va chercher la gratte pour
renchausser les patates.
- —Instrument qui sert à gratter les chemins d'hiver en enlevant
un excès de neige.
- Grattelle, n. f.
- Maladie de la peau qui occasionne une vive démangeaison.
- Gratter, v. n.
- —Lésiner. Ex. A force de gratter, il s'est enrichi.
- —Chercher. Ex. Qu'est-ce que tu grattes ici?
- —Gratter quelqu'un où ça lui démange, toucher au point
souhaité, flatter la passion dominante.
- —Gratter à la bonne place, même sens.
- Gratter (se), v. pron.
- Renoncer. Ex. Tu peux te gratter, tu n'obtiendras pas ce
que tu désires.
- Gratte=pieds, n. m.
- Décrottoir, lame de fer ou boîte garnie de brosses à l'entrée
d'un appartement ou d'une maison, pour ôter la boue des
chaussures.
- Gratteux, euse, adj.
- —Mesquin, qui ménage ou gratte sur tout.
- —Gratteur.
- Grattures, n. f. pl.
- Mucosités intestinales. Ex. Des grattures de tripes, de boyaux.
- Grave, n. f.
- Etablissement de pêche à la morue. Ce mot signifiait
d'abord une certaine étendue de terre près du rivage, préparée
pour faire sécher la morue; ce nom a été ensuite
donné à l'établissement tout entier.
- Gravé, n. m.
- Chemin macadamisé. Ex. De Québec à Sainte-Anne, c'est
du gravé tout le temps.
- Graver, v. a.
- Macadamiser. Ex. La compagnie des chemins à barrières
est obligée de graver nos chemins autour de la ville.
- Gravois, n. m.
- Pierres concassées avec lesquelles on recouvre les routes.
- Gravouiller, v. a.
- —Gratter. Ex. Le dentiste m'a gravouillé une dent avec
ses outils.
- —Chercher. Ex. Qu'est-ce que tu gravouilles là?
- Gréau, n. m.—Gruau.
- Grébiche, n. f.—Femme acariâtre.
- Gredin, e, adj.—Avare, ladre.
- Grediner, v. n.—Résiner sur tout.
- * Green, grîne, (m. a.)
- Inexpérimenté. Ex. C'est un green que ce garçon, il aurait
besoin d'être déniaisé.
- * Green=back, (m. a.)
- Billet de banque américain émis au cours de la guerre de
sécession. C'est la couleur verte (green) à son verso
(back), qui l'a fait ainsi nommer.
- * Green goods, (m. a.)
- Greenback contrefait.
- Gréier, v. a.—V. Gréyer.
- Grêle, n. f.
- Personne méchante. Ex. Cette femme-là, c'est la grêle.
- Grêlon, n. m.
- Misérable, mal vêtu. Ex. Ce quêteux a-t-il l'air grêlon un
peu?
- Grelot, n. m.
- —Langue. Ex. Retiens ton grelot, achève de faire sonner
ton grelot, on n'entend que ton grelot.
- —Fruit de la pomme de terre. Ex. Des grelots de patates.
- Grêlou, n. m.—V. Grêlon.
- Greluchon, n. m.—Enfant à mine grêle.
- Grèmeleux, euse, adj.
- Grumeleux. Ex. Cette poire est grèmeleuse.
- Grément, n. m.
- —Ajustement. Ex. Voilà une personne qui a un drôle de
grément.
- —Habillement. Ex. Quand tu viendras chez nous, tu
pourras mettre ton grément de tous les jours.
- —Ensemble de choses qui constituent un tout complet.
Ex. Si nous allons à l'île, tu emporteras ton grément de
pêche et de chasse.
- Grémiller, v. a.
- Emietter, réduire en petits grains comme du grémil.
- Grémilleux, euse.
- Grumeaux qui se posent à la surface des liquides.
- Grémillons, n. m. pl.—Grumeaux de glace.
- Grémir, v. a.
- Ecraser, réduire à rien. Ex. Si tu ne te tais point, je vais
te grêmir.
- Grenaille, n. f.
- Menue monnaie. Ex. T'aurais pas de la grenaille de reste?
- Grenier à foin, n. m.—Fenil.
- Grenouilles, n. f. pl.
- Grenouillettes, tumeur qui se forme sous la langue par la
dilatation du canal de Wharton ou conduit excréteur de
la glande sous-maxillaire.
- Greton, n. m.—Creton. (De Gaspé, Mémoires, p. 167.)
- Gréviste, n. m.—Celui qui se met en grève.
- Greyer, v. a.
- —Habiller. Ex. Ma femme, greye le petit pour aller chez
le beau-père.
- —Meubler. Ex. Si je fais un peu d'argent, je vais greyer
ma maison.
- —Disposer, mettre en ordre. Ex. Marie, greye la table
pour le dîner.
- Greyer (se), v. pron.
- —S'habiller. Ex. Gréyons-nous pour aller à la messe.
- —S'approvisionner, se donner du luxe. Ex. Je vais me
gréyer comme il faut et mieux qu'auparavant, pourvu
que je trouve à vendre mes vieux meubles.
- Gribouille, n. f.
- Chicane. Ex. Nos deux voisins sont en gribouille.
- Griche=dents, n. m.—Grince-dents.
- Griche=poil, n. m.—Enfant malin, difficile.
- Griche=poil (à), loc.
- A rebrousse-poil. Ex. Il y a des gens qu'il faut toujours
reprendre à griche-poil.
- Gricher, v. a.
- Grincer. Ex. Cet enfant a des vers, il griche des dents.
- Gricheux, euse, adj.—Qui grince des dents.
- Grichoux, n. m.
- —Diable.
- —Personne incommode, d'une humeur acariâtre. Ex.
C'est un vieux grichoux.
- Grichu, e, adj.—De mauvaise humeur, grincheux.
- Grignard, n. m.—Grognon, pleurnicheur.
- Grigne, n. f.—Croûte de pain.
- Grigner, v. n.—Grincer, serrer les dents.
- Grignier, n. m.
- Grenier. Ex. Le grignier est plein de souris.
- Griguenaude, n. f.
- Gringuenaude, petite ordure qui s'attache aux émonctoires,
par malpropreté.
- Grillade, n. f.
- Morceau de peau. Ex. Je me suis fait enlever une grillade
sur la jambe.
- Griller, v. a.
- —Hâler, brunir le teint. Ex. J'ai les mains et le cou
grillés.
- —Fumer la cigarette. Ex. Es-tu bon pour en griller une?
- Grimaceux, euse, adj.—Qui fait des grimaces.
- Grimoner, v. a.—Gronder, murmurer.
- Grimpigner, v. a.
- Grimper, gravir, en s'aidant des mains et des pieds.
- Grincher, v. n.—Grincer. Ex. Grincher des dents.
- Grinchu, e, adj.—Grincheux.
- Gringalet, n. m.—Petit homme maigre et chétif.
- Gringueux, se, adj.
- —Misérable, sans le sou.
- —Ladre, mesquin.
- Grippé, e, adj.
- Avoir la grippe. Ex. Me voilà grippé pour au moins huit
jours.
- Gripper, v. n.— Grimper.
- Gripper (se), v. pron.
- —Monter. Ex. Je vais me gripper sur cet arbre-là.
- —Se ratatiner, en parlant d'une étoffe.
- Grippette, n. m.
- Diable. Ex. Si tu ne cesses pas de faire du bruit, je vais
envoyer chercher le grippette.
- Grises, n. f. pl.—En voir de grises, subir des malheurs.
- Grive, n. f.—Soul comme une grive, en état d'ébriété.
- * Grocerie, n. f. (Angl.)—Epicerie.
- * Groceries, n. f. pl. (Angl.)—Articles d'épicerie.
- * Groceur, n. m. (Angl.)—Epicier.
- Grogneux, euse, adj.
- Qui grogne à tout propos. Ex. Ne t'occupe pas de ce vieux
grogneux.
- Groiselle, n. f.—Groseille. Champlain a écrit groiselle.
- Groisellier, n. m.—Groseillier épineux.
- Grôler, v. a.—Griller. V. Grâler.
- Gros, se, adj.
- —Beaucoup. Ex. Il y a gros de charbon dans ma cave.
- —Riche. Ex. Ce monsieur est bien riche, il en a gros.
- —Gros casque, homme important.
- —Gros comme père et mère, gros enfant.
- Groseillier sauvage, n. m.—Groseillier ronce de chien.
- Grosse=tête, n. f.
- Grande capeline fourrée portée autrefois par nos grand'mères
pour affronter les rigueurs de l'hiver.
- Grot, adj. m. s.
- Gros. Ex. Voilà un grot homme, un grot arbre.
- Grouillant, e, part.
- —Couvert, infesté. Ex. Cet enfant est tout grouillant de
poux.
- —Vivant. Ex. J'ai cinq enfants tous grouillants.
- Grouiller, v. n.
- Remuer. Ex. Ne grouille pas d'ici, je vais revenir bientôt.
- Group, n. m.—Croup.
- Gru, n. m.
- Farine d'avoine détrempée dans l'eau pour la mangeaille des
animaux de ferme.
- Grucher, v. n.—Monter. Expr. acadienne.
- Grue, n. f.—Héron blanc.
- Guénif, n. m.—V. Gannif.
- Guénille, n. f.
- —Butin, attirail de ménage, saint frusquin. Ex. Prends
tes guénilles et fiche ton camp au plus vite.
- —Homme sans caractère, mou.
- Guénilloux, n. m.—Qui porte des guenilles, loqueteux.
- Guère (pas), loc.—Très peu, pas beaucoup.
- Guerlotter, v. a.—Grelotter.
- Guernier, n. m.—Grenier.
- Guernouille, n. f.—Grenouille.
- Guernu, adj.—Grenu.
- Guérouage, n. m.—Garouage. V. ce mot.
- Guesse.
- Prendre le bord de guesse, se sauver bien loin, de manière à
ne pas être retrouvé, assez loin qu'on ne devine pas l'endroit
où l'on court se réfugier. Ex. Notre voleur a pris
le bord de guesse.
- * Guesser, v. a. (Angl.)
- Gager. Ex. Je guesse que tu vas perdre tout ton argent à
la Bourse.
- Guetter (se), v. pron.—Se tenir sur ses gardes.
- Gueulard, n. m.
- —Qui parle haut et souvent.
- —Ramas de gens soudoyés pour faire du tapage dans les
assemblées politiques.
- Gueule, n. f.
- —Bouche.
- —Ma belle gueule! Expression très familière employée en
manière de compliment à l'égard d'une jolie personne.
- —Se battre la gueule, faire de vains efforts de parole.
- —Avoir bien de la gueule, parler beaucoup et très fort.
- Gueule de fer=blanc, n. f.—Bavard intarissable.
- Gueule noire, n. f.
- Fruits du myrtille, lesquels noircissent la bouche.
- Gueulée, n. f.—Goulée. V. ce mot.
- Gueuler, v. n.—Parler haut et fort, crier.
- Gueurdin, e, adj.—Gredin.
- Gueurlot, n. m.—Grelot.
- Gueurlotter, v. n.—Grelotter.
- Gueurnasse, n. f.—Grenasse, petite bourrasque en mer.
- Gueurnouille, n. f.—Grenouille.
- Gueurton, n. m.—Creton.
- Gueuserie, n. f.—Bagatelle.
- Guevale, n. f.—Cavale.
- Guia, int.—Dia. V. ce mot.
- Guiâblant, adj.—Diablant. V. ce mot.
- Guiâble, n. m.
- Diable. Ex. Va chez le guiâble! Que le guiâble te charrie!
V. Diable.
- Guiâblement, adv.—Excessivement.
- Guiâbler, v.—Diabler. V. ce mot.
- Guiâblesse, n. f.—Diablesse, femme méchante.
- Guiâblotin, n. m.—Enfant vif et espiègle.
- Guiârrhée, n. f.—Diarrhée.
- Guibou, n. m.—Hibou.
- Guiamant, n. m.
- Diamant. Ex. Un guiamant pour couper la vitre.
- Guichet, n. m.—Vasistas.
- Guieu, n. m.—Dieu. Ex. Je dois à Guieu et à ses saints.
- Guignolée, n. f.
- Autrefois, dans notre pays, la guignolée se disait de ceux
qui se réunissaient durant la nuit du 31 décembre pour aller
souhaiter la bonne année aux parents et aux amis. Aujourd'hui,
ce sont les agents de commerce qui, dans la
nuit de Noël, font, de maison en maison, une collecte
pour les pauvres de la ville.
- Guignoleux, n. m.—Les hommes qui courent la guignolée.
- Guillaume, n. m.
- Guingamp, étoffe fine et lustrée fabriquée à Guingamp, en
France.
- Guillaume trop mince.—Delirium tremens.
- Guinque, loc. adv.
- Rien que. Ex. Comment te trouves-tu, là-bas?—Je suis
guinque bien.
- Guipée, n. f.—Corde de violon entourée de fil métallique.
- * Gum=drop, gomme, (m. a.)
- Bonbon composé de guimauve et de sucre.
- Habeçon, n. m.—Hameçon.
- Habiller, v. a.
- Couvrir d'invectives. Ex. En voilà un qui s'est fait habiller
de la plus belle façon du monde.
- Habiller (s'), v. pron.
- Endosser ses habits extérieurs, comme un paletot, un par-dessus
d'hiver. Ex. Il fait un froid de loup, habillons-nous
chaudement pour sortir. Se déshabiller, dans notre
parler, est l'autonyme de s'habiller, dans l'acception présente.
- Habit à queue, n. m.
- Frac, habit de soirée, de cérémonie, ou simplement habit.
- Habitant, n. m.
- Cultivateur vivant à la campagne. Cette appellation remonte
aux premiers temps de la colonie. Du temps de Champlain,
il y avait deux espèces d'immigrants: les véritables,
les sérieux, et les oiseaux de passage. On les distinguait
en nommant les premiers, les habitants, et les seconds, les
hivernants, c'est-à-dire qu'ils ne faisaient qu'hiverner dans
la Nouvelle-France, avec l'intention de s'en retourner
dans l'Ancienne, à la première occasion favorable. Les
habitants sont restés attachés au sol, et les hivernants sont
disparus les uns après les autres sans laisser de traces
bien profondes.
- —Faire l'habitant, ne pas faire l'habitant, sont des expressions
assez communément employées pour dire: être mesquin
en affaires, ou ne pas l'être.
- —Un gros habitant, un habitant riche.
- —Un petit habitant, un habitant plus ou moins pauvre.
- —Un habitant à l'aise, qui vit dans l'aisance.
- —Habitant dos blanc, terme de mépris d'usage assez fréquent
chez les jeunes gens.
- Hache, n. f.
- —Grand' hache. V. ce mot.
- —Avoir un coup de hache, être un peu fou.
- Hache (à la), loc.
- —Dénué de tout, réduit à n'avoir qu'une hache pour gagner
son pain. Ex. J'ai tout dépensé mon bien, je suis rendu
à la hache.
- —Grossièrement. Ex. Un ouvrage fait à la hache.
- * Haddock, n. m., (m. a.)
- Aiglefin, morue de Saint-Pierre. D'aucuns disent haddeck.
- Haguissable, adj.—Haïssable. V. ce mot.
- Haguir, v. a.—Haïr. Ex. Je t'haguis, toi, comme la peste.
- Ha! Ha!
- Interjection qui ne s'emploie que dans un sens négatif,
comme suit: Ex. Ce docteur n'est pas un docteur ha!
ha! Mon frère est seigneur, mais ce n'est pas un seigneur
ha! ha! il saigne les cochons.
- Haïr, v. a.
- Nous disons: je te haïs, tu le haïs, il m'haït, pour je te hais
tu le hais, il me hait. Dans le vieux français, on prononçait
haïne et haïneux.
- Haïssable, adj.
- Incommode, insupportable. Ex. Sors d'ici, petit haïssable
que tu es, tu me fais damner.
- Halener, v. n.—Haleter, être essoufflé.
- Haler, v. a. et n.
- —Tirer à soi un objet quelconque. Ex. Hale-moi d'ici,
j'ai un pied pris dans le trottoir.
- —Tirer fort. Ex. La charrette est très chargée, ça hale,
c'est-à-dire le cheval est obligé de tirer fort pour avancer
dans sa marche.
- Les uns prononcent haler et les autres hâler. (Terme de
marine.)
- Halitre, n. f.—Gerçure causée par le froid ou le frottement.
- Halitré, e, adj.
- —Gercé par le froid. Ex. J'ai les mains halitrées.
- —Enflammé par le frottement. Ex. Cet enfant a les cuisses
halitrées.
- Ce mot est usité en Normandie.
- * Hall, hâlle, n. f., (m. a.)
- —Salle publique.
- —City hall, hôtel-de-ville.
- —Market hall, halle.
- —Music hall, salle de musique.
- * Halloo, hallou, (m. a.)
- Holà! holà ho! Cri d'appel téléphonique.
- Halloter, v. n.—N'avoir plus que le souffle.
- Hangarage, n. m.
- Action de mettre dans un hangar. Ex. J'ai un lot de marchandises
à mettre en hangarage.—Il vous faudra payer
pour l'hangarage de vos meubles.
- Hangarer, v. a.—Mettre dans un hangar.
- * Hansard, n. m., (m. a.)
- Rapport des délibérations de la Chambre des Communes du
Dominion. Ce nom provient d'un nommé Hansard, auteur
de ce système de rapporter verbatim les discours des
députés à la Chambre.
- Haquet, n. m.
- —Hoquet.
- —Traîneau ou sleigh dont se servent les sucriers en le poussant
à bras.
- Harage, n. m.
- Race. Ex. C'est un cheval de bon harage. Vient du mot
haras, établissement où l'on garde des chevaux.
- Harbage, n. f.—Herbage.
- Harbe, n. f.
- Herbe. Ex. Cette soupe est douce comme de l'harbe.
- Harbière, n. f.—Erbière. V. ce mot.
- Hardé, e, adj.
- Œuf sans coquille. Ex. Un œuf hardé. Du Cange écrit:
«Les œufs hardelés n'ont pas de coquille; ils sont pondus
par des coqs et on les met dans du fumier de cheval, il en
sort des serpents dont l'huile est excellente pour composer
des philtres et transmuer les métaux.» Les coqs du
Canada n'en sont pas encore rendus là.
- Cotgrave dit œuf hardré.
- Hardes faites, n. f. pl.
- Confection. Ex. M. Lépine tient un beau magasin de
hardes faites.
- Hardi! Int.—Courage!
- * Hard up, op, (m. a.)
- A bout de ressources. Ex. Je n'ai pas le sou, je suis hard
up pas rien qu'un peu.
- * Hardware, wère, n. m., (m. a.)
- Quincaillier. Ex. Va me chercher du clou chez le hardware.
- Harer, v. a.
- —Frapper avec une hart.
- —Attacher avec une hart.
- Harguesse, n. f.—Hardiesse.
- Harias, n. m.—V. Arias.
- Haricot, n. m.
- Tas de bois, de bûches. Expression plutôt acadienne.
- Haridelle, n. f.—Ridelles.
- Harié, ho!
- Se dit ordinairement par ceux qui conduisent un cheval pour
le faire arrêter ou reculer. Cette expression viendrait-elle
d'arrière? Elle pourrait peut-être provenir d'une
interjection hippique qui aurait un sens tout contraire.
On lit dans Ibères, Ibérie, par Adolphe Garrigan (p. 110),
ouvrage dans lequel l'auteur prétend identifier les Basques
d'Afrique avec les Basques descendants des Ibères:
«Un autre terme usité chez nos paysans de montagnes
(Arriège), harri pour presser la marche trop lente d'une
bête de somme, est aussi l'expression dont se servent les
Berbères.» Le nom de l'Arriège lui-même donne à penser.
- Harnais, n. m.
- Embarras, attirail. Ex. Y a-t-il moyen de travailler avec
un harnais d'enfants comme j'en ai un sur le dos?
- Harnie, n. f.—Hernie.
- Harnois, n. m.—Harnais.
- Harpie, n. f.
- —Femme acariâtre et bavarde.
- —Une voix d'harpie, une voix criarde.
- Hârrier, n. m.
- Hallier, réunion de buissons serrés et touffus.
- Harse, n. f.—Herse.
- Harser, v. a.—Herser.
- Hart rouge, n. f.—Cornouiller blanc.
- Hasard (l'), n. m.—Le hasard.
- Haur, adj.
- Sale, malpropre. Se dit des chemins en mauvais ordre.
- Hausses, n. f. pl.
- Demi-guêtres d'un soulier de caribou ou mocassin.
- Haut, e, adj. adv. et n. m.
- —Hautain. Ex. C'est un fat, il est haut.
- —Appartement qui n'est pas au rez-de-chaussée.
- —Porter haut, être fier.
- —En avoir haut, être écœuré. Ex. Ce garçon m'embête
avec ses exigences, j'en ai haut.
- —Avoir des hauts et des bas, éprouver des succès et des
revers.
- Haut du jour, n. m.—Temps où le soleil est le plus ardent.
- Haute, n. f.—Haute société. Ex. Appartenir à la haute.
- Hauteur, n. f.
- —Opulence. Ex. Ce garçon est d'une hauteur qui le rend
inabordable.
- —Hauteur des terres, ligne de séparation des eaux.
- Héguissable, adj.—Haïssable.
- Hémorrhagie de sang, n. f.—Hémorrhagie.
- Hémorrhuites, n. f. pl.—Hémorrhoïdes.
- Herbailles, n. f. pl.—Herbes de rebut, sarclures.
- Herbe (à l'), loc.
- Au pré, au champ. Ex. Va mettre les vaches à l'herbe.
- Herbe à barnèche, n. f.
- Herbe marine recueillie sur nos grèves; séchée, elle est utilisée
pour faire des matelas.
- Herbe à chat, n. f.—Chataire commune.
- Herbe à cochon, n. f.—Renouée des oiseaux, traînasse.
- Herbe à dinde, n. f.—Herbe à mille feuilles, achillée.
- Herbe à la clef, n. f.—Chimaphile en ombelle.
- Herbe à la puce, n. f.—Sumac vénéneux.
- Herbe aux écrouelles, n. f.—Scrofulaire aquatique.
- Herbe aux oies, n. f.—Potentille ansérine.
- Herbe aux teigneux, n. f.—Rapace, bardane cotonneuse.
- Herbe aux verrues, n. f.—Eclaire, chélidoine commune.
- Herbe aux vers, n. f.
- Tanaisie, aussi appelée herbe de S. Marc.
- Herbe de la Trinité, n. f.—Hépatique des jardins.
- Herbe du diable, n. f.—Stramoine.
- Herbe Saint-Jean, n. f.
- Millepertuis perforé, armoise commune.
- Herbe sainte, n. f.
- —Absinthe.
- —Aurone des jardins.
- Héridelle, n. f.—Ridelle.
- Hérisson, n. m.—Homme taré, vil, lâche.
- Hérondelle, n. f.—Hirondelle.
- Hersoir, adv.
- Hier au soir. Ex. Etes-vous venu chez moi, hersoir?
- Heure, n. m.
- Heure, n. f. Ex. Vous viendrez à un heure de l'après-midi.
- Heure (à belle), loc.—V. A belle heure.
- Heure (à bonne), loc.
- De bonne heure. Ex. Viens à bonne heure, s'il y a moyen.
- Heure (à la bonne), interj.—Tant mieux.
- Heure (à l'), loc.
- A l'heure convenue ou fixée par un règlement. Ex. Il y
a des fonctionnaires civils qui n'arrivent jamais à l'heure.
- Heure d'horloge (une).—Une heure.
- Heure de temps (une).—Une heure.
- Heure des poules, loc.
- De très bonne heure. Ex. Se lever à l'heure des poules.
- Heure des vaches, n. f.
- Sur le soir, à l'heure où, à la campagne, les cultivateurs
traient les vaches.
- Heure de soleil (une), n. f.
- Une heure après le lever ou avant le coucher du soleil.
- Hibou blanc, n. m.
- Grande chouette blanche des régions boréales, le harfang.
- Higner, v. n.
- Crier par intervalles, à la manière des enfants gâtés.
- Himeur, n. f.—Humeur.
- * Hint, hinnt, n. m., (m. a.)
- Demi-mot, aperçu. Ex. Je vais lui donner un hint avant
de commencer.
- Hirondelle des cheminées, n. f.
- Martinet des cheminées.
- Hirondelle bleue, n. f.—Hirondelle pourpre.
- Hirondelle à ventre blanc, n. f.—Hirondelle bicolore.
- Hirondelle des rochers, n. f.—Hirondelle à front blanc.
- Hirondelle rousse, n. f.—Hirondelle des granges.
- Histoire de, loc. conj.
- Pour, afin, dans le but. Ex. Je lui ai tordu le bout du nez,
histoire de rire.
- Histoires, n. f.
- Blagues, mensonges. Ex. Lâche-moi avec tes histoires qui
n'ont ni queue ni tête.
- Hivernement, n. m.
- Hivernage. Ex. Nous allons mettre notre bateau en hivernement
dans le bassin Louise.
- Hiverner, v. a. et. n.
- —Garder à l'abri durant l'hiver. Ex. Combien vas-tu
hiverner d'animaux, cette année?
- —Passer l'hiver. Ex. J'ai juste assez de patates pour
hiverner.
- —Etre à l'abri des coups. Ex. J'ai un maître dur, il me
reproche toutes sortes de choses, je ne suis pas hiverné.
- * Hives, haïves, (m. a.)
- Varicelle pustuleuse. Ex. Mon enfant a des hives sur tout
le corps.
- * Hockey, (m. a.)
- Jeu de balle à la crosse dont les règles rappellent celles du
foot-ball.
- Homarderie, n. f.
- Etablissement où l'on prépare le homard pour le mettre en
conserves.
- * Home (at), n. m., (m. a.)
- Réception chez soi. Ex. Madame de la Gorgechaude donnera
un at home jeudi soir.
- Homme, n. m.
- —Mari. Ex. Tiens, voici mon homme qui arrive de la chasse.
- —Faire son homme, tirer du grand, avoir de la prétention.
Ex. Ne fais pas tant ton homme, tu n'es, au fond, qu'un
poltron.
- —C'est mon homme, voilà celui qui va me tirer d'embarras.
- Homme à la neige, n. m.
- Celui qui enlève la neige accumulée sur les trottoirs et dans
les cours.
- Homme au bois, n. m.—Scieur de bois.
- Homme au lait, n. m.
- Laitier ou celui qui fait la distribution du lait chez ses clients.
- Homme au pain, n. m.
- Celui qui distribue le pain à domicile.
- Homme de cage, n. m.
- Homme qui travaille à la mise en flotte des billots et qui
conduit les cages de bois sur nos rivières.
- Homme de cour, n. m.
- Homme qui prend soin des cours, des écuries, etc.
- Homme de paille, n. m.
- Homme sans valeur, qui ne compte pas, un mannequin.
- Honneur, n. m.
- —Ma foi d'honneur! ma parole d'honneur! juron sur l'honneur.
- —Etre dans les honneurs, servir de parrain et de marraine
au baptême d'un enfant.
- Honte, n. f.
- Timidité. Ex. Tu vas jouer ton petit morceau de piano, tu
n'as pas besoin d'avoir honte.
- Honteux, adj.
- Timide, intimidé. Ex. Je suis honteux devant le monde.
- * Horehound, hôraounde, (m. a.)—Marrube blanc.
- Horlogier, n. m.—Horloger.
- * Hornepipe, païpe, (m. a.)
- Danse écossaise.
- Hors d'âge, loc.
- Très vieux. Ex. Dans mon troupeau d'animaux, il y en a
trois qui sont hors d'âge.
- * Horse=radish, diche, (m. a.)—Raifort, rave à cheval.
- * Hose, hôze, n. f., (m. a.)
- Boyau, tuyau d'arrosage. Ex. Emporte ma hose, que j'arrose
la rue.
- Hôtel, n. m.
- Auberge, estaminet. Ex. Courir les hôtels pour s'enivrer.
- Hôtelier, n. m.
- Celui qui tient un hôtel, une auberge, un débit de boissons.
- Hoter, v. n.
- Voter. De Gaspé donne ce mot dans ses Mémoires.
- Houananiche, n. m.
- Saumon particulier au lac Saint-Jean et au Labrador.
- Houillé, e, adj.
- Ecœuré. Ex. J'ai mangé beaucoup de fruits, je commence
à être houillé. Autrefois, il y avait ohié: un homme ohié
de son corps, homo corpore affecto, male affectus. (Rob. Est.)
- Houiner, v. n.
- Hennir. Se dit d'un cheval vicieux qui hennit de colère.
- Houmelon, n. m.—Houblon.
- Houpe! interj.
- Expression pour marquer un bond que l'on fait soi-même ou
que l'on fait faire à un autre.
- Huart, n. m.—Plongeur à collier.
- Huche, n. f.
- Profiter comme pâte à la huche, se dit d'un enfant qui croît
très vite en proportion de sa santé.
- Hucher, v. a.
- —Appeler de loin. Expression très usitée chez les Acadiens.
Ex. Monte sur le haricot pour hucher ton père.
L'expression est commune à la Baie de Chaleur et à la
Baie Saint-Paul. Ce mot vient de huchet, cornet qui sert
à appeler les chiens à la chasse.
- —Frapper à la porte.
- Hue! interj.
- Cri des charretiers pour engager les chevaux à aller à droite.
Ex. Charretier, tirez à hue.
- Huiler, v. a.
- —Donner l'extrême-onction.
- —Amadouer quelqu'un en lui donnant de l'argent, en lui
graissant la patte.
- Huissier, n. m.
- Huissier de la Verge Noire, huissier à verge noire. Autrefois,
l'on disait à Québec, huissier à la baguette noire. A
Québec, on dit l'huissier, mais à Montréal il fut un temps
ou l'on disait le huissier, même à la cour. Alexandre
Dumas prononçait avec affectation les huissiers en aspirant
l'h. Et quand on lui demandait sa raison, il répondait
fièrement: Je ne veux avoir aucune espèce de liaison
avec ces gens-là!
- Huitre, n, f.
- —Imbécile.
- —Crachat épais et copieux.
- * Humbug, heummbeughe, n. m., (m. a.)
- Hâblerie, charlatanerie. Ex. C'est un faiseur de humbug.
- Humeur, n. f.
- —Etre en humeur, être bien disposé.
- —Avoir des humeurs, des moments de mauvaise humeur.
- —Avoir l'humeur à l'envers, être de mauvaise humeur.
- Huppé, e, adj.
- —Bien habillé.
- —Jaseur du cèdre.
- Humucreté, n. f.—Humidité.
- Hureusement, adv.—Heureusement.
- Hureux, euse, adj.—Heureux, euse.
- Hurleau, hurlot, n. m.—Individu d'un caractère difficile.
- Hussier, n. m.—Huissier.
- * Husting, heustigne, n. m., (m. a.)
- Estrade pour haranguer les assemblées en plein air. Ex.
Monte sur le husting, descends du husting, un orateur de
husting.
- * Hydrant, n. m., (m. a.)—Bouche d'incendie.
- Hyme, n. f.—Hymne.
- Hynpothèque, n. f.—Hypothèque.
- Hynpothéquer, v. a.—Hypothéquer.
- Hynpothiquer, v. a.—Hypothéquer.
- I, s'emploie très souvent pour il, ils, il y a,
il y avait. Ex. I viendra, I viendront.
- —I avait beaucoup de monde.
- —I passe son temps à faire fâcher les autres.
- * Iceberg, n. m., aïce-beurghe, (m. a.)
- Banc de glace, glace flottante.
- * Ice-cream, crîme, (m. a.)
- Glace, crème glacée. Ex. Allons manger de l'ice-cream
chez mon oncle William.
- Ici, adv.—Ci. Ex. Ce village ici, cette église ici.
- Ici dedans, loc. adv.—Ici. Ex. Veux-tu venir ici dedans?
- Icite, adv.
- Ici. Ex. Je t'attendrai icite,—Je demeure tout proche
d'icite.—Veux-tu venir icite?
- Idée, n. f.
- —Goût, penchant. Ex. J'ai pas d'idée pour l'étude de la
médecine.
- —Intelligence. Ex. C'est un garçon qui a perdu l'idée, il
ne se rappelle de rien.
- —Pressentiment. Ex. C'est pas mon idée que tu réussisses.
- —Avoir l'idée, supposer, s'imaginer. Ex. J'ai idée qu'il
fera son chemin, qu'il fera méchant temps dans une
demi-heure.
- —Passer par l'idée, être oublié. Ex. C'est une chose qui
m'a passé par l'idée, je ne m'en rappelle plus.
- —N'avoir pas ses idées à soi, être un peu fou.
- —Avoir dans son idée, être décidé.
- Iée, pron.—Lui. Ex. Jiée promis d'aller le voir.
- Iien que, loc. adv.
- Rien que. Ex. Je suis ien que ben ou je suis.
- Ieu, part. pass. du verbe être.
- Eu. Ex. Il a ieu raison, j'ai ieu tort.
- Ignolée, n. f.—V. Guignolée.
- Ignoleux, euse, adj.—V. Guignoleux.
- Ignorer, v. a.
- Ne pas sembler reconnaître. Ex. J'ai rencontré Madame
Chose sur la rue Buade, elle m'a ignorée.
- —Laisser de côté. Ex. As-tu été invité au bal des médecins?
moi, on m'a ignoré.
- Il, pron. pers.
- Ils. Ex. Il ont dit ci, il ont dit ça.
- Ilet, n. m.—Ilôt, très petite île.
- Image, n. f.
- Récompense. Ex. Mériter d'avoir une image parce qu'on
ne parle pas au cours d'une conversation plutôt bruyante.
- Imbaisable, adj.
- —Qui ne peut être attrapé en affaires. Ex. Il y a des habitants
qui sont rudes en affaires, ils sont imbaisables.
- —Impossible. Ex. Une histoire imbaisable.
- Imbarrable, adj.
- Qui ne peut être barré, fermé à clef. Ex. Une valise
imbarrable.
- * Imbitable, adj. (Angl.)
- Personne ou chose dont les qualités ne sauraient être surpassées.
Ex. Nos pommes fameuses, cette année, sont imbitables.
- Imbranlable, adj.
- —Qui ne peut être remué.
- —Ferme dans ses opinions.
- Imbûchable, adj.—Qui ne peut être bûché.
- Imite, n. f.
- Limite. Ex. Il y a toujours bien des imites à se faire blaguer
comme cela. Je l'aime sans imite.
- Imiteur, n. m.—Peintre qui fait des ouvrages d'imitation.
- Immortelle, n. f.
- Graphale polycéphale. Plante à fleur variable, très commune
dans nos jardins.
- Imparfait, e, adj.
- Incommode. Ex. Est-il imparfait, cet enfant?
- Impassable, adj.
- Qu'on ne peut passer, ni franchir sans de grands inconvénients.
Ex. Des chemins impassables.
- Impayable, adj.
- Etonnant. Ex. Cet homme est impayable avec ses histoires
drôles.
- * Impeacher, v. (Angl.)—Mettre en accusation.
- * Impeachment, (m. a.)—Mise en accusation.
- Imperméable, n. m.
- Manteau en tissu imperméable pour se protéger contre la
pluie.
- Impitéyable, adj.—Impitoyable.
- Impliable, adj.—Qui ne peut être ployé.
- Imposer (en).
- Inspirer du respect. Ex. C'est un homme qui m'en a toujours
imposé beaucoup. D'après Larousse, en imposer
veut dire tromper, en faire accroire.
- Imposition, n. f.
- Charge. Ex. Ils sont venus chez moi dix de la campagne,
durant les fêtes du Tricentenaire, c'est une véritable imposition.
- Impossible, adj.
- —Rempli de défauts. Ex. C'est un être impossible.
- —Bizarre, ridicule. Ex. Cette femme a un chapeau impossible.
- Impôt, n. m.
- Abcès interne en pleine efflorescence.
- Impothèque, n. f.—Hypothèque.
- Impothèquer, v. a.—Hypothéquer.
- Impothiquer, v. a.—Hypothéquer.
- Impourrissable, adj.
- Qualité de ce qui ne peut pas pourrir.
- Impraticable, adj.
- Homme dont le commerce est très difficile. Ex. C'est un
être impraticable.
- Imputable, adj.
- Une somme imputable au revenu, au budget, sur le revenu,
sur le budget.
- In, pronom.
- —En. Ex. Allons-nous-in, donnez-nous-in.
- —Un. Ex. In homme fort.
- Inattention, n. f.
- Attention. Ex. Ce n'est rien, ce sont des fautes d'inattention;
on peut dire par inattention.
- Incarculable, adj.—Incalculable.
- Incendiat, n. m.
- Fait d'un incendie. Ex. Cet homme s'est rendu coupable
d'incendiat.
- Incendie, n. f.
- Incendie, n. m. Ex. Ça été une grosse incendie que celle
du faubourg Saint-Jean, en 1881.
- Inc'modant, e, adj.
- Incommodant.
- Inc'mode, adj.
- Incommode.
- Incomprénable, adj.
- Incompréhensible. Ex. Cette affaire est incomprénable.
- Inconsistant, e, n. et adj.
- Inconséquent. Ex. C'est un inconsistant, il se contredit et
dans sa conduite et dans ses discours.
- Incontrôlable, adj.
- —Indomptable. Ex. Ce cheval est incontrôlable.
- —Impossible à arrêter, à maîtriser. Ex. L'incendie d'hier
au soir a été incontrôlable.
- * Incorporation, n. f.
- Action d'incorporer, de donner une vie civile. (Angl.)
- * Incorporer, v. a.
- Eriger en corps politique. Ex. L'Action Sociale vient de
se faire incorporer par la Chambre provinciale. (Angl.)
- Incorrigeable, adj.
- Incorrigible. Ex. Cet enfant est incorrigeable. Un devoir
incorrigeable.
- Incoupable, adj.
- Qui ne peut être coupé. Ex. Du rosbif incoupable.
- Incousable, adj.
- Qui ne saurait être cousu. Ex. Une étoffe incousable.
- Incréyable, adj.—Incroyable.
- Indécis (être sur l'), loc.
- Etre indécis. Ex. Je suis sur l'indécis pour savoir si j'irai à
confesse oui ou non.
- Indécrassable, adj.—Qui ne peut être nettoyé facilement.
- Indéfaisable, adj.
- Qui ne peut être défait. Ex. Voici un nœud qui est indéfaisable.
- Indenture, n. f.
- Acte passé entre l'officier d'élection et la personne élue, en
présence de plusieurs électeurs, sous leurs seings et sceaux
respectifs, dont une expédition est remise à chaque partie
et l'autre annexée au writ d'élection pour être transmise
au greffier de la Couronne eu chancellerie. Autrefois
on disait endenture. L'usage de couper en forme de dents
les obligations sous seing privé, les fit appeler endentures.
- * Indictement, n. m. (Angl.)—Acte d'accusation.
- Indifférent, e, adj.
- Ordinaire, médiocre. Ex. Cette jeune fille n'est pas indifférente.
Ces poires ne sont pas indifférentes.
- Indigérable, adj.—Indigestible.
- Indigesse, adj.—Indigeste.
- Indigession, n. f.—Indigestion.
- Indigne, n. m. et f.
- Mauvais garnement. Ex. Sauve-toi, mon petit indigne.
- Indisable, adj.—Qui ne peut être dit, inénarrable.
- Indivisable, adj.—Indivisible.
- Indormable, adj.—Qu'on ne peut endormir.
- Inducation, n. f.—Education.
- Induquer, v. a.—Eduquer, instruire.
- Indulgencier, v. a.
- Bénir un chapelet, en y attachant les indulgences accordées
par l'Eglise catholique.
- Inendurable, adj.
- Qui ne saurait être enduré. Ex. Des enfants inendurables.
- Infatiquable, adj.—Infatigable.
- Infect, e, adj.
- Détestable. Ex. Ces propos-là sont infects.
- Infecter, v. n.
- Affecter de grands airs. Ex. Cette personne porte de belles
toilettes, mais elle a un drôle de parler, elle infecte.
- Infendable, adj.
- Difficile ou même impossible à fendre. Ex. Une bûche de
bois infendable.
- Inférieur, adj.—Indifférent. Ex. Cela m'est bien inférieur.
- Infliger, v. a.
- Donner. Ex. Je lui ai infligé un coup de poing terrible.
- Infliger (s'), v. pron.
- Se faire, se donner. Ex. Je me suis infligé une blessure en
tombant sur une pierre.
- * Informalité, n. f. (Angl.)
- Manque de forme. Ex. L'action a été renvoyée par suite
d'une informalité.
- * Informeur, n. m. (Angl.)—Dénonciateur.
- Infoucable, adj.—Maussade.
- Infraction, n. f.
- Faute. Ex. C'est une infraction à la langue française.
- Ingant, e, adj.—Ingambe, alerte, dispos.
- Ingardable, adj.—Qui ne peut être gardé.
- Ingeance, n. f.—Engeance.
- Ingen, n. m.—Engin.
- Ingénieur, n. m.
- Mécanicien. Ex. Dans toute locomotive, il y a le chauffeur
et l'ingénieur.
- Ingénument, adv.
- Absolument, sans restriction. Ex. J'ai perdu toute ma
récolte ingénument.
- Ingérer, v. a.
- Gérer. Ex. Dans notre affaire, c'est le secrétaire qui va
tout ingérer.
- Ingérer (s'), v. pron.
- —S'occuper. Ex. Va trouver le premier commis, c'est lui
qui s'ingère de tout.
- —Faire en sorte, prendre les moyens. Ex. Ingérez-vous
donc de savoir quelle espèce d'homme est celui-là?
- Ingot, n. m.
- Cornet d'écorce de bouleau dans lequel on verse le sucre
d'érable au moment où il doit devenir solide.
- Ingréient, n. m.
- Ingrédient. Ex. Le docteur m'a donné une fiole de remèdes
dans laquelle il a mis toute espèce d'ingréients.
- Inguienne, n. f.
- Indienne. Ex. Je viens d'acheter cinq verges d'inguienne
à meubles pour couvrir mon sofa de salon.
- Injurier, v. a.
- Gâter. Ex. Injurier son pantalon avec de l'encre.
- Inlabourable, adj.—Qui ne peut être labouré.
- Inlevable, adj.—Qui ne peut être soulevé facilement.
- Inlisable, adj.—Illisible.
- Inlogeable, adj.—Où l'on ne peut pas loger.
- Inmâchable, adj.—Qu'on ne peut mâcher.
- Inmaginable, adj.—Imaginable.
- Inmangeable, adj.—Immangeable.
- Inmanœuvrable, adj.—Qu'on ne peut faire fonctionner.
- Inmanquable, adj.—Immanquable.
- Inmanquablement, adv.—Immanquablement.
- Inmarchable, adj.
- Où l'on marche péniblement. Ex. Des chemins inmarchables.
- Inmariable, adj.—Qu'on ne peut marier.
- Inmarquable, adj.—Qui ne peut être marqué.
- Inmastiquable, adj.—Qui ne peut être mastiqué.
- Inmédiatement, adv.—Immédiatement.
- Inmêlable, adj.—Qui ne peut être mêlé.
- Inmenable, adj.
- Difficile à conduire. Ex. Mon cheval est inmenable.
- Inmesurable, adj.—Qui ne peut être mesuré.
- Inmettable, adj.
- Qui n'est pas mettable. Ex. Cet habit est inmettable.
- Inmontable, adj.
- Difficile à monter. Ex. Une côte inmontable.
- Inmense, adj.—Immense.
- Inmensément, adv.—Immensément.
- Inmontrable, adj.—Qu'on ne peut montrer.
- Inmouchable, adj.—Qui est difficile à moucher.
- Inmourable, adj.
- Qui a la vie très dure. Ex. Ce vieillard a sept vies, il est
inmourable.
- Innayable, adj.—Qui ne peut être noyé.
- Inne.
- Il en. Ex. Penses-tu qu'il a de l'argent à prêter?—Inn'a
ben sûr.
- Inniable, adj.—Qui ne peut être nié.
- Innommable, adj.—Qui ne peut être nommé.
- Inôtable, adj.—Qui ne peut être facilement enlevé.
- Inquemode, adj.—Incommode.
- Inquemoder, v. a.—Incommoder.
- Inquemodité, n. f.—Incommodité.
- Inquiétudes, n. f. pl.
- Picotements nerveux de la peau. Ex. J'ai des inquiétudes
dans les jambes.
- Inquilibre, n. m.
- Equilibre. Ex. Peut-être que j'irai à la pêche, peut-être
que je n'irai pas, je suis encore sur l'inquilibre.
- Inrachetable, adj.—Qui ne peut être racheté.
- Inraccommodable, adj.—Qui ne saurait être raccommodé.
- Inracontable, adj.—Qu'on ne peut raconter.
- Inraisonnable, adj.—Irraisonnable.
- Inrassaisiable, adj.—Insatiable.
- Inréalisable, adj.—Irréalisable.
- Inrebutable, adj.—Qui ne peut être rebuté.
- Inréconciliable, adj.—Irréconciliable.
- Inrecevable, adj.—Non recevable.
- Inrécitable, adj.—Qui ne peut être raconté.
- Inréconciliable, adj.—Irréconciliable.
- Inreconnaissable, adj.—Pas reconnaissable.
- Inrecousable, adj. Qui ne peut être cousu.
- Inrecouvrable, adj.—Qui ne peut être recouvert.
- Inregardable, adj.—Qui ne peut être regardé sans répugnauce.
- Inrémédiable, adj.—Irrémédiable.
- Inréfutable, adj.—Qui n'est pas refutable.
- Inremuable, adj.—Qui ne peut être remué, changé de place.
- Inréparable, adj.
- Irréparable. Ex. Tes bottes sont inréparables, mon petit
ami, va t'en acheter un autre paire.
- Irrépréhensible, adj.—Irrepréhensible.
- Inreprenable, adj.
- —Auquel on ne peut faire aucun reproche. Ex. Des
agents inreprenables.
- —Qui ne peut être uni après avoir été brisé. Ex. Une
fracture de la cuisse inreprenable.
- Inréprochable, adj.
- Irréprochable. Ex. Tâche, mon enfant, d'avoir une conduite
inréprochable.
- Inrésistible, adj.—Irrésistible.
- Inrespirable, adj.—Irrespirable.
- Inresponsable, adj.
- Qui n'est pas responsable.
- Inrévocable, adj.—Irrévocable.
- Insécrable, adj.
- Exécrable. Ex. Quel tas d'enfants insécrables!
- Insensible, adj.
- Qui a perdu connaissance. Ex. Nous l'avons relevé, il
était encore insensible.
- Insentiel, adj.
- Essentiel. Ex. L'insentiel pour nous, c'est d'arriver à
l'heure juste.
- Insertion, n. f.—Entre-deux.
- Inservable, adj.
- Inserviable, insupportable. Ex. Des enfants inservables.
- Insinifiant, adj.—Insignifiant.
- Insolenter, v. a.
- Dire des insolences.
- Insoudable, adj.
- Qui ne peut être soudé.
- Insouffrable, adj.—Insupportable.
- Insoulable, adj.
- Qui ne peut être enivré facilement, à raison d'une longue
habitude de boire.
- * Installement, n. m. (Angl.)
- —Versement. Ex. Il nous faudra payer par installements.
- —Installation.
- Instant que (de l'), loc. conj.
- Du moment que, alors que. Ex. De l'instant que tu m'as
dit cela, j'ai compris toute l'affaire.
- Instruiment, n. m.—Instrument.
- Intenable, adj.
- Qui n'est pas tenable. Ex. Une situation intenable.
- * Intention.
- Esprit. Ex. Dans l'intention de la loi, il faudrait se soumettre
à ne rien demander de plus. (Angl.)
- Interboliser, v. a.
- —Interdire. Ex. Après l'avoir entendu, je suis resté
interbolisé.
- —Ennuyer. Ex. Ne viens pas m'interboliser de sitôt.
- —Déranger, distraire de ses occupations. Ex. Laisse-moi
travailler, tu m'interbolises.
- Intérieur, n. m.
- For intérieur. Ex. J'ai dans mon intérieur qu'il vaut
mieux payer cette réclamation.
- * Interview, iou, n. f. (m. a.)
- Conférence avec un personnage. Ex. Le rédacteur de
l'Evénement a eu une interview avec le Ministre des
postes. (Néol.)
- Interviewer, (Néol.)
- Avoir une conférence avec un personnage pour l'interroger
sur sa vie, ses actes, ses idées, etc.
- Intirable, adj.
- —Qu'on ne peut tirer à soi.
- —Qu'on ne peut traire. Ex. Une vache intirable.
- Intouchable, adj.—Qui ne peut être touché.
- Intraduisable, adj.—Intraduisible.
- Intrigant, adj.
- Homme habile, qui a du savoir-faire. Ex. C'est un intrigant,
il réussira.
- * Introduire, v. a.
- Soumettre. Ex. Introduire un projet de loi à la Chambre.
(Angl.)
- Introduisable, adj.—Qui peut être introduit.
- Invectiver, v. a.
- Invectiver, v. n. Ex. Il m'a invectivé de bêtises.
- Inventer, v. a.
- N'avoir pas inventé la poudre, les boutons à quatre trous, les
pelures d'oignon, ce qui fait pouf, être très naïf.
- Inventionner, v. a.—Inventer, imaginer.
- Inventionner (s'), v. pron.—S'aviser.
- * Investir, v. a.
- Placer, faire un placement. Ex. Investir ses capitaux.
(Angl.)
- * Investissement.—Placement. (Angl.)
- Invictimer, v. a.
- Invectiver. Ex. Il m'a invictimé en paroles.
- Invitant, adj.—Qui aime à inviter.
- Invitimer, v. a.—Invectiver.
- Invocable, adj.—Que l'on peut invoquer.
- Ioù, adv.—Où. Ex. Ioù vas-tu, de ce train-là?
- Ioùs que, loc. adv.
- Où est-ce que. Ex. Ioùs que tu restes, maintenant?
- Irerions, cond. prés. du verbe aller.—Irions.
- Iroquois, n. m.—Parler iroquois, parler en termes baroques.
- * Isse, n. f. (Angl.)—Levure de bière. De l'anglais yeast.
- Itanies, n. f. pl.— Litanies.
- Item, n. m.
- Chose qui mérite considération. Ex. Je te l'avouerai franchement,
il te faudra payer quatre cents piastres de frais
à l'avocat, c'est un item.
- Itou, adv.— Aussi. Ex. Moi itou.
- Jacassage, n. m.
- Jacasserie, bavardage de personnes qui jacassent entre elles.
- Jacasse, n. m. et f.
- Homme ou femme qui bavarde. En France, ne s'emploie
que pour les femmes.
- Jacasser, v. a.
- Bavarder. En pur français, ce mot ne s'emploie que pour la
pie. Nous disons familièrement et par analogie d'une
personne bavarde qu'elle jacasse comme une pie. Ce mot
semble venir de l'islandais jagg, qui signifie jargon, ou de
l'italien gazza, pie.
- * Jack, n. m., (m. a.)
- Jack of all trades and master of none, propre à tout et bon à
rien.
- * Jackass, (m. a.)— Bête, imbécile.
- * Jack=in=the=box, (m. a.)— Boîte à surprise.
- Jaconette, n. m.
- Jaconas, étoffe de coton fin, intermédiaire entre la mousseline
et la percale.
- Jacoter, v. n.— Bavarder.
- Jalouserie, n. f.
- —Jalousie, ombrage que nous donne celui qui jouit d'un
avantage que nous désirons pour nous-mêmes.
- —Treillis de bois, contrevent formé de planchettes parallèles
qu'on place derrière une fenêtre.
- Jamaïque, n. f.
- Rhum de la Jamaïque. Ex. Veux-tu prendre un coup de
bonne Jamaïque.
- Jamais, adv.
- —Jamais de la vie, jamais.
- —Jamais, au grand jamais, jamais.
- —Jamais de ma vie ni de mes jours, même sens.
- Jambage, n. m.
- —Jambage de roues, montant d'une roue.
- —Droit de jambage, droit de se mêler d'une affaire. Ex.
Nous sommes en conciliabule secret, tu peux t'en aller,
car tu n'as pas le droit de jambage.
- Jambe, n. f.
- —S'en aller rien que sur une jambe, partir après avoir pris
un unique verre de vin ou de spiritueux.
- —Jambe de botte, tige de botte.
- —Un beau gras de jambe, une bonne aubaine.
- Jambette, n. f.
- Croc-en-jambe. Ex. Je lui ai donné une jambette, et l'ai
couché par terre du coup.
- En Normandie, le mot gambet s'emploie pour croc-en-jambe.
On disait en vieux français jambet.
- * Jammer, djammer. (Angl.)
- Serrer, presser, fouler. Se dit bien des pièces de bois pressées
les unes contre les autres dans une rivière et formant
une digue.
- Jangar, n. m.— Hangar.
- Jappe, n. m.
- Jappement. Ex. Le chien de Chose a un jappe terrible.
- En provençal, jap est employé pour aboiement, cri.
- Japper, v. n.
- Japper après quelqu'un, appeler quelqu'un à grand cris.
- Jaquette, n. f.
- Chemise de nuit pour hommes, femmes et enfants. La
jaquette en France est un vêtement extérieur tant pour
hommes que pour femmes et enfants.
- Jardes, n. f. pl.—Hardes.
- Jardinages, n. m. pl.
- —Jardinage, n. s. Ex. J'ai fini mes jardinages, je vais
m'occuper de ma terre.
- —Jardin potager. Ex. Viens voir mon jardinage, il est
magnifique, cette année.
- Jardinier, n. m.
- Terme de dénigrement autrefois employé par les trappeurs
et les coureurs de bois pour désigner le colon, le défricheur.
(Cl.)
- Jargaude, n. f.
- Petite fille un tant soit peu légère, aimant le jeu et le plaisir.
V. Gergaude.
- Jargauder, v. n.
- Agir en jargaude. V. Gergauder.
- Jargeau, n. m.
- Vesce à quatre graines.
- Jargonnage, n. m.—Baragouinage.
- Jargonner, v. n.
- Parler de manière à ne pas être compris, baragouiner.
- Jargonneux, adj.
- Qui baragouine, parle d'une manière inintelligible, prononce
mal ses mots.
- Jarnicoton, n. m.
- Intelligence. Ex. Cet individu n'a pas de jarnicoton.
- Jarnigoine, n. m.
- Esprit, intelligence. S'emploie dans le même sens que
jarnicoton, et plus souvent. Ex. Ne pas avoir de jarnigoine,
manquer de jarnigoine.
- Jareng, n. m.—Hareng.
- Jarrets noirs, n. m. pl.
- Habitants de la Beauce canadienne, les Beaucerons.—Sobriquet.
- Jâs, n. m.
- Jars. Nos habitants disent aussi un jâs d'oie, pour désigner
le mâle de l'oie domestique.
- Jase, n. f.
- Causerie. Ex. Hé! l'ami, entre donc faire la jase.
- Jasant, e, adj.
- Qui aime à causer. Ex. C'est un homme bien jasant, nous
avons du plaisir à le rencontrer.
- Jasement, n. m.
- Jaserie. Ex. Ce sont des jasements à n'en plus finir.
- Jaser, v. n.
- —Médire. Ex. Jaser sur le compte de quelqu'un.
- —Causer. Ex. Nous avons du temps à nous, jasons.
- Jasette, n. f.
- Causette. Ex. Si nous faisions une petite jasette.
- Jaseux, euse, adj.
- Jaseur, causeur. Ex. C'est un beau jaseux, il m'amuse.
- Jaspiller, v. n.— Parler à tort et à travers en murmurant.
- Jaspiner, v. n.—Bavarder. Forme extensive de jaser.
- Jaunasse, adj.
- Jaunâtre, qui tire sur le jaune. Ex. Avoir les cheveux
jaunasses.
- Jaune, adj.
- Rance. Ex. Voilà du saindoux qui a goût de jaune.
- Jaunir, v. n.— Rancir. Ex. Du lard qui jaunit.
- Jaun'zir, v. a.— Jaunir. Expression acadienne.
- Javasse, n. f.— Babil. Ex. En a-t-il de la javasse, ce bambin?
- Javasser, v. n.
- Bavarder, parler avec excès de choses frivoles.
- Javasserie, n. f.— Choses insignifiantes, dites ou écrites.
- Javelier, n. m.— Machine qui sert à javeler le blé.
- Javelle, n. f.
- Réunion de choses qui peuvent être juxtaposées les unes aux
autres. Ex. Une javelle de poissons.
- Je, pron.
- Nous. Ex. J'avons réussi à merveille. J'allons commencer
notre ouvrage.
- Jean, djêne, (in. a.)—Coutil satiné.
- Jean Foutre, n. m.
- Mauvais drôle. Ex. Tu n'es qu'un Jean Foutre.
- Jean l'évêque.
- Faire son petit Jean l'évêque, faire l'important.
- Jenne, adj.
- Jeune. Ex. Un jenne homme. Les jennes. T'es ben trop
jenne pour m'en montrer.
- Jennesse, n. f.—Jeunesse. Ex. Voilà une belle jenesse.
- Jeofflu, e, adj.
- Joufflu, e. Ex. Un gros jeofflu.
- Jergon, n. m.—Jargon.
- Jergonner, v. a.—Jargonner.
- * Jersey, djeursê, n. m., (m. a.)
- Veste de laine qui se moule sur le buste.
- Jet à brebis, n. m.—Bergerie. Expr. acadienne.
- Jet à gorets, n. m.—Porcherie. Acad.
- Jet à poules, n. m.—Poulailler. Acad.
- Jetée, n. f.
- Endroit du bord d'une rivière où s'amassent les pièces de
bois amenées des chantiers, pour être ensuite jetées à l'eau
toutes ensemble lors de la fonte des glaces. (Cl.)
- Jeteux de sorts, n. m.— Sorcier.
- Jeu, n. m.
- —Etre en jeu, enjoué.
- —Etre vieux jeu, en retard sur le progrès moderne.
- —Tourner en jeu de chien, tourner mal.
- Jeu d'eau, n. m.— Jet d'eau.
- Jeudi, n. m.
- La semaine des trois jeudis, trois jours après jamais, époque
qui n'arrive jamais.
- Jeun (à), loc.
- Sobre. Ex. Cet homme n'est pas souvent à jeun, mais
quand il l'est, on peut en tirer quelque chose de bon.
- Jeun (à cœur), loc.
- A jeun. Ex. Le docteur m'a dit de prendre son remède à
cœur jeun.
- Jeune, adj.
- —Faire la jeune, une femme âgée qui fait la mignarde.
- —Etre trop jeune, manquer d'expérience.
- Jeûner, v. n.
- Faire jeûner quelqu'un, le priver d'une chose. Ex. Tu ne
remets pas nos livres au temps dit, eh! bien, tu n'en
auras plus, tu vas jeûner un bon bout de temps.
- Jeunesse, n. f.
- —Jeune homme ou jeune fille. Ex. Voilà une belle jeunesse
qui s'en vient.
- —Petite jeunesse, enfance. Ex. Du temps de ma petite
jeunesse.
- * Jib, djibe, n. m., (m. a.)
- Foc, voile triangulaire qui se place à l'avant, le long d'un
cordage.
- Jignaque, n. m.—Idiot, timbré.
- * Jin, djinne, n. m., (m. a.)
- Gingham (guingan), coton croisé.
- * Jingoe, (m. a.)
- —Homme qui fait plus de bruit que de besogne.
- —By Jingoe! interjection qui exprime la surprise.
- * Job, n. f. et m. (Angl.)
- —Entreprise véreuse. Ex. Monter un job.
- —Tâche. Ex. J'ai une dure job sur les bras.
- —Travaux d'impression, ouvrage de ville.
- —Petits ouvrages faits à forfait ou â la pièce.
- —Travail, ouvrage. Ex. Je viens d'entreprendre une
bonne job.
- —Affaire. Ex. C'est une bonne job.
- —Entreprise. Ex. Entreprendre une job.
- * Jobbage, (Angl.)—Action de travailler à la job.
- * Jobbeur, (Angl.)
- —Entrepreneur.
- —Agioteur.
- —Intrigant politique.
- —Revendeur.
- Jôbard, n. m.—Niais qui se laisse facilement duper.
- Joculot, n. m.
- Dernier garçon de la famille chez les Acadiens de Paspébiac.
- * Joindre, v. a.
- Devenir membre. Ex. Messieurs X et Z vont joindre notre
syndicat. (Angl.)
- Jographie, n. f.— Géographie.
- Joint, n. m.
- Trouver le joint, la meilleure manière de prendre une affaire.
- * Joker, djokeur, (m. a.)
- La plus forte carte au jeu de euchre.
- Joli, adj.
- —Singulier. Ex. Te voilà; un joli garçon, toi! Mais d'où
viens-tu?
- Jonction, n. f.
- —Au séminaire de Québec, c'est la participation, à certaines
fêtes de l'année, à une table commune, des prêtres et des
élèves du grand séminaire.
- —Point d'intersection d'une voie ferrée avec la voie publique.
- Jongler, v. n.
- —Rêver, songer creux. Ex. Qu'as-tu donc à jongler?
- —Penser, réfléchir. Ex. Que penses-tu de notre affaire?
Es-tu décidé?—J'y ai déjà beaucoup jonglé.
- Jonglerie, n. f.
- —Sorcellerie chez les sauvages.
- —Méditation profonde.
- Jongleur, n. m.
- —Sorcier sauvage.
- —Songeur.
- Jonte, n. f.— Honte.
- Jonteux, euse, adj.
- Honteux, euse.
- Jornée, n. f.
- Journée. Ex. J'ai travaillé toute la jornée belle et longue.
Expression acadienne.
- Jotte, n. f.
- Joue, grosse joue. Ex. Un enfant qui a de grosses jottes.
- Joual, n. m.—Cheval.
- Jouc, n. m.
- —Juchoir, perchoir.
- —Pièce de bois eu forme d'arc, dont on se sert à la campagne
pour porter deux seaux à la fois.
- Jouer, v. n.
- —Jouer quelqu'un, le tromper.
- —Jouer à l'argent, jouer de l'argent.
- —Jouer du violon, déraisonner.
- —Jouer de l'archet, même sens.
- —Jouer des tours, s'amuser aux dépens de quelqu'un.
- —Jouer un tour de crasse, tromper en affaire.
- —Jouer le tout pour le tout, jouer son vatout.
- —Jouer des coudes, reculer les autres pour s'avancer.
- —Ne plus jouer, se retirer d'une affaire.
- —Jouer des jambes, s'enfuir.
- Jouir, v. n.
- —Maîtriser. Ex. Cet enfant est bien difficile à élever, on
ne peut pas en jouir.
- —Posséder. Ex. Jouir d'une mauvaise santé.
- Jouque, n. m.—V. Joue.
- Jouquer, v. a.—Jucher.
- Jouquoir, n. m.—Juchoir.
- Jouquoué, n. m.—Juchoir.
- Jour, n. m.
- —Jour pour jour, à la même date que l'année précédente.
Ex. Il y aura un an demain, jour pour jour, que je suis
entré au parlement.
- —Au jour d'aujourd'hui. V. Aujourd'hui.
- —Jour du ciel, jour de Dieu, jour de la vie, jamais de la
vie.
- —Au petit jour, de grand matin.
- —Le haut du jour, le matin.
- —Long comme un jour sans pain, fort long.
- Journalier, ère, adj.
- Irrégulier. Ex. Cet ouvrier est un peu journalier, son
ouvrage s'en ressent.
- Journalistique, adj. (Angl.)
- —Article de journal.
- —Carrière du journalisme.
- Journée, n. f.
- —Aller en journée, aller travailler à la journée.
- —S'amuser toute la journée, belle et longue, s'en donner
à cœur joie.
- —Interjection. Ex. Journée! qu'il fait froid.
- Jousent, 3e p. pl. indic. prés. du verbe jouer.
- Jouent. Ex. Les enfants jousent tous ensemble.
- Jours (être en tous les), loc.
- Porter des vêtements dont on fait un usage journalier. Ex.
Crois-tu que je vas aller à la messe en tous les jours comme
je suis là?
- Jubé, n. m.
- Galerie qui longe les murs latéraux de nos églises.
- Juc, n. m.— V. Jouc.
- Judas, n. m.— Qui crache dans le visage d'un autre.
- Juge à paix, n. m.— Juge de paix.
- Juge en chef, n. m.
- Président d'un tribunal, d'une cour de justice.
- Jugement, n. m.
- —Confesser jugement, reconnaître un jugement.
- —Jugement renversé, réformé.
- Jugeotte, n. f.
- Jugement. Ex. Tu connais Salomon, il n'a pas une grosse
jugeotte.
- Jugerie, n. f.
- Place de juge. Ex. Cet avocat arrivera sûrement à une
jugerie.
- Juif, ve, adj.—Avare.
- Juiffé, e, adv.
- Qui renferme un vice caché. Ex. Une marchandise juiffée.
- Juille, n. f.— Cheville.
- Juiller, v. a.— Cheviller.
- Jument, n. f.— Couteau à ressort à grosses lames.
- * Jumper. (Angl.)—Sauter.
- Jun, n. m.—Juin.
- Junior, adj.
- Fils, cadet. Ex. On a célébré, ce matin, le mariage de
François Lebon, junior, fils de François Lebon, senior.
- Jupe, n. f.
- —Se mettre sous la jupe de sa femme, se dérober en affaires,
en substituant le nom de sa femme au sien propre.
- —Porter la jupe, jouer le second rôle dans le ménage, en
parlant du mari.
- Juque, n. m.—V. Joue.
- Juquer, v. a.—Jucher.
- Juquoir, n. m.—Juchoir.
- Jura, n. m.—Juré. Ex. Un grand jura, un petit jura.
- Jury, n. m.
- —Grand jury, jury d'accusation.
- —Petit jury, jury de jugement.
- Jusse, adj.—Juste.
- Juste, adj.—Raison. Ex. Comme de juste.
- Juste et carré, loc.
- Très juste. Ex. Ce que vous dites est parfait, c'est juste et
carré.
- Jûter, v. n.
- Laisser couler du jus. Ex. Ma pipe jûte. Français, mais
familier.
- Juyette, n. m.—Juillet.
- J'val, n. m.—Cheval.
- J'valet, n. m.—Chevalet.
- J'veu, n. m.—Cheveu. Ex. Fendre les j'veux en quatre.
- J'ville, n. f.—Cheville.
- J'viller, v. a.—Cheviller.
- Kaïac, n. m.—Gaïac. Ex. Une toupie en kaïac.
- Kakawi, n. m.—Canard à longue queue.
- * Ketsup, ketsop, n. m., (m. a.)—Catsup.
- * Kicker, v. a. (Angl.)—Tromper, tirer à côté.
- * Kickeur, n. m. (Angl.)—Qui kicke.
- * Kid, (m. a.)—Chevreau. Ex. Des gants de kid.
- * Kiss, (m. a.)
- —Baiser. Ex. Donne-moi un kiss, mon petit.
- —Gâteau sucré et soufflé.
- —Contre, choc en double de deux billes qui reviennent par
contre-coup l'une sur l'autre. (Terme de billard.)
- * Knickerbockers.—Guêtres qui emprisonnent toute la jambe.
- La, art. f. s.
- Article féminin employé pour désigner une femme mariée
ou une fille de condition inférieure, pour remplacer Madame
et Mademoiselle. Ex. La Brindamour, pour la femme
de Brindamour; la Rose, pour Rose. Quelquefois le nom
propre lui-même est féminisé. Ex. La Bouchère, la femme
Boucher; la Gagnonne, la femme Gagnon.
- Label, lébbel, n. m., (m. a.)
- Etiquette, écriteau. Ex. Mettre un label sur une fiole de
remèdes.
- Laboureux, n. m.—Laboureur.
- Lac, n. f.
- Petite quantité de liquide répandue sur le parquet. Ex. Un
lac d'eau, un lac de café, de thé.
- Lâçage, n. m.—Laçage.
- La celle, pron. dém.—Celle.
- Lâcer, v. a.—Lacer. Ex. Lâce mes bottines.
- Lâcet, n. m.—Lacet.
- Lâche (de), loc.
- D'arrêt, de repos. Ex. Avec cet ouvrier il n'y a pas de
lâche.
- Lâcher, v. a.
- —Relâcher, cesser. Ex. Il y a bien huit jours que la pluie
ne lâche pas.
- —Abandonner. Ex. Le rhumatisme ne me lâche pas. Se
dit des choses fâcheuses seulement.
- Lâcher (se), v. pron.
- Se mettre à l'ouvrage avec ardeur. Ex. Lâche-toi, c'est le
temps ou jamais d'arriver à faire quelque chose.
- * Lading, lé-digne,(m. a.)—Bill of lading, connaissement.
- * Lady's finger, n. m., lédèse-fingheur,(m. a.)
- Doigt de dame, biscuit à la cuiller.
- * Lager, n. m., lagheur,(m. a.)
- Bière douce. Ex. Le lager est moins pesant que la bière
ordinaire.
- Laidir, v. n.—Enlaidir.
- Lainu, adj.—Laineux.
- Laisser, v. a.
- —Quitter. Ex. Je vais laisser Québec pour un mois.
- —Partir de. Ex. Le train laisse Lévis à six heures précises.
- —Se laisser aller, se négliger, se décourager.
- —Se laisser faire, souffrir patiemment.
- —Se laisser mourir, mourir.
- —Laisser en arrière, négliger.
- Lait (au), loc.
- Au régime du lait. Ex. Le docteur m'a mis au lait.
- Lait de beurre (petit), n. m.
- Babeurre, lait qui reste dans la baratte quand le beurre est pris.
- Laitte, n. m. et adj.
- —Lait. Ex. Un vaisseau de laitte.
- —Laid, laide. Ex. Cette personne est laitte à faire peur au
diable.
- Lait veriou, n. m.
- Lait que donnent les vaches les premiers jours après la délivrance.
- Laize, n. f.
- Catalogne. (Voir ce mot.) La laize est la largeur d'une
étoffe entre deux lisières. Cotgrave a dit: «A la grande
laize, c'est à la grande mesure.» Nous disons indifféremment
laize et catalogne.
- Lambine, n. f.—V. Ambine.
- Lambineux, n. et adj.—Lambin.
- Lamblette, n. f.—V. Amblette.
- Lambre, n. m.—V. Ambre.
- Lambrer, v. n.—Aller l'amble.
- Lambreur, euse, adj.—Qui va l'amble.
- Lambreux, adj.—V. Ambreur.
- Lambriche, n. f.
- Morceau d'étoffe en lambeaux. (Cl.)
- Lancé, e, adj.
- Homme légèrement ivre. Ex. En voilà un qui est pas mal
lancé, quand s'arrêtera-t-il?
- Lancement, n. m.
- Elancement, douleur lancinante. Ex. Mon panaris me
cause des lancements insupportables.
- Lancer (se), v. pron.
- Faire un grand effort. Ex. Tu vas subir ton examen, tâche
de te lancer.
- Lancette, n. f.
- Aiguillon de guêpe, de bourdon, d'abeille, de maringouin.
- Langages, n. m. pl.
- Etre pris dans les langages, faire parler mal de soi par les autres.
- Langue, n. f.
- —Tirer la langue, être dans la misère, attendre vainement.
- —N'avoir pas la langue dans sa poche, parler avec facilité.
- —Faire la langue à quelqu'un, le mettre au courant d'une
affaire pour lui permettre de parler avec connaissance de
cause.
- —Avaler sa langue, se taire, ne pas parler.
- Languette, n. f.
- Marcher sur la languette, marcher sans osciller. Ex. J'ai
pris quelque chose, je l'avoue, mais je suis encore capable
de marcher sur la languette.
- Langueur, n. f.
- Longueur. Ex. Traîner une affaire en langueur.
- Lapin, n. m.
- Bougre. Ex. C'est un rude lapin que ce garçon-là.
- Laqueulle, pron.
- Laquelle. Ex. Laqueulle de vous deux s'appelle Françoise?
- Lard, n. m.
- —Cochon gras. Ex. J'ai trois gros lards à vendre.
- —Faire du lard, ne rien faire, paresser.
- —Maigre de lard, partie maigre du porc.
- Lardon, n. m.
- Sarcasme, propos ironique. Ex. Manger des lardons, avaler
un bon lardon.
- La rebours (à), loc. adv.
- Au rebours. Ex. Ne parle donc pas à la rebours du bon sens.
- Largir, v. n.—S'élargir. Ex. Il largit des épaules.
- Largue, n. f.
- Arrêt. Ex. L'ouvrage nous commande, il n'y a jamais de largue pour nous.
- Larguer, v. a.—Lâcher. Ex. Veux-tu me larguer le bras?
- Larme, n. f.
- Petit verre. Ex. En prends-tu?—Sans doute, mais seulement une larme.
- Laudalun, n. m.—Laudanum.
- Lasard, n. m.—Le hasard.
- * Lastine, n. m., (Angl.)
- De l'anglais lasting, étoffe légère de laine.
- Lastique, n. m.—Elastique.
- Latineux, adj.
- Qui cite beaucoup de latin. Ex. Notre nouveau curé est
un bon latineux. Latineur se disait autrefois dans le
même sens.
- Latteur, n. m.
- Qui pose des lattes.
- Laudunum, n. m.—Laudanum.
- * Laundry, laun dré, (m. a.)
- Buanderie. Ex. Avez-vous du savon de la laundry?
- On dit beaucoup landri pour laundry.
- Lavage, n. m.
- —Blanchissage. Ex. Je paie deux piastres par semaine
pour mon lavage.
- —Renvoi d'office. Ex. Le gouvernement est décidé à faire
un lavage général.
- —Perte de sa mise de fonds à la Bourse.
- Lavasse, n. f.
- Thé ou café très faible, sans goût appréciable, tout breuvage insipide.
- Lave=mains, n. m.—Lavabo.
- Lavement, n. m.—Personne ennuyeuse.
- Laver, v. a.
- —Laver son linge sale en famille, ne pas révéler aux étrangers
ce qui la divise.
- —Se faire laver, en terme de bourse, être forcé de vendre
à perte ses actions.
- Lavier, n. m.
- Evier. Lavier se dit dans le patois de Langres et de Reims.
- Laver (se), v. pron.—Se confesser.
- * Lawn, (m. a.)
- —Linon.
- —Lawn-tennis, jeu très populaire.
- Lé, art.
- Le. Ex. Va m'acheter un dictionnaire anglais chez Garneau,
et apporte-lé tout de suite.
- * Leader, lîd'eur, (m. a.)
- Chef de parti. Ex. M. Bordeaux est le leader des bleus à
Ottawa.
- Le celui, pron. dém.—Celui.
- * Lecture, n. f. (Angl.)
- —Conférence. Ex. M. Grand a donné une jolie lecture,
hier soir, à l'Académie des Muses.
- —Délibération. Ex. Ce bill est rendu à sa deuxième
lecture.
- * Lecturer, v. n. (Angl.)—Faire une conférence.
- * Lectureur, n. m. (Angl.)—Conférencier.
- * Ledger, ledj'eur, n. m., (m. a.)
- Grand livre. Ex. Inscris-moi cela au ledger.
- Légal, e, adj.
- Profession légale, profession d'avocat, carrière du barreau.
- Légearte, adj. f.
- Légère. Ex. Voilà une chaise qui est légearte comme une
plume.
- * Leghorn, (m. a.)
- Paille d'Italie. Ex. Je viens de m'acheter un chapeau de
Leghorn.
- * Législater, v. n. (Angl.)—Légiférer.
- Lentine, n. f.—Lentille.
- Lenvers, n. m.
- Envers. Ex. Je t'assure que c'est le lenvers de l'étoffe.
- Lequeul, pron.—Lequel. Ex. Lequeul prends-tu?
- Les ceuses, pron.—Ceux-là, celles-là.
- Lés, art. pl.—Les. Ex. Ces gens-là, je lés aime point.
- Lessie, n. m.—Lessive.
- Lessiver, v. a.
- Monder. Ex. Lessiver du blé d'Inde.
- Létanie, n. f.
- Litanie. Ex. Avec celui-là c'est toujours la même létanie
qui revient.
- Lettre, n. f.
- —Lettre morte, lettre de rebut.
- —Bureau des lettres mortes, bureau des lettres de rebut.
- —La lettre en est grosse, facile à comprendre.
- Leune, n. f.
- Lune. Ex. Il fait un beau clair de leune, ce soir.
- Leux, adj. poss.
- —Leur. Ex. Vous leux direz que je suis bien.
- —Eux. A leux deux, ils doivent être capables de
m'aider à me sortir d'embarras.
- Leux leurs, pron.
- Les leurs. Ex. Ces chevaux-là ne nous appartiennent pas,
ce sont à nos deux voisins, je t'assure que ce sont leux
leurs.
- Levable, adj.—Qui peut être soulevé.
- Levage, n. m.
- Action de lever. Ex. Le levage d'une maison par corvée.
- Levain, n. m.
- Venin. Ex. Prends garde, le crapaud va nous jeter son
levain.
- Levé, n. m.
- Levée, n. f., main qu'on a levée au jeu de cartes. Ex. J'ai
fait un levé.
- Levée, n. f.—Rebord. Ex. Marche sur la levée du fossé.
- Lever, n. m.
- Réception. Ex. Le gouverneur donne ce soir un grand
lever.
- Lever, v. a.
- —Nettoyer. Ex. La corporation a donné l'ordre de lever
les rues et les trottoirs.
- —Mettre la charpente. Ex. Aujourd'hui je lève ma nouvelle
maison.
- —Lever le chemin, y passer le premier en temps de neige.
- —Lever le camp, s'en aller.
- —Lever le coude, boire.
- —Lever une chappe, disputer.
- —Lever une prairie, la labourer pour la première fois.
- —Lever la peau d'un animal, l'écorcher.
- Levier, n. m.—Evier.
- Lèze, n, f.—V. Laize.
- Liane, n. f.—Bourdaine.
- Libarau, n. m.—Libéral. Ex. Je suis libarau, moi!
- Libèche, n. f.—Bande de cuir, lisière de drap.
- Libéra, n. m.
- Chanter le libéra, considérer une chose comme perdue. Ex.
J'ai perdu mon parapluie dans les chars, je peux bien
chanter son libéra.
- Libéral, e, adj.
- Avantageux. Ex. Vendre à des conditions libérales.
- Libéraliser (se), v. pron.—Devenir libéral.
- Libérau, adj.
- Libéral. Ex. De quelle politique es-tu?—Moi, je suis un
libérau.
- Libore, n. f.—Hellébore.
- Licencié, e, adj.
- Autorisé à vendre. Ex. Licencié pour la vente des boissons
fortes.
- Lichade, n. f.—Embrassade un peu longue.
- Liche=coquin, n. m.—Bâton destiné à frapper les voleurs.
- Liche=cul, n. m.—Flatteur de bas étage.
- Liche=frite, n. f.
- Lèchefrite. Lichefrite est cité par Cotgrave.
- Licheplats, n. m.
- Qui nettoie bien net les bourses aussi bien que les plats.
Ex. On dit que les avocats sont des licheplats, mais c'est
autant pour la rime que pour la frime.
- Licher, v. a.
- —Flatter. Ex. Licher quelqu'un pour en obtenir une
faveur.
- —Lisser. Ex. Tu as les cheveux lichés.
- —Licher un verre, boire.
- Licher (se), v. pron.
- —Se licher les quatre doigts et le pouce, s'en retourner avec
un désappointement général.
- —Aller se licher, s'en aller sans avoir obtenu ce qu'on espérait
avoir. Ex. Tu voudrais bien avoir ma montre, tu
peux aller te licher, tu ne l'auras pas.
- Licherie, n. f.—Flatterie.
- Lichette, n. f.
- Petite quantité, valeur d'une petite langue. Ex. Donne-moi
une lichette de pain.
- Licheux, euse, adj.—Flatteur, servile.
- Lieu de (en), loc. prép.
- —En position. Ex. Il est en lieu de faire du mal aux
autres.
- —Au lieu. Ex. En lieu de dire la vérité, il m'a conté un
tas de mensonges.
- Lieur de (au), loc. prép.
- Au lieu de. Ex. Il est allé se promener au lieur de travailler.
- Lieux, n. m. pl.—Lieux d'aisance, latrines.
- Lièvre, n. m.—Peureux.
- * Life preserver, laïfe-preseurveur, (m. a.)
- Ceinture de sauvetage.
- Ligne, n. f.
- —Voie ferrée. Ex. Il y a trois cents ouvriers qui travaillent
sur la ligne du Pacifique.
- —Branche de commerce ou d'industrie. Ex. La meilleure
ligne à prendre, c'est celle des fourrures.
- —Frontière. Ex. Traverser les lignes, passer les lignes.
- Lignée, n. f.—File. Ex. Une lignée d'arbres.
- Ligner, v. a.
- Donner de la ligne à un poisson.
- Lignette, n. f.
- Filet fait de lignettes, ficelle ou crin, pour prendre les
oiseaux de neige au printemps.
- Ligneu, n. m.
- Ligneul, fil enduit de brai, à l'usage des cordonniers.
- Lime (à la), adj. et adv.—V. A la lime.
- * Lime=juice, laïme-djiouce, n. m., (m. a.)
- Jus de citron, eau de cédrat.
- Limer, v, n.
- Pleurer à demi, sans larmes, pour témoigner du mécontentement.
Ex. Achève de limer, mon petit, c'est ennuyant
à la fin. Limer s'entend pour pleurer, dans l'arrondissement
de Pont-l'Evêque, en France. Peut être une corruption
de himer ou gimer, gémir, pleurer.
- Liméro, n. m.—Numéro.
- Limeux, euse, adj.—Enfant qui lime, qui pleurniche.
- Limité, e, adj.—Une société limitée, anonyme.
- Linceuil, n. m.—linceul.
- Lindi, n. m.—Lundi. Ex. Qui a fait lindi a fait mardi.
- Lingot, n. m.—Somme d'argent considérable.
- Lino, n. m.—Linon, batiste très fine.
- Lippe, n. f.—Pendre la lippe, venir tout prêt de pleurer.
- Lis d'eau, n. m.—Nymphéa odorante.
- Lisable, adj.
- Lisible. Ex. Il nous arrive parfois des livres, parole d'honneur,
qui ne sont pas lisables.
- Lisse, n. f.
- —Rail de chemin de fer.
- —Bande de fer fixée au-dessous des membres d'un traîneau
ou des carrioles d'hiver.
- Lisser, v. a.
- Poser des lisses à un traîneau, à une carriole.
- Lite, n. m.—Lit.
- Livre, n. m.
- Lire dans les gros livres, être savant.
- * Lobby, (m. a.)
- Antichambre, couloir, salle d'attente, foyer.
- Local, e, adj.
- Provincial. Ex. La Chambre locale siège en ce moment.
Te présentes-tu pour le local?
- Loche, n. f.—Lote maculée.
- * Lockjaw, dja, n. m., (m. a.)—Tétanos.
- Locre, n. m.
- Ocre. Ex. Tu mettras du locre dans la chaux pour lui
donner de la couleur.
- Lôfer, v. a. (Angl.)
- —Vagabonder. Ex. En voici deux qui perdent leur temps
à lôfer.
- —Paresser. Ex. Travaille au lieu de lôfer.
- —Vivre aux dépens des autres. Ex. Il y en a qui passent
leur temps à lôfer des coups ici et là.
- * Lôfeur, n. m. (Angl.)
- —Qui flâne, ne travaille pas.
- —Qui vit aux dépens d'autrui.
- —Qui court les rues, vagabonde.
- Logeable, adj.
- Lieu ou meuble propre à recevoir avec facilité divers objets,
à les loger. Ex. Cette armoire est bien logeable.
- Logement, n. m.
- Espace. Ex. Il y a pas mal de logement dans ma nouvelle
maison.
- Loger, v. a.
- —Construire. Ex. Je vais loger une maison dans le courant
de l'été.
- —Contenir. Ex. Cet hôtel loge trois cents personnes.
- —Déposer. Ex. Je logerai ma plainte à midi.
- Loges, n. f. pl.
- Asiles d'aliénés. Ex. Pitre Larive est allé aux loges, c'est
un fou vrai.
- Loi, n. f.
- —Faire des lois, faire la loi, vouloir imposer ses volontés.
- —Il y a toujours ben de la loi, il faut que cela finisse, ça n'a
pas le sens commun.
- Lolo, n. m.—Lait.
- Long, ue, adj.
- —Lent. Ex. Qu'il est long dans son travail, cet ouvrier-là!
- —Au long de, le long de. Ex. Marchons au long de la
rivière.
- —A son long, tout de son long. Ex. Il se couche par terre
à son long.
- Longée, n. f.—Une certaine longueur.
- Longitude, n. f.
- Langueur. Ex. Mon enfant est malade depuis six mois, je
crois qu'il est en longitude.
- Longtemps, adv.—Avant longtemps, sous peu.
- Longuebiche, n. f.
- Une chose plutôt longue et étroite. Ex. Veux-tu du pain?—Oui,
donne moi-z-en une bonne longuebiche.
- Longuette, n. f.—V. Longuebiche, libèche.
- * Loose, lou'se, adj. (m. a.)
- Ample. Ex. J'ai un habit qui est loose.
- * Loquer, v. a. (Angl.)—Serrer une forme. (T. d'impr.)
- Loquet, n. m.
- —Médaillon. Ex. Un loquet en or.
- —Hoquet. Ex. Avoir loquet.
- Lorgnon, n. m.
- Pince-nez, binocle qu'un ressort fait tenir sur le nez.
- Lot, n. m.
- Lopin de terre. Ex. J'ai un lot dans le cimetière Belmont.
- Loucher, v. n.
- Faire loucher, tirer l'œil. Ex. Quand je lui ai montré mon
rouleau de piastres, ça l'a fait loucher.
- Loucheux, euse, n.—Loucheur.
- Louise, n. f.—Œillet parfait. Appelé aussi bouquet parfait.
- Loups, n. m.
- —Les loups de la Baie Saint-Paul. Sobriquet.
- —Voir le loup, voir des choses extraordinaires, indescriptibles,
le diable.
- —Ce n'est pas le loup, ce n'est rien de bien extraordinaire.
- Lourne, n. f.—Huard.
- Loup=marin, n. m.—Phoque commun.
- Loupe, n. f.—Kyste, tumeur arrondie.
- * Loyaliste, n. m. (Angl.)
- Personne attachée au gouvernement de son pays. Ex. Les
loyalistes américains ont été bien accueillis par le gouvernement
du Canada.
- Loyer (à), loc.
- Locataire. Ex. Je suis à loyer sur la rue Champlain.
- Luck, leuke, n. f., (m. a.)
- —Chance. Ex. C'est pour la luck.
- —Good luck, bonne chance.
- * Lucky, leuké, adj., (m. a.)—Heureux, chanceux.
- Luette, n. f.
- Se mouiller la luette, prendre un liquide plutôt alcoolique.
- Lui, adj.
- Le même. Ex. Ce n'est plus lui, depuis qu'il a été malade.
- Lumière, n. f.
- —Perdre lumière, perdre connaissance.
- —Un bâtiment de lumière, un phare.
- * Lunch, n. m., (m. a.)
- Collation, second déjeûner. Ex. Où vas-tu prendre ton
lunch?
- * Luncher, v. n. (Angl.)—Prendre le lunch.
- L'un portant l'autre, loc.
- En moyenne. Ex. J'ai vendu au marché quatre porcs, ils
pesaient bien deux cents livres, l'un portant l'autre.
- Lune, n. f.
- —Etre dans la lune, être distrait.
- —Voir la lune en plein jour, attraper un horion.
- —Face de lune, figure ronde, joufflue.
- Lunette d'opéra, n. f.
- Jumelles, lunettes de spectacle, lorgnettes.
- Lurette (belle), loc.
- Longtemps. Ex. Il y a belle lurette que j'ai fini ma besogne.
- L'expression est usitée en France, mais familièrement.
Lurette signifie en rouchi une chose sans durée, sans consistance.
- Lyre, n. f.
- Chanson ennuyeuse, langage répété. Ex. C'est toujours la
même lyre qu'on entend, avec celui-là.
- Lyreux, euse, adj.
- Qui se perd en paroles pour arriver à ses fins.
- Mabre, n. m.
- Marbre. Au XVIIe siècle, on prononçait mabre.
- Macadem, n. m.
- Macadam, système d'empierrement des chemins, d'après le
nom de l'inventeur MacAdam.
- Macadémiser, v. a.—Macadamiser.
- Macardi, n. m.—Mercredi.
- Machabée, n. m.
- Oiseau de mer très commun dans le bas du fleuve. Espèce de couac.
- Mâche, n. f.—Mâchement, action de mâcher.
- Mâche (en), loc.
- En appétit. Ex. Je t'avouerai ingénument que je ne suis
pas en mâche, ce soir.
- * Mâche=mâlo, n. m.
- Corruption de l'anglais marsh-mallow, guimauve.
- Mâchée, n. f.
- Morceau de gomme. V. Bourrelet.
- Macher, v. a.
- Meurtrir. Ex. Des fruits machés, la peau de la main machée.
- Mâcher, v. a.
- —Dire crûment une chose. Ex. Je ne lui mâcherai pas ma
manière de voir.
- —Réfléchir. Ex. Il est quelquefois plus prudent de mâcher
ses mots avant de parler.
- —Mâchouiller. Ex. Mâcher de la gomme.
- Mâcheuse de gomme, n. f.—Femme commune et indolente.
- Machin, n. m.
- Objet dont on ne trouve pas tout de suite le nom propre.
Ex. Quel est ce machin-là?
- Machine, n. m.
- Nom familier donné à toute personne dont on a oublié le
nom. Ex. Dis donc, Machine, qu'est-ce que tu fais là?
- Machinerie, n. f.
- —Machine d'un bateau, steamer.
- —Intrigue, conspiration, ensemble de mauvais desseins.
- Mâchouiller, v. a.
- Mâchiller, mâcher lentement et sans broyer. Ex. Mâchouiller
du tabac, de la gomme.
- Mâchouilleur, euse, adj.—Qui mâchouille constamment.
- Machure, n. f.
- —Meurtrissure, contusion. Ex. Des machures sur une
jambe, sur le dessus du pied.
- —Tache causée sur un fruit par le froissement.
- * Mackintosh, makinntoche, n. m., (m. a.)
- Imperméable. Ex. Mets ton mackintosh, il pleut à Dieu
miséricorde.
- Maçonne, n. f.
- Maçonnerie. Ex. Voilà de la maçonne bien faite.
- Madame, n. f.
- Dame. Ex. Regarde donc la belle madame qui passe.
- Mâfflu, e, n. et adj.—Qui a les joues pleines, rebondies.
- Maganer, v. a.
- —Tourmenter, causer du chagrin. Ex. Ne magane pas
ta vieille tante, bien qu'elle soit bien déplaisante.
- —Briser, détériorer. Ex. Les écoliers sont heureux quand
ils ont magané leurs livres de classe.
- Magasin, n. m.
- Magasin de seconde main, magasin de revendeur.
- Magasinage, n. m.—Action de magasiner, de faire des achats.
- Magasiner, v. n.
- Courir d'un magasin à l'autre pour y faire ses achats. Ex.
Il n'y a rien qui m'ennuie plus que de magasiner.
- Magasineux, euse, adj.—Homme ou femme qui magasine.
- * Magazine, n. f., (m. a.)—Périodique.
- Magies, n. f. pl.—Tours de magicien. Ex. Faire des magies.
- Magniable, adj.—Maniable.
- Magnier, v. a.
- Manier. Ex. Il faut que tu magnes cela avec tes mains.
- Magnieux, euse, adj.
- Manieur, euse, qui manie. Ex. Un magnieux d'argent.
- Magnière, n. f.
- —Manière. Ex. Pourquoi faire tant de magnières?
- —Espèce, genre. Ex. C'est une magnière d'homme qui
est pas mal dur à cuire.
- Magniser, v. a.
- Magnétiser. Ex. T'es-tu fait magniser, l'autre jour?
- Magré, prép.—Malgré. Ex. Il est venu magré moi.
- * Mahogany, mâgné, (m. a.)
- Acajou, bois d'acajou. Ex. Un set de chambre à coucher
en mahogany. Nous entendons ce mot prononcé mâgné,
magné, mangné.
- Mai, conj.
- Mais. Ex. Mai que tu viennes chez nous, tu me le feras
assavoir.
- Maigrechine, n. m. et f.
- Maigre échine, personne maigre, chétive, échinée. Ex.
Un petit maigrechine.
- Maigre d'eau (à), loc.
- Petite quantité d'eau. Ex. Pêcher à maigre d'eau.
- Maigrichon, ne, n. m. et f.
- Enfant très maigre. Ex. Holà! petit maigrichon, viens
manger ta soupe.
- Maigrion, ne, n. m. et f.—Maigrelet, un peu trop maigre.
- Maigue, adj.—Maigre. Ex. Maigue comme un cent de clous.
- Maille et à corde (à), loc.—V. A maille et à corde.
- Maillé, n. m.
- Jeune esturgeon appelé maille dans la région de Montréal.
On l'appelle ailleurs escargot.
- Mailler, v. n.
- Se prendre dans les mailles d'un filet. Ex. Le poisson
maille bien.
- Mailloche, n. f.
- Tête, crâne. Ex. Si tu ne cesses de crier, mon gas, je vais
te cogner la mailloche.
- Main, n.f.
- —Ouvrier. Ex. J'emploie cent mains dans ma manufacture.
(Angl.)
- —Etre mal à main, n'être pas obligeant.
- —Etre à main, dans le voisinage.
- —De main à main, sans passer par un intermédiaire.
- —Avoir la main dure, ne pouvoir travailler sans tout briser.
- —En un vire-main, en un instant.
- —Mains de beurre, mains qui ne savent rien retenir.
- —Passer sa main, passer son tour de jouer à un autre.
- —Acheter argent à la main, acheter comptant.
- —A main, commode.
- —Avoir en mains, tenir en magasin.
- —Se laver les mains d'une chose, comme Ponce-Pilate, déclarer
qu'on n'y a pas participé.
- —Mettre les clefs à la main, livrer à son propriétaire une
maison de construction récente.
- —Etre à sa main, être placé de manière à agir librement,
aisément de sa main droite, si l'on est drétier, de sa main
gauche, si l'on est gaucher.
- —Tenir quelqu'un dans sa main, avoir beaucoup d'autorité
sur lui.
- —Se payer de ses mains, par ses mains.
- —Ecrire une bonne main, avoir une bonne écriture.
- —Mettre sa main au feu, être sûr d'une affaire. Ex. Si tu
joues à la Bourse, tu vas certainement perdre ton argent,
j'en mettrais ma main au feu.
- —Avoir la main, avoir le droit de distribuer les cartes.
- —Acte fait par main de notaire, acte notarié.
- —Par sous-main, en sous-main.
- —Rester dans les mains, tomber en ruine, se démantibuler.
Ex. Ne touche pas à ce vieux meuble, car il va te rester
dans les mains.
- Main chaude, n. f.
- Jouer à la main chaude. Jeu d'enfants qui consiste à frapper
dans la main d'un joueur qui se cache les yeux, et qui les
ouvre pour découvrir celui qui l'a frappé.
- Main morte, n. f.
- Main molle. Ex. Main morte, main morte, tape le sot.
Amusement d'enfants.
- Mainette, n. f. et m.
- —Petite main d'enfant.
- —Homme efféminé qui s'occupe de travaux particuliers
aux femmes, qui coud, tricote, etc.
- Mainquain, n. m.
- Partie du fléau que l'on tient dans la main. Dans le Perche
on dit maintain, et en Normandie maintint.
- Mainquien, n. m.
- Maintien. Ex. Tâche donc de t'asseoir comme il faut sur
une chaise, tu as là un joli mainquien!
- Maintint, part. pass.
- Maintenu. Ex. Il s'est maintint solide sur ses jambes.
- Mainuit, n. m.
- Minuit. Ex. Nous partirons bientôt pour la messe de
mainuit.
- Mairerie, n. f.
- Mairie. Cotgrave cite mairerie pour désigner l'office et les
fonctions de maire.
- Mairesse, n. f.
- Femme du maire. Dans le vieux français, mairesse se
disait pour maîtresse de maison.
- Maison, n. f.
- —La maison du Bon Dieu, l'église.
- —La fille de la maison, la fille qui est à marier. Ex. Si tu
ne te comportes pas mieux, tu n'auras pas la fille de la
maison.
- —Maison de sucre, petite maison en sucre d'érable fabriquée
par les sucriers à l'intention des enfants.
- Mais que, loc. adv.
- Lorsque, quand, après que. Ex. Mais que tu viennes, nous
irons glisser sur les Buttes à Nepveu. Vaugelas rejetait
cette locution.
- Maître, n. m.
- Monsieur. Ex. As-tu rencontré maître Pierre Latulippe?
- Maître canot, n. m.
- Canot principal dans une expédition de canotiers.
- * Maître de poste, n. m.
- Directeur de la poste. (Angl.) post-master.
- Majescule, n. f. et adj.—Majuscule.
- Major, n. m.
- Jeu de cartes, dans lequel le roi d'atout joue un grand rôle.
Il y a le grand et le petit major.
- Mal, n. et adj.
- —Avoir du mal, être un peu avarié.
- —Etre mal avec quelqu'un, en brouille.
- —Tomber d'un mal, être frappé d'épilepsie.
- Mal (beau), n. m.
- Maladie des organes abdominaux chez la femme.
- Mal (pas), loc.
- Assez, passablement. Ex. Il y avait pas mal de monde au
concert. Je suis pas mal embêté.
- Malachigan, n. m.
- Poisson doué d'une voix puissante; d'où ses noms de thunder
pumper, grondin, tambour des lacs. Ou attribue à ses
os d'oreilles des propriétés curatives pour la maladie
dont le nom commence par la lettre censée gravée sur
ces os.
- Maladret, te, adj.—Maladroit.
- Maladrettement, adv.—Maladroitement.
- Maladroisse, n. f.—Maladresse.
- Malaucœureux, euse, adj.
- Sujet aux nausées sans cause appréciable.
- Malcommode, adj.
- —Incommode. Ex. Quel enfant malcommode!
- —D'humeur acariâtre. Ex. Un vieux malcommode.
- Malcompris, n. m.
- Malentendu. Ex. Il doit y avoir du malcompris entre vous
deux.
- Mâle (un), n. m.—Un homme. Ex. Un beau mâle.
- Malému, e, adj.—D'une humeur maussade.
- Malendurant, adj.
- Hargneux, prompt à se révolter, difficile à vivre. Ex. En
voilà un qui est malendurant, on n'est seulement pas capable
de lui parler.
- Malengueulé, e, adj.
- —Mal embouché, qui parle pour dire des choses désobligeantes
ou malhonnêtes.
- —Monongahéla. Ex. La bataille de la Malengueulé.
- Mâlenquerre, adj.—Mâle entier, cheval étalon.
- Malentente, n. f.—Malentendu.
- Malentrain, loc. adv.
- Légèrement souffrant. Ex. Je ne sais pas ce que j'ai ce
matin, je suis malentrain.
- Malfaicteur, n. m.—Malfaiteur.
- Malgré que, loc. adv.
- Quoique. Ex. J'irai vous voir, malgré qu'il fasse mauvais.
Malgré que ne se dit que dans l'expression malgré qu'il en
ait, quoique ce soit de mauvais gré.
- Malheur, n. m.
- Faire un malheur, se proposer de commettre une action criminelle,
sans pouvoir préciser. Ex. Si vous ne me laissez
pas tranquille, je ferai un malheur.
- Malhureux, euse, adj.—Malheureux.
- Malhureusement, adv.—Malheureusement.
- Malicerie, n. f.—Malice. Ex. Faire des maliceries.
- Malin, adj.
- Difficile à faire. Ex. Sauter cette clôture-là, ce n'est pas
malin.
- Maline, adj. f.—Maligne.
- Malle, n. f.
- —Courrier. Ex. Attends que j'aie dépouillé ma malle.
- —Poste. Ex. Tu vas aller à la malle chercher mes lettres.
- —La malle anglaise, le courrier d'Europe ou le train même
qui transporte ce courrier des ports maritimes d'Europe
ou d'Amérique.
- * Maller, v. a. (Angl.)—Jeter une lettre à la poste.
- Malmol, n. f.
- Espèce de linon partageant l'apparence du linon et de la
mousseline commune.
- Malobligeant, e, adj.—Désobligeant.
- Malouines (bottes), n. f. pl.—Bottes à l'écuyère.
- Malpèques, n. f. pl.
- Huîtres pêchées à Malpec, sur la côte de l'Ile du Prince-Edouard.
- Malvat, n. m.—Mauvais sujet.
- Malvenu, e, part. pass.
- Mal reçu, mal accueilli. Ex. Sûrement si vous allez à cette
assemblée, vous serez malvenus.
- Mame, n. f.
- Madame. Ex. Ecoutez, Mame Chose, voulez-vous me
ficher la paix?
- Mameselle, n. f.—Mademoiselle.
- * Manager, manedjeur, n. m., (m.a.)—Gérant, chef, directeur.
- Manche, n. m.
- —Etre gros manche avec quelqu'un, en très bon termes.
- —Avoir quelqu'un dans sa manche, pouvoir compter sur lui,
ou l'avoir en son pouvoir.
- —Se mettre du côté du manche, du côté le plus fort.
- —C'est une autre paire de manches, c'est bien différent.
- Manche (gros), n. m.—Homme important.
- Manche (petit), n. m.—Homme qui ne compte guère.
- Manche de chemise, n. f.
- Bras de chemise. Ex. Se mettre en manche de chemise pour
travailler.
- Manche de pipe, n. m.—Tuyau de pipe.
- Manche de plume, n. m.—Porte-plume.
- Manchon, n. m.
- Manche. Ex. Le manchon de la charrue. Dans le vieux
français on rencontre machon, esmanchon.
- Manchonnier, n. m.
- Fourreur. Manchonnier vient du fait que le fourreur fabrique
des manchons; mais il fabrique aussi d'autres choses.
- Manchotte, adj.
- N'être pas manchotte, ne pas manquer d'esprit, au contraire.
- Mandat=poste, n. m.—Mandat de poste.
- Mande, n. f.—Menthe.
- * Manéger, v. a. (Angl.)
- Conduire, administrer. Ex. Manége cette affaire du mieux
que tu pourras.
- Mangeaille, n. f.
- Action de manger. Ex. Avec ces enfants on n'entend parler
que de mangeaille.
- Mangeard, n. m.
- —Dépensier, prodigue.
- —Fort mangeur.
- Mange=chrétien, n. m.
- Usurier. Ex. Ces juifs-là sont tous des mange-chrétiens.
- Manger, v. a.
- —Faire tomber. Ex. La chaleur va manger le vent.
- —Recevoir. Ex. Manger des coups.
- —Dépenser. Ex. Manger son bien.
- —Médire, calomnier. Ex. Manger le prochain, manger du
prêtre, du jésuite.
- —Surcharger de taxes. Ex. Manger le peuple.
- —Prendre. Ex. Manger une dame. (Terme de jeu.)
- —Détruire. Ex. Un fruit mangé des vers.
- —Manger à même, plonger sa cuiller ou sa fourchette sans
se servir d'assiette.
- —Manger le Bon-Dieu, être très dévôt
- —Manger de la misère, être pauvre.
- —Manger des pissenlits par la racine, être mort.
- —Manger de la vache enragée, rouler dans la misère.
- —Manger à tous les rateliers, de tous côtés.
- —Manger quelqu'un. Ex. Je ne vous mangerai pas, c'est-à-dire,
je ne suis pas aussi mauvais que vous pensez.
- Manger (se), v. pron.
- —Se manger l'un l'autre, se ruiner.
- —Se manger le sang, s'impatienter, s'inquiéter outre mesure.
- Manger=aux=mouches.
- Arrêter en chemin. Ex. Laisser son cheval manger-aux-mouches.
- Mangeur de maringouins, n. m.
- Engoulevent d'Amérique.
- Mangeux, euse, n. m. et f.
- Mangeur, euse. Ex. Louis est un gros mangeux.
- * Mangler, (Angl.) Calandrer. V. Mingler.
- Manière de (comme), loc.
- Comme une espèce de. Ex. Il avait comme manière de
chapeau sur la tête.
- Manière (d'une), loc.
- D'une certaine façon. Ex. D'une manière, il peut avoir
raison, mais pas de l'autre.
- Manière que (de), loc.
- En sorte que. Ex. Je lui ai donné toutes mes raisons, de
manière qu'il m'a paru comprendre.
- Manière comment que (la),
- Comment, la façon dont. Ex. Pourrais-tu me dire la manière
comment que tu t'y prends pour avoir de si beaux
animaux?
- Manière de (en), loc.
- Comme, pour ainsi dire. Ex. Il est venu me dire en manière
de compliment...
- Manifacture, n. f.
- Manufacture. Cotgrave dit que manifaclure et manufacture
sont synonymes.
- Manifactureur, n. m.—Manufacturier.
- Manifacturier, n. m.—Manufacturier.
- Manificat, n. m.
- Magnificat. Ex. Pourvu que nous arrivions au Manificat.
- Manifique, adj.—Magnifique.
- Manigance, n. f.
- Manœuvre secrète, mystérieuse. Français, mais familier.
- Manigancer, v. a.
- —Tramer dans l'ombre.
- —Agir. Ex. Tu maniganceras cette affaire comme je te
l'ai dit.
- Manitou, n. m.
- Divinité protectrice des Indiens, l'Etre suprême, le Grand
Esprit.
- Manivelle, n. f.
- Charriot mû au moyen d'une bielle sur les voies ferrées, à
l'usage des hommes de section (manœuvres). Hand-car
des Anglais.
- Manivolle, n. f.
- Poussière très ténue provenant de la mouture des grains.
- Manne, n. f.
- Mouche qui abonde à la surface des rivières et dont les poissons
font ample nourriture.
- Manquable, adj.
- Probable. Ex. Manquable qu'il va venir comme il nous
l'a promis.
- Manquablement, adv.
- Probablement. Ex. Il viendra manquablement sur le soir,
à la brunante.
- Manque, n. f.
- Faute. Ex. Vous avez fait cela, c'est une manque sérieuse.
- Manque (ben), loc.
- Beaucoup. Ex. Y avait-il du monde sur la terrasse hier
soir?—Il y en avait ben manque.
- Manqué, e, part. pass.
- —Très fatigué, épuisé. Ex. J'ai fait le tour du Cap-Rouge
à pied, aussi je suis manqué, ce soir.
- —Sans valeur. N'achète pas ce cheval, il est manqué.
Expression acadienne.
- * Manquer, v. a.
- —Faire défaut. Ex. Vous n'étiez pas chez l'orateur, hier
soir, on vous a manqué. (Angl.)
- —Etre dans la misère, manquer de tout. Ex. Depuis que
j'ai été placé, je ne crains plus de manquer.
- Manslaughter, manslâteur, n. m., (m. a.)
- Homicide involontaire.
- Mantelet, n. m.
- Costume d'intérieur fait sans trop de luxe et beaucoup porté
par les femmes, à la campagne. Ex. Ma femme portait le
grément complet, la jupe et le mantelet. Ou prononce
plutôt mantelette.
- Manthe, n. f.—Menthe.
- Mappe, n. f.—Carte géographique.
- Maquière, n. f.—Matière. V. ce mot.
- Maquièrer, v. n.—V. Matièrer.
- Maquièreux, euse, adj.—Qui sécrète du pus. V. Matièreux.
- Mâr, n. m.—Mars. Ex. Notre-Dame de mâr.
- Marabout, n. et adj.
- Homme d'une humeur insupportable. Ex. Quel marabout
est ça! Quelle humeur marabout!
- Marander (se), v. pron.
- Se pavaner. Ex. En voilà une qui se marande un peu fort.
- Marâtre, n. m. et f.
- Brutal pour les hommes et les animaux.
- Marbe, n. m.—Marbre.
- Marbre, n. m.—Bille. Ex. Jouons aux marbres.
- Marcassin, n. m.
- Petit cochon. En France, ce mot s'applique au petit du
sanglier.
- Marchable, adj.
- Où l'on peut marcher. Ex. Passons par un chemin plus
marchable.
- Marchage, n. m.—Action de marchâiller.
- Marchâiller, v. n.—Marcher péniblement.
- Marchance, n. f.—Malchance.
- Marchanceux, euse, adj.—Malchanceux, euse.
- Marchand, n. m.
- —Marchand en gros, de gros.
- —Marchand en détail, détailleur.
- —Marchand de hardes faites, de confections.
- —Petit marchand, colporteur.
- —Marchand de seconde main, revendeur.
- Marchandises sèches, n. f. pl.
- Plusieurs sont sous l'impression que marchandises sèches est
la traduction de l'anglais dry goods. Nous trouvons marchandises
sèches dans les Registres du Conseil Souverain.
Donc l'expression était usitée dans la colonie avant l'arrivée
des Anglais à Québec. On veut lui substituer nouveautés.
Or, ce mot ne peut guère s'appliquer qu'à des
articles de mode, et ne rend pas bien l'idée des marchandises
sèches. A mon avis, mercerie vaudrait mieux.
L'expression marchandises sèches prête le flanc à des bizarreries
de langage assez originales. N'a-t-on pas vu des
annonces conçues dans la forme suivante: Grande vente
de marchandises sèches mouillées! ...
- Marchant (mal), loc.
- Chemin raboteux, vaseux, ou rempli de neige. Ex. Le
chemin est mal marchant, aujourd'hui.
- Marche, n. f.
- —Promenade. Ex. Allons faire une marche vers le monument
des Braves.
- —Course. Ex. D'ici au Saut Montmorency, c'est une
bonne marche.
- Marché, n. m.
- —Mettre le marché en mains, déclarer ne pouvoir faire une
chose.
- —Grand marché, bon marché. Ex. Les œufs se vendent
grand marché.
- Marchedon, n. m.
- —Botte sauvage. V. ce mot.
- —Cheval.
- Marcher, v. n.
- —Circuler. Ex. Les tramways ne marchent pas, ce matin,
il n'y a pas assez de pression.
- —Suivre les exercices. Ex. J'ai deux enfants qui vont
marcher au catéchisme, ce printemps.
- —Fonctionner. Ex. J'ai un employé dans mon bureau
qui marche tout de travers.
- —Se sauver. Ex. Marche à la maison, petit imparfait.
- —Se gâter, pourrir. Ex. Voici du fromage qui marche
tout seul.
- —Marcher mal, le chemin est mauvais. Ex. Ça marche
mal.
- —Marcher avec quelqu'un, être d'acord, aller au même but.
- —Marcher sur le chréquien. V. Chréquien.
- —Marcher sur, approcher de. Ex. Je marche sur la soixantaine.
- Marchette, n. f.
- —Pédale pour faire mouvoir la roue d'un rouet à filer.
- —Gros tuyau d'orgue ou basse d'un instrument, que l'on
fait sonner à l'aide d'une touche que l'on baisse avec le
pied.
- Marci, n. f.
- Merci. Ex. Marci ben des fois, marci mille fois!
- Marcou, n. m.
- Matou. Nos anciens, dit Lacurne, faisaient des noms d'animaux
de noms de saints. Marcou viendrait de Marc,
comme matou de Mathieu.
- Mardi gras, n. m.
- —Homme masqué. Ex. Avez-vous reçu des mardis gras
chez vous, hier soir?
- —Enterrer le mardi gras, donner une soirée à l'occasion du
mardi gras.
- Mardillier, n. m.—Marguillier.
- Mâre, n. f.—Mare.
- Marécager (se), v. pron.
- Se gâter. Ex. Le temps commence à se marécager.
- Marêche, n. f.
- Requin du Saint-Laurent.
- Mârée, n. f.
- Le contenu d'une mare, une flaque d'eau, d'urine, etc. Ex.
Un petit enfant qui fait des marées.
- Mârence, n. f.—Marelle.
- Marène, n. f.—Marelle. V. Barrène.
- Margau, n. m.—Fou de Bassan.
- Marge, n. f.
- Spéculation rendue plus facile par le paiement incomplet
des actions achetées. Ex. Spéculer sur marge.
- Marginer, v. n.—Spéculer sur marge.
- Margot, n. m.
- Baie jaunâtre que l'on cueille dans les savanes. Appelée
mûre de savane dans le comté de Kamouraska.
- Margouilles, n. f. pl.
- Margouillis, impasse, position embarrassante. Ce mot était
très usité à Montréal, il y a cinquante ans.
- Margoulette, n. f.
- Mâchoire, bouche, bas du visage. Ex. Je lui ai cassé la
margoulette.
- Le mot est français et populaire en France, et signifie la
même chose qu'en Canada.
- Marguerite, n. f.—Pâquerette vivace.
- Marguerite jaune, n. f.
- Renoncule âcre. Peste de nos campagnes.
- Marguillage, n. m.—Qui ressort de la charge de marguillier.
- Marguillière, n. f.
- Femme du marguillier. Ex. Voici madame la marguillière.
- Maréal, Marial.—Montréal.
- Marier, v. a.
- Se marier avec. Ex. Je gage que Joseph va marier la petite
Lafleur.
- Marie Quat'Poches, n. f.—Femme mal vêtue.
- Marie Souillon, n. f.—Femme malpropre.
- Marie Torchon, n. f.—Femme laide et malpropre.
- Marieux, euse, adj.
- Homme qui a des dispositions pour le mariage. Ex. Ce
garçon-là n'est pas un grand marieux.
- Marillier, n. m.—Marguillier.
- Marinades, n. f. pl.
- Conserves au vinaigre, oignons, choux-fleurs, concombres.
- Marine, n. f.
- —Inflammation des tissus de la main. Ex. Docteur, j'ai
été à l'eau salée, regardez ma main, je crois que j'ai la
marine.
- Marinos, n. m.
- Mérinos, étoffe de laine. Ex. Une robe de mérinos.
- Marinquin, n. m.—Maroquin.
- Marionnette, n. f.—Aurore boréale.
- * Market, markète, (m. a.)
- —Train du marché. Ex. Ce soir nous prendrons le market
pour la Rivière-du-Loup.
- —Marché.
- Marle, n. m.—Merle.
- Marleau, marlot, n. m.
- Hypocrite et trompeur. Ex. Cet individu-là, c'est un
marleau.
- Marmette, n. f.
- Guillemot ordinaire, appelé en anglais murre, à cause de son
cri.
- Marmotte (croquer), loc. prov.
- Croquer le marmot, attendre longtemps en vain.
- Marmousin, n. m.—Marmouset, petit garçon.
- Marque, n. f.
- —Croix. Ex. Vous ne savez pas signer, faites votre marque
ici.
- —Faire sa marque, faire son chemin dans le monde, fournir
une belle carrière.
- Marquer, v. n.
- —Avoir bonne ou mauvaise apparence. Ex. Un homme
qui marque mal.
- —Informer. Ex. Dans ta lettre, tu lui marqueras que je
suis toujours en bonne santé.
- —Graver. Ex. On voit bien qu'il a eu la picote, il est
resté marqué.
- —Prendre note. Ex. Marque bien ce que je te dis.
- Marques, n. f. pl.
- Marques de coups. Ex. Tu vas porter longtemps de mes
marques.
- Marron, n. m.—Marmiton de collège.
- Marsh=mallow, marche mâlo, n. m., (m. a.)—Guimauve.
- Marsouin, n. m.
- Les Marsouins de l'Ile-aux-Coudres. Sobriquet.
- Martagon, n. m.—Lis des prairies.
- Martello (tour), n. f.
- Tour d'observation, de vigie. Ex. A Québec, il y a plusieurs
tours Martello.
- Martrière, n. f.—Piège pour prendre les martres.
- Marveille, n. f.
- Merveille. Ex. Je me porte à marveille, et toi?
- Marveilleux, euse, adj.—Merveilleux.
- Mascouabina, n. m.
- Sorbier à fruits rouges en grappes. Origine sauvage. Signifie
grain que les ours aiment à manger. Nous disons
souvent mascoubina, mascou, mascoua.
- Maskinongé, n. m.
- Espèce de brochet que l'on pêche dans nos rivières.
- Maskoutin, n. m.
- Sobriquet donné aux habitants de Saint-Hyacinthe. Vient
du mot Yamaska, rivière qui traverse la ville.
- Massacre, n. m.
- —Diable. Ex. Va au massacre.
- —Massacre des innocents, rejet en bloc de tous les projets de
loi qui n'ont pas encore été adoptés à une date fixée
d'avance.
- Masse (en), loc.
- —Beaucoup, en quantité. Ex. Il pleut en masse, il y avait
du monde en masse.
- —Pas des masses, peu, guère.
- Masser, v. a.—Frapper.
- Massif, ive, adj.
- Pesant, lourd. Ex. Un enfant massif, un livre massif.
- Mastas, n. m.—Enfant gras et gros.
- Mastic, n. m.
- Une face de mastic, figure replète et d'un jaune pâle.
- Masticot, n. m.—Homme de police, sergent de ville.
- * Mat, matte, (m. a.)—Natte, paillasson.
- Matador, n. m.—Homme prétentieux et batailleur.
- Matagon, n. m.—Quatre-temps, rouget.
- Mâtaine, n. f.—Mâtine, luronne.
- Matamore, n. m.—Brave à trois poils.
- Matapan, n. m.
- Homme fort, gros et bouffi. En Normandie, on dit mastapan.
- * Match, (m. a.)
- —Lutte, joute. Ex. Une match de crosse, de hockey.
- —Mariage. Ex. Pierre et Louise vont faire un match à
mon goût.
- —Concours. Ex. Un match d'animaux dans une exposition.
- —Allumette. Ex. Donne-moi donc une match pour allumer
ma pipe.
- * Matcher, (Angl.)
- —Tenir tête. Ex. Celui-là, je trouverai moyen de le matcher.
- —Assortir. Ex. Matcher des couleurs, des chevaux.
- —Se marier. Ex. Jean et Pauline s'aiment, matchons-les
ensemble.
- —Apparier. Ex. Matcher des étoffes de couleur.
- —Se mesurer. Ex. Si tu veux, nous allons nous matcher
ensemble.
- Matelas, n. m.—Quenouille.
- Mâter (se), v. pron.
- —Se cabrer. Ex. Mon cheval se mâte à tout propos.
- —S'irriter. Ex. Ne vous mâtez pas, l'ami, nous allons nous
entendre.
- Matéreaux, n. m. pl.
- Matériaux. Ex. As-tu tous tes matéreaux de pêche?
- Mathieusalé, n. propre.
- Mathusalem, patriarche aïeul de Noé. Ex. Vieux comme
Mathieusalé, Maqueusalé.
- M'a=t=i?—Est-ce que je vais? Ex. M'a-t-i m'en aller?
- Matière, n. f.
- Pus. Ex. Le docteur Aloès m'a lancé un abcès, il en est
sorti beaucoup de matière.
- Matièrer, v. n.
- Qui donne du pus. Ex. J'ai une plaie qui matière toujours.
- Matièreux, euse, adj.
- Qui fournit du pus. Ex. Un ulcère matièreux.
- Matillon, n. m.—Maquillon.
- Matin (à), loc.
- Ce matin. Ex. Comment êtes-vous, à matin? Est-ce du
lait d'à matin?
- Matin (du).
- —Ce matin. Ex. J'ai un enfant né du matin.
- —Un de ces quatre matins, un de ces jours. Ex. Nous
irons vous voir un de ces quatre matins.
- Matin (petit).
- Point du jour. Ex. Tu viendras me prendre au petit matin.
- Mâtin!
- Interjection pour exprimer le dépit, l'étonnement. Ex.
Mâtin, que c'est beau!
- Matinée, n. f.—Corsage.
- Matou de grève, n. m.
- Rôdeur de nuit qui cherche à dérober le poisson pris dans
les pêches.
- Mâts=cordes (à).—V. A maille et à corde.
- * Matte, n. m. (Angl.)
- Paillasson, natte placée à la porte des appartements pour
qu'on s'y essuie les pieds.
- Maturité (à), n. f.
- Echéance. Ex. Votre billet viendra à maturité dans quinze
jours, voyez-y.
- Maucœureux, euse, adj.
- V. Malaucœureux. Cotgrave dit que ce mot signifie lâche.
- Maudissements, n. m. pl.
- Jurons. Ex. Ce sont des maudissements à n'en plus finir.
- Maudit (du).
- —Terrible. Ex. J'ai eu une peur du maudit.
- —Diable. Ex. Il y a du maudit là-dedans.
- Maudisseux, n. m.
- Qui maudit à tout propos.
- Mauditement, adv.—Terriblement.
- Maussade, adj.
- Déplaisant. Ex. Cet homme est bien maussade.
- Mauvais, e, n. m. et f.
- Méchant. Ex. C'est un mauvais, une mauvaise.
- Mauvaisement, adv.—Méchamment.
- Mauvaiseté, n. f.—Méchanceté, malice.
- Mauve, n. f.—Mouette. (Terme de vénerie.)
- Maxime, u. f.—Vaccine. Ex. Une bonne picote maxime.
- Maximer, v. a.
- Vacciner. Ex. Je vais faire maximer tous mes enfants.
- Mâzette!
- Interjection pour marquer l'étonnement, l'admiration. Ex.
Mâzette! ce n'est pas le premier venu que ce gas-là!
- * Mean, mîne, (m. a.)
- Bas, vil, mesquin, avare, sans valeur.
- Mécanique, n. f.—Mécanicien.
- Mécardi, n. m.—Mercredi.
- Méchant, e, adj.
- Mauvais, en mauvais ordre. Ex. Les chemins sont méchants,
le temps est méchant, le pain est méchant.
- Mèche, n. f.
- —Coup de vin. Ex. Rentrons prendre une mèche chez
Boissec.
- —Long espace de temps. Ex. Il en a pour une mèche
avant d'avoir fini son livre.
- Mécredi, mécrédi, n. m.
- Mercredi. Autrefois mecredi se disait. Vaugelas préférait
mecredi à mercredi. Thomas Corneille était favorable aux
deux, mais il disait que mecredi était plus doux.
- Médeciner, v. a.—Faire prendre des remèdes.
- Médeciner (se), v. pron.—Se soigner soi-même.
- Médi, n. m.
- —Midi.
- —Su l'médi, vers midi.
- —Su l'coup du médi, à l'heure du midi.
- * Meeting, mîtigne, (m. a.)—Assemblée, réunion.
- Mégard, n. m.
- Mégarde. Ex. J'ai pu me tromper, mais c'était par mégard.
- Méguiocre, adj.—Médiocre.
- * Meilleur, adj.
- Au meilleur de ma connaissance, si je me rappelle bien. (Angl.)
- Meincredi, n. m.—Mercredi.
- Meinkerdi, n. m.—Mercredi.
- Meinnuit, n. m.—Minuit. Ex. La messe de meinnuit.
- Meinpriser, v. a.—Mépriser.
- Mékerdi, n. m.—Mercredi.
- Mêlâillage, n. m.—Action de mêler.
- Mélâiller, v. a.—Mêler. Ex. Mon fil est tout mélâillé.
- Mélanges, n. m. pl.—Bonbons assortis.
- Mêle (en), loc.
- Au milieu. Expression acadienne. Ex. Il y avait dans le
chemin trois femmes; celle qui était au milieu était
vieille. Elles sont vieilles en mêle, dit le conducteur, c'est-à-dire
celle du milieu est vieille. Expression très ancienne
qui doit venir de in medio.
- Mêlis=mêlo, n. m.—Confusion, désordre.
- Membre, n. m.
- —Patin. Ex. Un membre de carriole, de traîneau.
- —Député, représentant du peuple. Ex. Nous avons un
bon membre à la Chambre, mais il ne parle pas souvent.
- Membrer, v. a.
- Poser des patins à un traîneau, à une carriole.
- Même (de), loc. adv.
- —De semblable. Ex. Nos enfants sont tous gros et gras,
mais le petit dernier bat tous les autres, on n'en voit pas
souvent de même.
- —Ni bien ni mal. Ex. Comment est ta femme?—Elle est
de même.
- —De cette façon. Ex. Mens donc pas de même.
- Même (du).
- La même chose. Ex. C'est toujours du même et du pareil.
En Anjou ou dit du pareil au même.
- Même chose (la).
- Tout de même. Ex. Je ne suis pas invité à la conférence
du Père Antoine, j'irai la même chose.
- Mémère, n. f.—Grand'mère.
- Menable, adj.
- Qui peut être mené, conduit. Ex. Un être comme cela, je
te dis que ce n'est pas menable.
- Ménage, n. m.
- Mobilier. Ex. J'ai acheté mon ménage chez Vallière.
- Ménagement, n. m.
- Economie. Ex. Dans cette maison, on n'entend parler que
de ménagement.
- Menasse, n. f.—Mélasse.
- Menchonge, n. m.—Mensonge.
- Mener, v. a.
- —Se promener. Ex. Veux-tu aller mener, mon petit?
- —Mener quelqu'un par le bout du nez, le dominer.
- —Mener la vie, vivre avec luxe.
- —Mener du bruit, faire du tapage.
- —Ne pas mener grand bruit, être tranquille et silencieux.
- —Mener le sorcier, faire beaucoup de bruit.
- —Mener le diable, même sens.
- —Mener sur l'air.—V. Mettre.
- —Conduire un cheval. Ex. Sais-tu mener?
- Ménoire, n. f.
- —Timon. A Québec on dit timon, à Montréal, travail.
- —Mémoire. Ex. Manquer de ménoire.
- Menon, n. m.—Melon.
- Menoque, n. f.
- Manoque, petite botte de tabac en feuilles.
- Menotte, n. f.
- —Demi-gant de femme qui ne couvre pas l'extrémité des
doigts.
- —Petite main d'enfant.
- Menterie, n. f.
- Mensonge. Français familier. Ex. V'là Chose, il a le corps
plein de menteries, écoute-le.
- Menteux, euse, adj.
- Menteur. Ex. Faut-il être menteux pour dire cela?
- Mentir, v. a.—Mentir, v. n. Ex. Tu mens cela, l'ami.
- Ménuit, n. m.
- Minuit. Ex. Tu viendras sur le coup de ménuit.
- Menuserie, n. f.—Menuiserie.
- Menusier, n. m.—Menuisier.
- Menutés, n. f. pl.—Petites choses, bagatelles.
- * Mépris de cour, (Angl.)
- Injure au tribunal. Ex. Condamné à huit jours de prison
pour mépris de cour.
- Méquier, n. m.
- Métier. Ex. Travailler au méquier, avoir un bon mêquier,
un corps de méquier.
- Mer, n. f.
- Fleuve Saint-Laurent, dans sa partie la plus large, là surtout
où l'eau est toujours salée et donne une assez juste
idée d'une mer.
- Mercier, v. a.
- Remercier. Ex. Mercie-le. de t'avoir donné de belles étrennes.
- Mère, n. f.—Femme. Ex. Holà! la mère, veille au petit.
- Mère moutonne, n. f.—Brebis.
- Mère oie, n. f.—Oie.
- Mère ourse, n. f.—Ourse.
- Mère rangearde, n. f.
- Petite fille qui fait la pluie et le beau temps chez ses parents.
- Merise (petite), n. f.
- Cerise du Canada.
- Merisier blanc, n. m.—Bouleau élancé.
- Merisier rouge, n. m.—Bouleau merisier.
- * Mérite, n. m.
- Plaider au mérite, entrer dans le vif de la plaidoirie, plaider
au fond. (Angl.)
- Merle, n. m.—Grive erratique.
- Merle chat, n. m.—Grive de la Californie.
- * Merry Christmas, mèré, (m. a.)—Joyeux Noël!
- Més, adj.—Mes Ex. Més frères, més sœurs.
- Mesquinage, n. m.
- Mesquinerie. Mesquinage se disait jadis pour service, se
mettre en mesquinage.
- Mesquiner, v. n.
- Etre chiche. Ex. C'est un vieux bonhomme qui mesquine
sur tout.
- Mesquineux, euse, n. et adj.
- Ladre, sordide. Ex. Le bonhomme Richard est un vieux
mesquineux.
- Messe, n. f.
- Tourner en basse messe, arriver à peu près à rien. Allusion
au fait qu'il arrive quelquefois, à la campagne, qu'une
grand'messe, pour des raisons exceptionnelles, se termine
en basse messe.
- Messieurs, n. m. pl.
- —Les Messieurs du Séminaire, les prêtres du Séminaire de
Québec. Ex. Cette après-midi, à cinq heures, il y aura
un salut solennel à la chapelle des Messieurs du Séminaire.
- —Les Messieurs de Saint-Sulpice, les prêtres de la Société
des Sulpiciens.
- —Le fort des Messieurs (Montréal).
- —Extrait des Messieurs, ouvrage de loi publié à Londres
en 1772, intitulé: An Abstract of those Parts of the Custom
of the Viscounty and provotship of Paris, etc. Cette
compilation fut faite par F.-J. Cugnet, Deschenaux, Pressard,
Jacrau, et plusieurs autres Messieurs.
- Messire, n. m.—Monsieur l'abbé.
- * Mesure, n. f.—Projet de loi. (Angl.)
- Mesure que (à la), loc.
- A mesure que, au fur et à mesure.
- Mesurement, n. m.—Mesurage, action de mesurer.
- Mésure, n. f,—Mesure.
- Met, n. m.
- Pétrin, huche où l'on fait la pâte. Dans le patois de Berry,
ce mot signifie huche au pain. Rabelais l'a employé
dans son Gargantua:
- «Et croissoit comme pâte dans le met.»
- Dans le Jura on écrit maid, de l'italien madia. Cotgrave
écrit maye.
- Métail, n. m.—Métal.
- * Meter, miteur, n. m., (m. a.)—Mesureur, compteur.
- Métier, n. m.
- —Faire du métier, travailler pour l'argent, et non pour
l'art.
- —Faire un métier d'enfer, faire un travail pénible.
- —Faire trente-six métiers, essayer de faire de tout.
- Métif, n. m—-Métis. Ex. Les Métifs du Nord-Ouest.
- Métiver, v. n.—Moissonner, couper le grain. Acadianisme.
- Métraisse, n. f.
- Prononciation renversée de maîtresse. Ex. Une métraisse
d'école.
- * Mêtre, n. m.—Compteur. (Angl.)
- Mettre, v. a.
- —Mettre dedans, tromper.
- —Mettre la puce à l'oreille, avertir.
- —Mettre de l'eau dans son vin, se modérer.
- —Mettre dans son sac, recevoir des injures.
- —Mettre dans de beaux draps, dans l'embarras.
- —Mettre les pieds dans les plats, faire une sottise.
- —Mettre les mains à la pâte, travailler soi-même.
- —Mettre tous ses œufs dans le même panier, ne pas diviser
ses risques.
- —Mettre sur les dents, fatiguer.
- —Mettre dans sa poche, empocher un affront.
- —Mettre de l'argent, en dépenser.
- —Mettre une chose à ne pouvoir s'en servir, la rendre inutilisable.
- —Mettre sur l'air, chanter justement et correctement d'après
la musique. Ex. Si vous avez un tant soit peu d'oreille
vous pourrez facilement mettre sur l'air la chanson Vive
la Canadienne!
- —Mettre tout dehors, employer le vert et le sec.
- Meubelier, n. m.—Meublier, ébéniste.
- Meublerie, n. f,—Ameublement.
- Meublir, v. a.—Ameublir.
- Meurir, v. a. et n.—Mûrir.
- Mézamain (à), loc. adv.—Chose qui n'est pas à la main.
- Mézelle, n. f.—Mademoiselle.
- Miâlement, n. m.—Miaulement.
- Miâler, v. n.
- Miauler. Ex. Entendez-vous le chat qui miâle?
- Miâleu