The Project Gutenberg eBook of L'Illustration, No. 3241, 8 Avril 1905

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Title: L'Illustration, No. 3241, 8 Avril 1905

Author: Various

Release date: November 18, 2010 [eBook #34363]
Most recently updated: January 7, 2021

Language: French

Credits: Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque

*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, NO. 3241, 8 AVRIL 1905 ***







L'Illustration, No. 3240, 1 Avril 1905


(Agrandissement)


LA REINE D'ANGLETERRE EN FRANCE
Sur le pont du yacht «Victoria-and-Albert»
--D'après une photographie prise à bord.


Le numéro de la semaine prochaine, portant la date du 15 avril, contiendra:

SCARRON la grande comédie tragique en cinq actes, en vers, de M. Catulle Mendès, que M. Coquelin vient de représenter avec tant d'éclat au théâtre de la Gaîté. Le numéro du 22 avril contiendra:
L'AGE D'AIMER la délicieuse et fine comédie de M. Pierre Wolff, dans laquelle Mme Réjane vient de faire sa rentrée au théâtre du Gymnase avec un si vif succès.

Paraîtront ensuite:

L'ARMATURE, par M. Brieux, d'après le célèbre roman de M. Paul Hervieu, de l'Académie française (Vaudeville);
MONSIEUR PIÉGOIS, par M. Alfred Capus (Renaissance);
LE DUEL, par M. Henri Lavedan (Comédie-Française);
LE RÉVEIL, parM. Paul Hervieu (Comédie-Française);
LE GOUT DU VICE, par M. Henri Lavedan (Gymnase);

Les prochaines pièces de MM. Brieux, Maurice Donnay, Jules Lemaître et de tous les principaux auteurs dramatiques contemporains.

COURRIER DE PARIS

journal d'une étrangère

Le matin, au Concours hippique. Un joli soleil dore, à travers les hautes coupoles de verre où les moineaux volettent et piaillent, le sable jaune de la piste, fait briller les ors des tentures et les feuilles des petits orangers bien alignés, en bouquets tout neufs, autour des «obstacles». On époussette, on range, on apporte des fleurs fraîches, tandis qu'au bout de l'immense manège désert, à l'écart,--sur une petite piste improvisée dans la grande,--un peloton de cavaliers silencieusement galope. C'est l'examen d'équitation des jeunes gens: une séance que l'élégante clientèle des après-midi dédaigne et qu'elle a tort de dédaigner. Leurs chevaux ne sont point jolis. Ce sont d'honnêtes rosses empruntées aux manèges que ces écoliers fréquentent, mais ils sont, eux, si gentils... les uns, sanglés dans la tunique du potache, que déborde un faux col trop haut, et coiffés du képi souple, à la mode de Saumur; les autres, costumés militairement, la taille raide sous le dolman bleu de «l'Escadron de Saint-Georges»; ou simples sportsmen. mais qu'on sent déjà passés maîtres en l'art de s'habiller: jambières de cuir fauve, culotte anglaise, jaquette d'impeccable coupe, gants blancs, le melon noir posé un peu en arrière et de côté, comme il convient... Ils marchent, trottent, évoluent sous l'oeil du jury sévère; ceux-là, graves et sans coquetterie, soucieux surtout d'être bien notés; ceux-ci, plutôt préoccupés d'intéresser notre petit groupe de spectatrices (nous ne sommes pas vingt femmes en tout!) parmi lesquelles j'aperçois des mamans attentives et des jeunes filles (grandes soeurs? petites cousines?) qui rient tout bas, en se chuchotant des choses à l'oreille.

Ce sont des enfants, ces cavaliers, mais en qui déjà s'ébauchent plaisamment les hommes qu'ils seront demain, et je crois que je saurais deviner, au passage, à quoi rêve chacun d'eux, dans le bercement de cette chevauchée matinale; voici le piocheur, et voici le paresseux; voici l'ambitieux, et voici le dilettante; celui que séduiront les aventures difficiles, et celui que sa jument, très soignée, n'emmènera jamais très loin du Bois... Il y a des façons, à seize ans, d'être adroit ou gauche; de sourire, de saluer, de boutonner ses gants, de «surveiller» sa silhouette, qui ne trompent pas l'oeil d'une femme.

Onze heures et demie. Les petits cavaliers se sont dispersés au trot de leurs maigres montures; le long des Champs-Élysées, des attelages légers passent, des automobiles se croisent, dans un vertige de vitesse; les deux palais, le pont Alexandre-III, déploient dans la lumière de ce radieux matin de printemps la splendeur de leurs pierres neuves... C'est une Exposition universelle qui nous a légué ce décor. Alors, pourquoi donc est-ce la mode, à Paris, de parler aujourd'hui des Expositions universelles avec tant de dédain? Un député proposait, ces jours-ci, qu'on en organisât une en 1911; à l'unanimité, cette proposition fut rejetée. On ne consent à promettre une Exposition universelle aux Parisiens que pour 1920, s'ils sont bien sages.

Pourquoi si tard? Les Français se reprochent mutuellement de ne point aimer les voyages lointains, d'ignorer les choses de l'étranger. Ces Expositions ne leur étaient-elles pas de très commodes occasions de s'instruire sans se déranger et d'attirer vers eux, d'installer à côté d'eux des sympathies que leur paresse hésitait à aller conquérir sur place?

Je ne pense pas que ces rapides rapprochements de peuple à peuple laissent aux hommes le temps de se pénétrer très à fond; mais ils leur offrent un moyen agréable de se côtoyer, de s'effleurer profitablement, de se renseigner sur mille choses qu'on ignorait ou qu'on savait mal. Une Exposition internationale, c'est, en même temps qu'une vaste leçon de choses, une école de diplomatie et de politesse. A distance, on se méfiait les uns des autres; on se détestait même, à tout hasard; et il a suffi d'édifier sur un terrain vague quelques vitrines et de mettre diverses choses dedans, pour que tout de suite, autour de ces étalages éphémères, des gens de tous pays se rencontrassent avec le désir de se mieux connaître et l'illusion de s'aimer un peu...

J'ai même constaté que cette illusion devient une réalité quelquefois. C'est surtout par l'éloignement, par les préjugés et la mauvaise foi des écrivains que sont entretenues les méfiances bêtes, les animosités qui divisent, de pays à pays, les pauvres hommes. Poussez l'un vers l'autre deux êtres qui croyaient s'abhorrer; faites-les se coudoyer, s'entretenir de leurs affaires autour d'une table bien servie, dans la fumée des cigarettes; et voilà une amitié conclue. Je ne sais quel philosophe a écrit que le grand tort des hommes qui n'ont point les mêmes patries est de ne pas dîner ensemble assez souvent. C'est vrai. Rien ne vaut le contact. Il y a huit jours, cette visite à Tanger de l'empereur allemand nous apparaissait comme quelque chose de menaçant; je suis sûre pourtant que si l'on interrogeait sur la signification de cet événement le jeune diplomate et l'officier français avec qui l'on vit, dans cet instant-là, bavarder familièrement Guillaume II, tous deux protesteraient que ce monarque est un homme à qui nous prêtons bien imprudemment des intentions vilaines qu'il n'a pas. Ils l'ont vu; il a serré leurs mains: les voilà conquis... Laissons venir à nous les étrangers; promenons de l'Opéra-Comique à Trianon les «reines» de la Mi-Carême italienne; en bien montrant Paris aux étudiants de Gottingue et de Francfort qui le visitent depuis une semaine, apprenons-leur à l'aimer. Le «contact»... en vérité, même entre gens d'un même pays, il n'y a que cela qui importe.

«Savez-vous, madame, me disait un jour un ingénieur des Postes, pourquoi les abonnés du téléphone malmènent si rudement, parfois, nos employées? C'est qu'ils ne les voient pas. La distance donne une sécurité qui rend lâche, supprime chez les gens les mieux élevés le sentiment de certains égards nécessaires.»

J'ai deux amis (l'un député modéré, l'autre conseiller municipal d'extrême gauche) qui sont friands de cuisine russe. Ils se détestaient sans se connaître. Je les réunis à ma table de temps en temps pour leur faire manger de la pintade aux groseilles et du cochon de lait à la crème de raifort. Et ainsi, petit à petit, ces deux hommes sont arrivés à se mettre à peu près d'accord sur une certaine façon de séparer, sans trop de dégâts pour personne, les Eglises de l'État.

Mieux que cela: je connais un explorateur qui, à force de fréquenter les nègres de l'Oubangui, s'est mis à les aimer. Il parle d'eux avec une émotion gentille; et presque toujours, en principe, il est «pour le noir» contre le blanc. Je l'ai rencontré avant-hier, dans un salon de coloniaux où l'on s'entretenait du départ de Brazza pour le Congo. Une dame demandait:

--Il y a des anthropophages, de ce côté-là?

--Beaucoup.

--Quelle horreur!

L'explorateur sourit:

--Comme on a vite fait, dit-il, de penser du mal des gens qu'on ne connaît pas! Savez-vous, madame, ce que c'est, au juste, qu'un anthropophage?

C'est un pauvre noir, ignorant de tout, dénué de tout, obligé de subsister tant bien que mal en un pays sans culture où le gibier est introuvable, et qui, n'ayant parfois d'autre nourriture à se mettre sous la dent que le corps d'un ennemi tué à la guerre, prend le parti de le manger.

Mais je vous assure que cela n'exclut pas une certaine aménité de moeurs. J'ai régné naguère, comme chef de poste, sur des tribus d'anthropophages qui étaient d'aimables gens et s'étonnaient fort de me voir me fâcher quand, d'une expédition faite à mon insu (ces noirs ne cessent de guerroyer entre eux) ils me rapportaient une jambe, une épaule d'ennemi pour que j'en garnisse mon pot-au-feu. Brazza, qui a vécu sans escorte et sans armes au milieu de ces hommes-là et qui s'était fait aimer d'eux, vous dira que l'anthropophage ne se sent pas plus cruel, en employant à son alimentation les «morceaux» de l'ennemi qu'il a tué, que nous ne nous sentons cruels nous-mêmes, quand nous menons un veau à l'abattoir.

»Car aucun sentiment de haine, aucun besoin de vengeance, n'est-ce pas, ne nous incite au massacre des bêtes... Même (et cela est très bouffon) nous les avons «aimées» vivantes, le plus sincèrement du monde, avant de les aimer mortes. Mme Deshoulières composait des églogues sur les «petits moutons» en attendant d'en manger les côtelettes; et la vue d'un mignon poussin, d'un caneton vivant dont les parents nous seront servis tout à l'heure en fricassée ou en chaufroid, remue doucement nos âmes.

»Car nous sommes des gens sensibles... Mais nous sommes cyniques aussi. Nous parons de fleurs, au lendemain des concours agricoles, les quartiers de nos animaux gras; nous aménageons nos boucheries en coquets salons de chair fraîche. Nous faisons même de l'esprit: j'ai vu l'autre jour, dans une gare du Métro, une affiche où figurait un boeuf rêvant devant un pot de Liebig, avec cette légende: «Pressentiment douloureux»!

»Les anthropophages ont plus de dignité, madame. Ils mangent leurs vaincus; mais ils ne les blaguent pas.»
Sonia.



LE VOYAGE DE LA REINE D'ANGLETERRE

A GIBRALTAR ET A MARSEILLE

Précédant de quelques jours l'empereur d'Allemagne, et se rendant comme lui dans la Méditerranée par le même itinéraire, la reine Alexandra quittait Lisbonne, à bord du yacht Victoria-and-Albert, au moment où Guillaume II allait y arriver. Le 28 mars, trois jours avant la sensationnelle visite du souverain allemand à Tanger, le yacht royal entrait en rade de Gibraltar, et les croiseurs français Linois et Du-Chayla venaient y saluer la reine, portant à leur bord le représentant de la Grande-Bretagne en même temps que celui de la France. Cette manifestation, simplement courtoise en temps ordinaire, a paru emprunter aux circonstances une signification que le choix du port de Marseille, pour le rendez-vous de la reine Alexandra et du roi Edouard VII, a précisée et accentuée.


LE VOYAGE DE LA REINE D'ANGLETERRE.
--Le yacht "Victoria-and-Albert" ayant à bord la reine Alexandra, est salué, à son arrivée à Gibraltar, par les canons des forts et des croiseurs français "Linois" et "Du-Chayla", ayant à bord les représentants de la France et de la Grande-Bretagne.

Chambre du roi Edouard VII. La cloche d'argent du bord.
Phot. S. Cribb.
Chambre de la reine Alexandra.


La salle à manger.                                                            Le salon.
Photographies Russell and Sons.

LE RENDEZ-VOUS DU ROI ET DE LA REINE D'ANGLETERRE A MARSEILLE.--Appartements des souverains à bord du yacht royal "Victoria-and-Albert".



Les souverains allemand et portugais en carrosse.          Guillaume II descend du carrosse royal.

LE VOYAGE DE GUILLAUME II

Nous avons, la semaine dernière, annoncé la nouvelle de la sensationnelle visite qu'allait faire à Tanger, entre une escale à Lisbonne et une autre aux Baléares, l'empereur Guillaume IL Cette visite a pris les proportions d'un incident diplomatique.

Elle n'a pourtant pas été longue, ayant duré tout juste une heure et demie. Mais elle a présenté un caractère assez solennel, comme nos lecteurs peuvent en juger par les photographies que l'Illustration --qui était représentée là comme elle l'est partout--a reçues de ses correspondants particuliers, et qu'un véritable tour de force nous permet de publier dès cette semaine.

Nous n'avons que peu de mots à ajouter aux légendes explicatives imprimées sous chaque gravure.

On sait que le débarquement de l'empereur, annoncé pour neuf heures du matin, n'eut lieu qu'à onze heures et demie. Entre temps, des officiers de l'état-major impérial étaient descendus à terre, avaient pu s'assurer de l'état des esprits et avaient occupé leurs loisirs à essayer les chevaux offerts par le sultan à son impérial visiteur.

Guillaume II, débarqué en retard, tint cependant à repartir à l'heure convenue. Le programme fut donc écourté. Il n'y eut pas de fantasia, pas de visite au Grand-Sokko et à la Kasbah: il n'y eut que des réceptions, de brefs discours, de rapides entretiens de l'empereur avec l'oncle du sultan, Abd el Malek, et le caïd anglo-marocain Mac-Lean, venus tout exprès de Fez, avec les commerçants allemands de Tanger, avec le capitaine français Fournié, avec le comte de Chérisey, notre chargé d'affaires en l'absence de M. Saint-René-Taillandier. Pour tous, Guillaume II eut, paraît-il, de bonnes paroles. Mais on n'en connaît pas encore la teneur exacte, et ce doute permet aux commentaires d'aller leur train: il y a désormais un incident franco-anglo-hispano-allemand-marocain.


Guillaume II.        Carlos Ier.                                               
GUILLAUME II A LISBONNE.--L'empereur d'Allemagne visite la caserne du 4e régiment de cavalerie portugais, dont il est colonel honoraire.--Photographies de notre correspondant, M. Benoliel.]


ARRIVÉE A TANGER DU «HAMBURG», AMENANT L'EMPEREUR GUILLAUME II..--Des barcasses marocaines se dirigent vers le navire allemand, portant à l'empereur la «mouna» traditionnelle: l'une est pleine d'oeufs, l'autre de boeufs, une troisième de volailles, etc.

Arrivée d'Abd el Malek, oncle et représentant du sultan. La rue de la Mosquée, pavoisée en l'honneur de l'empereur.

La légation d'Allemagne à Tanger et l'arc de triomphe élevé par les commerçants allemands. Les autorités marocaines, le corps diplomatique et les représentants de la colonie allemande attendant l'empereur.

LA VISITE DE GUILLAUME II A TANGER
Photographies de nos correspondants, MM. Du Taillis et Vaffier-Pollet.--Voir la suite des gravures, pages 220 et 221.


Mlle Ferro-Pia, reine de Turin, sur la tour Eiffel, regardant le Sacré-Coeur.--Phot. Raffaele. Mlle Maria Nulli, reine de Milan, et ses deux pages, en haut de la tour Eiffel.--Phot. Raffaele.

LES «REINES» ITALIENNES A PARIS

Cette année, la fête de la Mi-Carême, à Paris, a été particulièrement brillante, grâce à la présence de deux «souveraines» venues tout exprès d'au delà des Alpes pour y participer. Les «reines» des marchés de Milan et de Turin, Mlle Maria Nulli et Mlle Rosina Ferro-Pia avaient, en effet, saisi l'occasion la plus opportune de rendre leur récente visite aux «reines» des marchés parisiens, Mlle Toyet et Mlle Jeanne Troupel. Le jeudi 30, vêtues de somptueux atours, entourées de leurs demoiselles d'honneur, de leurs pages aux superbes costumes archaïques, elles partagèrent avec leurs soeurs françaises le triomphe du cortège traditionnel et les acclamations de la foule. Elles eurent également l'insigne faveur d'arrêter un instant les regards du président de la République et de Mme Loubet, installés à une fenêtre de l'Élysée. Ce ne furent, d'ailleurs, pendant leur séjour d'une semaine, que galas, banquets, promenades, organisés à leur intention. Le dimanche, précédant leur départ, Leurs Majestés italiennes voulurent accomplir l'ascension de la tour Eiffel, afin de contempler de haut ce Paris qui les avait fêtées et enchantées, et aussi peut-être de prouver qu'elles étaient capables de fréquenter les sommets sans crainte du vertige.


Le chevalier Piccini. Mlle Ferro-Pia, reine de Turin. M. Brézillon. Mlle Troupel, Reine de la rive droite. M, Gondolfi. Mlle Nulli, Reine de Milan. M. Leroy. Mlle Toyet, Reine de la rive gauche. M. Leray. Mlle Mullier, Reine des marchés découverts.
LES REINES DES MARCHÉS DE MILAN, DE TURIN ET DE PARIS, DANS LA COUR D'HONNEUR DU PALAIS DE L'ELYSÉE



INCENDIE D'UN TRAIN DE VOYAGEURS DÉRAILLÉ A ARCUEIL, ENTRE PARIS ET LIMOURS.--Phot. de M. Flinoise.

Le 30 mars dernier, à sept heures du matin, le train de Paris à Limours déraillait, en pleine voie et en pleine vitesse, entre Arcueil-Cachan et Bourg-la-Reine. Un retour de flamme du foyer de la locomotive incendiait le fourgon qui venait de s'écraser sur le tender et, de là, le feu se communiquait au train entier. Le mécanicien, le chauffeur et un voyageur ont été carbonisés; neuf autres voyageurs ont été blessés.



Le théâtre de la guerre au commencement d'avril.                   Les ambitions japonaises.
LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE.--La situation après quatorze mois de guerre.

L'armée russe, désorganisée par sa défaite de Moukden, réduite à une infériorité de 120.000 à 150.000 hommes par rapport à son adversaire, poursuit lentement vers le nord sa pénible retraite.

Les premiers jours qui ont suivi la bataille, les escarmouches d'arrière-garde ont été incessantes. On pouvait, à tout moment, redouter un nouveau désastre; mais les Japonais, aussi exténués que les Russes, n'ont pas pu poursuivre avec énergie. Leur seul effort sérieux a été tenté sur le Fan-Ho, au sud de Tié-Ling, le 14 mars; il n'a pu empêcher les Russes de s'arrêter quatre jours en ce point, de s'y reformer, puis de continuer leur marche vers le nord, en détruisant derrière eux tous les ponts des nombreuses rivières et en particulier ceux du Houn-Ho, au sud de Moukden et du Tchai-Ho, au nord de Tié Ling. Cette précaution ralentit considérablement la marche des Japonais qui ne peuvent songer à pousser en avant des forces importantes avant d'avoir rétabli les ponts et la voie ferrée.

Aussi la retraite des Russes est-elle, depuis quelque temps, arrêtée. Le gros de leurs armées paraît réuni auprès de Kouan Tcheng-Tsé et de Goutchouline. Cette ville, grand entrepôt, centre des formations de la Croix-Rouge, est protégée par des travaux récents de fortification: un grand camp permet d'y abriter plusieurs corps d'armée.

Plus au nord, le chemin de fer traverse la rivière Soungari, colossal affluent de l'Amour, dont le cours, impétueux à cette époque de la fonte des neiges et d'une largeur de 900 à 1.500 mètres, l'absence de tout pont en dehors de celui du Transmandchourien, enfin les collines dominantes de la rive droite font un obstacle de premier ordre.

Une partie importante des troupes de Liniévitch s'est rassemblée vers Kirin, seconde capitale de la Mandchourie, située au débouché de la montagne, centre d'une contrée spécialement riche et fertile. Cette séparation de l'armée russe en deux masses est de nature à inquiéter un peu, car chacune d'elle est assez faible pour pouvoir être écrasée par une attaque en forces. Mais elle est rendue inévitable par la situation stratégique. Les Russes, en effet, ont à protéger deux directions particulièrement menacées: d'une part, celle de Kharbin, leur centre vital, et de Tsi-Tsi-Kar, où les Japonais pourraient, s'ils y parvenaient, les couper de la Russie; d'autre part, celle de Vladivostok, que les Nippons ne cachent pas leur intention d'aller assiéger prochainement. Or, de Moukden, une seule route conduit de ce côté, celle de Kirin et Ningouta.

Chaque jour, Liniévitch reçoit des renforts: le 4e corps vient d'arriver, ainsi que deux brigades de chasseurs et plusieurs escadrons; des postes de garde de la voie ferrée ont été ramassés pendant la retraite. C'est un appoint de 60.000 à 70.000 hommes qui s'ajoute aux 140.000 hommes auxquels ont été réduits les débris des trois armées au lendemain de Moukden.

Mais ces 200.000 hommes sont bien insuffisants pour permettre, avant longtemps, de lutter avec quelque chance de succès contre les 300.000 à 350.000 dont dispose Oyama. Le Transsibérien amène à Liniévitch environ 1.000 hommes par jour. Mais le Japon a montré qu'il était capable, lui aussi, de préparer et d'envoyer des renforts dans la même proportion.

En outre, la région dans laquelle s'opère la retraite sur Kharbin constitue, de Tié-Ling au Soungari, sur plus de 300 kilomètres, une sorte de couloir, large et peuplé, mais ruiné depuis longtemps par la présence des armées. Il est limité, à l'est, par la montagne, couverte seulement d'interminables forêts presque vierges; à l'ouest, par une immense plaine désertique, sans eau, sans arbres, sans habitants, où, à perte de vue, ne pousse qu'une inutilisable herbe sauvage. Les géographes l'ont baptisée: «désert de Gobi oriental», et les Mandchous: «Terre des herbes».

L'armée a donc le plus grand besoin de conserver Kirin pour pouvoir vivre sans être obligée de recourir au Transsibérien, ce qui diminuerait les transports de troupes.

Le gros de l'armée japonaise est resté jusqu'ici autour de Tié-Ling, Moukden et Facoumen, avec de fortes avant-gardes à hauteur de Tchan-Tou-Fou, sur les routes principales. Fidèle à la tactique des doubles mouvements enveloppants qui lui a jusqu'ici si bien réussi, et que permet son énorme supériorité, Oyama semble pousser peu à peu vers le nord, par Facoumen, une forte colonne dont nous avons déjà signalé l'existence sur notre croquis du 18 mars. D'autre part, des mouvements, entourés d'un grand mystère, s'effectuent dans la haute montagne. Les Japonais veulent-ils attaquer en force à Kirin en débouchant de plusieurs directions, ou ont-ils, comme certains le supposent, détaché un corps important qui, évitant Kirin, se glisserait sur Ningouta pour couper la voie ferrée et courir ensuite à l'attaque de Vladivostok? On ne saurait pour le moment le préciser. On a même été jusqu'à parler d'une nouvelle armée qui, rassemblée secrètement au nord de la Corée, serait prête à marcher, sous les ordres de Kawamoura, vers le Toumen et le grand port russe.

En tout cas, il est certain qu'Oyama ne restera pas inactif et qu'il ne tardera pas à chercher à profiter de l'énorme supériorité qu'il a sur son adversaire.
L. de Saint-Fégor.



NOTES ET IMPRESSIONS

Une loi primordiale et absolue régit la création: la loi du progrès. Tout s'élève dans l'infini; les fautes sont des chutes. Camille Flammarion.

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Riches et pauvres: mauvaise classification. Dépendants et indépendants, voilà la véritable. Emile Augier.

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Quelle ironie! Des guerres de religion dans un pays qui n'a pas de religion!Ernest Legouvé.

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En dépit des travers du chauvinisme ou des écarts de la superstition, le patriotisme ne cesse d'être une vertu et la religion une force.

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On ne décrète pas le bonheur universel, on le rêve: le vouloir obligatoire est la source des pires persécutions.G.-M: Valtour.




Guillaume II, à peine débarqué, s'entretient avec
Abd el Malek, oncle du sultan.


Guillaume II débarque à Tanger à onze heures et demie: il est reçu, sur le wharf, par Abd el Malek et les autorités marocaines.


Avant le débarquement de l'empereur: les officiers
allemand essayent les chevaux offerts à Guillaume II par le sultan.


Précédés par la délégation marocaine, l'empereur Guillaume II et son état-major se mettent en route pour la légation d'Allemagne.


A l'arrivée: au bout du wharf, Guillaume II
serre la main du caïd Mac-Lean.


A deux heures, l'empereur et son cortège reviennent pour le départ au débarcadère, à l'extrémité duquel attendent les canots du "Hamburg".


Le départ.

L'INCIDENT MAROCAIN: VISITE DE GUILLAUME II A TANGER, LE 31 MARS
Photographies des correspondants de L'Illustration, MM. Du Taillis et Vaffier-Pollet.



La navigation sur la Meuse, entre Dordrecht et Rotterdam.

LES ROUTES D'EAU DE HOLLANDE

«Dieu a créé la mer, dit un vieil adage latin qui a cours encore aux Pays-Bas. Le Hollandais a créé la terre.» Et il faut reconnaître que le Hollandais, patient et tenace, a réalisé là une oeuvre de Titan, jamais achevée, d'ailleurs, depuis des siècles qu'elle continue de s'accomplir, toujours précaire, et devant laquelle, involontairement, on songe aux travaux expiatoires imposés à certains héros de la mythologie, à quelque tonneau des Danaïdes à rebours, que tout un peuple serait condamné non plus à remplir, mais à épuiser, sans espoir d'en jamais découvrir le fond.

La Hollande est menacée par les eaux de tous côtés: du nord par l'Océan et ses marées; du midi par les fleuves qui, à la merci d'une embâcle de glaces, à la fin de l'hiver, d'une période exceptionnelle de pluies, pourraient inonder tout à coup de leurs eaux bourbeuses des lieues de territoire, ruinant le pays, engloutissant les habitants. A chaque pas, dans son histoire, on rencontre le récit de catastrophes pareilles.

Au moment où, en 1810, Napoléon étendait sa serre vers la Néerlande, il la définissait: «Une terre d'alluvion formée par le Rhin, la Meuse et l'Escaut.» Il lui semblait ainsi justifier sa conquête. Maître des trois fleuves, il estimait de son droit de posséder encore les vases et les sables qu'ils avaient déposés à leurs embouchures. Mais quels collaborateurs a eus ici la nature! Sans le génie de ses habitants, toute cette contrée ne serait qu'un incertain marécage. Un peuple qui a conquis dans de telles conditions le sol qu'il habite est, mieux qu'aucun autre, fondé à en revendiquer la libre jouissance; il a doubles titres à l'indépendance.

La Hollande est habitable seulement grâce à la lutte continuelle des hommes contre l'envahissement des eaux, grâce à un effort sans trêve. Non seulement le Hollandais a, comme l'affirme le dicton, «créé la terre», mais, cette création, il la poursuit au jour le jour. Il semble perpétuer, sans se reposer un moment, l'acte divin et du limon fait surgir les champs, les prés, les bois.

Cette lutte dure depuis des temps immémoriaux. Dès le onzième siècle, les chroniques mentionnent l'existence de digues nombreuses opposées aux flots. Il y a, comme dans toute guerre, des alternatives de victoires et de défaites. Tantôt on conquiert sur l'ennemi, tantôt il prend d'éclatantes revanches. De 1500 à 1860, on a perdu sur la mer 1.589.000 hectares. On en a reconquis 360.000 seulement. Mais on ne désespère pas de regagner l'avantage, et l'on s'occupe maintenant de dessécher, dans le Zuyderzée, 200.000 hectares d'un coup.

Un menu détail de la langue administrative apparaît comme très caractéristique de la situation, de la structure du pays. Le service des ponts et chaussées s'appelle, là-bas, le Waterstaat, le département de l'eau. C'est, pour la Hollande, plus sûrement que ses deux ministères de la guerre et de la marine, le vrai ministère de la défense nationale.

Pour soutenir les assauts furieux des vagues ou des inondations, il a construit, il construit, répare, entretient des barrages plus résistants que des murailles de forteresses: il en a maintenant plus de 2.500 kilomètres à surveiller.

On peut dire que c'est à lui, autant qu'à la nature, que le paysage hollandais doit son aspect particulier, puisque c'est lui qui a créé les digues et les canaux, ces deux ouvrages qui donnent à la Hollande son allure, en même temps qu'ils sont nécessaires à son existence même; lui qui a aménagé les polders, ces terres sorties à peine des eaux génératrices, les a entourés de barrages étanches, puis découpés par des canaux, des fossés, des rigoles, et, enfin, à l'aide de pompes, les a desséchés, rendus cultivables et habitables.

C'est lui qui a dessiné ces damiers plus ou moins réguliers, où les tapis verts et drus de rives plates margent les longues bandes d'eau calme, immobile, des canaux, de loin en loin troublés, un moment, par le passage de quelque barque chargée de scintillants bidons, qui conduit au pâturage, à l'heure de la traite, garçons et filles de ferme, ou encore, dans d'autres contrées, par la lente promenade du coche d'eau, remorqué à la cordelle sur le chemin de halage dallé de briques, par des bateliers en vestes courtes, en larges culottes. Car, ici, pas de routes: un large canal est le grand chemin, accessible aux grosses barques; le chemin vicinal est un simple fossé; le sentier d'exploitation rurale, une étroite rigole d'assèchement.

Le Waterstaat toujours a construit ces ports avenants, animés d'une vie si placide, même au fort du travail, avec leurs quais parfois ombragés de fraîches verdures, au pied desquels se pressent les barques pansues, leurs dérives relevées sur leurs flancs lourds comme les élytres repliés d'un coléoptère.


Bord de canal à Middlebourg, dans l'île de Walcheren (Zélande).

Et même les moulins, ces pittoresques moulins alignés souvent par centaines dans les prairies et dans les cultures, au bord des canaux, et agitant leurs bras grêles «comme des marins qui échangeraient des signes de détresse sur un navire qui fait eau», sont encore des créations, des auxiliaires du Waterstaat. Pour la plupart ce sont de faux moulins, des moulins qui ne moulent rien, mais qui actionnent seulement des pompes d'épuisement.

Peut-être n'ont-ils plus long temps à remplir ce rôle utile. Déjà, l'administration emploie beaucoup les turbines à vapeur, et près de six cents de ces engins perfectionnés, développant plus de 20.000 chevaux de force, sont en service dans l'étendue du pays. Quoiqu'il en soit, si nombre des moulins, des si jolis moulins hollandais, disparaissent, ce sera toujours au Waiersimal qu'il faudra s'en prendre.

Et en tout, partout, le Waterstaat, le département de l'eau, apparaît comme une manière d'auxiliaire, de collaborateur actif, jamais las, de la Providence, qui avait fait à ce pays des conditions d'existence si ingrates et si rudes; comme un génie bienveillant, compatissant, secourable, qui répare, dans la mesure de sa puissance, les torts primitifs du destin.

1. Dans le port de Dordrecht.--2. Quai d'Amsterdam--3. La Meuse à Dordrecht.--4. Les moulins près de Rotterdam.



Reproduction exacte de la chapelle et de la grotte de Lourdes, édifiée dans les jardins du Vatican.


S. S. le pape Pie X prononce une allocution en réponse à celle de Mgr Schoepfer, évêque de Tarbes.

INAUGURATION D'UNE REPRODUCTION DU SANCTUAIRE DE LOURDES DANS LES JARDINS DU VATICAN
Photographies G. Felici.--Voir l'article, page 232.



MONSEIGNEUR FAVIER

Mgr Favier, vicaire apostolique français du Pé-Tchi-Li, vient de mourir, à Péking, sa résidence, à l'âge de soixante-sept ans.

Né à Marsannay (Côte-d'Or), d'une famille d'humble condition, il entrait, à sa sortie du séminaire de Dijon, dans la congrégation des lazaristes et s'embarquait presque aussitôt pour la Chine, où il devait passer les quarante-trois années de son apostolat.


Dès le début de sa longue carrière de missionnaire, il s'était signalé non seulement par son zèle de propagandiste, mais encore par son souci de s'initier le plus complètement possible à la langue et aux coutumes du Céleste Empire; aussi, bien avant son élévation à l'épiscopat en 1897. son ardeur militante, son infatigable activité, son influence exercée au profit des intérêts de la France, en avaient fait un personnage de haute importance.

Vénéré de la colonie européenne, sans distinction de nationalité ni de culte, il jouissait, d'autre part, d'un grand crédit auprès de l'impératrice de Chine, qui lui avait conféré le mandarinat de 1re classe.

Elle était singulièrement originale, la physionomie de ce prélat mandarin, portant tour à tour le vêtement ecclésiastique et le costume de tao-taï, le plus souvent coiffé d'une toque de loutre, et nul cadre ne pouvait mieux s'adapter à une telle figure que la demeure où Mgr Favier s'était entouré d'une inestimable collection d'objets d'art chinois dont la plupart ont été reproduits dans son bel ouvrage sur Péking.

On n'a pas oublié son rôle héroïque en 1900, dans la cathédrale du Peï-Tang assiégée par les boxers. Les épreuves subies à cette époque avaient ébranlé sa santé, et, il y a un an, une attaque de paralysie réduisait à l'immobilité le vaillant homme d'action qui vient de s'éteindre.



"Mineur au repos", par Constantin Meunier.Phot. E. F.

Mais, dans la mémoire des générations, il demeurera surtout comme le plus compatissant et le plus admirable des sculpteurs de l'ouvrier.

L'écrivain Camille Lemonnier, qui lui a consacré un fort beau livre, lui avait demandé sa collaboration pour l'illustration d'un ouvrage qu'il préparait sur la Belgique. Constantin Meunier, que son instinct poussait déjà vers le naturalisme, vers la traduction des scènes de l'existence courante, s'en était allé vers le Borinage, la contrée sombre des charbonnages et des usines. Il y entrevit sa terre promise. Peu après, il acceptait, heureux à la pensée des oeuvres possibles, de s'exiler, comme professeur de dessin, à Louvain. Il allait vivre là au milieu des mineurs, des herscheurs, les premiers héros de cette sorte de Divine Comédie des prolétaires qu'il a coulée dans le bronze. Pour les immortaliser, il reprit l'ébauchoir et la glaise. Sa sympathie, d'ailleurs, ne s'arrêta pas à eux seuls.

CONSTANTIN MEUNIER

Le sculpteur Constantin Meunier est mort, le 4 avril, à Bruxelles, où il était né le 12 avril 1831.

Quelques jours seulement avant ce dénouement d'une carrière exceptionnellement féconde, un de ses intimes, M. Paul Matout, prenait de lui, dans son atelier, la photographie que nous avons la bonne fortune de publier et qui le représente au milieu de ses oeuvres, devant l'une de ses toiles rapportées du «Pays Noir»,--l'expression est de lui,--et l'un de ses bustes si puissamment expressifs.

Constantin Meunier avait longtemps et opiniâtrement cherché sa voie.

Fils d'un petit fonctionnaire, entraîné par son frère aîné, le graveur J.-B Meunier, à l'atelier des moulages, il avait travaillé la sculpture avec Fraikin, un statuaire belge très académique. Puis la peinture, à son tour, l'avait séduit. Il reste, de cette période de sa carrière d'artiste, des études et des tableaux sur la Vie des Trappistes, sur la Guerre des Paysans, sur l'Espagne où l'avait conduit une mission officielle.


Constantin Meunier dans son atelier. Photographie prise huit jours avant sa mort par M. P. Matout.

Tous les humbles aux prises avec les rudes tâches, pêcheurs en lutte avec le vent et les marées, paysans acharnés contre la glèbe, cyclopes du four ou de la forge, il les a tous pétris tour à tour en des bronzes d'une étonnante ampleur de facture, d'une intensité d'expression vraiment prodigieuse.

L'apparition, au Salon de 1886, du Marteleur qui lui valut une médaille d'honneur, le révéla à Paris, lui donna d'un coup la gloire. Il avait vécu, depuis lors, environné de l'admiration, du respect de quiconque, au monde, s'intéressait aux choses de l'art.


Le paquebot "Cairo" naufragé à l'entrée d'Alexandrie. Phot. communiquée par le major W. T. Holland. Les débris du trois-mâts "Khyber", broyé par une tempête sur les côtes de Cornouailles.

Documents et Informations

Le naufrage du «Cairo».



L'un des paquebots de la Compagnie italienne de navigation, le Cairo, vient de se perdre, au moment de toucher au port, à l'entrée d'Alexandrie. Le naufrage s'est produit dans la soirée du 5 mars et c'est le lendemain matin seulement qu'on a pu venir au secours des malheureux passagers, qui, bloqués sur ce bateau à demi submergé, étaient demeurés toute la nuit dans les transes les plus vives.

Un détail intéressera nos; lecteurs et amis: c'est le Cairo qui emportait, vers l'Égypte, le numéro de l'Illustration du 25 février, si bien que nos abonnés égyptiens n'ont reçu qu'après un long retard ce numéro, consacré, en partie, à l'assassinat du grand-duc Serge, à Moscou, et, en partie, au retour du général Stoessel.

A la conquête de l'or.



De singuliers appareils ont été récemment imaginés, en Amérique, qui sont déjà employés dans les vallées de la côte du Pacifique et qui serviront bientôt en Chine aussi. Ce sont des sortes de navires pour l'extraction de l'or: des extracteurs d'or flottants. Ces navires tiennent de l'arche et de la drague. Ils sont faits pour exploiter la terre et les sables du fond et des rivages des rivières. Munis de baquets, portés par une chaîne sans fin, qui vont se remplir de sable et de terre au fond de l'eau ou sur ses bords, munis aussi d'appareils qui brisent la roche et ameublissent le sol, ces navires sont essentiellement des laboratoires très perfectionnés pour l'extraction des parcelles d'or. La terre rapportée du fond de la rivière est abondamment lavée: le métal précieux est retenu par des tamis fins ou absorbé par du mercure On estime que le navire extracteur ne perd pas un dixième d'un pour cent de l'or que renferment les terres traitées par lui. Il peut «retravailler» avec profit les amas de terre des anciens placer. La dépense pour la manipulation des terres ne dépasse pas 20 ou 25 centimes par tonne. Mais les frais de première installation sont élevés: un navire laveur d'or coûte de 250.000 à 300.000 francs. Il y a actuellement déjà une centaine de laveurs d'or de ce genre qui, se promenant le long des berges des rivières des côtes du Pacifique, «travaillent» 40 ou 45 hectares de terre par mois, c'est-à-dire convertissent de la terre ferme en boue, après en avoir extrait l'or.

La cause du tempérament bilieux.



Des personnes irritables, brusques, on dit volontiers qu'elles ont le tempérament bilieux: mais c'est là une définition qui n'a pas de prétention scientifique; et rien, jusqu'à présent, n'aurait pu autoriser à soutenir que la bile était bien la cause du tempérament en question.

Eh bien, s'il faut en croire des expériences faites par quelques médecins, ce serait, en effet, la présence anormale d'une certaine quantité de bile dans le sang qui donnerait au système nerveux du bilieux les réactions qui caractérisent son tempérament propre.

Injectée à petites doses dans le sang, la bile agirait comme un excitant de la contractilité musculaire et de l'irritabilité nerveuse physiologique; les nerfs moteurs comme les nerfs sensitifs, sous son influence, présenteraient une hyperexcitabilité très nette. Mais, si l'hyperactivité mentale et l'hyperexcitabilité nerveuse se produisent avec de petites doses de bile, avec de hautes doses c'est la dépression, le malaise intellectuel et moral que l'on obtient, avec lassitude, tendance à la mélancolie, tristesse.

Ainsi seraient réalisées expérimentalement les deux formes du tempérament bilieux: la forme légère, plutôt favorable, et la forme accentuée, pénible pour soi et pour les autres et qui rend insociable.

Et voici un exemple curieux d'une vieille locution médicale, tombée depuis longtemps dans le langage vulgaire, et qui correspondrait à une réalité très précise d'un phénomène physiologique.

Une île problématique.



Une île fait beaucoup parler d'elle, en ce moment, dans le monde maritime du Pacifique.

Mais il est difficile d'en dire grand'chose: elle ne porte point de nom et, par surcroît, on ne sait même pas au juste si elle existe. Elle se trouverait entre les côtes du Mexique et l'archipel des Hawaï. Si l'on demande comment il se fait qu'on ait de telles incertitudes à l'égard de son existence, il n'est pas difficile de répondre: il suffit de faire observer que les parages où elle se trouverait sont de ceux que la navigation connaît et fréquente le moins. On ne passe pour ainsi dire jamais dans la région dont il s'agit. C'est dans les observations de baleiniers, dans les débuts du dix-neuvième siècle, qu'on a trouvé des raisons de croire à l'existence de cette île; mais les expéditions envoyées en 1827 et 1837 pour vérifier cette existence n'ont donné aucune confirmation du bruit qui courait. En 1837 encore, on n'a rien trouvé et, en 1899, une croisière de l'Albatros est également restée infructueuse, ne révélant dans les parages supposés de l'île que des sondages de 2.000 et 3.000 brasses. En 1902, toutefois, l'existence de l'île a paru moins invraisemblable: on a trouvé un haut-fond suspect. L'an dernier on a continué les recherches, mais elles n'ont encore rien donné: il s'agit d'explorer une région de 30.000 milles carrés et l'opération demande du temps. L'île cessera peut-être, un jour prochain, d'être problématique: pour le moment, toutefois, elle le demeure.

La protection du gros gibier en Afrique orientale.



M. Palluaud, de retour d'une mission dans l'Afrique orientale anglaise et allemande, faisait connaître tout récemment à la Société de Géographie comment les Anglais et les Allemands ont limité la destruction des grands animaux qui pullulent dans la région du lac Victoria-Nyanza.

En premier lieu, la chasse est interdite sur certains territoires; puis, les permis de chasse, au moins sur territoire anglais, coûtent 1.200 francs et ne donnent que le droit de tuer deux bêtes de chaque espèce.

Il est même défendu de tirer la girafe, qui se fait de plus en plus rare.

Seule la chasse au lion est libre; mais il est vraisemblable qu'on n'en abuse pas.

Contrairement à ce qu'on croit généralement, le lion, cependant, n'attaque pas volontiers l'homme. Il lui préfère les antilopes et les ânes; et, en réalité, il est moins dangereux pour l'homme que l'hippopotame, le rhinocéros ou le buffle qui charge en troupe.

Un navire broyé. Le 14 mars, le trois-mâts barque Khyber, allant de Melbourne à Falmouth avec un chargement de grains, après une traversée excellente jusque-là, était pris par la tempête en vue des côtes de Cornouailles. En un clin d'oeil, les voiles furent arrachées et le navire fut poussé dans la baie du Mont, près de Posthgwarra. Il y mouilla l'ancre. Mais la tempête ne se calmait pas et, le 15, au matin, le bateau fut jeté à la côte avant même qu'on eût pu mettre à l'eau les embarcations. Tout l'équipage--vingt-trois hommes--périt. Et quelques minutes suffirent aux vagues furieuses pour faire de ce navire de 3.000 tonnes le tas informe de débris que montre notre photographie et où l'on ne reconnaît, de toute la coque et du gréement, que trois tronçons de mâts couchés parallèlement sur la grève, à peu près dans les positions respectives qu'ils occupaient à bord.

La balle humanitaire.



Un de nos collaborateurs scientifiques, actuellement au Japon, où il a pu avoir accès dans les hôpitaux où sont soignés les blessés de Mandchourie, nous envoie les intéressants renseignements qui suivent:

Mince, longue, légère, coquette, revêtue de son résistant manteau d'acier ou de maillechort poli, la balle moderne, faite pour la vitesse, doit, semble-t-il, traverser les tissus, telle une grosse aiguille, sans laisser pour ainsi dire traces de son passage.

C'est ainsi qu'on se représente habituellement ce projectile dont le calibre a sans cesse, depuis quelque quinze ans, été diminué. Il ne dépasse pas 6 millimètres dans le fusil Arisaka, dont se servent aujourd'hui les Japonais en Mandchourie.

Cependant cette balle, animée, au sortir du canon, d'une vitesse de 600 à 700 mètres, s'arrête encore assez facilement dans les tissus, soit qu'elle vienne de trop loin, soit qu'elle ait ricoché sur le sol, soit enfin qu'elle ait rencontré sur sa route, en pleins tissus humains, un tendon, une aponévrose, une crête osseuse qui, la déviant de sa trajectoire, sur laquelle elle est assez instable, l'ait fait basculer, rouler sur elle-même. Elle agit alors à la façon d'un projectile volumineux et irrégulier, tout de suite arrêté dans sa course par la résistance que lui opposent les éléments anatomiques qui le retiennent prisonnier et supportent très bien, sans réagir, la présence de cet hôte un peu brutal.

Fait singulier et paradoxal en apparence, cette balle blindée, revêtue d'un manteau d'acier ou de maillechort, éclate souvent, au contact de corps moins durs, tel un rebord tendineux, une crête osseuse, et ces éclats deviennent, à leur tour, de très mauvais projectiles qui déchirent les tissus et sont parfois d'une extraction difficile.

Le but de la guerre n'est, paraît-il, pas de tuer, mais de mettre hors de combat le plus grand nombre d'ennemis possible, sans les exposer à d'horribles mutilations et à de cruelles infirmités.

Le projectile actuel réalise, en partie, ce desideratum: la mortalité par coup de feu diminue--et diminuera à mesure que la portée des armes augmentera--; le taux des infirmités consécutives aux blessures s'abaisse.

Les lésions qu'il produit sont, d'une façon générale, beaucoup plus bénignes que celles des balles de plomb du fusil Gras ou Mauser, par exemple. Celles-ci faisaient de «gros trous» d'entrée et surtout de sortie, dilacéraient les tissus, qu'elles infectaient avec les nombreux germes logés dans les aspérités de leur surface. La suppuration était la règle. La petite balle a de microscopiques orifices d'entrée et de sortie, bien nets. Son trajet dans les tissus est souvent aseptique et la suppuration est l'exception... surtout si le chirurgien se garde d'explorer les plaies.

Dans les tissus mous, les muscles de la cuisse, par exemple, elle passe «comme une lettre à la poste»: il suffit de mettre sur les deux orifices d'entrée et de sortie un pansement bien propre et de ne rien faire. En quelques jours, le blessé peut reprendre son fusil.

Les os se laissent, eux aussi, traverser sans trop de difficulté et les lésions n'ont pas beaucoup de gravité--ou dans tous les cas guérissent bien--quand le projectile est tiré à une certaine distance. Un os troué est en outre fêlé; il éclate sur plusieurs points; les fragments sont projetés dans les tissus avoisinants, ou précèdent la balle, dans son trajet de sortie. La suppuration est assez fréquente, mais n'est pas un obstacle à la guérison. Autrefois, ces plaies osseuses nécessitaient la plupart du temps l'amputation. Aujourd'hui, on est conservateur, et les procédés radicaux de l'ancienne chirurgie sont devenus exceptionnels.

Mais, quand une balle animée d'une grande vitesse, c'est-à-dire tirée de 200 à 300 mètres, atteint perpendiculairement à sa surface l'humérus, le fémur, un os de l'avant-bras, alors les effets sont terribles. L'orifice d'entrée du projectile a 5 à 6 millimètres. Celui de sortie est une plaie en forme de cratère, longue de 7 à 8 centimètres, large de 5 à 6. Les tissus sont horriblement dilacérés, les muscles réduits en bouillie. Le projectile a fait éclater l'os et de volumineux fragments chassés au devant de la balle qui leur communique sa propre vitesse, cherchent une voie au travers des tissus qui éclatent littéralement sous cette poussée interne, éruptive.

La balle à petit calibre traverse facilement le poumon et ses plaies guérissent avec une remarquable facilité, ce qui n'arrivait pas avec la grosse balle de plomb. En revanche, les plaies de l'abdomen sont très graves et la mortalité considérable.

Les effets les plus intéressants et aussi les plus effrayants de ce petit projectile sont ceux qu'il produit sur le crâne, en traversant le cerveau. Une balle tirée de loin peut parfaitement traverser la masse cérébrale et le blessé n'en est pas autrement incommodé si aucune «zone» importante n'a été lésée. Mais, quand la balle animée de toute sa vitesse, tirée à 150 ou 200 mètres, atteint le crâne, alors tout éclate. Ce sont les effets hydrodynamiques, qu'on ne s'explique pas encore très bien. La peau cède, des fragments d'os larges comme la main sont projetés à 10 mètres et des morceaux de cervelle, gros comme le poing, volent dans les airs. Dans d'autres cas, si le projectile passe bien au centre de la masse cérébrale, l'action hydrodynamique se répartit sur toute la surface intérieure de la boîte crânienne, qui se fragmente en mille morceaux; la peau résiste souvent. Et, quand le médecin tient entre ses mains la tête du cadavre, tout crépite sous ses doigts; les fragments d'os jouent les uns sur les autres: on dirait qu'on palpe, au travers d'une serviette, une soupière ou un saladier réduit en miettes.

Mais, en dehors de ces cas exceptionnels, mortalité moindre, guérison plus rapide des blessures, infirmités consécutives moins considérables, telles sont les trois raisons qui nous permettent de donner au projectile de petit calibre le qualificatif, un peu étrange, de balle humanitaire.

Les propriétés antiseptiques de certaines FUMÉES.



Il n'est pas contestable que certaines fumées ont des propriétés antiseptiques; la conservation des viandes fumées en est, en effet, une preuve manifeste.

Mais on ignorait jusqu'à présent quelle était, dans les fumées, la substance active à laquelle elles devaient cette précieuse propriété. Des recherches récentes de M. A. Trillat ont établi que cette substance était l'aldéhyde formique.

Comme conséquence de cette découverte, le même auteur vient de montrer que, dans l'atmosphère des grandes villes, il existe une quantité notable d'aldéhyde formique, provenant des fumées des combustibles et dont la présence peut être considérée comme un principe d'assainissement de cet air urbain dont on dit tant de mal.

Parmi les corps dont la combustion dégage le plus de formaldéhyde se placent au premier rang les matières sucrées et les résines.

Or, chose curieuse, ce sont précisément ces substances dont la combustion a été recommandée dès la plus haute antiquité comme procédé d'assainissement; car la coutume de brûler des baies de genièvre et des résines, en temps d'épidémie, remonte à Hippocrate. «Brûler du sucre» est encore de nos jours une expression qui signifie désinfecter.

On sait que, pour nos ancêtres, la notion de la désinfection était intimement liée avec celle de la désodorisation: détruire les mauvaises odeurs était le principal. Or, la formaldéhyde possède précisément la propriété de former des composés inodores avec l'hydrogène sulfuré et ses dérivés, et, ainsi guidés par l'observation fondée sur la disparition de la mauvaise odeur, les anciens s'étaient adressés aux substances qui dégagent le plus d'aldéhyde formique, lequel est un puissant antiseptique. Et il s'est ainsi trouvé que les propriétés antiseptiques de la formaldéhyde ont été utilisées, en hygiène, bien avant que l'on ait isolé et étudié ce corps.


           Statuette romaine en bronze,
               découverte à Lambessa.

                   --Phot. Bernguer.

Une découverte archéologique.



Un propriétaire de Lambessa, M. Bac, en poursuivant des fouilles qu'il a entreprises sur ses terres, dont une partie recouvre l'emplacement des casernements qu'occupait la troisième légion romaine, vient de découvrir une oeuvre d'art très intéressante. C'est une statuette en bronze, d'un gracieux caractère, qui représente un enfant pressant contre lui un aiglon. Cette statuette mesure 66 centimètres de hauteur, avec le socle, et pèse 19 kilogrammes. La tête est rattachée au corps par un tenon qui s'emboîte entre les épaules, et à la place des yeux se creuse, comme dans nombre de statues romaines, un vide qui devait être, autrefois, rempli d'un émail imitant, au naturel, le globe oculaire avec sa prunelle. C'est un des rares bronzes qu'on ait exhumés du sol africain, et cette circonstance augmente encore l'intérêt de cette découverte archéologique.

Quelques chiffres relatifs au divorce.



Durant l'année 1902, la dernière au sujet de laquelle la statistique municipale nous donne des renseignements, il a été prononcé à Paris 1.536 divorces. Dans la grande majorité des cas, le divorce a été accordé pour cause d'excès, sévices et injures graves--du moins nominalement: près de 1.300 divorces sont dus aux causes que nous venons de nommer.

Sur ces 3.072 personnes, 57 avaient déjà pratiqué le divorce: 27 hommes et 30 femmes. Dans 842 cas, le ménage était sans enfants; dans 320 cas, il avait un seul enfant. De façon générale, l'appoint fourni par les professions libérales au divorce est faible: c'est surtout dans l'industrie et le commerce, puis parmi les ouvriers et journaliers que le divorce sévit, et c'est le plus souvent au profit de la femme qu'il a été prononcé (814 femmes pour 630 hommes). L'âge des divorcés varie: il y a eu une divorcée de moins de vingt ans, et 17 de plus de soixante ans; mais c'est surtout durant l'âge moyen que l'on divorce, entre trente et trente-neuf ans. Quant à la proportion des divorcés qui se remarient, elle est relativement faible. En 1902, il s'est remarié 631 divorcés et 617 divorcées: 168 de celles-ci avaient un an de divorce; mais il y a des cas de remariage de personnes ayant dix et vingt ans de divorce. En 1902, parmi les remariés, il y en avait 14 qui avaient divorcé depuis dix-neuf ans--en 1884, année où le divorce a été rétabli en France;--parmi les remariées, 14 aussi, dont le divorce datait de 1884. Nous saurons avec le temps jusqu'à quel âge et après quelle durée de divorce le Parisien et la Parisienne arrivent à se remarier.


Mouvement littéraire.

Le Serpent noir, par Paul Adam (Ollendorff, 3 fr. 50).--Les Obsédés, par Léon Frapié (Calmann-Lévy, 3 fr. 50).--La Petite Mademoiselle, par Henri Bordeaux (Fontemoing. 3 fr. 50).--La Fille de Circé, par Lise Pascal (Taillandier, 3 fr. 50).

Le Serpent noir.



Le roman philosophique de M. Paul Adam a été diversement jugé. Peut-être ne faut-il pas ici se laisser aller à la première impression ni au bruit des conversations premières. Aussi, me suis-je réservé, pour mieux voir et pour mieux critiquer, un recul de quinze jours. Ce que l'on cherche ordinairement dans un roman, c'est une heure de distraction et d'amusement. Or nous avons, dans le Serpent noir, de pures idées et des personnages qui représentent des abstractions.

Le docteur Goulven a inventé un sérum contre le typhus. Mais comment exploitera-t-il et mettra-t-il en lumière sa découverte? Les capitaux lui manquent et il ne possède aucun moyen de s'en procurer. Un agent d'une société pour l'exploitation des produits pharmaceutiques passe quelque temps, en Bretagne, avec le médecin-inventeur, lequel est accompagné de sa femme et d'une cousine de celle-ci, une veuve décorée du gracieux nom d'Hélène. Sa femme est pauvre et d'une beauté médiocre; la cousine au contraire est d'une grande fortune et d'une extrême beauté. Les grâces d'Hélène enchantent le docteur Goulven. Tout imbu des théories de Nietzsche, l'agent Gaillardot catéchise et Mme Goulven et son mari. L'homme ne doit pas avoir d'autre objet que la satisfaction de ses instincts et son développement égoïste. La vertu qui le retient et l'empêche d'atteindre le but, c'est-à-dire de se dépasser, est une faiblesse, dont il se faut défaire. Les individus, comme les nations, sont tenus à pratiquer le principe de l'impérialisme: toujours plus grand, le plus grand. A force de répéter cette philosophie nietzschéenne, Gaillardot arrive à persuader à M. et à Mme Goulven de divorcer, ce qui permettra le mariage du docteur avec la belle et riche Hélène. Ce sera l'exaltation du médecin-inventeur. Voilà donc la séparation décidée. Mais, au dernier moment, le docteur se reprend; il n'a pas la force d'arracher les idées traditionnelles, les sentiments vertueux et scrupuleux de la race, le serpent noir qui le tient à la gorge. Voilà bien, semble-t il, malgré une certaine brume de la fin, le roman de M. Paul Adam. L'oeuvre, en somme, marque un beau talent d'écrivain et de penseur.

Les Obsédés.



La Maternelle a valu, il y a quelques mois, à M. Léon Frapié, le prix Goncourt. Aujourd'hui, l'auteur nous présente une oeuvre nouvelle: les Obsédés. Est-ce un roman? On ne distingue, dans ces pages, aucun récit, aucune peinture de moeurs, aucune passion. M. Léon Frapié semble dédaigner cette monnaie ordinaire. J'aperçois, d'une façon nette, deux personnages principaux et presque uniques, en proie, en effet, à la plus terrible des obsessions. Ferdinand, employé d'administration, est uni avec une femme charmante.

«Madame la directrice», chargée de conduire une maison de filles hospitalisées.

Subordonnée à son mari, à genoux devant lui, Marthe--c'est le nom de la jeune directrice--n'a qu'un souci, en dehors de sa profession, et même parfois dans l'exercice de sa profession: recueillir des documents pour le livre que prépare Ferdinand. Fervet opus; le travail est ardent; on a pris pour type premier du roman une fille-mère, assez distinguée. Catherine Bise, qu'on visite, qu'on cajole, comme un sujet de choix. De temps à autre quelques chapitres de l'oeuvre future sont lus à des réunions d'amis. C'est à peine si les deux époux mangent et dorment; ils n'ont qu'une pensée: attraper des renseignements et les coucher sur le papier. Enfin, le travail terminé, on cherche un éditeur; on espère le succès; on en fera profiter l'héroïne, Catherine Bise. Quelle obsession, en effet, que celle-là 1 Le véritable tour de force de M. Léon Frapié, et ce en quoi il montre tout son talent, c'est d'avoir pu, avec un tel sujet, composer un livre, fournir des pages savoureuses comme l'Académie Goncourt en a récompensé dans la Maternelle.

La Petite Mademoiselle.



Dans cet article sur les livres qui ont pris l'étiquette de roman sera-t-il dit que nous ne rencontrerons aucun roman proprement dit? M. Paul Adam a surtout écrit une oeuvre philosophique; M. Léon Frapié, des pages où l'on sent l'autobiographie.

M. Bordeaux, dans la Petite Mademoiselle, nous donne une gracieuse fantaisie, pleine de vivacité et d'esprit. Pierre Savernay s'éprend d'une charmante jeune fille, de libre allure, de moeurs austères, qu'il a failli écraser avec son automobile. Il la demande en mariage et tombe au milieu des préparatifs d'un bal costumé. Le père de la Petite Mademoiselle, ainsi nommée en souvenir de la Grande qui aima Lauzun, essaye une robe solennelle et s'habille en Mathieu Molé. La maison est en mouvement et de l'aspect le plus étrange. Renvoyé pour sa requête à la Petite Mademoiselle elle-même, Pierre en reçoit cette interrogation: «Avez-vous été en prison?» En effet, elle s'est fait condamner, lors de l'expulsion de religieuses, à quelques jours de prison et ne veut qu'un mari ayant goûté comme elle de l'internement forcé. Ni dans les manifestations catholiques, ni dans les manifestations anarchistes où il acquiert la connaissance des hommes et des magistrats, Pierre n'atteint ce résultat. En une circonstance même, son futur beau-père, juge démissionnaire ou révoqué, a plaidé pour lui et gagné sa cause. Fort heureusement les fiançailles lui sont accordées. Enfin, je ne sais comment, par le plus grand des hasards et le plus comique, il aboutit presque, sans le vouloir, à ce qu'il désirait. On l'avait épargné pour des méfaits: on lui octroie trois jours de prison pour avoir séparé deux ivrognes furieux. Tout cela est narré avec grâce, avec une verve spirituelle et fine et semé d'allusions à la politique contemporaine.

La Fille de Circé.



Mme Lise Pascal mérite d'être ajoutée au nombre déjà notable des romancières de talent. Peut-être eût-elle dû davantage établir d'avance son plan Son oeuvre parfois semble manquer d'unité et se disperser. Mais ce qui sauve tout, et ce qui sauverait n'importe quelle oeuvre, c'est le don du style, c'est la poésie. Fille du comte Oriowski, Morgane ressemblera-t elle à sa mère? Aimera-t-elle à séduire et à semer autour d'elle l'amour? On lui découvre tout le charme attirant de celle qui fut une véritable Circé. Mais la vie se charge de la corriger et de lui mettre l'âme en deuil. Son père, un incroyant, s'endort un jour volontairement du sommeil sans fin, laissant sa fille à la garde de Tolsky, un ami, un sage, soutenu et purifié par sa foi. Faible, la jeune Morgane voudrait épouser Tolsky et s'appuyer sur son âme ferme et croyante. Il est touché par tant d'affection et d'estime. Mais, ensorceleuse comme sa mère, la fille de Circé, chaste malgré tout, est outragée par un abominable peintre. Dans sa fureur, Tolsky provoque en duel le scélérat. Au moment fatal, sur le terrain, il se rappelle ses principes et celui-ci en particulier: «Tu ne tueras point». Aussi, malgré sa force à l'épée et bien qu'il ait son adversaire à sa merci, préfère t-il se laisser transpercer plutôt que d'être infidèle à lui-même. Au-dessus du cadavre de Tolsky, l'insensible nature continue sa ronde joyeuse; «... Tout exultait dans la forêt en fête. Les guêpes ivres croisaient dans l'air leur vol fou. Dans les cépées, on voyait des coccinelles rouges comme des baies de sorbier...»
E. Ledrain.



Ont paru:

Le Millionnaire, roman par J.-H. Rosny. 1 vol., Joanin et Cie 3 fr. 50.--Bonne Fortune. roman par Gustave Guiches. 1 vol., Fasquelle, 3 fr. 50.--Roma amor (Ames romaines), roman par F. de Navenne. 1 vol., Fasquelle, 3 fr. 50.--Le Passé vivant, roman par Henri de Régnier. 1 vol., Mercure de France, 3 fr. 50. --Scarron, comédie tragique par Catulle Mendès. 1 vol., Fasquelle, 3 fr. 50.--L'Ile de Lutèce, par A. Robida. 1 vol. in 8º, Daragon. 5 fr.--Stratégie et Tactique cavalières, par le général de Beauchesne. 1 vol., Lavauzelle, 3 fr.--Psychologie de deux messies positivistes: Saint-Simon et Auguste Comte, par Georges Dumas. 1 vol., Alcan, 5 fr.


LES THÉÂTRES

S'il suffisait, pour réussir au théâtre, d'appliquer un grand talent littéraire et une science consommée à la reconstitution d'une époque, de ses moeurs, de son langage et de ses dehors, M. Maurice Maindron eût amplement réussi. Dans le Meilleur Parti, joué au théâtre Antoine, les misères de la guerre, à l'époque de la Ligue, sont exposées avec une verve caustique qui eût ravi Callot: la mise en scène est admirable, les acteurs tiennent bien leur rôle, rien ne manque si ce n'est un bon sujet de pièce, une action intéressante.

Au théâtre Trianon, M. Maurice Landay expose, dans la Loi de pardon, pièce en quatre actes, le cas d'un caissier qui s'est fait voleur par devoir, j'entends pour accomplir un acte de solidarité humaine et qui expie cruellement sa faute, le malheureux; les moeurs sont plus fortes que les théories humanitaires du président Magnaud, inspiratrices de cette oeuvre. La très réelle valeur dramatique de M. Landay et le talent d'interprétation de M. Barrai et de Mme Leriche vont assurer la faveur du public à la Loi de pardon.

Nous allons publier Scarron, de M. Catulle Mendès, l'Age d'aimer, de M. Pierre Wolff, Monsieur Piégois, de M. Alfred Capus. Quelques mots seulement de l'interprétation de ces trois pièces: elle est de premier ordre aussi bien à la Gaîté qu'au Gymnase et qu'à la Renaissance. A la Gaîté, c'est Coquelin, qui a fait de Scarron une inoubliable création; au Gymnase, c'est Mme Réjane entourée de MM. Huguenet, Dumény, Magnier, Calmettes; à la Renaissance, c'est l'incomparable duo que forment Mlle Marthe Brandès et M. Lucien Guitry.

LE SANCTUAIRE DE LOURDES AU VATICAN

La semaine dernière, au milieu d'une affluence énorme, l'inauguration solennelle d'un fac-similé réduit, mais exact, du sanctuaire de Lourdes, a eu lieu dans les jardins du Vatican. En face de l'édifice, une estrade avait été dressée pour le pape Pie X et les cardinaux. A trois heures et demie, le pape est arrivé en voiture, escorté par huit gardes-nobles. Il est monté d'abord au perron qui surmonte la grotte, et, là, il a lu la formule de la bénédiction pontificale. Puis, conduit par l'évêque de Tarbes et l'architecte Sneider, il a visité le monument. Ayant ensuite pris place sur l'estrade, Pie X a écouté le discours prononcé par Mgr Schoepfer au nom des donateurs français, et il lui a répondu: c'est au moment de l'allocution pontificale qu'a été prise la belle photographie que nous reproduisons page 228.


        M. Denys Puech.--Phot. Braun.

M. DENYS PUECH

L'Académie des beaux-arts vient de désigner, pour remplacer M. Barrias, le sculpteur Denys Puech.

M. Denys Puech a aujourd'hui cinquante et un ans, étant né à Gavernac, dans l'Aveyron, en 1854.

Petit pâtre, comme Lantara, c'est au milieu des sites graves du pays natal qu'il sentit s'éveiller sa vocation. Grand prix de Rome en 1884, avec un remarquable Mézence blessé, il s'est révélé au grand public par une série d'oeuvres aimables et pleines de grâce: la Muse d'André Chénier, l'Enfant au poisson, la Sirène, le Sommeil de l'Étoile, la Seine, l'une des plus célèbres, et la curieuse Pensée, en marbre polychrome.

Il a produit aussi toute une série de monuments qui décorent les jardins et promenades de Paris: le Francis Garnier de l'Observatoire, le Jules Simon de la Madeleine, le monument de Leconte de Lisle au Luxembourg, le monument de Gavarni, à la place Saint Georges, la dernière en date de ses oeuvres.


         Mlle Géraldine Farrar.--Phot. Paul Boyer.

LA FETE DES «ANNALES»

Samedi dernier, les Annales politiques et littéraires, notre brillant confrère dont l'hôtel voisine, rue Saint-Georges, avec celui de l'Illustration, fêtaient, dans les salons de l'Hôtel Continental, leur cent millième abonné. Pour dire le succès de cette fête, qu'il nous suffise de mentionner que cinq ministres y assistaient MM. Chaumié, Delcassé, Dubief, Merlou, Dujardin-Beaumetz; quant aux littérateurs, musiciens, peintres, sculpteurs, qui s'étaient mêlés au parterre des notabilités mondaines--un parterre d'environ 3.000 personnes--il nous serait difficile de les nommer: ils y étaient tous, pour assister au programme de comédie, de musique, de chant et de danse que M. et Mme Adolphe Brisson avaient, composé avec un goût ingénieux et délicat. Les cent mille abonnés n'y étaient naturellement pas tous, mais ils étaient largement représentés. On a chaleureusement applaudi, entre autres, des artistes du Théâtre Français: Mlles Leconte et Delvair, M. Mounet-Sully, dans la partie dramatique, et M. Georges Courteline interprétant lui-même une de ses meilleures comédies; on a associé, dans des acclamations enthousiastes, le talent délicieux et le timbre d'or de Mme Marguerite Carré, que tous connaissaient, et qu'accompagnait M. Massenet, et la voix merveilleuse d'une cantatrice qu'on n'avait pas encore entendue à Paris, Mlle Farrar.

Mlle Géraldine Farrar, d'origine américaine, possédée toute jeune de la vocation du chant, vint, il y a six ans--elle en avait alors dix-sept--- étudier à Paris pendant deux ans, et alla se perfectionner à Berlin, où elle eut tout de suite un long engagement à l'Opéra impérial. Cette année, profitant d'un bref congé, elle vient de créer A mica, de Mascagni, à Monte-Carlo. Mlle Farrar, qui parle--et chante--également en anglais, en allemand, en italien et en français, était venue pour vingt-quatre heures à Paris, afin de prêter son concours à la fête des Annales. Elle est aussitôt repartie pour Berlin. Mais elle projette, dit-on, de se perfectionner encore dans notre langue et de ne plus chanter qu'en français.



M Camille Blanc. Prince de Monaco, Prince de Bulgarie.     
Inauguration de l'Exposition des canots automobiles de Monaco.

L'EXPOSITION DE CANOTS AUTOMOBILES

L'Exposition des canots automobiles «racers» et «cruisers» qui vont participer aux épreuves de vitesse en rade de Monte-Carlo et à la grande course Alger-Toulon a été inaugurée, le 2 avril, par S. A. le prince de Monaco, accompagné d'un autre visiteur de marque, S. A. le prince de Bulgarie, l'un des souverains de l'Europe qui portent le plus d'intérêt à l'industrie automobile. M. Camille Blanc, le distingué président du comité, a fait les honneurs de l'inauguration aux deux Altesses qui, suivies d'un nombreux cortège, ont longuement visité l'Exposition dans tous ses détails.


LE GÉNÉRAL LAPLACE

Le général Laplace commandant le 1er corps d'armée, vient de mourir à Lille, emporté par une broncho-pneumonie contractée au cours d'une revue qu'il était allé passer à Arras.

Né à Thionville, en 1847, ancien élève de Saint-Cyr et de l'École d'état-major, il se distingua pendant la campagne de 1870, qu'il fit comme stagiaire dans la cavalerie et fut décoré en 1871. Colonel en 1894, général de brigade en 1898, promu à la troisième étoile en 1902, il était à la tête de la 31e division d'infanterie, à Montpellier, lorsque, en 1904, il fut appelé au commandement du 1er corps, en remplacement du général Jeannerod.

La mort prématurée de cet officier de haute valeur a causé une douloureuse surprise et de vifs regrets. A ses obsèques, célébrées à Lille mercredi dernier, le lieutenant Laplace, son fils, actuellement à l'École supérieure de guerre, conduisait le deuil; le ministre de la guerre s'était fait représenter par le commandant Gossart, de son état-major particulier.




(Agrandissement)


NOUVELLES INVENTIONS

(Tous les articles publiés sous cette rubrique sont entièrement gratuits.)




              Appareil monté en batterie.

NOUVEAU FILTRE LE «PRINCEPS»

La compagnie du Filtre Chamberland vient de construire un nouveau type de bougie filtrante qui présente sur les précédentes des avantages appréciables: elle peut se placer partout, sans canalisation d'eau et se monter instantanément, ce qui la rend éminemment propre aux déplacements pour la campagne, les villes d'eaux ou les voyages. La sécurité qu'elle présente est absolue, car, de par sa disposition, il ne peut y avoir de mélange entre l'eau filtrée et l'eau impure. Son emploi ne comporte pas de tubes de caoutchouc, circonstance précieuse dans les pays chauds où le caoutchouc s'altère facilement et lorsqu'on veut filtrer du vin ou différents liquides. Ajoutons enfin que son volume est minime et son bon marché remarquable.

Ce filtre se compose d'un récipient en porcelaine A, contenant une bougie Chamberland système Pasteur de forme spéciale B (fig. 1 et 2). Cette bougie est terminée, à sa partie supérieure, par une embase surmontée d'une tête cylindrique C percée de deux orifices diamétralement opposés, et sur laquelle s'applique une vis de pression portée par un étrier pour effectuer à la fois le montage et le serrage de l'appareil. Dans les deux orifices ci-dessus indiqués s'engage un tube T percé de trous, fileté à l'une de ses extrémités, soit pour être fixé à l'aide d'une molette sur la tête de la bougie, soit pour se raccorder avec un collecteur, lorsqu'on veut réunir plusieurs éléments destinés à former une batterie. L'autre extrémité porte l'ajutage de déversement d'eau filtrée. L'arrivée de l'eau impure s'opère à l'aide d'un tube V, analogue au premier, et sur lequel on vient visser un tuyau flexible en étain mis en communication avec un réservoir supérieur contenant l'eau à filtrer.

La filtration s'opère comme dans tous les filtres Chamberland, de l'extérieur à l'intérieur des bougies. En outre, le déversement de l'eau filtrée par la partie supérieure de celles-ci prévient tout danger de mélange d'eau impure avec l'eau filtrée, les gouttes d'eau impure retombant à l'extérieur du vase A dans le cas où il se produirait une fuite.

Le nettoyage s'effectue de la manière la plus simple en rabattant l'étrier supérieur et en retirant la bougie pour la brosser dans l'eau tiède avec une brosse dure en crin. Cette opération n'a besoin d'être faite que tous les huit à dix jours. Il est bon, également, de rincer en même temps à grande eau le vase A, pour le débarrasser du dépôt de matière limoneuse qui s'y accumule pendant le fonctionnement.

Cet appareil simple et pratique peut se prêter aisément aux usages suivants: filtre domestique installé à demeure dans une cuisine ou office, et filtre de voyage. Dans les deux cas, il est facile à alimenter par syphonage en recourbant l'extrémité du tuyau flexible qui sert à l'arrivée du liquide, et en la faisant plonger dans un récipient supérieur. Il peut ainsi produire, par vingt quatre heures, quatre à cinq litres. Ces chiffres s'entendent d'un appareil à bougie unique, fonctionnant sous une pression de 1m, 50 à 2 mètres et doivent être multipliés par le nombre de bougies, lorsque les appareils sont mis en batterie. Le débit journalier augmente également lorsque l'appareil fonctionne sous des pressions plus fortes.

Pour tous renseignements sur ces bougies, s'adresser à la Compagnie du Filtre Chamberland, 58, rue Notre-Dame-de-Lorette, Paris.

Note du numérisateur: Les pages 223-226 manquent à ma copie de cette Livraison.
Note du transcripteur: Le supplément "Une gravure en couleurs: Le Coche d'eau en Hollande," ne nous a pas été fourni.