The Project Gutenberg EBook of Le nouveau dictionnaire complet du jargon
de l'argot, by Arthur Halbert d'Angers

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Title: Le nouveau dictionnaire complet du jargon de l'argot
       Le langage des voleurs dévoilé

Author: Arthur Halbert d'Angers

Release Date: July 2, 2008 [EBook #25949]

Language: French

Character set encoding: ISO-8859-1

*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE NOUVEAU DICTIONNAIRE ***




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NOTES CONCERNANT LA TRANSCRIPTION

On a restitué dans le dictionnaire un strict ordre alphabétique, l'original s'en écartant à de nombreuses reprises sans logique apparente.

On a conservé l'orthographe de l'original, en corrigeant cependant les coquilles manifestes. L'accentuation incohérente des majuscules (Ecu/Écu, Etre/Être, ...) est conforme à l'original.

Illustration

LE NOUVEAU
DICTIONNAIRE
COMPLET
DU JARGON DE L'ARGOT
OU LE
LANGAGE DES VOLEURS DÉVOILÉ

CONTENANT
Tous les mots usités, reconnus et adoptés par eux avec leurs explications et leurs définitions;

SUIVI
Des nouveaux genres de vols et escroqueries nouvellement employés par eux,
Et terminé par des Chansons en français et en argot.

PARIS.
LE BAILLY, LIBRAIRE,
27, quai des Augustins.

INTRODUCTION.
UTILITÉ DU DICTIONNAIRE D'ARGOT POUR LES HONNÊTES GENS.

L'histoire nous apprend qu'un roi de France ayant établi des foires à Niort, Fontenay et autres villes du Poitou, les vieux merciers, jaloux de la concurrence que leur faisaient de nouveaux marchands qui tenaient leurs articles, formèrent entre eux une espèce de syndicat ou maîtrise et arrêtèrent qu'à l'avenir ceux qui voudraient faire partie de leur corporation, se feraient recevoir par les anciens, et prendraient les noms de marcelots, pêchons et melotiers-hure, puis ordonnèrent un certain langage intelligible pour les membres seuls de l'association.

Les concurrents ainsi expulsés finirent par faire de mauvaises spéculations, et ne laissèrent pas néanmoins de fréquenter les foires, en s'adjoignant une grande quantité de bateleurs et de gens sans aveu; ils composèrent pour eux un jargon mixte tenant de celui des merciers et de l'idiome des Bohémiens, devinrent mendiants, et plus tard voleurs de grand chemin; ils s'organisèrent ainsi: le chef prit le nom de Grand-Coesre, qui nomma dans chaque province des lieutenants qui prirent les noms suivants: cagous, archi-suppôts de l'argot, les narquois, les orphelins, les milliards, les marcandiers, les riffodés, les capons, les malingreux, les polissons, les piètres, les callots, les francs-mitoux, les sabouleux, les coquillards, les convertis, les courtauds de boutanche, tous sujets du Grand-Coesre ou roi de Thunes.

Depuis longtemps le royaume d'argot ou la grande Truanderie n'existe plus, mais l'ignoble langue de cette corporation criminelle s'est soutenue jusqu'à nos jours parmi les malfaiteurs.

Ce langage énergique parfois, sauvage et imaginé, est rempli de figures pittoresques, qui respirent souvent le sang et le meurtre, et pourtant on le parle à nos côtés, et nous ne le comprenons pas, il n'est pas jusqu'aux enfants qui l'emploie; car nul ne saurait croire combien de myriades de petits voleurs battent chaque jour le pavé de Paris; il arrive souvent que la police en prend par plusieurs douzaines d'un seul coup de filet, mais alors voici ce qui arrive, ou les petits larrons sont réclamés par leurs parents auxquels le tribunal les rend après avoir déclaré qu'ils ont agi sans discernement, ou ils sont envoyés pour plusieurs années dans une maison de correction. Dans le premier cas, ils parviennent promptement à s'affranchir de nouveau de la surveillance de leurs parents, qui sont ordinairement des artisans dont tous les instants sont consacrés au travail; dans le second, ils achèvent de se perdre en prison où ils se trouvent en contact avec les plus corrompus. L'on compte huit prisons à Paris, savoir: la Préfecture de police, la Conciergerie, la Roquette, ou nouveau Bicêtre, la Force, les Madelonnettes, Sainte-Pélagie, Clichy et Saint-Lazare pour les femmes; la moyenne des détenus est de 10,000; sur ces 10,000, on peut compter: 2,000 voleurs habitués, assassins ou vagabonds; 3,000 enfants de 12 à 18 ans; 5,000 condamnés pour une première faute ou de simples délits.

Grâce à l'immoralité qui règne dans les prisons, sur 5,000 détenus pour une première faute, on peut en compter 3,000 qui sont corrompus à jamais...

Ces lieux affectés à la correction, sont donc de permanentes pépinières d'argotiers.

Hommes vertueux! peut-être l'homme qui vous coudoie forme le dessein de vous dévaliser. Sûr de n'être pas compris de vous, il parle librement à vos côtés du sort qu'il vous réserve. Rien ne peut vous sauver, rien que la connaissance de ce langage affreux qu'emploient entre eux les voleurs, les assassins et les prostituées.

Rougiriez-vous de le connaître? Oui, je le conçois, vous rougiriez de l'apprendre de la bouche de ceux qui s'en servent pour commettre ou pour faciliter leurs méfaits, mais vous ne risquez rien de l'apprendre de nous, dans la lecture de ce petit livre.

Il existe dans cet idiome de sang plusieurs mots qui en rendent un seul; il arrive aussi quelquefois que le même mot, suivant la manière dont il est placé, signifie telle ou telle chose. Quand nous rencontrerons de tels mots, nous les présenterons avec divers membres de phrases, et nous les analyserons.

Cet ouvrage sera le plus complet qui ait été publié jusqu'à ce jour. Il s'attache à un intérêt d'utilité publique; en dévoilant le langage des voleurs, il contribuera à détruire cette franc-maçonnerie du vol qui s'étend tous les jours; il mettra les propriétaires sur leurs gardes et sera utile à tous. Quant au reproche que l'on nous fera sans doute d'être les précepteurs des apprentis voleurs, nous n'aurons pas de peine à en prouver l'injustice. Ce livre ne pourrait être mauvais que s'il était clandestin. Publié à bon marché et publiquement, il révèle aux honnêtes gens un langage qui est pour eux une menace perpétuelle, il les met à même de prévenir le vol et de le dénommer. En cela l'auteur croit avoir mis au jour une publication véritablement utile et morale. C'est dans l'intérêt de la société qu'il a fait des études qui répugnaient à son caractère: il sera assez récompensé s'il a l'espoir de faire quelque bien.

DICTIONNAIRE ARGOT-FRANÇAIS.

A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | Z

HALBERT (d'Angers).

LES PÈGRES ET LEURS NOUVEAUX TRUCS.
(LES VOLEURS ET LES NOUVEAUX VOLS.)

Les feuilles judiciaires ont de tout temps dénoncé les nouvelles roueries des chevaliers d'industrie, en les classant sous diverses dénominations; nous ne pouvions mieux clore notre travail, qu'en ajoutant ici plusieurs nouveautés criminelles dans l'intérêt seul de nos lecteurs.

Nous avions déjà une assez belle classification de vols: le vol au pot, le vol au bonjour, le vol au rendez-moi, le vol à l'américaine et une foule d'autres dont la nomenclature est chaque jour exploitée par une foule d'industriels à la suite. En voici venir un nouveau que nous appelons le vol à l'équilibre, et dont la première représentation a eu lieu un de ces soirs sur le boulevart Mont-Parnasse. Un homme, autour duquel plusieurs personnes étaient rassemblées, tenait entre ses doigts un plateau de cuivre d'environ quatre pouces de diamètre, et qui, des bords au milieu, allait en s'arrondissant à une hauteur de trois ou quatre lignes. Cet homme pariait qu'il jetterait en l'air une grosse bille et qu'il la recevrait sur son plateau bombé, où elle se fixerait comme si elle tombait dans un creux. Quelques compères, mêlés à la foule, acceptaient le pari et gagnaient à chaque coup.

Alléché par la rapidité avec laquelle les écus de cet homme passaient dans les mains des parieurs, un paysan se risque à allonger une pièce de 5 francs. La bille est lancée dans l'espace, retombe sur le globe et s'y arrête après avoir éprouvé une légère oscillation. Le paysan demande sa revanche et perd encore; une troisième pièce de 5 francs, une quatrième, ainsi de suite jusqu'à dix, passent dans la poche du prestidigitateur, qui n'a pas perdu une seule fois. Le pauvre paysan allait continuer et perdre infailliblement tout le contenu de son sac, quand un des spectateurs qui, lorsque le paysan s'était engagé dans la partie, avait remarqué que l'équilibriste avait changé la bille dont il s'était servi jusqu'alors, s'avisa de dire tout haut: «Parbleu! je gagerais que la bille est aimantée!» A cette brusque réflexion, le banquiste s'empressa de plier boutique et se sauva, suivi de ses compères. Le succès qu'il a obtenu l'engagera sans doute à recommencer, et la police de sûreté en fera son affaire.

LE VOL A LA TANTE.

Une nouvelle espèce de vol, qui peut s'appeler le vol à la tante, vient d'être malheureusement trop bien exploitée.

Un individu, mis avec beaucoup de recherche, se présente chez une dame âgée, demeurant seule avec sa bonne. Il demande à celle-ci à entretenir sa maîtresse en particulier, pour une affaire importante. Introduit, il raconte avec une grande agitation et beaucoup de mystère que le neveu de cette dame, lequel habite une commune peu éloignée dans la banlieue, vient d'avoir une querelle violente dans un café; une rixe s'en est suivie, et le jeune homme a frappé son adversaire de telle sorte qu'il est tombé mort. Comme le meurtrier est son ami intime, il a profité du désordre causé par cet événement, l'a entraîné et caché chez lui pour le soustraire aux recherches de la justice.

Il vient de trouver les moyens de le faire évader: un bâtiment est sur le point de partir, il a vu le capitaine, s'est entendu; mais il exige pour le voyage une somme de 800 fr., et comme il n'a à lui que 250 fr. de disponibles, il est, dit-il, fort embarrassé pour satisfaire aux exigences du capitaine. Cependant il se garde bien de demander directement à la tante de compléter la somme. Il lui exprime les regrets de son neveu, qui est dans l'impossibilité de sortir, crainte d'être reconnu, mais qui n'a pas voulu partir sans l'instruire de son sort.

La bonne dame, saisie de cette nouvelle et ne pouvant pas, à 85 ans et souffrante en ce moment, se transporter au domicile de l'officieux ami de son neveu, le prie de revenir bientôt lui apprendre où en sont les choses.

Environ une heure après, notre homme revient et précise si bien les choses, que la tante, dont il a éloigné toute défiance, pense qu'elle peut bien confier quelque argent à un homme qui a donné si généreusement 250 fr. à son neveu; elle lui remet donc une somme de 300 fr., tout ce qu'elle a en ce moment. L'autre fait observer que quelques effets, du linge, seraient nécessaires au fugitif; on lui en remet encore, et il s'éloigne.

La nuit se passe, la journée de mercredi, la tante n'entend plus parler de rien; mais elle a été tellement émue, que son indisposition s'est aggravée; sa bonne, inquiète, envoie chercher le médecin. Le docteur, à force d'instances, obtint l'aveu des inquiétudes de sa malade. La bonne se met aussitôt en route et revient quelques heures après, accompagnée du neveu, qu'elle avait trouvé fort tranquille chez lui, et dont le premier soin, en apprenant de quelle escroquerie il avait été le prétexte, a été de mettre la police à la recherche de son trop obligeant ami.

LE MAQUILLEUR DE BRÊMES1.
CONSEIL AUX GENS CRÉDULES.

Un de ces batteurs de pavés dont Paris fourmille, et qui ne sachant jamais en se levant aux dépens de qui ils passeront la journée, finissent toujours par la passer, et la passer douce. Léon Moland flânait le long des quais, aux environs des nouvelles constructions de l'Hôtel-Dieu, lorsqu'il avisa un jeune campagnard qui, la bouche béante et les yeux ouverts en porte cochère, regardait, en paraissant s'extasier, les maisons nouvelles, les ponts suspendus et le panache enfumé des paquebots de Melun et de Corbeil.

S'approchant aussitôt du brave gars, et le regardant d'un air de stupéfaction, il l'aborda à la manière des anciens racoleurs. «Corbleu le bel homme! quelle tête! quel développement frontal! Excusez-moi, monsieur, je m'occupe spécialement de phrénologie, et quand je vois un facies comme le vôtre, je ne puis contenir mon admiration.—Vous êtes bien honnête, répondit en se découvrant le paysan, d'autant plus ravi qu'il ne comprenait rien à tous ces grands mots.—Permettez-moi, monsieur, reprit Léon Moland, de vous offrir un verre de vin dans le seul intérêt de la science.» Et avant que l'autre eût seulement eu le temps de répondre, il le conduisait dans un cabaret de la place Maubert, et, après avoir rempli leurs deux verres, s'asseyait en face de lui. «Mon jeune ami, reprit-il alors, il ne faut pas que mes manières vous étonnent; la science et l'humanité, voilà ma morale. Je vous ai vu et j'ai dit: Voilà un jeune homme qui sera un jour ministre des finances, tambour-major ou maire de sa commune. Tel que vous me voyez, j'ai fait une douzaine de fois le tour du monde, et j'arrive de Constantinople, où j'allais pour sauver la vie et la couronne du grand turc. Malheureusement, il était mort à mon arrivée.—Ah! diable! interrompit le paysan ébahi; mais je ne vois pas...—Nous y arrivons, au contraire, poursuivit Moland. Un jour, dans les pyramides d'Egypte, diverses sorcières de l'endroit m'ont révélé le secret de l'avenir, et, à l'aide tant de la phrénologie que de ce jeu mystérieux (ici il tira de sa poche un jeu de cartes dites tarots), je vois clair comme eau de roche quelle sera la destinée entière d'un individu.

«Quand je vous ai aperçu, jeune homme, je n'ai pu résister au désir de connaître votre planète. Allons, voulez-vous lire votre avenir?—De grand cœur, voyons vite ce qui m'arrivera.» Ici le cartomancien étala son jeu sur la table; puis, d'une voix criarde: «Oh! l'heureux destin! s'écria-t-il, vous vivrez cent ans, et vous serez comblé de tous les biens de la terre! Votre père a servi?—Oui, sous l'autre, répondit le paysan.—Votre père, dans les campagnes d'Allemagne, a conquis le cœur d'une princesse; je ne vous en dirai pas plus. Il l'a oubliée, lui, mais elle, elle s'est souvenue du vainqueur français. Depuis qu'il est rentré au pays, elle n'a cessé de le faire surveiller, et, à votre naissance, elle a fait un testament qui vous institue légataire universel de tous ses biens. Or, jeune homme, je vois dans la carte de Saturne... Avez-vous là cinq francs? j'en ai besoin pour l'opération.» Le paysan se hâta de donner la pièce que le cartomancien mit dans sa poche. «Je vois dans la carte de Saturne, continua-t-il, que le 21 du mois de décembre la princesse mourra. Vous hériterez immédiatement, et vous toucherez la succession pour vos étrennes.—Fameux! et tout cela est dans les cartes? Je n'en reviens pas! disait le jeune campagnard émerveillé. Et vous croyez que je pourrai être maire?—Vous serez préfet si vous voulez. On vous apportera la succession tout en or; il y en aura plein trois charettes.—C'est fameux! répétait le paysan. Garçon! encore un verre. Oh! que je suis content de vous avoir rencontré! Je vais faire écrire cela au pays.—Ecrivez, faites écrire, moi je vous quitte, il faut que j'aille à l'Observatoire.»

Le paysan paya au comptoir, et tous deux se séparaient bons amis, lorsque Léon Moland ne put retenir un éclat de rire en disant, après lui avoir serré la main: «Ah! ça, vous n'oublierez pas de mettre ici un mot, pour que je sache votre adresse, quand vous aurez reçu la succession de la princesse allemande.» A l'éclat de rire de Moland, le marchand de vins et deux ou trois buveurs qui se trouvaient dans la salle avaient répondu par un rire bruyant et faisant chorus. Le paysan, alors seulement, s'avisa qu'il avait bien pu être pris pour dupe. Il se mit à courir après le cartomancien, et réclama de lui ses cinq francs. Des agents placés en surveillance place Maubert eurent en même temps vent de l'aventure, et arrêtèrent Léon Moland, que nos lecteurs retrouveront incessamment sur les bancs correctionnels, face à face avec son honnête dupe, qui lui-même a raconté ces incroyables circonstances.

[1] Tireur de cartes.

AVIS AUX AMATEURS D'ŒUVRES ARTISTIQUES.

Le vol au tableau est une variété du vol à l'américaine. Ce genre d'opération est exploité depuis quelque temps à Paris par un individu fort connu, qui y trouve de nombreux bénéfices, et qui l'exerce de telle façon, que la justice n'a pu encore l'atteindre.

Cet individu, né dans le midi, est encore jeune; il a une assez belle figure, une tournure distinguée et une toilette confortable. Il s'est fait l'habitué de quelques cafés, où il pérore avec cette assurance tranchante qui impose presque toujours aux masses, et où il dépense sans compter; poli, généreux, il a l'art de se faire bien venir de tout le monde, et de provoquer la confiance en donnant la sienne. Aussi, l'on ne tarde pas à savoir qu'il n'a pas de fortune, mais que, par la connaissance parfaite qu'il a des tableaux, il gagne beaucoup d'argent qu'il dépense gaîment, sûr d'en gagner toujours autant. C'est un état fort commode et qu'il exerce en se promenant. Les brocanteurs possèdent presque tous des tableaux dont ils ignorent la valeur; il les achète, les fait restaurer, et les revend dix, vingt et trente fois ce qu'ils ont coûté.

Il se trouve toujours, dans le nombre des auditeurs du méridional, quelques personnes qui s'exclament avec ravissement sur un état si lucratif. Notre homme s'attache de préférence à ceux-là; il les proclame amateurs de tableaux, et les invite à tour de rôle à venir voir sa superbe galerie.

Lorsqu'après un déjeuner offert chez lui, il a fait admirer les croûtes qui garnissent ses murailles, et que, sur sa parole, on regarde comme des chefs-d'œuvre, il sort avec son invité. Tout à coup il pousse une exclamation: «Oh! s'écrie-t-il, quel bonheur! un Rubens! voilà six mois que j'en cherche un.» Et, entraînant son nouvel ami sur ses pas, il s'approche d'un brocanteur à l'étalage duquel append le chef-d'œuvre, et demande d'un ton dédaigneux:

—Combien cette croûte?

—Monsieur, répond le marchand, si vous appelez cela une croûte, vous n'en donnerez jamais le prix que j'en veux.

—Enfin voyons, croûte ou tableau, combien?

—Dix huit cents francs.

Il pousse alors le coude de son compagnon, et le regarde avec le sourire de la satisfaction. Puis, s'adressant au marchand:

—Je vous en donne 1,500 francs.

—Vous ne l'aurez pas à moins de 1,800.

—En voulez-vous 1,600?

—Non, monsieur.

—Alors, rien de fait.

Et il s'en va. A peine il a fait quelques pas, qu'il dit à sa dupe: «Cela vaut au moins 10,000 francs; il ne faut pas laisser échapper une si belle occasion. Quel dommage que je me suis dégarni d'argent avant-hier. Si vous voulez avancer les 1,800 francs, vous garderez le tableau; avant un mois je suis sûr de le vendre dix mille francs, et nous partagerons.» La pauvre dupe se laisse tenter, et le tableau est porté chez elle. Pas n'est besoin de dire que le brocanteur est de complicité avec le connaisseur qui lui a quelques jours auparavant apporté le tableau, et qu'il en reçoit de la main à la main, l'argent qu'il vient d'empocher.

Plusieurs personnes ont déjà été dupes de ce moyen, et il est bon que la publicité, en éveillant l'attention sur son auteur, arrête la dangereuse extension qu'il donne chaque jour à son indigne commerce.


Nous avons cru devoir clore ce petit livre par quelques chansons faites par les détenus à diverses époques dans les prisons de Paris. Nos lecteurs apprécieront. Une seule, sous le titre du Guet des Veilleurs, n'appartient pas à cette catégorie, elle est d'un jeune poète de nos amis, qui, empruntant à M. Victor Hugo quelques renseignements dans sa Notre-Dame de Paris (chapitre Besos para golpes) fait ressortir dans ces couplets tous les ordres de l'ancienne truanderie ou royaume d'argot.

VIEILLE CHANSON EN ARGOT.
PROPRE A DANSER EN ROND.

Sur l'air: Donne vos, donne vos, etc.

Entervez, marques et mions1,
J'aime la croûte de parfond2,
J'aime l'artie, j'aime la crie3,
J'aime la croûte de parfond.

Au matin, quand nous nous levons,
J'aime la croûte de parfond,
Dans les entonnes trimardons4.        J'aime.

Ou aux creux de ces ratichons5,
J'aime la croûte de parfond;
Nos luques6 nous leur présentons.        J'aime.

Puis dans les boules et frémions7,
J'aime la croûte de parfond,
Cassons des hanes si nous pouvons8.        J'aime.

Puis quand nous avons force michons9,
J'aime la croûte de parfond,
Dans les pioles10 les dépensons.        J'aime.

Aussi le soir quand arrivons,
J'aime la croûte de parfond,
Dans le castu où nous piaussons11.        J'aime.

Les barbaudiers sont Francillons12,
J'aime la croûte de parfond,
Font riffauder nos ornichons13.        J'aime.

Avec nos marques et mions14,
J'aime la croûte de parfond;
Tous ensemble les morfions15,        J'aime.

[1] Ecoutez, filles et garçons.

[2] J'aime la croûte de pâté.

[3] J'aime le pain, j'aime la viande.

[4] Chapelles des routes.

[5] Logement des prêtres.

[6] Images.

[7] Dans les foires et assemblées.

[8] Couper des bourses.

[9] Michons, sous.

[10] Logements, auberges.

[11] L'hôpital, ou le pays où nous couchons.

[12] Les portiers sont Français.

[13] Riffauder, chauffer, faire cuire nos ornichons, nos poulets.

[14] Avec nos filles et nos garçons.

[15] Tous ensemble nous mangeons.

PRODUCTION D'UN VILLON MODERNE1,

Copiée sur les murs d'un cabanon de la prison de la Roquette. Comme elle a, elle aussi, sa morale, et qu'elle est écrite dans le style des voleurs, nous la reproduisons comme une pièce assez curieuse, et nous nous gardons bien d'en changer le sens et l'orthographe.

Air connu.

Un soir que j'étais dans la débine,
Un coup de vaque il nous fallut donné:
Pour travailler, je mis au plan ma rondine,
Et mes outeils, nous fûmes les déplanquer.        (Bis.)
Mais en passant le portier vous excrache;
J'étais fargué, mais l'habit cachait tout;
Le jardinant, je frisais ma moustache.
Un peu de toupè, et je passe partout.        (Bis.)

En deux temps, j'remouque et j'débride;
Tout deux, en braves, nous barbottions,
Chez un banquet, la caisse n'est jamais vide;
D'or et de billet, nous trouvons un million.        (Bis.)
J'me suis lancé tout à coup dans l'grand monde,
Dans l'espoire de me paré de tout.
J'ai courtisé femmes brunes et blondes.
Quand on est riche on peut passé par tout.        (Bis.)

J'ai vaicut dans l'indépendance;
J'ai par courut les bals et les salons.
Dans les palais où règne l'opulence,
L'on mi rendi les honeurs d'un baron.

J'avais valais et caléche à ma suite.
Mes bons amis, puisqu'il faut vous dire tout,
Même à la cour j'ai rendu ma visite.
Quand on est riche, on peut passé par tout.

[1] Poète filou, qui est maintenant au bagne pour 20 ans.


Il nous a paru curieux, ainsi que nous le disons plus haut, de donner à la suite de ces ignobles productions, deux chansons faites dans les prisons de Paris et appartenant à des écrivains distingués, qui ont eu le malheur d'être longtemps privés de leur liberté pour avoir trop osé croire à celle de la presse.

LE GUET DES VEILLEURS,
OU
LES TRUANDS EN 1480.

Imité du chapitre de Notre-Dame-de-Paris (Besos para golpes),
Par Victor Hugo.

Nota. Tous les noms bizarres inclus dans les vers marqués d'un astérisque étaient les différents grades de la Truanderie; voir dans le Dictionnaire pour l'étymologie des mots en argot.

Air de Tempête, de Loïsa Pujet.

D'Orsiny débride sa taverne,
Rappliquez, ribauds, truands, goualeurs(*);
Le soudart qui r'mouche à la poterne
Pourrait allumer les chourineurs(*).
Au loin le couvre-feu sonne,
Narquois, renquillons sans bruit;
Icigo, l'on piqu'te et chansonne,
Et l'on peut y sorguer la nuit.

REFRAIN.

Saisissons, mes frères,
Nos bouteilles et nos verres;
C'est la fête des fous;
Doublons nos glouglous.
(Bis.)
Saisissons, mes frères,
Nos bouteilles et nos verres;
Truands et chourineurs,
Narguons, gais trouvères,
Au cliquetis des verres,
Le guet des veilleurs.

Gais goss'lins de la cour des miracles,
Que Pantin bagoule Bohémiens
Ci-go l'on maquille des oracles,
Pour les béotismes parisiens;
Nous rions de la sanglade
Pigeant les bons archers du roi,
La nuit nous faisons bambochade,
Le jour le truc a son emploi.        Saisissons, etc.

Balafos et tambourins d'Égypte1
Détonnez vos rigolos accords;
L'ogive ni l'orgueilleuse crypte
De ces lieux ne forment les accords,
Buvons, fêtons, hubins et piètres(*)
Notre frangine Esméralda,
Demain nous verrons des fenêtres
Tomber la buona-mancia2.        Saisissons, etc.

De Frolo j'ai pigé l'escarcelle,
Ce chanoine qui fait le rupin,
Remouquez, du flan! comme elle est belle,
Avec ça l'on singe le malin.
Versez, de par tous les diables
Capons, éclopés, sans taudis(*),
Soyons injusticiables
Pour quelques livres parisis.        Saisissons, etc.

Coquillards et courtauds de boutanche(*),
Rifodés, Marcaudiers et cagoux(*),
Le grand-Coesre, a dit: Trève à la manche(*),
Sabouleux, calots et francs-mitoux(*),
Nommons pape de la fête
Quasimodo le sonneur;
De fleurs couronnons sa tête
Noël au peuple malingreur.        Saisissons, etc.

[1] Anciens instruments.

[2] L'aumône.

LE PRISONNIER.

Chanson faite à Sainte-Pélagie dans la chambre de Béranger.

Air du forçat libéré, de Gabriel Véry.

De mon cachot, où me plonge la haine,
Mon Dieu, vers toi j'élève mes accents;
Quoique captif, en contemplant ma chaîne,
Ma faible voix t'offre un timide encens.
Puisque le temps, dans sa marche tardive,
Semble se plaire à prolonger mes jours,
Sans mendier ni pardon ni secours,
Ah! qu'à toi seul aille ma voix plaintive!
Que la céleste et pure vérité
Répande à tous la force et la clarté.
(Bis.)

Tout s'embellit des dons brillants de Flore,
Le doux printemps ramène les zéphirs;
De leurs baisers la rose se colore,
Et leur retour est celui des plaisirs.
La tyrannie, armant ses mains perfides,
Mit sur mon nom son terrible cachet;
Trop tôt ravi du fraternel banquet,
Mon front courba sous leurs coups homicides.
Que la céleste, etc.

Parfois je rêve une amante fidèle;
L'illusion, image du bonheur,
En m'éveillant, me transporte près d'elle;
Mais un soupir vient dissiper l'erreur.....
Mordant mes fers, je déteste la vie;
Victime, hélas! d'un sort immérité;
Mais je suis fou!... Reprenons ma gaîté:
Souffrir n'est rien, quand c'est pour sa patrie!
Que la céleste, etc.

Pourtant, bien jeune, et brillant d'espérance,
Je fus plongé dans cet affreux séjour;
Je me résigne et brave la souffrance,
La mort sur moi doit s'arrêter un jour!
Là, je l'attends, et si demain l'orage
Doit par des flots me ramener au port,
Sans redouter les atteintes du sort,
Je redirai, m'élançant sur la plage:
Que la céleste, etc.

A. H.

POSTSCRIPTUM.

La langue parlée dans les conciliabules de voleurs sous la dénomination d'argot, qu'elle a toujours conservée depuis, dérive, dit-on, de Ragot, «l'élégant et insigne orateur bélistral unique, Ragot, jadis tant renommé entre les gueux à Paris, comme le parangon, roy et souverain maistre d'iceux, lequel a tant fait en plaidant pour le bissac d'autruy, qu'il en a laissé de ses enfants pourveuz avec les plus notables et fameuses personnes que l'on saurait trouver.» Je ne sais si l'on doit ajouter foi à cette assertion tirée des dialogues de Jacques Tahureau, mais ce qui est certain, c'est que l'argot était connu sous Louis XI. En ce temps-là cinq ou six pièces de vers furent écrites en langage argotique par François Villon, poète de quelque mérite superlatif en exploits de coupe-bourses, comme dit Et. Pasquier, et habile tailleur de faux coins (faux monnayeur).

Eh bien! s'il vivait de notre temps, et s'il lui prenait fantaisie de déroger par une semblable composition à l'étiquette de notre littérature, il n'y réussirait pas sans difficulté. Aujourd'hui l'argot est pauvre, et se prête mal à la poésie, même à la poésie lyrique, qui permet plus de licence que toute autre. Au nombre des chansons fredonnées dans les prisons, dans le genre de celles des pages 28, 29 et 30, je n'en connais en vérité pas une seule qui mérite d'être rapportée ici comme complément.

Voici une burlesque traduction argotique d'un permis de publicité, et que l'on retrouve à la fin de tous les anciens vocabulaires des filoux.

CONDÉ.

J'ai mouchaillé le babillard, qui se bagoule Dictionnaire d'arguche, maquillé par A. H., l'un de nos archi-suppôts, et l'itre toutime babille, je n'y itre réconoblé floutière de vain et otépinière de chenu, pourquoi j'itre foncé condé de la cartauder.

A Pantin en jaune de la longue qui boule.
P. F., cagou du Grand-Coesre.

TRADUCTION.

J'ai regardé le livre qui se nomme Dictionnaire d'argot, fait par A. H., l'un de nos docteurs, et l'ai entièrement lu, je n'y ai reconnu rien de mauvais, et n'y ai trouvé que du bon; pourquoi j'ai permis de l'imprimer.

A Paris en été de l'année présente.
P. F., lieutenant du maître des gueux ou truands.

FIN.

Illustration

Impr. de Pommeret et Moreau, quai des Grands-Augustins, 17.






End of the Project Gutenberg EBook of Le nouveau dictionnaire complet du
jargon de l'argot, by Arthur Halbert d'Angers

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