The Project Gutenberg EBook of Histoire Médicale de l'Armée d'Orient, by 
René Desgenettes

This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
almost no restrictions whatsoever.  You may copy it, give it away or
re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
with this eBook or online at www.gutenberg.org


Title: Histoire Médicale de l'Armée d'Orient
       Volume 2

Author: René Desgenettes

Release Date: March 5, 2009 [EBook #28249]

Language: French

Character set encoding: ISO-8859-1

*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK HISTOIRE MEDICALE DE L'ARMEE D'ORIENT ***




Produced by Mireille Harmelin, Christine P. Travers and
the Online Distributed Proofreading Team at
https://www.pgdp.net (This file was produced from images
generously made available by the Bibliothèque nationale
de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)






Notes au lecteur de ce ficher digital: Les corrections de l'errata ont été intégrées dans le texte. L'orthographe a été modernisée.

HISTOIRE MÉDICALE
DE L'ARMÉE
D'ORIENT,

PAR

le médecin en chef R. DESGENETTES.

Cherchons à tirer des malheurs de la guerre quelque avantage pour le genre humain.

Pringle, Maladies des armées.

À PARIS,

Chez Croullebois, libraire de la Société de médecine, rue des Mathurins, no 398,
Et chez Bossange, Masson, et Besson, rue de Tournon.

An X.—M.DCCCII.

AU
PREMIER CONSUL
BONAPARTE.

THE FRENCH REVOLUTION RESEARCH COLLECTION

LES ARCHIVES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

MAXWELL Headington Hill Hall, Oxford OX3 0BW, UK

ERRATA.

On est invité avant de lire cet ouvrage à faire les corrections suivantes:

PREMIÈRE PARTIE.

Page 75, Lig. 17, Au lieu de avec avantage sur des jeunes gens, lisez avec avantage des jeunes gens.

Page 139, Lig. 12, Au lieu de officiers en chef, lisez officiers de santé en chef.

Page 170, Lig. 4, Au lieu de sevices, lisez services.

Page 174, Lig. 23, Au lieu de eoutenant, lisez soutenant.

Page 175, Lig. 19, Au lieu de fructidor fructidor, lisez fructidor.

Page 220, Lig. 21, Au lieu de 388, lisez 380.

SECONDE PARTIE.

Page 6, Lig. 11, Au lieu de allèguent, lisez allègent.

Page 8, Lig. 3, Au lieu de esimable, lisez estimable.

Page 17, Lig. 4, Au lieu de de Ménoufyéz, lisez du Ménoufyèh.

Page 19, Lig. 24, Au lieu de enchnatements, lisez enchantements.

Page 90, Lig. 3, Au lieu de révulsif, lisez révulsifs.

Page 105, Lig. 1, Au lieu de comprimées, lisez comprimés.

TABLE DES MATIÈRES.

PREMIÈRE PARTIE.

RAPPORT adressé au conseil de santé des armées, par le citoyen Desgenettes.

SECONDE PARTIE.

Lettre circulaire du citoyen Desgenettes aux médecins de l'armée d'Orient sur la rédaction de la topographie physique et médicale de l'Égypte.

Notice sur l'ophtalmie régnante, par le citoyen Bruant, médecin ordinaire de l'armée.

Notice sur la topographie de Ménoùf, dans le Delta, par le citoyen Carrié, médecin ordinaire de l'armée.

Observations sur les maladies, et en particulier la dysenterie, qui ont régné en fructidor an VI dans l'armée d'Orient, par le citoyen Bruant, médecin ordinaire de l'armée.

Notice sur l'emploi de l'huile dans la peste, par le citoyen Desgenettes.

Extrait des observations du citoyen Cérésole, médecin ordinaire de l'armée, dans un voyage, sur la rive occidentale du Nil, du Kaire à Syouth.

Notes sur les maladies qui ont régné en frimaire an VII, recueillies dans l'hôpital militaire du vieux Kaire, par le citoyen Barbès, médecin ordinaire de l'armée.

Topographie physique et médicale du vieux Kaire, par le citoyen Renati, médecin ordinaire de l'armée.

Essai sur la topographie physique et médicale de Damiette, suivi d'observations sur les maladies qui ont régné dans cette place pendant le premier semestre de l'an VII, par le citoyen Savaresi, médecin ordinaire de l'armée.

Description et traitement de l'ophtalmie d'Égypte, par le citoyen Savaresi, médecin ordinaire de l'armée.

Notice sur la topographie physique et médicale de Ssalehhyéh, par le citoyen Savaresi, médecin ordinaire de l'armée.

Notice sur la topographie physique et médicale de Belbeys, par le citoyen Vautier, médecin ordinaire de l'armée.

Notice sur la topographie physique et médicale de Rosette, par le citoyen L. Frank, médecin ordinaire de l'armée.

Notes pour servir à la topographie physique et médicale d'Alexandrie, par le citoyen Salze, médecin ordinaire de l'armée.

Observations météorologiques communiquées par le citoyen Nouet, membre de l'institut d'Égypte.

Observations sur la pesanteur de l'air, la direction des vents, et l'état du ciel, communiquées par le citoyen Coutelle, membre de la commission des arts.

Tables nécrologiques du Kaire, les années VII, VIII, et IX, publiées par le citoyen Desgenettes.

Procès-verbal d'une réunion des officiers de santé, à Rosette, le 4 thermidor an IX.

(p. 003) LETTRE CIRCULAIRE
du citoyen DESGENETTES
Aux médecins de l'armée d'Orient

Au quartier général du Kaire, le 25 thermidor an VI.

L'armée, citoyens, après plusieurs batailles, plusieurs combats, et les marches les plus pénibles à travers les déserts, commence enfin à goûter quelques moments de repos depuis son arrivée en Égypte. Sa prodigieuse activité a comprimé jusqu'ici le germe des maladies qui vont se développer, et du traitement desquelles il faut nous occuper.

La saison où nous sommes a, comme toutes les autres, sa constitution propre et ses maladies; ce sont les diarrhées et la dysenterie que nous avons le plus à redouter; l'ophtalmie, endémique en Égypte, commence à s'y joindre avec une progression rapide.

Cette dernière maladie est quelquefois simple ou idiopathique; elle rentre alors dans la classe des inflammations ordinaires et locales, et elle se traite de même.

D'autres fois elle est concomitante ou symptomatique des diarrhées et des dysenteries, et elle (p. 004) survient surtout dans le cas de suppression de ces flux, qu'il faut alors rappeler par des minoratifs.

Peut-être aussi dans quelques circonstances l'ophtalmie deviendra-t-elle une crise des diarrhées et de la dysenterie.

Au reste l'æthiologie des diverses espèces d'ophthalmies est simple; elle s'explique par cet axiome de la théorie des fluxions: «partout où il existe un point d'irritation, là les humeurs affluent.»

En m'entretenant avec vous, citoyens sur nos devoirs, et les moyens de nous rendre le plus utiles possible à l'armée, je ne puis trop vous recommander la lecture de Prosper Alpin (De medicinâ AEgyptiorum).

Cet estimable ouvrage peut devenir pour chacun de nous le sujet d'un beau travail; il consisterait à en faire des extraits, où, en mettant de côté une diction trop verbeuse et des théories surannées, on conserverait seulement tout ce qui tient à l'observation et aux grands aperçus pratiques; ces extraits deviendraient en quelque sorte le texte d'un commentaire où nous consignerions les choses intéressantes que nous serons à même d'observer journellement.

Le même auteur a encore écrit un bel ouvrage (Rerum AEgyptiarum Libri IV), qui renferme une foule de détails intéressants sur l'histoire naturelle et civile, les mœurs, les arts, et qui pourrait devenir l'objet d'un travail semblable à celui (p. 005) que je vous ai conseillé de faire sur sa médecine.

Nos fonctions aux armées ne se bornent point à traiter les maladies; nous devons constamment surveiller tout ce qui peut assurer la santé des militaires; et nos devoirs sur ce point sont suffisamment détaillés par les lois et les règlements qui en sont explicatifs.

Mais, pour appliquer convenablement les principes de l'hygiène, et pour trouver des médicaments efficaces dans un pays nouveau pour nous, il est indispensable d'en rédiger soigneusement la topographie. C'est ce qui m'engage à vous offrir ici un plan uniforme qui vous sera utile pour classer vos observations: vous reconnaîtrez facilement qu'aux localités près, ce plan est emprunté de celui que des mains plus habiles tracèrent pour étudier la France physique et médicale.

1o. Indiquer la nature du sol du pays qu'on veut faire connaître.

2o. La longitude et la latitude, l'exposition en général.

3o. Quels sont les vents dominants.

4o. Quelles sont les principales qualités physiques des eaux du Nil, des puits, et des citernes; leur influence sur la végétation, et sur la santé des hommes et des animaux.

5o. Quels sont les arbres, les arbustes, et les autres plantes, particulièrement potagères, ou médicinales qui croissent dans les lieux décrits.

(p. 006) 6o. Quels sont les grains que l'on cultive; comment les cultive-t-on; quelles sont leurs maladies.

7o. Examiner soigneusement et indiquer les nombreuses substances médicamenteuses que le commerce de l'Asie verse dans l'Afrique, et en particulier dans l'Égypte.

8o. Quels sont les animaux de toutes les classes qui sont particuliers à l'Égypte et étrangers à l'Europe; réunir le plus de notions possibles sur les maladies de ceux des animaux domestiques qui allègent et partagent les travaux de l'homme.

9o. Enfin faire connaître le tempérament général des habitants, leurs aliments, leurs boissons, leurs vêtements, la construction de leurs maisons, leurs occupations, leurs habitudes, et leurs mœurs; les maladies les plus ordinaires aux enfants, aux hommes, aux filles et aux femmes; leurs méthodes habituelles de traitement; à quelle époque finit et commence la menstruation; la fécondité est-elle considérable? quel est le terme ordinaire de la vie?

L'Égypte passe pour avoir été le berceau de la médecine comme celui du reste des connaissances humaines; mais, il faut l'avouer, l'histoire de l'origine de notre art est assez incertaine, et toujours obscure. Chez les Égyptiens elle est environnée d'une foule de superstitions ridicules, et la raison ne peut s'arrêter que sur l'établissement des corporations de médecins dont les règlements (p. 007) assez connus supposent un corps de doctrine qui avait dû être sanctionné par des succès. Mais l'époque à laquelle on a pu avoir en Égypte des connaissances étendues en médecine est celle où, après l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie, les khalyfes rallumèrent à Antioche, à Hharrân, à Baghdâd, le flambeau des lettres, en leur accordant une protection signalée. Hhonaïn traduisit alors en arabe les versions syriaques des médecins grecs; et c'est en marchant depuis sur ses traces, que, dans des temps postérieurs et en d'autres lieux, Rhazès, Aboul-Kasis, Avicenne, A'ly-A'bbâs, Mesuéh, Aven-Zoar, et Averroès, tous médecins arabes, consacrèrent la même doctrine dans de nombreux écrits qui sont encore révérés de l'Orient. Une grande connaissance de leurs modèles, et le progrès des lumières ne permettent plus de placer ces écrivains parmi nos législateurs; mais nous leur avons l'obligation d'avoir conservé la médecine des Grecs: et c'est en cela que consiste leur vraie gloire, quoiqu'ils aient aussi celle d'avoir perfectionné la chirurgie, et créé en quelque sorte la pharmacie par l'application de la chimie qu'ils cultivèrent avec succès. On ne leur fera plus un mérite, à la fin du dix-huitième siècle, d'avoir introduit une foule de médicaments dont le luxe est encore plus dangereux qu'il n'est vain.

Il doit exister, et j'ai déjà entrevu en Égypte (p. 008) des traces de cette ancienne science. Étudiez donc soigneusement la pratique du pays, quelque peu estimable que cet empirisme puisse vous paraître d'abord: il faut le connaître pour avoir droit de le juger. Soyons aussi bien convaincus que, dans un climat nouveau, et même partout, les moins instruits peuvent nous apprendre des choses utiles.

Notre profession vous fournira d'ailleurs, citoyens, de fréquentes occasions d'observer qui ne se présentent point aux autres hommes. Les Orientaux, malgré leurs préjugés, ont toujours témoigné aux médecins de l'Europe une grande confiance; c'est ce qui a souvent engagé des voyageurs étrangers à notre art, mais dont l'esprit était cultivé par les sciences, à se servir près d'eux de ce titre comme d'une utile recommandation. Les services que vous leurs rendrez seront beaucoup plus marquants; ils vous procureront sûrement en échange les renseignements que nous sommes avides de recueillir: car il faut croire, pour l'honneur du cœur humain, que les bienfaits excitent quelquefois la reconnaissance.

Le médecin en chef de l'armée,

R. Desgenettes.

(p. 009) NOTICE
Sur l'ophtalmie régnante,
Par le citoyen BRUANT, médecin ordinaire de l'armée.

Au quartier-général du Kaire, le 15 fructidor an VI.

Tous les voyageurs médecins qui ont écrit sur l'Égypte ont parlé de l'ophtalmie d'une manière vague et incomplète: cependant cette maladie, toujours incommode a souvent des suites fâcheuses, et la plupart des cécités si fréquentes en Égypte ne reconnaissent pas d'autre cause.

Dans l'ophtalmie qui afflige actuellement l'armée nous n'avons pu puiser dans aucune source des connaissances capables de régler notre conduite. L'état actuel du malade, les circonstances antécédentes, quelquefois même seulement les indications (a juvantibus et lœdentibus) ont jusqu'ici déterminé le traitement que nous avons employé.

La plupart des malades attaqués d'ophtalmie nous viennent des postes avancés et des camps; tous ont été plus ou moins exposés à l'action réunie de la chaleur et d'une trop grande clarté, qu'on (p. 010) peut regarder ici comme une des principales causes de cette maladie. À celle-ci viennent s'en joindre d'autres non moins puissantes, parmi lesquelles on doit principalement ranger, d'après Prosper Alpin, cette poussière brûlante, nitreuse, que le vent soulève sans cesse dans l'atmosphère. Toutes ces causes agissent en établissant vers le globe de l'œil un centre d'irritation, et par conséquent de fluxion. Comme leur action n'éprouve guère d'interruption, la maladie qui en est le résultat règne dans tous les temps de l'année, et principalement pendant les trois mois qui précèdent le débordement du Nil, époque où les travaux de la campagne occupent davantage le peuple, et l'exposent plus directement à l'influence des causes dont j'ai déjà parlé. Voilà pourquoi l'ophtalmie est maintenant assez rare parmi les habitants du pays, tandis qu'elle attaque un grand nombre de nos militaires qui soutiennent des marches pénibles, ou qui vivent dans des camps plus ou moins désavantageusement placés.

Le plus grand nombre des ophtalmies que nous avons à traiter tient à des causes locales de ce genre: il en est pourtant qui en reconnaissent de plus générales, et, par exemple, nous en avons observé qui dépendaient bien évidemment d'un amas de saburres bilieuses dans les premières voies. Cette espèce n'est pas toujours facile à reconnaître; souvent les signes qui indiquent la (p. 011) gastricité sont très obscurs, et ne se développent librement qu'après l'application du premier émétique: ce qui la distingue néanmoins d'une manière assez sûre, c'est un mal de tête plus ou moins vague, une soif plus ou moins prononcée, la teinte jaunâtre de la langue et de la partie enflammée.

Enfin, parmi les ophtalmies qui se sont présentées à nous, il en est une troisième espèce qui ne peut pas se ranger dans les deux premières classes: celle-ci attaque surtout les personnes délicates, celles qui sont affaiblies par de longues maladies, les convalescents, qu'elle retient souvent très longtemps dans nos hôpitaux; dans cette espèce les symptômes inflammatoires sont peu prononcés, l'engorgement est presque nul; mais on y remarque beaucoup de phénomènes nerveux; tel est un spasme violent de la paupière, du globe de l'œil, et de ses annexes, qui cause la sécrétion et l'excrétion d'une quantité considérable de larmes; l'œil est très impressionnable à la lumière, et les paupières sont fortement rapprochées l'une contre l'autre.

Ces différences, comme on le sent, modifient beaucoup le diagnostic de cette maladie; cependant, en général, elle survient tout-à-coup et dans l'état de la plus parfaite santé; elle commence par une douleur vive à l'œil, accompagnée de larmoiements; le malade supporte difficilement (p. 012) la lumière; bientôt après les vaisseaux qui tapissent la conjonctive s'engorgent, et rendent les mouvements de la paupière sur l'œil difficiles et douloureux: la maladie faisant des progrès, la conjonctive se boursoufle; elle s'élève au-dessus de la cornée transparente, qui paraît comme dans une espèce d'enfoncement: les deux paupières ne tardent pas à participer au gonflement et à l'inflammation, et leurs mouvements sont interrompus. Enfin les symptômes diminuent peu à peu d'intensité, le gonflement de la paupière se dissipe, et l'œil s'ouvre: il paraît alors recouvert d'une matière blanchâtre, parfaitement semblable au pus, qui se ramasse continuellement vers le grand angle, surtout pendant la nuit, ce qui fait que le matin les yeux ne s'ouvrent qu'avec difficulté; peu à peu l'œil prend une teinte pourprée, et revient à sa couleur naturelle.

Dans le fort de la maladie le malade éprouve souvent dans toute la tête des douleurs violentes qui quelquefois se bornent à l'arcade sourcilière. Le pouls est un peu élevé, l'œil est toujours d'une sensibilité plus ou moins grande; les rayons du soleil font sur lui une impression douloureuse, et la faculté de voir est augmentée, comme il arrive dans la plupart des états pathologiques de cet organe qui tiennent à une irritation vive: mais vers le déclin le malade ne voit les objets que d'une manière confuse et comme à travers un (p. 013) nuage; il éprouve en outre plusieurs des symptômes qui accompagnent l'amaurosis commençant.

La durée de l'ophtalmie varie depuis huit jusqu'à trente jours, et même plus; ce qui dépend des complications qu'elle subit, et des accidents qui peuvent en être la suite. Les plus ordinaires sont la faiblesse et le trouble de la vue, et quelquefois de petits ulcères sur toute l'étendue de la cornée opaque.

L'objet peut-être le plus important dans l'étude de cette maladie serait la recherche des moyens capables de la prévenir; mais il est presque impossible de soustraire le corps à l'action des causes extérieures sous l'influence desquelles il est obligé de vivre continuellement; on peut seulement en modérer l'impression d'une manière avantageuse. Quels que soient les moyens qu'on propose pour remplir cet objet, il importe que le soldat soit tenu de les mettre en usage d'après un ordre exprès; et pour cela il faut que ces moyens soient simples, faciles, et tellement liés avec son service, qu'il ne lui soit pas possible d'en négliger ou d'en oublier l'emploi. Parmi les remèdes prophylactiques utiles on peut ranger les lotions fréquentes faites avec l'eau froide: j'en ai obtenu les plus heureux effets dans l'ophtalmie commençante; et je ne doute pas qu'elles ne réussissent à plus forte raison pour prévenir cette maladie. La facilité (p. 014) dans l'exécution que ce moyen présente doit le faire préférer à la plupart des autres, à qui d'ailleurs il ne cède en rien par son efficacité.

La maladie dont nous parlons se guérit assez souvent par les seules forces de la nature et sans le secours de l'art; on peut même dire avec vérité que rien ne s'oppose plus à sa guérison que le trop grand nombre de remèdes, principalement d'applications externes. Quelques malades ont été soulagés par une éruption survenue vers les tempes; d'autres, et c'est le plus grand nombre, par un léger flux diarrhoïque: c'est pour me conformer à ces vues de la nature, que je tâche d'entretenir la liberté du ventre pendant tout le cours de la maladie, en administrant quelques tisanes laxatives, par exemple celle de tamarins, ou autre semblable.

Le traitement a varié suivant les différentes espèces d'ophtalmies que nous avons observées: je vais le tracer en peu de mots. Lorsque la maladie est locale et que l'inflammation n'est qu'imminente, nous employons avec succès les lotions froides dont j'ai parlé, et les révulsifs de toute espèce. La saignée générale devrait être sous ce rapport de la plus grande utilité; mais le caractère bilieux prononcé de la plupart des maladies qui se présentent à nous nous empêche de la mettre en usage: elle est d'ailleurs fortement (p. 015) contre-indiquée chez nos militaires affaiblis par les travaux d'une longue guerre.

Les saignées locales, que nous n'avons pu administrer jusqu'ici, pourraient l'être d'une manière plus sûre et non moins avantageuse; du moins avons-nous en notre faveur l'exemple des habitants du pays qui les pratiquent avec succès au grand angle de l'œil: dans cette maladie elles modéreraient du moins la violence des symptômes, lorsque l'inflammation est pleinement établie, et qu'elle doit nécessairement parcourir toutes ses périodes. Jusqu'ici nous nous sommes bornés à éloigner de l'œil toutes causes irritantes, et surtout la lumière. Lorsque les douleurs sont très vives, nous appliquons quelques substances émollientes, mais avec ménagement, parce que le relâchement qu'elles introduisent rend l'engorgement très opiniâtre, et retarde beaucoup la guérison. L'application d'un vésicatoire derrière la nuque est d'ailleurs plus avantageuse dans ce cas, surtout lorsque la douleur n'est pas bornée à l'œil, et qu'elle occupe la plus grande partie de la tête. Dès que l'inflammation commence à diminuer d'intensité, nous en venons à l'usage des collyres résolutifs que nous rendons de plus en plus forts, et avec lesquels nous achevons la cure.

Lorsqu'on a reconnu par les signes ordinaires que l'ophtalmie est gastrique, il faut en venir le plus tôt possible aux évacuants. J'ai déjà observé (p. 016) que le premier émétique n'avait souvent d'autre effet que de rendre la gastricité plus manifeste: il est donc nécessaire, pour obtenir le succès qu'on en attend, d'en administrer un second; souvent même on est obligé d'évacuer par le bas; et alors je fais ajouter avec avantage aux purgatifs que je prescris quelques grains de jalap. Cette observation se renouvelle chaque jour dans les maladies gastriques avec affection d'un organe particulier; elles exigent les évacuants les plus énergiques, à moins que la nature de l'organe ne les contre-indique. Dans l'ophtalmie dont il est ici question la gastricité n'est quelquefois qu'un symptôme qui complique la maladie principale, et celle-ci suit son cours ordinaire après la destruction de la première: on doit alors employer le traitement indiqué plus haut.

Dans la troisième espèce d'ophtalmie que j'ai décrite, à l'usage des fortifiants à l'intérieur je mêle celui des antispasmodiques externes: je n'en ai pas employé de plus puissants que les vésicatoires, qui doivent donc jouer dans ce cas le principal rôle, tandis que dans l'ophtalmie, essentiellement inflammatoire, leur utilité n'est qu'indirecte. Leur succès est plus complet lorsqu'on les applique derrière les deux oreilles: c'est aussi cet endroit que choisissent les Égyptiens lorsqu'ils ont recours au feu dans les ophtalmies anciennes et les autres maux d'yeux invétérés.

(p. 017) NOTICE.
Sur la topographie de Ménoùf, dans le Delta.
Par le citoyen CARRIÉ, médecin ordinaire de l'armée.

Ménoùf, capitale de Ménoùfyéz, est situé sur le bord d'un canal autrefois navigable, mais qui a cessé de l'être, parce que l'on a été obligé de faire une forte digue à trois lieues de distance de cette ville, pour retenir les eaux qui s'y jetaient en trop grande abondance, et qui nuisaient par là à l'arrosement des terres sur la branche de Damiette. Ce canal baigne les murs de Ménoùf du midi à l'ouest.

Ménoùf est mal bâti: on n'y voit que de très petites maisons: les rues sont mal percées, comme dans toute l'Égypte; il y a comparativement peu de ruines.

Autour des murs de la ville, il y a en quelque sorte une autre enceinte de monticules formés de débris et de terres transportées, et qui limitent tellement la vue, qu'à l'est et à l'ouest on n'aperçoit rien au-delà avant de les avoir dépassés.

En arrivant par la porte du Midi, on trouve un (p. 018) canal où l'eau croupit, et qui n'est distant de celui dont j'ai parlé ci-dessus que de deux ou trois toises; cet intervalle sert de chemin pour se rendre dans la plaine. Vient ensuite un santon situé sur une élévation au bas de laquelle, et tout près du grand canal, il y a une vieille mosquée. À la droite de ladite porte, en gagnant l'est, il y a plusieurs bassins destinés à faire rouir le lin, et dont le voisinage est aussi désagréable qu'il est peu sûr.

Au sud-quart-est, est un cimetière, et à sa droite des bassins destinés à l'usage ci-dessus énoncé. À l'est on trouve encore de semblables bassins totalement dégradés et abandonnés, et remplis en partie d'eau stagnante.

Le nord n'offre rien de remarquable; on y aperçoit seulement, à côté d'un mauvais puits un petit bois de palmiers, qui paraît par sa position avoir fait partie d'un jardin dont les autres arbres ont disparu depuis notre arrivée, pour servir de combustible.

Le long de l'ouest à quelque distance de la ville, coule le canal de Ménoùf, qui s'en écarte toujours à mesure qu'il se rapproche du nord: on y remarque encore un cimetière et les ruines d'une vieille mosquée qui renferme dans son enceinte des santons épars, environnés de quelques arbres.

Au sud-quart-ouest, est un autre bois de palmiers; il a aussi quelques santons.

On ne voit point de jardins dans Ménoùf et aux (p. 019) environs, tandis qu'il y en a dans tous les villages circonvoisins: ainsi tous les fruits qui s'y vendent, excepté les dattes et quelques herbes potagères, viennent de l'extérieur.

Les grains qui se récoltent dans la campagne voisine sont le froment, l'orge, le maïs, qu'ils nomment dourah, les fèves, les lentilles, et les lupins: je n'en ai point observé d'autres. Le maïs, qui est la seule récolte que j'y aie vue, vient dans l'espace de soixante-dix à quatre-vingt jours.

On y sème des pastèques, des concombres et des melons, mais en petite quantité.

Les animaux qui servent à la culture sont les bœufs, les buffles, les chameaux, les chevaux, et les ânes. Les chevaux sont les moins employés à cet usage.

Ménoùf est environné d'eau pendant l'inondation du Nil; mais elle y séjourne peu de temps, si ce n'est dans les lieux que j'ai indiqués. C'est sans doute pour cela que cette ville est assez saine, surtout dans la partie du nord. Il faut aussi remarquer qu'elle se trouve à l'abri des vents méridionaux, et qu'elle est rafraîchie par ceux du nord et du nord-ouest.

La population n'est que de quatre à cinq mille habitants, quoiqu'on la porte communément à plus du double.

Les maladies régnantes sont en général les mêmes (p. 020) que celles qui affligent le reste de l'Égypte. La peste, suivant ce que m'ont rapporté plusieurs habitants, n'exerce pas de grands ravages; elle enlève peu de monde, et on ne compta que quarante morts l'année dernière: souvent le nombre est moins considérable.

Les mœurs, les usages, la manière de vivre des habitants de Ménoùf, ne m'ont présenté aucunes particularités, ou bien je n'ai pas été à même de les observer.

L'eau du Nil est la boisson ordinaire.

Les hommes qui cultivent la terre sont secs et robustes, les hommes qui exercent des métiers sédentaires, les tisserands surtout, qui sont très nombreux, sont gras. On fait, mal à propos, dans ces contrées, beaucoup de cas de l'embonpoint même excessif.

Les enfants, jusqu'à l'âge de cinq à six ans, sont maigres et languissants; ils ont le teint pâle ou jaunâtre, la figure quelquefois bouffie, le ventre tuméfié; ce qui provient de l'engorgement des glandes mésentériques. On doit attribuer cet état à la nourriture indigeste que les mères leur donnent pendant leur allaitement, et après qu'elles les ont sevrés. Ce mauvais régime est une des causes remarquables de la grande mortalité des enfants, qui serait vraiment effrayante, et menacerait d'affaiblissement et d'extinction la population entière, sans l'extrême fécondité des (p. 021) mères, d'où il résulte une balance encore prépondérante en faveur de la vie. Ceux qui répandraient en Égypte des principes sages sur l'éducation physique des enfants, et qui parviendraient à pouvoir les faire adopter et réduire en pratique, rendraient un grand service à l'espèce humaine.

Je ne parlerai point de la constitution physique et morale des femmes et des filles: ce sont les êtres qu'on peut et que l'on permet le moins d'observer dans ce pays.

OBSERVATIONS
Sur les maladies, et en particulier la Dysenterie, qui ont régné en fructidor an 6 dans l'armée d'Orient,
par le citoyen Bruant, médecin ordinaire de l'armée.

Au quartier-général du Kaire, le 9 vendémiaire an 7.

La température de fructidor a été très uniforme, chaude et sèche pendant le jour, humide et fraîche pendant la nuit, il s'élevait à midi un vent frais, qui modérait un peu la chaleur du jour; ce vent augmentait insensiblement aux approches de la nuit, diminuait vers le matin, et cessait entièrement (p. 022) sur les dix heures, époque de la journée la plus insupportable. La chaleur ne s'est guère élevée au-delà du vingt-huitième degré du thermomètre de Réaumur, et elle est descendue au-dessous du vingtième: des brouillards obscurcissaient quelquefois le soleil à son lever, mais ils se dissipaient bientôt après.

Les maladies du mois précédent étaient les ophtalmies, les diarrhées, et la dysenterie: cette dernière a paru plutôt qu'elle n'a coutume de le faire en Europe; elle a continué durant la plus grande partie de fructidor, et ce n'est que vers la fin de ce mois qu'elle a commencé à faire place aux fièvres rémittentes et intermittentes d'automne: ainsi les maladies de cette saison se sont en général montrées de très bonne heure.

La dysenterie étant la maladie qui a le plus fixé notre attention par la rapidité de ses progrès, c'est sur elle que doivent rouler principalement ces observations.

Cette maladie, sans produire de grands ravages, a pourtant régné dans la plupart des corps armés. La division qui nous a fourni le plus de malades est celle qui, sous les ordres du général Dugua, était aux environs de Manssourah, et qui a beaucoup souffert des intempéries du climat, et de la saison. Elle a poursuivi l'ennemi jusqu'à l'entrée du désert, et, dans les marches forcées qu'elle a faites sur un sol brûlant, elle a souvent manqué (p. 023) des choses nécessaires à la vie: obligée ensuite de revenir sur ses pas, et de traverser des lieux déjà inondés par le Nil, elle a été exposée fréquemment à l'action de la chaleur et de l'humidité, que l'on regarde avec raison comme l'une des principales causes éloignées de la dysenterie.

Les militaires qui ont été casernés de bonne heure se sont peu ressentis de la maladie régnante; elle n'a guère attaqué que ceux qui se sont exposés sans précaution à l'humidité de l'air pendant la nuit, ou à d'autres causes capables de supprimer la transpiration: les mêmes causes l'ont produite chez des convalescents de fièvres intermittentes. Ces deux maladies se succédaient néanmoins quelquefois chez le même individu sans cause apparente.

La dysenterie n'a pas été maligne et contagieuse dans l'hôpital no 1 du Kaire, établi dans la vaste et belle maison d'Ibrahim-bey, sur la place Berket-êl-Fyl, dont j'ai partagé le service avec mes collègues Garros, Barbès, et Claris, quoique cet établissement eût été longtemps encombré de malades privés de beaucoup de choses utiles dans leur situation.

La maladie dont nous parlons était ordinairement accompagnée d'une fièvre gastrique, bilieuse, qui reparaissait sous toutes les formes dans les diverses affections que l'on remarquait dans le même temps. La dysenterie, sur le rapport (p. 024) des malades, était ordinairement précédée d'une diarrhée légère; quelquefois elle s'annonçait par un frisson suivi de chaleur, et, à l'époque où la sueur doit paraître, cette excrétion était remplacée par des selles abondantes. Le malade ne tardait pas à éprouver des tranchées plus ou moins vives, et le jour suivant, lorsqu'il se présentait à la selle, il rendait avec douleur une petite quantité de matières, tantôt visqueuses, tantôt aqueuses; mais comme elles étaient rarement sanguinolentes dès le premier abord, il restait dans l'inaction, et ne cherchait du soulagement que lorsque le sang paraissait dans les excrétions alvines. Outre ce symptôme, pour l'ordinaire très opiniâtre, le malade se plaignait encore d'une douleur plus ou moins vive, selon que son siège était plus ou moins bas. Cette douleur, sans occuper la même place chez tous les individus, était néanmoins presque toujours fixée à une partie du colon. Les selles, toujours fréquentes et peu abondantes, ne soulageaient point; sujettes à présenter des variations infinies dans leur couleur et dans leur consistance, le plus souvent elles ne se moulaient qu'après la guérison parfaite. Lorsque le malade entrait dans l'hôpital, il était plus ou moins affaibli; la peau était aride, le pouls ordinairement petit et débile, la respiration quelquefois gênée, et la bouche constamment mauvaise: nul appétit; un sédiment jaunâtre couvrait (p. 025) la langue, et semblait en quelque sorte se séparer de cet organe lorsque la turgescence était prononcée. Tous ces symptômes diminuaient d'intensité après les premières évacuations; mais la faiblesse persistait le plus souvent, même après la disparition des phénomènes caractéristiques de la maladie, et rendait les rechutes très fréquentes par le désordre qu'elle apportait dans l'exercice des fonctions, et surtout de la digestion.

Tels sont à peu près les principaux symptômes qui se présentaient dans le cours de cette maladie, avec différents degrés d'intensité dans ses diverses périodes. Sa durée était très incertaine, et dépendait d'une infinité de circonstances inutiles à détailler. Lorsqu'elle était traitée à temps, elle guérissait beaucoup plus promptement; la négligence des moyens curatifs amenait un état de langueur, dans lequel il était peu permis de compter sur les mouvements critiques: aussi les crises qui en étaient le résultat ne produisaient presque jamais la solution complète de la maladie; il fallait des crises répétées à des intervalles plus ou moins éloignés, et dirigées, tantôt vers le même organe, tantôt vers un organe différent. L'ophtalmie apportait toujours un soulagement marqué, lorsqu'elle survenait dans les dysenteries de long cours: les douleurs des yeux, et celles du bas-ventre, se remplaçaient mutuellement; mais les dernières reparaissaient pour l'ordinaire (p. 026) après la cessation des premières, à moins que l'on ne parvînt à seconder avantageusement ces mouvements salutaires; et les moyens les plus efficaces pour cela étaient, comme dans toutes les maladies bilieuses, ceux qui favorisent l'excrétion cutanée. Au défaut des sueurs, les urines pouvaient devenir critiques; et je n'ai jamais vu leur évacuation augmenter sans qu'elle n'apportât un changement heureux dans l'état du malade: mais cette crise n'était ni plus sûre ni plus complète que les autres.

Les signes d'une terminaison heureuse et prompte étaient la disparition, ou au moins une diminution notable des principaux symptômes, après l'application des premiers remèdes. Les symptômes qui dépendent de la gastricité cédaient ordinairement les premiers; le malade reprenait peu à peu l'appétit et les forces; les selles devenaient rares, mais abondantes; et ce signe, joint à la cessation des douleurs du bas-ventre, annonçait une santé prochaine. En effet, le malade, n'étant plus fatigué par ces étreintes continuelles, par ces envies fréquentes et inutiles d'aller à la selle, passait les nuits dans le repos, et se réparait de jour en jour: l'action seule des intestins suffisait pour expulser les restes impurs qui altéraient encore la consistance et la couleur des matières rendues par les selles.

Lorsqu'après les premières évacuations on n'apercevait (p. 027) aucun changement dans l'état du malade, on devait augurer que la maladie serait longue: alors quelle série de chances on avait à courir! que d'obstacles à surmonter! que d'incommodités à éprouver pour parvenir à la guérison! D'ailleurs, cette maladie, sans être bien dangereuse par elle-même, pouvait le devenir à raison de cet affaiblissement général, qui augmentait quelquefois dans une progression rapide, et laissait le corps ouvert à toutes les impressions. Les intestins, après des efforts trop longtemps continués, perdaient enfin leur ton naturel; le mucus qui les revêt d'ordinaire n'existait plus, et la membrane veloutée, altérée en différents endroits, les exposait sans défense à l'action d'une cause irritante qui n'était pas encore détruite. Alors se manifestaient, quoiqu'heureusement les exemples en aient été fort rares, tous les signes d'une inflammation gangréneuse, et avec eux une série de phénomènes alarmants, dont la réunion faisait toujours désespérer du salut du malade. L'abattement et la maigreur devenaient extrêmes; la peau était sèche et rude, le pouls petit, quoiqu'un peu dur, la voix grêle et coupée; la langue était aride et raboteuse; de profonds sillons régnaient dans toute son étendue, et quelquefois elle adhérait aux parties voisines. À tous ces symptômes venaient se joindre une soif inextinguible, des ardeurs d'entrailles, un (p. 028) ténesme violent, des selles écumeuses et fluides; et l'on pouvait prédire une mort prochaine lorsque le malade était pris d'un léger délire, que le pouls devenait intermittent, qu'il survenait des aphtes dans l'intérieur de la bouche, et surtout lorsque le ventre s'affaissait, que les excrétions alvines sortaient involontairement, et rendaient une odeur cadavéreuse. J'ai vu tous ces symptômes se présenter pendant ce mois chez deux hommes, dont la maladie fut mortelle; l'un d'eux fut de plus attaqué, deux jours avant de mourir, d'un hoquet convulsif, et rendit par le vomissement un nombre assez considérable de vers.

Ce petit nombre de cas excepté, le pronostic de la dysenterie n'était pas pour l'ordinaire fâcheux; aussi elle a fait peu de ravages. On peut l'attribuer à plusieurs causes; une des principales est cette diarrhée salutaire qui, dans le principe, régnait en même temps que la dysenterie. Au premier coup d'œil on serait porté à croire que la diarrhée pouvait elle-même produire la dysenterie, parce qu'en effet on la voyait survenir souvent quelques jours avant son apparition; mais elle pouvait tout au plus en devenir la cause occasionnelle, et le plus souvent au contraire elle la prévenait. Parmi les circonstances heureuses qui ont contribué à diminuer le danger de la dysenterie, on ne doit pas oublier l'impuissance dans laquelle se trouvaient en général les malades d'abuser (p. 029) des spiritueux. Les auteurs sont remplis d'observations sur les funestes effets de ces boissons, et nous en avons nous-mêmes tous les jours des exemples. Mon collègue et ami Carrié me rapportait encore dernièrement que deux hommes robustes étaient morts sous ses yeux le troisième jour d'une dysenterie bénigne, pour s'être gorgés d'eau-de-vie.

Dans toutes les maladies, l'indication principale à remplir est de combattre la cause matérielle à laquelle elle doit son existence. La dysenterie dont je viens de parler était, ainsi qu'on l'a vu, entretenue par un état gastrique; et comme cet état se montrait constamment, quoiqu'avec des modifications, à différentes époques, on ne pouvait en aucun temps se dispenser d'employer les moyens propres à évacuer les premières voies: seulement on devait apporter quelque attention dans le choix de ces remèdes. Il n'était pas indifférent d'employer dans le commencement les vomitifs ou les purgatifs: ces derniers rendaient toujours la maladie longue, et difficile à guérir, lorsque l'on n'avait pas soin de faire précéder l'usage des premiers. L'ipécacuanha administré seul était alors suivi du plus heureux succès: vers le milieu de la maladie, il fallait lui joindre quelque substance capable de mener par le bas; et sur la fin les purgatifs suffisaient quelquefois pour compléter la guérison, surtout lorsque le (p. 030) malade était entré à l'hôpital peu de jours après l'invasion de la maladie. La nature nous a elle-même indiqué cette marche en dirigeant suivant ses fins des remèdes opposés, à tel point que j'ai vu nombre de fois les vomitifs ne produire que des selles, lorsque la saison était avancée.

Les variations étonnantes que l'on remarquait dans l'action des évacuants venaient en partie du lieu où la maladie avait son siège: comme dans le plus grand nombre de cas elle attaquait en même temps l'estomac et les intestins, je vais rappeler en peu de mots le traitement que j'employais alors.

Le jour de son arrivée à l'hôpital, le malade prenait un vomitif, pour peu que la turgescence fût marquée. Je ne m'inquiétais pas du temps qui s'était écoulé depuis l'invasion de la maladie, et j'ai donné des vomitifs avec avantage au dix-huitième ou vingtième jour après l'invasion: il suffisait que la faiblesse ne fût pas considérable; encore ai-je eu lieu de me convaincre que l'on ne devait pas se laisser arrêter par cette contre-indication, et que ce remède, loin d'abattre les forces, les relevait au contraire. Lorsque l'effet du premier vomitif n'était pas complet, j'en ai administré un second; et quoique je fusse convaincu que les remèdes héroïques ne doivent être administrés qu'avec la plus grande réserve, je ne craignais pas les suites de l'affaiblissement général (p. 031) qu'ils produisent. Le lendemain, je purgeais le malade, et je mesurais les effets de cette médecine sur le soulagement qu'elle procurait. Rarement mes espérances étaient trompées: non seulement tous les symptômes de gastricité disparaissaient, mais encore les douleurs du bas-ventre diminuaient notablement. Après un jour de repos, pendant lequel le malade était à l'usage d'une tisane délayante, je prescrivais un minoratif, composé avec la rhubarbe et le tartrite acidule de potasse, ou bien avec le sulfate de magnésie, qui, répété deux ou trois fois, terminait la maladie: pour l'accélérer encore, je faisais prendre quelque léger tonique; celui qui m'a le mieux réussi est l'ipécacuanha administré seul comme altérant, ou combiné avec la rhubarbe.

Lorsque, malgré ce traitement simple, que je variais de mille manières, et que je répétais quelquefois en entier, suivant l'exigence des cas, les principaux symptômes de la dysenterie persistaient, il fallait en venir à l'usage des opiates. Si je les ai souvent trouvés fort au-dessous de mes espérances, je dois avancer aussi qu'ils ont rendu des services dans les anciennes dysenteries, réduites à l'état nerveux. Je ne tardai pas cependant à m'apercevoir qu'aussitôt après leur usage le ventre se resserrait, et que le malade éprouvait des malaises, de la chaleur, et des anxiétés précordiales, qui duraient jusqu'à ce que la liberté (p. 032) du ventre fût rétablie. Pour éviter ces inconvénients qui retardaient la guérison, je joignis à l'emploi des narcotiques les délayants, et les légers eccoprotiques. Administrés de cette manière, les opiates apaisaient souvent les douleurs des intestins, sans s'opposer jamais à l'utile évacuation des matières fécales.

On voit que les évacuants jouaient le principal rôle dans le traitement de la dysenterie, et qu'ils trouvaient leur application dans tous les temps de la maladie. Aucun remède ne combattait plus efficacement les épiphénomènes qui se montraient quelquefois pendant sa durée, et ceux même qui paraissaient le plus les contre-indiquer. Les ardeurs d'urine, occasionnées par la constriction plus ou moins forte des intestins, cédaient pour l'ordinaire à l'usage des minoratifs.

Un malade entra à l'hôpital; il se plaignait, outre la dysenterie, d'une oppression considérable avec crachement de sang: la couleur de ce fluide et les circonstances qui accompagnaient son évacuation faisaient assez voir qu'il venait de l'estomac; plusieurs signes évidents, et la gastricité, indiquaient aussi que l'oppression avait la même origine. Le malade ne prit le premier jour qu'une légère tisane; le lendemain j'ordonnai un vomitif, et cette fois je crus utile de faire prendre un parégorique après l'action de ce remède: il éprouva des évacuations abondantes par haut et (p. 033) par bas, et fut très soulagé; l'oppression et le crachement de sang diminuèrent; une médecine les fit cesser entièrement, et la maladie guérit plutôt que je ne l'aurais pensé.

Il s'est pourtant présenté des cas où les évacuants donnés dans le principe auraient produit le plus grand mal: ces cas étaient ceux où la dysenterie était jointe à une fièvre bilieuse, générale, ou putride; ils ne se sont montrés que rarement. J'observai dans l'un d'eux des signes de malignité: le malade était dans un délire sourd et tranquille; l'abattement était extrême, la peau brûlante; un enduit noirâtre revêtait les dents, et la langue et les déjections étaient très fétides, et de couleur brune. Pour relever un peu les forces, et donner prise aux remèdes que je voulais mettre en usage, je fis appliquer les vésicatoires aux jambes; j'en vins ensuite au quinquina, que je donnai à petites doses souvent répétées, car c'est la meilleure manière de l'administrer dans les fièvres continues qui exigent son emploi; je lui joignis un peu de tartrite acidule de potasse, et le malade prit pour boisson ordinaire la limonade affaiblie. Le troisième jour le délire cessa, la langue commença à se nettoyer de son enduit noirâtre, et les signes de saburre à se montrer: je prescrivis alors un minoratif, et j'achevai la cure en mêlant l'usage des évacuants à celui des acides et du quinquina, que je ne discontinuai (p. 034) qu'après que la convalescence fut très avancée. Il ne fallait pas encore perdre de vue le malade, à cause du danger des rechutes; ainsi il fallait encore éviter les variations de température, les excès dans le régime, et les passions violentes de l'âme: on devait aussi avoir attention de ne faire reprendre aux convalescents leur service que lorsqu'ils étaient parfaitement en état de le supporter.

Le traitement le mieux entendu n'était pas toujours suivi de succès. La dysenterie résistait quelquefois à tous les remèdes, soit que le malade fût entré trop tard à l'hôpital, ou pour toute autre cause. Les symptômes qui se montraient alors étaient une fièvre lente, des douleurs au bas ventre plus vives la nuit que le jour, des selles tantôt glaireuses ou aqueuses, tantôt tout à fait sanguines, une débilité et une maigreur considérables.

Ce serait empiéter sur l'histoire des maladies du mois suivant, que d'entrer dans de grands détails sur les avantages qui sont résultés des diverses méthodes dont on s'est servi pour combattre ces dysenteries opiniâtres: jusqu'ici nulle n'a eu de succès complet; ce n'est qu'en les variant à l'infini, en les combinant les unes avec les autres, qu'on a pu en retirer quelque utilité. Celle pourtant qui a le mieux réussi, et à laquelle on a presque toujours été forcé de revenir, est un mélange de toniques et de doux évacuants. Lorsque la douleur et l'irritation étaient (p. 035) considérables, on pouvait en même temps mettre en usage les narcotiques et les tisanes mucilagineuses: les lavements adoucissants convenaient aussi sous ce rapport, car ils n'ont jamais mérité de constituer une partie essentielle du traitement: nul moyen n'était peut-être plus infidèle; les symptômes qu'ils calmaient pour le moment ne tardaient pas à reparaître avec plus d'intensité. Un remède qui m'a réussi quelquefois, et qui est conforme à l'esprit de la méthode dont je viens de parler, c'est un mélange d'opium et d'ipécacuanha. Lorsque la dysenterie dégénérait en quelque sorte en habitude, et n'offrait plus qu'un état nerveux, les vésicatoires appliqués aux jambes réussissaient souvent à détourner les mouvements vicieusement dirigés sur les intestins.

Il a paru différentes maladies dans le même temps que la dysenterie, mais elles participaient toutes plus ou moins de son caractère: les fièvres intermittentes, qui ont été les plus communes, avaient surtout avec elle la plus grande analogie; le traitement qu'elles exigeaient était le même. En effet, le type nerveux était si peu prononcé, qu'il cédait la plupart du temps à quelques légers antispasmodiques, sans qu'il fût nécessaire d'en venir au quinquina. Il s'est aussi présenté quelques cas de scorbut: ils avaient quelques-uns des caractères de la dysenterie putride, et les remèdes que j'ai employés dans cette dernière maladie (p. 036) m'ont été d'un grand secours dans l'autre, en les combinant de diverses manières avec les spécifiques appropriés.

Je ne terminerai point ces observations, que j'ai rédigées pour me conformer en même temps aux règlements des hôpitaux militaires, et aux ordres particuliers du médecin en chef de l'armée, sans rappeler à ceux qui sont placés à peu près dans les mêmes circonstances que moi que j'ai tiré le plus grand parti de la lecture et de la méditation des ouvrages de Sydenham, de Pringle, et de Zimmermann, et que si j'ai eu la consolation d'obtenir quelques succès, c'est principalement aux savantes leçons de ces grands médecins que je les dois.

NOTICE
Sur l'emploi de l'huile dans la peste.
Par le citoyen DESGENETTES.

Une suite d'observations et de raisonnements avait porté M. George Baldwin, consul général d'Angleterre à Alexandrie, à croire que les frictions faites avec de l'huile d'olive tiède sur le corps des (p. 037) pestiférés étaient un préservatif et un moyen efficace de guérison. Pour s'en assurer davantage il fit part de son opinion au P. Louis de Pavie, directeur depuis vingt-sept ans de l'hôpital de Smyrne, en le priant de faire l'épreuve de ce remède: ce religieux a observé que de tous les moyens employés sous ses yeux contre la peste, celui-ci était le plus avantageux.

Il est résulté des essais faits sur ce remède une suite de préceptes sur la manière de l'administrer, et le régime qu'il convient d'observer pendant ce temps. La publication de cette méthode est due à un philanthrope célèbre de l'Allemagne, M. le comte Léopold de Berchtold.

Il ne suffit pas d'oindre le corps entier avec de l'huile, il faut encore le frotter fortement; et c'est ce qui a fait préférer la dénomination de friction à celle d'onction.

La friction doit se faire avec une éponge propre, et assez vite pour ne pas durer plus de trois minutes; elle doit être faite une fois seulement, le jour où la maladie se déclare.

Si les sueurs ne sont pas abondantes, il faut recommencer la friction jusqu'à ce que le malade soit dans un état tel qu'il nage, pour ainsi dire, dans les sueurs, et alors on ne doit le changer de chemise et de lit que lorsque la transpiration a cessé. Cette opération doit se faire dans une chambre bien fermée, et dans laquelle on doit tenir un brasier (p. 038) de feu sur lequel on jette de temps à autre du sucre ou des baies de genièvre.

On ne peut déterminer le temps qui doit s'écouler d'une friction à l'autre parce que l'on ne peut commencer la seconde friction que lorsque les sueurs ont entièrement cessé; et cette circonstance tient à la constitution particulière du malade. Avant de répéter la friction avec de l'huile il faut essuyer avec un morceau d'étoffe chaude la sueur qui couvre le malade. Ces frictions peuvent être continuées plusieurs jours de suite, jusqu'à ce que l'on aperçoive un changement favorable, et alors on frotte plus légèrement. Il est difficile de fixer précisément la quantité d'huile nécessaire pour chaque friction; mais une livre par chaque fois suffit certainement. L'huile la plus fraîche et la plus pure est préférable; il faut qu'elle soit plus tiède que chaude. La poitrine et les parties sexuelles doivent être légèrement frottées: les parties qui ne sont pas frottées doivent être soigneusement couvertes, pour éviter le froid. S'il y a des tumeurs ou des bubons, il faut les oindre avec légèreté, jusqu'à ce qu'ils soient disposés à recevoir les cataplasmes émollients qui doivent en procurer la suppuration.

Celui qui fera les frictions doit auparavant s'oindre le corps d'huile; il est inutile qu'il se frotte, et il est indifférent qu'il s'oigne plus ou moins promptement; et il est d'ailleurs prudent qu'il (p. 039) prenne les précautions reçues pour les vêtements de toile cirée, les chaussures de bois, etc., qu'il évite le souffle des malades, et surtout qu'il conserve beaucoup de courage et de sang-froid.

On ne peut trop recommander de ne pas différer les frictions dès que la maladie se prononce. On facilite les sueurs avec beaucoup de succès en donnant une infusion de fleurs de sureau sans admission de sucre.

Quant au régime, on donne pendant les quatre à cinq premiers jours une soupe de vermicelli bien cuit à l'eau seulement et sans sel; dans la suite on ajoute six à sept fois le jour une petite cuillerée de confiture de cerises faites avec le sucre, car on craint que le miel ne favorise la diarrhée.

Lorsque l'on a l'espoir de la guérison, c'est-à-dire lorsqu'au bout de cinq à six jours la santé est meilleure, on peut donner le matin une tasse de bon café moka, avec un biscuit fait au sucre, et on augmente les biscuits à mesure que les forces renaissent.

Le dîner et le souper des malades doivent consister, pendant quinze ou vingt jours, en riz, un vermicelli cuit simplement à l'eau, un peu de pain, des raisins secs, et des confitures de cerises, plus abondamment que par le passé; ensuite on augmente la dose du pain, qui doit être le meilleur possible. On donne des soupes de petites courges en été, et d'herbes potagères l'hiver, sans autre (p. 040) assaisonnement qu'un peu d'huile d'amandes douces. Dans le courant du jour, suivant l'état du convalescent, on lui donne une orange ou une poire bien mûre ou cuite, ou bien quelques biscuits, de manière qu'en digérant facilement les aliments il lui reste encore de l'appétit. Au bout de trente, et même trente-cinq jours, on donne le matin et le soir une soupe faite avec du bouillon de poulet ou de collet de mouton, et on ne permet l'usage de la viande qu'au bout de quarante jours, pour éviter les indigestions, qui sont dangereuses et souvent accompagnées de récidives de bubons.

Passé quarante jours, on permet le veau rôti ou bouilli, le vin pris modérément, et on prescrit d'éviter tout ce qui est de difficile digestion.

Voici maintenant quelques preuves réunies sur l'efficacité de l'huile.

Dans une année où la peste enleva dans la haute et basse Égypte un million d'hommes, il n'y eut pas d'exemple qu'un porteur d'huile fût attaqué de cette maladie: on a observé la même chose à Tunis, et c'est ce qui a suggéré la première idée d'employer l'huile comme préservatif et comme remède.

En 1793, vingt-deux matelots vénitiens habitèrent, pendant vingt-cinq jours entiers, une pièce humide au rez-de-chaussée avec trois pestiférés (p. 041) qui moururent; l'onction faite avec l'huile sauva tous les autres.

Dans la même années trois familles d'Arméniens, l'une de treize personnes, l'autre de onze, la troisième de neuf, se servirent du même moyen, traitèrent leurs parents pestiférés, et ne contractèrent pas la contagion, quoiqu'ils couchassent sur les mêmes lits, et qu'ils tinssent pour ainsi dire continuellement ces malheureux entre leurs bras.

En 1794 une pauvre femme resta enfermée dans la même chambre de treize pestiférés; elle leur donna des soins, et, par le moyen des onctions, elle se garantit de la contagion.

Une famille de Ragusais eut la même année deux pestiférés; elle se plongea, pour ainsi dire, dans l'huile, et fut exempte de tout mal.

Enfin c'est aujourd'hui un usage approuvé et généralement suivi à Smyrne.

On trouve encore à la suite de ces observations quelques avis qui portent particulièrement sur la nécessité d'administrer promptement aux pestiférés les frictions: cinq à six jours de retard rendent ce moyen tout à fait inutile.

La diarrhée est regardée comme un symptôme mortel; il ne faut cependant pas pour cela abandonner les frictions; quatre malades arrivés à ce point funeste ont été guéris.

L'hôpital de Smyrne a reçu en cinq ans deux (p. 042) cent cinquante pestiférés; et l'on peut dire que tous ceux qui ont été dociles au traitement, ou l'ont reçu à temps, sont guéris.

Le nombre de ceux qui ont été préservés de la peste par les onctions, quand ils n'ont pas fait d'excès, est immense.

L'opuscule dont nous rendons compte est terminé par les attestations favorables des consuls de l'empire, et d'Angleterre à Smyrne, et l'énumération des autorités publiques et de plusieurs hommes recommandables, qui ont cherché à étendre cette méthode dans tous les pays qui peuvent y prendre intérêt.

Nous n'avons rien oublié d'essentiel; nous nous sommes contentés d'écarter toute théorie, pour ne présenter que des faits nombreux, déjà garantis par de nombreux témoignages, et que nous soumettons de nouveau à l'expérience.

(Cette notice a été répandue dans l'armée, signée seulement des initiales R. D. G.)

(p. 043) EXTRAIT
Des observations du citoyen CÉRÉSOLE, médecin ordinaire de l'armée,
dans un voyage, sur la rive occidentale du Nil, du Kaire à Syouth.

L'habitant du Saïd a le teint bronzé ou brun, les traits du visage bien prononcés, les yeux noirs, petits, enfoncés, la prunelle rétrécie, le regard fier; les muscles bien prononcés, dessinent fortement les extrémités. Les traits de la femme sont plus adoucis, les formes plus arrondies; mais elle n'a ni cet éclat de beauté, ni la grâce européenne; un sein flasque et allongé, un ventre proéminent, gâtent de bonne heure ce que leur taille pourrait avoir d'avantageux; leurs yeux cependant sont expressifs, et leurs dents très blanches. À mesure que l'on avance vers Syouth on découvre, dans la forme du nez et des lèvres, la trace des liaisons contractées avec les habitants de l'intérieur de l'Afrique.

Les tempéraments diffèrent selon l'âge et le sexe: les enfants sont en général pituiteux, et (p. 044) par conséquent faibles, tandis que les adultes de l'un et l'autre sexe, les hommes surtout sont sanguins et robustes. Les facultés intellectuelles répondent à la souplesse et à l'activité des organes; elles sont encore évidemment modifiées, ainsi que les forces physiques, par la vie plus ou moins oisive, par les habitudes, le voisinage ou l'éloignement du Nil, l'air plus ou moins pur qu'on respire, enseveli avec les bestiaux dans les étables, ou errant en liberté dans les campagnes.

On trouve ici la sobriété même au sein de l'abondance; les gens aisés couvrent leur table de bon pain, de viandes, de poissons, d'œufs, et de légumes: les pauvres mangent des bouillies de farine du maïs, ou des légumes. Le terme de la vie paraît être à peu près le même chez les uns et les autres, quoiqu'ils mènent une vie bien différente: les hommes commencent à perdre leurs forces vers cinquante ans, et sont très vieux à soixante, à quelques exceptions près; les femmes vieillissent, comme partout, beaucoup plus tôt.

La menstruation et la fécondité commencent de dix à douze ans, et elles se terminent de trente-cinq à quarante, et jusqu'à quarante-cinq ans. Les garçons de douze à quinze ans sont déjà très lascifs; ils s'excitent même par des stimulants, et trouvent assez aisément dans la complaisance de l'autre sexe de quoi satisfaire leurs besoins. C'est peut-être pour cela que la masturbation, qui fait (p. 045) parmi nous tant de ravages, leur paraît peu familière.

L'eau du Nil simple, clarifiée ou filtrée, est la boissons ordinaire; mais les Égyptiens ne boivent pas toujours lorsqu'ils en éprouvent l'envie; ils préfèrent de passer de l'eau dans leur bouche à plusieurs reprises sans l'avaler: ils prétendent que cette eau, si salutaire quand elle est prise avec modération, devient nuisible lorsqu'on en boit excessivement, qu'elle cause des sueurs ou des urines trop abondantes, qu'elle donne des cours de ventre, et affaiblit considérablement. Ils font leurs délices de leurs sorbets, de l'eau de réglisse, des pilules de chanvre, et de quelques confitures qui ne trouveraient pas chez nous le même accueil.

Les enfants des deux sexes sont communément nus, de dix à douze ans, dans les campagnes de Minyéh et de Syouth, et l'on s'aperçoit que, dans les uns et les autres, les organes de la génération sont bien développés; un habillement léger, de laine ou de coton, recouvre ensuite leur peau endurcie et basanée: ils conservent d'ailleurs dans leurs vêtements et leurs turbans les formes reçues dans la basse Égypte.

Les hommes logent pêle-mêle, au rez-de-chaussée, avec les animaux domestiques, et couchent seulement sur des nattes, quelquefois même sur la terre, enveloppés dans leurs vêtements.

(p. 046) Le premier et seul étage, ou, pour mieux s'expliquer, le haut de leurs habitations, est consacré aux pigeons et aux tourterelles, qui abondent dans le Saïd.

Dans les villes il y a quelques maisons bien bâties; les riches ont des harems, et se procurent les autres agréments de la vie: les marchés sont remplis de boutiques étroites et obscures. En jetant les yeux sur les outils et les travaux des artisans on les trouve imparfaits et grossiers, quoique ceux qui s'en servent ou les exécutent ne manquent pas d'adresse.

Les enfants dont les parents sont aisés apprennent à lire: les négociants cophtes savent les premières opérations de l'arithmétique; et ces connaissances bornées leur donnent toute leur influence.

Il y a des almées qui courent les rues accompagnées de musiciens.

On voit aussi beaucoup de santons, qui inspirent au peuple une grande vénération.

Les cultivateurs, beaucoup plus respectables, et surtout plus utiles que ces mystiques contemplatifs, sèment, labourent, arrosent les plaines sablonneuses avec les eaux du Nil. La végétation y est belle et rapide, et elle a de l'analogie avec la manière d'être des animaux.

Les vices des peuples policés sont répandus dans le Saïd; ils y sont exaltés de manière à faire (p. 047) ressortir les maux que sèment partout et l'ignorance et l'esclavage.

Il y a des femmes publiques qui arrêtent les passants aux portes de Syouth; et on y connaît ce genre honteux de prostitution qui contrarie le but de la nature et les admirables lois de la reproduction des êtres.

Malgré la résignation au destin, qui fait regarder les maladies comme un inévitable châtiment, les vieillards, et surtout les vieilles femmes, distribuent des amulettes et des talismans pour tous les maux, et surtout pour écarter la magie et les magiciens, qui, selon leur opinion, causent tout ce qui n'est pas bien dans l'univers.

Leur médecine, si l'on peut appeler de ce nom un empirisme brut et sans raisonnement, est composée d'une suite d'observations peu exactes et sans aucune liaison entre elles. Les malades sont exposés dans les rues, ou à la porte des mosquées; ils y étalent surtout le spectacle dégoûtant et affligeant des maladies qui attaquent le système absorbant et la peau, et forme cette classe nombreuse que les auteurs de nosologie appellent cachexies. Soit que les maladies soient invétérées, soit qu'elles soient aiguës ou récentes, on manifeste à peu près la même indifférence sur leur terminaison.

Cependant les médecins étrangers inspirent aux habitants du Saïd beaucoup de confiance; ils leur (p. 048) exposent volontiers leurs maux. C'est ainsi que l'on apprend d'eux que, pour chasser les vers, on donne aux enfants une décoction de graine de ricin; et pour calmer les convulsions, une boisson d'huile de lin; que les nourrices (et ce fait est intéressant) boivent souvent elles-mêmes le médicament qui doit agir sur leurs nourrissons; que la consomption survient assez communément à la suite des obstructions du bas-ventre; que la petite vérole est dangereuse, et laisse beaucoup de faiblesse d'yeux et des cécités. Le traitement de cette dernière maladie est diamétralement opposé à ce que l'expérience nous a enseigné de salutaire; on enferme soigneusement les malades, on les accable de couvertures, et on les tient à un régime très échauffant. Puissent les habitants de ces contrées adopter un jour la méthode plus naturelle qui a tellement adouci dans l'Europe ce fléau naguère si redouté!

Les vices de conformation sont rares; peut-être cela tient-il à la liberté dans laquelle on élève les enfants qu'on n'entoure jamais d'aucuns liens.

À Minyéh je fus consulté pour une fille de quinze ans, chlorotique. Sa mère et de vieilles femmes avaient mis vainement en usage, pour faire paraître les règles, l'irritation mécanique, quelques drogues, et des amulettes: je leur conseillai de l'eau chalibée; mais la répugnance qu'ils (p. 049) témoignent quelquefois pour les médicaments tirés du règne minéral, détournèrent la famille de l'employer.

J'eus presque toujours pour compagnon et pour aide dans mes recherches un vieil empirique de Syouth, borgne et bavard, qui se vantait aux yeux des siens de posséder des secrets merveilleux contre tous les maux, qu'il dit avoir puisés dans le Coran, où ils ne sont certainement pas, ou dans les inspirations du prophète, avec lequel il est aussi fort douteux qu'il ait des relations.

La grossesse est accompagnée d'envie de vomir, et de désirs assez déréglés. Les femmes avortent facilement l'été; elles souffrent plus dans les dernières que dans les premières couches; elles souffriraient plutôt la mort que de se laisser assister dans leurs couches par un homme.

Si peu de temps après leur mariage les jeunes femmes ne sont pas enceintes, elles implorent l'assistance des vieilles, qui leur frottent l'intérieur des parties sexuelles qui peuvent être facilement atteintes avec des liniments; elles leur donnent des poudres, dont nous ne connaissons pas plus la nature, que la vertu des enchantements qu'elles mettent aussi en usage. La stérilité est flétrie d'opprobre dans la loi de Mahomet.

Dans les accidents hystériques des femmes on leur fait sentir la fiente des chameaux, ou l'on (p. 050) en forme un cataplasme avec le lait aigri, que l'on met sur les tempes, le creux de l'estomac, ou le bas-ventre. Les femmes portent souvent au tombeau des chutes de vagin et du rectum.

Dans la plupart des maladies internes les habitants du Saïd se tiennent en repos, et se mettent à une diète végétale assez scrupuleuse. Ils connaissent la faculté purgative de l'aloès, de la casse, et des tamarins; mais ils ne savent pas le temps où il faut administrer ces médicaments. Quelques uns mangent des tranches de coing saupoudrées de poivre, pour arrêter le cours de ventre; d'autres boivent du suc de citron pur. Les cachexies sont réputées incurables. On couvre les cancers avec de la chaux en poudre. On applique des animaux récemment tués et ouverts, sur la tête, le côté, et d'autres parties, dans les douleurs récentes: les frictions, les bains chauds et froids, sont fort en usage.

Dans les maladies des yeux, plusieurs se font raser la tête, et la frottent ensuite avec du vinaigre; d'autres se colorent les paupières, et appliquent sur la conjonctive un enduit noirâtre. On fait des scarifications aux angles des yeux, on jette sur le globe de l'œil des poudres; mais l'eau simple, ou comme véhicule de quelque médicament, est rejetée: on regarde tous les topiques liquides comme dangereux.

(p. 051) Souvent on pratique la saignée avec une flamme semblable à celle des maréchaux: on adapte à la surface de la peau la base d'un cône formé par une corne de jeune taureau, percée également au sommet. En opérant un mouvement de succion on produit l'effet des ventouses, et on scarifie plus aisément les parties.

Le lait et le miel sont employés dans les maladies de poitrine. Le tabac et le café sont regardés comme des apéritifs qui facilitent la digestion.

J'ai vu un grand nombre de hernies de toutes les formes, et d'un volume considérable, sans qu'on ait jamais songé à les contenir ou à les soutenir.

J'administrai à Syouth, à un jeune homme, un vomitif indiqué. Pendant son action l'alarme s'empara de tous les siens: on le croyait empoisonné; mais le soulagement qui en fut la suite les réconcilia avec ce moyen.

Dans les plaies d'armes à feu, on fait couler dans la blessure de l'huile ou du beurre fondu; on applique ensuite sur les lèvres quelques portions de chair récente d'un animal, qu'on a soin de renouveler; on recouvre le tout de la peau d'un jeune animal, et on abandonne le mal au repos et aux ressources de la nature.

On essaie de remettre les luxations, en employant des distensions très violentes.

(p. 052) On abandonne à leur progrès les maladies vénériennes, la lèpre et l'éléphantiasis.

Je n'ai pu réunir sur la peste les connaissances que j'aurais désiré acquérir; cependant, d'après un grand nombre de relations, j'ai cru pouvoir conclure que le mot peste, ou koubéh en arabe, est une dénomination générique appliquée aux maladies aiguës et très malignes. On assure dans le Saïd que cette maladie y a toujours été apportée de la basse Égypte.

La résignation des Musulmans au destin les a empêchés de se prémunir contre ce cruel fléau. Les dogmes des anciens Égyptiens, qui voulaient que la vie ne fût qu'un passage à une longue existence future, un sommeil qui menait à un éternel réveil, paraissent s'être conservés chez leurs descendants; et l'on en est presque convaincu, lorsque, comparant les maisons et les tombeaux, on voit les morts constamment mieux logés que les vivants.

(p. 053) NOTES
Sur les maladies qui ont régné en frimaire an 7, recueillies dans l'hôpital militaire du vieux Kaire;
par le citoyen BARBÈS, médecin ordinaire de l'armée d'Orient.

Au vieux Kaire, le 3 nivôse an VII.

Durant les deux premières décades de frimaire, même température dans la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits que pendant le mois de brumaire. Nous avons eu occasion de vérifier, jusqu'à un certain point, l'observation faite avant nous que dans le mois de novembre et le commencement de décembre on se brûle en Égypte le jour, tandis qu'on s'y gèle la nuit: c'est après dix heures du matin jusqu'à deux heures après midi que le soleil est réellement chaud, et le refroidissement se fait sentir à une heure après minuit. Alors ceux qui bivouaquent sont éveillés; ils se trouvent contraints de prendre tous les moyens possibles pour se réchauffer: on dirait que de tous côtés on s'est donné le mot pour recueillir des combustibles, et faire des feux.

Peu à peu se forme un brouillard épais qu'on (p. 054) ne reconnaît qu'avec le jour, qui procure un froid humide et pénétrant, et qui n'est entièrement dissipé que deux heures après le lever du soleil.

Cependant, avant de parvenir à la fin du mois, nous avons eu quelques jours un peu nébuleux; le brouillard s'est dissipé plus tard, et l'humidité froide de la nuit s'est prolongée dans la matinée.

Nous en avons eu d'autres où quoique le brouillard fût à peine sensible, le froid ne l'était pas moins; ils étaient le prélude du changement de température qui a eu lieu la dernière décade du même mois.

En effet, le vent du nord soufflait avec assez de constance, l'ardeur du soleil diminuait progressivement, et l'humidité froide des nuits prenait de plus en plus de l'empire.

Le 27, le vent sud-ouest amena quelques gouttes de pluie durant plusieurs minutes.

C'était le même vent qui élevait des nuages de poussière le 30.

Nous manquions de tous les instruments de physique, et néanmoins nous nous donnions bien de garde de nous livrer au découragement dans le cours de nos observations journalières sur les qualités sensibles de l'atmosphère, sachant que le père de la médecine ne les connaissait pas, et que nous serions trop heureux s'il nous était possible de marcher sur ses traces, malgré le progrès des sciences.

(p. 055) Qu'y a-t-il en effet des plus beau que les premiers aphorismes de la section troisième? et les expériences des modernes ont-elles donné des résultats plus utiles relativement à l'influence des saisons et aux changements de température sur toutes les maladies, et principalement sur les épidémies?

Nous ne nous sommes permis d'insérer cette remarque qu'en nous proposant de restreindre celles sur les maladies que nous avons traitées; elle atteste d'ailleurs d'une manière trop évidente la correspondance des maladies régnantes avec la température de la saison, pour que nous ayons pu la retrancher.

Tant que les chaleurs ont été fortes, les diverses fièvres, les rhumatismes, ainsi que les nombreuses dysenteries, ont été gastriques bilieuses; mais lorsque la fraîcheur des nuits l'a peu à peu emporté sur la chaleur des jours, le caractère catarrhal s'est montré: enfin le froid qui s'est, pour ainsi dire, fait sentir la dernière décade de frimaire, a commencé à faire tomber les dysenteries qui paraissaient devoir se perpétuer; et les maladies n'ont plus été purement gastriques et catarrhales, mais déjà compliquées de phlogose, surtout chez les jeunes gens.

La cure des maladies gastriques bilieuses consistait en un ou deux vomitifs et les minoratifs anti-bilieux répétés; cette méthode était le fruit d'une observation sans cesse confirmée; quelques (p. 056) gouttes de laudanum, seulement intercalées dans le traitement de la dysenterie, suffisaient pour tout déranger.

Nous avons vu que les dysenteries qui ont paru récemment cédaient, comme par enchantement, toutes les fois que l'émétique était uniquement suivi de parégoriques.

Cette découverte du caractères catarrhal avec lequel la malignité semble s'identifier, quoique nous convenions qu'elle se marie avec les autres diathèses, nous a procuré des succès à l'égard d'un grand nombre de malades qui eussent couru de grands dangers, si nous ne nous fussions tenus sur nos gardes.

Nous nous sommes décidés à faire appliquer un large vésicatoire sur l'abdomen de plusieurs dysentériques, du salut desquels il fallait désespérer, et tout-à-coup ils ont éprouvé du soulagement: en peu de jours ils ont été sauvés.

Nous recommandions de saupoudrer les emplâtres vésicatoires avec du camphre, et nous prescrivions une émulsion nitrée et camphrée. La première et quelquefois les deux précautions ont été supprimées, sans qu'il en soit résulté le plus léger inconvénient.

À la suite de cette application sur un jeune militaire qui ressemblait presque à un cadavre étique, il se fit par le nombril où avait donné le vésicatoire une suppuration si effrayante que nous (p. 057) appelâmes une consultation: il fut sagement décidé de ne rien faire. Cette suppuration s'arrêta graduellement sept à huit jours après, et le malade quitta l'hôpital bien guéri.

Une fièvre violente, après l'exhibition de l'émétique, au lieu de l'amendement que nous attendions, fut l'exacerbation de la maladie chez les malades auxquels, en suivant la marche ordinaire, nous croyions devoir administrer les toniques: les hémorragies nasales qui seules jugeaient complètement ces exacerbations, au moins chez les jeunes gens, nous ont convaincu de l'existence de la complication phlogistique.

Nous supprimons le journal d'une foule de cas intéressants, où, en suivant scrupuleusement l'effet des remèdes, nous n'avons pas négligé de peser sur nos fautes qui heureusement n'ont pas été meurtrières, et ont servi à nous redresser.

Nous ne croyons pas néanmoins pouvoir nous dispenser de mentionner deux malades chez lesquels l'application du vésicatoire sur le bas ventre n'a eu aucune bonne suite.

Le premier exemple est celui d'un jeune homme apporté fort tard: il n'avait reçu aucun secours, il éprouvait des douleurs intestinales cruelles; il était sans forces: dans cet état il montrait tous les signes d'une affection gastrique.

Combien de fois n'avions-nous pas donné avec succès un émétique secondé par les cordiaux dans (p. 058) les situations extrêmes; mais, dans cette circonstance, notre audace ordinaire fut arrêtée: les contre indications étaient trop évidentes. Nous nous déterminâmes donc à ordonner l'application d'un vésicatoire sur le bas ventre, quoique l'état gastrique nous contrariât, et que nous fussions bien éloignés de nous dissimuler que cette application était difficile, qu'elle exigeait la réunion de toutes les indications: le souvenir de son effet héroïque était peut-être trop présent à notre mémoire; notre espoir, qui consistait à calmer les douleurs, à relever un peu les forces, afin de pouvoir administrer ensuite un éméto-cathartique ou bien quelques minoratifs, fut entièrement déçu. Les douleurs ne perdirent rien de leur intensité, la chaleur et la sécheresse de la peau redoublèrent, le pouls fut très fébrile, les forces misérables: les bols nitrés, camphrés, tous les opiatiques ne furent que des palliatifs momentanés; le malade périt deux jours après l'application des vésicatoires, ayant essuyé de grandes souffrances.

Le second malade était un de ceux auxquels tous les astringents de notre pharmacie étaient inutiles pour arrêter un flux colliquatif bourbeux, sanguinolent, et qui périssait nécessairement. Nous eûmes recours au vésicatoire, comme rubéfiant, comme tonique: mais si ce moyen, ainsi que l'a observé Stoll, et comme nous l'avons (p. 059) vu nous-mêmes, est déplorable dans les maladies gastriques, il ne rend pas non plus les forces éteintes; il peut seulement, à titre de puissant antispasmodique, les développer, les disséminer, les rappeler du centre à la périphérie.

Nous avons constamment observé qu'il ne faut pas craindre de répéter l'administration des vomitifs envers tous ceux qui par la nature de leurs fonctions approchent journellement les malades, vivent au milieu d'eux, ou les servent. Il faut suivre les préceptes de Stoll. Les infirmiers âgés, sur lesquels on ne peut faire usage de cette méthode, trouvent presque tous dans leur service, des maladies et une mort assurée. C'est peut-être ainsi que l'on perd, sans pouvoir la remplacer, cette classe d'hommes très précieux, quand ils sont, ce qui est bien rare, pénétrés de leurs devoirs.

Quoique l'émétique trouve certainement beaucoup moins de contre indications que ne le prétendent les Boherraaviens, il ne laisse pas que d'en rencontrer assez fréquemment chez nos militaires; un très grand nombre portent des obstructions considérables qui sont la suite des fièvres qu'ils ont éprouvées en Italie: cette contre indication est d'autant plus digne de remarque que les médecins dans les hôpitaux, à cause de la grande quantité de malades, n'explorent pas toujours le bas ventre, et se contentent de saisir (p. 060) une ou deux indications frappantes, sans s'astreindre à les réunir toutes.

Outre quelques jaunisses avec fièvre qu'on pourrait rapprocher de la fièvre jaune d'Amérique, il s'est présenté plusieurs ictériques sans fièvre: ces derniers ont été rappelés à leur couleur naturelle à l'aide de quelques gouttes de liqueur anodine et minérale d'Hoffmann, d'une moindre quantité de celles d'essence de térébenthine, dans un jaune d'œuf auquel on ajoute un peu de safran et de sucre qu'on leur faisait prendre pendant trois ou quatre matins. Ce remède, qu'on regarde comme empirique, peut fort bien être soumis à la médecine rationnelle, en pensant que ces ictères proviennent souvent des mouvements spasmodiques dans les organes sécrétoires de la bile.

Dans les dysenteries gastriques anciennes, lorsqu'il y a douleur avec des selles fréquentes, nous nous sommes très bien trouvés de l'usage d'une petite quantité de rhubarbe associée à la gomme arabique et quelques gouttes de la teinture anodine de Sydenham dans un verre de petit lait. Cette formule appartient presque entièrement à Monro, médecin des armées britanniques, dont le traité de médecine militaire traduit dans notre langue, et considérablement augmenté par Le Begue de Presle, est entre les mains de tout le monde.

(p. 061) Nous abrégeons, et nous finirons en nous pénétrant de l'avantage inappréciable qu'on goûte à connaître la constitution régnante. Une foule de toux qu'on aurait cru être pectorales n'ont cédé qu'aux minoratifs répétés, composés avec la manne et l'oxyde d'antimoine sulfuré rouge.

Nous avons la satisfaction de pouvoir assurer que le nombre des malades que nous avons perdus n'a été si considérable que parce que plusieurs ont été commis à nos soins lorsque les secours de l'art ne pouvaient plus leur être d'aucune utilité. Il est aussi utile d'observer que notre hôpital a été précédemment encombré par des maladies extrêmement graves, circonstance qui l'a rendu évidemment suspect à habiter; c'est ce qui a déterminé le médecin en chef à faire ordonner que le nombre des fiévreux fût réduit d'un tiers, en évacuant cent malades sur le grand hôpital placé au milieu d'un camp retranché, et connu jusqu'ici sous le nom de ferme d'Ibrahim-bey.

Nous avons encore à nous plaindre de n'avoir pu obtenir de nos malades la plus petite modération dans le régime: à peine étaient-ils sortis d'un état pitoyable, qu'ils se livraient à l'intempérance, buvaient de mauvaise eau-de-vie et en quantité, et commettaient d'autres excès; aussi en ont-ils été les tristes victimes. «Il faut non seulement que le médecin fasse son devoir, dit le premier aphorisme d'Hippocrate, mais il faut (p. 062) encore que le malade fasse ce qui convient, aussi bien que les assistants, et qu'il fasse cadrer à ses vues les choses extérieures[1]

TOPOGRAPHIE
Physique et médicale du vieux Kaire;
par le citoyen RENATI, médecin ordinaire de l'armée d'Orient.

Le vieux Kaire diffère peu dans sa bâtisse du reste des grandes villes de l'Égypte: on y rencontre partout de vastes édifices ruinés, de petites maisons sans jour, et des huttes très basses, malpropres, presque souterraines, extérieurement emplâtrées de fumier, qu'on y attache pour le faire sécher, et dont on se sert ensuite pour remplacer dans le chauffage le bois qui est très rare. Les rues sont étroites, mal percées, et sans pavé: la ville est baignée à l'est par le Nil, et à (p. 063) l'ouest elle est entourée de monticules poudreux, produits de décombres, cernés eux-mêmes par un désert de sables. À un demi-quart de lieue s'élève le Moqattam, aride, brûlé, et sur lequel on peut à peine arrêter les yeux quand il est éclairé par le soleil. Dans l'espace intermédiaire on observe des ruines, que quelques-uns croient être celles de l'ancienne Babylone, remarquables, au reste, par une assez forte muraille, des édifices en partie démolis, mais qui ont eu de la magnificence, un reste d'aqueduc, un couvent dit de Saint-George, siège du patriarche grec, et les églises de Saint-Macaire et de Saint-Sergius, où l'on montre une petite chambre souterraine dans laquelle on dit que la sainte famille se retira en fuyant de Gaza: c'est un objet de vénération pour les chrétiens.

Le vieux Kaire, situé sur la rive orientale du Nil, à une demi-lieue du grand Kaire, a dû nécessairement devenir l'entrepôt du commerce de la haute Égypte: un nombre prodigieux de barques chargées de blé, d'orge, de fèves, montent et descendent sans cesse pour remplir les magasins du vieux Kaire ou en couvrir le rivage. Dans l'été, ces barques transportent une grande quantité de dattes, de sucre, de volailles et de troupeaux; un nombre considérable d'ânes est continuellement employé au transport des marchandises, et soulève une poussière qui étouffe les (p. 064) passants. Il y a quelques jardins et des plantations agréables de sycomores et d'acacias.

On ne peut pas fixer exactement la population du vieux Kaire à cause de la grande quantité de personnes que le commerce y attire journellement du grand Kaire et des environs.

L'hôpital militaire est un des mieux placés de l'armée; c'est un bâtiment vaste et commode, presque isolé, et suffisamment élevé, qui se trouve à l'entrée de l'ancien Fostad, à deux cents pas de l'aqueduc qui autrefois menait l'eau à la citadelle; il s'étend le long du Nil: on ne voit dans ses alentours ni décombres ni montagnes poudreuses. Environné d'agréables vergers, ouvert à tous les vents, il est singulièrement dominé par les vents du nord et nord-est, très salutaires dans ces contrées. À l'avantage de voir couler sous ses murs une branche assez considérable du Nil qui fournit facilement à ses besoins, il unit la charmante perspective de l'île de Raoudah, toujours verdoyante, et renommée par sa fertilité et par le méqyas, situé à l'extrémité sud, et faisant face au courant de la grande branche qui se partage pour former l'île.

Ce méqyas ou nilomètre tant vanté, que la politique ignorante et ténébreuse des Turks enveloppait d'un voile mystérieux, cet objet enfin de la curiosité de tous les voyageurs, est une simple (p. 065) colonne octogone de marbre commun, élevée au milieu d'un bassin carré, dont le fond se trouve de niveau avec le lit du Nil; elle est partagée en coudées égyptiennes, et les coudées en doigts. Les ingénieurs des ponts et chaussées à la suite de l'armée donneront une histoire très exacte de ce monument. L'eau est montée cette année au chapiteau de la colonne, mais elle n'a point touché la poutre qui la surmonte.

L'île de Raoudah n'a pas été inondée. Selon l'expérience des naturels du pays, la crue des eaux est regardée comme bonne, et l'on s'attend déjà à une récolte abondante. C'est dans cette île vraiment délicieuse que j'ai vu les plus beaux sycomores de l'Égypte; il y en a une belle ligne sur la côte occidentale, qui forme une arcade majestueuse et impénétrable aux rayons du soleil. Les dattiers, les orangers, les citronniers, les tamaris, les grenadiers, les acacias, les bananiers, et les arbres qui donnent la casse, sont les arbres que l'on observe le plus communément en Égypte: ils sont tous réunis dans cette île, et plantés sans ordre et sans distribution; ils forment ces forêts et ces vergers que les gens du pays appellent improprement jardins. On y cultive la canne à sucre, le coton, et l'indigo avec assez de succès: cette terre infatigable ne se refuse à rien.

Le Nil coule sous mes fenêtres, et il m'invite à la méditation. On en a tant parlé et depuis si (p. 066) longtemps, qu'il me reste peu de choses à ajouter: cependant on ne peut voir sans une surprise mêlée d'un certain sentiment de respect, un fleuve qui, dans ses débordements, pourrait submerger à la fois et anéantir une immense population, augmenter sans dangers, par un phénomène unique, annuel et constant, le volume de ses eaux, charrier un limon qui fertilise des sables arides, et devenir une source d'existence et de bonheur. En réfléchissant sur cet objet, on excuse volontiers les alarmes et les inquiétudes de ce peuple à demi sauvage sur la crue du Nil; et on lui pardonne aisément les transports bruyants auxquels il se livre, et l'ivresse de sa joie dans les eaux abondantes, lorsqu'on voit que sans elles l'Égypte ne présenterait qu'un océan de sable stérile, impénétrable à tout être animé.

Les écrivains de tous les temps et de toutes les nations ont constamment vanté et célébré la fertilité du sol de l'Égypte, qu'ils ont tous attribuée au limon que le Nil transporte de l'Éthiopie et de l'Abyssinie; mais cet état, emprunté et étranger au sol, ne pourrait-il pas venir à cesser pour plusieurs motifs, sans parler des révolutions physiques auxquelles le globe est fréquemment sujet. Combien de fois l'explosion violente des volcans et les tremblements de terre n'ont-ils pas desséché ou détourné le cours des fleuves, et aplani ou fait sortir des montagnes du sein de la terre! (p. 067) Ces grands mouvements de la nature, isolés ou combinés, ne pourraient-ils pas agir un jour avec une grande énergie sur le Nil, qui conserve toujours ses eaux troubles et bourbeuses, et qui court libre sans que son lit soit retenu et encaissé par des digues?

C'est une vérité hydrostatique démontrée, que les fleuves abandonnés aux seules lois régulières de la nature prolongent leur ligne, en déposant à leur embouchure une grande partie de ce qu'ils charrient des montagnes dont ils descendent, et des terres sur lesquelles ils passent; par ce moyen ils forment ces nouveaux continents qu'on appelle de nouvelle alluvion: en déposant continuellement au fond du canal qu'ils parcourent, ils élèvent les lits des canaux jusqu'à l'horizon des campagnes; alors les eaux, ne pouvant plus y être contenues, cherchent un plan incliné pour couler, et ne manquent pas de préférer le plus court qui est le plus droit; alors, par la gravité de leur masse et la rapidité accélérée, elles franchissent tout obstacle, entraînent tout ce qui s'oppose à leur marche, et se rendent à la mer. Les déluges d'Ogygès et de Deucalion ne furent probablement que des rivières qui avaient changé de direction, inondé des terres basses, et submergé des villes et des villages qu'elles rencontrèrent sur leur route.

Il paraît que cette importante vérité cosmogonique n'a pas échappé aux mages de l'Égypte: (p. 068) ils en faisaient un mystère au peuple, qui n'était pas plus éclairé sur ses intérêts qu'il ne l'est aujourd'hui; ils l'obligeaient à des travaux immenses et pénibles, soit en creusant le lit du Nil, soit en ouvrant de nouveaux canaux, pour conserver au fleuve une profondeur constante, et pour élever en même temps l'horizon des terres avec ce qu'ils en retiraient du fond: c'était toujours en célébrant quelque fête, ou pour plaire à quelque divinité que cela se faisait. La science mystérieuse des hiéroglyphes, leur polythéisme, aussi bizarre à nos yeux, ne tenait peut-être qu'à cette grande vérité, et n'avait pour but que de diriger le peuple vers son bonheur sans l'effrayer.

Le dépérissement de tant de villes, jadis très célèbres et très florissantes, et dont les restes misérables et ignorés sont épais dans les déserts, n'est que l'effet de la cessation des travaux des anciens. Le Delta, qui est un de ces nouveaux continents formés par des atterrissements systématiques des rivières, ne nous dédommage pas des pertes que nous avons faites par cette négligence. Il resterait à voir à quoi nous sommes exposés en abandonnant le Nil à soi-même. Je n'entrerai point dans le détail d'une matière si vaste, qui n'est pas de mon ressort, et qui demande tant de connaissances et d'observations; il me suffit de faire part d'une idée qui m'est passée par la tête en regardant le Nil.

(p. 069) J'aurais voulu donner des observations météorologiques; elles seraient de beaucoup d'utilité à la médecine; mais, faute d'instruments nécessaires, je n'en puis rien dire: je puis seulement assurer que les changements qui se sont tour-à-tour succédés dans l'atmosphère ont eu une influence marquée sur la constitution des maladies. Les vents septentrionaux soufflent avec assez de constance et de force pendant environ neuf mois de l'année; la pluie est tombée plusieurs fois cet hiver, toujours accompagnée d'orage; j'ai entendu le tonnerre gronder souvent, mais seulement dans le jour; j'ai observé l'air s'embraser fréquemment par quelque météore; et à la retraite des eaux il y a des brouillards très épais, comme en Europe, et les rosées tombent avec une grande abondance.

L'Égyptien, enveloppé dans sa longue robe bleue ou noire, la barbe longue, la tête entourée d'un gros turban, tantôt rouge, tantôt vert, et plus souvent blanc, a généralement un aspect fier et imposant; sa physionomie est prononcée, sa taille avantageuse, le corps musculeux et bien dessiné; il a les yeux noirs et vifs, les dents blanches, une voix forte et sonore; il semble annoncer qu'il vit dans un pays sain, mais qui n'est pas libre: il est rampant, astucieux, menteur, et sans courage. Les femmes ont les traits du visage plus adoucis, mais sans délicatesse et (p. 070) sans expression; leur corps est souple et pliant; les bras et les mains sont bien arrondis et potelés; leur démarche est agréable, mais leur sein est flasque et pendant: elles sont bien loin d'avoir les grâces et les charmes de nos Européennes.

L'habitant de l'Égypte est laborieux sans être actif; il ne manque pas d'adresse et d'imitation: ses facultés intellectuelles ne sont pas exercées, et portent l'empreinte d'un gouvernement oppressif, et d'une religion superstitieuse et intolérante.

Le peuple, sain, robuste, borné dans ses besoins, vivant sous un ciel constamment serein, s'abandonne facilement à la gaieté; mais le riche, sybarite, fainéant, tourmenté souvent par l'ambition, conserve un maintien grave et imposant: il est extrêmement soupçonneux et curieux.

Les hommes sont libidineux et jaloux au plus haut point: ils deviennent souvent impuissants à l'âge de quarante ans. Les femmes sont très fécondes; la stérilité est rare. L'onanisme est peu connu; mais le vice qui contrarie les vues de la nature est très usité, singulièrement parmi les grands: les chrétiens ne sont pas à l'abri de ce reproche.

La menstruation commence de dix à douze ans, et finit de trente-cinq à quarante. Les pâles couleurs et toutes les indispositions qu'elles entraînent à leur suite sont fréquentes chez les Turques, (p. 071) très ordinaires chez les chrétiennes, qui mènent les unes et les autres une vie fort peu active, et restent toujours enfermées dans leurs maisons.

Le terme de la vie est comme en Europe; cependant on voit beaucoup plus de vieillards et mieux portants: les hommes de cent ans sont fréquents; et on en voit jusqu'à l'âge de cent vingt ans marcher dans les rues sans soutien et sans bâtons. Les femmes ne conservent pas longtemps leur fraîcheur, et à trente ans elles ont les marques de la vieillesse sur la figure. Peut-être commencent-elles trop tôt leur carrière; mais la meilleure raison sont les fatigues qu'elles éprouvent, et leur mauvaise nourriture.

Il est impossible d'être plus sobre que l'est l'Égyptien; en général, un peu de pain, des dattes et du fromage salé, des fèves, quelques racines dans l'été, les pastèques, forment toute sa nourriture. Le riche met sur sa table du mouton, des poulets, du riz, et quelques friandises, et mange fort peu. Leurs mets sont apprêtés avec beaucoup d'aromates, et presque sur tout ils pressent des limons. Riche ou pauvre, tout le monde fume la pipe et boit le café avec beaucoup de volupté; ils en font un véritable abus: la boisson ordinaire est la bonne eau du Nil.

Malgré tant de sobriété, malgré la fécondité des femmes, et la salubrité du climat, il est de fait que l'Égypte, et singulièrement le Kaire, (p. 072) dévore la population. Il y en a deux causes principales, la peste, et le rachitis. La première de ces maladies enlève quelquefois le tiers de la population du Kaire. L'ignorance et l'insouciance n'ont cherché à lui opposer aucune digue, pas même l'isolement pratiqué par les Francs avec succès. Au moment où j'écris, cette maladie s'est déjà développée à Alexandrie dans différents militaires; et nous aurons en conséquence sur cet objet des observations qui répandront beaucoup de jour sur cette matière peu connue; car on doit tout attendre du courage et de l'instruction des médecins mes collègues. La seconde maladie, que je regarde comme un grand agent de destruction, le rachitis, enlève une grande quantité d'enfants depuis un an jusqu'à trois ans. Comme il n'est ici question que de réunir des observations, je n'examinerai pas s'il est plus probable que cette maladie soit ancienne que nouvelle, non plus que les rapports qu'elle peut avoir avec les maladies vénériennes: sans vouloir de même assigner les causes, peut-être encore fort cachées, du rachitis, j'observerai cependant que les enfants sont très mal nourris, que les femmes les font téter tout le jour et au-delà de deux ans, et que c'est toujours vers cette époque que la maladie se déclare. On la regarde avec superstition; c'est l'effet d'un sortilège, des regards jaloux ou empoisonnés de quelque ennemi. On (p. 073) est surpris, d'après ce que je viens de dire sur la manière dont cette maladie est généralement répandue, de voir que les vices de conformation qui en sont les suites ordinaires ne sont pas très communs dans l'Égypte: cela doit sûrement tenir à la liberté dans laquelle on élève les enfants, que l'on n'entoure jamais de liens, qu'on laisse agir et se développer à leur gré, et qui passent leur vie à jouer en plein air.

La petite vérole fait aussi de temps en temps de grands ravages. On ne peut ici s'empêcher de faire quelques réflexions. L'histoire nous porte à croire que la petite vérole a passé d'Asie en Europe dans le temps des croisades, et de celle-ci dans l'Amérique dans le temps que Ferdinand Cortès conquit le Pérou. Rhazès est un auteur classique sur cette maladie, et le traitement reçu dans les lieux où il aurait pu germer des souvenirs de ses leçons est absurde et meurtrier. À quelles ténèbres le monde se trouve-t-il livré! L'Europe seule est éclairée sur cet objet, et elle ne l'est complètement que depuis l'époque peu reculée de l'introduction de l'inoculation, dont l'idée lui est venue de la Géorgie. Au Brésil, la petite vérole est mortelle pour le plus grand nombre; dans l'Amérique méridionale, elle fait les plus grands ravages; en Barbarie et dans le Levant, on a calculé que sur cent malades il en meurt communément plus de trente. Quand y (p. 074) aura-t-il au moins une hygiène publique et liée aux constitutions politiques, s'il n'est pas encore permis d'espérer une thérapeutique ou un corps de principes et d'axiomes curatifs du même genre?

La cécité est commune en Égypte: elle est l'effet des ophtalmies répétées, et souvent mal traitées; la trop grande vivacité de la lumière, le sable brûlant qui voltige dans l'air, et qui se porte aux yeux, forment dans cette partie délicate et sensible de notre corps un point d'irritation, et deviennent les bases principales de ces fréquentes ophtalmies. Quelquefois la maladie est compliquée, et plus difficile à traiter; quelquefois encore elle est symptomatique de la gastricité ou de la suppression de la dysenterie; je l'ai vue quelquefois enfin se soutenir sans autre cause que l'atonie de l'estomac. Cette maladie attaque également les gens de la ville, de la campagne, et du désert; elle ne respecte ni âge ni sexe: cependant elle n'a rien d'extraordinaire. Il faut faire beaucoup d'attention pour la bien traiter: un préservatif reconnu, c'est de se coucher la nuit bien couvert, les yeux bandés, et la tête chaude.

Les maux de dents ne sont pas ordinaires: la surdité est presque inconnue. Une maladie très fréquente est l'asthme, qui tient, à ce que je pense, à la poussière qu'on avale en respirant, et à l'abus de la pipe: elle est difficile ou impossible (p. 075) à guérir, et finit toujours par une mort subite, comme j'ai eu occasion de l'observer bien des fois.

On voit beaucoup de hernies de toute espèce, singulièrement ombilicales, qu'on abandonne à la nature. Les Égyptiens vivent longtemps avec de telles incommodités, sans se montrer trop gênés, et sans croire qu'il existe des moyens qui pourraient les soulager: quand on leur en parle, ils répondent Ma cha Allah, (la volonté de Dieu), et les voilà tranquilles et patients!

Quoique le peuple boive l'eau du Nil trouble, sans qu'elle soit auparavant reposée, il ne connaît point ou peu la gravelle ou la pierre. Les hydrocèles sont communes.

On ne voit guère les paralysies que dans les extrémités inférieures, jamais à la suite de l'apoplexie: l'épilepsie est plus fréquente, singulièrement parmi les femmes, qui sont, comme en Europe, souvent tourmentées par des convulsions: c'est toujours le diable qu'elles croient avoir dans le corps. Les prêtres se gardent bien de les désabuser; la plupart d'entre eux sont assez ignorants pour y ajouter foi eux-mêmes: ainsi les amulettes et les exorcismes sont les remèdes les plus recherchés; il y a des sortes de chapelets d'amulettes dont chaque grain a une vertu spécifique.

La médecine, cette science si difficile, qui demande (p. 076) la réunion de tant de connaissances, et qui suppose dans ceux qui la pratiquent une éducation si soignée, n'est en Égypte qu'un empirisme aveugle et brutal, confié à des barbiers ignorants, et, par conséquent, présomptueux; tout ce que savent et ce qu'ont retenu ces médecins bâtards de la science des Avicenne, des Rhazès, des Aly-A'bbas, et de tant d'autres illustres médecins, se réduit à quelques opérations chirurgicales, telles que des saignées locales, dont ils abusent souvent, et presque toutes les fois qu'il faut du discernement pour les employer. Ils font un grand usage du feu, qu'ils appliquent sur la tête et sur toutes les parties du corps, souvent avec avantage; ils emploient aussi avec succès un bouton de feu entre le doigt indicateur et celui du milieu dans des fièvres, que je crois doubles, tierces et subcontinues; ce qui rentre dans les méthodes perturbatrices.

Je me suis livré à des réflexions et à des observations qui pourront paraître et qui sont à la vérité un peu éloignées du titre d'une topographie particulière placé à la tête de cet écrit; mais j'ai cru pouvoir et même devoir le faire pour rentrer dans l'esprit et le but du travail physico-médical sur l'Égypte, recommandé aux médecins de l'armée d'Orient par la circulaire du médecin en chef, du 25 thermidor an 6.

(p. 077) ESSAI
Sur la topographie physique et médicale de Damiette, suivi d'observations sur les maladies qui ont régné dans cette place, pendant le premier semestre de l'an VII,
par le citoyen Savaresi, médecin ordinaire de l'armée.

Damiette est située sur le bord oriental de la branche Phatnitique du Nil, à deux lieues de la mer, dans une presqu'île, qui est formée par le fleuve, par la mer, et le lac Menzaléh, qui se trouve à l'est, et à un quart de lieue de la ville. Elle est plus orientale que le Kaire; et les chaleurs y sont plus modérées, étant au 31° 25' 53" de latitude boréale, et au 29° 29' 15" de longitude, méridien de Paris. Un grand canal baigne ses murs, et un autre partage sa longueur en travers, laquelle s'étend du nord, où sont les tombeaux, au sud. Son territoire est couvert de rizières, et arrosé par une infinité de canaux; conséquemment les fièvres intermittentes y règnent l'automne, comme dans le Piémont et la Lombardie. Les insectes de toute espèce s'y multiplient considérablement, surtout les cousins, (p. 078) dont la piqûre produit une tumeur grosse comme la moitié d'une noisette, semblable à celle de la fièvre nommée par les nosologistes pemphigus. Dans le Delta, et vis-à-vis Damiette, il y a le village de Sénaniéh, qui est entouré de marais produits par l'inondation: tout près, il y a des tombeaux mal bâtis, sur lesquels les chiens vont fouiller, et déterrent les cadavres. Ces deux inconvénients sont très nuisibles, parce que les vents occidentaux portent dans la ville les miasmes qui s'en exhalent, et peuvent être la source de plusieurs maladies. Toutes les maisons de la ville et des villages environnants ont la surface de leurs murs enduite de sel marin ou de muriate de soude, et généralement toutes les plantes sont un peu salées: la raison de cela est que le terrain contient beaucoup de sel, et en plusieurs endroits on le voit recouvert de croûtes salines.

Il y a quelques années que l'on appauvrit les eaux de la branche Phatnitique par l'agrandissement du canal de Ménoùf. Il ne pouvait en résulter que des malheurs: effectivement, les eaux de la mer remontèrent jusqu'au village de Farscour, et le terrain de Damiette en fut inondé. J'attribue à cela cette production abondante de sel, ainsi qu'aux eaux du lac Menzaléh, qui sont salées, et communiquent avec les canaux d'eau douce.

Les campagnes de ce pays-ci sont toujours (p. 079) verdoyantes, et la terre ne se lasse jamais de nourrir les végétaux. La culture du riz attire les plus grands soins des agriculteurs; on en voit des champs partout: il faut dire aussi que le riz de Damiette est le plus estimé de l'Égypte, et qu'il forme le principal objet du commerce de cette ville. On sème encore du froment, de l'orge, du lin, et du maïs, mais pas en grande quantité. Les légumes les plus communs, et qui servent de nourriture ordinaire pour les pauvres, sont les pois chiches et les fèves; les haricots sont plus rares, et il n'y a que les riches qui en mangent. Les aubergines, les poivres longs, les concombres, les melons, les choux, les bettes, les choux-fleurs, la laitue, la roquette, le pourpier, et autres plantes potagères, se cultivent dans les jardins; on trouve dans ces mêmes lieux beaucoup d'orangers, de citronniers, de grenadiers, et de pistachiers, que, suivant Pline, l'empereur Vitellius transplanta de Syrie en Italie. Le navet, les petites raves, et la racine de colocasse (arum colocasia L.) sont des mets délicieux pour les habitants du pays: cette dernière est un peu aigre, et quand elle est préparée elle a le goût de la pomme de terre. Il y a différentes espèces de dattes, et d'une excellente qualité: les cannes à sucre y sont en abondance; les femmes, et les enfants en font une grande consommation.

Le lac Menzaléh est d'une étendue immense, (p. 080) et en général il est peu profond: son eau n'est pas salée dans tous les points; il y a des endroits dans lesquels elle est potable, et dans d'autres elle est saumâtre. Pendant l'hiver, lorsque les vents du sud soufflent avec impétuosité, les eaux coulent dans la mer, découvrant un grand espace de terre, laissent des marais, et font paraître des islots. Le territoire de Lesbéh, village à une lieue de Damiette, et à la même distance de la mer, nous offre toutes ces variations. Ce lac est très poissonneux, et communique avec la mer par deux embouchures: sur ses bords on fait la chasse des canards, et de différents oiseaux qui ne sont pas amphibies.

La formation du sol des environs de Lesbéh mérite l'attention des géologistes. J'ai réitéré souvent mes recherches sur cet objet, et le résultat en a été toujours le même: ayant remué la terre, et ensuite fouillé jusqu'à trois pieds de profondeur, j'ai observé constamment qu'elle était composée de trois stratifications de différentes substances terreuses, c'est-à-dire une de petites pierres ponces, que les Italiens appellent lapillo, la seconde de coquillages, et la troisième de sable, dans lequel on trouve des pétrifications de crustacés, et de poissons. J'ai ramassé encore des productions volcaniques, des morceaux de quartz de spath, et de feldspath, et des scories naturelles qui ressemblent à celles des anciennes éruptions (p. 081) du Vésuve, et de l'Etna. Je suis persuadé que ce pays-ci a été volcanisé, comme tous les autres, et que ces observations répétées par un habile lithologiste peuvent détruire les conjectures de certains physiciens, et éclaircir la théorie de la création des terres de la basse Égypte, et surtout de celles qui existent entre Lesbéh et la mer.

Les principaux vents qui dominent ici sont ceux du nord, de l'ouest, et du sud. Les vents septentrionaux, que les anciens ont appelés etesii, ont fini de souffler vers la moitié de vendémiaire an 7, et ont repris vers la fin de ventôse. Les vents méridionaux ont remplacé les premiers, et ont duré jusqu'à pluviôse; en outre, ils ont soufflé alternativement avec le vent d'ouest. Les dauphins, nommés derphin par les Arabes, δελφιϛ ou δελφιν par les Grecs, sautent sur le Nil; et viennent jusqu'à Damiette en poursuivant les poissons de mer qui s'introduisent dans la rivière quand le vent manque, ou que le vent du nord est léger. Les sycomores, qui sont les arbres les plus gros de l'Égypte, et qui résistent fortement aux vents, sont tous courbés vers le midi. Quelquefois les vents du sud éclipsent le jour, emmènent le brouillard, ou remplissent l'atmosphère de poussière, et produisent des ouragans qui durent quatre ou cinq minutes. Comme les maladies changent selon les vents, les observations météorologiques sont très nécessaires pour les médecins.

(p. 082) Il y a fort peu de plantes usuelles. On trouve abondamment de la chicorée sauvage dans les champs de trèfle, et la cochlearia armoracia, L. Les environs de Lesbéh sont riches en salsosa kali et soda, L.; en conséquence on pourrait y établir facilement une fabrique d'alkalis fixes. Les autres plantes les plus communes sont le cyperus papyrus, L., le solanum nigrum, L., le tamarix gallica L., le nymphæa lotus, L., et le cærulea de Savigni, la rubia tinctorum, L., le hyoscyamus albus, L., le ricin uscommunis, L., la malva ægyptiaca, L., dont on mange le fruit, quelques lythrum, quelques rhamnus, et trois espèces de mimosa, savoir, l'odoratissima, la nilotica, et la lebbeck, L.: il y a de la casse aussi, mais elle n'est pas de la meilleure qualité.

On sale à Damiette une quantité immense de poissons, ce qui forme un grand objet de commerce: les habitants en mangent beaucoup; et il paraît qu'ils aiment les aliments salés, car leur fromage est tellement rempli de sel, que les Européens ne peuvent pas en goûter. Les empiriques du pays croient que les œufs sont nuisibles, et ils défendent à leurs malades d'en manger; cependant j'ai observé qu'ils sont bons, et qu'ils ne causent aucun mal ni à nos malades, ni aux hommes bien portants. Les pigeons et les poulets sont plus petits que ceux d'Europe; ils ne sont pas si exquis, et relâchent le corps facilement. (p. 083) Le beurre est excellent, mais il a la même propriété laxative.

La ville est très sale: presque tous les habitants se plaisent à vivre dans le fumier, et dans les ordures. Les enfants restent continuellement dans la boue ou dans la poussière, et on les nourrit avec des choses indigestes; je crois que c'est pour cela qu'ils sont obstrués et emphysémateux. En général, les vieillards périssent de dysenterie; les hommes dans leur virilité sont affectés d'hydrocèle ou de hernies, et les jeunes ont les jambes variqueuses ou ulcérées; les femmes, à l'âge de trente ans, sont vieilles, asthmatiques, et ont quelquefois les articulations ankylosées. On compte une infinité d'aveugles, de borgnes, et d'estropiés: après cela on peut dire avec raison que dans ce pays-ci l'espèce humaine est presque déformée.

La boisson chérie de ces Musulmans dans leur état de santé est une décoction de réglisse et de caroube. Les principaux remèdes qu'ils emploient pour guérir les maladies sont le fer et le feu, et ils ne prennent rien intérieurement. Dans les ophtalmies ils font usage d'un collyre tonique, composé avec parties égales de noix de galle et d'antimoine, pulvérisées et mêlées avec du vinaigre: cela forme une espèce d'encre que l'on applique sur les paupières; ce remède n'est pas mauvais pour cette maladie des yeux, et on en (p. 084) fait un grand secret. Ils font un autre collyre avec parties égales de chisméh en poudre, de sucre candi, et d'alun ou sulfate d'alumine; on mêle le tout avec du vinaigre. Le chisméh est une petite semence noire qui vient du royaume de Dar-Four.

Quant à leur médecine vétérinaire, elle paraît assez raisonnable, et a opéré beaucoup de guérisons surprenantes; j'ai observé seulement qu'ils traitent la gale des chameaux avec un onguent qui consiste dans un mélange de soufre sublimé et d'huile d'olive.

Tout le monde parle de la force des Égyptiens, mais je crois que l'on exagère sur cet article: ceux d'entre eux que je ne puis cesser d'admirer sont les psylles ou éducateurs de serpents, qui ont l'art de les faire sortir de leurs nids, de les prendre, et de les élever.

J'arrivai à Damiette vers la fin de fructidor an 6. Les maladies que je trouvai dans l'hôpital militaire de cette place, du service duquel j'ai été chargé pendant six mois, appartenaient alors à quatre différents genres nosologiques; savoir, la diarrhée, la dysenterie, l'ophtalmie, et la fièvre tierce.

Tous les Français en général étaient incommodés par la diarrhée, qui était bilieuse ou lientérique. La dysenterie était moins répandue, et il y en avait trois espèces bien caractérisées: savoir, la dysenterie accompagnée de vers; la (p. 085) dysenterie muqueuse ou sans déjections sanguinolentes, appelée dyssenteria alba par Willis, Sydenham, et Morgagni; enfin la dysenterie compliquée avec la fièvre tierce.

L'ophtalmie était la maladie la plus commune: je m'en suis occupé dans un écrit particulier et c'est ce qui m'engage à ne pas m'étendre plus au long sur cet objet.

La fièvre intermittente existait sous trois types différents, tierce, double tierce, et tierce soporeuse, nommée par Werlhof, dans son savant et beau traité des Fièvres, tertiana carotica: il y en avait aussi qui ressemblaient aux fièvres tierces dont parle Torti.

Ces maladies ont régné seules pendant deux mois consécutifs. Aussitôt que les vent du nord ont cessé tout à fait de souffler, il s'est manifesté une fièvre épidémique et contagieuse qui faisait des progrès avec une grande rapidité: ses premiers développements ont paru en vendémiaire et brumaire, toutes les fois que les vents du sud troublaient l'atmosphère, et apportaient de la pluie ou du brouillard fétide. À la fin de frimaire, elle a éclaté avec violence, et a duré sans diminution jusqu'au commencement de pluviôse: dans le courant de ce mois elle a perdu un peu de sa force, et est devenue plus compliquée en ventôse, lorsque les vents du sud changèrent et furent remplacés par les vents de l'est. J'ai observé (p. 086) constamment que le mal empirait quand l'atmosphère était chaude et humide, et qu'il diminuait quand la température était fraîche. Ce qui prédisposait les hommes à prendre la maladie facilement, c'étaient les excès en tout genre, la transpiration supprimée, la malpropreté du corps, les habits légers, la peur de mourir, les extrémités inférieures nues, la mauvaise nourriture, les logements humides, sales, ou exposés au midi, et l'eau qui n'était pas purifiée. Les habitants les plus vieux du pays, Coptes ou Musulmans, m'ont assuré que cette épidémie venait tous les ans, durait depuis l'automne jusqu'aux premières chaleurs de l'été, et faisait de grands ravages sur la côte maritime de l'Égypte baignée par la Méditerranée; ils m'ont dit aussi que pour s'en préserver il fallait s'habiller pesamment pour suer beaucoup, se laver souvent la tête avec l'eau froide, et garder un régime exact. D'après cela, on voit clairement que la maladie est endémique, et qu'elle est causée par les vents du sud, la pluie, l'humidité, le changement subit des vents, et le brouillard. Les jeunes gens, les tempéraments sanguins, nerveux, irritables, et les Français natifs des régions septentrionales étaient plus susceptibles d'en être attaqués que les hommes âgés, ou doués d'un tempérament bilieux, pituiteux, mélancolique, et les originaires du midi de (p. 087) la France. Cette fièvre endémique est constituée par les symptômes suivants.

La perte de l'appétit et une langueur générale dans tout le corps précèdent la maladie: le premier jour de l'invasion, la fièvre paraît très simple; elle se déclare avec une petite douleur de tête ou une envie de vomir; on observe la langue rouge, le corps ardent, la peau sèche, et le pouls dur et fréquent; le second ou troisième jour, les glandes inguinales s'engorgent avec une douleur considérable, et généralement tout le système lymphatique se trouve affecté; au quatrième, il y a toujours rémission ou un peu d'apyrexie; et si le malade ne guérit pas vers le cinquième, il faut douter de sa vie. Quelquefois la fièvre a une période plus longue, accompagnée avec l'éruption des miliaires ou de pétéchies; alors la mort est immanquable, et arrive le septième jour. Souvent la maladie ne suit pas le cours que je viens de décrire, et tue les hommes en vingt-quatre ou trente-six heures. Dans les premiers jours, le malade est inquiet, nostalgique; et vers les derniers il est plongé dans un état comateux ou d'assoupissement. L'assemblage de tous ces symptômes m'a fait caractériser cette fièvre pour un synochus lymphaticus miliaris ou petechialis. En pluviôse et ventôse, elle est devenue un parfait typhus, et s'est compliquée avec un vomissement de matières (p. 088) noires et verdâtres, avec une diarrhée colliquative, et le délire.

Les anthrax ont accompagné rarement la maladie; il y en a eu seulement deux cas, et tous les deux mortels, qui se sont terminés par la gangrène. Le bubon se formait ordinairement aux aines, aux aisselles, aux parotides, et aux bras: il grossissait après la crise avec une inflammation des parties musculaires, conservait une dureté squirreuse, et se terminait au bout d'un mois ou quarante jours par la suppuration. Lorsque l'engorgement n'avait pas lieu, la maladie était toujours mortelle. Ayant considéré que cette fièvre avait différents types, j'en ai établi quatre degrés caractéristiques; savoir, 1o. pyrexie sans apparence de symptômes ordinaires, durant vingt-quatre ou trente-six heures, et finissant toujours avec la mort (synochus); 2o. pyrexie avec les symptômes manifestes, durant cinq jours, dangereuse (synochus lymphaticus); 3o. pyrexie avec les mêmes symptômes, pétéchiale ou miliaire, durant sept jours, très dangereuse (syn. lymph. petechialis aut miliaris); 4o. pyrexie avec vomissement, délire, diarrhée, durant trois jours, et finissant avec la mort (typhus gravior). Le plus grand nombre des malades étaient dans le cas du second degré.

Les cadavres en général avaient des taches livides sur le corps, particulièrement aux reins, à la figure, et aux parties génitales; il y en avait (p. 089) plusieurs parfaitement gangrenés, et d'autres sans signes extérieurs: j'ai ouvert trois de ces derniers, et j'ai remarqué que les parois des intestins et de l'estomac étaient couvertes d'un mucus jaunâtre; les glandes conglobées étaient très dures, et avaient bien diminué de leur volume.

Les remèdes qui ont le mieux réussi pour la guérison de cette maladie ont été les laxatifs, les diaphorétiques, et les antiseptiques. Je commençais le traitement par prescrire les purgatifs; ensuite on continuait avec les potions sudorifiques camphrées, les tisanes sudorifiques nitrées, et des lavements jusqu'à ce que la fièvre passât: cette terminaison avait lieu par les sueurs, et les selles abondantes; après cela, il restait à faire disparaître le bubon, et on l'obtenait par la voie des émollients: j'ai tenté de le résoudre, mais il ne m'a jamais été possible. Il est utile de faire connaître que les émétiques, les saignées, et les vésicatoires, qui paraissaient être indiqués, n'ont jamais répondu à mon attente. Je n'ai pas voulu ordonner l'emploi du fer et du feu pour extirper le bubon, parce que l'observation m'a appris que ces remèdes locaux n'agissaient pas d'une manière avantageuse.

Je dois observer que la partie thérapeutique de ces observations qui est très peu étendue ne se ressent que trop des circonstances au milieu desquelles je me trouvais, et où tout ne concourait pas à assurer mes succès. Ainsi il est possible que (p. 090) des moyens d'exécution énergiques et prompts qui m'ont manqué, aient influé sur le jugement, que j'ai particulièrement porté sur les révulsifs les plus puissants.

DESCRIPTION et TRAITEMENT
De l'ophtalmie d'Égypte, par le citoyen Savaresi, médecin ordinaire de l'armée d'Orient.[2]

Histoire pathologique de l'Ophtalmie.

L'ophtalmie vient frapper au milieu de l'état de santé le plus parfait; il est donc difficile de la prévenir, et elle est généralement locale: mais lorsqu'elle vient à prendre un mauvais caractère, le pouls est agité, et on peut la considérer comme une inflammation interne. Ses progrès sont rapides et sa terminaison est longue; si elle ne se (p. 091) termine pas en sept à huit jours, elle dure souvent un ou deux mois. J'ai attentivement observé dans le cours de cette maladie que l'œil gauche est plus affecté que le droit, et la gravité du mal paraît périodique. La diarrhée, la dysenterie, ou les fièvres tierces, surviennent quelquefois, et effacent jusqu'aux moindres traces de l'ophtalmie. La terminaison, quand la guérison ne s'annonce pas, est suivie de l'amaurosis, de l'obscurcissement de la vue, ou de la perte entière de l'œil, après avoir lutté contre les remèdes les plus forts et les plus actifs.

Des causes de l'Ophtalmie.

Je crois l'ophtalmie d'Égypte endémique; et voici les raisons sur lesquelles je fonde cette opinion.

Les campagnes de l'Égypte sont d'immenses plaines où la lumière est très vive; leur terrain est sec, friable, et brûlant, particulièrement l'été; il est argileux et crayeux, contenant le nitrate de potasse tout formé, le natron, et le muriate de soude; les jours sont brûlants et sereins, et les nuits fraîches, humides, et nébuleuses. Il est évident que ces circonstances physiques réunies doivent nuire aux yeux des animaux sur lesquels elles exercent leur action, et doivent agir en (p. 092) stimulant; ce qui attire le concours des humeurs, rompt l'équilibre du ton naturel de la partie en l'augmentant ou en le diminuant, ce qui fait naître l'ophtalmie sthénique ou asthénique. En effet, ce qui frappe le plus en Égypte un voyageur, c'est de rencontrer un nombre prodigieux d'aveugles ou de personnes affectées de maladies des yeux. L'ophtalmie attaque également les riches et les pauvres, les habitants des villes et ceux des campagnes. L'histoire nous apprend aussi que plusieurs des Pharaons moururent aveugles. Les animaux ne sont pas plus exempts que les hommes des maladies des yeux; la plupart des chiens sont aveugles ou borgnes, et beaucoup d'ânes, de chevaux, de bœufs, et de chameaux, ont les yeux tachés ou légèrement affectés. Je conclus de la réunion de tous ces faits, assez faciles à vérifier, que l'ophtalmie est endémique dans les pays arrosés par le Nil, et augmente dans les saisons chaudes, c'est-à-dire depuis le commencement de l'été jusqu'à la fin de l'automne.

Quelques-uns ont prétendu que les peuples qui se nourrissent de riz, ou qui en font un grand usage, comme les Égyptiens, sont sujets à cette maladie. S'il en était ainsi, les Italiens, et surtout les habitants de la Lombardie, qui en mangent deux fois le jour, devraient être incommodés de la même endémie. Cette opinion se trouvant encore démentie par l'exemple de plusieurs autres (p. 093) peuples ne demande pas une plus longue réfutation.

On compte ordinairement parmi les causes de l'ophtalmie une terre ou poussière nitreuse qui abonde en Égypte. Nous devons entendre par cette manière de s'exprimer les sels neutres produits par la combinaison de l'acide nitrique avec un alkali fixe ou une terre simple, qui, comme ils absorbent l'humidité de l'atmosphère, excepté le nitrate de potasse, ne peuvent se maintenir dans l'état neutre sous forme de poussière. Nous savons en outre que l'acide nitrique a plus d'affinité avec la barite et avec la potasse qu'avec la soude et les autres terres primitives; c'est par conséquent le nitrate de potasse qu'on a mal à propos appelé poussière nitreuse: je ferai bientôt voir que ce sel ne nuit point aux organes de la vue.

L'argile qui a l'alumine pour base, et la craie qui est une combinaison de l'acide carbonique avec la chaux, sont deux substances terreuses extrêmement répandues sur le sol de l'Égypte. L'expérience prouve que ces deux substances et leurs bases occasionnent sûrement l'ophtalmie. En effet je les ai introduites, après les avoir pulvérisées, dans les yeux de divers chiens, qui devinrent presque aveugles le lendemain de l'opération. J'ai éprouvé le nitrate de potasse sur divers autres chiens, et il n'a occasionné aucun mal. J'ai vu deux grenadiers se jeter, en plaisantant, (p. 094) de la chaux, qui porta sur leur visage et entra dans leurs yeux; ils eurent une ophtalmie qui les obligea de venir à l'hôpital, où je les traitai et les guéris: ces faits sont convaincants.

Presque tous les maçons de l'Égypte ont mal aux yeux, parce que dans leur travail mal entendu ils manient continuellement la chaux ou respirent dans une atmosphère chargée de molécules calcaires, crayeuses, argileuses. Les maçons d'Europe qui travaillent différemment sont peu sujets aux mêmes maladies.

On pourrait accumuler les exemples; mais cela contrarierait la brièveté que je me suis proposée.

Division nosologique de l'Ophtalmie.

L'ophtalmie est sthénique ou asthénique, c'est-à-dire née de l'excès ou du défaut de ton. Il n'y a qu'une espèce appartenant au premier genre, que je nomme inflammation du bulbe de l'œil; il y a deux espèces appartenant au second genre, que je distingue en inflammation des tarses, et inflammation de la conjonctive: chacune de ces trois espèces est caractérisée par des symptômes qui lui sont particuliers.

(p. 095) PREMIÈRE ESPÈCE.
Inflammation du bulbe de l'œil.

Les paupières rouges et enflammées s'ouvrent avec beaucoup de difficulté; une douleur insupportable du bulbe de l'œil correspond dans l'intérieur de la tête; les petits vaisseaux de la conjonctive sont tellement engorgés de sang, qu'ils forment une pellicule membraneuse qui entoure l'œil. La vue est obscurcie, couverte de nuages, quelquefois éteinte; on ne peut supporter la lumière; une excrétion purulente remplace les larmes; et les malades se plaignent souvent de sentir de petites pierres qui picotent leurs yeux, et un morceau de drap qui les recouvre.

SECONDE ESPÈCE.
Inflammation des tarses.

Gonflement des paupières supérieures, elles pâlissent et se relâchent; difficulté de les ouvrir; la lumière produit une sensation désagréable; le tarse est douloureux et enflammé; larmoiement.

(p. 096) TROISIÈME ESPÈCE.
Inflammation de la conjonctive.

La lumière est insupportable; la conjonctive est enflammée; douleur poignante; la vue trouble, épanchement de larmes.

Traitement de l'Ophtalmie.

J'ai commencé le traitement des trois espèces d'ophtalmie en purgeant indistinctement les malades avec une once de sulfate de magnésie; et j'ai ensuite continué d'administrer les remèdes propres à remplir les indications.

L'ophtalmie sthénique demande l'attention d'un médecin habile et observateur, parce que la guérison dépend de l'activité des premiers remèdes. Dans ce cas, un vésicatoire à la nuque, et une saignée locale à la temporale ou à la jugulaire, sont très utiles, et il ne faut pas les négliger: une heure après la saignée, on aperçoit un changement remarquable dans la maladie; le spasme et la douleur grave de la tête diminuent le lendemain, ou cessent de tourmenter. Quelquefois cet effet n'est pas si subit, et la maladie continue accompagnée d'une petite agitation fébrile: pour venir à bout de l'arrêter, il faut la (p. 097) saignée et les purgatifs. On prescrit un régime modéré; pour boisson, une décoction d'orge avec le tartrite acidulé de potasse, et un collyre résolutif et calmant, fait avec l'opium dissous dans l'esprit de vin, et une décoction de safran. Il faut continuer ce traitement jusqu'à ce que l'enflure diminue, et que les paupières viennent à se renverser avec une certaine augmentation de volume; phénomène constant, dû à l'affaiblissement et au relâchement des vaisseaux. Quand ce changement est survenu, on ordonne un collyre savonneux, qui consiste dans une dissolution de savon dans l'esprit de vin, dont l'usage rend aux paupières leur position naturelle, et elles se rouvrent librement, de manière à ce que l'on voit facilement la cornée transparente, légèrement rongée ou tachetée: dans le premier de ces deux cas, on emploie avec succès l'eau fraîche et le vinaigre, et dans le second un collyre sec, composé avec le sucre candi, le sulfate d'alumine, et le nitrate de potasse; ce qui détruit les taches en peu de jours. En prenant les topiques et les remèdes internes désignés ci-dessus, on obtient facilement la guérison dans l'espace d'un ou deux mois; si on vient à outrepasser ce terme, il faut désespérer de recouvrer l'usage des parties affectées.

Pour ce qui est relatif au traitement de la seconde espèce d'ophtalmie, j'ai employé un seul (p. 098) collyre tonique, ou une dissolution de sulfate de zinc dans l'eau mêlée avec du vinaigre et de l'eau-de-vie: ce remède a été très utile, et a guéri radicalement en vingt jours ou un mois.

Un autre collyre, fait avec le muriate de soude dissous dans l'eau mêlée au vinaigre, a servi à guérir la troisième espèce d'inflammation ophtalmique, qui est la plus simple, mais tenace comme la précédente. J'ai vu guérir cette indisposition sur les côtes de l'Italie avec de simples bains d'eau de mer.

Plusieurs louent l'application des cataplasmes émollients et résolutifs dans les trois espèces d'ophtalmie; mais l'observation apprend le contraire, et fait voir que ces moyens relâchent les parties, augmentent la douleur, et produisent d'autres mauvais effets.

Tel est le traitement dont je me suis servi dans les hôpitaux militaires; et sur environ mille malades que j'ai traités, je n'ai eu à déplorer le sort que de deux qui sont devenus aveugles, et de deux autres qui ont perdu un œil.

Moyens préservatifs de l'Ophtalmie.

Les moyens que j'ai à indiquer ne peuvent guère servir aux soldats, que leur profession et leurs exercices continuels privent de pareils soins; (p. 099) cependant ils peuvent être utiles à ceux qui auront plus d'aisance et de loisir.

D'abord il faut éviter de s'exposer à la lumière trop vive du soleil la tête découverte, et à l'humidité de la nuit sans se couvrir; en second lieu il faut se baigner les yeux deux ou trois fois par jour avec de l'eau claire, mêlée avec du vinaigre ou du suc de limon; il faut faire la même chose quand l'organe a été irrité par la poussière, la fumée, le frottement, une légère percussion; et, quand il a été affaibli par trop de lumière ou d'humidité, il faut y souffler des liqueurs spiritueuses ou toniques: enfin il faut s'abstenir soigneusement d'aliments salés, et en même temps exciter une transpiration modérée, conserver les cheveux un peu longs, éviter la fraîcheur quand on est échauffé, et entretenir la liberté du ventre.

Ces préservatifs simples sont appuyés sur l'observation et l'expérience; et, quand ils sont employés à propos, ils préviennent la maladie et conservent la vue.

(p. 100) NOTICE
Sur la topographie physique et médicale de Ssalehhyéh; par le citoyen Savaresi, médecin ordinaire de l'armée d'Orient.

Ssalehhyéh, dans la province de Charqyéh, est la réunion, au milieu d'une immense forêt de palmiers, d'une trentaine de petits hameaux bâtis avec une boue sablonneuse et séchée au soleil. On y observe douze à quinze petits lacs, qui restent à sec pendant l'été, et un grand nombre de fossés où l'eau vient se déposer et séjourner toute l'année. Il s'élève au milieu de ces hameaux une assez belle mosquée, en partie ruinée, dont le minaret surmonte la forêt, interrompt agréablement la régularité du rideau de verdure, et fait un bel effet dans le paysage. Ce monument, entouré d'une fortification élevée par les Français, et qui doit être considéré comme le point principal de tout ce canton, est situé, d'après les observations exactes et récentes du citoyen Nouet, au 29° 39' 30" de longitude, et au 30° 48' 28" de latitude boréale, méridien de Paris.

(p. 101) Les maisons des paysans, ou plutôt leurs huttes ont six pieds d'élévation sur quatre pieds de large et cinq pieds de long; il y en a de plus petites encore: quelques-unes sont blanchies intérieurement avec du plâtre; elles sont garnies d'un lit et d'une natte de palmier ou de jonc. Les hommes et les animaux vivent à peu près pêle-mêle. Les habitants sont Arabes, et de diverses tribus qui autrefois étaient ennemies et souvent en guerre.

La forêt, qui a trois à quatre lieues de tour, confine à l'est avec le désert, qui, d'après les modernes, sépare l'Asie de l'Afrique, ou forme l'isthme de Souès. C'est à environ deux heures de marche dans ce désert qu'eut lieu le combat de thermidor an VI, lorsque l'armée poursuivit Ibrahim bey dans sa fuite en Syrie.

Le terrain de cette contrée est composé de sable quartzeux et d'argile: on peut assurer que la proportion de la première partie avec la seconde est comme trois à un. Si ce pays était un an sans être arrosé, il deviendrait très aride: les eaux du Nil, qui y arrivent par des canaux, déposent dans leur trajet une assez grande quantité du limon dont elles sont chargées; mais cela ne suffit pas pour engraisser la terre, et la partie sablonneuse y prédomine toujours. C'est malgré cela le seul endroit de la basse Égypte où j'ai vu des prairies naturelles, ornées de fleurs de camomille, de gremil (lithospermum augustifolium. (p. 102) Lin.) de lichens et de narcisses, et qui offre des points de vue aussi agréables.

Quoique le pays présente peu de ressources, les habitants vivent assez bien; ils recueillent du blé et de l'orge; ils ont du trèfle, du tabac, de l'indigo, des radis, des banniers (hibiscus esculentus. Lin.), de la mauve, des dattes excellentes, du poisson, des poulets, des pigeons, des canards, des troupeaux de chèvres et de moutons. J'ai vu fort peu de buffles et de bœufs, et je crois qu'ils ne leur sont pas nécessaires, parce qu'ils arrosent à force de bras, et qu'ils défrichent la terre sans le secours de ces animaux.

Une multitude de hérons et d'oiseaux nageurs passent leur vie sur les bords des lacs dont j'ai parlé; ils y pêchent de petits poissons, et y cherchent des vers pour se nourrir. Les insectes sont en général, et comme dans le reste du désert, de la couleur parfaite du sable; de sorte qu'il y a trois ou quatre espèces d'orthoptères, qu'on ne peut distinguer que quand ils sautent. On prend beaucoup de hérissons dans les bois, et on y chasse le sanglier. Les corbeaux et les milans purgent promptement la terre des cadavres. Les chiens sont comme ceux du reste de l'Égypte. Les déserts voisins sont peuplés de gazelles, d'autruches, de caméléons, et de lézards prodigieux, tels que ceux que l'on fait voir par curiosité dans les rues du Kaire.

(p. 103) Au nord de la forêt il y a des tamaris, des saules et des nabkhs (rhamnus napeca. Lin.). J'ai trouvé la salsosa et la suæda, le chenopodium polyspermum. Lin., la filago gallica. Lin., le colchicum autumnale. Lin., le ranunculus sceleratus. Lin., l'alisma, plantago Lin., la fumaria officinalis. Lin., le buphtalmum spinosum. Lin., l'arthemisia absyntium. Lin., et la medicago marina. Lin. Les cyperus, communs sur les bords du Nil, sont ici très rares. La chicorée sauvage, la bourrache et la cynoglosse y croissent en abondance.

On a pour les arbres un respect religieux: cela tient-il à leur grande utilité, ou bien à l'usage où les habitants de ce pays sont d'enterrer quelquefois leurs morts au pied des arbres? Je frappais un jour avec une baguette le tronc d'un beau nabkh; un vieillard s'avança vers moi; il était ému et ses yeux étaient baignés de larmes: Cesse, me dit-il en suppliant, cesse de troubler le sommeil d'un cheikh vénérable qui repose sous les racines de cet arbre. Je me conformai à l'instant à ses désirs, et il me combla de bénédictions.

Les lieux incultes sont, comme le reste de l'Égypte, couverts de muriate de soude. J'ai observé deux citernes ruinées et bâties en brique, sur lesquelles on trouve une matière saline blanche, qui m'a paru du natron.

Il y a très peu de minéraux; on rencontre par fois des morceaux de lave qui sont des débris de meules.

(p. 104) Les habitants de Ssalehhyéh ont peu de maladies, et la mortalité est limitée chez eux. D'après un calcul que j'ai fait, l'ophtalmie attaque tous les ans la vingtième partie de la population. Il y a peu d'aveugles, et beaucoup de borgnes. La perte de la vue est souvent la suite de la petite vérole, qui fait de fréquents ravages, et se joint tous les dix ou quinze ans aux fièvres contagieuses qui se propagent d'ordinaire de Damiette. L'application du feu et les scarifications, moyens énergiques et par conséquent efficaces, quand l'emploi en est sagement déterminé, composent à peu près toute la médecine du pays, qui est d'ailleurs sain, et où il pleut sept ou huit fois par an dans l'hiver. Les habitants se baignent fréquemment dans les lacs. Ils sont sobres. Ils ont placé leurs cimetières loin de leurs habitations. Il est digne d'observation que les hommes et les femmes n'ont pas, comme dans le reste de l'Égypte, l'usage de se couvrir le corps de marques bleues, de noircir leurs paupières, et de colorer leurs ongles avec le henné (lewsonia inermis. Lin.), pratique au reste très ancienne chez les Arabes, même parmi les khalifes, et dont il est fait mention dans l'Histoire sarrasine d'Elmacin, traduite par Erpenius. J'ai vu à Ssalehhiéh un grand nombre de vieillards assez robustes, et n'ai pas observé un seul estropié. Il faut sans doute rapporter en grande partie cette belle conformation à la grande liberté (p. 105) des mouvements qui ne sont jamais comprimés dans l'enfance.

NOTICE
Sur la topographie physique et médicale de Belbeys; par le citoyen Vautier, médecin ordinaire de l'armée d'Orient.

Belbeys est une ville de la Charqyéh, et le chef-lieu du 4e arrondissement de l'Égypte, dans la division établie par l'ordre du général en chef Kléber, du 28 fructidor an VII.

Le citoyen Nouet, membre de l'institut, observant au camp un quart-d'heure en avant de Belbeys, en a déterminé la situation au 29° 13' 36" de longitude, et 30° 25' 36" de latitude, méridien de Paris, et à 24,687 toises ou 10 lieues 8 toises, à 2,283 toises par lieue, nord nord-est du grand Kaire, tour des janissaires.

La population actuelle est de deux mille habitants environ, tous musulmans, à l'exception de quelques familles de chrétiens, qui n'exercent aucun culte public, et s'y trouvent fixées seulement depuis l'occupation de l'Égypte par les Français.

On a cru mal-à-propos que Belbeys était bâtie (p. 106) sur les ruines de l'ancienne Bubaste. Les ruines de cette dernière ville sont à six lieues ou six heures de marche, nord nord-est de Belbeys.

Il paraît certain, d'après beaucoup de renseignements, que Belbeys est l'ancienne Pharbætis.

Belbeys était considérable lorsqu'Amauri, roi de Jérusalem, en fit le siège à la tête des croisés, l'emporta d'assaut, et la livra au pillage: depuis cette époque cette ville présente un aspect misérable; les rues sont mal percées et les maisons mal bâties. Il y a seulement une assez belle mosquée, en partie ruinée, et convertie par les Français en hôpital militaire. Les fortifications construites pour notre défense donnent pourtant à cette ville, un aspect et un caractère qu'elle n'avait pas auparavant.

Les environs de Belbeys sont, les uns déserts et sablonneux, et les autres susceptibles d'une belle culture. La partie du nord-est, qui s'étend vers le Mokatam, appartient au premier genre; le reste, abandonné depuis très peu de temps, et par une suite des circonstances de la guerre, était très bien cultivé.

Dans quelques fouilles aux environs de la ville j'ai trouvé beaucoup de terres argileuses, des bois pétrifiés, et une quantité considérable de briques. On remarque quelques traces de l'ancienne enceinte au nord et à l'est de la moderne.

Au nord-est et à cinq cents toises de Belbeys on voit les restes d'une digue appartenant à l'ancien (p. 107) canal de Souès, appelé depuis Abou-Menedjéd; cette digue était revêtue d'un quai en maçonnerie près de Belbeys. Le canal abreuvait la ville, arrosait les environs, servait au commerce, qui consistait principalement en blé et en graine de lin. Les sables portés par les vents ont comblé presque entièrement le canal, abandonné au dépérissement par une suite de l'insouciance des habitants, et de l'inertie coupable du gouvernement, qui n'est cependant institué partout que pour s'occuper de la prospérité publique: c'est l'époque à laquelle a commencé une grande stagnation dans l'activité et dans l'industrie des habitants, et la diminution de l'aisance qui est la récompense du travail. Il n'y a plus à Belbeys que quarante cinq tisserands, et onze fabriques ou moulins à huile de lin, qui se consomme sur les lieux, et s'exporte en Syrie.

On cultive le lupin en assez grande quantité dans les environs, et l'on en mange les graines après les avoir fait germer, ce qui leur enlève leur odeur nauséabonde.

On cultive également le henné dans les environs de Belbeys, et autour des villages de Zéribéh et Géty: on ne permet point à cet arbrisseau de s'élever à une grande hauteur, comme dans les jardins du Kaire, où l'on aime ses fleurs blanches et odorantes; on se contente de les laisser croître jusqu'à six à sept pieds de hauteur: on coupe les (p. 108) branches deux fois par an, ensuite on les entasse pour les faire sécher au soleil; après la dessiccation on sépare les feuilles des branches en les battant avec des massues: cette première opération faite, on ramasse les feuilles, que l'on passe dans un tamis afin d'en séparer la terre, ensuite on les pulvérise dans un moulin dont la meule est de granit, et divise en molécules très déliées. La poudre qui en est le résultat est encore passée dans un tamis de crin, afin d'en retirer les parties ligneuses qui ont pu rester dans la pulvérisation. On met ensuite la poudre dans des sacs de cent-vingt livres, et c'est ainsi qu'elle est répandue par la voie du commerce dans l'Égypte, la Syrie, et la Perse, où elle est employée avec beaucoup de succès dans la teinture des étoffes, particulièrement de laine. Les citoyens Berthollet et Descotils, membres de l'institut, ont déjà publié sur les propriétés tinctoriales du henné des observations qui ne me laissent rien à dire sur cet objet.

Les Égyptiens colorent en rouge orangé leurs ongles, et souvent la peau de leurs mains, avec une pâte faite de poudre de henné: c'est ordinairement à l'époque à laquelle ils vont contracter le mariage; et ce signe de leurs engagements répond en quelque sorte à nos fiançailles.

Indépendamment des productions dont j'ai parlé, on cultive encore dans la campagne du (p. 109) blé, des lentilles, des fèves, du tabac, de la coriandre, etc.

On a sans fondement donné le nom de Camp des Romains à l'enceinte d'une ancienne ville ou plutôt d'un temple égyptien d'une haute antiquité, qui se trouve près du village de Mit-Habit. Ces ruines sont désertes; mais les environs sont bien cultivés, arrosés par les eaux du Nil; ils sont ornés d'un grand nombre de dattiers.

Les habitants de Belbeys sont généralement secs, maigres, et très robustes. Il y a parmi eux beaucoup de vieillards; mais on ne peut, comme dans le reste de l'Égypte, fixer l'âge bien précis d'aucun d'entre eux.

Le caractère des habitants m'a paru doux, de même qu'ils m'ont paru attachés aux Français. Cette bienveillance, fruit de la justice de notre gouvernement, n'a pas même échappé à nos ennemis, quand le grand-vizir s'avança, l'an VIII, jusqu'aux portes du Kaire pour exécuter la partie de la convention d'êl-A'rych qui lui était avantageuse.

Les maladies dont les habitants de Belbeys sont le plus souvent affectés sont l'ophtalmie, la diarrhée, la dysenterie, les fièvres gastriques, et les intermittentes, la petite vérole discrète, et surtout la confluente, qui est, sans en excepter les fièvres pestilentielles, celle de toutes les maladies qui fait le plus de ravages en Égypte.

(p. 110) Les habitants sont très sujets aux vomissements, quand, après avoir mangé, ils boivent l'eau des citernes: les troupes françaises ont éprouvé la même indisposition. Cela tient à ce que ces eaux, surtout quand elles sont anciennes, contiennent beaucoup de gaz hydrogène sulfuré; mais en les exposant à l'air, en les agitant, en les versant de haut, on leur rend l'oxygène nécessaire pour être très bonnes et agréables à boire.

Le peuple écoute avec plaisir en Égypte les avis des médecins européens. En profitant de cette disposition confiante des esprits, on pourrait répandre des principes d'hygiène énoncés avec clarté et simplicité; et quand ils seraient réduits en pratique, l'on aurait beaucoup moins de maladies à craindre et à combattre.

NOTICE
Sur la topographie physique et médicale de Rosette; par le citoyen L. Frank, médecin ordinaire de l'armée d'Orient.

Rosette, située au 31° 54' 2" de latitude boréale, et au 28° 11' 24" de longitude, méridien de Paris, est l'une des plus belles villes de l'Égypte; elle est bâtie sur la rive occidentale du (p. 111) Nil, à une lieue et demie de la mer. En considérant les blocs considérables et les nombreuses colonnes de granit qui se trouvent fréquemment, on pourrait croire cette ville très ancienne; mais l'histoire ne fait pas remonter sa fondation plus haut que le huitième siècle. El-Macin nous apprend qu'elle fut bâtie sous le règne d'èl-Metouakel, khalife de Bagdad, vers l'an 870 de l'ère vulgaire, et sous le pontificat de Canna, patriarche des jacobites à Alexandrie.

Rosette, d'une forme demi-ovalaire, a à-peu-près une lieue de longueur sur un quart de largeur; les maisons y sont d'une forme élégante, construites assez solidement, et terminées par des terrasses: les rues ne sont point régulièrement alignées, et la plupart sont étroites; mais le quai qui borne le Nil est très beau, la vue en est extrêmement agréable. Il y règne de la fraîcheur et un grand mouvement qui produit beaucoup de diversion.

Au nord de la ville on trouve une place assez belle et très spacieuse; c'est là qu'est établi l'hôpital militaire, propre à recevoir commodément trois cents malades.

La ville est entourée de jardins, surtout au nord et au sud. La plupart de ces jardins sont hérissés d'orangers, de citronniers, de bananiers, de dattiers, etc., plantes sans aucun ordre. L'art de cultiver les orangers et les citronniers est absolument (p. 112) inconnu. Au reste l'hiver ne les dépouille point de leur verdure, et ils sont toujours comme au printemps; dans le temps des fleurs ils embaument au loin l'air que l'on respire. On cultive avec quelque soin une prodigieuse quantité d'excellentes plantes potagères, que l'on transporte à Alexandrie, dont le terrain stérile n'a pas les mêmes richesses. On trouve encore à Rosette et on en exporte des melons, des figues, des bananes, des pêches, des abricots, des grenades, des oranges, etc.

Au sud et au sud-ouest il y a des monticules de sable, et au nord une plaine à perte de vue très bien cultivée et très agréable.

Rosette est en face du fertile Delta, où l'on cultive entre autres choses une prodigieuse quantité d'excellent riz. Les rizières ne me paraissent pas entraîner l'insalubrité dont on se plaint tant et avec fondement en Europe.

Il est très difficile d'évaluer au juste la population d'aucune ville de l'Égypte; cependant je crois que celle de Rosette est de douze à quinze mille habitants. La population était beaucoup plus considérable, et peut-être double, il y a quelques années; mais une interruption notable dans le commerce intérieur et extérieur, ainsi que des épidémies fréquentes ont contribué à cette diminution. La célèbre peste appelée en Égypte d'Ismael-bey, (p. 113) qui a eu lieu en 1791, a fait à Rosette des ravages particuliers.

Le plus grand nombre des habitants de Rosette sont musulmans; le reste est Juif, ou catholique du rite grec ou latin. Le gouvernement des Mamelouks attachait peu d'importance à la diversité des cultes, et les tolérait tous.

Les habitants de Rosette sont généralement d'un caractère froid et tranquille, sans désirs, sans ambition, supportant également la bonne et la mauvaise fortune, rapportant tout à la volonté de Dieu. Les hommes passent le jour occupés à fermer, à leurs affaires, ou au milieu de leur famille; rarement ils se promènent même dans leurs suaves jardins. Tout ce qu'a raconté Savary sur les fréquents rendez-vous des jeunes Géorgiennes est une fiction de son imagination; les femmes ne sortent pas plus de leurs maisons que dans le reste de l'Égypte: c'est une habitude prise dès l'enfance, et non pas une contrainte.

Les hommes sont généralement d'une belle taille, robustes, et d'une physionomie mâle; leur marche est grave et mesurée.

Quant aux femmes, il est difficile de les voir et de les juger. La coutume de les voiler, qui nous paraît ridicule, n'est pas sans de grands avantages pour le bonheur individuel des familles. C'est dans l'Orient que les hommes peuvent se flatter d'avoir une femme qui leur appartient exclusivement, (p. 114) et des enfants qu'ils ont faits. Les femmes n'ont qu'une occupation, celle de plaire à leurs époux: il est vrai qu'elles sont aussi plus jalouses de la toilette, des belles étoffes et des bijoux, que les Européennes, et que c'est par leurs caresses qu'elles obtiennent tout ce qu'elles veulent. Quoique les femmes de ces contrées se croient assez instruites sur les moyens de concevoir aisément, elles consultent encore avec empressement les médecins sur cet objet. Un grand caractère de beauté pour les femmes est d'avoir de l'embonpoint, quelque loin qu'il soit porté; et ce que l'on peut dire de plus flatteur pour une femme c'est qu'elle est belle comme la lune.

Prosper Alpin a déjà parlé des différents moyens qu'emploient les femmes pour s'engraisser: mais je me propose de traiter amplement cette matière dans un ouvrage étendu, que je compte publier dès que les circonstances me le permettront, et dont l'annonce est déjà connue par une lettre adressée au citoyen Desgenettes, médecin en chef de notre armée, en date du 18 pluviôse an VIII, et imprimée le 30 du même mois dans le no 59 du courrier d'Égypte.[3]

(p. 115) La manière de vivre des habitants de Rosette est très simple, et offre un grand exemple de sobriété. L'eau du Nil devient saumâtre quand ce fleuve décroît, parce que l'eau de la mer vient s'y mêler; et on boit alors l'eau des citernes, que l'on remplit tous les ans dans le temps de la crue du fleuve.

Parmi les animaux domestiques celui qui prospère le plus est le buffle; son lait est très substantiel, mais sa chair est inférieure à celle du bœuf et des vaches. Plusieurs épizooties ont réduit considérablement le nombre de ces derniers animaux. Il est remarquable qu'au plus fort de la maladie les buffles vivaient pêle-mêle avec les bœufs et les vaches, prenaient la même nourriture sans en prendre la maladie.

Il y a beaucoup de chameaux à Rosette. L'entretien (p. 116) de cet animal utile est peu coûteux: mais il exige beaucoup de soins; si on charge mal un chameau on court risque de le blesser et de le mettre facilement hors de service. Ceux qui ont mangé du chameau le préfèrent au cheval. Les chameaux et les chameliers sont très sujets à la gale: on la traite chez les uns et les autres avec du soufre. Au reste la gale est très rare dans toute l'Égypte, même parmi les Juifs, qui, comme on le sait, sont partout ailleurs sujets à cette maladie de la peau.

Le climat de Rosette est beaucoup plus tempéré que celui du Kaire. Dans le printemps, l'automne, et l'hiver, l'atmosphère est sensiblement humide du coucher au lever du soleil. Il pleut en hiver quelquefois plusieurs jours de suite; et c'est ce qui a déterminé les habitants à bâtir solidement leurs maisons. Les vents du nord sont fréquents en été; on s'en aperçoit à la direction de quelques sycomores. Quand le vent diminue, on est abattu comme dans le reste de l'Égypte; et c'est le temps des maladies.

La peste, la dysenterie, la petite vérole, et les maux d'yeux sont les maladies les plus fréquentes et les plus redoutables à Rosette. Les moins dangereuses sont les affections hémorroïdales, l'asthme, la faiblesse, et les flatuosités de l'estomac. Le rachitis, la dentition difficile, et les convulsions (p. 117) enlèvent une quantité considérable d'enfants dans la première et seconde année de leur vie. On voit assez fréquemment une tuméfaction monstrueuse des extrémités inférieures.

L'expérience a prouvé qu'il est avantageux d'envoyer les convalescents du Kaire à Rosette: cette translation guérit souvent des dysenteries rebelles.

Rosette n'a ni médecins, ni chirurgiens, ni pharmaciens instruits ou expérimentés. Il est d'usage de traiter les maladies vénériennes avec la salsepareille et les bains; ce qui réussit. Ce qu'ils savent sur la peste se réduit à son histoire.

J'aurais désiré donner plus d'extension à cette notice; mais je n'ai pu me refuser à la rendre publique pour me conformer aux vues énoncées dans la circulaire du médecin en chef de l'armée, du 25 thermidor an VI.

(p. 118) NOTES
Pour servir à la topographie physique et médicale d'Alexandrie, rédigées
par le citoyen Salze, médecin ordinaire de l'armée d'Orient.

Oui, ces ruines même ont encore des attraits!
Là, si le cœur nourrit quelques profonds regrets,
Si quelque souvenir vient rouvrir sa blessure,
Il peut mêler son deuil au deuil de la nature.

Delille, Poème des Jardins.

Alexandrie, à l'ouest et à 95,016 toises de distance du Kaire, ou 41 lieues et 6 toises, en comptant les lieues à 2,283 toises, est située au 30° 33' 4" longitude, et au 24° 59' 59" de latitude boréale, méridien de Paris; cette ville est bornée au nord et au couchant par la mer, à l'est par le Khalish, et au midi par le lac Maréotis: on la divise en ville vieille et nouvelle; il ne reste de la vieille ville qu'une vaste enceinte de murailles, flanquées de tours très élevées de distance en distance, et dont la majeure partie est déjà minée (p. 119) par le temps. Ce qui est contenu dans cette enceinte n'offre de tous côtés aux yeux du spectateur affligé qu'un amas confus de décombres et de ruines, tristes restes de la magnificence d'une ville réputée jadis une des premières du monde, et qui n'est plus célèbre aujourd'hui que dans les livres des historiens. Au lieu des palais superbes et des brillants édifices qui en faisaient autrefois la splendeur, on n'y trouve plus maintenant que quelques villages ou hameaux, mal bâtis, assez peuplés, et habités par des Turks: ils sont environnés d'une quantité de petits jardins, plantés de palmiers, cultivés par ces mêmes Turks, et un peu fertilisés à force de travail et d'arrosage; les tapis de verdure qu'ils produisent, et qui contrastent d'une manière frappante avec la blancheur des sables, et les monceaux de ruines accumulés de toutes parts, ne laissent pas que de récréer un moment, et vus d'un certain point d'élévation, leur ensemble forme vraiment un coup d'œil pittoresque.

Les édifices peu anciens, qu'on y trouve à quelque distance les uns des autres, sont, le couvent grec, et son hospice, la mosquée de S.-Athanase, aux trois quarts ruinée, le couvent des capucins, converti en hôpital militaire, quelques bains turcs, le fort dit triangulaire, et une autre mosquée très grande, dont on a fait l'arsenal. Les deux montagnes, dont l'une à l'est, et l'autre au midi (p. 120) de la ville, ont servi à y établir deux forts redoutables, portant les noms de Crétin et Caffarelli, généraux qui ont commandé l'arme du génie. Ces deux grandes élévations paraissent n'être que le produit d'un amas de terres rapportées... Il n'y a, à proprement parler, que deux monuments très anciens qui soient encore dans leur entier, et vraiment dignes de nos hommages; ce sont les deux obélisques chargés d'hiéroglyphes, qu'on trouve sur le bord de la mer, à peu de distance du couvent grec, dont l'un est encore sur pied, et l'autre renversé, communément appelés Aiguilles de Cléopâtre, et la fameuse colonne dite de Pompée, à quelques centaines de pas hors la porte du même nom. Il en existait outre cela un troisième dans la mosquée S.-Athanase; c'était un grand vase de porphyre, en forme de baignoire, orné d'hiéroglyphes tant en dehors qu'en dedans. À cela près, de quelque côté que l'on porte la vue, elle est continuellement fatiguée par l'image sans cesse renaissante de la destruction: vainement s'efforcerait-on de chercher à reconnaître dans quelques restes d'édifice épars çà et là la place de tel ou tel autre monument ancien; on ne peut former là-dessus que des conjectures, sans établir au fond la moindre certitude... Le lithologiste et l'antiquaire seuls peuvent y trouver à chaque pas sous leurs yeux, ou en faisant quelques légères fouilles, des morceaux dignes de piquer leur curiosité, (p. 121) et propres à perfectionner leur goût pour ces deux sciences. Je ne m'étendrai pas davantage sur ce qui concerne l'emplacement de l'ancienne ville.

La nouvelle ville, construite par les Turks, est renfermée dans l'espace que la mer en se retirant a laissé entre les anciens murs, et son rivage actuel; elle est resserrée dans ses flancs par deux grands bassins de forme demi-circulaire, qui constituent les deux ports, dont l'un a son embouchure entre le nord et l'est, nommé Port neuf, et l'autre entre le midi et l'ouest, nommé Port vieux: ce dernier est beaucoup plus vaste, plus commode, et plus sûr que l'autre.

Le grand espace de terre qui sépare les deux ports, et qui ferme la ville du côté de l'ouest, se termine en une pointe dite, des Figuiers, parce qu'il y a beaucoup de ces arbres plantés dans les environs. En partant de cette pointe et allant vers le nord, on découvre une petite île nommée Pharos, et plus loin, toujours dans la même direction, on aperçoit un chemin couvert, long, étroit, et bâti en avant dans la mer; il conduit à l'endroit où existait jadis l'ancien phare, une des sept merveilles du monde. Que les temps sont changés!... ce n'est plus aujourd'hui qu'un vieux château, à moitié délabré, et qui serait bientôt tombé en ruine si les Français ne l'eussent un peu relevé: on en a fait une forteresse.

(p. 122) Une grande place nue, et qui n'a d'autre ornement que les nouveaux remparts qu'on vient d'élever tout autour, forme l'entrée de la ville du côté de l'est; elle sert de promenade journalière; dans le temps des pluies, cette place est presque toute inondée; et comme elle n'a aucune pente du côté de la mer, les eaux y séjournent, s'y putréfient, et chargent l'atmosphère d'une grande quantité de vapeurs méphitiques. Pour détruire cette cause d'insalubrité, il ne s'agirait que d'exhausser un peu le terrain de la place, d'y établir une pente douce du côté de la mer, et d'y pratiquer de petits canaux qui faciliteraient l'écoulement des eaux. S'il était possible encore d'y planter des arbres, et d'y faire croître du gazon, l'air n'en deviendrait que plus salubre.[4]

Du climat d'Alexandrie.

Alexandrie, par sa position, et son voisinage de la mer, est soumise plus qu'aucune autre partie (p. 123) de l'Égypte à l'influence des différents vents, et les saisons y sont plus distinctement marquées.

Depuis l'équinoxe d'automne jusqu'à l'équinoxe du printemps les vents soufflent le plus ordinairement de l'est et de l'ouest, mais avec une variété étonnante. C'est alors la saison des pluies. Elles commencent à tomber en novembre, et se prolongent jusqu'en décembre et au-delà: je les ai vues très fréquentes et de très longue durée pendant l'hiver de l'an VII. L'atmosphère, dans ce temps là surtout, est sujette à des variations sans nombre, et il faut être bien en garde contre tous ces changements pour n'en être point offensé.

Depuis l'équinoxe du printemps jusqu'au solstice d'été mêmes vents à-peu-près, et toujours même variété. On ressent alors de temps en temps l'impression chaude, pesante, et malsaine, du vent du sud, nommé en arabe camsin, parce qu'il est censé durer cinquante jours. Cette espèce de vent serait très nuisible à la santé des hommes et des animaux s'il donnait seulement quatre à cinq jours de suite; sa plus longue durée ici a été de trente-six heures; je ne l'ai jamais vu aller au-delà; communément même il ne dépasse pas vingt-quatre heures. Il est ordinairement remplacé par un vent d'est rafraîchissant; quelquefois il est suivi d'un ouragan, qui se termine par une légère (p. 124) pluie, après quoi le temps redevient frais et serein comme auparavant.

Depuis le solstice d'été jusqu'à l'équinoxe d'automne on est journellement soumis à l'action des vents du nord ou alisés: ils sanifient l'air, tempèrent beaucoup les chaleurs de la saison, et rendent l'été infiniment plus supportable qu'au Kaire et dans tout le reste de l'Égypte; cependant, comme ces vents sont extrêmement frais, et même un peu violents dans certains jours, il faut bien se donner de garde de s'exposer trop tôt à leur contact, au sortir d'un lieu chaud, ou après une transpiration abondante.

De la constitution physique des habitants d'Alexandrie.

Les habitants d'Alexandrie sont généralement bien constitués, et robustes. Il y a parmi eux beaucoup de vieillards, hommes et femmes. La sobriété, qui est une de leurs principales vertus, est aussi pour eux le préservatif le plus sûr contre une foule d'infirmités qui assiègent les Européens: on ne voit presque pas chez eux de rachitiques, de poitrinaires, et enfin autant de valétudinaires que chez nous.

La classe la plus maladive est celle des enfants depuis le moment de leur naissance jusqu'à l'âge de sept à huit ans: ce ne sont que des êtres (p. 125) faibles, mal constitués, et presque toujours souffrants; ils ont le ventre tuméfié, la figure maigre et rapetissée; la couleur de la peau sur toute l'étendue du corps est jaunâtre; les membres prennent peu d'accroissement; on dirait, en un mot, qu'ils sont tous voués à une mort prématurée: un grand nombre succombe dans cet espace de temps. Ce n'est guère que vers l'âge ci-dessus désigné qu'il s'opère chez les enfants une révolution subite et heureuse; alors leurs membres se déploient, l'enflure du ventre disparaît, les traits de la physionomie prennent un caractère plus marqué; tout annonce qu'ils vont devenir des hommes forts et vigoureux.

L'âge de puberté pour les garçons est de douze à quinze ans, et pour les filles de onze à quatorze. Les filles et les femmes éprouvent ici comme ailleurs toutes les maladies particulières à leur sexe; peut-être cependant moins fréquemment par une suite de leur éducation physique et morale. L'époque de la cessation du flux menstruel est pour la plupart de trente-cinq à quarante ans; chez plusieurs il se prolonge jusqu'à quarante-cinq.

La fécondité est très considérable, ainsi qu'il est aisé de le voir par le nombre prodigieux d'enfants qui survivent.

Le terme de la vie est généralement assez prolongé; le plus ordinaire est de soixante-dix à quatre-vingts ans: un grand nombre dépasse cet âge; (p. 126) il y en a qui à plus de cent ans sont encore en état d'agir.

Des maladies qui attaquent le plus fréquemment les habitants d'Alexandrie.

Les maladies internes les plus familières sont la petite vérole et les fièvres pestilentielles.

La petite vérole fait de très grands ravages parmi les enfants. Si on connaissait la véritable manière de la traiter, ses effets seraient beaucoup moins funestes.

Quant aux fièvres pestilentielles, elles n'ont point depuis notre arrivée en Égypte frappé les habitants dans la même proportion que nos troupes, surtout dans l'an VII; car l'an VIII il y a eu peu de chose, et presque rien dans l'an IX. Précédemment à notre arrivée ces fièvres ont fait de grands ravages: on leur donne peu de soins, et on ne cherche point à se prémunir contre leur communication. Le fatalisme fait regarder par les musulmans ce fléau avec indifférence; ils considèrent même comme privilégiés du ciel ceux qui en sont attaqués mortellement.

Les maladies externes les plus ordinaires sont l'ophtalmie, l'enflure œdémateuse des extrémités inférieures, les hernies de toute espèce, les sarcocèles, la gale, et quelques autres maladies de la peau.

(p. 127) Leur médecine est un composé de superstition, et de remèdes sans action bien déterminée, ou trop violents.

ANNONCES.

Mémoires du citoyen Pugnet, médecin ordinaire de l'armée d'Orient.

I. Aperçu physique et médical de la haute Égypte.

II. Examen de ces deux questions: La peste est-elle endémique en Égypte? Est-il possible de la bannir de cette contrée?

III. Observations pratiques sur l'épidémie de Syrie dans l'an VII.

IV. Histoire de la contagion pestilentielle qui s'est développée à Damiette pendant le cours du premier été de l'an VIII.

V. Notes sur la peste observée au Kaire dans l'an IX.

VI. Essai médical sur le dem-êl-mouia.


Topografia di Alessandria di Alessandro Gisleni, medico ordinario dell' armata francese in Oriente. Anno IX.


(p. 128) Mémoire sur la peste observée en Égypte; par le citoyen Gaetan Sotira, médecin ordinaire de l'armée d'Orient.

On doit avertir que des observations et des calculs ultérieurs ont fait connaître des inexactitudes qui se sont glissées relativement à la position de différents points de l'Égypte; ces erreurs seront incessamment rectifiées par un tableau de corrections qui sera publié dans le quatrième volume des Mémoires sur l'Égypte.

(p. 129) OBSERVATIONS météorologiques, communiquées par le citoyen Nouet au citoyen Desgenettes, pour servir à l'histoire physique et médicale de l'armée d'orient.

Température au thermomètre de mercure, division de Réaumur.

À Alexandrie,
thermidor an 6.
À Alexandrie,
fructidor an 6.
Au Kaire,
vendémiaire an 7.
Jours Midi °   Jours Midi °   Jours Matin ° Midi °
1 23,0   4 23,5   13 16,5 25,5
2 23,0   5 23,5   14 18,3 25,0
3 22,0   6 23,5   15 17,5 22,0
4 23,0     16 17,0 21,0
7 23,0     17 17,5 23,0
9 24,0   Au Kaire,
vendémiaire an 7.
18 18,5 23,0
10 23,7     19 18,0  
12 22,5     20 19,3  
14 23,5   Jours Matin ° Midi ° 21 18,3  
15 23,0   4 17,0 21,5 22 16,0  
16 23,5   5 16,5 21,3 23 17,7 23,5
19 24,0   7 17,0 21,5 24 17,0  
21 24,0   8 17,0 21,7 25 16,0 20,0
25 23,5   9 17,0 21,7 26 15,3 19,3
29 23,5   10 16,5 22,0 27 13,0 20,0
30 23,3   11 17,0 23,5 28 16,0 20,0

(p. 130) Température au thermomètre de mercure, division de Réaumur.

Au Kaire,
vendémiaire an 7.
Au Kaire,
brumaire an 7.
À Damiette,
frimaire an 7.
Jours Matin ° Midi ° Jours Matin ° Midi ° Jours Matin ° Midi °
29 12,0 19,0 25 19,0 17,5 21   16,0
30 13,0   26 12,5 18,0 22   16,0
Brumaire. 27 13,3 17,5 23   16,0
1 15,3   28 13,0 17,7 24   17,0
3 13,5 19,0 29 10,0 17,0 25   15,0
4 12,0 19,0 30 13,5 17,0  
5 12,0 19,0 Frimaire.  
6 12,0 18,0 1 9,5 19,0 À Salehhiéh.
7 12,0 17,3 2 9,5 17,7 28   13,5
8 11,5 18,3 3 8,5 17,0 29   17,5
9 11,5 18,5 4   16,5 30   17,0
10 13,0 18,0    
11 10,3 17,5    
12 11,0   À Damiette. À Belbeys,
nivôse an 7.
13 12,0   7   19,0  
14 12,0 20,0 8   17,0 2   21,0
15 13,5   9   16,0 3   17,5
16 11,7   10   16,0 4 5,5 14,5
17 11,5 19,0 11   16,0 5 4,7 18,5
18 11,3   12   17,0 6 2,0 15,3
19 13,5 18,3 13   18,0 7 4,0 16,0
20 13,0 18,3 14   18,0 9 5,0  
21 11,5 18,3 17   18,0 10 5,0 17,0
22 11,3 18,3 18   18,0 11 2,0 16,5
23 11,7 17,5 19   17,0 12 3,0 17,0
24 9,5 17,7 20   17,0 13 5,0 16,0

(p. 131) Température au thermomètre de mercure, division de Réaumur.

À Belbeys,
nivôse an 7.
Au Kaire,
pluviôse an 7.
Au Kaire,
germinal an 7.
Jours Matin ° Midi ° Jours Matin ° Midi ° Jours Matin ° Midi °
14   14,5 20 5,5   16 11,0  
16   12,5 22 12,0 18,0 17 11,5  
  24 5,5 11,5 Floréal.
Au Kaire. 25 3,5   1 13,5  
  26 7,5   7 17,0 26,5
17 7,0 13,0 27 8,3   8 15,0 28,0
18 6,5 12,3 28 7,3   9 19,0 25,5
19 6,0 11,0 29 6,3   10 15,5 28,0
20 5,0 11,5 30 7,0   11 15,0 22,0
21 5,0 12,3 Ventôse. 12 10,5 22,0
22 6,0 13,5 4 5,0   13 12,0  
23 7,0 14,0 5 6,0   14   22,5
  7 8,5   15 13,0  
À Souès,
pluviôse an 7.
8 6,5   16 9,5  
  9 6,0   18 16,5  
  10 6,3   22 14,0 24,0
1   16,0 14 6,5   Prairial.
2 7,5 15,0 16 4,0     Matin ° À 3 h.
3 4,0 18,5 17 8,0   1 21,5 30,0
4 5,0 15,0 19 7,0   2 21,0 29,5
5 2,0 13,0 20 16,0   3 18,0 28,0
6 3,0 13,0 21 11,0   4 18,0 28,5
7 4,0 12,0 23 6,5   5 16,0 27,0
8 2,5 13,0 27 8,0   6 17,5 27,0
9 4,5 12,5 Germinal. 7 15,3 25,5
10 8,5 15,0 15 16,0   8 16,0 23,0

(p. 132) Température au thermomètre de mercure, division de Réaumur.

Au Kaire,
prairial an 7.
Au Kaire,
messidor an 7.
Au Kaire,
thermidor an 7.
Jours Matin ° À 3 h. ° Jours Matin ° À 3 h. ° Jours Matin ° À 3 h. °
9 17,0 26,3 3 21,0 27,0 1 19,5 29,5
10 17,0 26,3 4 16,0 26,0 2 19,0 29,5
11 16,0 27,0 5 15,0 27,0 3 19,0 29,7
12 16,0 26,5 6 17,5 27,0 4 17,0 29,5
13 15,0 27,0 7 16,0 28,0 5 20,0 29,0
14 16,0 26,0 8 19,0 28,5 6 19,0 28,5
15 15,5 26,5 9 18,0 29,0 7 20,0 29,5
16 16,7 28,0 10 17,0 30,5 8 18,5 29,0
17 17,0 28,5 11 19,5 28,5 9 20,0 31,0
18 17,0 28,5 12 19,0 28,0 10 20,0 31,0
19 17,3 30,5 13 19,3 28,0 11 20,0 30,5
20 19,5 30,0 14 20,0 28,5 12 20,0 30,5
21 19,0 30,0 15 16,5 29,5 13 20,5 30,0
22 17,5 27,5 16 20,0 29,0 14 20,0 29,3
23 18,5 28,5 17 17,5 28,0 15 20,5 28,0
24 19,0 28,0 18 19,0 28,0 16 20,0 27,0
25 17,5 28,3 19 18,0 28,0 17 19,0 27,0
26 20,0 30,5 20 19,0 30,5 18 18,0 28,0
27 20,3 31,5 21 23,0 30,5 19 21,5 29,5
28 17,5 32,7 22 20,0 28,5 20 19,5 29,0
29 20,5 30,0 23 20,3 28,5 21 22,5 28,0
30 17,0 26,0 24 18,0 29,5 22 22,0 28,0
  25 18,0 28,5 23 22,5 27,5
Messidor. 26 17,5   24 21,0 28,5
1 17,0 27,0 29 19,0 30,0 25 20,0 28,0
2 17,0 22,0 30 19,0 30,5 26 19,3 28,0

(p. 133) Température au thermomètre de mercure, division de Réaumur.

Au Kaire,
thermidor an 7.
Au Kaire,
frimaire an 8.
Au Kaire,
nivôse an 8.
Jours Matin ° À 3 h. ° Jours Matin ° À 3 h. ° Jours Matin ° À 3 h. °
27 20,5 28,5 5 8,5 15,0 5 9,5 17,5
28 19,5 28,0 6 9,0 15,5 6 7,0 18,0
29 11,5 28,0 7 8,0 17,0 7 7,7 18,3
[5] 8 7,3   8 12,0 18,5
9 7,7 14,0 9 10,3 17,5
10 6,5   10 7,3 16,5
11 7,0 16,3 11 10,7 14,5
12 6,5 16,5 12 5,3 13,0
13 5,3 15,5 13 5,0  
14 8,0   14 5,5 13,5
15 8,0 19,0 15 4,0 14,0
16 8,5 17,5 16 5,3  
17 8,5 18,5 17 5,5 16,5
18 8,7 17,0 18 7,0  
Brumaire an 8. 19 8,3 16,7 19 7,0  
  20 9,0 18,0 20 4,0 16,0
26 12,0 17,0 21 8,5   21 5,0 17,0
27 10,3 16,0 22 10,0   22 5,5 16,5
28 9,5 15,7 23 6,3   23 7,5 16,3
29 9,7 17,0 29 7,3 20,0 24 6,0 17,3
30 9,3 19,5 30 8,5 20,0 25 7,0 16,0
Frimaire. Nivôse. 26 8,5 18,5
1 9,5 18,5 1 8,7 18,3 27 10,0 17,5
2 10,5 17,0 2 9,5 18,0 28 11,0 19,5
3 9,3 18,0 3 12,0 16,5 29 10,5 17,0
4 8,5 16,5 4 12,0 16,0 30 10,5 16,5

(p. 134) Observations hygrométriques au Kaire.

Prairial an 7. Messidor an 7. Thermidor an 7.
Jours Matin ° À 3 h. ° Jours Matin ° À 3 h. ° Jours Matin ° À 3 h. °
4 39 22 2 50 14 2 76 26
5 58 20 3 64 25 3 77 24
6 27 20 4 72 29 4 77 27
7 66 22 5 75 23 5 77 27
8 58 35 6 71 25 6 78 19
9 60 32 7 62 32 7 77 24
10 61 25 8 62 25 8 73 20
11 65 22 9 65 23 9 73 20
12 65 23 10 66 26 10 68 16
13 68 23 11 74 21 11 78 19
14 62 25 12 75 26 12 76 26
15 65 26 13 64 31 13 78 12
16 61 14 14 71 27 14 78 25
17 68 21 15 73 23 15 78 24
18 66 20 16 57 33 16 72 32
19 68 19 17 76 25 17 65 31
20 65 19 18 76 32 18 78 26
21 72 16 19 78 25 19 76 12
23 71 21 20 60 16 20 70 21
24 70 21 22 77 22 21 60 31
25 60 20 23 70 25 22 63 27
26 59 19 24 78 25 23 72 33
27 58 22 25 75 22 24 74 19
28 59 15 26 75 23 26 79 35
29 44 22 29 76 25 27 77 29
30 64 28 30 78 21 28 78 28
Messidor. Thermidor. 29 75 31
1 68 29 1 76 20 30 77 32

(p. 135) Observations hygrométriques au Kaire.

Brumaire an 8. Frimaire an 8. Nivôse an 8.
Jours Matin ° À 3 h. ° Jours Matin ° À 3 h. ° Jours Matin ° À 3 h. °
26 80 60 23 79   25 78 49
27 80 68 29 78 31 26 60 27
28 68 55 30 78 27 27 44 32
29 72 46 Nivôse. 28 45 24
30 72 30 1 78   29 76 54
Frimaire. 2 77 55 30 76 57
1 70 31 3 74 67  
2 73 35 4 74    
3 61 37 5 79 57 Les 26, 27, et 28, vent sud.
4 78 45 6 78 47
5 79 63 7 74  
6 79 60 8 33 29
7 79 42 9 61 35
8 80 43 10 76 44
9 79 47 11 76 58
10 80 45 12 79 48
11 79 45 13 78 48
12 79 39 14 78 50
13 75 34 15 79 53
14 56 34 16 79 55
15 58 32 17 79 59
16 79 41 18 78  
17 79 43 19 78  
18 63 28 20 78 58
19 50 45 21 79 46
20 76 47 22 73 43
21 79   23 74 55
22 79   24 78 52

(p. 136) Observations météorologiques faites au Kaire pendant le premier trimestre de l'an 9, et communiquées par le citoyen Nouet au citoyen Desgenettes.

(Thermomètre de mercure, division de Réaumur.)

Jours du mois. Vendémiaire Brumaire. Frimaire.
Au lever du soleil. À midi À 2h. 1/2. Au lever du soleil. À midi À 2h. 1/2. Au lever du soleil. À midi À 2h. 1/2.
1 17,0 21,0 22,0 13,5 17,5 19,5 9,5 16,3 19,3
2 18,0 21,0 22,5 13,0 17,5 19,0 10,3 16,0 16,3
3 17,5 20,5 21,5 14,0 19,3 21,0 10,0 14,5 16,0
4 17,0 21,0 22,0 15,3 18,7 20,0 9,0 15,3 16,0
5 18,5 21,0 22,5 13,7 18,3 20,0 8,0 16,0 17,0
6 17,3 20,7 22,0 13,3 17,7 19,0 8,0 15,3 17,0
7 16,3 21,0 22,0 13,3 19,0 20,5 8,0 15,5 18,5
8 17,0 20,7 22,0 13,5 18,0 20,0 9,5 16,0 16,3
9 17,0 21,0 22,5 13,5 17,7 19,0 7,7 15,5 15,7
10 17,7 21,0 22,0 13,0 17,0 18,0 6,0 15,0 17,3
11 17,0 20,7 22,0 13,7 17,5 18,0 7,0 13,7 16,5
12 17,0 21,0 22,0 12,0 16,0 18,5 6,3 14,0 17,0
13 17,3 20,5 20,5 12,0 16,5 19,0 7,0 14,0 16,3
14 15,3 19,0 20,0 11,7 17,0 18,5 8,3 15,0 15,5
15 15,0 19,0 20,0 11,7 16,3 18,0 8,0 15,0 16,5
16 14,7 19,0 20,5 11,5 16,5 18,5 8,5 15,7 16,0
17 15,5 19,5 21,0 12,3 17,0 18,3 7,5 16,0 15,0
18 16,3 19,5 21,0 11,5 16,5 18,5 10,0 14,7 15,3
19 16,5 19,5 21,0 11,3 16,0 18,3 10,0 16,0 16,3
20 16,5 19,5 21,0 11,3 17,0 17,7 10,0 16,0 17,0
21 16,3 20,0 22,0 11,5 17,3 18,3 8,5 16,0 17,0
22 17,0 20,0 21,5 12,0 17,7 18,0 8,0 16,0 16,0
23 17,0 19,0 21,0 12,7 18,0 18,5 9,0 15,0 17,0
24 18,0 20,5 21,5 11,3 18,0 19,3 7,7 14,5 17,0
25 18,0 20,5 21,0 12,0 19,0 20,0 7,0 14,3 16,0
26 14,5 20,5 21,0 10,5 16,3 19,0 7,7 15,0 16,5
27 15,3 20,0 21,5 10,3 17,0 18,0 9,7 13,3 16,0
28 16,0 19,3 21,0 11,8 16,0 17,0 10,5 14,3 16,0
29 14,7 19,7 20,5 8,3 17,3 18,7 7,0 14,5 15,5
30 13,5 18,5 19,5 10,0 16,5 19,0 7,0 13,7 14,0

(p. 137) Observations météorologiques faites au Kaire pendant le second trimestre de l'an 9, et communiquées par le citoyen Nouet au citoyen Desgenettes.

(Thermomètre de mercure divisé en 80 degrés entre la glace et l'eau bouillante.)

Jours du mois. Nivôse. Pluviôse. Ventôse.
Au lever du soleil. À midi Plus grande chaleur. Au lever du soleil. À midi Plus grande chaleur. Au lever du soleil. À midi Plus grande chaleur.
1 9,3 16,0 16,0 6,3 13,0 14,3 9,0 16,5 17,0
2 9,5 13,5 14,3 6,0 12,3 13,3 12,0 20,5 22,3
3 10,7 13,5 14,5 5,0 13,0 14,5 11,5 16,0 16,3
4 4,7 12,0 13,0 5,0 12,5 14,7 9,0 15,0 16,0
5 8,0 13,0 13,7 4,3 14,7 14,3 6,5 14,0 15,0
6 4,0 11,7 13,0 4,5 14,0 16,3 9,0 14,5 15,0
7 5,3 12,0 13,5 11,0 17,0 17,0 8,0 17,0 19,5
8 5,0 11,3 14,5 12,0 13,0 13,0 9,0 15,7 17,5
9 5,5 12,0 15,0 7,0 13,0 15,0 9,0 15,7 17,0
10 8,0 12,3 14,5 8,5 13,7 15,0 8,0 14,0 16,0
11 8,0 12,7 15,7 9,0 14,5 15,0 9,0 14,5 14,5
12 6,0 12,7 15,0 8,0 14,0 15,3 7,5 14,0 14,5
13 6,0 13,3 15,0 8,5 14,0 15,0 7,3 12,5 13,0
14 7,5 12,0 13,0 7,3 13,5 14,0 7,0 14,0 15,3
15 7,5 13,0 13,5 6,0 12,6 15,0 7,5 16,0 17,0
16 8,3 12,0 13,0 3,8 13,2 14,5 7,5 15,7 17,5
17 7,0 12,7 13,7 4,5 13,0 14,0 8,0 18,0 19,7
18 6,0 11,5 11,0 7,3 13,5 14,5 9,0 14,5 15,5
19 6,0 11,5 13,5 5,7 13,0 14,5 8,0 13,3 15,0
20 6,0 14,0 14,0 7,0 15,0 17,0 7,5 15,0 16,0
21 7,3 13,0 13,3 7,5 16,5 17,5 8,0 14,7 17,3
22 5,0 12,0 13,5 7,3 15,3 16,8 8,0 14,3 16,3
23 4,7 13,0 14,0 7,0 15,0 14,5 6,6 14,7 16,5
24 5,7 13,3 14,5 6,0 15,0 16,5 8,0 19,0 20,0
25 6,0 13,3 14,0 5,0 13,5 14,3 9,5 14,7 15,5
26 5,0 12,0 12,6 9,3 14,0 15,0 4,7 15,0 16,5
27 10,0 16,0 17,6 9,0 15,5 17,3 5,0 16,5 16,0
28 7,0 14,5 16,0 7,0 15,5 16,0 10,0 17,0 16,7
29 6,7 13,0 15,0 9,0 15,3 17,0 10,5 16,5 20,0
30 6,0 13,0 14,0 8,0 16,5 17,0 8,5 16,0 17,0

(p. 138) Observations sur la pesanteur de l'air, la direction des vents, et l'état du ciel, communiquées par le citoyen Coutelle au citoyen Desgenettes.

JOURS. HEURES. BAROM. VENTS. ÉTAT DU CIEL.
Frimaire an 8. Matin. Soir. po. lig.    
22 5   28 3-3/4 N.E. Nuages.
  10   28 3 E. Clair.
23 7   28 3 N.N.E. Nuages légers.
  12   28 2-1/5 E. Clair.
    10 28 3 S.E. Clair.
24 6   28 2 S. Clair.
27 6   28 2-1/4 S. Clair.
  9   28 2-1/* S.S.O. Clair.
    6 28 2-*/* S.O. Clair.
28 7   28 3-1/2 S.S.O. Clair.
  12   28 3 E.N.E. Nuages.
    10 28 3-3/* E. Clair.
29 7   28 3-1/4 S. Clair.
    2 28 3-1/* O. Couvert.
    6 28 3-3/5 E. Clair.
30 7   28 4 S.O. Quelques nuages.
  12   28 3-*/* N.E. Nuages au nord.
    4 28 3 E.N.E. Clair.
    10 28 3-1/4   Clair.
Nivôse.              
1 7   28 3 E. Clair.
    3 28 2-2/3 N.N.E. Clair. Nuag. à l'horizon.
    12 28 3   Clair.
2 7   28 3 N.E. Clair.
  12   28 3 N. Nuages.
    2 28 2-2/3 E.N.E. Clair.
    6 28 3 N.E. Clair.
    9 28 3 E.N.E. Clair.
5 7   28 2-3/* E. Clair.
  12   28 2-1/5 S.S.O. Vent.
    7 28 2   Nuages.
    10 28 2   Clair.

(p. 139) Observations sur la pesanteur de l'air, etc.

JOURS. HEURES. BAROM. VENTS. ÉTAT DU CIEL.
Nivôse an 8. Matin. Soir. po. lig.    
6 7   28 2-1/5 S.S.O. Clair.
    4 28 2-1/6 O. Vent.
    10 28 2-1/2   Clair.
7 7   28 2-1/4 S.S.E. Brouillard.
    2 28 2 S. Clair.
    5 28 1-2/3 S. Clair.
8 7   28 1-1/4 S.S.O. Vent.
  12   28 1-1/4 S. Vent.
    3 28 1-*/* S. Clair.
    10 28 2-*/*   Clair.
9 1   28 2-3/4 S. Clair.
  7   28 3-1/2 S. Clair.
  11   28 4 S. Nuages.
    1 28 3-3/4 N.O. Clair.
    3 28 2-1/* N.O. Clair.
    6 28   S.O. Clair.
    10 28 4-1/4   Clair.
10 8   28 5 S. Clair.
  12   28 4-1/2 S. Clair. Variable. S.S.O.
    3 28 4 O. Nuages.
    6 28 4 O.S.O.  
11 2   28 4-1/*    
  9   28 4-*/4 O.N.O. Nuages.
  12   28 5 N.N.O. Les nuages augmentent.
    3 28 4 N. Couvert de nuages, quelques gouttes d'eau.
    6 28 4-*/* N N.E. Couvert.
    10 28 5 N.E. Cl. Le ciel rouge av.nua.
12 7   28 5 S.S.O. Clair.
  12   28 4-5/6 N. variable. Nuages.
    3 28 4-1/5 N. var. O. Nuages. Vent.
    6 28 4-1/2 N.O. Clair.
    11 28 4-1/2   Couvert.
13 7   28 5-1/5 N.O. Clair.
  12   28 5 N.N.O. var. Nuages. Vent.
    3 28 5 N. Pluvieux. Arc-en-ciel.
    10 28 5-1/2 O. Cl. Calme. Un peu rouge.

(p. 140) Observations sur la pesanteur de l'air, etc.

JOURS. HEURES. BAROM. VENTS. ÉTAT DU CIEL.
Nivôse an 8. Matin. Soir. po. lig.    
14 7   28 6 S. Nuages.
    3 28 5-1/2 N. O. Nuages.
    6 28 5-1/* N. N. E. Clair.
    10 28 5-3/4   Clair.
15 7   28 5-1/* N. O. N. Clair.
  11-1/*   28 5-1/4 N. N. E. Clair.
    3 28 4-1/5 E. N. E. Clair.
    6 28 4-2/5 N. N. E. Clair.
    11 28 4-3/4   Nuages.
16 7   28 5 S. S. O. Clair.
  10   28 5-1/4 N. N. E. Clair. Nuag. à l'horiz. N.
    6 28 4-? E. N. E. Nuages.
    10 28 4-?/3 E. N. E. Clair.
17 7   28 4-? N. Brouillard.
  12   28 4-1/4 N. E. Nuages.
    3 27 4-?/6 N. E. Clair.
    6 28 4 N. E. Nuages. Brouillard.
    10 28 4-1/4 N. E. Cl. Quelques nuag. à l'O.
18 7   28 4 N. E. Clair. Quelques nuages.
  10   28 4 N. E. Clair.
    6 28 3-1/4 N. E. Nuages.
    10 28 3-1/4 E. N. E. Nuages.
19 7   28 3-1/4 O. Brouillard.
    3 28 2-3/4 N. E. Clair.
    6 28 2-? E. Brouillard sec, épais.
    10 28 2-? N. O. Clair.
20 7   28 2 1/2 O. Brouillard épais.
    3 28 2 N. Clair.
    10 28 2 1/2 E. Clair.
21 7   28 2-1/3 O. Brouillard très épais.
  12   28 1-1/* E. Clair. Nuag. à l'horizon.
    4 28 1 E. N. E. Clair.
    12 28 0-1/2 S. S. O. Clair. Nuag. à l'horiz. E.
22 7   28   S. S. E. Temps couvert.
  10   27 11-3/4 S. S. E. Temps plus clair.
  12   27 11-1/2 S. S. E. Clair. Vents forts.
    6 28   O. Nuages légers.

(p. 141) Observations sur la pesanteur de l'air, etc.

JOURS. HEURES. BAROM. VENTS. ÉTAT DU CIEL.
Nivôse an 8. Matin. Soir. po. lig.    
22   10 27 0-1/2 S. Nuages.
23 7   28 0-1/2 S. S. E. Clair. Nuages légers.
  12   28 1 N. N. E. Nuages.
    2 28 1-1/4 N. Temps très conv. au N. Gouttes d'eau à 3 h.
    6 28 2 N. Clair.
    10 28 2-1/2 N. N. O. Clair.
24 7   28 3-1/3 S. Clair. Nuages légers.
  10   28 3-1/3 S. E. Clair.
  12   28 3-1/2 S. O.  

(p. 142) TABLES NÉCROLOGIQUES DU KAIRE

(Y COMPRIS LE VIEUX KAIRE ET BOULAK,)
PENDANT LES ANNÉES VII, VIII, ET IX.
publiées par R. DESGENETTES.

Les règlements de police des villes de guerre ont établi de porter dans les mouvements journaliers de situation, une colonne sous le titre de Mutations des habitants.

Le général de division Dugua, commandant des villes et province du Kaire, fut le premier à sentir l'importance de cet article, et il donna des ordres pour qu'il fut fait un dépouillement exact de toutes les déclarations de mort qui se rangeaient sous la colonne des mutations. Ce travail commencé par l'état major de la place, le 29 brumaire an 7, fut continué avec soin jusqu'au commencement de vendémiaire an 8, époque à laquelle la commission extraordinaire de salubrité fit ouvrir et tint un registre journalier et individuel des décès, avec indication du nom, du sexe, de l'âge, et du genre de mort. Ces tables dressées par le citoyen Zink, secrétaire de la commission, ne furent interrompues que par les événements (p. 143) du siège du Kaire, à la suite de la Victoire d'Héliopolis.

Ces déclarations, reprises le lendemain du généreux pardon de Kléber, n'ont éprouvé depuis aucune interruption; je les ai recueillies jusqu'au jour de l'évacuation, et elles seront un témoignage authentique et précieux de la confiance, de l'attachement, et des regrets des habitants.

Pour ne point répéter ce que d'autres ont dit, ou ce qui se trouve dans d'autres pages de cette histoire, je me borne à remarquer qu'il résulte de ces tables, relevées d'après environ douze mille mouvements particuliers:

1o Que le nombre des femmes est plus grand que celui des hommes, et que les maladies des unes et des autres ont été généralement bien connues par Prosper Alpin, dont l'expérience se trouve confirmée par la nôtre.

2o Que la mortalité des enfants a surtout lieu dans les premières six semaines de leur existence, et en général au-dessous de neuf mois.

3o Qu'indépendamment des accidents de la dentition communs à tous les pays, la petite vérole est la plus meurtrière de toutes les maladies; et qu'elle moissonne communément plus d'enfants que la peste: car je ne parle pas de celle de cette année (IX de la R. F.) qui a enlevé plus de cent mille personnes dans la Haute-Égypte.

4o. Que les enfants des européens, des juifs, (p. 144) et des nombreux chrétiens de Syrie, établis au Kaire, se développent très difficilement.

5o. Que les femmes, dont la menstruation commence et finit de bonne heure, et qui sont très fécondes, ne parviennent point à un âge aussi avancé que les hommes.

6o. Que les hommes vivent en général longtemps; que plusieurs fournissent une carrière de près d'un siècle, car on ne peut rigoureusement assigner l'âge de personne au-delà de la première jeunesse.

Je désire que ces tables offrent à la statistique une base qui puisse servir à déterminer la population; on avait ouvert dans les derniers temps des registres de naissance qui l'auraient un jour fait connaître avec exactitude. Au reste ces tables, que j'envisageais sous un autre point de vue, m'apprenaient journellement ce que j'avais lieu d'espérer ou de craindre pour la conservation des garnisons du Kaire, ou pour celle des différents corps d'armée que des opérations militaires réunirent souvent dans l'enceinte ou dans les environs de cette grande ville.

(p. 145) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Vendémiaire. Hommes. Femmes. Enfants.
1 . . . .
2 . . . .
3 . . . .
4 . . . .
5 . . . .
6 . . . .
7 . . . .
8 . . . .
9 . . . .
10 . . . .
11 . . . .
12 . . . .
13 . . . .
14 . . . .
15 . . . .
16 . . . .
17 . . . .
18 . . . .
19 . . . .
20 . . . .
21 . . . .
22 . . . .
23 . . . .
24 . . . .
25 . . . .
26 . . . .
27 . . . .
28 . . . .
29 . . . .
30 . . . .
TOTAUX . . . .

(p. 146) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Brumaire. Hommes. Femmes. Enfants.
1 . . . .
2 . . . .
3 . . . .
4 . . . .
5 . . . .
6 . . . .
7 . . . .
8 . . . .
9 . . . .
10 . . . .
11 . . . .
12 . . . .
13 . . . .
14 . . . .
15 . . . .
16 . . . .
17 . . . .
18 . . . .
19 . . . .
20 . . . .
21 . . . .
22 . . . .
23 . . . .
24 . . . .
25 . . . .
26 . . . .
27 . . . .
28 . . . .
29 . 4 4 8
30 2 1 6 9
TOTAUX 2 5 10 17

(p. 147) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Frimaire. Hommes. Femmes. Enfants.
1 5 3 2 10
2 1 3 . 4
3 2 7 5 14
4 1 2 4 7
5 7 5 8 20
6 3 2 9 14
7 4 2 2 8
8 1 1 4 6
9 3 2 8 13
10 1 . 6 7
11 1 5 6 12
12 1 2 12 15
13 2 2 5 9
14 2 6 7 15
15 4 2 5 11
16 4 4 3 11
17 3 3 3 9
18 1 4 4 9
19 . 2 1 3
20 3 4 6 13
21 3 . 3 6
22 2 9 2 13
23 . 6 4 10
24 5 2 7 14
25 1 1 6 8
26 3 3 3 9
27 2 4 7 13
28 . 4 2 6
29 2 3 1 6
30 . 3 3 6
TOTAUX 67 96 138 301

(p. 148) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Nivôse. Hommes. Femmes. Enfants.
1 1 5 2 8
2 3 3 10 16
3 1 2 6 9
4 4 . 2 6
5 . . 5 5
6 . . . .
7 . . . .
8 1 4 9 14
9 . . . .
10 . 2 5 7
11 1 3 4 8
12 1 5 6 12
13 3 2 5 10
14 1 3 3 7
15 3 4 13 20
16 8 . 5 13
17 1 4 5 10
18 2 7 5 14
19 2 5 3 10
20 2 . 7 9
21 3 3 7 13
22 1 3 5 9
23 2 5 16 23
24 4 5 12 21
25 3 10 17 30
26 4 7 10 21
27 4 5 4 13
28 2 6 8 16
29 2 4 10 16
30 3 4 14 21
TOTAUX 62 101 198 361

(p. 149) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Pluviôse. Hommes. Femmes. Enfants.
1 3 4 14 21
2 3 4 4 11
3 2 4 10 16
4 . . 1 1
5 . . . .
6 5 3 4 12
7 3 2 4 12
8 5 2 7 14
9 5 11 11 27
10 4 4 10 18
11 3 3 7 13
12 3 4 10 17
13 2 3 4 9
14 1 4 3 8
15 1 4 3 8
16 1 6 12 19
17 4 4 6 14
18 2 3 1 6
19 1 4 6 11
20 1 6 12 19
21 . 1 10 11
22 5 4 11 20
23 1 3 4 8
24 8 4 11 23
25 5 . 1 6
26 5 5 8 18
27 13 . 3 16
28 3 3 3 9
29 2 1 5 8
30 6 6 9 21
TOTAUX 97 102 197 396

(p. 150) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Ventôse. Hommes. Femmes. Enfants.
1 3 2 6 11
2 . 3 13 16
3 3 2 5 10
4 2 10 8 20
5 5 3 4 12
6 2 3 3 8
7 5 . 9 14
8 4 5 8 17
9 4 1 8 13
10 6 9 7 22
11 6 6 2 14
12 2 5 5 12
13 6 2 3 11
14 2 6 9 17
15 2 2 4 8
16 6 7 17 30
17 5 3 9 17
18 3 10 14 27
19 1 8 10 19
20 4 6 10 20
21 2 2 6 10
22 1 4 10 15
23 7 8 5 20
24 1 4 11 16
25 3 5 20 28
26 5 6 13 24
27 4 5 8 17
28 1 5 15 21
29 3 7 11 21
30 . . . .
TOTAUX 98 139 253 490

(p. 151) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Germinal. Hommes. Femmes. Enfants.
1 4 9 10 23
2 5 9 12 26
3 7 9 13 29
4 . 4 11 15
5 4 5 12 21
6 5 4 11 20
7 5 3 6 14
8 6 9 19 34
9 3 8 11 22
10 . . . .
11 3 7 8 18
12 5 6 10 21
13 5 6 8 19
14 9 5 9 23
15 4 3 7 14
16 4 5 10 19
17 . 4 7 11
18 5 3 4 12
19 2 3 9 14
20 . 5 15 20
21 . 10 11 21
22 5 8 12 25
23 6 1 9 16
24 . . . .
25 4 5 9 18
26 3 2 8 13
27 2 2 9 13
28 2 10 5 17
29 5 7 8 20
30 . . . .
TOTAUX 103 152 263 518

(p. 152) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Floréal. Hommes. Femmes. Enfants.
1 2 6 9 17
2 3 8 5 16
3 8 . 14 22
4 6 4 11 21
5 3 2 4 9
6 6 4 12 22
7 5 4 9 18
8 5 1 10 16
9 2 3 18 23
10 4 1 8 13
11 5 5 11 21
12 . 3 10 13
13 3 6 10 19
14 5 5 9 19
15 2 2 7 11
16 3 4 5 12
17 3 8 11 22
18 4 4 12 20
19 5 8 12 25
20 5 8 13 26
21 4 8 15 27
22 5 7 11 23
23 6 4 11 21
24 5 4 15 24
25 2 5 17 24
26 4 3 10 17
27 2 7 7 16
28 4 4 14 22
29 2 4 11 17
30 3 7 9 19
TOTAUX 116 139 320 575

(p. 153) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Prairial. Hommes. Femmes. Enfants.
1 4 5 12 21
2 3 8 10 21
3 1 7 19 27
4 3 5 8 16
5 5 4 10 19
6 2 2 16 20
7 . 6 10 16
8 1 3 18 22
9 2 3 12 17
10 . 4 18 22
11 4 3 5 12
12 5 4 10 19
13 . 4 10 14
14 1 6 11 18
15 1 9 10 20
16 3 3 4 10
17 4 12 8 24
18 5 8 11 24
19 7 5 12 24
20 2 7 13 22
21 1 5 14 20
22 2 6 10 18
23 1 3 11 15
24 1 2 20 23
25 . . . .
26 4 7 16 27
27 . . . .
28 . . . .
29 4 5 12 21
30 5 2 20 27
TOTAUX 71 138 330 539

(p. 154) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Messidor. Hommes. Femmes. Enfants.
1 5 2 20 27
2 2 1 12 15
3 2 5 12 19
4 . 3 15 18
5 1 3 7 11
6 3 6 11 20
7 1 3 11 15
8 2 6 11 19
9 5 6 8 19
10 2 8 12 22
11 2 12 13 27
12 2 7 13 22
13 2 7 14 23
14 3 2 16 21
15 2 3 9 14
16 . 5 13 18
17 11 9 11 31
18 3 1 9 13
19 . 7 10 17
20 6 5 22 33
21 2 2 10 14
22 4 5 23 32
23 6 3 23 32
24 6 4 9 19
25 . . . .
26 2 3 15 20
27 4 2 9 15
28 2 15 . 17
29 4 4 11 19
30 7 9 16 32
TOTAUX 91 148 365 604

(p. 155) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Thermidor. Hommes. Femmes. Enfants.
1 4 5 18 27
2 3 4 18 25
3 1 4 14 19
4 2 6 12 20
5 4 6 8 18
6 2 2 13 17
7 5 5 19 29
8 7 4 20 31
9 1 1 14 16
10 4 2 8 14
11 2 5 16 23
12 5 2 26 33
13 1 6 24 31
14 3 1 17 21
15 3 5 18 26
16 3 3 9 15
17 4 7 26 37
18 3 1 26 30
19 4 2 21 27
20 4 3 17 24
21 3 3 12 18
22 4 . 22 26
23 . 6 18 24
24 2 3 16 21
25 5 2 11 18
26 6 4 15 25
27 7 4 17 28
28 1 7 22 30
29 2 6 19 27
30 1 4 21 26
TOTAUX 96 113 517 726

(p. 156) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Fructidor. Hommes. Femmes. Enfants.
1 3 6 22 31
2 6 4 10 20
3 3 3 16 22
4 2 8 13 23
5 3 3 16 22
6 . 10 12 22
7 . . . .
8 8 5 31 44
9 1 5 13 19
10 4 6 18 28
11 1 4 14 19
12 3 2 10 15
13 5 6 22 33
14 3 2 10 15
15 . 5 17 22
16 4 3 18 25
17 2 4 8 14
18 2 5 20 27
19 . 3 9 12
20 1 1 13 15
21 1 1 6 8
22 . 4 13 17
23 3 2 12 17
24 3 6 7 16
25 4 2 6 12
26 6 8 14 28
27 1 4 12 17
28 5 4 15 24
29 4 5 16 25
30 3 11 11 25
TOTAUX 81 132 404 617

(p. 157) Tables nécrologiques du Kaire, an 7.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Jours complém. Hommes. Femmes. Enfants.
1 1 10 10 21
2 3 2 16 21
3 2 2 13 17
4 3 7 16 26
5 4 5 13 22
6 1 3 8 12
TOTAUX 14 29 76 119
Total Général. 898 1,294 3,071 5,263

(p. 158) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Vendémiaire. Hommes. Femmes. Enfants.
1 6 3 6 15
2 1 2 13 16
3 5 1 14 20
4 4 6 16 26
5 . . . .
6 4 8 10 22
7 2 3 3 8
8 4 4 14 22
9 3 3 8 14
10 1 8 16 25
11 3 4 9 16
12 5 4 11 20
13 3 5 9 17
14 2 4 16 22
15 4 2 9 15
16 5 5 15 25
17 1 4 4 9
18 4 1 12 17
19 9 3 17 29
20 6 8 8 22
21 6 3 17 26
22 2 4 13 19
23 4 2 8 14
24 8 3 16 27
25 2 7 10 19
26 6 2 10 18
27 8 3 11 22
28 1 4 8 13
29 2 4 10 16
30 2 2 12 16
TOTAUX 113 112 325 550

(p. 159) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Brumaire. Hommes. Femmes. Enfants.
1 5 4 10 19
2 2 8 12 22
3 4 3 16 23
4 . 1 12 13
5 3 3 15 22
6 6 11 19 36
7 4 4 13 21
8 3 1 8 12
9 5 3 8 16
10 2 2 19 23
11 1 5 14 20
12 4 1 11 16
13 8 6 14 28
14 2 4 8 14
15 5 3 15 23
16 1 3 20 24
17 1 5 12 18
18 2 8 9 19
19 3 2 17 22
20 5 7 7 19
21 4 . 13 17
22 6 10 6 22
23 4 8 10 22
24 2 2 9 13
25 2 8 14 24
26 1 7 17 25
27 2 4 19 25
28 3 7 16 26
29 4 9 5 18
30 5 8 12 25
TOTAUX 99 147 380 626

(p. 160) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Frimaire. Hommes. Femmes. Enfants.
1 3 7 8 18
2 6 7 16 29
3 1 8 15 24
4 8 4 18 30
5 . 2 19 21
6 1 4 23 28
7 4 5 19 28
8 3 7 12 22
9 8 7 29 44
10 3 7 26 36
11 6 8 14 28
12 4 5 16 25
13 4 . 25 29
14 3 7 10 20
15 5 10 24 39
16 5 4 21 30
17 10 14 19 43
18 6 3 18 27
19 4 9 14 27
20 5 6 25 36
21 5 4 26 35
22 1 2 24 27
23 8 7 18 33
24 7 5 15 27
25 3 6 20 29
26 7 4 25 35
27 2 7 20 29
28 3 7 21 31
29 3 5 25 33
30 . . . .
TOTAUX 128 171 564 863

(p. 161) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Nivôse. Hommes. Femmes. Enfants.
1 7 1 24 32
2 2 6 27 35
3 . 8 20 28
4 3 7 13 23
5 5 9 27 41
6 2 6 20 28
7 2 9 35 46
8 4 5 29 38
9 5 5 24 34
10 3 3 18 24
11 5 10 27 42
12 4 6 17 27
13 7 8 32 47
14 4 6 17 27
15 3 6 16 25
16 4 6 36 46
17 5 1 30 36
18 2 8 31 41
19 2 6 29 37
20 2 2 34 38
21 6 3 33 42
22 1 3 39 43
23 . 4 36 40
24 1 5 44 50
25 1 5 17 23
26 5 6 26 37
27 4 4 33 41
28 4 4 31 392
29 5 3 20 28
30 4 5 28 37
TOTAUX 102 160 813 1075

(p. 162) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Pluviôse. Hommes. Femmes. Enfants.
1 6 6 21 33
2 2 5 21 28
3 3 2 20 25
4 3 4 28 35
5 6 6 18 33
6 1 7 34 42
7 3 5 29 37
8 2 11 24 37
9 3 3 19 25
10 3 6 34 43
11 3 4 25 32
12 4 6 16 26
13 2 4 27 33
14 4 2 19 25
15 4 5 14 23
16 4 2 20 26
17 5 5 22 32
18 2 1 13 16
19 . 3 25 8
20 2 6 25 33
21 2 4 6 12
22 3 2 17 22
23 2 2 11 15
24 1 3 5 9
25 2 2 6 10
26 . 2 4 6
27 1 1 3 5
28 2 3 4 9
29 . 1 1 2
30 2 4 8 14
TOTAUX 77 117 499 693

(p. 163) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Ventôse. Hommes. Femmes. Enfants.
1 2 . 7 9
2 1 . 2 3
3 1 . 1 2
4 . 3 9 12
5 . 2 5 7
6 1 1 8 10
7 1 . 1 2
8 . 1 2 3
9 1 . . 1
10 . . 2 2
11 . . . .
12 . . . .
13 . . . .
14 . . . .
15 . . . .
16 . . . .
17 . . . .
18 . . . .
19 . . . .
20 . . . .
21 . . . .
22 . . . .
23 . . . .
24 . . . .
25 . . . .
26 . . . .
27 . . . .
28 . . . .
29 . . . .
30 . . . .
TOTAUX 7 7 37 51

(p. 164) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Germinal. Hommes. Femmes. Enfants.
1 . . . .
2 . . . .
3 . . . .
4 . . . .
5 . . . .
6 . . . .
7 . . . .
8 . . . .
9 . . . .
10 . . . .
11 . . . .
12 . . . .
13 . . . .
14 . . . .
15 . . . .
16 . . . .
17 . . . .
18 . . . .
19 . . . .
20 . . . .
21 . . . .
22 . . . .
23 . . . .
24 . . . .
25 . . . .
26 . . . .
27 . . . .
28 . . . .
29 . . . .
30 . . . .
TOTAUX . . . .

(p. 165) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Floréal. Hommes. Femmes. Enfants.
1 . . . .
2 . . . .
3 . . . .
4 . . . .
5 . . . .
6 . . . .
7 . . . .
8 . . . .
9 . . . .
10 . . . .
11 . . . .
12 . . . .
13 . . . .
14 . . . .
15 . . . .
16 . . . .
17 6 1 1 8
18 7 6 14 27
19 . . . .
20 . . . .
21 5 6 9 20
22 6 6 11 23
23 6 12 17 35
24 7 6 15 28
25 5 9 8 22
26 3 11 8 22
27 6 6 10 22
28 13 10 3 26
29 5 6 12 23
30 2 7 9 18
TOTAUX 71 86 117 274

(p. 166) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Prairial. Hommes. Femmes. Enfants.
1 4 1 14 19
2 4 7 12 23
3 9 8 7 24
4 5 3 6 14
5 6 5 17 28
6 5 4 9 18
7 8 6 7 21
8 7 6 8 21
9 5 7 15 27
10 2 4 11 17
11 3 4 9 16
12 1 3 11 15
13 1 7 10 18
14 1 8 10 20
15 9 1 8 18
16 5 11 5 21
17 4 5 9 18
18 5 3 12 20
19 2 2 5 9
20 1 7 13 21
21 5 8 12 25
22 4 5 8 17
23 1 7 13 21
24 6 5 6 17
25 4 8 3 15
26 3 6 9 18
27 4 6 7 17
28 4 6 8 18
29 2 8 8 18
30 1 6 13 20
TOTAUX 122 167 285 574

(p. 167) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Messidor. Hommes. Femmes. Enfants.
1 4 6 4 14
2 4 6 4 14
3 6 10 9 25
4 5 5 9 19
5 2 6 6 14
6 7 7 5 19
7 1 9 4 14
8 . . . .
9 5 2 15 22
10 3 3 5 11
11 6 7 9 22
12 4 8 3 15
13 2 4 6 12
14 2 6 6 14
15 4 3 1 8
16 2 4 7 13
17 7 9 8 24
18 2 5 4 11
19 5 4 9 18
20 3 4 7 14
21 2 4 5 11
22 5 7 8 20
23 3 5 7 15
24 2 5 5 12
25 2 5 4 11
26 2 5 9 16
27 6 8 19 33
28 3 4 6 13
29 4 8 10 22
30 4 4 3 11
TOTAUX 107 163 197 467

(p. 168) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Thermidor. Hommes. Femmes. Enfants.
1 4 5 8 17
2 6 3 4 13
3 3 6 4 13
4 4 1 3 8
5 2 9 6 17
6 3 2 3 8
7 2 7 6 15
8 2 4 5 11
9 7 7 7 21
10 . 3 6 9
11 2 3 3 8
12 2 4 5 11
13 3 4 4 11
14 4 3 7 14
15 3 4 3 10
16 2 5 3 10
17 4 9 5 18
18 4 3 6 13
19 1 4 2 7
20 3 6 6 15
21 2 2 3 6
22 2 5 4 11
23 1 6 4 11
24 4 7 2 13
25 1 1 2 4
26 7 6 5 18
27 2 3 2 7
28 1 5 4 10
29 1 5 4 10
30 1 2 2 5
TOTAUX 83 133 128 344

(p. 169) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Fructidor. Hommes. Femmes. Enfants.
1 6 10 6 22
2 2 5 5 12
3 3 3 6 12
4 . 6 4 10
5 1 1 3 5
6 2 1 6 9
7 3 2 5 10
8 5 4 8 17
9 3 4 8 15
10 2 4 3 9
11 4 6 6 16
12 4 6 5 15
13 2 2 2 6
14 3 3 3 9
15 1 2 . 3
16 2 1 4 7
17 2 3 3 8
18 2 2 3 7
19 . 4 4 8
20 1 1 3 5
21 3 . 5 8
22 2 5 8 15
23 2 . 4 6
24 3 3 3 9
25 3 2 4 9
26 2 2 6 10
27 4 2 8 14
28 4 2 5 11
29 1 4 6 11
30 4 2 7 13
TOTAUX 76 92 143 311

(p. 170) Tables nécrologiques du Kaire, an 8.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Jours complém. Hommes. Femmes. Enfants.
1 5 3 3 11
2 6 6 7 19
3 2 3 4 9
4 2 6 8 16
5 3 3 6 12
TOTAUX 18 21 28 67
Total Général. 1,003 1,376 3,516 5,895

(p. 171) Tables nécrologiques du Kaire, an 9.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Vendémiaire. Hommes. Femmes. Enfants.
1 5 2 5 12
2 1 4 5 10
3 5 1 4 10
4 1 4 8 13
5 1 5 5 11
6 5 6 5 16
7 3 . 4 7
8 4 4 8 16
9 . 5 6 11
10 3 5 5 13
11 4 7 6 17
12 4 8 16 28
13 1 2 3 6
14 5 1 3 9
15 6 4 7 17
16 1 3 6 10
17 2 10 8 20
18 1 3 10 14
19 1 4 3 8
20 5 6 10 21
21 4 5 15 24
22 3 1 4 8
23 8 2 9 19
24 4 2 9 15
25 5 3 10 18
26 3 3 4 10
27 8 6 14 28
28 2 5 4 11
29 6 4 10 20
30 2 6 17 25
TOTAUX 103 121 223 447

(p. 172) Tables nécrologiques du Kaire, an 9.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Brumaire. Hommes. Femmes. Enfants.
1 4 2 4 10
2 3 1 7 11
3 2 7 9 18
4 3 6 9 18
5 3 8 10 21
6 . 8 10 18
7 2 4 4 10
8 4 4 8 16
9 3 11 19 33
10 1 9 8 18
11 4 7 10 21
12 5 7 2 14
13 1 2 12 15
14 3 4 8 15
15 2 7 8 17
16 3 5 5 13
17 6 6 10 22
18 6 4 12 22
19 2 5 10 17
20 9 1 11 21
21 1 7 4 12
22 5 8 12 25
23 1 4 11 16
24 4 4 11 19
25 4 5 14 23
26 3 7 13 23
27 9 5 4 18
28 . 3 6 9
29 3 4 15 22
30 3 5 12 20
TOTAUX 99 160 278 537

(p. 173) Tables nécrologiques du Kaire, an 9.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Frimaire. Hommes. Femmes. Enfants.
1 3 6 11 20
2 5 6 9 20
3 2 6 6 14
4 1 6 14 21
5 4 5 9 18
6 5 5 7 17
7 7 11 10 28
8 4 5 12 21
9 2 5 10 17
10 7 8 10 25
11 5 11 9 25
12 2 11 13 26
13 1 5 9 15
14 3 4 10 17
15 3 9 11 23
16 5 4 13 22
17 4 12 14 30
18 5 2 14 21
19 7 3 12 22
20 3 6 11 20
21 3 7 7 17
22 8 4 8 20
23 2 4 6 12
24 2 8 11 21
25 3 5 11 19
26 . 7 8 15
27 5 4 9 18
28 3 9 14 26
29 5 4 12 21
30 1 8 15 24
TOTAUX 110 190 315 615

(p. 174) Tables nécrologiques du Kaire, an 9.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Nivôse. Hommes. Femmes. Enfants.
1 7 5 16 28
2 7 4 6 17
3 4 5 13 22
4 3 8 8 19
5 3 3 2 8
6 7 3 23 33
7 3 10 10 23
8 7 2 10 19
9 6 2 7 15
10 3 5 15 23
11 8 5 21 34
12 6 9 9 24
13 4 3 16 23
14 3 5 10 18
15 4 9 8 21
16 4 6 6 16
17 3 5 9 17
18 10 6 10 26
19 1 2 9 12
20 5 5 7 17
21 6 8 7 21
22 5 4 16 25
23 6 6 13 25
24 3 6 8 17
25 5 6 12 23
26 9 5 6 20
27 4 2 3 9
28 3 2 14 19
29 3 7 10 20
30 4 7 8 19
TOTAUX 146 158 312 616

(p. 175) Tables nécrologiques du Kaire, an 9.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Pluviôse. Hommes. Femmes. Enfants.
1 5 2 11 18
2 9 7 12 38
3 10 8 13 31
4 6 1 9 16
5 7 2 11 20
6 6 7 16 29
7 6 6 9 21
8 3 2 9 14
9 4 5 9 18
10 7 4 15 26
11 7 7 5 19
12 9 11 12 32
13 12 4 11 27
14 9 5 16 30
15 7 9 11 27
16 7 6 20 33
17 9 5 6 20
18 5 4 17 26
19 7 8 14 29
20 8 6 12 26
21 9 8 15 32
22 3 2 15 20
23 6 5 14 25
24 9 3 15 27
25 3 6 21 30
26 5 4 14 23
27 5 3 13 21
28 6 3 13 22
29 8 6 10 24
30 11 6 12 29
TOTAUX 228 155 380 763

(p. 176) Tables nécrologiques du Kaire, an 9.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Ventôse. Hommes. Femmes. Enfants.
1 9 11 21 41
2 7 12 22 41
3 6 8 31 451
4 11 6 22 39
5 8 11 23 40
6 10 4 20 34
7 8 16 27 51
8 9 13 25 47
9 16 8 24 48
10 14 13 30 57
11 15 12 20 47
12 16 14 25 55
13 11 15 24 50
14 14 12 37 63
15 10 10 33 53
16 16 8 30 54
17 12 10 33 55
18 9 22 24 55
19 11 18 37 66
20 8 8 28 44
21 11 7 43 61
22 10 11 28 49
23 15 14 42 71
24 13 14 39 66
25 12 12 31 55
26 15 12 37 64
27 18 18 40 76
28 11 23 39 73
29 9 15 44 68
30 20 14 48 82
TOTAUX 354 369 927 1,650

(p. 177) Tables nécrologiques du Kaire, an 9.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Germinal. Hommes. Femmes. Enfants.
1 16 14 43 73
2 19 13 52 84
3 22 14 50 86
4 13 19 34 66
5 19 22 37 78
6 17 15 57 89
7 16 16 57 89
8 12 31 49 92
9 27 24 61 112
10 18 16 49 83
11 18 35 61 114
12 26 28 86 140
13 29 24 83 136
14 18 36 72 126
15 25 28 68 121
16 18 24 70 112
17 16 27 62 105
18 28 32 62 122
19 20 28 80 128
20 18 23 63 104
21 17 24 46 87
22 14 27 54 95
23 25 24 39 88
24 15 18 58 91
25 10 21 48 79
26 14 22 54 90
27 21 20 37 78
28 20 22 54 96
29 13 22 47 89
30 19 29 36 84
TOTAUX 563 705 1,669 2,937

(p. 178) Tables nécrologiques du Kaire, an 9.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Floréal. Hommes. Femmes. Enfants.
1 19 27 49 65
2 24 25 37 86
3 16 26 58 100
4 20 30 50 100
5 20 20 39 79
6 10 23 38 71
7 16 22 41 79
8 12 21 31 64
9 24 22 27 73
10 15 15 32 62
11 11 31 36 78
12 12 24 32 68
13 8 15 32 55
14 8 15 37 60
15 14 23 32 69
16 15 23 37 75
17 5 15 39 59
18 8 22 32 62
19 9 23 27 59
20 7 15 33 55
21 5 30 27 62
22 7 15 27 49
23 10 16 20 46
24 8 15 16 69
25 3 15 16 34
26 4 7 16 27
27 1 10 18 29
28 4 10 16 30
29 6 14 10 30
30 3 7 6 16
TOTAUX 324 576 911 1,811

(p. 179) Tables nécrologiques du Kaire, an 9.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Prairial. Hommes. Femmes. Enfants.
1 2 3 6 11
2 2 12 7 21
3 1 5 12 18
4 5 7 6 18
5 6 10 4 20
6 . 5 6 11
7 4 4 6 14
8 3 12 6 21
9 3 5 9 17
10 3 7 3 13
11 2 7 4 17
12 2 6 9 17
13 2 7 4 13
14 3 8 9 20
15 4 7 10 21
16 2 2 6 10
17 2 4 5 11
18 3 4 3 10
19 1 2 12 15
20 3 6 6 15
21 1 2 5 8
22 1 1 3 5
23 1 3 3 7
24 1 2 3 6
25 4 1 9 14
26 . 2 2 4
27 1 4 5 10
28 . 2 4 6
29 2 2 7 4
30 4 1 5 10
TOTAUX 68 143 175 386

(p. 180) Tables nécrologiques du Kaire, an 9.

DATES DES DÉCÈS. DÉSIGNATION DES PERSONNES. TOTAL.
Messidor. Hommes. Femmes. Enfants.
1 1 1 2 4
2 4 4 5 13
3 2 3 6 11
4 1 3 5 9
5 2 1 3 6
6 3 3 4 10
7 1 1 2 4
8 2 2 2 6
9 3 4 7 14
10 . . 3 3
11 1 1 1 3
12 . 1 2 3
13 . . . .
14 1 . . 1
15 . . 5 5
TOTAUX 21 24 47 92
Total Général. 2,016 2,601 5,237 9,854

(p. 181) PROCÈS-VERBAL
D'une réunion des Officiers de santé.

Le 4 thermidor an IX de la République Française, les Officiers de santé de l'armée d'Orient, qui se trouvaient dans la place de Rosette, s'étant réunis, le citoyen Desgenettes, médecin en chef, a pris la parole, et dit:

Citoyens, j'ai eu communication, étant encore au Kaire, de différentes circulaires du conseil de santé des armées. Les circonstances de la guerre ne nous ont pas permis de les recevoir plutôt, et par conséquent de nous conformer à une invitation de nous réunir le 2 germinal, pour payer un témoignage de regret et de respect à la mémoire du citoyen Joseph-Adam Lorentz, médecin en chef de l'armée de la république Française, sur le Rhin.

Cet hommage, quoique tardif, n'en est pas moins solennel. Il est rendu en quittant ces contrées lointaines et célèbres, récemment encore illustrées par la constante valeur d'une armée à la conservation de laquelle vous avez tous eu part; et il est rendu en présence de l'inspecteur général des hôpitaux, et au milieu des autres officiers de santé de l'armée de S. M. B., le même jour où nous nous concertons pour assurer pendant la (p. 182) traversée, à notre corps d'invalides, à nos blessés, et à nos malades, les soins qu'exigent l'humanité, la reconnaissance de notre patrie, et l'estime de toutes les nations.

Le citoyen Barbès qui veut bien remplir dans cette assemblée les fonctions de secrétaire, va nous donner lecture des pièces adressées par le conseil de santé des armées, en date du 13 nivôse dernier.

(La lecture des pièces ci-dessus mentionnées a été faite).

Signés à l'original, Th. Young, écuyer, inspecteur général des hôpitaux de l'armée de S. M. B.; Boudet, pharmacien en chef, et R. Desgenettes, médecin en chef de l'armée de la République Française.

Barbès, médecin ordinaire de l'armée de la R. F.

FIN DE LA SECONDE PARTIE.

Note 1: Opportet autem non modo se ipsum exhibere quæ opportet facientem, sed etiam ægrum, et presentes, et externa.

Hipp. Aph. I, sect. I, ex versione Jansonii ab Almeboveen.[Retour au texte principal]

Note 2: Cet article est la traduction d'un opuscule italien intitulé: Descrizione dell' oftalmia di Egitto, coll metodo curativo della medesima; imprimé au Kaire l'an VIII.[Retour au texte principal]

Note 3: Tout mon travail est divisé en neuf articles; savoir:

Je compte encore publier différents autres mémoires, parmi lesquels il s'en trouve un sur le commerce des nègres au Kaire, et sur les maladies auxquelles ils sont sujets en arrivant. Il contient, à ce que je crois, des détails assez curieux, entièrement négligés par les voyageurs qui ont jusqu'à présent visité l'Égypte.[Retour au texte principal]

Note 4: Le général en chef Menou, sur le rapport du médecin en chef Desgenettes, a ordonné, par son ordre du jour du 12 vendémiaire an IX, que les mesures proposées dans ces notes, et également sollicitées par le citoyen Labat, membre de la commission des arts, seraient exécutées; et on s'en occupe avec activité sous les yeux du général de division Friant, commandant de la ville et de la province.[Retour au texte principal]

Note 5: Pendant le voyage de la haute Égypte, les observations du thermomètre ne pouvaient se faire dans la barque. On a cherché le terme de la plus grande chaleur. Le 19 fructidor, vis-à-vis les ruines de Thèbes, à midi, le thermomètre, dans le sable, a monté à 54, petit vent N.O. À bord, à la même heure, à l'ombre, on a eu 30°. Le 28 fructidor, à l'île Philé, au-dessus de Syène, le thermomètre, dans le sable, a marqué 54°, et à l'ombre, 34,5.[Retour au texte principal]






End of the Project Gutenberg EBook of Histoire Médicale de l'Armée d'Orient, by 
René Desgenettes

*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK HISTOIRE MEDICALE DE L'ARMEE D'ORIENT ***

***** This file should be named 28249-h.htm or 28249-h.zip *****
This and all associated files of various formats will be found in:
        https://www.gutenberg.org/2/8/2/4/28249/

Produced by Mireille Harmelin, Christine P. Travers and
the Online Distributed Proofreading Team at
https://www.pgdp.net (This file was produced from images
generously made available by the Bibliothèque nationale
de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)


Updated editions will replace the previous one--the old editions
will be renamed.

Creating the works from public domain print editions means that no
one owns a United States copyright in these works, so the Foundation
(and you!) can copy and distribute it in the United States without
permission and without paying copyright royalties.  Special rules,
set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to
copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to
protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark.  Project
Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you
charge for the eBooks, unless you receive specific permission.  If you
do not charge anything for copies of this eBook, complying with the
rules is very easy.  You may use this eBook for nearly any purpose
such as creation of derivative works, reports, performances and
research.  They may be modified and printed and given away--you may do
practically ANYTHING with public domain eBooks.  Redistribution is
subject to the trademark license, especially commercial
redistribution.



*** START: FULL LICENSE ***

THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE
PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK

To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free
distribution of electronic works, by using or distributing this work
(or any other work associated in any way with the phrase "Project
Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project
Gutenberg-tm License (available with this file or online at
https://gutenberg.org/license).


Section 1.  General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm
electronic works

1.A.  By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm
electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to
and accept all the terms of this license and intellectual property
(trademark/copyright) agreement.  If you do not agree to abide by all
the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy
all copies of Project Gutenberg-tm electronic works in your possession.
If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a Project
Gutenberg-tm electronic work and you do not agree to be bound by the
terms of this agreement, you may obtain a refund from the person or
entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph 1.E.8.

1.B.  "Project Gutenberg" is a registered trademark.  It may only be
used on or associated in any way with an electronic work by people who
agree to be bound by the terms of this agreement.  There are a few
things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works
even without complying with the full terms of this agreement.  See
paragraph 1.C below.  There are a lot of things you can do with Project
Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement
and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
works.  See paragraph 1.E below.

1.C.  The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation"
or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
Gutenberg-tm electronic works.  Nearly all the individual works in the
collection are in the public domain in the United States.  If an
individual work is in the public domain in the United States and you are
located in the United States, we do not claim a right to prevent you from
copying, distributing, performing, displaying or creating derivative
works based on the work as long as all references to Project Gutenberg
are removed.  Of course, we hope that you will support the Project
Gutenberg-tm mission of promoting free access to electronic works by
freely sharing Project Gutenberg-tm works in compliance with the terms of
this agreement for keeping the Project Gutenberg-tm name associated with
the work.  You can easily comply with the terms of this agreement by
keeping this work in the same format with its attached full Project
Gutenberg-tm License when you share it without charge with others.

1.D.  The copyright laws of the place where you are located also govern
what you can do with this work.  Copyright laws in most countries are in
a constant state of change.  If you are outside the United States, check
the laws of your country in addition to the terms of this agreement
before downloading, copying, displaying, performing, distributing or
creating derivative works based on this work or any other Project
Gutenberg-tm work.  The Foundation makes no representations concerning
the copyright status of any work in any country outside the United
States.

1.E.  Unless you have removed all references to Project Gutenberg:

1.E.1.  The following sentence, with active links to, or other immediate
access to, the full Project Gutenberg-tm License must appear prominently
whenever any copy of a Project Gutenberg-tm work (any work on which the
phrase "Project Gutenberg" appears, or with which the phrase "Project
Gutenberg" is associated) is accessed, displayed, performed, viewed,
copied or distributed:

This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
almost no restrictions whatsoever.  You may copy it, give it away or
re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
with this eBook or online at www.gutenberg.org

1.E.2.  If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is derived
from the public domain (does not contain a notice indicating that it is
posted with permission of the copyright holder), the work can be copied
and distributed to anyone in the United States without paying any fees
or charges.  If you are redistributing or providing access to a work
with the phrase "Project Gutenberg" associated with or appearing on the
work, you must comply either with the requirements of paragraphs 1.E.1
through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the
Project Gutenberg-tm trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or
1.E.9.

1.E.3.  If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is posted
with the permission of the copyright holder, your use and distribution
must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any additional
terms imposed by the copyright holder.  Additional terms will be linked
to the Project Gutenberg-tm License for all works posted with the
permission of the copyright holder found at the beginning of this work.

1.E.4.  Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg-tm
License terms from this work, or any files containing a part of this
work or any other work associated with Project Gutenberg-tm.

1.E.5.  Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this
electronic work, or any part of this electronic work, without
prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with
active links or immediate access to the full terms of the Project
Gutenberg-tm License.

1.E.6.  You may convert to and distribute this work in any binary,
compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including any
word processing or hypertext form.  However, if you provide access to or
distribute copies of a Project Gutenberg-tm work in a format other than
"Plain Vanilla ASCII" or other format used in the official version
posted on the official Project Gutenberg-tm web site (www.gutenberg.org),
you must, at no additional cost, fee or expense to the user, provide a
copy, a means of exporting a copy, or a means of obtaining a copy upon
request, of the work in its original "Plain Vanilla ASCII" or other
form.  Any alternate format must include the full Project Gutenberg-tm
License as specified in paragraph 1.E.1.

1.E.7.  Do not charge a fee for access to, viewing, displaying,
performing, copying or distributing any Project Gutenberg-tm works
unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9.

1.E.8.  You may charge a reasonable fee for copies of or providing
access to or distributing Project Gutenberg-tm electronic works provided
that

- You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from
     the use of Project Gutenberg-tm works calculated using the method
     you already use to calculate your applicable taxes.  The fee is
     owed to the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, but he
     has agreed to donate royalties under this paragraph to the
     Project Gutenberg Literary Archive Foundation.  Royalty payments
     must be paid within 60 days following each date on which you
     prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax
     returns.  Royalty payments should be clearly marked as such and
     sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the
     address specified in Section 4, "Information about donations to
     the Project Gutenberg Literary Archive Foundation."

- You provide a full refund of any money paid by a user who notifies
     you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he
     does not agree to the terms of the full Project Gutenberg-tm
     License.  You must require such a user to return or
     destroy all copies of the works possessed in a physical medium
     and discontinue all use of and all access to other copies of
     Project Gutenberg-tm works.

- You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of any
     money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the
     electronic work is discovered and reported to you within 90 days
     of receipt of the work.

- You comply with all other terms of this agreement for free
     distribution of Project Gutenberg-tm works.

1.E.9.  If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg-tm
electronic work or group of works on different terms than are set
forth in this agreement, you must obtain permission in writing from
both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael
Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark.  Contact the
Foundation as set forth in Section 3 below.

1.F.

1.F.1.  Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable
effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread
public domain works in creating the Project Gutenberg-tm
collection.  Despite these efforts, Project Gutenberg-tm electronic
works, and the medium on which they may be stored, may contain
"Defects," such as, but not limited to, incomplete, inaccurate or
corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual
property infringement, a defective or damaged disk or other medium, a
computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by
your equipment.

1.F.2.  LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the "Right
of Replacement or Refund" described in paragraph 1.F.3, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project
Gutenberg-tm trademark, and any other party distributing a Project
Gutenberg-tm electronic work under this agreement, disclaim all
liability to you for damages, costs and expenses, including legal
fees.  YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT
LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE
PROVIDED IN PARAGRAPH F3.  YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE
TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE
LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR
INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH
DAMAGE.

1.F.3.  LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a
defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can
receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a
written explanation to the person you received the work from.  If you
received the work on a physical medium, you must return the medium with
your written explanation.  The person or entity that provided you with
the defective work may elect to provide a replacement copy in lieu of a
refund.  If you received the work electronically, the person or entity
providing it to you may choose to give you a second opportunity to
receive the work electronically in lieu of a refund.  If the second copy
is also defective, you may demand a refund in writing without further
opportunities to fix the problem.

1.F.4.  Except for the limited right of replacement or refund set forth
in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER
WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO
WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.

1.F.5.  Some states do not allow disclaimers of certain implied
warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages.
If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be
interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by
the applicable state law.  The invalidity or unenforceability of any
provision of this agreement shall not void the remaining provisions.

1.F.6.  INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the
trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone
providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in accordance
with this agreement, and any volunteers associated with the production,
promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works,
harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees,
that arise directly or indirectly from any of the following which you do
or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.


Section  2.  Information about the Mission of Project Gutenberg-tm

Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
electronic works in formats readable by the widest variety of computers
including obsolete, old, middle-aged and new computers.  It exists
because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
people in all walks of life.

Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
remain freely available for generations to come.  In 2001, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
and the Foundation web page at https://www.pglaf.org.


Section 3.  Information about the Project Gutenberg Literary Archive
Foundation

The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service.  The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541.  Its 501(c)(3) letter is posted at
https://pglaf.org/fundraising.  Contributions to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
permitted by U.S. federal laws and your state's laws.

The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
throughout numerous locations.  Its business office is located at
809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
business@pglaf.org.  Email contact links and up to date contact
information can be found at the Foundation's web site and official
page at https://pglaf.org

For additional contact information:
     Dr. Gregory B. Newby
     Chief Executive and Director
     gbnewby@pglaf.org


Section 4.  Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation

Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment.  Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.

The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States.  Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements.  We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance.  To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit https://pglaf.org

While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.

International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States.  U.S. laws alone swamp our small staff.

Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses.  Donations are accepted in a number of other
ways including including checks, online payments and credit card
donations.  To donate, please visit: https://pglaf.org/donate


Section 5.  General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.

Professor Michael S. Hart was the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone.  For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.


Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included.  Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.


Most people start at our Web site which has the main PG search facility:

     https://www.gutenberg.org

This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.