The Project Gutenberg eBook of Le Tour du Monde; À travers la Perse Orientale

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Title: Le Tour du Monde; À travers la Perse Orientale

Author: Various

Editor: Édouard Charton

Release date: September 10, 2009 [eBook #29950]

Language: French

Credits: Produced by Carlo Traverso, Christine P. Travers and the
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*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LE TOUR DU MONDE; À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE ***



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LE TOUR DU MONDE

PARIS
IMPRIMERIE FERNAND SCHMIDT
20, rue du Dragon, 20

NOUVELLE SÉRIE—11e ANNÉE 2e SEMESTRE

LE TOUR DU MONDE
JOURNAL
DES VOYAGES ET DES VOYAGEURS

Le Tour du Monde
a été fondé par Édouard Charton
en 1860

PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie
79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
LONDRES, 18, KING WILLIAM STREET, STRAND
1905

Droits de traduction et de reproduction réservés.

(p. xiii) TABLE DES MATIÈRES

L'ÉTÉ AU KACHMIR
Par Mme F. MICHEL

I. De Paris à Srinagar. — Un guide pratique. — De Bombay à Lahore. — Premiers préparatifs. — En tonga de Rawal-Pindi à Srinagar. — Les Kachmiris et les maîtres du Kachmir. — Retour à la vie nomade. 1

II. La «Vallée heureuse» en dounga. — Bateliers et batelières. — De Baramoula à Srinagar. — La capitale du Kachmir. — Un peu d'économie politique. — En amont de Srinagar. 13

III. Sous la tente. — Les petites vallées du Sud-Est. — Histoires de voleurs et contes de fées. — Les ruines de Martand. — De Brahmanes en Moullas. 25

IV. Le pèlerinage d'Amarnath. — La vallée du Lidar. — Les pèlerins de l'Inde. — Vers les cimes. — La grotte sacrée. — En dholi. — Les Goudjars, pasteurs de buffles. 37

V. Le pèlerinage de l'Haramouk. — Alpinisme funèbre et hydrothérapie religieuse. — Les temples de Vangâth. — Frissons d'automne. — Les adieux à Srinagar. 49

SOUVENIRS DE LA COTE D'IVOIRE
Par le docteur LAMY
Médecin-major des troupes coloniales.

I. Voyage dans la brousse. — En file indienne. — Motéso. — La route dans un ruisseau. — Denguéra. — Kodioso. — Villes et villages abandonnés. — Où est donc Bettié? — Arrivée à Dioubasso. 61

II. Dans le territoire de Mopé. — Coutumes du pays. — La mort d'un prince héritier. — L'épreuve du poison. — De Mopé à Bettié. — Bénie, roi de Bettié, et sa capitale. — Retour à Petit-Alépé. 73

III. Rapports et résultats de la mission. — Valeur économique de la côte d'Ivoire. — Richesse de la flore. — Supériorité de la faune. 85

IV. La fièvre jaune à Grand-Bassam. — Deuils nombreux. — Retour en France. 90

L'ÎLE D'ELBE
Par M. PAUL GRUYER

I. L'île d'Elbe et le «canal» de Piombino. — Deux mots d'histoire. — Débarquement à Porto-Ferraio. — Une ville d'opéra. — La «teste di Napoleone» et le Palais impérial. — La bannière de l'ancien roi de l'île d'Elbe. — Offre à Napoléon III, après Sedan. — La bibliothèque de l'Empereur. — Souvenir de Victor Hugo. Le premier mot du poète. — Un enterrement aux flambeaux. Cagoules noires et cagoules blanches. Dans la paix des limbes. — Les différentes routes de l'île. 97

II. Le golfe de Procchio et la montagne de Jupiter. — Soir tempétueux et morne tristesse. — L'ascension du Monte Giove. — Un village dans les nuées. — L'Ermitage de la Madone et la «Sedia di Napoleone». — Le vieux gardien de l'infini. «Bastia, Signor!». Vision sublime. — La côte orientale de l'île. Capoliveri et Porto-Longone. — La gorge de Monserrat. — Rio 1 Marina et le monde du fer. 109

III. Napoléon, roi de l'île d'Elbe. — Installation aux Mulini. — L'Empereur à la gorge de Monserrat. — San Martino Saint-Cloud. La salle des Pyramides et le plafond aux deux colombes. Le lit de Bertrand. La salle de bain et le miroir de la Vérité. — L'Empereur transporte ses pénates sur le Monte Giove. — Elbe perdue pour la France. — L'ancien Musée de San Martino. Essai de reconstitution par le propriétaire actuel. Le lit de Madame Mère. — Où il faut chercher à Elbe les vraies reliques impériales. «Apollon gardant ses troupeaux.» Éventail et bijoux de la princesse Pauline. Les clefs de Porto-Ferraio. Autographes. La robe de la signorina Squarci. — L'église de l'archiconfrérie du Très-Saint-Sacrement. La «Pieta» de l'Empereur. Les broderies de soie des Mulini. — Le vieil aveugle de Porto-Ferraio. 121

D'ALEXANDRETTE AU COUDE DE L'EUPHRATE
Par M. VICTOR CHAPOT
membre de l'École française d'Athènes.

I. — Alexandrette et la montée de Beïlan. — Antioche et l'Oronte; excursions à Daphné et à Soueidieh. — La route d'Alep par le Kasr-el-Benat et Dana. — Premier aperçu d'Alep. 133

II. — Ma caravane. — Village d'Yazides. — Nisib. — Première rencontre avec l'Euphrate. — Biredjik. — Souvenirs des Hétéens. — Excursion à Resapha. — Comment atteindre Ras-el-Aïn? Comment le quitter? — Enfin à Orfa! 145

III. — Séjour à Orfa. — Samosate. — Vallée accidentée de l'Euphrate. — Roum-Kaleh et Aïntab. — Court repos à Alep. — Saint-Syméon et l'Alma-Dagh. — Huit jours trappiste! — Conclusion pessimiste. 157

LA FRANCE AUX NOUVELLES-HÉBRIDES
Par M. RAYMOND BEL

À qui les Nouvelles-Hébrides: France, Angleterre ou Australie? Le condominium anglo-français de 1887. — L'œuvre de M. Higginson. — Situation actuelle des îles. — L'influence anglo-australienne. — Les ressources des Nouvelles-Hébrides. — Leur avenir. 169

(p. xiv) LA RUSSIE, RACE COLONISATRICE
Par M. ALBERT THOMAS

I. — Moscou. — Une déception. — Le Kreml, acropole sacrée. — Les églises, les palais: deux époques. 182

II. — Moscou, la ville et les faubourgs. — La bourgeoisie moscovite. — Changement de paysage; Nijni-Novgorod: le Kreml et la ville. 193

III. — La foire de Nijni: marchandises et marchands. — L'œuvre du commerce. — Sur la Volga. — À bord du Sviatoslav. — Une visite à Kazan. — La «sainte mère Volga». 205

IV. — De Samara à Tomsk. — La vie du train. — Les passagers et l'équipage: les soirées. — Dans le steppe: l'effort des hommes. — Les émigrants. 217

V. — Tomsk. — La mêlée des races. — Anciens et nouveaux fonctionnaires. — L'Université de Tomsk. — Le rôle de l'État dans l'œuvre de colonisation. 229

VI. — Heures de retour. — Dans l'Oural. — La Grande-Russie. — Conclusion. 241

LUGANO, LA VILLE DES FRESQUES
Par M. GERSPACH

La petite ville de Lugano; ses charmes; son lac. — Un peu d'histoire et de géographie. — La cathédrale de Saint-Laurent. — L'église Sainte-Marie-des-Anges. — Lugano, la ville des fresques. — L'œuvre du Luini. — Procédés employés pour le transfert des fresques. 253

SHANGHAÏ, LA MÉTROPOLE CHINOISE
Par M. ÉMILE DESCHAMPS

I. — Woo-Sung. — Au débarcadère. — La Concession française. — La Cité chinoise. — Retour à notre concession. — La police municipale et la prison. — La cangue et le bambou. — Les exécutions. — Le corps de volontaires. — Émeutes. — Les conseils municipaux. 265

II. — L'établissement des jésuites de Zi-ka-oueï. — Pharmacie chinoise. — Le camp de Kou-ka-za. — La fumerie d'opium. — Le charnier des enfants trouvés. — Le fournisseur des ombres. — La concession internationale. — Jardin chinois. — Le Bund. — La pagode de Long-hoa. — Fou-tchéou-road. — Statistique. 277

L'ÉDUCATION DES NÈGRES AUX ÉTATS-UNIS
Par M. BARGY

Le problème de la civilisation des nègres. — L'Institut Hampton, en Virginie. — La vie de Booker T. Washington. — L'école professionnelle de Tuskegee, en Alabama. — Conciliateurs et agitateurs. — Le vote des nègres et la casuistique de la Constitution. 289

À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE
Par le Major PERCY MOLESWORTH SYKES
Consul général de S. M. Britannique au Khorassan.

I. — Arrivée à Astrabad. — Ancienne importance de la ville. — Le pays des Turkomans: à travers le steppe et les Collines Noires. — Le Khorassan. — Mechhed: sa mosquée; son commerce. — Le désert de Lout. — Sur la route de Kirman. 301

II. — La province de Kirman. — Géographie: la flore, la faune; l'administration, l'armée. — Histoire: invasions et dévastations. — La ville de Kirman, capitale de la province. — Une saison sur le plateau de Sardou. 313

III. — En Baloutchistan. — Le Makran: la côte du golfe Arabique. — Histoire et géographie du Makran. — Le Sarhad. 325

IV. — Délimitation à la frontière perso-baloutche. — De Kirman à la ville-frontière de Kouak. — La Commission de délimitation. — Question de préséance. — L'œuvre de la Commission. — De Kouak à Kélat. 337

V. — Le Seistan: son histoire. — Le delta du Helmand. — Comparaison du Seistan et de l'Égypte. — Excursions dans le Helmand. — Retour par Yezd à Kirman. 349

AUX RUINES D'ANGKOR
Par M. le Vicomte DE MIRAMON-FARGUES

De Saïgon à Pnôm-penh et à Compong-Chuang. — À la rame sur le Grand-Lac. — Les charrettes cambodgiennes. — Siem-Réap. — Le temple d'Angkor. — Angkor-Tom — Décadence de la civilisation khmer. — Rencontre du second roi du Cambodge. — Oudong-la-Superbe, capitale du père de Norodom. — Le palais de Norodom à Pnôm-penh. — Pourquoi la France ne devrait pas abandonner au Siam le territoire d'Angkor. 361

EN ROUMANIE
Par M. Th. HEBBELYNCK

I. — De Budapest à Petrozeny. — Un mot d'histoire. — La vallée du Jiul. — Les Boyards et les Tziganes. — Le marché de Targu Jiul. — Le monastère de Tismana. 373

II. — Le monastère d'Horezu. — Excursion à Bistritza. — Romnicu et le défilé de la Tour-Rouge. — De Curtea de Arges à Campolung. — Défilé de Dimboviciora. 385

III. — Bucarest, aspect de la ville. — Les mines de sel de Slanic. — Les sources de pétrole de Doftana. — Sinaïa, promenade dans la forêt. — Busteni et le domaine de la Couronne. 397

CROQUIS HOLLANDAIS
Par M. Lud. GEORGES HAMÖN
Photographies de l'auteur.

I. — Une ville hollandaise. — Middelburg. — Les nuages. — Les boerin. — La maison. — L'éclusier. — Le marché. — Le village hollandais. — Zoutelande. — Les bons aubergistes. — Une soirée locale. — Les sabots des petits enfants. — La kermesse. — La piété du Hollandais. 410

II. — Rencontre sur la route. — Le beau cavalier. — Un déjeuner décevant. — Le père Kick. 421

III. — La terre hollandaise. — L'eau. — Les moulins. — La culture. — Les polders. — Les digues. — Origine de la Hollande. — Une nuit à Veere. — Wemeldingen. — Les cinq jeunes filles. — Flirt muet. — Le pochard. — La vie sur l'eau. 423

IV. — Le pêcheur hollandais. — Volendam. — La lessive. — Les marmots. — Les canards. — La pêche au hareng. — Le fils du pêcheur. — Une île singulière: Marken. — Au milieu des eaux. — Les maisons. — Les mœurs. — Les jeunes filles. — Perspective. — La tourbe et les tourbières. — Produit national. — Les (p. xv) tourbières hautes et basses. — Houille locale. 433

ABYDOS
dans les temps anciens et dans les temps modernes
Par M. E. AMELINEAU

Légende d'Osiris. — Histoire d'Abydos à travers les dynasties, à l'époque chrétienne. — Ses monuments et leur spoliation. — Ses habitants actuels et leurs mœurs. 445

VOYAGE DU PRINCE SCIPION BORGHÈSE AUX MONTS CÉLESTES
Par M. JULES BROCHEREL

I. — De Tachkent à Prjevalsk. — La ville de Tachkent. — En tarentass. — Tchimkent. — Aoulié-Ata. — Tokmak. — Les gorges de Bouam. — Le lac Issik-Koul. — Prjevalsk. — Un chef kirghize. 457

II. — La vallée de Tomghent. — Un aoul kirghize. — La traversée du col de Tomghent. — Chevaux alpinistes. — Une vallée déserte. — Le Kizil-tao. — Le Saridjass. — Troupeaux de chevaux. — La vallée de Kachkateur. — En vue du Khan-Tengri. 469

III. — Sur le col de Tuz. — Rencontre d'antilopes. — La vallée d'Inghiltchik. — Le «tchiou mouz». — Un chef kirghize. — Les gorges d'Attiaïlo. — L'aoul d'Oustchiar. — Arrêtés par les rochers. 481

IV. — Vers l'aiguille d'Oustchiar. — L'aoul de Kaënde. — En vue du Khan-Tengri. — Le glacier de Kaënde. — Bloqués par la neige. — Nous songeons au retour. — Dans la vallée de l'Irtach. — Chez le kaltchè. — Cuisine de Kirghize. — Fin des travaux topographiques. — Un enterrement kirghize. 493

V. — L'heure du retour. — La vallée d'Irtach. — Nous retrouvons la douane. — Arrivée à Prjevalsk. — La dispersion. 505

VI. — Les Khirghizes. — L'origine de la race. — Kazaks et Khirghizes. — Le classement des Bourouts. — Le costume khirghize. — La yourte. — Mœurs et coutumes khirghizes. — Mariages khirghizes. — Conclusion. 507

L'ARCHIPEL DES FEROÉ
Par Mlle ANNA SEE

Première escale: Trangisvaag. — Thorshavn, capitale de l'Archipel; le port, la ville. — Un peu d'histoire. — La vie végétative des Feroïens. — La pêche aux dauphins. — La pêche aux baleines. — Excursions diverses à travers l'Archipel. 517

PONDICHÉRY
chef-lieu de l'Inde française
Par M. G. VERSCHUUR

Accès difficile de Pondichéry par mer. — Ville blanche et ville indienne. — Le palais du Gouvernement. — Les hôtels de nos colonies. — Enclaves anglaises. — La population; les enfants. — Architecture et religion. — Commerce. — L'avenir de Pondichéry. — Le marché. — Les écoles. — La fièvre de la politique. 529

UNE PEUPLADE MALGACHE
LES TANALA DE L'IKONGO
Par M. le Lieutenant ARDANT DU PICQ

I. — Géographie et histoire de l'Ikongo. — Les Tanala. — Organisation sociale. Tribu, clan, famille. — Les lois. 541

II. — Religion et superstitions. — Culte des morts. — Devins et sorciers. — Le Sikidy. — La science. — Astrologie. — L'écriture. — L'art. — Le vêtement et la parure. — L'habitation. — La danse. — La musique. — La poésie. 553

LA RÉGION DU BOU HEDMA
(sud tunisien)
Par M. Ch. MAUMENÉ

Le chemin de fer Sfax-Gafsa. — Maharess. — Lella Mazouna. — La forêt de gommiers. — La source des Trois Palmiers. — Le Bou Hedma. — Un groupe mégalithique. — Renseignements indigènes. — L'oued Hadedj et ses sources chaudes. — La plaine des Ouled bou Saad et Sidi haoua el oued. — Bir Saad. — Manoubia. — Khrangat Touninn. — Sakket. — Sened. — Ogla Zagoufta. — La plaine et le village de Mech. — Sidi Abd el-Aziz. 565

DE TOLÈDE À GRENADE
Par Mme JANE DIEULAFOY

I. — L'aspect de la Castille. — Les troupeaux en transhumance. — La Mesta. — Le Tage et ses poètes. — La Cuesta del Carmel. — Le Cristo de la Luz. — La machine hydraulique de Jualino Turriano. — Le Zocodover. — Vieux palais et anciennes synagogues. — Les Juifs de Tolède. — Un souvenir de l'inondation du Tage. 577

II. — Le Taller del Moro et le Salon de la Casa de Mesa. — Les pupilles de l'évêque Siliceo. — Santo Tomé et l'œuvre du Greco. — La mosquée de Tolède et la reine Constance. — Juan Guaz, premier architecte de la Cathédrale. — Ses transformations et adjonctions. — Souvenirs de las Navas. — Le tombeau du cardinal de Mendoza. Isabelle la Catholique est son exécutrice testamentaire. — Ximénès. — Le rite mozarabe. — Alvaro de Luda. — Le porte-bannière d'Isabelle à la bataille de Toro. 589

III. — Entrée d'Isabelle et de Ferdinand, d'après les chroniques. — San Juan de los Reyes. — L'hôpital de Santa Cruz. — Les Sœurs de Saint-Vincent de Paul. — Les portraits fameux de l'Université. — L'ange et la peste. — Sainte-Léocadie. — El Cristo de la Vega. — Le soleil couchant sur les pinacles de San Juan de los Reyes. 601

IV. — Les «cigarrales». — Le pont San Martino et son architecte. — Dévouement conjugal. — L'inscription de l'Hôtel de Ville. — Cordoue, l'Athènes de l'Occident. — Sa mosquée. — Ses fils les plus illustres. — Gonzalve de Cordoue. — Les comptes du Gran Capitan. — Juan de Mena. — Doña Maria de Parèdes. — L'industrie des cuirs repoussés et dorés. 613

(p. 301) TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.—26e LIV. No 26.—1er Juillet 1905.

UNE FOULE CURIEUSE NOUS ATTENDAIT SUR LES PLACES DE MECHHED (page 308).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE
Par le MAJOR PERCY MOLESWORTH SYKES,
Consul général de S. M. Britannique au Khorassan.

I. — Arrivée à Astrabad. — Ancienne importance de la ville. — Le pays des Turkomans: à travers le steppe et les Collines-Noires. — Le Khorassan. — Mechhed: sa mosquée; son commerce. — Le désert de Lout. — Sur la route de Kirman.

UN PONEY PERSAN ET SA CHARGE ORDINAIRE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

La Perse a toujours exercé une grande fascination sur mon esprit. J'avais servi longtemps dans les Indes, sans avoir l'occasion de la visiter. Ce ne fut qu'en janvier 1893, après avoir passé mes vacances de Noël en Angleterre, que je pus mettre enfin mes projets à exécution et rejoindre, en passant par la Perse, le bâtiment qui m'attendait à Bouchir.

Ma route me conduisit en chemin de fer, par Vienne, à Odessa, où je m'embarquai pour Batoum; de Batoum à Bakou je suivis la ligne bien connue de Transcaucasie, puis je m'embarquai à Bakou, non pas pour Enzeli et Recht, ce qui est la voie ordinaire, mais pour Bandar-Gaz.

Le vapeur devait d'abord stopper à Ouzoun-Ada, à ce moment encore point de départ du chemin de fer Transcaspien. Après une rude traversée qui prit tout un jour, nous remontâmes lentement l'étroit chenal, dans lequel un bateau à l'ancre nous avertit d'être prudents, et, bien que notre tirant d'eau ne fût que de neuf mètres, nous fûmes continuellement requis de nous éloigner du bord, de peur d'échouer. La mer, peu profonde, était couverte d'une pellicule de glace. À tous égards, Ouzoun-Ada me parut être une très mauvaise base pour un chemin de fer. Aussi ai-je été heureux d'apprendre, un an plus tard, que Krasowodsk, beaucoup plus rapproché de la haute mer, et possédant un port en eau profonde, avait été finalement choisi pour remplacer Ouzoun-Ada.

Nous ressortîmes péniblement du chenal et nous mîmes le cap au sud, pour atteindre, après quinze heures, la ville russe frontière de Chikichliar. Le mouillage est presque hors de vue de la ville; je ne pus donc la visiter. Mais elle n'offre pas grand'chose à voir, et elle a une mauvaise réputation au point de vue du sol et du climat. Elle est reliée par Astrabad au réseau télégraphique de la Perse, mais le chemin de fer Transcaspien lui a enlève son ancienne importance comme poste militaire.

(p. 302) Continuant notre route vers le sud, nous vîmes bientôt le climat changer rapidement. Après déjeuner, nous étions au large de la station navale russe d'Achour Ada, ayant devant nous le pays d'Iran, couvert d'un épais brouillard.

Les îles d'Achour Ada sont, en réalité, des parties d'un banc de sable formé par le vent du nord, qui domine dans ces parages; derrière elles s'étend une vaste lagune appelée ici même Murdal, ou «eau morte», où se déversent des cours d'eau chargés d'alluvions. On trouve plusieurs de ces lagunes le long de la côte; celle d'Enzeli est la plus connue; mais la baie d'Astrabad, pour nous servir de l'appellation qui figure communément sur les cartes, est la plus profonde; les bateaux à vapeur peuvent naviguer tout près des côtes, et ne sont pas contraints d'opérer leur déchargement en dehors de la barre, comme à Enzeli.

Achour Ada, qui doit être une station terriblement malsaine, fut occupée en 1838 par la Russie, déterminée alors à écraser la piraterie turkomane. Le Gouvernement du tsar a été invité à se retirer de ce qui, à parler en termes stricts, est encore territoire persan; mais s'il le faisait, la piraterie ne tarderait pas à relever la tête. Comme en vertu du traité de Gulistan, le pavillon persan ne peut flotter sur la Caspienne, toute la police est faite par la grande puissance du Nord.

Trois pontons étaient ancrés devant l'île, qui est si étroite que l'embrun des vagues la traverse par le mauvais temps. Après une lente navigation dans la tranquille lagune, nous finîmes par aborder à un ponton ancré à un mille environ au large de Bandar-Gaz. Nous rassemblâmes nos bagages, et nous nous vîmes bientôt transportés, à coups de rames, à un port qui était parvenu à son dernier état de vétusté, et, à la tombée de la nuit, nous étions nous-mêmes sur le sol de la Perse, formé d'une boue épaisse et gluante.

LE PLATEAU DE L'IRAN. CARTE POUR SUIVRE LE VOYAGE DE L'AUTEUR D'ASTRABAD À KIRMAN.

Je ne savais trop où aller; mais Yousuf Abbas, un Persan instruit, que j'avais engagé à Odessa et qui doit avoir voyagé plus qu'aucun homme de son âge, me dit que nous pourrions trouver à nous loger chez le fonctionnaire du télégraphe; celui-ci nous reçut, en effet, très aimablement; je pus bientôt savourer chez lui un pilaf persan.

Au jour, Bandar-Gaz me parut un endroit mélancolique. La boue y est si profonde qu'une paire d'échasses y serait très utile. Les cabanes en troncs d'arbres paraissaient sales et misérables.

Le Mazandéran, qui occupe avec le Ghilan la côte méridionale de la mer Caspienne, est une province d'un grand intérêt, ne serait-ce que par le contraste frappant qu'elle offre avec les autres parties de la Perse, ou même les autres districts bordant la mer intérieure. En quittant les lagunes, couvertes d'une végétation pourrie, on traverse une bande de jungle, de largeur variable, très dense et infestée de toutes sortes de vermine et de moustiques, qui y rendent la vie insupportable en été. On dit que les tigres y abondent, mais il arrive rarement qu'on en tue. Lorsqu'on atteint les montagnes, le pays change soudain d'aspect, et le voyageur peut se croire dans le Kachmir; il y trouve les mêmes arbres, les mêmes prairies, et, au-dessus, les pentes nues de la montagne. Ce pays est également l'habitat d'un cerf magnifique.

Les Mazanderanis sont des individus au teint jaunâtre, mais nullement rabougris, comme on pourrait l'attendre du pays qu'ils habitent. Ils se vêtent de laine et se nourrissent de riz, dont ils consomment d'énormes quantités. Ils sont heureux de vivre et jamais ne désirent quitter leur province. En fait, ils ne prospèrent pas dans les autres parties de la Perse.

En deux jours, nous atteignîmes Astrabad par une route lamentable. Le soleil se couchait; nous entrâmes en ville par un passage également dépourvu de porte et de garde, et le premier être que nous aperçûmes fut un chacal. Nous finîmes par trouver un homme dans les rues abandonnées, et il nous guida fort aimablement jusqu'à la maison de Mirza Taki, l'agent britannique, où nous eûmes la grande satisfaction de pouvoir (p. 303) endosser des vêtements secs. La combinaison de l'humidité et du froid est très désagréable, pour ne pas dire dangereuse, plus encore en Orient qu'ailleurs, et je me sentais heureux d'avoir passé sans malaise la zone de la fièvre et d'avoir atteint une des plus fameuses cités de la Perse.

LES FEMMES PERSANES S'ENVELOPPENT LA TÊTE ET LE CORPS D'AMPLES ÉTOFFES.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Astrabad, surnommée, dans le style hyperbolique de l'Orient, Dar-ul-Muminin, ou «Demeure des Fidèles», n'est pas, autant que nous pouvons le savoir, une ancienne ville, bien que, d'après la légende, elle ait été fondée par Nochirevan, avec l'argent donné par Azad Mahan, gouverneur des Keronan. Son intérêt pour les Anglais vient surtout de la tentative malheureuse qu'on fit, au XVIIIe siècle, pour y ouvrir un trafic anglo-persan.

Au commencement du IXe siècle, on s'était beaucoup exagéré l'importance d'Astrabad. Napoléon et le tsar Paul avaient formé un projet d'invasion de l'empire des Indes par cette route. Il fut repris par la Russie durant la guerre de Crimée, mais à l'une et l'autre période, l'exécution en aurait presque infailliblement abouti à un désastre. Aujourd'hui le chemin de fer Transcaspien a enlevé à la ville toute l'importance qu'elle a pu avoir, quoique dans le cas d'une attaque de la Perse par le nord, la capture de Chahroud faite par la voie d'Astrabad séparerait Mechhed de la capitale.

Astrabad remplit peut-être une moitié de sa superficie primitive, et l'on me dit que sa population ne dépasse pas dix mille habitants. La plupart des rues ont été pavées, probablement par Chah Abbas, et les maisons sont construites en briques ou en pierre, avec des toits de toiles rouges ou de chaume, dont l'aspect est gai, même en hiver; au printemps, comme les crêtes des murs sont plantées de fleurs, l'effet doit être très joli. La ville fabrique du savon en grande quantité. La potasse est extraite d'une plante curieuse qui croît sur les bords de la rivière. Enfin on fabrique aussi de la poudre. Ce sont là toutes les industries locales.

Une lourde chute de neige survint, qui fit paraître plutôt bizarres les oranges dans les arbres. Je partis pour la chasse, espérant que la neige ferait descendre les cerfs des hauteurs. Je n'en vis pas un, malgré mes efforts, pendant toute une semaine. En revanche, j'aperçus quelques daims et de nombreux sangliers, dont je ne tuai qu'un, pour essayer un nouveau fusil.

Quand je revins à Astrabad, les préparatifs de ma petite expédition dans le pays turkoman étaient terminés, et je me mis en route dans la direction du nord. Tandis que la forêt atteint presque le côté sud de la ville, le pays, au nord, est tout à fait plat et ouvert, avec beaucoup de cultures. Après avoir dépassé quelques hameaux, nous atteignîmes le Kara-Sou, ou «Eau-Noire», au cours lent et boueux. Un pont le traverse, (p. 304) qui mène en plein pays turkoman. Quelques milles d'une plaine admirablement fertile nous conduisirent jusqu'aux bords du Gurgan, un fleuve dont le nom a la même racine que le mot d'Hyrcanie. Un second pont, aussi solide que le premier, est commandé par le fort d'Akkala, ou le Fort-Blanc, une des anciennes places des Kadjars, encore occupé par une garnison, et d'une apparence imposante. Nous ne franchîmes pas le fleuve, mais nous longeâmes sa rive gauche, et, dépassant divers groupes d'alachouk, nous parvînmes au camp de Mousa khan, chef des Ak-Atabai, pour lesquels j'avais une lettre du colonel Stewart.

Pour vous représenter un alachouk, imaginez un cadre de branches recourbées ressemblant à une ruche d'abeilles et d'environ 20 pieds de diamètre; du feutre noir est étendu sur ce cadre, et le résultat est une maison mobile qui, au moins par les temps froids, est préférable à une tente. À l'intérieur, les lares et les pénates sont rassemblés en énormes paquets, tandis que la carabine du maître de l'habitation est suspendue à portée de la main. Des morceaux de tapis sont disposés sur les interstices du feutre, et quand le feu est allumé sur le foyer découvert, on éprouve là-dedans l'impression d'un confort réel, un peu gâtée, il est vrai, par la tomée. Chaque camp était occupé par un nombre de familles allant de dix à trente; elles passent cinq mois au sud du Gurgan, font leurs moissons, puis mènent leurs troupeaux paître près de l'Atrek.

On peut considérer comme la patrie des Turkomans une bande de terrain qui partant de la baie d'Astrabad aboutit aux confins des trois États: la Russie, la Perse et l'Afghanistan.

Leur première apparition importante dans l'histoire date du XIIe siècle, époque où ils renversèrent le sultan Sandjar.

Chah Abbas, lors de son accession au trône, établit de grandes colonies de Kurdes notamment à Boujnourd, et à Koutchan; ce fut évidemment un coup pour les bandits turkomans; mais jusqu'à leur chute définitive, après la prise de Khiva et celle de Merv, ils furent un véritable fléau pour la Perse. On n'en peut juger que lorsque, comme moi, on a vu de leurs anciens prisonniers et su ce qu'ils eurent à supporter; d'autant plus qu'à la férocité naturelle des Turkomans s'ajoutait la haine des Sunnites pour les Chiites. M. Vambéry m'a raconté que, quoique très bien traité lui-même lors de son séjour sur l'Atrek, les spectacles dont il fut témoin lui firent maudire ses hôtes.

PAYSAGE DU KHORASSAN: UN SOL ROCAILLEUX ET RAVAGÉ, UNE RIVIÈRE PRESQUE À SEC; AU FOND, DES CONSTRUCTIONS À L'ASPECT DE FORTINS.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À ma grande contrariété, j'appris que Mousa khan était allé pour la nuit à Astrabad. Je mis à profit le jour de l'attente que je dus passer là pour visiter les ruines d'une ville nommée aujourd'hui Kizil-Alan. Il y a aussi des monticules, dispersés le long de la vallée du Gurgan, qui ont intrigué les voyageurs. Quelques-uns y ont vu des séries de postes à signaux. Il est plus simple de supposer que ce sont des ruines de villages ou de villes. Nous n'en pouvons dire plus, avant qu'on ait fait des fouilles systématiques. Alors une riche moisson récompensera les explorateurs de l'ancienne Hyrcanie.

Dès son arrivée, Mousa khan me fit savoir par Yousouf qu'il ne pouvait prendre sur lui de me laisser passer à travers le pays turkoman. J'étais certain d'être tué ou volé, et lui en serait tenu comme responsable par le Gouvernement persan. J'eus beaucoup de peine à le faire revenir sur sa décision; enfin, au bout de trois jours, il céda sur la menace que sa réputation d'autorité en souffrirait en Europe, et consentit à me faire escorter jusqu'à l'Atrek par trois de ses parents, qui organiseraient mon voyage plus loin.

Je me séparai ainsi de mon hôte au passage du Gurgan, et nous prîmes au nord, à travers le steppe neigeux. D'abord il était tout à fait plat, mais en approchant de l'Atrek, nous passâmes une chaîne de collines basses, connues sous le nom de Kara-Tapa, les «Collines-Noires». Le soir, au milieu d'une tempête de neige, nous atteignîmes à Tengli un camp d'Atabaï, où nous couchâmes. La tribu des Atabaï compte environ (p. 305) deux mille familles en Perse et mille en Russie. Nous continuâmes ensuite à longer l'Atrek, guidés, pendant quelques étapes, par un mullah turkoman, Hak Nafas, qui se trouva fort peu sur. J'appris de Yousouf qu'il était un bandit réclamé à la fois par Astrabad et par Boujnourd. C'était beaucoup pour un seul homme.

LE SANCTUAIRE DE MECHHED EST PARMI LES PLUS RICHES ET LES PLUS VISITÉS DE L'ASIE (page 308).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Un peu avant de nous quitter, il avait eu à mi-voix une conférence avec quelques hommes de notre escorte. Le soir de ce jour, ayant franchi la rivière, nous campâmes auprès d'un groupe de cinq tentes. On ne nous invita pas, comme d'ordinaire, à entrer dans les alachouk, et nous devinâmes sans peine que quelque chose se préparait contre nous. Je barricadai donc ma tente et je veillai, ce qui me fut facile, étant tourmenté par un violent mal de dents. Vers minuit, les Turkomans se mirent à ramper vers nos tentes avec leurs carabines; quand ils furent à cinquante mètres, Yousouf alla très poliment s'enquérir de leur santé. Sur quoi, sans dire un mot, ils disparurent. Nous chargeâmes nos mules avant le lever du soleil, et Yousouf, qui montra pendant tout ce temps là une crânerie splendide, harangua nos voleurs in partibus, en leur reprochant leur violation des lois de l'hospitalité et les menaçant de toutes sortes de châtiments. Finalement, ils disparurent et nous laissèrent en paix. Le même jour, nous faillîmes être attaqués par nos guides de l'avant-veille, qui nous suivaient sur l'autre rive de l'Atrek. Mais ils se retirèrent, persuadés que le Sahib devait avoir de puissants protecteurs, et que, sans cela, il ne se serait jamais hasardé dans ce pays.

À Akchanim, en aval d'une gorge de l'Atrek, j'arrivais sur le territoire des Turkomans Goklan. C'est le premier endroit où je fus l'objet d'une réception aimable. Mon hôte, Moustafa Kouli, avait été attaché en 1874 à la mission de l'Hon. G. Napier au Gurgan.

Nous franchîmes ensuite, par une pente très raide, le passage connu sous le nom de passe Hanaki; son sommet est à 1020 mètres d'altitude. De là, la vallée que nous venions de remonter apparaissait comme une carte en relief; derrière, se dressait le Sonar-Dagh. Au sud, il y avait de la neige partout, avec des présages de chute nouvelle. Nous hâtâmes donc le pas; ce ne fut pas néanmoins avant le coucher du soleil que nous atteignîmes le fort en ruines d'Amend, autour duquel se groupaient quelques tentes des Toktimach.

(p. 306) Le lendemain, nous remontâmes péniblement la vallée de l'Incha, pour passer ensuite un second col, et le surlendemain, nous atteignions, dans un district cultivé et sur la route d'Astrabad à Boujnourd, le village de Semalgan, probablement le Samangan du Chah Nameh, un des nombreux villages appartenant aux Kurdes. Inutile de dire que j'étais enchanté d'avoir derrière moi le pays des Turkomans, mais aussi d'avoir eu un coup d'œil sur leurs coutumes et leurs idées, ce que je n'aurais jamais pu obtenir si j'avais voyagé avec une escorte.

Les Kurdes me reçurent aimablement. Ils avaient gardé de bons souvenirs du colonel Napier. Mais j'étais un peu embarrassé de venir après lui: il avait généreusement distribué des cadeaux, et moi je passais les mains vides.

Franchissant la passe de Halinur, qui s'ouvre dans une haute chaîne de montagnes, nous arrivâmes enfin à la petite ville de Boujnourd. J'y fus reçu très aimablement par le gouverneur, qui me félicita d'avoir accompli sans encombre un aussi périlleux voyage. Et de fait, je ne me rendis compte qu'à ce moment des risques que j'avais courus. Le colonel Yate, qui parcourut cette contrée l'année suivante avec soixante-dix hommes et une escorte armée, l'appelle «la partie la plus sauvage et la plus insoumise de tout le territoire turkoman, où les Persans n'osent pas mettre le pied».

La province de Khorassan, dans laquelle nous venions d'entrer, est dans l'angle nord-est de la Perse; son nom signifie «Pays du Soleil». Elle occupait autrefois un espace énorme; elle s'étendait de la mer Caspienne à Samarkand, et au sud, jusqu'aux confins du Sind. Aujourd'hui, elle va de la Transcaspie, au nord, au Seistan au sud, et de l'Afghanistan à l'est jusqu'à Astrabad à l'ouest. Sa superficie est évaluée par lord Curzon de 375 000 à 435 000 kilomètres carrés.

Le soir de mon arrivée, je rendis visite au Saham-u-dola, qui est gardien des Marches depuis de longues années, et qui jouit d'une grande réputation. Je ne lui dis pas tout d'abord que j'étais un officier voyageant pour mon plaisir; mais voyant qu'il me considérait comme employé à quelque extraordinaire mission, je lui révélai le fait. Il ne me crut pas, naturellement: un Oriental ne voyageant jamais que pour gagner de l'argent ou comme pèlerin.

LA COUR PRINCIPALE DU SANCTUAIRE DE MECHHED (page 308).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Boujnourd est une petite ville qui compte peut-être dix mille habitants et une longue rue, et qui est reliée à Mechhed par une ligne télégraphique et par une poste hebdomadaire. La rue est bordée de boutiques pleines de samovars russes et de calicot de Manchester. J'achetai trois tapis turkomans pour une somme équivalant à sept livres. La fortune favorisa mon ignorance: ils valaient quatre ou cinq fois cette somme en Angleterre.

Trois jours nous ayant suffi à épuiser les curiosités de Boujnourd, nous engageâmes de nouvelles mules et nous partîmes pour Koutchan. Sortis par la porte de Mechhed, nous passâmes à côté de l'ancienne ville, aujourd'hui en ruines, et nous descendîmes à l'Atrek. Parmi les nombreux villages que nous traversâmes, quelques-uns avaient des tours carrées ressemblant, à distance, à celles des églises anglaises; il y avait partout un air de prospérité que nous n'avions pas trouvé dans le district, mieux doué de richesses naturelles, d'Astrabad. Le lendemain, nous traversions la (p. 308) rivière sur un pont en bon état, et passant à Sissah, nous entrions dans le territoire de Koutchan. La vallée s'élargit, la terre est très fertile, et les villages sont aussi serrés que dans diverses parties du Pendjab.

ENFANTS NOMADES DE LA PERSE ORIENTALE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Pendant notre marche, nous fûmes témoins de la survivance de cette très ancienne coutume, le mariage par capture. Nous rencontrâmes d'abord l'escorte d'une fiancée allant à cheval, dans un somptueux costume blanc et rouge. Un peu plus loin se trouvaient des cavaliers, et, à l'approche de la dame, on organisa une sorte d'escarmouche, jusqu'à ce qu'elle eût fait mine de se rendre.

À Chirwan, je me retrouvai en terrain exploré, et j'arrivai à la route de Koutchan à l'endroit où se fait évidemment un important trafic avec Geok-Tapa, le point le plus rapproché du chemin de fer Transcaspien. L'Atrek était maintenant réduit aux dimensions d'un large ruisseau. Une marche de 35 000 milles, à travers une des vallées les plus fertiles de la Perse, nous mena jusqu à Koutchan. Le district dont cette ville est le chef-lieu est le plus important des trois districts kurdes; jusqu'à ces dernières années, il était semi-indépendant. Nadir Chah fut assassiné en 1747, en essayant de le réduire. L'Ilkhani a été décrit de très amusante façon par lord Curzon; il est généralement dans un tel état d'ébriété, par l'effet de l'opium ou de l'alcool, qu'il est nécessaire de lui annoncer sa visite trois jours à l'avance. Je m'abstins d'aller le voir, désireux de ne pas perdre de temps.

Je trouvai à Koutchan une lettre du consul général britannique à Mechhed, M. Elias, qui m'annonçait fort aimablement qu'il avait envoyé à ma rencontre, à une étape de la ville, un sowar et deux chevaux. Nous frétâmes une voiture pour nous transporter, nous et nos biens, jusqu'à la ville.

Le pays était fertile, mais monotone. Par suite de la forte gelée, la chaussée était dure et unie. Dans l'après-midi du troisième jour, j'aperçus un homme au sommet d'un caravansérail. C'était le sowar, et, en moins de cinq minutes, je trottais dans la direction de Mechhed, laissant Yousouf suivre en voiture. Devant nous, à plusieurs milles de distance, le magnifique dôme doré brillait comme une flamme sous les rayons du soleil couchant.

JEUNES FILLES KURDES DES BORDS DE LA MER CASPIENNE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Une foule curieuse nous attendait sur les places de la ville. Par le Khiaban, l'avenue principale, l'Unter den Linden de l'endroit, puis par les rues enchevêtrées, nous arrivâmes au Consulat général, où nous reçûmes un accueil chaleureux. Sans nouvelles du monde extérieur depuis deux mois, j'étais inexprimablement heureux de me trouver dans un milieu ami.

Mechhed, dont le nom signifie «la Tombe d'un Martyr», est ainsi appelée parce qu'elle renferme la tombe d'un saint, Reza, le huitième iman. Son sanctuaire est parmi les plus riches et les plus visités de l'Asie. Le trésor qu'il possède absorbe non seulement de larges tributs annuels en argent et en bijoux, mais reçoit encore en dons et en legs, des terres et des jardins de toutes les classes de la société. Il n'est pas ouvert aux visiteurs chrétiens, ce qui est en Perse une règle presque générale. Cependant elle n'a pas toujours été exactement observée, et l'ambassadeur espagnol à la cour de Timour, Ruy Gonzalez de Clavijo, nous raconte qu'il visita précisément la mosquée de Mechhed.

Le sanctuaire actuel, à ce que j'appris, est au centre de trois belles cours. Ses briques, ses lampes ouvragées et ses grilles d'or mettent autour de lui une atmosphère de beauté bien calculée pour impressionner les dévots.

Aujourd'hui, l'importance politique et commerciale de Mechhed est considérable. Au point de vue britannique, c'est un bon poste pour surveiller l'Afghanistan occidental, et aussi un entrepôt du commerce anglo-indien. Mais pour la Russie, le poste est encore beaucoup plus important, Mechhed étant la capitale de la province (p. 309) du Khorassan, dont Askhabad dépend pour sa subsistance. Comme on peut le supposer, les bazars sont presque entièrement remplis par des marchandises russes, mais les objets de provenance anglaise sont également très appréciés. On trouve donc là l'image de la lutte entre les deux pays qui se disputent l'influence.

LES PRÉPARATIFS D'UN CAMPEMENT DANS LE DÉSERT DE LOUT.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Lors de ma visite, le poste de consul général britannique était occupé par M. Ney Elias (mort depuis), le doyen d'une série de grands voyageurs dans l'Asie centrale. Les intérêts de la Russie étaient confiés à M. Vlassof, qui devait trouver une sphère d'activité plus vaste en Abyssinie. Comme cela arrive souvent, lui et son secrétaire avaient épousé des Anglaises, ce qui ajoutait beaucoup pour moi aux plaisirs de la société. Je n'ai jamais trouvé un meilleur accueil que dans cette petite colonie européenne. Aussi quand je partis, au bout d'une semaine, pour me rendre à Kirman par le désert de Lout, je me sentis tout à fait malheureux de quitter des amis, dont huit jours auparavant je ne connaissais pas un seul.

En quittant Mechhed, nous suivîmes la route de Téhéran jusqu'à Chérifabad. Elle traverse une région ondulée et tourne à un point d'où les pèlerins, venant du sud, peuvent contempler pour la première fois le dôme sacré.

Le surlendemain, nous eûmes à franchir la passe Bidar, où, à notre grand étonnement, nous trouvâmes une neige épaisse. De ce passage, qui a près de 2 000 mètres d'altitude, nous descendîmes dans la vallée d'une rivière, dont le cours inférieur porte le nom de Kal-i-Sala. Elle est traversée par un pont récemment construit, ce qui est rare en Perse.

Après avoir de nouveau franchi une région accidentée, nous arrivâmes à Turbat, ville de 15 000 habitants, appelée encore archaïquement Turbat-i-Haidari, de la tombe en briques rouges d'un saint réputé, Kutb-u-Din-Haider. Actuellement, on la nomme plutôt Turbat-i-Ichak-Khan, du nom d'un chef des Karaï, mis à mort après avoir essayé de conquérir Mechhed, à la tête d'une confédération de tribus. Turbat, entourée de jardins, est devenue, depuis 1901, un centre russe important; un médecin russe y a été établi, sous la protection des cosaques, pour surveiller les épidémies de peste, ou peut-être de choléra. La soie était autrefois le principal produit de la région; sa culture est redevenue prospère. Mais dans cette région comme dans d'autres, la famine ayant suivi la maladie du ver à soie lui a porté un coup qui se fait sentir encore.

Après Turbat, nous longeâmes le Kal-i-Sala, en changeant plusieurs fois de direction. Il était intéressant de noter que tous les villages marqués sur la carte étaient en ruines, de nouveaux hameaux ayant été construits à côté, tandis que, surprise plus grande encore, la rivière, qui tourne à l'ouest, était figurée comme se dirigeant vers le sud-est.

Nous passâmes ensuite à Djangal, Bimurgh, Beidukht, ce dernier village connu comme la demeure d'un des rares grands murschid de Perse. Ce maître, qui exerce une immense influence, spécialement sur les marchands de Téhéran, est appelé Hadji Mulla sultan Alé; il a construit une belle méderssé où collège, où il enseigne et prêche tous les jours. On le dit âgé d'environ soixante ans.

Djouncin, le petit chef-lieu du district de Gunabab, administré par le gouverneur de Turbat, a une population (p. 310) de 8 000 habitants environ et un petit bazar. Il a pour spécialité une fabrication de poteries si grossières et si laides que je m'abstins d'en acheter une seule.

La plaine de Gunabad est au pied d'une chaîne montagneuse, qui va du sud-est au nord-ouest, et sépare ici le pays relativement élevé que j'avais traversé du funèbre désert de Lout, où j'allais bientôt entrer. Plus loin à l'ouest, elle se confond avec la partie nord de ce désert. Après avoir traversé cette chaîne nous arrivâmes à Toun, ville murée, de 4 000 habitants. Dans l'enceinte même, il y a de nombreuses cultures. L'aspect général n'est pas déplaisant.

J'avais ainsi atteint la lisière nord du grand désert, que j'allais traverser pour la première fois et parcourir souvent dans la suite. Une courte description en paraîtra ici à sa place. Je dirai d'abord que divers géographes ont, sans raison suffisante, divisé le grand désert de Perse en deux régions, celle du nord, le Dacht-i-Kavir et celle du sud, le Dacht-i-Lout. Lord Curzon citant, d'après le général Houtum Schindler, trois dérivations possibles du mot kavir, choisit avec raison l'arabe hafr, qui signifie «marais salin». Ce mot arabe est encore communément en usage dans la Perse méridionale. Pour le terme Lout, il est sûrement dérivé de Lot, et les guides montrent souvent, dans le grand désert, des Chahr-i-Lout, ou «cités de Lot». Ils expliquent que le Tout-Puissant les détruisit par les feux du ciel, comme les villes sur lesquelles pèsent aujourd'hui les eaux de la mer Morte.

Après de nombreuses recherches, je suis arrivé à cette conclusion que le désert de Perse tout entier ne porte que l'unique nom de Lout (Dacht-i-Lout est une redondance rarement employée) et qu'il renferme un nombre considérable de kavir, dont les caractères sont partout identiques. J'admets cependant qu'ils sont plus nombreux dans la partie nord, qui reçoit une plus grande abondance d'eau. Un Persan, élevé en Angleterre, m'a dit qu'il avait bien vu la route Yezd-Pabas indiquée sur la carte comme le point où se rencontrent deux déserts, mais que toutes ses tentatives pour s'assurer sur les lieux de l'existence d'un désert de Dacht-i-Kavir avaient échoué. Cela avait diminué son respect pour la cartographie européenne.

LE DÉSERT DE LOUT N'EST SURPASSÉ, EN ARIDITÉ, PAR AUCUN AUTRE DE L'ASIE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Le grand désert de Lout s'étend du voisinage de Téhéran jusqu'à la frontière du Baloutchistan britannique, sur une distance dépassant 1 100 kilomètres. C'est le rebord oriental de cette vaste étendue, dont le point le plus haut, le village de Basiran, que j'ai visité en 1899, s'élève à 1 400 mètres. L'altitude moyenne est d'environ 600 mètres; les points les plus bas, près de Khabis, sont à 300 mètres. La plus mauvaise partie du Lout est celle qui s'étend entre la Perse orientale et Khabis, et qui fut traversée par M. Khemikoff vers le milieu du XIXe siècle. Voici ce qu'il écrit: «On peut imaginer facilement notre plaisir de nous trouver sains et saufs, après avoir traversé un désert qui n'est surpassé en aridité par aucun autre de l'Asie; comparés au Lout, le Gobi et le Kizil-Koum sont, on effet, de fertiles prairies. J'ai vu l'aspect désolé de l'isthme de Suez. Bien des parties de cette aride région semblent frappées de la même stérilité que le Lout, mais ce caractère ne s'étend jamais à d'aussi vastes surfaces».

Il est admis généralement que le Lout est le fond d'une ancienne mer intérieure. Cette opinion s'appuie entre autres sur l'existence d'un volcan actif à Sarhad, du volcan éteint de Kouh-i-Bazamn... et sur beaucoup de légendes.

Je suis aussi d'avis que, par suite des guerres d'extermination dont la Perse a souffert, les limites désertiques se sont étendues. La Perse est un désert, avec des villages séparés par des intervalles de quelques milles, et péniblement entretenus en vie par le moyen de l'irrigation. Quand l'eau vient à cesser, les villageois s'en vont; inversement, quand les villageois ont été tués, les canaux s'obstruent, l'eau manque et le désert s'agrandit.

(p. 311) En dehors du Lout, il y a bien des régions en Perse où, pendant trois ou quatre étapes, on ne rencontre pas de villages. Tous ces déserts en miniature reproduisent les traits du grand. Je dois ajouter encore que, comme tout l'indique, la chute de pluie a diminué. La cause à la fois et la conséquence de ce fait, c'est que le pays est à peu près dépourvu d'arbres. Les deux grandes nécessités pour la régénération matérielle de la Perse sont donc l'eau et la reforestation.

AVANT D'ARRIVER À KIRMAN, NOUS AVIONS À TRAVERSER LA CHAÎNE DE KOUHPAIA (page 312).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

J'ai la prétention, que je crois justifiée, d'être le premier Européen qui ait traversé cette partie du Lout, bien que, au moment où j'étudiais la question, je fusse persuadé que je suivais les traces de Marco Polo. D'ailleurs, avec des arrangements convenables, la route n'offre pas de grandes difficultés, au moins pendant sept mois de l'année. C'est la principale route de Kirman à Mechhed, et elle est suivie en conséquence par des milliers de voyageurs, spécialement par des pèlerins.

Au delà de Toun, nous prîmes la direction du sud et, après avoir quitté la zone cultivée, nous entrâmes dans un district de collines basses, noires, brûlées de soleil. Tous les quatre milles, nous rencontrions des réservoirs d'eau, connus sous le nom de hauz, et consistant en voûtes souterraines, où l'on entre par des escaliers. L'eau qui s'y trouve est généralement souillée; ils en manquent tout à fait dans les années sèches.

Pendant la seconde journée, tandis que nous rampions péniblement dans la plaine, nous vîmes apparaître une chaîne de montagnes neigeuses qui n'était marquée sur aucune carte. Le lendemain, nous étions au village de Duhuk, dans une dépression de cette chaîne, dont la hauteur doit bien atteindre 2 700 mètres et qui s'appelle le Mour Kouch.

Les habitants montraient une curiosité intense et bien naturelle à voir les premiers Européens venus dans leur pays. Elle était encore augmentée, nous dirent-ils, par ce qu'ils avaient entendu des pèlerins sur les miracles accomplis, plus ou moins extraordinaires, par les Farangis, spécialement à Bombay.

Cette partie du Lout se trouvait beaucoup plus peuplée que nous ne l'avions cru. Nous passâmes par les villages d'Arababad et de Zenagoun, d'où une route de 50 milles nous mena à Naïband. Nous fîmes halte à Ab-i-Garm, qui était un vrai kavir, quoique d'un type un peu anormal. Le district environnant se drainait dans le marais, dans lequel on trouvait des eaux saumâtres. Les tamaris étaient en abondance; quelques bêtes à cornes paissaient l'herbe grossière, et nous levâmes quelques canards.

Le soir, une tempête nous fit perdre de vue la piste qui formait la route. Voyant que nous n'avions plus d'eau et ne sachant pas à quelle distance était Naïband, je partis le lendemain, dès l'aurore, et j'allai en avant à cheval, afin de renvoyer de l'eau à mes compagnons.

À un détour du chemin, j'eus tout d'un coup la vision d'un pays de féerie. Les montagnes opposées étaient couvertes de palmiers qui se balançaient dans l'air, et avec lesquels les blés verts faisaient un contraste exquis. Au sommet, un vieux fort rouge se dressait pittoresquement. En entrant dans le bois de palmiers, je vis des cours d'eau coulant dans toutes les directions. De vastes grottes complétaient le tableau qui était vraiment magnifique.

J'envoyai une provision d'eau à mes compagnons, qui ne tardèrent pas à arriver. Nous établîmes notre camp au sommet de la montagne, d'où nous voyions, entre les palmes vertes, le désert jaune et brûlant de Lout s'étendre jusqu'au bout de l'horizon. J'appris que le village de Naïband a été fondé il y avait deux siècles comme poste avancé contre les Baloutches. Nous allions entrer dans la sphère des déprédations de ce peuple.

Les mules ayant besoin de repos, je passai deux jours à explorer la chaîne de montagnes voisine, dont la hauteur est d'à peu près 2 800 mètres. Elle est presque entièrement dépourvue d'eau.

L'étape suivante devait être de 40 milles. Elle nous mena à travers de véritables cités de Lot, collines aux flancs escarpés, donnant des visions de tours, de maisons et de formes humaines, sous le brillant (p. 312) clair de lune. Nous atteignîmes, ce jour-là, le caravansérail de Darband, gardé par un soldat solitaire, qui gagne sa vie en vendant des provisions à des prix de famine. Le lendemain, nous arrivions à la petite ville de Rawar, qui a 8 000 habitants, et qui est renommée pour ses figues et ses grenades; c'est aussi un centre de l'industrie des tapis. À Ab-Bid, nous nous vîmes entourés soudain d'une bande d'Arabes, qui, après nous avoir inutilement demandé de l'argent, se mirent en devoir de piller le caravansérail. Deux hommes vinrent nous raconter la chose, nous priant de les aider à recouvrer leurs biens. «Volontiers», répondîmes-nous. Ce fut un vrai plaisir de faire dégorger leur vol à ces bandits. Tout d'abord, ils tirèrent leurs couteaux; mais la vue de deux revolvers les terrorisa, et finalement, ils rendirent tout ce qu'ils avaient pris.

Notre campement suivant fut établi à Hur, petit hameau occupé à l'origine par quelques familles de soldats, mis là pour garder le pays contre les Baloutches. Puis vinrent les étapes de Gwark et de Tejen. Avant d'atteindre Khabis, la route traverse le fameux Kar-i-Chikan, ou défilé de «la Destruction des ânes». Un immense rocher la barre, de telle sorte qu'il faut décharger tous les animaux et prendre leurs charges à la main. Un peu de dynamite suffirait pour remédier promptement au mal.

La petite ville de Khabis, où nous arrivâmes ensuite, a 8 000 habitants environ; elle produit d'excellentes dattes, des oranges, du henné, et c'est une station d'hiver fréquentée. Elle fut plusieurs fois au pouvoir des Afghans, avant que la dynastie Kadjar fût solidement établie en Perse. Le Rev. A. R. Blackett, de la Church Missionary Society, qui a visité Khabis en 1900, me raconte qu'il y a trouvé les ruines de ce qui était probablement une église chrétienne, dans un groupe de constructions connu sous le nom d'Akus, à un mille à l'est de la ville.

Avant d'arriver à Kirman, nous avions encore à traverser la chaîne de Kouhpaia, par le col de Goudai-i-Khouchab, qui s'élève à 2 200 mètres; nous campâmes au petit village d'Amaristan, et le lendemain matin, nous nous élevions jusqu'au Gudar-i-Galgazut, d'où nous ne tardâmes pas à descendre par degrés sur la plaine de Kirman.

Au point où cessent les montagnes, se dresse un vieil érable, à l'ombre duquel le voyageur fatigué peut contempler une des grandes cités de la Perse. Cependant l'aspect de Kirman n'offre pas une apparence imposante, les maisons et le sol étant uniformément de couleur khaki. Près des limites de la ville, le quartier des zoroastriens, qui a été détruit par les Afghans, montrait tous les signes d'une mélancolique décadence, tandis qu'à gauche des collines de calcaire étaient couvertes par des forts en ruines. Après avoir traversé une bande de jardins et de maisons, nous atteignîmes les murailles, et j'entrai pour la première fois à Kirman, ne pensant guère que je devais avoir, plus tard, de si nombreux rapports avec cette ville.

(À suivre.) Adapté de l'anglais par H. Jacottet.

RIEN N'ÉGALE LA DÉSOLATION DU DÉSERT DE LOUT (page 310).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Droits de traduction et de reproduction réservées.

(p. 313) TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.—27e LIV. No 27.—8 Juillet 1905.

LA COMMUNAUTÉ ZOROASTRIENNE DE KIRMAN VINT EN CHEMIN NOUS SOUHAITER LA BIENVENUE (page 318).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE[1]
Par le MAJOR PERCY MOLESWORTH SYKES,
Consul général de S. M. Britannique au Khorassan.

II. — La province de Kirman. — Géographie: la flore, la faune; l'administration; l'armée. — Histoire: invasions et dévastations. La ville de Kirman, capitale de la province. — Une saison sur le plateau de Sardou.

UN MARCHAND DE KIRMAN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

La province de Kirman a toujours eu, depuis qu'elle est apparue dans l'histoire, une importance considérable, sinon de premier ordre. Peut-être, étant donné la configuration physique du pays, son étendue est-elle approximativement aujourd'hui ce qu'elle était il y a deux mille ans. D'autre part, la différence est minime entre le nom classique de Kermania et celui de Kirman.

Au point de vue géographique, la province, qui est presque aussi grande que la France, offre un réel intérêt, ne fût-ce que pour la différence des climats, des productions naturelles et des populations que l'on y rencontre. Sur une grande étendue, le pays est plat, les palmiers prospèrent; le froment et l'orge poussent en hiver et sont moissonnés au premier printemps. Dans quelques régions, le Djiruft, par exemple, de beaux plateaux, montant jusqu'à 2 700 mètres, constituent la partie la plus méridionale du principal système orographique de la Perse, dans lequel les chaînes se dirigent approximativement vers le nord-ouest. Dans la partie sud du Kirman, on trouve des pics qui atteignent presque 5 000 mètres. Dans le nord et dans l'est de la province, l'altitude décroît progressivement; cependant les montagnes qui avoisinent la capitale sont élevées, mais au delà s'étendent les basses dépressions désertes du Lout.

La meilleure description qu'on puisse donner de l'ensemble de la province est d'ailleurs qu'elle consiste en partie en désert pur et simple, en partie en désert diversifié par des oasis. Ainsi, le désert s'étend bien à l'ouest, au sud et à l'est de Kirman; mais, à une distance de quelques milles, on trouve de petits hameaux, et sur certains points des villages, entretenus en vie par des sources (p. 314) blotties dans les montagnes, et dont l'eau est amenée à la plaine par des kanats. Dans certains cas, la première source peut se trouver à 120 mètres de profondeur, et de nouveaux puits doivent être creusés à des distances de quelques mètres. Il est impossible de ne pas admirer la patiente industrie des paysans, qui réussissent à assurer leur existence au prix des plus grandes difficultés. Souvent, une forte pluie ou une trombe de sable vient, en effet, obstruer les canaux.

Naturellement, les rivières sont sans importance. Le Halil Roud mérite seul d'être mentionné. Il naît au sud de la grande chaîne dont j'ai parlé, coule à travers le district de Djiruft, et se jette dans la rivière de Bampour. On n'a fait jusqu'ici aucune tentative pour utiliser son eau.

On n'a pris aucune mesure de la chute des pluies dans la province. Comme elle est de 25 centimètres environ à Téhéran, on peut admettre pour Kirman une moyenne de 17 centimètres, ou même moins. Mais il y a, à ce point de vue, des différences entre les districts. Celui de Djiruft est le plus favorisé.

Dans les hauts plateaux, le commencement du printemps est gâté par d'incessantes rafales et des tempêtes de poussière venues pour la plupart du sud-ouest. Les pluies d'orage sont fréquentes dans les bonnes années. À Kirman, au milieu de l'été, les jours sont chauds, mais les nuits sont agréables, et la brise souffle presque chaque après-midi. Les chaleurs sont passées vers le milieu de septembre. Après l'équinoxe d'automne, un brouillard dense règne pendant quelques jours. C'est sans doute la brume dont Marco Polo parle en ces termes: «Et vous devez savoir que lorsque les Caraonas veulent faire une incursion de pillage, ils ont certains enchantements diaboliques, au moyen desquels ils répandent l'obscurité sur la face du jour, à tel point que vous pouvez à peine reconnaître votre camarade chevauchant à côté de vous, et ils peuvent faire durer cette obscurité jusqu'à sept jours.»

LE «DÔME DE DJABALIA», RUINE DES ENVIRONS DE KIRMAN, ANCIEN SANCTUAIRE OU ANCIEN TOMBEAU (page 321).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À part cette exception, l'automne est délicieux, quoique les Persans en trouvent la température fiévreuse. Cela s'explique, parce qu'ils mangent trop de fruits. En hiver, il y a de fortes gelées, avec des jours qui sont encore d'une clarté admirable. Il y a généralement un jour de pluie vers la fin de novembre, et une légère chute de neige en décembre. En janvier, quand l'année est bonne, on compte trois ou quatre lourdes chutes d'une neige qui ne tarde pas à fondre dans les plaines. Ainsi chante le poète Omar Khaygam: «L'espérance du monde à laquelle les hommes mettent leurs cœurs devient cendre ou se réalise; et de nouveau, comme la neige sur la face poudreuse du désert, brillant une petite heure à peine, elle s'en va».

Mais en même temps, sans les montagnes dans lesquelles «les trésors de la neige sont en réserve pour les temps de trouble», la Perse du sud-est serait, autant que j'en puis juger, inhabitable. Dans le Garmsir, les mois d'hiver sont fort agréables; mais, même en mars, une tente devient horriblement chaude, et l'été est à la fois éprouvant et malsain, quoique, sur beaucoup de points, il y ait des montagnes fraîches, d'un accès facile.

La population de cette grande province compte peut-être 750 000 habitants, qui peuvent se diviser en sédentaires et nomades, ceux-ci très nombreux. Les gens des villes et des villages sont, pour la plupart, des Iraniens. Les hordes des envahisseurs successifs ont mené, presque dans tous les cas, une vie errante, la même à peu près qui nous est décrite dans le Livre de Job.

Le voyageur qui vient d'Europe trouve la stérilité du pays épouvantable, et, chose triste à dire, elle ne fait que croître. À mesure que la population devient plus stable, les provisions de bois s'épuisent, spécialement par la main des charbonniers—il n'y a pas de mines de houille,—et peu de chaînes possèdent quoi que ce soit qui ressemble à une forêt. On ne trouve généralement que des fourrés dispersés; l'un donne la gomme «tragacanthe» qui est appréciée dans le commerce; un autre l'assa fœtida. Les montagnes, m'a-t-on dit, possèdent toutes sortes de plantes alpines.

Voyager dans le sud de la Perse signifie généralement marcher sur un sol dont la réverbération est (p. 315) aveuglante, entre des chaînes de montagnes pierreuses. Le voyageur lassé salue avec enthousiasme la moindre petite source; même un saule rabougri lui semble une chose admirable, dans une si vaste étendue sans arbres.

À KIRMAN: LE JARDIN QUI EST LOUÉ PAR LE CONSULAT, SE TROUVE À UN MILLE AU DELÀ DES REMPARTS (page 320).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Les principales productions du pays sont le froment, l'orge, l'opium; les plantes d'automne, sur les plateaux inférieurs, sont le millet, le coton et la betterave; sur les hauts plateaux et dans les vallées, on cultive beaucoup de pois. Dans le Garmsir, les céréales d'été sont le riz et le maïs. Le précieux henné est aussi une source de richesse, spécialement pour Bam et Khabis. On cultive encore les melons, les pastèques, le raisin, les lentilles, les concombres, les choux, les laitues, les oignons, etc. Les pommes de terre commencent à acquérir une certaine popularité. Des fruits de toute espèce croissent avec la plus grande facilité: pommes, poires, abricots, mûres, coins, nectarines, pêches, prunes, cerises, figues, grenades, amandes, avelines, noisettes, noix, pistaches; mais comme on n'en prend aucun soin, ils sont généralement d'une saveur médiocre. Cependant les oranges et les citrons de Khabis et de Bam sont excellents, et les pistaches de la province sont renommées.

Les arbres, qui, presque tous, ne peuvent prospérer que par l'irrigation, sont en petit nombre. Le platane vient au premier rang; puis viennent le peuplier, le saule ordinaire et le saule pleureur, l'orme, l'olivier de Bohême, le cyprès, le pin, l'acacia et l'aubépine à la senteur délicieuse. Les fleurs les plus répandues sont les roses, qui croissent presque à l'état sauvage, et le jasmin. Les semences d'Europe sont fort appréciées, les Persans étant très grands amateurs de floriculture. On emploie beaucoup d'eau de rose, même pour en boire.

En ce qui concerne la faune sauvage, le léopard fréquente les montagnes, mais on le rencontre et on le tue rarement. On peut dire la même chose de l'ours. Les moutons sauvages et les bouquetins m'ont donné l'occasion de plus d'une chasse, et l'on trouve des gazelles dans toutes les plaines. On rencontre occasionnellement des loups, des hyènes, des chacals, des renards, des chats et des ânes sauvages et des sangliers. Le gibier à plume est représenté par des perdrix de diverses espèces, des grouses des sables et des pigeons. Les cailles sont rares, de même que les canards.

Actuellement encore, comme aux premiers temps de la monarchie perse, la province est administrée par (p. 316) un gouverneur général tenu comme responsable de la rentrée des impôts, et obligé de payer au shah un pichkach, ou présent officiel; les ministres reçoivent, eux aussi, quelques gratifications. Grâce à la coutume de donner des salaires aux descendants de presque tous les fonctionnaires et même à chaque khan—on m'a parlé d'un fonctionnaire recevant 172 salaires pour lui-même et pour ses parents,—il arrive que tout le revenu de la province, qui monte, abstraction faite du pichkach et du bénéfice du gouverneur, etc., à 315 000 tonneaux, soit 1 575 000 francs, est dépensé sur les lieux mêmes.

Pour maintenir l'ordre dans la province, il y a deux régiments d'infanterie, dont quatre compagnies environ sont toujours sous les armes. Il y a aussi une poignée d'artilleurs, avec quelques batteries de campagne. Le Bam et le Narmachir ont ensemble un régiment, dont une moitié est en garnison au Baloutchistan. Les soldats ont, en général, bonne façon, et sont durs à la fatigue. Mais leur matériel est défectueux, tandis que les brigands possèdent généralement des fusils Martini.

D'après Hérodote, les Kermanii formaient une des douze tribus de la Perse, et la province de Kirman faisait partie de la quatorzième satrapie. Strabon la décrit comme très fertile. Ainsi que nous le verrons tout à l'heure, elle fut traversée de l'est à l'ouest par Alexandre. Je n'ai trouvé aucune mention de Kirman à l'époque des Parthes, mais la province devint fameuse lorsque, après la conquête du Fars, elle fut prise par Ardechis, fils de Papak, fondateur de la dynastie nationale des Sassanides, qui dura jusqu'à la conquête arabe. Pendant le règne de cette dynastie, la province, éloignée des frontières de l'ouest et du nord, jouit d'une paix complète.

À l'époque où la secte nestorienne se propagea en Perse, Kirman devint un diocèse dépendant du métropolitain de Fars. Chose curieuse, la Perse était à ce point identifiée avec le christianisme, qu'en Chine, un décret de l'empereur I-ouen-tsoung parle des églises comme de «temples persans».

UNE AVENUE DANS LA PARTIE OUEST DE KIRMAN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Le dernier des rois sassanides, le malheureux Yezdigerd, se retirant devant les soldats d'Omar, séjourna quelque temps à Kirman, avant de fuir dans le désert.

La révolte qui eut lieu en Perse après la mort d'Omar eut pour effet de resserrer davantage encore les liens de la conquête arabe, surtout pour les provinces les moins éloignées du centre de la domination, comme l'était celle de Kirman. Des forts furent construits et des colonies d'Arabes introduites, spécialement dans le pays chaud, les fidèles de Zoroastre tenant encore les hauts plateaux, trop froids pour les Arabes.

Nous ne suivrons pas l'histoire du Kirman pendant les deux siècles de la conquête arabe, et après la fondation de dynasties nationales indépendantes du califat. Ce serait refaire l'histoire entière de la Perse. Le Kirman lui-même eut quelques souverains indépendants, Abou-Ali, un chef de brigands, et la dynastie des Deilamites. Puis, lors des conquêtes des Seldjoucides, qui suivirent la mort du sultan Mahmoud de Ghazna, Malik-Kaouard, fils de Chakar-Beg, se tailla un empire dans la province de Kirman; sa dynastie dura un siècle et demi. Cette période a vu naître deux historiens, dont les ouvrages n'ont pas été traduits dans une langue européenne. Les deux souverains les plus notables de cette dynastie furent Malik Chah et Arslan Chah. Ce dernier, durant un règne prospère de quarante ans, fit faire de grands progrès au Kirman, de telle sorte qu'on put le comparer avec avantage au Khorassan et à l'Iran; des caravanes venant de toutes les directions, passaient à travers la province; le Fars et l'Oman étaient soumis au Kirman. Togrou Chah lui succéda; mais, à sa mort, les rivalités de ses trois frères réduisirent la province à un état d'anarchie.

Elle fut ensuite envahie par la tribu des Ghazz, qui venaient de piller Merv, et qui la transformèrent, en (p. 317) quelques années, en un désert. Cette tribu fut finalement écrasée par l'armée de l'atabeg Sad-bin-Zangi, et depuis lors elle ne devait plus relever la tête. Elle est maintenant représentée par les Rais, tribu nomade sans importance.

LES GARDES INDIGÈNES DU CONSULAT ANGLAIS DE KIRMAN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Le Kirman eut le bonheur rare d'échapper aux ravages de la conquête mongole, la plus terrible dont l'histoire fasse mention. Mais l'invasion de Gengis-Khan n'en eut pas moins une répercussion indirecte sur ses destinées. Un officier du khan des Kara-Kitaï, Borak-Hadjib, passant par la province, s'en improvisant gouverneur, demanda et obtint l'investiture de Gengis-Khan. Il mourut en 1234. Il fut remplacé par son cousin et gendre Koutb-ou-Din, qui, après s'être vu disputer le pouvoir par son beau-frère, devint de nouveau gouverneur, et mourut en 1258 des suites d'une blessure reçue d'un bouquetin, dans la chaîne de Djoupar, la même année où le calife Mostasim-Billa était mis à mort par Houlagou, fils de Gengis-Khan.

À Koutb-ou-Din succéda sa veuve, sous laquelle le pays prospéra. Elle fonda des villages et fit creuser des kanats; c'était elle qui occupait le trône lorsque Marco Polo passa par la province, à son voyage de retour. Elle mourut vers l'an 1282. Une autre femme qui régna sur le Kirman fut Padchah Katoun; souveraine remarquable; elle eut aussi une réputation comme poétesse. Il est intéressant de noter que, pendant cette période, l'île d'Ormuz fut tributaire du Kirman.

En 1340, Mobauz-u-Din fonda la dynastie des Mouzaffar, qui régna jusqu'à Tamerlan. Le conquérant tatare la détruisit en 1393. La gloire principale de cette dynastie est peut-être d'avoir été célébrée par le poète Hafiz. Le Kirman fut alors donné à Amir-Adugui, neveu d'Amir-Jargui, de la tribu des Barlas, celle même à laquelle appartenait le conquérant.

Vers 1450, Djahan-Chah, fils de Kara-Yousouf, et le membre le plus fameux de la dynastie turkomane des Kara Koinlou ou Moutons Noirs, envahit l'Iran, conquit Ispahan et ordonna un massacre général. Il envoya son fils Abd-oul-Kasim à Kirman, qui capitula sans résistance. L'autorité de ce gouverneur fut bientôt si solidement établie, qu'il fut capable de rejoindre son père, occupé à conquérir Hérat. Mais les Moutons Noirs furent à leur tour vaincus par les Moutons Blancs, et le Kirman fut donné au fils du chef victorieux de cette dynastie, Onzoun-Hassan. En 1470, la province de Kain fut réunie à celle de Kirman; en 1473, toutes deux furent réunies au Fars, sous le gouvernement de Chah-Kalil.

Plus tard, et après la fondation, au commencement du XVIe siècle, de la grande dynastie des Sefair, la province de Kirman n'a plus d'histoire, et il est inutile de donner ici la liste de ses gouverneurs.

(p. 318) Lors de l'invasion de la Perse par l'Afghan Mahmoud, la ville de Kirman fut vainement assiégée une première fois par les envahisseurs; mais, une seconde fois, en 1720, elle dut capituler. Lorsque, peu de temps après, en 1735, Nadis-Chah, le dernier grand conquérant asiatique, eut envahi à son tour l'Afghanistan, il fut accompagné par un détachement de Kirmanis, que commandait Iman Verdi Beg, et dans lequel étaient représentés les sectateurs de Zoroastre.

Durant l'anarchie qui suivit son assassinat, en 1747, il semble que les Afghans pillèrent de nouveau Kirman et détruisirent le quartier de Zoroastre, imparfaitement protégé par un mur à demi construit. Après quoi, Chahrouk-Khan s'empara de la province. En 1758, il fut assassiné par Mourah-Khan.

En 1793, Louth-Ali-Khan s'étant réfugié dans la ville, y fut assiégé par Afgha-Mohammed. Sa position étant désespérée, il jeta une planche sur les fossés et s'échappa à Bam. Là, il fut trahi par son hôte, aveuglé et finalement mis à mort. La ville dut subir des horreurs dont elle ne se relèvera pas avant un siècle encore. 20 000 femmes et enfants furent emmenés en esclavage, et le brutal vainqueur compta 70 000 yeux qu'on lui avait apportés. «Si un seul avait manqué, j'aurais pris les vôtres», dit-il à ses ministres. Pendant de longues années, Kirman ne fut plus qu'une ville désolée, peuplée d'aveugles. Elle fut gouvernée d'abord par Mohamed Taki, puis par Ibrahim Khan qui, pendant les vingt années de son administration, rendit quelque prospérité à la province épuisée; il reconstruisit la ville à l'ouest de son site primitif, creusa des kanats et fonda des villages.

Agha-Khan, nommé gouverneur en 1839, est connu par une rébellion qui dura trois ans. Le dernier des grands gouverneurs du Kirman est Mohamed-Ismaïl-Khan (1860-1869). La province lui doit un renouveau de prospérité; il construisit la plupart des caravansérails actuellement existants, les bazars de Kirman et de nombreux villages. Le gouverneur actuel est Mirza-Mahmoud-Khan, Ala-oul-Moulk, qui fut ambassadeur à Constantinople, et qui doit trouver que Kirman est bien loin du reste du monde.

LA PLUS ANCIENNE MOSQUÉE DE KIRMAN EST CELLE DITE MASDJID-I-MALIK (page 321).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

En octobre 1894, on me donna la mission de créer un consulat à Kirman et dans le Baloutchistan persan. Je l'acceptai avec plaisir, bien que pécuniairement le profit en fût maigre, et je m'y rendis accompagné de ma sœur, qui a publié ses impressions de voyage et de séjour dans son ouvrage intitulé Through Persia on a Side Saddle. Nous nous rendîmes à notre poste par Enzeli, Téhéran, où nous demeurâmes quelque temps, Koum, Kachan, Yezd, Bahramabad.

À 4 milles de Kirman, un général vint me souhaiter la bienvenue et m'offrir le thé sous la tente. Les environs de la ville comptent d'ailleurs quelques maisons de thé. À ma grande surprise, je vis arriver un cheval microscopique, couvert de velours éclatant et harnaché d'or. C'est sur cette monture que je devais faire mon entrée en ville. Le Sahib Divan l'avait envoyé tout exprès pour moi. Je pus heureusement me débarrasser de cette pénible obligation en alléguant que étant revêtu de mon uniforme, j'étais obligé de me servir d'une selle militaire, et que ma selle évidemment n'irait pas à un poney d'aussi petites dimensions.

MEMBRES DES CHEIKHIS, SECTE QUI EN COMPTE 7 000 DANS LA PROVINCE DE KIRMAN (page 322).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Lorsque nous nous fûmes entendus sur ces préliminaires, nous nous mîmes en marche vers la ville, avec une lenteur désespérante, précédés d'une troupe d'environ deux cents cavaliers et de nombreux chevaux tenus en laisse. Les commerçants hindous et la communauté zoroastrienne nous souhaitèrent la bienvenue en (p. 320) chemin. À la porte occidentale, une fanfare sonna, et une centaine de faraches et de porteurs de masses se joignirent au cortège, qui passa lentement le long des étroits bazars, dans lesquels tout trafic était suspendu.

LA MASDJID DJAMI CONSTRUITE EN 1349, UNE DES QUATRE-VINGT-DIX MOSQUÉES DE KIRMAN (page 322).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Le jardin qui avait été loué pour le consulat était à un mille au delà des remparts; mais, avec le temps, nous finîmes par l'atteindre. On nous poussa dans les escaliers pour nous offrir une seconde fois du thé. Après quoi, à mon grand soulagement, ceux qui avaient participé à l'istikbal, ou réception, s'en allèrent.

La capitale de la province de Kirman a été, dès l'aurore de l'histoire, un centre important, mais il est certain que l'ancienne Karmana n'occupait pas le même emplacement que la ville d'aujourd'hui. Kirman, qui s'appela d'abord la «cité de Bardchii», fut fondé, d'après Afzal-Kermani, par Ardechir, fils de Babak. Abou-Ali-Mohammed ibn Ilias en fit la capitale de la province, à la place de Sirjan. Son but était évidemment de s'établir aussi loin que possible de la trop puissante famille des Deilami, dans la province de Fars.

Comme c'est souvent le cas des villes de Perse, Kirman dépend des kanats pour son approvisionnement d'eau. Elle est située dans une dépression, à l'altitude de 1 730 mètres, au pied d'une chaîne calcaire, qui dominait autrefois la ville. Elle est de tous côtés entourée par le désert, qui est absolument nu, tous les buissons ayant été déracinés pour servir aux fours à briques et aux bains; mais, comme elle est à la jonction de plusieurs routes, sa position en fait naturellement un centre de commerce. Le mont Djoupa, qui s'élève à près de 4 000 mètres, à environ 30 milles au sud-est, forme le trait principal du paysage; la chaîne qui forme le bastion oriental du plateau de l'Iran est à peu près de même altitude, mais plus apparente. Au nord, se dresse la chaîne, haute et escarpée, de Kouhpaia; plus loin, à l'ouest, le pic Kouh-i-Chah Timorz. Au sud-ouest, au sud et au sud-est s'étend une large zone de collines sablonneuses, qui rendent la vie désagréable lorsque la brise souffle. Cela, et peut-être la rareté de l'eau, en même temps que la haute altitude, explique la grande salubrité de la ville; mais ce sont autant d'obstacles à son développement, car, avec si peu de terres en culture, le pain à bon marché est presque hors de question. Même l'approvisionnement en fruits de la capitale ne peut venir que de Djoupar et de Mahoun.

Quand on arrive à Kirman en venant de l'est, la ville présente une apparence assez confuse de minarets et de mosquées, entourés de ruines presque de chaque côté; l'harmonie est un peu rétablie par les hautes murailles des glacières, à l'ombre desquelles l'eau est gelée. Mais d'une façon générale, comme dans toute l'Asie, les approches de la ville sont extrêmement sordides.

Les deux forts qui dominent la ville étaient autrefois le centre de la vie. Celui qui est connu sous le nom de Kala-Ardechir couvre la crête et les ramifications d'un rocher, qui se dresse à 150 mètres au-dessus de la plaine. Les murs, construits de briques séchées au soleil, de dimensions colossales, sont encore presque entiers et reposent en partie sur des fondations de pierre. Au-dessous, sur un éperon occidental, se dresse un second réduit, relié autrefois par une poterne dont on retrouve quelques traces, avec l'ouvrage principal. Un chemin qui tourne, en longeant un cours d'eau, monte, du côté du nord-ouest, à la crête, qui possède une triple ligne de défense assez semblable à celle du Kalah-i-Bandar de Chiraz. On y jeta tant de victimes assassinées, que le Vakil-ul-Mulk ordonna qu'il fût comblé.

Entre ce fort et le second, plus petit et connu sous le nom de Kala-i-Dukhtar, ou Fort de la Vierge, s'élevaient les principaux bâtiments, y compris le palais et la mosquée; c'est dans une partie de ce terrain qu'on a trouvé des briques lustrées; les gens du pays, qui viennent prendre la terre des ruines pour en faire de l'engrais, m'en ont souvent offert, et dans le nombre il y en avait de très belles.

Le Kala-i-Dukhtar est beaucoup plus bas que l'autre fort; il borde deux crêtes qui se coupent à angle obtus, et il est si étroit qu'on s'en servait seulement comme d'un chemin couvert. Au contraire, Kala-Ardechir était très bien aménagé.

Sur l'éperon sud de la roche principale, est un rocher détaché. À partir de la moitié de sa hauteur, un (p. 321) escalier de cent quarante-trois marches, qui semble relativement moderne, est taillé dans le roc. Il domine l'ancienne ville, dont la muraille partait d'un point situé immédiatement au-dessous. Plus au sud est le quartier désert de Farmitan, avec ses nombreuses maisons en pisé, presque intactes.

DANS LA PARTIE OUEST DE KIRMAN SE TROUVE LE BAGH-I-ZIRISF, TERRAIN DE PLAISANCE OCCUPÉ PAR DES JARDINS.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À l'angle sud de la chaîne s'ouvre une dépression, avec une plate-forme terminant le rocher, et surmontée d'une tombe en l'honneur de Reza Kouli Beg. Au-dessous sont les restes d'un réservoir, que remplissaient autrefois les eaux du Bahramjird.

Dans la plaine, parmi les ruines nombreuses, on trouve un bâtiment en pierre, de forme octogonale, surmonté d'un dôme en parenthèse, avec un diamètre intérieur de 12 mètres, chaque face mesurant 6 mètres. On le connaît sous le nom de Djabalia, et c'est à peu près le seul bâtiment en pierre de Kirman. Les Persans croient fermement que c'est là le «Dôme des Gabrs». On a dit aussi que c'était la tombe de Seid-Mohammed-Tabachiri, mais cela est contesté. Au sud, tout près de la petite chaîne nue de calcaire, est un groupe de constructions en pisé, connues sous le nom de Tandarustan, et qui sont fréquentées en partie par des disciples de Zoroastre, en partie par des musulmans. On y expose des offrandes de viandes, et si les péris ou bonnes divinités les mangent, le vœu qu'on forme en même temps sera accompli. C'est peut-être la survivance corrompue de l'usage parsi de faire des offrandes aux morts.

En se dirigeant à l'ouest, on approche du Bagh-i-Zirisf, le terrain de plaisance de Kirman. Il consiste en un certain nombre de jardins, et couvre une superficie d'environ 250 hectares. Au delà, on atteint de nouveau les anciennes murailles de la ville, et, en les longeant, on arrive au quartier zoroastrien moderne. Plus loin, au nord, est leur ancien faubourg, détruit par les Afghans, et dont la principale ruine est connue sous le nom de Khana Farang, ou «Maison Européenne». Immédiatement en dehors des murs est le champ de courses, qui a environ 800 mètres de longueur.

La ville actuelle de Kirman est entourée d'une muraille en bon état, qui est percée de six portes, dont l'une, connue sous le nom de Sultani, est censée avoir été l'œuvre de Chah-Rouk. La forme est irrégulière, son diamètre étant exactement d'un mille anglais (1 609 mètres) de l'est à l'ouest, et un peu plus du nord au sud. Elle est divisée en cinq quartiers, portant les noms de Chahr, Khodja-Khizr, Koutbabad, Meidan-i-Kala, Chah-Actil. On peut y ajouter les trois quartiers extra-muraux de Gabri, Mahouni, You-Mouidi.

Touchant aux murs de l'ouest est l'Arche ou Fort, où réside le gouverneur général. On y trouve aussi le bureau du Télégraphe, les casernes et l'Arsenal. Ces bâtiments sont, pour la plupart, de construction moderne; ils sont beaux et en bon état. Un grand jardin entoure les appartements particuliers de Son Excellence.

Les mosquées ne sont pas sans intérêt. La plus ancienne est la Masdjid-i-Malik. Elle fut fondée par le Seldjoucide Malik-Touran-Chah, qui régna de 1084 à 1096. L'historien Mohamed Ibrahim, qui vivait au XVIe siècle, dit qu'il la vit debout, mais en ruines. Depuis lors, elle a été reconstruite; elle couvre un vaste espace, mais on ne peut dire qu'elle soit belle.

(p. 322) On peut encore mentionner, parmi les quatre-vingt-dix mosquées de Kirman, la Masdjid Djami, ou Masdjid Mouzaffar, construite en 1349, et la Masdjid-i-Pa-Minas, construite en 1390. Parmi les six madarsi (pluriel de médressé) la plus belle est celle qui fut fondée par le Zahis-u-Dola. Il y a encore dans la ville cinquante bains et huit caravansérails.

Jusqu'en 1896, année où il fut détruit par un tremblement de terre, le plus notable des édifices de Kirman était le Kouba Sabz, ou Dôme Vert. C'était la tombe de la dynastie des Kara Khites, et elle faisait partie de la médressé de Turkabad. La Kouba était un curieux bâtiment cylindrique, d'à peu près 16 mètres de haut, avec des mosaïques d'un bleu verdâtre, le dallage intérieur montrant des vestiges d'une riche dorure.

Non loin est une pierre, sculptée d'une façon exquise, avec des versets du Coran en caractères koufiques et nachk, insérés dans la muraille d'un bâtiment carré et recouvert d'un dôme, orné dans le même style que la Kouba Sabz. Une voûte au-dessous montre évidemment que c'était une tombe; mais la seule information que je pus obtenir à ce sujet à Kirman, c'est qu'elle est connue sous le nom de Khodja-Atabeg, ou Sang-i-Atabeg.

Kirman, que, dans la phraséologie orientale, on nomme Das-ul-Aman, ou «demeure de la Paix», peut avoir, avec ses faubourgs, une population d'un peu moins de 50 000 habitants. Au point de vue religieux, elle est ainsi répartie entre les diverses sectes: Musulmans chiites, 37 000; Musulmans sunnites, 70; Babis Behai, 3 000; Babis Ezeli, 60; Cheikhis, 6 000; Soufis, 1 200; Juifs, 70; Zoroastriens ou Parsis, 1 700; Hindous, 20.

Les Babis, disciples de Mirza-Ali-Mohammed, de Chiraz, exécuté en 1848, font, en secret, beaucoup de prosélytes. Ils ont des principes élevés: ils veulent des relations amicales entre tous les hommes, l'abolition des guerres religieuses, l'étude des sciences utiles, etc. L'expansion des doctrines du Bab pourrait aider puissamment à la régénération de la Perse. Les Babis se sont divisés en Ezeli ou Behai, selon qu'ils suivent les doctrines de Mirza-Yahya, Sub-i-Ezel, successeur désigné par le Bab lui-même, ou celles de Mirza-Husein-Ali, Beha-Ulla, son frère aîné, qui se déclara chef de la secte en 1866.

LES ENVIRONS DE KIRMAN COMPTENT QUELQUES MAISONS DE THÉ (page 318).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

La secte des Cheikhis a, quoiqu'on ait soutenu le contraire, des vues identiques à celle des Babis. Elle a été fondée par Cheikh-Ahmad, d'Ahsa ou Lahsa, dans les îles Bahreïn, qui naquit aux environs de 1750. La secte compte environ 7 000 adeptes dans la province de Kirman et 50 000 en Perse. Son chef actuel est Hadji-Mohammed-Khan, un homme d'apparences distinguées, de manières charmantes, possédant une connaissance du monde extérieur qui rend sa société très agréable, et entièrement dégagé de tout fanatisme.

Les Juifs de Kirman sont dans une condition misérable; ce sont de petits commerçants, d'une rapacité absurde, assimilant l'extorsion au profit. C'est un rameau d'une colonie plus nombreuse, établie à Yezd, et qui doit être venue de Bagdad.

Les Zoroastriens, intéressants par la survivance d'un très ancien culte, le sont aussi par la pureté de leur sang. Ce sont des Iraniens authentiques, sans ce mélange de sang arabe, mongol et turc, que des invasions successives ont apporté en Perse. Ils forment une race plus belle et plus saine que leurs coreligionnaires musulmans; leurs coreligionnaires de Bombay offrent un exemple de la détérioration physique que produit sûrement le climat de l'Inde.

Au point de vue industriel, Kirman était, jusqu'à une date toute récente, spécialement célèbre pour ses châles, mais actuellement elle l'emporte par les tapis. Ces produits sans rivaux de ses métiers sont tissés en soie et laine, et leur finesse, leurs couleurs brillantes, en font incontestablement les plus remarquables que le monde ait vus; tout autre paraît commun à côté d'eux. Les modèles sont très anciens, et évidemment antérieurs au mahométisme; des figures humaines y sont fréquemment représentées, mais ce (p. 323) sont surtout les fleurs stylisées qui en constituent le dessin; et le mélange de leurs couleurs est admirable.

UNE «TOUR DE LA MORT» OU LES ZOROASTRIENS EXPOSENT LES CADAVRES.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À Kirman même, on compte environ un millier de métiers. Chaque tapis est exécuté par un maître tisseur et deux ou trois petits garçons, travaillant d'après une formule qui est récitée et qui contient beaucoup de mots archaïques; on dit que ces formules ont été transmises oralement de père en fils pendant de longs siècles. On n'emploie ni femmes, ni filles à ce travail. Les couleurs d'aniline, qui ont presque ruiné l'industrie des tapis des nomades, sont soigneusement évitées.

Le châle est tissé de poil de chèvre ou de laine. Comme pour les tapis, les modèles sont appris par cœur; le travail est beaucoup plus fin et ne peut être exécuté que par des enfants.

D'autres industries, de moindre importance, sont la fabrication de feutres, d'abas (la robe de dessus, d'origine arabe, que portent les Persans), les objets en bronze, etc.

Mon séjour à Kirman a toujours été fort agréable; dans aucune partie du monde, nous n'aurions pu être traités avec plus de considération, et à mon avis les injures lancées contre les Persans par des Européens qui n'avaient jamais appris leur langue sont tout à fait imméritées. Les Persans sont, en général, extrêmement courtois et spirituels, et leur esprit de repartie est proverbial. Français par leur politesse et leur amour des compliments, ils sont tout à fait Anglais en ce qu'ils considèrent comme le meilleur emploi de leur argent d'acheter de la nourriture et des vêtements.

L'éducation de la jeunesse a été, jusqu'ici, honteusement négligée; mais on peut remarquer aujourd'hui un mécontentement de bon augure, grâce auquel on pourra plus tard apprendre aux enfants autre chose que quelques chapitres du Coran, qui, étant écrits en arabe, leur sont incompréhensibles. Aujourd'hui la position d'un maître d'école est aussi mauvaise que dans l'Angleterre du XVIIe siècle, et sa paie égale celle d'un domestique. Il n'est donc pas étonnant d'en voir qui enseignent encore que Londres est le nom d'un pays dont l'une des villes est l'océan Atlantique.

En juin, les nuits commencèrent à devenir chaudes, et ma sœur souffrit beaucoup des attaques des moustiques. Nous nous décidâmes donc à un changement de résidence. On nous avait recommandé beaucoup de régions fraîches. Comme je désirais particulièrement retrouver la route de Marco Polo, nous résolûmes de nous rendre d'abord à Kouh-i-Hazar, ou «montagne de la Tulipe», puis de visiter Sardou, où j'étais sûr que le grand Vénitien avait passé.

En quatre étapes, nous étions au village de Hazar, et nous campions au cœur des montagnes, à 3 300 mètres d'élévation. Je fis là des chasses superbes; la montagne avait été réservée pour le gouverneur général, et l'on n'y avait pas chassé depuis plusieurs années.

Un jour, nous fîmes, avec ma sœur, l'ascension du grand pic de Kouh-i-Chah-Koutb-ou-Din-Haides, ou la «Montagne du Saint», «l'Étoile Polaire de la Foi». C'est le second en altitude des sommets de la Perse du Sud-Est; il atteint 4 180 mètres. Au sommet se trouve une châsse, avec une collection de monnaies, dont l'une, avec l'effigie de la reine Victoria, datant de 1837.

Le ciel était tout à fait clair, le panorama magnifique. Au nord, nous voyions la chaîne carrée au pied de laquelle est Kirman; à l'est, le gigantesque Kouh-i-Hazar, qui dépasse 4 000 mètres. C'est une montagne (p. 324) superbe; elle est visible de plus de 100 milles sur la route du Baloutchistan, et elle a dû réjouir les yeux de plus d'un Kermani. Au sud, se trouvent Sardou, et la succession de grandes chaînes, qui, sous différents noms, soutiennent le plateau de l'Iran. Presque dans chaque direction de l'horizon, nous avions devant nous un pays réellement inexploré; les routes principales apparaissent seules sur les cartes, et de chaque côté, à quelques milles de distance, il y a des régions entièrement inconnues.

De là, nous nous rendîmes sur le plateau de Sardou. À Rahbour, nous visitâmes le gouverneur, et nous vîmes chez lui un vieillard, de la tribu des Mehni, qui s'attribuait l'âge de cent vingt-cinq ans. Son visage était de la couleur de la cire, ses cheveux semblaient des fils d'argent.

En quittant Rahbour, nous gardâmes approximativement la direction de l'Est, traversant différentes branches du Halil-Roud, dont l'une était plus profonde que nous ne l'aurions souhaité. La nuit, nous fîmes halte près d'un jardin, autour duquel campaient une cinquantaine de familles. C'était le mois de Moharram, et, pendant des heures, nous dûmes entendre la funèbre mélopée de la Passion. Elle finit cependant, et, à notre grande satisfaction, la chose tourna à la comédie, rappelant les pièces de Ladakh, où la même transformation se produit. C'est la seule fois que j'aie pu voir en Perse autre chose que la plus sincère dévotion; mais les nomades sont généralement considérés comme moins stricts que les sédentaires dans leurs observances religieuses.

L'étape suivante nous fit traverser le district fertile de Herza, dont les arbres nombreux contrastent agréablement avec l'ordinaire nudité des campagnes. Franchissant un col de 2 700 mètres, nous arrivâmes graduellement, par des champs ondulés de froment, à Dar-i-Mazar, capitale du Sardou. On y voit un sanctuaire bien entretenu en l'honneur de Sultan-Seiid-Ahmad-Saghis, descendant de l'imam Mousa. Le pays environnant est la propriété du sanctuaire, et des paysans appelés cheiks sont à peu près les seuls habitants permanents du district, les nomades, au nombre de quatre cent six familles, ne passant dans ces régions que les quelques mois d'été. Autour du sanctuaire, on voit une douzaine de boutiques, et une station de bains y a été récemment établie. Quelques Kermani y étaient venus jouir d'un climat admirablement frais.

Nous campâmes plus loin près du col de Sarbizan, où se trouvent les ruines d'un caravansérail, bâti par le septième sultan seldjoucide, Malik-Mohammed. La chasse était fort belle, et nous serions volontiers restés un mois en cet endroit. Mais le Sahib-Divan venait d'être renvoyé, le Farman-Fara était de nouveau investi de ses fonctions, et il nous fallut rentrer à Kirman avant l'arrivée de Son Altesse.

Un peu avant Noël 1895, deux Allemands, qui avaient parié de faire le tour du monde en gagnant leur vie, arrivèrent à Kirman. Ç'aurait été un grand discrédit pour notre colonie que des Européens demandant l'aumône; je me crus donc obligé de venir en aide, de toutes façons, à ces voyageurs. Mais je ne puis dire que j'aie été fâché d'apprendre qu'ils avaient finalement échoué dans leur entreprise: de pareils excentriques, au moins en Orient, ne font que du mal. Les renseignements qu'ils rapportent ne peuvent être que sans valeur, sinon dangereux. En outre, il n'y a pas un Oriental qui ne sente s'amoindrir l'idée qu'il se faisait des Européens, lorsqu'il en voit qui voyagent sans domestiques, et couchent dans le premier trou venu.

(À suivre.) Adapté de l'anglais par H. Jacottet.

LE FORT DIT KALA-I-DUKHTAR OU FORT DE LA VIERGE, AUX PORTES DE KIRMAN (page 320).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Droits de traduction et de reproduction réservés.

(p. 325) TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.—28e LIV. No 28.—15 Juillet 1905.

LE «FARMAN FARMA».—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE[2]
Par le MAJOR PERCY MOLESWORTH SYKES,
Consul général de S. M. Britannique au Khorassan.

III. — En Baloutchistan. — Le Makran: la côte du golfe Arabique. — Histoire et Géographie du Makran. — Le Sarhad.

Dans son premier voyage de 1893, le major Sykes partit de Kirman pour se rendre à Bouchir, sur le golfe Persique. De là, longeant les côtes du golfe, il arriva à Karatchi. Il repartit de ce poste pour son second voyage, que nous avons maintenant à raconter. Il était accompagné du major Brazier Creagh, du service médical de l'armée, de sultan Soukhrou, officier de la 3o de cavalerie du Pendjab, de deux sowars du corps des guides, et de deux domestiques hindous.—Nous lui rendons la parole:

INDIGÈNES DU BOURG D'APTAR, BALOUTCHISTAN (page 335).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Partis de Karatchi, notre première étape fut Gwadour, possession du sultan de Mascate, où se réfugient de nombreux esclaves persans. Le lendemain, par un beau temps calme, notre vapeur entra dans la baie de Chahbar, qui est la plus sûre et la plus accessible de la côte. Elle est abritée de la mousson du sud-ouest par la terre d'Oman, du côté de laquelle s'allonge le promontoire de Ras-Koulab, tandis qu'au sud-ouest un long écueil forme un brise-lames naturel. Mais, avec une entrée large de 12 kilomètres et une profondeur d'une vingtaine de kilomètres, l'ancrage n'est que relativement sûr.

Le débarquement ne s'opéra pas sans quelque difficulté, au moyen d'une barque ou baggala indigène. Quand nous fûmes débarqués, nous transportâmes tous nos impedimenta au prochain bureau de télégraphe.

Avant de raconter notre voyage, quelques notes sur la province où nous venions d'entrer ne seront pas inutiles. Baloutchistan est le nom, généralement admis, d'une région vaste, mais faiblement peuplée, et partagée entre la Grande-Bretagne et la Perse. Cette province déserte correspond approximativement à la dix-septième satrapie de Darius, mentionnée par Hérodote. Le grand roi envahit le Hapta Sindou ou Pendjab, probablement par la route du Baloutchistan, tandis qu'une flotte commandée par l'amiral grec Scylax descendait l'Indus, et, sans s'effrayer des marées, explorait les rives de la Gédrosie et de l'Arabie. Cette expédition eut lieu en 512 avant Jésus-Christ, et, dans un certain sens, elle diminue la gloire d'Alexandre, qui sans doute ignorait que des (p. 326) Grecs eussent déjà navigué dans la mer Érythrée,—à supposer qu'ils l'aient fait, ce qui n'est pas prouvé.

Au temps d'Alexandre, la côte du Makran était connue comme le pays des Ichthyophages, et l'intérieur s'appelait Gédrosie. Sir Thomas Holdich voit dans le mot Makran, une contraction des deux mots persans Mahi et Khouran, qui forment l'exact équivalent d'Ichthyophages. Mais je crois que le mot est beaucoup plus ancien, et je suggérerais l'étymologie suivante. Les assyriologues diffèrent sur le point de savoir si le nom de Magan désigne la péninsule sinaïtique ou la côte d'Arabie, derrière les îles Bahreïn et y compris l'Oman; en tout cas, nous avons le Maka des inscriptions, forme qui se retrouve peu altérée dans les Mykians ou Mekians d'Hérodote. Or, le Makran était particulièrement connu pour ses mangliers et ses marais, le pays étant semblable à la côte voisine qu'on appelle le Ran de Katch, mot provenant du sanscrit aranya ou irina, et signifiant un désert ou un marais. N'est-il donc pas admissible que l'origine de ce mot fort discutée soit Maka irina, ce qui signifie «le désert de Maka»? Dans le Sind, la prononciation moderne est Makaran, exactement la forme que devaient prendre ces deux mots réunis.

Physiquement, le Makran s'étend jusqu'à la première chaîne importante, formant faîte de partage. Jusqu'à une trentaine de kilomètres du littoral, on trouve une plaine sablonneuse, parcourue par plusieurs cours d'eau, et en maint endroit recouverte de tamaris. Sauf après la pluie, la plupart de ces rivières ne coulent qu'en partie à la surface du sol. Leur cours devient ensuite souterrain, ce qui a l'avantage de soustraire leurs eaux à l'évaporation. Ce district devrait être moins pauvre qu'il n'est, car le sol est bon et suffisamment arrosé, et l'on y trouve d'excellents pâturages pour les chameaux. Derrière s'étend une zone de collines d'argile, basses et arrondies, auxquelles succèdent de rugueuses chaînes calcaires, dont les crêtes forment le faîte de partage du Makran.

Sir Thomas Haldich décrit ce paysage en termes excellents dans son volume The Indian Borderland: «Une suite monotone et sans vie d'épines dorsales d'argile laminées, disposées en scie comme les vertèbres d'une baleine, se dressant au-dessus des lignes plus douces de collines de boue, qui s'inclinent des deux côtés, jusqu'à l'endroit où un petit rebord de sel indique une ligne de drainage dans laquelle l'eau suinte; et un petit décor flétri de tamaris aux teintes neutres, reflétant les tiges jaunes des herbes oubliées de l'année précédente,—tel était l'aspect sylvestre d'un paysage que nous avions trop souvent sous les yeux.»

Les pontes nord de la chaîne calcaire plongent dans les rivières de Bampour et de Mechkil, qui n'arrivent à la mer ni l'une ni l'autre. Au nord-ouest, le Lout s'étend jusqu'à la rivière de Bampour, tandis qu'à l'est de la plaine de Fahradj, les chaînes des montagnes persanes qui allaient du nord-ouest au sud-est, prennent la direction est-ouest qui est si caractéristique dans le Baloutchistan du sud, et qui explique en partie l'état arriéré de cette région, en rendant de la côte son accès très difficile. Plus au nord, enfin, est situé le district de Sarhad, où deux chaînes dirigées parallèlement vers le nord-ouest, séparent cette région élevée du Lout à l'ouest et du désert de Kharan également bas à l'est.

CARTE DU MAKRAN.

La zone centrale du Baloutchistan est très montagneuse, mais elle possède des ressources en eau qui ont été peu utilisées jusqu'ici, et une étendue presque illimitée de maigres pâturages. La rivière Bampour, moyennant une faible dépense pour les travaux d'irrigation, nourrirait facilement une population considérable.

Le Sarhad, qui était encore il y a quelques années un vrai nid de brigands, et qui n'est guère autre chose aujourd'hui, a de grandes ressources latentes avec ses hautes plaines allant jusqu'au Kouh-i-Taftan. Cependant le district est presque dépourvu de population, bien que le creusement des kanats ait déjà eu certains résultats et qu'on retrouve dans le pays beaucoup de vestiges d'anciennes cultures. L'ouverture de la ligne de Quetta au Seistan aura un effet lent, mais sûr: le Gouvernement anglais ne peut plus être, comme par le passé, indifférent aux razzias; d'ailleurs, (p. 327) la Perse y met elle-même bon ordre, et les razzias ne sont plus ce qu'elles étaient tout récemment encore, quand les Baloutches tuaient tous ceux qu'ils faisaient prisonniers, ou, exceptionnellement, les retenaient en esclavage et les mutilaient pour leur ôter l'envie de retourner chez eux.

BALOUTCHES DE PIP, VILLAGE DE DEUX CENTS MAISONS GROUPÉES AUTOUR D'UN FORT (page 334).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Nous ne savons rien de certain sur l'origine des Baloutches, car ils n'ont pas de livres anciens, sont très ignorants et en sont fiers, comme l'étaient les barons du moyen âge. Sir Henry Pottinger leur attribue une origine turkomane; mais, d'après le professeur Rawlinson, le mot Baloutche est dérivé du nom de Belus, roi de Babylone, qu'on identifie au Nemrod fils du Kouch de l'Écriture. Le mot kouch peut être l'origine de celui de kedg et peut-être de kach. À l'époque des Sassanides, le Baloutchistan était connu sous le nom de Koussoun, qui est peut-être une forme de kouch. Dans le Chah Nameh de Firdousi, les Baloutches sont mentionnés comme une tribu fixée dans le Ghilan, sous le règne de Nochirwan. De là, ils ont dû émigrer dans le Baloutchistan, par le Seistan. Très probablement ils sont de race aryenne, mais la race a été altérée par le croisement avec des immigrants arabes fuyant les persécutions qui suivirent la mort d'Hussein. Les chefs se réclament d'ancêtres arabes, et ils paraissent appartenir à une race différente de celle des paysans. Les Brahouis, qui forment un autre élément de la population, ont un type très distinct: ils sont petits, ramassés et ont la figure ronde, tandis que les Baloutches sont grands et élancés, avec de longues figures. Les Brahouis parlent une langue parente du tamoul et doivent être d'origine dravidienne.

Il est très important de noter que plusieurs milliers de Baloutches vivent en dehors du Baloutchistan; on les trouve jusque dans les provinces frontières de l'Inde.

Les seules ruines préislamiques que j'aie rencontrées sont les Gorbasta ou «barrages d'infidèles», qu'on a comparées aux murs cyclopéens de la Grèce. Ils sont généralement construits à l'embouchure d'un défilé, et ils avaient pour but de retenir l'eau pour l'irrigation. Dans quelques cas, on les trouve sur des pentes, et, dans le Baloutchistan oriental, il y avait probablement une nombreuse population dépendant de ces barrages, œuvres probablement des Baloutches et des Kouchs.

Mais le colonel Mockler, voyageant à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Gwadour, a exhumé quelques anciennes constructions en briques, et a vu également des barrages en pierre. Il a découvert aussi (p. 328) des os, des poteries, des couteaux de pierre. Dans d'autres parties du Makran, il a trouvé des maisons en pierre, probablement des tombes, appelées localement damba-koah. Mais il ne tire aucune conclusion précise de ces découvertes, non plus que des fouilles exécutées à Bahreïn, et où des tombes en pierre ont également été exhumées.

Le Baloutchistan fut tributaire de l'ancienne monarchie persane. Il est certain qu'Alexandre le Grand le traversa de l'est à l'ouest, puis on le perd de vue pour quelques centaines d'années. Il n'en est plus question que sous le règne de Nochirwan, qui, pour punir les Baloutches de leurs razzias, on fit de grands massacres. Ils se tinrent alors tranquilles au moins pendant une génération, puis reprirent leurs habitudes de pillage, et leur indépendance ne fut jamais menacée d'une façon durable.

Vinrent les Musulmans; la province de Kirman fut conquise dès les premières années de l'Hégire, et le Baloutchistan eut bientôt le même sort. Mais il est douteux qu'il ait été gouverné d'une façon permanente par les Musulmans, jusqu'à ce qu'il eût été définitivement conquis par Yakoub-bin-Lais, de la dynastie des Saffar. Celui-ci régna sur un empire qui s'étendait de l'Indus au Chat el-Arab, mais cette prospérité dura peu, son frère Amz ayant été fait prisonnier par Ismaïl, de la famille des Samanides, et mis à mort à Bagdad.

Cependant les Saffar gardèrent encore plusieurs siècles le Baloutchistan, et ils devinrent, dans le cours des temps, une confédération de chefs. Divers voyageurs arabes, Masoudi entre autres, Istakhri et Ibn Hankal, nous ont donné un intéressant tableau du Makran à leur époque. Deux siècles plus tard, nous avons les rapports d'Idrisi et de Benjamin de Tudèle. À ce moment, la plus grande ville du pays était Kir, actuellement un sordide petit hameau de pêcheurs à l'ouest de Chahbar. Idrisi parle d'un grand commerce de sucre; le Makran se trouvait évidemment, à son époque, sur une route fréquentée.

Lors de l'invasion des Mongols, Djelaleddin de Khiva vint de l'Inde au Makran pour se mesurer avec les hordes des envahisseurs, et, en 1223, Djenghiz-Khan ayant détruit Hérat, envoya Dchagataï dévaster le Makran pour couper les lignes de communication de Djelaleddin.

DES FORTS ABANDONNÉS RAPPELLENT L'ANCIENNE PUISSANCE DU BALOUTCHISTAN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À la fin du XIIIe siècle, Marco Polo, à son retour de Chine, navigua le long du Makran, mais il est peu probable que le grand Vénitien ait touché un point quelconque de la côte.

Au commencement du XVe siècle, après l'extermination par Timour de la famille des Mouzaffar, Timour conféra le Kirman à l'émir Adagui, lequel envoya dans le Baloutchistan Djelaleddin Djamchid, qui pilla le pays jusqu'à Kedj. C'est à la fin de ce siècle que les Baloutches commencent à arriver à Moultan. Un peu plus tard, on les rencontre dans le Pendjab.

Lors de l'invasion de l'Inde par Nadir Chah, le pays était gouverné par Abdoulla Khan. Son second fils, Natiz Khan, revendiqua son indépendance après l'assassinat du Chah; mais il dut, bientôt après, reconnaître la suzeraineté afghane. Il étendit le plus qu'il put la domination baloutche, et son pouvoir était respecté jusqu'à Bampour. Mais ses successeurs ne furent plus que les souverains dégénérés d'un royaume aux dimensions restreintes, et lorsque sir Henry Pottinger le traversa en 1810, le pays que nous appelons aujourd'hui Baloutchistan persan était indépendant.

En 1839, un intelligent voyageur, Hadji Abdoul Nali, nous montre les différents chefs baloutches se livrant à toutes sortes de razzias en Perse, et se riant des menaces du gouverneur général de Kirman.

CHAMELIERS BRAHMANES DU BALOUTCHISTAN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Mais, à partir de 1844, le Baloutchistan commença à perdre son indépendance. Aboul-Hassan, puis Ali Khan furent faits prisonniers. Deux membres de la tribu des Kadjars furent désignés pour gouverner ce turbulent district; mais ils ne réussirent pas dans leur tâche, et ce fut le mérite d'Ibrahim Khan, fils d'un boulanger de Cam, d'achever la conquête de ce qui est connu aujourd'hui comme le Baloutchistan (p. 329) persan. On l'accuse d'avoir été cruel, et il avait, il est vrai, une certaine propension pour la traite des esclaves; mais il faut tenir compte de tout l'argent et de tous les présents qu'on exigeait de lui. Sir Oliver-Saint-John le décrit ainsi en 1872: «Le redoutable souverain du Bam, du Narmachir et du Baloutchistan est un petit homme à figure de Polichinelle(!), qui peut avoir n'importe quel âge, entre quarante-cinq et soixante ans. Il a une barbe pleine et bien teinte et de petits yeux perçants. Rien dans son visage ne paraît indiquer l'homme réellement supérieur qu'il doit être, non seulement pour s'être élevé à sa position actuelle par son simple mérite, sans argent et sans aide intéressée, mais pour avoir rétabli l'ordre et la tranquillité dans une des régions les plus turbulentes de l'Asie.» C'est là, fort bien tracé, le portrait d'un maître du Baloutchistan.

Ibrahim Khan reçut assez mal la commission de délimitation commandée par sir Frederic Goldsmid pour délimiter la frontière perso-baloutche, et, aussitôt la mission partie, il se saisit de Kouhak, qui n'avait pas été attribué à la Perse. Il mourut on 1884, après avoir été pendant trente ans gardien de cette marche du royaume; renvoyé à l'occasion, il était aussitôt réinstallé. Son fils mourut quelques mois après lui, et son beau-fils, Zein ul-Abidin Khan, devint gouverneur; mais il fut remplacé en 1887 par un Turc, Aboul Fath Khan, puis bientôt après remis à la tête du pays. Il était là quand j'y arrivai, en 1893. Je puis ajouter, par anticipation, que Zein ul-Abidin eut à réprimer deux soulèvements des Baloutches, l'un après l'assassinat du chah en 1896, l'autre l'année suivante.

C'est en partie à l'action du Gouvernement britannique, qui interdit la vente des fusils, que le Baloutchistan est plus soumis aujourd'hui qu'il n'a jamais été. Mais les perspectives ne sont pas brillantes. La paresse, la passivité de ce peuple est telle que, je crois pouvoir le prédire, dans cent ans sa vie ne différera pas plus qu'aujourd'hui de celle des patriarches.

J'en reviens à notre voyage: grâce à M. Lovell, les chameaux étaient prêts. Mais les Baloutches n'avaient pas de cordes; aussi fut-il très difficile de répartir les charges. Ils se plaignaient, en outre, de la lourdeur de ces charges, qu'un muletier persan aurait trouvées légères. Nous fîmes à ce sujet la constatation intéressante que chaque chameau avait un propriétaire, et que quelquefois il y avait jusqu'à quatre hommes pour se répartir les quatre jambes de l'animal. L'arrangement ordinaire est cependant que le propriétaire garde trois jambes, et donne, en guise de paiement, la quatrième au conducteur.

Nous nous décidâmes enfin à diviser les charges nous-mêmes, et nous partîmes tard dans l'après-midi, pour marcher jusqu'à Tiz, distant de 12 kilomètres. Nous passâmes d'abord par le village de Chahbar, habité par de nombreux commerçants hindous, avec ses repaires sordides, que quelques arbres empêchent d'être absolument hideux; puis nous nous élevâmes graduellement sur la chaîne rocheuse qui le sépare du fameux port médical de Tiz. Cette dernière localité occupe un emplacement bien meilleur que Chahbar, étant situé à l'issue de la route principale qui se dirige vers l'intérieur par Kasakand, et commandant absolument la route du littoral, qui à l'est descend la montagne en zigzag, et à l'ouest doit passer par une porte pratiquée dans un mur qui va des falaises à la mer.

Il était trop tard pour parcourir les ruines, qui ne consistent guère aujourd'hui qu'en un millier de tombes. Nous eûmes juste le temps de jeter un coup d'œil sur l'ancien fort persan, construit il y a vingt ans (p. 330) environ pour protéger Chahbar, conquis par les Persans sur un cheikh arabe; il fut bientôt après abandonné par sa garnison.

En 1188 de notre ère, Tiz était évidemment un grand port; les caravanes venant de l'ouest suivaient cette route, lorsque, à la suite de troubles locaux, celle d'Ormuz était bloquée. Leur itinéraire passait probablement de l'Irak à Kirman, et de là à Bampour, Kasakand et Tiz; l'autre route possible, par Geh, étant impraticable pour les caravanes. L'importance de Tiz lui venait en outre, de ce qu'elle était le contre du commerce du sucre au Makran, et peut-être le débouché des blés du Seistan; c'était sans doute la résidence des marchands, qui répugnaient à pousser jusqu'à Ormuz. Dans l'œuvre d'Afzal Kirmani, le port est appelé le «Trou de Tiz», et c'est probablement le Falmena d'Arrien.

Ayant établi notre camp dans une vallée étroite où il n'y avait un peu d'eau que dans quelques trous boueux, nous repartîmes le lendemain par une chaleur atroce, en nous dirigeant vers Parag, un sordide petit hameau d'ichthyophages. Là, nous tournâmes le dos à la mer et aussi à la ligne du télégraphe, qui, longeant de près le rivage, souffre beaucoup de l'humidité. Nos chevaux étant fatigués par leur récent voyage en chemin de fer et en bateau, nous nous reposâmes quelque temps à l'ombre des tamaris, et nous ne reprîmes notre chemin qu'à la fraîcheur du soir, traversant une plaine de lave, parsemée de quelques maigres champs de coton.

Notre campement de ce jour se fit au petit hameau de Nour-Mouhamedi. Le lendemain, sous prétexte que leurs chameaux, arrivés tard dans la nuit, avaient besoin de se restaurer, nos Baloutches nous contraignirent à faire halte.

Une nouvelle marche, de 25 kilomètres, nous conduisit à Pich-Mant, dont le nom signifie «Place du palmier nain». Les feuilles de cet arbre sont employées à divers usages: on en fait des sandales, des nattes, des corbeilles, des toits, des cordes; on en fait aussi, dit l'auteur d'Eastern Persia, des bonnets, des fourreaux de sabre, des courroies, etc. Les baies, séchées, font des chapelets, les jeunes pousses sont mangeables, et les racines sont un combustible qui s'allume toujours, grande ressource dans ce pays où le bois est rare.

Quittant la plaine, qui est d'une formation relativement récente, nous entrâmes dans une vallée pierreuse et désolée, connue sous le nom de Pir Ghourik, ou Défilé herbeux; et de là, franchissant un col bas, nous arrivâmes sur un plateau. Ce jour-là, un essaim de frelons s'abattit sur notre déjeuner, et le mangea pour nous.

LA PASSE DE FANOCH FAISANT COMMUNIQUER LA VALLÉE DU MÊME NOM ET LA VALLÉE DE LACHAR (page 333).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

La journée suivante, un peu plus longue, nous mena jusqu'à Ziarat, sanctuaire construit en l'honneur de Pir Chamil, un saint habitant de l'Inde, qui mourut ici, il y a à peu près trois siècles. Nous eûmes l'agréable surprise, après avoir franchi un vaste plateau, de trouver de l'eau courante, où nos chevaux s'abreuvèrent avec délices.

Le seul Européen qui nous ait précédés dans cette région est le capitaine Grant, un de ces explorateurs envoyés en Perse par Sir John Malcolm, dans la première décade du XIXe siècle. Ses renseignements sont très maigres.

À Ziarat, nous avions atteint la limite septentrionale du Dacht, ou District littoral, qui est affermé, nous dit-on, pour environ 5 000 francs par an. L'eau de la rivière, qui avait disparu au bout de quelques milles, reparut un peu en amont, et nous passâmes par une série de petits hameaux et de bosquets de dattiers, nous arrêtant finalement à Nokinja, où nous pûmes nous procurer des bottes de riz vert pour nos chevaux, et des œufs et du lait pour nous-mêmes.

MUSICIENS AMBULANTS DU BALOUTCHISTAN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

(p. 332) Nous étions sortis enfin des collines arrondies d'argile, et les chaînes par lesquelles nous passions se terminaient en promontoires effilés, au-dessus du lit de la rivière. Immédiatement en amont de Nokinja, on trouve le confluent du Sirha. Plus haut encore, nous fûmes enchantés d'atteindre Geh, la localité principale du district. J'ai vu des centaines de villages baloutches, mais Geh—le Bih du voyageur arabe—reste gravé dans ma mémoire comme le plus joli. Un magnifique bosquet de dattiers s'élève à la source de deux fleuves, le Gung et le Kichi; un vieux fort pittoresque se dresse sur un rocher, et des collines désolées, tout alentour, rehaussent le vert d'émeraude des rizières.

L'altitude du village est de 450 mètres environ. Bien que nous fussions à la fin d'octobre, le thermomètre, à midi, marquait près de 38°.

Geh, Kasakand à l'est, et Bint à l'ouest, forment les trois villes du Makran persan que le voyageur atteint en venant de la côte. Chacune, dit-on, possède la même population, qui ne doit guère dépasser deux mille habitants, pour autant que nous pûmes en juger.

Nous reçûmes la visite de Chakar Khan, frère aîné de Sardar Hussein Khan, qui représente l'ancien ordre de choses dans la province, et se rappelle le Baloutchistan à l'époque où il était indépendant de la Perse; naturellement, il désapprouve les changements survenus. Quelques-uns des habitants parlaient hindoustani, et nous apprîmes qu'ils avaient un petit commerce avec la côte, un des principaux articles étant le poisson, qu'on vend quand il est déjà très avancé. En somme, l'état de la population est misérable, le gouverneur, qui n'est arrêté, comme en Perse, ni par l'opinion publique, ni par le télégraphe, la pressurant terriblement. Beaucoup d'habitants émigrent vers Karatchi, Mascate et Zanzibar.

UNE HALTE DANS LES MONTAGNES DU MAKRAN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Nous partîmes après avoir congédié nos chameaux et engagé quelques guides de Lachar, les plus forts et les meilleurs pour les voyages en montagne. Nous avions à traverser le district inexploré qui nous séparait du Fanoch. Nous remontâmes le lit pierreux du Goung, puis nous pénétrâmes dans le bassin du Sirha, dont les deux rives sont peuplées de nombreux villages. Nous fîmes halte à Malouran, sur un tributaire du Rapch. Les habitants, qui n'avaient apparemment jamais entendu parler d'Européens, nous regardaient avec suspicion; lorsqu'ils furent à portée de notre voix, nous essayâmes du procédé qui nous réussissait d'ordinaire, et qui consistait à donner une roupie à un homme, pour lui montrer que nous entendions payer nos provisions. Cette fois-ci, il manqua son effet. Une discussion animée s'engagea; je cherchai, pour ma part, à expliquer que nous paierions et que nous étions leurs amis; mais le chef de la bande, un coquin d'une apparence particulièrement fâcheuse, s'obstinait à refuser. Finalement, un des hommes de notre troupe sauta sur lui et le jeta dans la rivière, d'où le malandrin ressortit la bouche pleine de boue; aussitôt les approvisionnements arrivèrent. On peut objecter que nous n'avions pas le droit de recourir à la «force majeure»; mais je conseillerai à un de mes contradicteurs de se mettre dans une position semblable, et je voudrais voir ce qu'il ferait. En fin de compte, les gens de Malouran devinrent nos très bons amis pendant la journée que nous passâmes chez eux. Nous constatâmes ce trait remarquable qu'ils sifflaient, talent rare en Orient, où le sifflement passe généralement pour être un «langage diabolique».

BALOUTCHES DU DISTRICT DE SARHAD.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

(p. 333) Une marche très rude nous mena jusqu'à la rivière de Fanoch, ou Rapch. De là, nous arrivâmes à Fanoch, par un chemin unique en son genre. Contournant le lit de la rivière, qui coule entre des falaises appartenant au beau massif du Band-i-Linag, ou chaîne Bleue, nous passâmes d'abord devant un superbe rocher rouge sang, au pied duquel est un étang profond; on l'appelle le Giri. Plus loin, les blocs de rochers, dont quelques-uns pesaient des centaines de tonnes, étaient des plus splendides, variant du blanc éclatant au noir de jais; mais le chemin était tuant, et nous dûmes y traîner nos chevaux. Ce fut donc avec une grande satisfaction que nous atteignîmes le sommet de la gorge, et que nous vîmes, à un mille en amont, les dattiers de Fanoch.

Nous fûmes reçus très amicalement dans cet endroit, dont les fils de Chakar Khan étaient gouverneurs. Ils exprimèrent un immense plaisir à voir nos fusils.

Désireux de connaître un peu le pays inexploré qui s'étend à l'ouest, nous montâmes au Kouh-i-Fanoch, ascension laborieuse, qui nous prit quatre heures. Les 150 derniers mètres sont formés par un rocher de calcaire blanc, presque perpendiculaire. Du sommet, nous pûmes aisément remonter jusqu'à leurs sources les cinq rivières séparées qui forment le Fanoch. Nous jouîmes en même temps d'un panorama superbe, qui nous donna ce que nous désirions si vivement, une idée du niveau du pays. À l'ouest, la vue était en partie bornée par de hautes montagnes; mais au nord, nous eûmes un coup d'œil sur le magnifique Kouh-i-Bazman, qui s'élève solitaire jusqu'à 2 700 mètres au-dessus de la plaine (3 400 au-dessus de la mer). À l'est, s'étendaient le massif d'Azabad et le district de Lachar, que nous allions bientôt explorer.

Fanoch, où nous nous reposâmes un jour, pour «manger» notre fatigue, comme disent les Persans, a un aspect beaucoup plus prospère que Geh, plusieurs de ses maisons étant construites en pierre. Il s'y trouve un fort, qui paraît être de grande antiquité; mais, comme c'est le cas ordinaire dans le Baloutchistan, nous ne pûmes avoir aucun renseignement sur son histoire. Les moutons, les volailles, les œufs, le lait, l'orge, le riz et le froment sont en abondance, et les dattes sont fameuses dans tout le Baloutchistan; mais le seul article manufacturé consiste en petites casquettes brodées de soie rouge. Je demandai si Fanoch se trouvait dans le Makran. On me répondit que la frontière est formée par la ligne de faite du Band-i-Linag, au nord de laquelle se trouve la ville: le Bachkird, à l'ouest, n'est pas considéré comme faisant partie du Baloutchistan.

Nous repartîmes par le même chemin par lequel nous étions venus; mais, au delà de Sartab, nous prîmes une direction plus septentrionale, traversant le Sisha à Tehan, village prospère, d'un millier d'habitants.

(p. 334) Revenus à Geh, nous trouvâmes nos compagnons bien reposés. Deux jours après notre retour, comme nous nous préparions à partir pour Fahradj, nous fûmes agréablement surpris par l'arrivée de deux Baloutches, que le gouverneur du Baloutchistan persan avait envoyés pour nous servir de guides: c'étaient Mir-khan-Mohammed, d'Aptar, et Moulla-Bachan.

Nous dûmes encore retourner sur nos pas jusqu'à Ichan, d'où nous suivîmes d'abord le cours d'un affluent du Sirha. Puis nous arrivâmes au fleuve principal, sur le bord duquel il y avait quelques petits lambeaux de culture. Nous campâmes dans le lit même de la rivière, et, le jour suivant, nous trouvâmes la plus affreuse route que j'aie encore jamais vue; en comparaison, les kotals de Bouchi sont des chaussées métalliques. Un mille en amont, la gorge se rétrécissait jusqu'à n'avoir plus que 30 mètres environ de largeur, et nous rencontrions des degrés rocheux, en bas desquels la rivière tombait en cascade. Plus loin, un autre agrément, c'étaient des blocs de rochers de toutes dimensions, de celles d'un omnibus à celles d'une balle de foot-ball. Après quoi vint une mare profonde, qui remplissait toute la largeur de la vallée. Au-dessus, un sentier de chèvres, où il nous parut impossible que nos bêtes chargées pussent monter. Cependant, à ma grande surprise, il n'y eut pas d'accidents.

Nos chevaux étaient éreintés lorsque nous arrivâmes à la source de la rivière, qui se trouve dans le bois de dattiers de Sirha, vaste, mais entièrement négligé. Nous campâmes à une altitude de 990 mètres, et ce fut le premier jour où nous eûmes une température inférieure à 30° centigrades. Le lendemain, le temps était relativement frais; nous montâmes jusqu'à la ligne de faîte du Makran, à 1 100 mètres environ, et de là, nous nous mîmes à descendre, contournant les pentes occidentales de la grande masse de l'Azbag, que nous avions vue du sommet du Kouh-i-Fanoch. Le soir, nous campions à Pip, la capitale du Lachar.

Le gouverneur vint nous saluer. Il se montra d'abord très timide. Son visage ne s'éclaircit que quand nous lui eûmes demandé l'histoire de sa famille. C'était un garçon de seize ans. Pip est un village de deux cents maisons, qui se groupent autour d'un fort, à une certaine distance d'un beau bois de dattiers. Dans le Baloutchistan, les maisons sont toujours construites sur des espaces découverts, probablement parce que le sous-bois des dattiers est employé pour la culture des céréales. Le changement d'atmosphère entre la chaleur sèche du désert et l'humidité relativement fraîche des bois de dattiers est très agréable, mais de nature, probablement, à donner la fièvre. Cependant, après des heures passées dans l'éclat sans pitié de la lumière, l'ombre est si bienvenue que nous campions toujours aussi près que possible des arbres, et, autant que je sache, aucun de nous n'en souffrit.

UN FORTIN SUR LES FRONTIÈRES DU BALOUTCHISTAN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Mon compagnon et moi, nous étions d'accord pour penser que les Lacharis étaient supérieurs à tous les autres Baloutches que nous avions rencontrés. Beaucoup mieux physiquement, c'étaient des spécimens sauvages de l'humanité; mais nous les trouvâmes toujours gais et virils, ce qui n'est pas le cas de la généralité des Baloutches, qui sont gourmands, vaniteux, peu serviables, et aussi déraisonnables que des chameaux. Il n'est que juste d'ajouter que les Baloutches sont extrêmement honnêtes, et que si on leur confie des valeurs ou des lettres, ils les défendront au péril de leur vie; ils sont aussi très moraux, et traitent leurs femmes à peu près comme leurs égales. Ils ont un code de l'honneur, et y conforment généralement leur vie. On peut citer comme exemple de leur honnêteté le fait que, pour payer les employés du télégraphe, on avait coutume d'envoyer le long de la ligne un sac de roupies, où chacun prenait à son tour ses appointements. Une seule fois, un employé abusa de cette confiance, et il dut quitter son pays, ce qui, pour un Baloutche, est la plus dure des punitions.

DANS LES MONTAGNES DU MAKRAN—À DES COLLINES D'ARGILE SUCCÈDENT DE RUGUEUSES CHAÎNES CALCAIRES (page 326).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

(p. 335) Après un jour d'un repos bien gagné, nous continuâmes à descendre la fertile vallée de Pip. À Ispaka, nous étions arrivés dans le district de Fahradj, et nous découvrions les premiers représentants de l'élément persan, si détesté, sous la forme de deux ou trois soldats et d'un sergent. Les Baloutches appellent tous les Persans des Gagar, corruption de Kadjar, nom de la dynastie régnante; comme ils ne voient guère de Persans que les collecteurs de taxes, leur haine envers eux est quelque chose d'extraordinaire. Je crois cependant qu'elle a diminué de violence en ces dernières années.

Le lendemain, nous dirigeant vers la rivière de Bampour, nous atteignions le village de Kasimabad, dont les habitants sont appelés Darzada, nom qui semble indiquer un croisement négro-baloutche. Ils sont attachés à la glèbe: nominalement, ils reçoivent un tiers de la récolte; mais, en fait, il semble qu'ils n'aient que juste de quoi se nourrir.

Ayant traversé la rivière à un gué que les sables mouvants rendaient dangereux, nous atteignîmes Bampour. Cette ancienne capitale du Baloutchistan ne consiste plus qu'en deux centaines de huttes sordides; le fort était presque abandonné, le bois de dattiers réduit presque à rien, et il nous fallut camper sur un tas d'ordures, qui avait dû autrefois être un jardin.

Zein ul-Abidin Khan, le gouverneur ou asad-u-Dola, m'avait écrit qu'il m'attendait à Fahradj, qui se trouve à 4 milles de distance, et qui est beaucoup plus importante, ayant environ deux mille âmes, y compris le garnison. Zein ul-Abidin Khan nous reçut sans trop d'empressement; notre curiosité lui semblait suspecte, comme à beaucoup d'Orientaux; mais, après quelques difficultés, nous finîmes par devenir bons amis.

Comme le Farman Farma ne nous annonçait son arrivée que pour janvier, nous profitâmes du mois que nous avions devant nous pour explorer le district de Sarhad, en partie encore presque inconnu.

Ayant loué un nombre suffisant de chameaux, nous partîmes le 1er décembre. Notre première étape fut Aptar. Nous remontâmes ensuite la vallée du Konar Rud. C'est une région assez agréable; à de fréquents intervalles, des sources jaillissent dans le lit de la rivière, au milieu des hautes herbes. À Soran, nous fûmes retenus quelques jours par une attaque de dysenterie de Brazier Creagh.

Quelques jours après que nous nous fûmes remis en marche, je fis avec deux chameliers l'ascension du Hamant, afin de bien reconnaître le pays. Le Hamant est une montagne de 2 320 mètres, qu'on a, à tort, qualifiée de volcan. C'est une simple crête en dents de scie. La montée fut pénible, et la descente le fut plus encore. Du sommet, nous pûmes voir le district inexploré du Sud, qui apparaissait simplement comme un monotone réseau de montagnes basses; mais, dans toutes les autres directions, le panorama était magnifique, bien qu'à notre regret nous ne pussions voir le grand volcan de Sahrad.

Le surlendemain, nous franchissions, à 1 680 mètres d'altitude, le col de Sar-i-Sabra, qui forme faîte de partage des eaux entre les rivières de Bampour et de Mechkil. Puis nous descendions au village de Magaz, qui a 2 000 habitants environ, et le meilleur climat de tout le Baloutchistan, et, prenant la direction du nord, nous avions un premier coup d'œil sur le volcan du Kouh-i-Taftan, qui, de la distance d'une centaine de milles où nous le voyions, ressemblait à un cône blanc.

(p. 336) Deux jours après, nous entrions dans le district de Sarhad, qui se révéla à nos yeux, du col d'où nous le vîmes pour la première fois, comme une immense étendue de chaînes nues, sans un village, sans même une tente de nomades. Encore deux jours, et nous étions au fort de Kivach, capitale actuelle de la région, à 1 350 mètres d'altitude. Le nom de kivach, qui se lit wacht, signifie «doux» et s'applique à la source d'eau douce, qui jaillit là à 21 degrés. Le fort, où vit une garnison de quatre cent cinquante soldats environ, infanterie et cavalerie, forme toute la capitale avec quelques tentes noires. Il n'y a aucune culture aux alentours.

Cet abandon, comme celui de tout le district, est regrettable. Le Sarhad est la seule région, entre Quetta et la province de Kirman, qui puisse être considérée comme fraîche. Il a été plus peuplé jadis, ainsi qu'en témoignent les restes de kanats qui abondent, et l'on peut espérer qu'au lieu de ne rester habité, comme aujourd'hui, que par quelques milliers de familles nomades, il deviendra un lieu de passage important entre Quetta et la Perse méridionale.

De Kivach, malgré les tentatives de mon hôte pour me dissuader de mon projet, je voulus faire l'ascension du Kouh-i-Taftan. Au bout de deux jours, nous campions, à près de 2 000 mètres d'altitude, au petit hameau de Ouaradji, et, le lendemain, je grimpais au sommet, malheureusement sans Brazier Creagh, qui souffrait d'un ulcère au pied. Les dernières heures de l'ascension furent raides et difficiles: il fallut d'abord escalader de gros blocs de rochers, puis enfoncer, pendant les trois cents derniers mètres, dans une couche épaisse de cendre blanche qui, vue de loin, a fait croire que la montagne était couverte de neiges persistantes. Nous n'atteignîmes le sommet qu'à deux heures de l'après-midi, après huit heures de grimpade presque continue. Le Kouh-i-Taftan se termine par deux cimes: celle du nord, la plus haute, est connue sous le nom de Ziarat-Kouh, ou «mont du Pèlerinage»; celle du sud, appelée Mallar-Kouh, ou «montagne Mère» étant le volcan que nous désirions visiter.

Le cratère, d'où s'échappaient d'aveuglantes colonnes de fumée sulfureuse, a deux ouvertures, chacune d'environ 3 mètres de circonférence, et séparées à la surface par une distance de 1 mètre. On ne voyait aucune coulée de lave récente, et l'on ne mentionne aucune éruption. La vue qu'on avait du sommet était la plus belle que j'aie jamais eue en Perse: tous les pics étaient clairement visibles, dans un rayon de 100 milles.

Le volcan est connu, localement, sous le nom de Kou-i-Chehel-Tan, ou «Montagne des Quarante Êtres», qui visitèrent, dit-on, le volcan, et disparurent depuis lors: Taftan, ou Daftan, signifie «bouillant». La même légende se raconte à Quetta, et elle est commune dans cette partie de l'Asie. Pour autant que j'ai pu le savoir, les habitants de la vallée ont adoré le volcan depuis les temps les plus reculés, et il est probable qu'ils n'ont pensé que plus tard aux Quarante Êtres en l'honneur desquels ils font maintenant des sacrifices. D'après mes guides, ces gens s'appellent musulmans, mais ils ne savent rien des croyances de leur religion.

Nous quittâmes notre camp le jour de l'an, et nous nous rendîmes au village de Bazman, où nos bagages devaient nous rejoindre. La marche fut pénible; notre guide nous avait abandonnés, et nous étions, nous et nos bêtes, au bout de nos provisions.

Notre voyage nous avait montré que le Sarhad est aujourd'hui à peu près inhabité, mais que l'eau y est abondante, et qu'un meilleur gouvernement, ramenant la sécurité, en ferait sans peine un pays prospère.

(À suivre.) Adapté de l'anglais par H. Jacottet.

BUREAU DU TÉLÉGRAPHE SUR LA CÔTE DU MAKRAN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Droits de traduction et de reproduction réservés.

(p. 337) TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.—29e LIV. No 29.—22 Juillet 1905.

L'OASIS DE DJALSK QUI S'ÉTEND SUR 10 KILOMÈTRES CARRÉS EST REMPLIE DE PALMIERS-DATTIERS ET COMPTE HUIT VILLAGES (page 342).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE[3]
Par le MAJOR PERCY MOLESWORTH SYKES,
Consul-général de S. M. Britannique au Khorassan.

IV. — Délimitation à la frontière perso-baloutche. — De Kirman à la ville-frontière de Kouak. — La Commission de délimitation. — Question de préséance. — L'œuvre de la Commission. — De Kouak à Kelat.

FEMME PARSI DU BALOUTCHISTAN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

J'étais à Kirman en décembre 1895. Depuis quelques mois, des négociations s'étaient engagées avec le Gouvernement persan, au sujet de la délimitation du tronçon de frontière mal défini qui va de Kouh-i-Malik-Sia à Kouak; mais l'hiver avait commencé sans que l'on fut arrivé à une solution définitive. Cependant, dans les derniers jours de décembre, le commissaire persan Ali-Achraf Khan, qui portait le titre d'Ikticham-u-Nizara, passa par Kirman, et, quelques jours après son départ, on me télégraphiait de Téhéran ma nomination au poste d'assistant-commissaire. Ma sœur, plutôt que de profiter d'une offre que lui fit lady Durand de venir chez elle, préféra braver la fatigue d'un voyage absolument dépourvu de confort.

Les préparatifs furent compliqués: le voyage était long, il fallait prévoir des provisions de fourrage pour la route, des chameaux supplémentaires prêts à le transporter, déterminer les points d'eau, etc. En outre, nos domestiques étaient hostiles à l'idée de voyager dans le Baloutchistan et avaient besoin de beaucoup d'encouragements.

Il faisait déjà très froid à Mahoun, notre première étape; à Hanaka, où le caravansérail est à une altitude de près de 2 400 mètres, la température était véritablement arctique. À Rain, sur le versant méridional de la chaîne du Djoupar, le temps était heureusement moins glacial. De Rain, nous longeâmes la rivière du Sardou, appelé ici «rivière de Bam», et nous traversâmes le district de Tehroud. L'étape suivante nous mena à Abarik; elle fut pénible, car nous eûmes à traverser un terrain très accidenté. Quand nous fûmes descendus dans la région chaude, nous nous trouvâmes las et incapables d'efforts. Abarik, battu des vents, et Tehroud sont célèbres en Perse; dès vers connus leur sont consacrés: «On dit au vent: Où est ta demeure? Il répondit: Ma pauvre (p. 338) demeure est à Tehroud, mais je visite quelquefois Abarik et Sarbistan.» Ce dernier village est situé sur la rive droite de la rivière près de laquelle je fis halte, en 1894, au milieu d'une violente tempête.

Une nouvelle marche, très monotone, le long du lit à sec de la rivière, nous conduisit à Darzin. Ce village est fameux dans la légende locale, comme l'endroit où Faramourz, fils de Rustem, fut pendu par Bahman. On nous apprit que le nom véritable était Darzanan, ce qui signifie «érection de potence». Pour montrer quels changements se sont produits dans le pays depuis le XIIe siècle, il suffit de citer ce passage d'Afzal-Kirman: «Nous nous assîmes sur le toit du palais de Darzin, et nous vîmes le grand nombre des villages, tout près de se toucher les uns les autres, et les arbres aux senteurs parfumées. Zein-ed-Din, qui était avec nous, s'écria: On dit généralement que le Fars est un grand et fertile pays, connu comme «la moité du Monde». Je l'ai vu tout entier, et je jure que, dans tout le Fars, je n'ai pas vu un endroit pareil.» Hélas! tout est bien changé, et Darzin s'élève au milieu d'un désert affreux; cependant, on peut déjà aujourd'hui constater quelques progrès: un des anciens kanats a été réparé, et l'on peut croire que l'étendue des cultures s'en accroîtra beaucoup.

À Bam, nous trouvâmes un abri dans une maison nouvellement bâtie, donnant sur un jardin ombragé de palmiers. Bam est, depuis les temps les plus anciens, une ville célèbre en Perse; on trouve ses ruines à un mille du fort actuel. Au temps de la conquête arabe, la ville, connue sous le nom de Nisa, eut une grande importance, et Mansour-ed-Din en fit la capitale de la province tout entière. Quelques années plus tard, Abdoulla Amir fonda le Masdjid-i-Hazrat-Rasoul, qui s'élève dans les faubourgs de la ville moderne. Bam a soutenu des sièges nombreux, et je ne crois pas que, sauf une fois, à l'époque des Seldjoucides, où on manqua la prendre en barrant la rivière, elle ait pu être réduite autrement que par un blocus. La description qu'en donne Edrisi est fort intéressante: «Bam est grande, commerçante et riche; on y cultive la vigne et le palmier; beaucoup de villages en dépendent. Il y a un château dont les fortifications sont réputées les meilleures de toutes celles du Kirman; ses habitants se livrent au négoce et à l'industrie; on y fabrique quantité de belles étoffes de coton, ce qui forme un objet considérable d'exportation».

À l'époque moderne, la ville fut le théâtre de la tragédie qui termina la lutte des Kadjars et des Zand, lorsque Loutf-Ali Khan, fuyant de Kirman, fut bassement livré à son ennemi héréditaire par le gouverneur. Une fois encore, au milieu du XIXe siècle, Bam fut assiégé par des troupes mêlées d'Afghans et de Seistanis. Quand toutes les munitions eurent été dépensées, et qu'il ne resta plus aucun espoir, les femmes de Bam, conduites par Banou-Husein-Fatha, chauffèrent des chaudrons d'eau bouillante et firent aux assaillants une réception si chaude, qu'elles purent tenir jusqu'à ce que l'aide leur fût venue de Kirman.

CARTE POUR SUIVRE LES DÉLIMITATIONS DE LA FRONTIÈRE PERSO-BALOUTCHE.

Quelques années plus tard, Agha Khan s'empara du fort et y fut bloqué pendant la plus grande partie de l'année, jusqu'à ce qu'une épidémie eut éclaté parmi ses soldats, et qu'il se vit contraint de se retirer aux Indes. C'est après cela qu'on commença la construction de la ville moderne. Elle borde les deux côtés de la rivière, et je crois qu'elle serait exposée aux inondations, dans les années de lourdes chutes de neige.

Située à une altitude de 1 100 mètres environ, avec une population de 13 000 habitants, possédant un sol fertile et un climat également favorable à la culture des palmiers et à celle de beaucoup de productions des hautes terres, elle est le centre d'un riche district. La chaleur de l'été y est tempérée par un vent frais du nord, les villages montagneux de la chaîne du Djabal-Bariz sont tout près, et l'importance de la ville est encore accrue par le fait qu'elle est, à l'est de la Perse, le dernier centre commercial avant Quetta. Sa principale richesse lui vient de ce qu'elle est la ville du henné, presque toute cette précieuse plante tinctoriale (p. 339) étant produite dans le district. Les garnisons du Baloutchistan sont composées généralement de soldats venus de ce district, et le gouverneur en est d'ordinaire un Bami.

NOUS CAMPÂMES À FAHRADJ, SUR LA ROUTE DE KOUAK, DANS UNE PALMERAIE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Un voyageur déclare que Bam ressemble à une ville indienne. C'est là une remarque que je n'ai point faite. Peut-être, il y a trente ans, époque de ce voyage, ne voyait-on pas de palmiers, et cette impression s'expliquerait ainsi. Par invitation spéciale, nous visitâmes le fameux fort, et nous constatâmes que l'ancienne ville était encore debout, entourée d'une haute muraille et d'un fossé. Par trois passages et une plate-forme, nous gagnâmes le sommet de la forteresse, qui est la résidence du gouverneur. De là-haut, on jouit d'une vue merveilleuse. Derrière nous, nos regards étaient attirés par le Kouh-i-Hazar, avec son manteau de neige fraîchement tombée, et, de chaque côté de la vallée, les montagnes se détachaient sur le ciel de turquoise. Au sud, la chaîne du Chah-Soouaran n'était pas moins brillante. Au-dessous de nous s'élevaient les bouquets de dattiers de Bam, et nous pouvions suivre la rivière de Bam vers le nord-est: nous voyions aussi indistinctement les taches vertes du Narmachir.

À 4 milles de Bam, une raide descente nous amena entre les deux hameaux qui composent le village de Bora, dont le nom est, dit-on, une corruption de Beravat. Il a une population de 5 000 habitants, et exporte annuellement 120 000 livres de henné, outre des grains et des dattes. Ce n'est pas, d'ailleurs, son seul titre à la réputation. On raconte que, dans le voisinage, il existe une tribu d'hommes à queues: il y en avait deux autrefois, les Dumdar et les Nartigi; ces derniers subsistent seuls. Mes lecteurs ignorent peut-être que, nous autres Anglais, nous fûmes considérés autrefois comme dotés de cet appendice caudal; de la même façon, tous les jeunes garçons chiites sont convaincus que les Sunnites jouissent d'un avantage semblable.

À Vakilabad, où nous arrivâmes en longeant un joli cours d'eau ombragé, nous avions atteint le district de Narmachir: ce mot est peut-être la corruption de Wariman-Chahs, ou la ville de Wariman, arrière-grand-père de Rustem. Avec ses gracieux tamaris et mimosas, le pays semble une tranche détachée du Sind et est beaucoup plus chaud que le district de Bam. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, il était en la possession des Afghans, et ce n'est qu'aujourd'hui qu'il retrouve quelque prospérité.

Après Vakilabad, nous traversâmes un pays bien arrosé et couvert d'arbres véritables, puis une jungle immense, d'où nous sortîmes soudain pour entrer dans le désert; après quoi nous retrouvâmes la jungle, au (p. 340) milieu de laquelle se trouve le village de Rigan. Il fait quelque figure sur la carte, mais il ne consiste en réalité qu'en un fort en pisé, occupé par une garnison de dix soldats, et sa population ne dépasse pas deux cents âmes. À Rigan, nous trouvâmes un message désespéré du commissaire persan, que nous avions presque rattrapé, et qui nous suppliait de ralentir notre marche. Nous n'en tînmes aucun compte.

Entre nous et Bampour s'étendaient 250 kilomètres du désert de Lout. Mais comme une pluie abondante était tombée les deux jours précédents, nous eûmes plus d'eau et de meilleure que ce n'est le cas pour les voyageurs, en général, et nous fîmes cette traversée en neuf jours, presque sans accroc.

À Gazak, aux deux tiers du chemin environ, nous fûmes surpris de voir quelques tentes nomades et un bouquet de palmiers. Finalement, nous atteignîmes la rivière de Bampour à Kouchgardan où j'avais déjà passé. Là nous rencontrâmes un détachement de chameliers armés, et j'ai rarement vu troupe d'aspect plus sauvage et plus irrégulière. Protégés par cette escorte et par notre cavalerie de petits poneys, nous atteignîmes Bampour, et, de là, Fahradj. À cet endroit, nous fûmes reçus avec grande cérémonie; la garnison faisait la haie le long de la route, et la musique jouait l'air national. Le commissaire persan arriva peu après.

Nous louâmes ici trente chameaux baloutches, et il fut convenu que je prendrais une avance d'un jour, pour être présent à la frontière quand arriveraient les Persans. Les jours commençaient à être très chauds. À Soran, un message du colonel Holdich m'apprit qu'il s'approchait du Pandjgour et qu'il espérait atteindre la frontière au milieu de février.

C'EST À KOUAK QUE LES COMMISSAIRES ANGLAIS ET PERSANS S'ÉTAIENT DONNÉ RENDEZ-VOUS (page 341).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À Isfandak, nous trouvâmes un charmant bois de dattiers, une rivière d'eau cristalline, mais point d'habitants. Le chef du village s'était senti mal à l'aise à l'idée de rencontrer l'Asad-u-Dola, car il avait été mêlé à divers pillages et à d'autres forfaits. En conséquence, lui et ses villageois bivouaquaient dans la montagne, attendant les événements, et, sans doute, accusant la Commission d'être la cause de leur exil.

Nous étions maintenant sur la rive gauche de la rivière Mechked ou Mechkil (c'est la prononciation baloutche). On reconnaît, à son large lit et à ses bords escarpés, que ce fut autrefois un puissant cours d'eau, tandis qu'aujourd'hui, même à l'époque des crues, on le passe facilement à gué après le premier flot. Cependant ce proverbe doit avoir eu sa raison d'être: «Qui s'arrête dans le Mechked pour attacher la courroie de ses souliers est perdu.» Les eaux de la rivière sont bues par le désert, à l'est de Djalsk, et entretiennent en partie des bosquets de dattiers.

Nous n'étions plus qu'à deux étapes de notre corps principal; un messager venait, en effet, de nous annoncer que la Commission britannique était arrivée. Nous fîmes halte au bord d'une mare qui s'étendait dans le lit de la rivière, puis nous dépassâmes Kouak, nous vîmes briller des lumières symétriquement disposées, et enfin nous pûmes serrer la main de compatriotes, après un voyage de près de 1 000 kilomètres, accompli principalement à travers des déserts, dans des conditions de confort très restreintes, ce qui constitue presque un record pour une dame marchant avec une caravane.

Il peut être utile de donner ici quelques détails sur la Commission des frontières perso-baloutches, ou, comme l'Ikticham-u-Nizara la qualifiait plus exactement, sur la Commission perso-kelat.

LE SANCTUAIRE DE MAHOUN, NOTRE PREMIÈRE ÉTAPE SUR LA ROUTE DE KOUAK (page 337).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Il y a plus de trente ans, lorsqu'il était question d'une ligne télégraphique allant aux Indes par le continent, (p. 341) ce pays perdu fut exploré par sir Frederic Goldsmid, et le résultat final de son enquête fut le tracé d'une ligne-frontière de Kouak à l'océan. Kouak, considérée comme une puissante forteresse, était, à cette époque, indépendante et le resta; au nord jusqu'au Seistan, le pays était inexploré, et de souveraineté douteuse; on ne fit donc aucune démarche pour fixer la frontière. La Perse avait la chance, à cette époque, d'avoir un excellent gouverneur, dans la personne d'Ibrahim Khan. Il fit de son mieux pour qu'on s'abstînt de tracer une frontière; mais, n'ayant pas réussi, il s'empara de Kouak aussitôt que le commissaire anglais fut parti. Cet acte ne fut pas reconnu par notre ministère des Affaires étrangères; mais comme, pendant dix ans encore, nous ne prîmes qu'un faible intérêt à notre protectorat sur Kelat, les affaires restèrent en l'état.

Mais lorsque nous eûmes des troupes au Pandjgour, les razzias devenant intolérables, nous suggérâmes à Sa Majesté Nassered-Din que la partie encore flottante de la frontière fût fixée définitivement, en même temps que nous résoudrions la question de Kouak. Il y eut à ce sujet une copieuse correspondance; un instant, les négociations faillirent être interrompues, le Chah ne se souciant guère de faire les frais d'une Commission qui n'aurait pas pour effet d'augmenter ses revenus, lorsque soudain Naoroz, khan de Kharan, occupa les palmeraies du Mechkil, visitées tout récemment par l'Asad-u-Dola, qui avait déclaré qu'elles appartenaient à la Perse. Quand la nouvelle arriva à Kirman, le Farman-Farma m'écrivit une lettre officielle, me demandant de repousser ces envahisseurs du sol persan. Dans ma réponse, je lui fis remarquer que de pareils incidents étaient inévitables jusqu'à ce que la frontière fût fixée, et que, dans l'intervalle, il m'était impossible d'agir. Une copie de cette correspondance fut envoyée par le Farman-Farma, à Téhéran, et Sa Majesté put se rendre compte des dangers de l'inaction. Elle consentit donc promptement à la nomination d'une Commission qui se réunit à Kouak, à la fin de février.

Notre Commission n'était pas très nombreuse: le chef en était le colonel, aujourd'hui sir Thomas Holdich; les commissaires-assistants étaient le capitaine A. C. Kemball et moi-même. Le lieutenant-colonel R. Wahab dirigeait l'expédition topographique, et le lieutenant C. V. Price commandait l'escorte, composée de deux compagnies de fusiliers et de quelques sowars.

Nous étions arrivés à Kouak, quatre jours après la Commission britannique, et le commissaire persan était arrivé le jour suivant; mais, sans notre promptitude, nous n'aurions pu terminer notre travail pendant la saison froide. Même à ce moment, le soleil était beaucoup trop brûlant, après dix heures, pour ne pas être dangereux, et le temps clair, si nécessaire aux levés topographiques, ne dure que jusqu'à la fin de mars et est suivi de six mois de brumes.

Le lendemain de notre arrivée, le commissaire persan et l'Asad-u-Dola arrivèrent, au milieu d'un grand éclat de trompettes, et établirent leur camp de l'autre côté de la rivière. Aussitôt une question délicate se posa: qui devait la première visite? Notre opinion était que, puisque nous étions arrivés les premiers, c'étaient les Persans; mais ceux-ci, en se fondant sur leur étiquette, faisaient le raisonnement inverse. Le colonel Holdich, disaient-ils, n'était que le délégué du vice-roi des Indes, tandis que le commissaire persan représentait le roi des rois lui-même. Le débat aurait pu se prolonger pendant des jours; il fut résolu par le fait que le commissaire persan et le gouverneur du Baloutchistan m'avaient fait visite à Kirman et à Fahradj; à plus forte raison, devaient-ils la même politesse à mon supérieur.

Quand les Persans vinrent, nous leur rendîmes tous les honneurs possibles. Mais nous n'eûmes ensemble qu'une très courte conversation, et cela était dû, en partie, au fait que le persan de l'Inde et celui (p. 342) de l'Iran sont deux langues entièrement différentes. On n'avait pas assez tenu compte de cette différence aux Indes, de sorte que notre interprète ou monnchi, qui recevait pour ses services un salaire élevé, n'était pas même capable de traduire une lettre, et que toute la tâche de l'interprétation retomba sur moi.

Le point de départ des travaux de la Commission fut sur le Mechkil, en face de Kouak; un monticule artificiel fut dressé sur la rive gauche, non sans une légère opposition. Mais pour l'emplacement du second pilier, la discussion fut plus longue. Si ma sœur n'avait pas gravi la colline sur laquelle nous dressâmes le tas de pierres, jamais le gros gouverneur du Baloutchistan n'aurait consenti à faire cette ascension. Une fois là-haut, après avoir repris haleine, il devint revêche et déclara que nous lui enlevions un district précieux et fertile; en réalité il avait bien 20 ares d'étendue. Le fait que les limites avaient déjà été tracées à Téhéran ne comptait pas à ses yeux, et nous laissâmes ses représentants le calmer.

L'infatigable colonel Wahab nous quitta ici afin de jalonner la chaîne du Siahan, et nous lui suggérâmes l'idée de se faire accompagner par Soliman Mirza, le représentant du Farman-Farma. Celui-ci n'y consentit que de très mauvaise grâce. Il escalada pic après pic avec son collègue anglais, qui se trouvait être un montagnard accompli.

Les deux Commissions se rendirent ensuite en deux étapes à Isfandak, et de là à Djalsk, par le col de Bonsaz, au-dessous duquel nous campâmes. Là, nous eûmes un nouvel incident, le commissaire persan ayant fait dire qu'un pilier-frontière avait été élevé à l'ouest du passage, et que cela excitait beaucoup les esprits. Nous nous assurâmes qu'il n'y avait là qu'un signal pour la triangulation, et nous exprimâmes notre regret d'avoir été soupçonnés d'un tel acte, ce qui causa beaucoup de confusion chez les Persans.

COUR INTÉRIEURE DU SANCTUAIRE DE MAHOUN—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Les deux Commissions étaient composées des éléments les plus divers, Anglais, Persans, Baloutches, soldats réguliers et irréguliers; nous avions aussi beaucoup de chameaux, de mules et d'ânes et un troupeau de moutons et de chèvres.

Nous séjournâmes à Djalsk une quinzaine, pendant laquelle on éleva les bornes-frontières qui firent passer les palmeraies de Mechkil à Kelat, ainsi qu'il avait été convenu à Téhéran. Le district situé plus au nord n'était, en somme, qu'un désert, et le colonel Holdich suggéra, pour éviter une nouvelle campagne d'hiver, l'idée d'accepter comme frontière les chaînes courant au sud-est du Kouh-i-Malik-Sia, en se contentant d'envoyer, pour les explorer, une colonne volante.

Le commissaire persan ayant accepté, il ne nous resta plus qu'à décider de la souveraineté sur quelques bouquets de palmiers sans importance. Comme j'en avais entendu parler dans le Sarhad, en 1893, et que j'avais quelques notes sur la question, la besogne fut facile.

L'oasis de Djalsk est d'une étendue considérable, une dizaine de kilomètres carrés. On y trouve partout des palmiers-dattiers, sous lesquels poussent de l'orge, du froment, des lentilles, et l'on trouve dans les jardins des grenadiers, des figuiers et de la vigne. Au centre, se creuse une nala marécageuse, pleine de roseaux, et dans l'oasis sont dispersés huit villages importants. Un phénomène remarquable, observé par le colonel Holdich, est que les palmeraies du Mechkil, situées à une quarantaine de mètres à l'est, sont fécondées par des sources venues de Djalsk et coulant souterrainement jusqu'au bord du hamoun.

Il y a dans l'oasis un certain nombre d'édifices, couverts de dômes, et construits de briques en pisé, dans lesquels se trouvent les tombes d'une race de chefs disparue, connus sous le nom de Maliks Keianiens. (p. 344) Mais c'est là une erreur: ces chefs sont, indubitablement, des membres de la famille des Saffar, qui régna plus de cinq siècles sur le Baloutchistan. Quelques-uns de ces mausolées ne contiennent qu'une chambre; d'autres possèdent une antichambre; une troisième catégorie a deux étages. On trouve des restes de briques, sous le dôme, et, par-ci par-là, quelques grossiers dessins représentant des éléphants et des paons; mais, au point de vue artistique, tout cela était d'un ordre très inférieur.

LE KHAN DE KELAT ET SA COUR.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Le jour de l'an persan (21 mars) survint, d'une façon malencontreuse, juste avant que se terminât notre travail. Le commissaire britannique voulut faire une visite à son collègue persan, en sa qualité de représentant du chah; mais l'Asad-u-Dola ayant dit: «Quelle est ma place?» Nassoulla Khan se trouva de nouveau balancé entre nous deux, et, comme il était inévitable, nous offensâmes le gouverneur du Baloutchistan, en lui disant que le commissaire persan était, à nos yeux, le représentant du chah, mais que, s'il le désirait, lui-même aurait plus tard une visite. Ce fut malheureusement sans grand profit que nous brandîmes ainsi le rameau d'olivier. Il était heureux que nos travaux fussent si promptement terminés, car la brouille entre l'Asad-u-Dola et l'Ihticham-u-Nizara allait augmentant tous les jours. À la fin, le premier menaça de laisser le second sans vivres dans le désert, s'il acceptait la demande du colonel Holdich, que le Gouvernement persan fût responsable des incursions de la tribu des Yarahmadzai. Ainsi les négociations étaient arrivées à une impasse. Nous nous en tirâmes heureusement, en concluant un arrangement secret, qui fut signé dans ma tente par les deux commissaires, et en ne mentionnant, dans la réunion solennelle, que les différentes bornes-frontières. L'Asad-u-Dola triomphait, ignorant de notre ruse, et j'affectai d'avoir l'air ennuyé.

Le jour avant notre séparation, on organisa des jeux athlétiques, qui, commencés par une course de chameaux, allèrent convenablement jusqu'aux exercices de lutte. Mais alors il se produisit des désordres que nous eûmes beaucoup de peine à calmer. La foule envahit l'arène, et se mit à maltraiter les champions malheureux, et pendant un moment, on se battit à coups de bâton et de pierres. À la fin, le tumulte s'apaisa, grâce à l'intervention du colonel Holdich.—Les Baloutches avaient cru sérieusement que la guerre était déclarée, et ils s'assemblaient en grand nombre, pour nous aider, disaient-ils.

Un incident assez amusant suivit: l'Asad-u-Dola annonça son intention de bâtonner tout le monde. En conséquence, mes tentes, dressées un peu à l'écart du camp, furent envahies par tout le régiment persan, qui venait y chercher asile. L'Asad-u-Dola harangua ses hommes, mais en vain, puis fit appel à mon assistance. Finalement, sur la suggestion du colonel Holdich, on décida qu'on punirait le principal délinquant de chaque parti.

JARDINS DU SANCTUAIRE DE MAHOUN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Nous donnâmes un grand banquet pour célébrer le mémorable événement de la fixation, opérée en un mois, de plus de 300 kilomètres de frontières. Cela fait, plus que des volumes, l'éloge du plan adopté par les commissaires en chef. À cette occasion, je mentionne un petit épisode raconté dans le livre de ma sœur, Through Persia on a Side Saddle: «Fat-Hadji Khan, l'interprète du commissaire persan, s'avança vers nous, et se mit soudain à chanter le Highland Laddie, qu'il avait appris, nous dit-il, d'une dame anglaise à laquelle il s'était tendrement attaché durant son séjour à Londres».

Le lendemain, de bonne heure, nous partions de Kouak, après le plus cordial des adieux. Ainsi se terminèrent les travaux de la Commission des frontières perso-baloutches.

Nous avions à traverser, jusqu'à Quetta, le Baloutchistan britannique. Ce pays jusqu'ici n'a pas eu d'historien, bien que les matériaux de son histoire soient tout prêts. Géographiquement, sa partie occidentale consiste, au nord, en un désert qui s'étend jusqu'au Helmand, et, au centre et au sud, en vallées longues et (p. 345) étroites, se dirigeant, avec la plus grande régularité, du nord-est au sud-ouest. Plus à l'est on entre dans les montagnes baloutches, rameaux du puissant Hindou-Kouch, et c'est sur le grand plateau qu'elle supporte que sont situés Kelat et Quetta. Comme on peut le penser, le climat de la partie occidentale du pays est à peu près le même que celui du Baloutchistan persan, et l'on trouve à Pandjgour des dattes qui sont parmi les meilleures du monde entier; mais entre Kelat et Quetta, le froid est parfois intense, et je me rappelle que le colonel Wahab me montra un endroit où son expédition avait été surprise par une tempête. Dans l'obscurité, ils avaient posé leurs tentes à l'abri d'un monticule, qui se trouva, le lendemain, être composé de bœufs achetés par le commissariat et morts gelés. Les populations du Baloutchistan britannique sont fort diverses. Le Kharan est peuplé de Nochirouanis et de diverses races sujettes, le Pandjgour de Gichkis, le Kelat d'une population mêlée de Brahouis, de Rinds, d'Afghans, d'esclaves Dehwar et d'Hindous.

DANS LA VALLÉE DE KALAGAN, PRÈS DE L'OASIS DE DJALSK.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

On ignore généralement que le premier représentant de la Grande-Bretagne apparut à Pandjgour, il y a moins de vingt ans, dans la personne de ce grand officier de frontières, sir Robert Sandeman. Le Gouvernement des Indes, ne voulant pas faire une grosse dépense inutile, commença par envoyer pendant plusieurs hivers un officier en expédition dans le pays; mais les Baloutches n'attendaient que son départ pour recommencer leurs querelles. En 1891, le major Muir, qui rendait la justice à distance de sa garde, ordonna imprudemment l'arrestation de Mir Chahdad, un brigand notoire. Il résista, avec ses hommes; un domestique sans armes fut tué, et le major Muir lui-même grièvement blessé, tandis que Chahdad réussissait à prendre la fuite. Mais, inquiet de ma présence à Kirman, il finit par se soumettre à Kemball, lorsque celui-ci fit son voyage de 1894 à 1895. Après cet outrage, on maintint, pour un an ou deux, une petite garnison à Pandjgour, mais elle fut retirée en 1896, le pays s'étant pacifié, dans une certaine mesure, quoique, on le verra plus tard, la lutte contre les restrictions que la civilisation apporte à la vie n'y fût pas encore terminée.

À quelques kilomètres de Kouak, la monotonie du voyage fut agréablement variée par l'apparition de deux ours, les premiers que j'eusse vus dans le Baloutchistan; ils mirent en fuite Tumbull, qui les avait rencontrés. Nous partîmes pour leur donner la chasse, mais nous ne pûmes que les entrevoir. Les ours doivent être très rares dans le pays, et je n'en ai vu des traces qu'une seule fois, outre celle-ci.

Nous traversâmes le Mechkil, dont les flots, d'un pied de profondeur à peine, étaient couleur de café, et nous entrâmes dans la vallée du Rakchan. Elle est large et peu profonde, et s'étend vers l'est-nord-est, (p. 346) sur 200 kilomètres. À la seconde étape, nous n'eûmes que de l'eau salée, que les plus endurcis de nos soldats trouvaient imbuvable, et nous regrettâmes fort un baril de bière que nous avions donné à nos collègues persans. Notre farine, d'autre part, était moisie et immangeable.

Le lendemain nous conduisit à Pandjgour, ou les «Cinq Tombes», ainsi nommée de ses cinq chefs tués à l'époque de la conquête arabe. C'est une charmante oasis, qui renferme quelques hameaux et des bois de dattiers étendus, dont les fruits sont excellents. Cependant, le district avait à ce moment une fâcheuse réputation; car, l'année précédente, un ghazi y avait attaqué, de sang-froid et de la façon la plus perfide, le lieutenant Parker, qui commandait une section de batterie de montagne. Le lâche assassin semblait désireux de montrer l'allure de son cheval; il demanda à Parker de galoper devant lui, et le poignarda dans le dos. Heureusement, il fut promptement capturé par les canonniers, puis jugé et pendu, et son cadavre fut brûlé. Kemball ayant fait fonction de juge, à cette occasion, il était très probable qu'on chercherait à se venger de lui; c'est pourquoi on nous avait interdit de sortir sans escorte, et nous avions pris la précaution supplémentaire d'être toujours armés de fusils, qui imposaient aux ghazis plus de respect que des revolvers.

Nous fîmes halte le dimanche de Pâques; le jour suivant nous dépassâmes les tentes désertes, occupées jadis par des soldats d'infanterie du même régiment que celui qui composait notre escorte.

Nous nous élevions constamment, comme le montraient nos baromètres anéroïdes. Les marches étaient d'une monotonie intense, les jours succédaient aux jours sans qu'on aperçût nulle part un signe de vie. Cependant nous trouvions un certain intérêt à spéculer sur les causes qui avaient fait fuir la population de cette vallée, dont les versants étaient disposés en terrasses sur des milles, tandis que ça et là s'élevaient des monticules bourrés de débris de poterie. Sans doute, la guerre y avait été pour beaucoup, mais en outre, dans ce district comme dans les districts voisins, un déboisement inexorable avait amené une diminution dans la quantité de pluie tombée, tari les sources, et finalement mis en fuite la population.

Cependant il est possible de se procurer de l'eau, et des puits artésiens rendraient sans doute de grands services; mais ce qui me frappa particulièrement, c'est que le pays par où nous passions était excellent pour l'élève du chameau. Partout le sol était recouvert des fourrés les plus épais, tandis que le climat rappelait celui de différentes parties de l'Afghanistan. Les chameaux qui seraient élevés là supporteraient le service au delà des frontières, ce qui n'est pas le cas pour ceux élevés dans les plaines. Même dans la dernière guerre afghane, la méconnaissance de cette question a causé, dit-on, la mort de trente-six mille chameaux, et non seulement cette perte disloqua le service des transports, mais elle occasionna encore les plus terribles maladies. Mais, même si l'on adoptait de meilleures méthodes, il n'en serait pas moins déplorable qu'on ne pût faire aucun usage de ce pays désert, où nous ne vîmes pas signe de vie sur 320 kilomètres.

OASIS DE DJALSK: DES ÉDIFICES EN BRIQUES ABRITENT LES TOMBES D'UNE RACE DE CHEFS DISPARUS (page 342).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À Nagha Kelat, où nous restâmes deux jours, pour laisser reposer nos chameaux, nous mîmes ce temps à profit pour voir les ruines immenses qui s'y trouvent. Les plus intéressantes étaient celles des grands réservoirs appelés, dans le Baloutchistan, gorbasta. Après cette halte, nous arrivâmes bientôt dans le haut pays baloutche. Là, les terres plates n'étaient qu'une masse de fleurs, et, grâce à la plus grande altitude, il n'était plus nécessaire de marcher de nuit.

Vers la fin d'avril, nous atteignîmes Kelat, capitale du Baloutchistan, qui se trouve à l'altitude considérable de 2 100 mètres. Un des grands souverains de cette province fut Nasir Khan, qui accompagna Nadir Chah à Delhi. En revenant à Kelat, il trouva que les procédés tyranniques de son frère avaient ruiné le pays, et que les Hindous avaient fui en masse, pour sauver leurs biens; Nasir Khan tua son frère, Hadji (p. 347) Mohammed Khan, et reçut de Nadir Chah, qui évidemment approuvait ses actes, le titre de Beglerbagi. En quelques années, il ramena la prospérité dans le Baloutchistan, et l'on rapporte que de Pandjgour à Kasarkand tous les chefs se soumirent à lui et lui payèrent tribut.

INDIGÈNES DE L'OASIS DE PANDJGOUR À L'EST DE KOUAK (page 345)—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Quand Nadir Chah eut été assassiné, il s'opposa à Ahmed Chah, et d'abord avec succès. Mais il fut ensuite défait et forcé de se retirer à Kelat, où il fut de nouveau battu.

Après que deux assauts eurent été repoussés, la paix fut conclue, et Nasir Khan s'engagea à fournir des troupes dès qu'on l'exigerait. En échange, on le dispensa de payer le tribut.

Peu de temps après, il vint en aide à Ahmed Chah contre la Perse, et se mit à la tête de ses Baloutches, dans une charge désespérée qui décida du sort d'une bataille livrée près de Mechhed. Une autre fois, à Tabas, il tailla en pièces l'armée persane dans une embuscade qu'il avait préparée. Il revint chez lui en triomphe, son royaume s'étendit jusqu'à Karatchi, et le Baloutchistan entra dans une période de prospérité qu'il ne devait pas retrouver plus tard.

Kelat a une population de près de 50 000 habitants, qui varie, il est vrai, selon les saisons: au milieu de l'hiver, la ville est à peu près déserte. Ses bazars sont très médiocres, et l'on voit, de toutes façons, que le peuple qui habite ici est très inférieur aux Persans dans les arts de la civilisation. À ce qu'on m'apprit, sa forteresse est principalement l'œuvre de Nadir Chah. À l'époque de sa construction, elle doit avoir été imprenable.

Il semble que ce soit aux Baloutches que nous devions le jeu, aujourd'hui populaire, du tent-pegging, dans lequel un cavalier, lancé au galop, doit enlever d'un coup de lance un piquet planté en terre. Ce jeu est mentionné dans le voyage de Pottinger.

Nasir Khan mourut en 1795, et ce fut pendant le règne de son successeur que Pottinger visita le pays. Son successeur, Mahmoud Khan, était un ivrogne. Il mourut en 1819, et fut remplacé par son fils Mehrab Khan, sous le règne duquel le pays de Kelat entra en contact avec le Gouvernement de l'Inde.

En 1838, lors de la première guerre d'Afghanistan, des officiers britanniques furent envoyés à Kelat, afin d'assurer la coopération du Khan, dont les territoires furent traversés dans la marche sur Kandahar. On eut quelques soupçons de trahison, et, en novembre 1839, une force britannique attaqua et prit d'assaut Kelat. Mehrab Khan fut tué, et les papiers qu'on découvrit sur lui montrèrent qu'il était innocent de toute déloyauté, mais qu'il était victime d'une intrigue. Son successeur fut assassiné, quelques années plus tard, en même temps que le représentant britannique, et l'on nomma chef un second Nasir Khan, qui fut remplacé, en 1857, par Mir-Khoudahad Khan.

Sa carrière fut assez traversée. Pendant vingt ans, il fut en guerre avec ses sardars. En 1877, le Gouvernement britannique fit l'achat de Quetta, et, dans la guerre afghane qui suivit, Khoudahad rendit des services avec ses milices. Plus tard ses actes provoquèrent du mécontentement; comme il avait tué le vizir et sa famille d'une manière assez atroce, il fut déposé, et les troupes britanniques occupèrent de nouveau Kelat.

À cette occasion, le trésor immense qui fut saisi fut placé à intérêt, et il est dépensé aujourd'hui pour (p. 348) toutes sortes d'améliorations. La confiscation de ces caisses de roupies fit grand bruit en Perse, à cette époque, et le Khan fut vivement plaint. Cette histoire me rappelle un Arménien, qui se trouvait dans un consulat à l'époque des massacres; il avait entendu, sans émotion apparente, raconter que ses parents et amis avaient été massacrés. Un peu plus tard, d'autres messages lui apprirent que le pacha avait saisi tout l'argent d'une des victimes, et c'est alors, mais seulement alors, que mon ami s'arracha les cheveux et se lamenta sur les calamités qui avaient frappé sa nation.

Le fils de Khoudahad Khan, Mahmoud Khan, fut nommé pour lui succéder. Il est maintenant khan de Kelat et beglerbegi du Baloutchistan.

Je reprends mon récit. Nous franchîmes un passage peu élevé dans les montagnes, et nous arrivâmes en vue d'un fort, pittoresquement situé, où les commissaires britanniques furent rejoints par le frère du Khan et par quelques lanciers, récemment levés. Notre bivouac fut établi près des bâtiments, d'aspect misérable, où réside l'agent politique; mais nous n'avions pas de raisons de murmurer, car le jardin nous fournit les premiers légumes que nous eussions goûtés depuis Djalsk, où nous avions savouré un unique plat de lentilles. Nous étions de nouveau sur la ligne du télégraphe, que nous avions quittée à Kharan, et deux étapes plus loin, par delà la délicieuse vallée de Mastang, nous atteignîmes la route de Kelat, en construction alors, et qui n'a jamais été terminée.

À notre dernier campement, nous pûmes voir le chemin de fer, presque complètement achevé, du passage de Bolan. Nos domestiques persans, pour faire étalage de leurs connaissances, vinrent nous dire ce que c'était. Nos chevaux se reposèrent sans plaisir dans ces cantonnements, et prirent presque le mors aux dents en voyant d'abord un wagonnet, puis la gare. Quant à nous, nous étions enchantés de ces vertes avenues, et quand nous eûmes enfin atteint l'agence de Quetta, nous nous sentîmes enclins à nous écrier, comme Sadi à Chiraz: «Ceci est vraiment le paradis!»

L'aimable accueil de sir James Brown, sa jolie maison d'aspect britannique, et toute pleine d'un luxe inaccoutumé, terminèrent dignement ce voyage très réussi; et ma sœur put justement réclamer ce titre, d'avoir été la première femme qui soit allée à cheval de la Caspienne aux Indes, sur une distance de plus de 3 000 kilomètres.

(À suivre.) Adapté de l'anglais par H. Jacottet.

CAMP DE LA COMMISSION DE DÉLIMITATION SUR LA FRONTIÈRE PERSO-BALOUTCHE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Droits de traduction et de reproduction réservés.

(p. 349) TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.—30e LIV. No 30.—29 Juillet 1905.

CAMPEMENT DE LA COMMISSION DES FRONTIÈRES PERSO-BALOUTCHES.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE[4]
Par le MAJOR PERCY MOLESWORTH SYKES,
Consul général de S. M. Britannique au Khorassan.

V. — Le Seistan: son histoire. — Le delta du Helmand. — Comparaison du Seistan et de l'Égypte. — Excursions dans le Helmand. — Retour par Yezd à Kirman.

PARSI DE YEZD.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Une nouvelle campagne de délimitation était nécessaire pour compléter l'œuvre de la Commission anglo-persane, entre l'Afghanistan, le Baloutchistan et la Perse. Le 2 janvier 1899, nous étions arrivés à Robat-Kélat, tout près de l'angle sud-ouest de l'Afghanistan, et nous allions entrer dans le Seistan. Sans recommencer le récit des travaux de délimitation, je désire faire connaître un peu la géographie de ce pays si mal étudié jusqu'à présent.

Dans le Chah-Nanieh, le Seistan est la patrie de la fameuse famille de guerriers qui assit la dynastie keianienne sur le trône de Perse. Son rejeton le plus brillant fut Rustem, dont les actions incomparables forment le sujet de la grande épopée de Firdousi, et qui est aujourd'hui encore, comme il y a mille ans, le héros national de la Perse. Tout ce qu'on ne comprend pas lui est attribué; ainsi, par exemple, les sculptures sassanides sur les rochers, à Persépolis.

À cette époque, le nom de Sagistan (c'était la forme de Seistan) désignait le bas pays à l'ouest de Kandahar, le haut pays étant appelé le Zaboulistan. Si l'on remonte à l'ancienne histoire de la Perse, on trouve que les Sarangiens, mentionnés par Hérodote comme appartenant à la 14e satrapie, occupaient le Seistan sous le règne de Darius. Les historiens grecs, qui racontèrent les conquêtes d'Alexandre le Grand, donnèrent le nom de Drangiane à ce qui est maintenant, en gros, l'Afghanistan méridional. Le conquérant la traversa dans sa marche sur la Bactriane, et son lieutenant Krateros y passa à son tour, en allant de Karatchi en Karamanie. Mais le plus ancien voyageur qui ait visité et décrit ces provinces, bien que très brièvement, est Isidore de Charax.

Le temps des dynasties des Parthes et des Sassanides n'est marqué dans la province par aucun événement (p. 350) notable, mais les conquérants arabes sont peut-être responsables—ceci n'est pourtant qu'une conjecture—de la destruction finale des très anciennes cités de Keikobad et de Garchap, et de la fondation de villes arabes à leur place.

Ce fut du Seistan que la dynastie Saffar sortit pour conquérir un empire. La contrée est décrite par le grand voyageur Istakhri, qui donne une description détaillée du Zaranj ou Zirra, province très forte à cette époque.

En 1362, celui qui devait être le célèbre Timour envahit la province en fugitif et s'empara de nombreux villages, mais il fut finalement battu et dut se retirer sur le Makran. C'est dans cette campagne qu'il reçut la blessure au pied qui lui valut le surnom de lang ou «le boiteux», Timour-Lang, Tamerlan. Il reparut, vingt et un ans plus tard, mais en conquérant et en massacreur, et s'empara du Zirra, puis de Zalidan, alors probablement la capitale de la province: la garnison tout entière de la ville fut passée au fil de l'épée, et ses ruines livrées aux chacals, qui l'habitent encore aujourd'hui. Pour compléter la catastrophe, le grand barrage, alors connu sous le nom de Band-i-Rustem, fut détruit par Timour, ou, si l'on accepte la légende locale, par son fils Chah-Roukh.

Cette destruction changea totalement les conditions matérielles de la province. Le Seistan, c'est-à-dire, en somme, le lac et le delta formés par le Helmand et d'autres rivières, était, à une époque très ancienne, un vaste lac. Les alluvions des rivières formèrent des terres au nord du lac, mais cette partie du pays est maintenant déserte, tandis que le Seistan habité a été formé par l'assèchement du lac lui-même, en suite de la diminution du volume de la rivière et, peut-être, du captage des eaux pour l'irrigation.

UNE SÉANCE D'ARPENTAGE DANS LE SEISTAN.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Évidemment, la marche d'Alexandre à travers ces pays, avec une grande armée, tend à prouver que l'Asie n'était pas, à cette époque, aussi aride qu'aujourd'hui. J'ai vu dans le Seistan des nalas desséchées, dont les bords s'élèvent à plus de 60 mètres.

M. de Khamkoff a été particulièrement frappé du fait que la rivière de Birjand, ou plutôt son lit desséché, est tracée en travers du Lout, ce qui prouve que la chute des pluies était alors beaucoup plus considérable. Actuellement, il n'atteint même pas le désert en temps de crue.

Le Seistan d'aujourd'hui a de l'eau de trois côtés: le Helmand forme sa frontière orientale, tandis qu'au nord et à l'ouest s'étend le hamoun, la lagune dont je parlerai tout à l'heure. Au sud-est du Seistan habité, se trouve le Gand-i-Zirra ou «Trou de Zirra», dans lequel les eaux de la lagune sont portées par le Chelag, un cours d'eau de 350 mètres de largeur, avec des rives hautes de 15 mètres, là où je le traversai. Le grand bassin lui-même a au moins 160 kilomètres de longueur et 50 de largeur; il devait recevoir toute l'eau qu'on trouve actuellement dans le lac, ou du moins tout l'excédent de ses anciennes crues; sans cela, il serait impossible d'expliquer sa vaste étendue. Quand le lac a beaucoup d'eau, le Chelag forme un fleuve salé, qui coule parallèlement au Helmand, dont le séparent des dunes de sable, mais dans une direction opposée. En général, il n'y a guère plus qu'un marais dans la dépression la plus basse et même, au printemps, les eaux ne couvrent pas le dixième de sa superficie. D'après Istakhri, le Helmand ou Hilmend s'écoulait dans le lac Zirra.

(p. 351) Avant l'arrivée de Tamerlan, le Helmand était barré par le Band-i-Aok ou Akoa. De ce barrage, partait le Roud-Hauzdar, un canal large et profond, destiné à irriguer le district au sud du Seistan encore habité aujourd'hui, et où l'on ne trouve plus que les débris de grandes villes. La plus importante était Hauzdar, l'endroit où, d'après la légende, le fils de Rustem, Faramurz, fut empalé par Bahram.

LES COMMISSAIRES PERSANS DE LA DÉLIMITATION DES FRONTIÈRES PERSO-BALOUTCHES.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

La branche principale du delta coulait alors, au nord-nord-ouest, par Chahristan et Zahidan. Mais lorsque, après la catastrophe de l'invasion tartare, Chah-Roukh eut détruit le grand barrage, le district du Hauzdar perdit son approvisionnement d'eau, et bien que le Roud-Nasrou restât la rivière principale, un nouveau canal se forma près du barrage moderne, entourant les trois collines de Sehkouha, ville alors inhabitée, mais qui devait devenir la capitale du Seistan.

Pour autant que nous pouvons le savoir, il n'y eut pas de changement important, jusqu'à ce que, il y a de cela une soixantaine d'années, d'après Conolly, qui visita le pays peu après, les eaux renversèrent le barrage moderne et s'unirent pour former un canal à l'ouest de Nad-i-Ali. En conséquence, le Seistan fut laissé sans eau. Prises de désespoir, toutes les classes de la population s'unirent pour construire un barrage, mais la rivière s'en détourna. Plus tard, entre 1840 et 1850, on construisit le présent barrage et l'on creusa le Madar-Ab, ce qui ne fut point une tâche facile.

Lorsque sir Frederic Goldsmid eut été désigné comme arbitre entre la Perse et l'Afghanistan, il fixa la frontière à la rivière, dont le cours n'avait pas changé. Mais il y a huit ans, sans doute par suite du dépôt d'alluvions, elle se fraya un passage à l'ouest, et, à l'époque de notre visite, la branche principale du Helmand coulait, sous le nom de Roud-Perian, à l'est et parallèlement au Roud-Nasrou, ayant détruit Djahanabad, Ibrahimabad et Djalalabad, le berceau de la dynastie keianienne. On s'attend à ce que le fleuve, ne rencontrant pas d'obstacles, reprenne son cours originaire, et, dès maintenant, les Afghans peuvent justement se plaindre d'être laissés à sec, la branche du Nad-i-Ali n'ayant que peu d'eau.

Pour en revenir à l'histoire, le pays fut gouverné, après Tamerlan, par la tribu des Keianiens, qui prétend descendre de la famille royale des Akhéménides. Son chef fut parfois indépendant, mais lorsque la (p. 352) dynastie des Saffar fut à son zénith, il dut se soumettre et reconnut naturellement la suzeraineté de la Perse.

Lorsque Ispahan eut été assiégée par les Afghans, Malik-Mahmoud, le prince régnant, vint à la rescousse avec 10 000 soldats; mais les envahisseurs lui ayant promis la possession du Khorassan, il laissa la cité royale à son sort. Peu après, il fut pris à Mechhed par Nadir, qui commençait à se pousser à la première place, et ses héritiers, deux frères, soutinrent un siège de sept ans sur le Kouh-i-Khoya, mais ils furent finalement réconciliés et soumis.

LE DELTA DU HELMAND.

À la mort de Nadir Chah, le royaume d'Afghanistan fut fondé par Chah Ahmed, qui possédait toute la Perse orientale, y compris le Kain et le Seistan, provinces administrées de Hérat. La tribu des Keiani disparaissait graduellement; à la fin du XVIIe siècle, la tribu des Nahroui, du Baloutchistan, fut invitée à s'établir dans le Seistan, pour faire contrepoids aux Chahrekis et aux Sarbandis.

Vers 1850, Ali Khan, le chef des Sarbandis, fit acte d'allégeance envers la Perse, et reçut la main de la fille de Bahram-Marza, un parent du chah. Mais il fut vaincu et tué par un de ses neveux, Tadj-Mohammed. Celui-ci fut d'abord reconnu chef, mais ayant été convoqué par le chah à Mechhed, il fut mis en prison, puis, échappa, et mena dès lors une existence errante, qui se termina à Quetta.

Après cela, le Gouvernement persan prit graduellement possession du Seistan et commença à occuper des forts de l'autre côté du Helmand. Mais Chir-Ali, qui, dans l'intervalle, s'était affermi sur le trône d'Afghanistan, était de force à s'opposer à ces tentatives d'absorption. Pour éviter une guerre perso-afghane, le Gouvernement britannique consentit à faire acte d'arbitre, conformément au traité de Paris, et il envoya sur les lieux la mission du Seistan, dont le voyage est raconté dans le volume Eastern Persia du général Goldsmid.

La situation était difficile; l'arbitre avait non pas à décider entre des prétentions opposées, mais à fixer le véritable statu quo. Or, l'émir de Kain s'imagina que le Gouvernement britannique essayait de prendre le plus de territoire possible pour son Gouvernement—car en Perse on regarde l'Afghanistan comme une province de l'empire des Indes,—et comme le commissaire persan ne songeait qu'à battre monnaie, il comprit qu'en le confirmant dans son idée, il avancerait ses propres intérêts.

SCULPTURES SASSANIDES DE PERSÉPOLIS (page 349).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Le général Goldsmid, voyant l'impossibilité de procéder à une enquête complète, s'en revint à Téhéran et rendit sa décision, par laquelle, comme je l'ai dit, le Helmand devint la frontière; et la Perse acquit toute la partie capable de rapporter un revenu. Mais les deux parties firent appel, et la décision fut suspendue.

On perdit un peu le Seistan de vue. Mais l'ouverture de la route Quetta—Nouchki—Khorassan, qui fut l'un des résultats de la mission des frontières perso-afghanes, ramena l'attention sur lui, et le capitaine Webb Ware le visita, en 1897. Un vice-consul russe y fut nommé, en automne 1898, et, à la même époque, je reçus l'ordre d'y fonder un consulat britannique, et cela explique ma présence dans la région.

Je reprends le récit de notre voyage. Nous arrivâmes à la colline noire et basse de Kouh-i-Malik-Sia, (p. 353) qui n'a d'intérêt que d'être le point où les empires de Grande-Bretagne et de Perse touchent à l'Afghanistan.

UN GOUVERNEUR PERSAN ET SON ÉTAT-MAJOR.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Je rencontrai Wood et son expédition à la station d'Hourmak, la dernière où nous dussions trouver de l'eau fraîche jusqu'au Helmand. Au delà, l'interminable succession de nalas desséchées, où nous avions marché pendant des jours nombreux, cessait brusquement, et nous entrions dans une plaine unie, en apparence sans bornes, dont la vue était tout à fait oppressante. Elle produisait sur nous un sentiment tout semblable à celui qu'on éprouve en débarquant après un long voyage sur mer.

Le lendemain, nous arrivions sur les bords de la Chelag, qui formait de larges étangs d'eau salée, où s'ébattaient quelques canards. Traversant en diagonale le lit large et profond de la rivière, nous prîmes la rive gauche et nous aperçûmes les premières ruines. Nous établîmes notre camp à Girdi-Chah, où je devais bientôt installer mon poste, près des ruines de Ramroud, dont les maisons en pisé, depuis si longtemps abandonnées, sont encore presque habitables. Girdi-Chah, le seul endroit où l'on trouve de l'eau potable, à plusieurs milles à la ronde, est un point de relâche nécessaire pour les caravanes venant de Perse et d'Afghanistan. Mes sowars y ont semé un peu de grain et nettoyé les sources, de sorte que plus tard un village y pourra naître, qui sera le plus grand bienfait pour les caravanes.

L'étape suivante nous fit traverser un terrain plein encore de villes et de villages abandonnés. Nous passâmes par les ruines de Koundar et de Hauzdar, et nous campâmes à Asak-Chah, où nous trouvâmes quelques sources d'une eau médiocre, avec de grands troupeaux de moutons dans le voisinage. Nous étions tout près du Seistan habité.

Chevauchant à travers une plaine de gazon, nous atteignîmes bientôt le premier canal d'irrigation, qui a 4 mètres environ d'élévation, et une cinquantaine de centimètres de profondeur. Nos chevaux, à la fin, se sentirent heureux; ils burent avidement jusqu'à ce que, par humanité, nous fûmes forcés de les éloigner. Longeant les falaises usées par les eaux, nous entrâmes bientôt dans Varmal, un grand village, peuplé d'un millier d'habitants. En arrivant à notre camp, nous eûmes la surprise d'y trouver des sacs d'orge et de farine: nous étions de nouveau dans un pays d'abondance.

J'ai été très frappé par la ressemblance qu'il y a entre le Seistan et l'Égypte, d'un côté, le Sarhad et la Palestine, de l'autre. Le Seistan dépend tout à fait du Helmand, comme l'Égypte du Nil, et les deux districts (p. 354) sont les greniers des tribus environnantes. De même, au Sarhad comme en Palestine, la sécheresse rend le pays inhabitable; les troupeaux de moutons et de chèvres meurent faute de nourriture. Quand, dans le Sarhad, je m'enquérais d'une tribu absente, la réponse invariable était: «Elle est allée au Seistan.»

Ainsi qu'Abraham et Jacob furent contraints de se rendre en Égypte pour assurer l'existence à leurs familles, ainsi les nomades se rassemblent dans le Seistan et aux alentours. Cependant les squelettes que nous rencontrâmes nous prouvèrent que bien des vies s'étaient perdues en route. Pour compléter la comparaison: de même que le voyageur en Égypte traversait le désert arabe, partiellement en vue de la Méditerranée, ainsi les bergers en proie à la famine poussent péniblement à travers le désert jusqu'au Seistan, et voient le grand hamoun et le brillant Helmand qui, comme le Nil, garantit le berger errant et ses troupeaux de la mort par la faim.

Notre première visite au lac nous montra une grande étendue d'eau, tout à fait libre et couverte de myriades d'oiseaux sauvages. Ils faisaient, en s'envolant, un bruit exactement semblable à celui de la houle battant sur une côte rocheuse. Ils étaient hors de la portée de nos fusils, et nous n'avions aucun bateau pour les atteindre.

Revenus au camp, nous y trouvâmes un fonctionnaire que le gouverneur avait envoyé pour nous escorter jusqu'à sa résidence, Nasratabad. Pendant la marche, plusieurs de nos chameaux tombèrent, avec leurs charges, dans les canaux d'irrigation. Rien n'est pitoyable comme de voir dans l'eau le pauvre «vaisseau du désert».

À 6 kilomètres de Nasratabad, nous fûmes rejoints par Mir-Masum Khan, le gouverneur. Mais après quelques salutations et quelque musique, comme c'était la nuit qui précède le Ramadan, on nous laissa dans notre camp.

Le fort de Nasratabad, autrefois Nasirabad, a été construit par l'émir de Kain, il y a une trentaine d'années, à l'époque où la Perse s'établit dans le Seistan, à proximité immédiate de Husseinabad, village important, peuplé de vingt mille âmes. Il consiste en un espace clos, d'un peu plus de 50 hectares de superficie, entouré de murs de 9 mètres de haut, et d'une épaisseur considérable, que des tours surmontent, à des intervalles très rapprochés. Tout autour règne un chemin couvert, percé de meurtrières, avec un fossé profond, qui est quelquefois plein d'eau.

À l'intérieur, il y a de cinquante à cent boutiques, occupées principalement par des soldats qui s'adonnent au commerce, durant leur séjour dans le Seistan. On voit aussi, par-ci par-là, quelques petits champs cultivés, et partout des ânes. À l'angle nord-ouest, se trouve l'Ark, ou «réduit». Il a, autant que j'en puis juger, un profil semblable à celui du fort, mais le sujet étant sans importance, je ne fis aucune question, sûr que j'étais d'éveiller les soupçons, la plus médiocre tour en pisé étant aussi jalousement gardée que le Mont-Valérien.

LA PASSE DE BUZI.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

La garnison de Nasratabad consiste en deux régiments, armés des inutiles djezail, bien qu'il y ait à Birjand, si j'ai bien compris, un approvisionnement de fusils Wernld. Les canonniers viennent de Tabris, et sont plus considérés; ils profitent de cette considération pour faire de l'usure et prêtent à 500 pour 100 au minimum.

Mir-Masum Khan, le gouverneur, est un jeune homme de dix-neuf ans, auquel, à première vue, j'en donnai vingt-cinq, peut-être, en partie, parce qu'il portait des lunettes bleues. Nous allâmes le voir le lendemain de notre arrivée. Il est le fils d'Hichmat-oul-Moulk, lui-même fils aîné de l'ancien émir, et il était gouverneur du Seistan, depuis six ans, sous la direction d'un vizir. Il avait le teint blême et l'air assez mal portant. Je le trouvai assez ignorant et légèrement vaniteux, ayant été toute (p. 356) sa vie entouré de courtisans. À ce moment, il était en délicatesse avec Hichmat oul-Moulk, à cause de l'assassinat d'Abd-ou-Ouahab, son oncle, qui avait eu lieu peu auparavant; il avait été invité à quitter le Seistan, mais il s'y refusait. Il devait cependant se soumettre un peu plus tard.

LES GYPSIES DU SUD-EST PERSAN.

Après avoir passé quatre jours à Nasratabad, nous retournâmes à Varmal, où j'avais rendez-vous avec la mission Webb Ware. Deux jours après, elle nous quittait. Pour me distraire du sentiment de ma solitude, je résolus d'aller visiter le Kouh-i-Khoya.

Le Kouh-i-Khoya, seule montagne du Seistan, a joué un grand rôle dans la période héroïque de la Perse, dont ce pays fut le centre. C'est une montagne basse, au sommet plat, que l'on appellerait sûrement «la montagne de la Table», si les Persans avaient des tables. Généralement, la montagne est plus ou moins une île. Pour y arriver, nous dûmes naviguer dans des toutin, ou radeaux faits de roseaux, qui ressemblent à des moitiés de cigares et qui se tiennent assez bien en équilibre.

Le Kouh-i-Khoya, qui s'appelait aussi autrefois Kouh-i-Zor ou Kouh-i-Rustem, s'élève à 120 mètres au-dessus de la plaine, et n'est accessible que par le sud et le sud-est. Il est rond comme une pomme, avec un diamètre d'un kilomètre et demi environ, quoiqu'il ait généralement sur les cartes une forme oblongue, avec son grand axe du nord au sud. Nous abordâmes près des ruines de la ville de Kakkar, bâtie sur la falaise, et très fortifiée. Une muraille extérieure est flanquée de bastions et forme encore un ouvrage formidable. Une route était construite autrefois sur le devant de la falaise, au sommet de laquelle se trouve un autre ouvrage, appelé Kouk, véritable clef de la position. Ce fut le théâtre du premier exploit de Rustem, lorsque, n'étant qu'un jeune garçon, il s'empara du fort et tua le roi Kouk. Plus loin, une gorge mène au sommet, que commande un petit fort. La colline est principalement composée de basalte noir, et, par son absolue stérilité et son manque d'eau, elle rappelle un peu l'île d'Hormuz.

Toute la surface est creusée de fossés, restes de mines, citernes pour l'eau des pluies, ou bien est couverte de tombeaux formés, soit de blocs grossièrement assemblés, soit de dômes en pisé, soit de cairns avec piliers.

À l'extrémité nord, se trouve le sanctuaire de Khoya-Galtoun, un dôme de construction grossière, dans lequel le saint repose, sous une tombe formée de briques séchées au soleil, et de 6 mètres de long. À l'entrée, se trouvent deux poids en pierre. Quand quelqu'un adresse une demande au Khoya, il doit s'endormir sur les degrés de la porte; si sa prière est exaucée, il sera jeté à quelques mètres de distance par une force surnaturelle; sans cela, rien n'est fait. À l'équinoxe du printemps, des courses à pied ont lieu près du sanctuaire.

SUR LA LAGUNE DU HELMAND (page 354).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Du Kouh-i-Khoya, je me décidai à gagner Band-i-Seistan sur le Helmand. À Dolatabad, quartier général des Sarbandi, les environs avaient été inondés, et le village transformé en île. Tous les villages du Seistan sont bâtis sur des monticules de fumier, et en temps d'inondations, ils forment autant d'îlots. Imaginez une collection de huttes en pisé misérables, en forme de dômes, avec, devant la porte, un tas d'immondices et un âne, et vous saisirez le type d'un village du Seistan. On voit aussi des enclos à murs bas, avec des plants de vignes, des mûriers et des grenadiers, mais ces arbres sont encore tout jeunes, et le Seistan, à l'ouest du Helmand, est encore aussi dépourvu d'arbres que lorsqu'il fut visité par Conolly.

De Dolatabad, nous arrivâmes à Sehkouha, dont les cartes font encore la capitale du Seistan. Mais aujourd'hui sa population n'est pas même de vingt mille habitants, y compris cinquante soldats. Au delà de Sehkouha, nous eûmes à traverser le canal du Roud-Seistan, ce qui nous prit la plus grande partie de la journée. À Khodja-Amad, il avait 40 mètres de largeur, et, sur certains points, près de 2 mètres de profondeur.

(p. 357) Nous fîmes plus d'une visite au Helmand, l'Etymander de la géographie classique. C'est une belle rivière, paraissant aussi large que la Tamise devant la Tour de Londres, et, après plusieurs mois de voyage à travers les déserts, elle offrait une vue singulièrement réconfortante.

COUPLE BALOUTCHE.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Le barrage du Band-i-Seistan paraît très peu solide. Mais sa force est peut-être dans sa faiblesse, car on le répare facilement, tandis qu'un barrage en pierres, construit à cet endroit, pourrait déterminer un changement du cours de la rivière. À l'époque de la mission du Seistan, voici quelles étaient ses dimensions: longueur totale 220 mètres, plus grande largeur 33 mètres, hauteur 5 mètres et demi. Au moment de ma visite, sa largeur et sa hauteur avaient beaucoup diminué, et quoique les eaux fussent basses, elles filtraient au travers, ou passaient par-dessus. Le seul bois employé était celui du tamaris; des pieux, d'une faible épaisseur, étaient plantés dans le lit de la rivière, et de petites branches enroulées autour. Pour consolider la construction, on ajoute des fascines, grossièrement construites, qui sont détruites chaque année. Ainsi le Seistan est, par le fait, dépourvu d'eau, lorsque les flots provenant de la fonte des neiges des monts Berbers se sont écoulés, et il faut que des milliers de villageois se mettent à la réparation du barrage.

On dit que le Helmand renferme une excellente espèce de poisson; mais ceux que nous prîmes se trouvèrent être, pour la plupart, insipides. Les rives du Madar-Ab (Mère des eaux), ainsi qu'on appelle ce canal, sont couvertes d'une épaisse végétation de tamaris; c'est l'une des rares jungles que j'aie vues en Perse.

Nous allâmes chasser dans les environs la bécassine et le canard. La chasse ne fut point mauvaise, mais nous marchions constamment dans l'eau, et c'était un travail pénible. Tout ce pays, couvert maintenant de tamaris et de hauts roseaux, était cultivé, il n'y a que quelques années.

C'est là que se trouvent les ruines de Chahristan, de Zahidan et d'autres villes. Les plus intéressantes sont celles d'une tour, construite en briques cuites, et d'environ 20 mètres de hauteur. Une large brèche, sur la face sud, menace sa stabilité, et il est à craindre qu'elle ne s'écroule bientôt. Cette tour, sur laquelle on lit deux inscriptions koufiques, était évidemment un minaret appartenant à une mosquée aujourd'hui ruinée.

Après être revenu passer quelques jours au camp de Nasratabad, j'en repartis pour une nouvelle excursion, dans laquelle je me proposais de visiter la lagune. Autour du village de Hadimi, habite, sur ses rives, la tribu des Saiads, ou oiseleurs, qui m'intéressèrent, comme étant peut-être une population aborigène. C'est du moins ce qu'ils disent, et leur aspect semble pareillement l'indiquer. Près d'eux, mais s'en distinguant absolument, sont les Gaudars, ou gardeurs de vaches, dont les troupeaux paissent les jeunes roseaux dans la lagune. Les vaches du Seistan sont, d'ailleurs, renommées.

Les Saiads, d'après leur dire, sont les seuls véritables Seistanis, et cela est possible, car eux seuls peuvent avoir échappé en corps aux hordes mongoles, en prenant des provisions à bord de leurs radeaux, et en se cachant dans les herbes. La tribu compte environ quatre cents familles. Leur principal commerce est celui des plumes dont on rembourre les oreillers. Deux familles seulement ont pour métier la pêche.

Les oiseaux sont pris au moyen de filets, qu'on amarre à des pieux, et dans lesquels ils sont conduits par des avenues pratiquées dans les roseaux; parfois aussi ces filets sont étendus sur des pieux plantés dans l'eau libre.

Nous fîmes une excursion de chasse à bord d'un toutin. On nous mena dans une série de lagunes qui (p. 358) s'ouvrent les unes sur les autres. Nous tuâmes quelques canards et nous rencontrâmes un pécheur, qui s'en revenait avec plus de vingt poissons, récemment péchés. Quelques-uns pesaient de 3 à 4 livres et ressemblaient à des barbeaux.

Dans la soirée, nous vîmes des radeaux, poussés par de tout petits garçons, n'ayant pas 3 pieds de haut, et rapportant à la maison les roseaux nécessaires à la construction d'un autre bateau. L'oiseleur qui nous guidait se trouvait être très communicatif. Il me raconta, entre autres faits, que des passagers se rendaient à l'occasion par cette route à Lach Djouvaïn, en territoire afghan, et que la traversée du hamoun exigeait vingt-quatre heures.

À Gazbar, notre prochaine étape, le lac était tout à fait libre de roseaux, et sur les bancs de boue, on voyait de grands vols d'oies sauvages, sur lesquelles nous tirions avec nos carabines, d'une distance de 400 mètres. Chaque volée en abattait trois ou quatre.

Ayant appris que le canal appelé Roud-Perian grossissait, je me décidai à le traverser sans plus tarder; sans cela, j'aurais dû m'abstenir de visiter le district qui s'étend entre ce canal et le vieil Helmand, et qui est connu sous le nom de Mian-Kangi.

Nous traversâmes Djalalabad, jadis propriété de la tribu des Keians, mais aujourd'hui localité sans importance. Le nouveau cours de la rivière a épargné le village, mais détruit toute la zone cultivée. Nous visitâmes les ruines qui bordent le Roud-Nasrou. On trouve là des débris de maisons construites en briques cuites, qui appartiennent toutes à un type d'architecture plus élevé que les dômes de pisé ordinaires aujourd'hui. Il est indubitable que Timour et Chah-Rouk portèrent un coup durable à la civilisation persane, un coup qui a changé le cours de l'histoire.

Une pluie abondante, qui nous avait menacés deux ou trois jours, nous atteignit au moment où nous étions sur un sol argileux, à peu près imperméable, et transforma notre camp en lac. Pendant tout un jour, les chameaux furent empêchés d'avancer. Nous traversâmes quelques canaux peu profonds, puis le cours d'eau principal, qui a environ 400 mètres de largeur et 120 centimètres de profondeur.

Nous abordâmes dans un marais de tamaris. Mais nous découvrîmes bientôt que ce n'était qu'une île, au delà de laquelle coulait une autre branche de la rivière; elle n'avait qu'une soixantaine de mètres de largeur, mais elle était presque aussi profonde que la rivière principale.

VUE DE YEZD, PAR OÙ NOUS PASSÂMES POUR RENTRER À KIRMAN (page 360).—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Le pays de Mian-Kiangi (nom qui équivaut à celui de Mésopotamie) est une jungle épaisse de tamaris, de quelque 20 mètres de hauteur, qui s'étend entre le Roud-Perian et le Helmand; les villages s'y élèvent dans des clairières. Le Helmand est, à cet endroit, très peu profond; son lit était même presque à sec au moment où nous y passâmes. Il est certain que la rivière, avant d'atteindre d'un cours lent le hamoun, déposait ses alluvions le long de la masse des roseaux et des tamaris, qu'elles ont progressivement recouverts, et maintenant tout ce qui reste pour marquer la frontière est ce cours d'eau sec et insignifiant, connu aujourd'hui sous le nom de Roud-Achoukan. De l'autre côté, près de l'embouchure, se trouve une colline basse, le Tapa-i-Tilai, ou mont d'Or, du sommet duquel on n'apercevait pas un point d'eau; les yeux erraient à travers un sol desséché, couvert de racines de roseaux. Quelques nomades de la tribu des Bouzi, qui sont des Persans, habitent ce désert, qui s'étend jusqu'à Chakansour, et abreuvent leurs troupeaux à quelques sources; sans cela la tranquillité de la mort plane sur ce pays.

Les étapes suivantes devaient nous mener à Milak, point où le Roud-Perian se divise en deux branches. À 3 kilomètres au sud-sud-est de notre camp, nous rencontrâmes des ruines étendues, désignées sous le (p. 359) nom de Tackht-i-Poul ou «Plate-forme du pont». On nous montra trois petites arches en briques cuites, qui étaient, nous dit-on, les restes d'un pont jeté sur le Helmand, mais leurs petites dimensions suffisaient à montrer l'absurdité de cette supposition.

LA COLONNE DE NADIR S'ÉLÈVE COMME UN PHARE DANS LE DÉSERT.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

À Siadak, le chef du village était récemment revenu de Quetta, où il avait vu l'agent du gouverneur général. Son voyage lui avait été profitable, car il se proposait de faire un autre voyage, dès qu'il aurait assez de laine et de beurre clarifié, principal objet d'exportation du Seistan.

Près de Milak, on est en vue du Nad-i-Ali, colline remarquable, entourée de murs, de l'autre côté du vieux Helmand. Il s'y trouve une garnison d'une centaine de réguliers de Caboul. L'ancienne ville est située, dit-on, au sud. Deux autres collines, au sud, Sufidak et Surkhdak, sont actuellement sans occupants.

Le gouverneur du district, connu sous le titre d'Akhoundzada, réside à Kala-Kang, au sud de Chakansour. On nous dit que la place où peuvent se faire les plus belles découvertes de monnaies et de sceaux est Amiran, un peu au sud du Nad-i-Ali.

Empêchés de marcher par la masse épaisse des tamaris, nous eûmes à choisir pour route le Helmand, toujours très peu profond. Nous entendîmes plus d'un récit sur la tyrannie afghane, très dure, comparée à la domination persane. Du côté afghan, on ne cultive point de melons, car ils seraient tous saisis par une soldatesque rapace; même le thé et le sucre sont presque inconnus, et ne sont transportés par contrebande qu'en petites quantités. Dans ces conditions, le commerce est littéralement jugulé, et il n'y a pratiquement aucune communication avec Kandahar.

Les écrivains venus d'Europe ou des Indes sont, en général, et à mon humble avis, beaucoup trop sévères en jugeant de l'état de la Perse. Pour ne parler que du Seistan, avant que le Gouvernement persan en prît possession, la vie d'aucun voyageur n'était sûre, comme M. Ferrier en témoigne dans ses Caravan Journeys. Or, déjà à l'époque de la mission du Seistan, le changement était considérable: aucune tentative de spoliation ou de violence n'avait été faite du côté persan, et aujourd'hui, abstraction faite d'escarmouches de l'autre côté de la frontière, le district est aussi sûr que la plupart des pays d'Europe. Une immigration constante vient de l'Afghanistan, et ainsi s'accroît la superficie cultivée du pays, qui a quadruplé sous la domination du chah.

Nous eûmes ensuite à traverser, avec beaucoup de difficultés, le Roud-Perian, grossi par des pluies récentes et devenu un torrent écumeux de 300 mètres de largeur, dont peut-être 40 à 50 guéables; les chevaux et les mules pouvaient passer à la nage; quant à nos chameaux, débâtés et munis de six gourdes à la place de leurs charges, ils étaient littéralement toués par deux hommes, assis, l'un à la tête et l'autre à la queue.

Cela nous prit tout un jour d'accomplir ce passage, et nous revînmes à Nasratabad, en passant à travers les ruines de Zahidan, au milieu d'une tempête qui remuait fort désagréablement des colonnes de sable.

Le temps était devenu chaud, 35 degrés à l'ombre à midi, et nous commencions à subir la peste des mouches et des moustiques. Le 1er avril, nous rencontrâmes le premier serpent, ce héraut du printemps, et (p. 360) nous nous trouvâmes très heureux de quitter le Seistan pour la province plus élevée de Kain, par où nous devions revenir à Yezd et à Kirman.

Mes deux excursions m'avaient fait voir le Seistan tout entier, et je puis en parler avec quelque connaissance de cause. Il se divise, comme je l'ai montré, en deux parties, la région sans arbres et la jungle. Dans toutes les deux, le sol est semblable, et il paraît consister généralement en une argile légère. Dans quelques régions, on trouve des kilomètres carrés de collines de sable, qui pourraient, il est vrai, être cultivées. Autour de Nasratabad, la terre est salée et percée de trous innombrables. On trouve en particulier de nombreux étangs, peu profonds, qui doivent être d'excellents bouillons de culture pour les moustiques et les microbes. De fait, sans le vent de cent vingt jours que l'on appelle le Bad-i-Sad-u-Bist-Ruz, le Seistan serait à peine habitable. Ce vent providentiel souffle d'avril à juin sur le district; il est chaud et désagréable, mais il emporte l'atmosphère de malaria. Quand il tombe, la masse des habitants, qui me parut être une race maladive, souffre terriblement de la fièvre. Cependant si l'on prend les précautions nécessaires, le climat du Seistan, malgré les températures de 45 degrés sous la tente, en été, peut se comparer favorablement avec celui de diverses régions du Bengale, et ses brèves périodes de temps froid sont aussi hygiéniques qu'on peut le désirer.

Lord Curzon, dans son livre sur la Perse, traite complètement la question du Seistan, au point de vue politique. Je me borne à en parler au point de vue géographique. On a déjà remarqué que c'était une petite Égypte, un grenier pour les tribus avoisinantes. Ce caractère est encore accentué par la situation du pays, à mi-chemin entre le territoire russe et le golfe Persique, avec une population très clairsemée des deux côtés; c'est aussi le seul district cultivé entre Quetta et la province de Kirman. D'autre part, le Seistan cultivable, avec une population qui ne compte guère que 100 000 habitants, y compris environ 7 000 nomades, ne consiste, au fond, que dans le delta du Helmand. Je ne crois pas que les grandes quantités d'eau, qui se perdent actuellement, puissent être utilisées par une autre puissance que celle qui tient aujourd'hui le cours supérieur de cette rivière, et la zone de culture, dans des conditions aussi étroitement limitées, ne peut pas s'étendre beaucoup[5].

Adapté de l'anglais par H. Jacottet.

MOSQUÉE DE YEZD.—D'APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.

Droits de traduction et de reproduction réservés.

Droits de traduction et de reproduction réservés.

(p. i) TABLE DES GRAVURES ET CARTES

L'ÉTÉ AU KACHMIR
Par Mme F. MICHEL

En «rickshaw» sur la route du mont Abou. (D'après une photographie.) 1

L'éléphant du touriste à Djaïpour. 1

Petit sanctuaire latéral dans l'un des temples djaïns du mont Abou. (D'après une photographie.) 2

Pont de cordes sur le Djhilam, près de Garhi. (Dessin de Massias, d'après une photographie.) 3

Les «Karévas» ou plateaux alluviaux formés par les érosions du Djhilam. (D'après une photographie.) 4

«Ekkas» et «Tongas» sur la route du Kachmir: vue prise au relais de Rampour. (D'après une photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 5

Le vieux fort Sikh et les gorges du Djhilam à Ouri. (D'après une photographie.) 6

Shèr-Garhi ou la «Maison du Lion», palais du Maharadja à Srinagar. (Photographie Bourne et Sheperd, à Calcutta.) 7

L'entrée du Tchinar-Bagh, ou Bois des Platanes, au-dessus de Srinagar; au premier plan une «dounga», au fond le sommet du Takht-i-Souleiman. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 7

Ruines du temple de Brankoutri. (D'après une photographie.) 8

Types de Pandis ou Brahmanes Kachmirs. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 9

Le quai de la Résidence; au fond, le sommet du Takht-i-Souleiman. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 10

La porte du Kachmir et la sortie du Djhilam à Baramoula. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 11

Nos tentes à Lahore. (D'après une photographie.) 12

«Dounga» ou bateau de passagers au Kachmir. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 13

Vichnou porté par Garouda, idole vénérée près du temple de Vidja-Broer (hauteur 1m 40.) 13

Enfants de bateliers jouant à cache-cache dans le creux d'un vieux platane. (D'après une photographie.) 14

Batelières du Kachmir décortiquant du riz, près d'une rangée de peupliers. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 15

Campement près de Palhallan: tentes et doungas. (D'après une photographie.) 16

Troisième pont de Srinagar et mosquée de Shah Hamadan; au fond, le fort de Hari-Paryat. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 17

Le temple inondé de Pandrethan. (D'après une photographie.) 18

Femme musulmane du Kachmir. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 19

Pandit Narayan assis sur le seuil du temple de Narasthan. (D'après une photographie.) 20

Pont et bourg de Vidjabroer. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 21

Ziarat de Cheik Nasr-oud-Din, à Vidjabroer. (D'après une photographie.) 22

Le temple de Panyech: à gauche, un brahmane; à droite, un musulman. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 23

Temple hindou moderne à Vidjabroer. (D'après une photographie.) 24

Brahmanes en visite au Naga ou source sacrée de Valtongou. (D'après une photographie.) 25

Gargouille ancienne, de style hindou, dans le mur d'une mosquée, à Houtamourou, près de Bhavan. 25

Temple ruiné, à Khotair. (D'après une photographie.) 26

Naga ou source sacrée de Kothair. (D'après une photographie.) 27

Ver-Nag: le bungalow au-dessus de la source. (D'après une photographie.) 28

Temple rustique de Voutanar. (D'après une photographie.) 29

Autel du temple de Voutanar et accessoires du culte. (D'après une photographie.) 30

Noce musulmane, à Rozlou: les musiciens et le fiancé. (D'après une photographie.) 31

Sacrifice bhramanique, à Bhavan. (D'après une photographie.) 31

Intérieur de temple de Martand: le repos des coolies employés au déblaiement. (D'après une photographie.) 32

Ruines de Martand: façade postérieure et vue latérale du temple. (D'après des photographies.) 33

Place du campement sous les platanes, à Bhavan. (D'après une photographie.) 34

La Ziarat de Zaïn-oud-Din, à Eichmakam. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 35

Naga ou source sacrée de Brar, entre Bhavan et Eichmakar. (D'après une photographie.) 36

Maisons de bois, à Palgam. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 37

Palanquin et porteurs. 37

Ganech-Bal sur le Lidar: le village hindou et la roche miraculeuse. (D'après une photographie.) 38

Le massif du Kolahoi et la bifurcation de la vallée du Lidar au-dessus de Palgam, vue prise de Ganeth-Bal. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 39

Vallée d'Amarnath: vue prise de la grotte. (D'après une photographie.) 40

Pondjtarni et le camp des pèlerins: au fond, la passe du Mahagounas. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 41

Cascade sortant de dessous un pont de neige entre Tannin et Zodji-Pal. (D'après une photographie.) 42

Le Koh-i-Nour et les glaciers au-dessus du lac Çecra-Nag. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 43

Grotte d'Amarnath. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 43

Astan-Marg: la prairie et les bouleaux. (D'après une photographie.) 44

Campement de Goudjars à Astan-Marg. (D'après une photographie.) 45

Le bain des pèlerins à Amarnath. (D'après une photographie.) 46

Pèlerins d'Amarnath: le Sadhou de Patiala; par derrière, des brahmanes, et à droite, des musulmans du Kachmir. (D'après une photographie.) 47

Mosquée de village au Kachmir. (D'après une photographie.) 48

Brodeurs Kachmiris sur toile. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.) 49

Mendiant musulman. (D'après une photographie.) 49

Le Brahma Sar et le camp des pèlerins au pied de l'Haramouk. (D'après une photographie.) 50

Lac Gangabal au pied du massif de l'Haramouk. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 51

(p. ii) Le Noun-Kol, au pied de l'Haramouk, et le bain des pèlerins. (D'après une photographie.) 52

Femmes musulmanes du Kachmir avec leurs «houkas» (pipes) et leur «hangri» (chaufferette). (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 53

Temples ruinés à Vangath. (D'après une photographie.) 54

«Mêla» ou foire religieuse à Hazarat-Bal. (En haut, photographie par l'auteur; en bas, photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 55

La villa de Cheik Safai-Bagh, au sud du lac de Srinagar. (D'après une photographie.) 56

Nishat-Bagh et le bord oriental du lac de Srinagar. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 57

Le canal de Mar à Sridagar. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 58

La mosquée de Shah Hamadan à Srinagar (rive droite). (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.) 59

Spécimens de l'art du Kachmir. (D'après une photographie.) 60

SOUVENIRS DE LA COTE D'IVOIRE
Par le docteur LAMY
Médecin-major des troupes coloniales.

La barre de Grand-Bassam nécessite un grand déploiement de force pour la mise à l'eau d'une pirogue. (D'après une photographie.) 61

Le féminisme à Adokoï: un médecin concurrent de l'auteur. (D'après une photographie.) 61

«Travail et Maternité» ou «Comment vivent les femmes de Petit-Alépé». (D'après une photographie.) 62

À Motéso: soins maternels. (D'après une photographie.) 63

Installation de notre campement dans une clairière débroussaillée. (D'après une photographie.) 64

Environs de Grand-Alépé: des hangars dans une palmeraie, et une douzaine de grands mortiers destinés à la préparation de l'huile de palme. (D'après une photographie.) 65

Dans le sentier étroit, montant, il faut marcher en file indienne. (D'après une photographie.) 66

Nous utilisons le fût renversé d'un arbre pour traverser la Mé. (D'après une photographie.) 67

La popote dans un admirable champ de bananiers. (D'après une photographie.) 68

Indigènes coupant un acajou. (D'après une photographie.) 69

La côte d'Ivoire. — Le pays Attié. 70

Ce fut un sauve-qui-peut général quand je braquai sur les indigènes mon appareil photographique. (Dessin de J. Lavée, d'après une photographie.) 71

La rue principale de Grand-Alépé. (D'après une photographie.) 72

Les Trois Graces de Mopé (pays Attié). (D'après une photographie.) 73

Femme du pays Attié portant son enfant en groupe. (D'après une photographie.) 73

Une clairière près de Mopé. (D'après une photographie.) 74

La garnison de Mopé se porte à notre rencontre. (D'après une photographie.) 75

Femme de Mopé fabriquant son savon à base d'huile de palme et de cendres de peaux de bananes. (D'après une photographie.) 76

Danse exécutée aux funérailles du prince héritier de Mopé. (D'après une photographie.) 77

Toilette et embaumement du défunt. (D'après une photographie.) 78

Jeune femme et jeune fille de Mopé. (D'après une photographie.) 79

Route, dans la forêt tropicale, de Malamalasso à Daboissué. (D'après une photographie.) 80

Benié Coamé, roi de Bettié et autres lieux, entouré de ses femmes et de ses hauts dignitaires. (D'après une photographie.) 81

Chute du Mala-Mala, affluent du Comoé, à Malamalasso. (D'après une photographie.) 82

La vallée du Comoé à Malamalasso. (D'après une photographie.) 83

Tam-tam de guerre à Mopé. (D'après une photographie.) 84

Piroguiers de la côte d'Ivoire pagayant. (D'après une photographie.) 85

Allou, le boy du docteur Lamy. (D'après une photographie.) 85

La forêt tropicale à la côte d'Ivoire. (D'après une photographie.) 86

Le débitage des arbres. (D'après une photographie.) 87

Les lianes sur la rive du Comoé. (D'après une photographie.) 88

Les occupations les plus fréquentes au village: discussions et farniente Attié. (D'après une photographie.) 89

Un incendie à Grand-Bassam. (D'après une photographie.) 90

La danse indigène est caractérisée par des poses et des gestes qui rappellent une pantomime. (D'après une photographie.) 91

Une inondation à Grand-Bassam. (D'après une photographie.) 92

Un campement sanitaire à Abidjean. (D'après une photographie.) 93

Une rue de Jackville, sur le golfe de Guinée. (D'après une photographie.) 94

Grand-Bassam: cases détruites après une épidémie de fièvre jaune. (D'après une photographie.) 95

Grand-Bassam: le boulevard Treich-Laplène. (D'après une photographie.) 96

L'ÎLE D'ELBE
Par M. PAUL GRUYER

L'île d'Elbe se découpe sur l'horizon, abrupte, montagneuse et violâtre. 97

Une jeune fille elboise, au regard énergique, à la peau d'une blancheur de lait et aux beaux cheveux noirs. 97

Les rues de Porto-Ferraio sont toutes un escalier (page 100). 98

Porto-Ferraio: à l'entrée du port, une vieille tour génoise, trapue, bizarre de forme, se mire dans les flots. 99

Porto-Ferraio: la porte de terre, par laquelle sortait Napoléon pour se rendre à sa maison de campagne de San Martino. 100

Porto-Ferraio: la porte de mer, où aborda Napoléon. 101

La «teste» de Napoléon (page 100). 102

Porto-Ferraio s'échelonne avec ses toits plats et ses façades scintillantes de clarté (page 99). 103

Porto-Ferraio: les remparts découpent sur le ciel d'un bleu sombre leur profil anguleux (page 99). 103

La façade extérieure du «Palais» des Mulini où habitait Napoléon à Porto-Ferraio (page 101). 104

Le jardin impérial et la terrasse de la maison des Mulini (page 102). 105

La Via Napoleone, qui monte au «Palais» des Mulini. 106

La salle du conseil à Porto-Ferraio, avec le portrait de la dernière grande-duchesse de Toscane et celui de Napoléon, d'après le tableau de Gérard. 107

La grande salle des Mulini aujourd'hui abandonnée, avec ses volets clos et les peintures décoratives qu'y fit faire l'empereur (page 101). 107

Une paysanne elboise avec son vaste chapeau qui la protège du soleil. 108

Les mille mètres du Monte Capanna et de son voisin, le Monte Giove, dévalent dans les flots de toute leur hauteur. 109

Un enfant elbois. 109

Marciana Alta et ses ruelles étroites. 110

Marciana Marina avec ses maisons rangées autour du rivage et ses embarcations tirées sur la grève. 111

Les châtaigniers dans le brouillard, sur le faite du Monte Giove. 112

... Et voici au-dessus de moi Marciana Alta surgir des nuées (page 111). 113

La «Seda di Napoleone» sur le Monte Giove où l'empereur s'asseyait pour découvrir la Corse. 114

La blanche chapelle de Monserrat au centre d'un amphithéâtre de rochers est entourée de sveltes cyprès (page 117). 115

Voici Rio Montagne dont les maisons régulières et cubiques ont l'air de dominos empilés... (page 118). 115

(p. iii) J'aperçois Poggio, un autre village perdu aussi dans les nuées. 116

Une des trois chambres de l'ermitage. 117

L'ermitage du Marciana où l'empereur reçut la visite de la comtesse Walewska, le 3 Septembre 1814. 117

Le petit port de Porto-Longone dominé par la vieille citadelle espagnole (page 117). 118

La maison de Madame Mère à Marciana Alta. — «Bastia, signor!» — La chapelle de la Madone sur le Monte Giove. 119

Le coucher du soleil sur le Monte Giove. 120

Porto-Ferraio et son golfe vus des jardins de San Martino. 121

L'arrivée de Napoléon à l'île d'Elbe. (D'après une caricature du temps.) 121

Le drapeau de Napoléon roi de l'île d'Elbe: fond blanc, bande orangé-rouge et trois abeilles jadis dorées. 122

La salle de bains de San Martino a conservé sa baignoire de pierre. 123

La chambre de Napoléon à San Martino. 123

La cour de Napoléon à l'île d'Elbe. (D'après une caricature du temps.) 124

Une femme du village de Marciana Alta. 125

Le plafond de San Martino et les deux colombes symboliques représentant Napoléon et Marie-Louise. 126

San Martino rappelle par son aspect une de ces maisonnettes à la Jean-Jacques Rousseau, agrestes et paisibles (page 123). 126

Rideau du théâtre de Porto-Ferraio représentant Napoléon sous la figure d'Apollon gardant ses troupeaux chez Admète. 127

La salle égyptienne de San Martino est demeurée intacte avec ses peintures murales et son bassin à sec. 127

Broderies de soie du couvre-lit et du baldaquin du lit de Napoléon aux Mulini, dont on a fait le trône épiscopal de l'évêque d'Ajaccio. 128

La signorina Squarci dans la robe de satin blanc que son aïeule portait à la cour des Mulini. 129

Éventail de Pauline Borghèse, en ivoire sculpté, envoyé en souvenir d'elle à la signora Traditi, femme du maire de Porto-Ferraio. 130

Le lit de Madame Mère, qu'elle s'était fait envoyer de Paris à l'île d'Elbe. 130

Le vieil aveugle Soldani, fils d'un soldat de Waterloo, chauffait, à un petit brasero de terre jaune, ses mains osseuses. 131

L'entrée du goulet de Porto-Ferraio par où sortit la flottille impériale, le 26 février 1815. 132

D'ALEXANDRETTE AU COUDE DE L'EUPHRATE
Par M. VICTOR CHAPOT
membre de l'École française d'Athènes.

Dans une sorte de cirque se dressent les pans de muraille du Ksar-el-Benat (page 142). (D'après une photographie.) 133

Le canal de Séleucie est, par endroits, un tunnel (page 140). 133

Vers le coude de l'Euphrate: la pensée de relever les traces de vie antique a dicté l'itinéraire. 134

L'Antioche moderne: de l'ancienne Antioche il ne reste que l'enceinte, aux flancs du Silpios (page 137). 135

Les rues d'Antioche sont étroites et tortueuses; parfois, au milieu, se creuse en fossé. (D'après une photographie.) 136

Le tout-Antioche inonde les promenades. (D'après une photographie.) 137

Les crêtes des collines sont couronnées de chapelles ruinées (page 142). 138

Alep est une ville militaire. (D'après une photographie.) 139

La citadelle d'Alep se détache des quartiers qui l'avoisinent (page 143). (D'après une photographie.) 139

Les parois du canal de Séleucie s'élèvent jusqu'à 40 mètres. (D'après une photographie.) 140

Les tombeaux de Séleucie s'étageaient sur le Kasios. (D'après une photographie.) 141

À Alep une seule mosquée peut presque passer pour une œuvre d'art. (D'après une photographie.) 142

Tout alentour d'Alep la campagne est déserte. (D'après une photographie.) 143

Le Kasr-el-Benat, ancien couvent fortifié. 144

Balkis éveille, de loin et de haut, l'idée d'une taupinière (page 147). (D'après une photographie.) 145

Stèle Hittite. L'artiste n'a exécuté qu'un premier ravalement (page 148). 145

Église arménienne de Nisib; le plan en est masqué au dehors. (D'après une photographie.) 146

Tell-Erfat est peuplé d'Yazides; on le reconnaît à la forme des habitations. (D'après une photographie.) 147

La rive droite de l'Euphrate était couverte de stations romaines et byzantines. (D'après une photographie.) 148

Biredjik vu de la citadelle: la plaine s'allonge indéfiniment (page 148). (D'après une photographie.) 149

Sérésat: village mixte d'Yazides et de Bédouins (page 146). (D'après une photographie.) 150

Les Tcherkesses diffèrent des autres musulmans; sur leur personne, pas de haillons (page 152). (D'après une photographie.) 151

Ras-el-Aïn. Deux jours se passent, mélancoliques, en négociations (page 155). (D'après une photographie.) 152

J'ai laissé ma tente hors les murs devant Orfa. (D'après une photographie.) 153

Environs d'Orfa: les vignes, basses, courent sur le sol. (D'après une photographie.) 154

Vue générale d'Orfa. (D'après une photographie.) 155

Porte arabe à Rakka (page 152). (D'après une photographie.) 156

Passage de l'Euphrate: les chevaux apeurés sont portés dans le bac à force de bras (page 159). (D'après une photographie.) 157

Bédouin. (D'après une photographie.) 157

Citadelle d'Orfa: deux puissantes colonnes sont restées debout. (D'après une photographie.) 158

Orfa: mosquée Ibrahim-Djami; les promeneurs flânent dans la cour et devant la piscine (page 157). (D'après une photographie.) 159

Pont byzantin et arabe (page 159). (D'après une photographie.) 160

Mausolée d'Alif, orné d'une frise de têtes sculptées (page 160). (D'après une photographie.) 161

Mausolée de Théodoret, selon la légende, près de Cyrrhus. (D'après une photographie.) 162

Kara-Moughara: au sommet se voit une grotte taillée (page 165). (D'après une photographie.) 163

L'Euphrate en amont de Roum-Kaleh; sur la falaise campait un petit corps de légionnaires romains (page 160). (D'après une photographie.) 163

Trappe de Checkhlé: un grand édifice en pierres a remplacé les premières habitations (page 166). 164

Trappe de Checkhlé: la chapelle (page 166). (D'après une photographie.) 165

Père Maronite (page 168). (D'après une photographie.) 166

Acbès est situé au fond d'un grand cirque montagneux (page 166). (D'après une photographie.) 167

Trappe de Checkhlé: premières habitations des trappistes (page 166). (D'après une photographie.) 168

LA FRANCE AUX NOUVELLES-HÉBRIDES
Par M. RAYMOND BEL

Indigènes hébridais de l'île de Spiritu-Santo. (D'après une photographie.) 169

Le petit personnel d'un colon de Malli-Colo. (D'après une photographie.) 169

Le quai de Franceville ou Port-Vila, dans l'île Vaté. (D'après une photographie.) 170

Une case de l'île de Spiritu-Santo et ses habitants. (D'après une photographie.) 171

Le port de Franceville ou Port-Vila, dans l'île Vaté, présente une rade magnifique. (D'après une photographie.) 172

(p. iv) C'est à Port-Vila ou Franceville, dans l'île Vaté, que la France a un résident. (D'après une photographie.) 173

Dieux indigènes ou Tabous. (D'après une photographie.) 174

Les indigènes hébridais de l'île Mallicolo ont un costume et une physionomie moins sauvages que ceux de l'île Pentecôte. (D'après des photographies.) 175

Pirogues de l'île Vao. (D'après une photographie.) 176

Indigènes employés au service d'un bateau. (D'après une photographie.) 177

Un sous-bois dans l'île de Spiritu-Santo. (D'après une photographie.) 178

Un banquet de Français à Port-Vila (Franceville). (D'après une photographie.) 179

La colonie française de Port-Vila (Franceville). (D'après une photographie.) 179

La rivière de Luganville. (D'après une photographie.) 180

LA RUSSIE, RACE COLONISATRICE
Par M. ALBERT THOMAS

Les enfants russes, aux grosses joues pales, devant l'isba (page 182). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 181

La reine des cloches «Tsar Kolokol» (page 190). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 181

Les chariots de transport que l'on rencontre en longues files dans les rues de Moscou (page 183). 182

Les paysannes en pèlerinage arrivées enfin à Moscou, la cité sainte (page 182). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 183

Une chapelle où les passants entrent adorer les icônes (page 183). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 184

La porte du Sauveur que nul ne peut franchir sans se découvrir (page 185). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 185

Une porte du Kreml (page 185). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 186

Les moines du couvent de Saint-Serge, un des couvents qui entourent la cité sainte (page 185). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 187

Deux villes dans le Kreml: celle du xve siècle, celle d'Ivan, et la ville moderne, que symbolise ici le petit palais (page 190). 188

Le mur d'enceinte du Kreml, avec ses créneaux, ses tours aux toits aigus (page 183). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 189

Tout près de l'Assomption, les deux églises-sœurs se dressent: les Saints-Archanges et l'Annonciation (page 186). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 189

À l'extrémité de la place Rouge, Saint-Basile dresse le fouillis de ses clochers (page 184). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 190

Du haut de l'Ivan Véliki, la ville immense se découvre (page 190). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 191

Un des isvotchiks qui nous mènent grand train à travers les rues de Moscou (page 182). 192

Il fait bon errer parmi la foule pittoresque des marchés moscovites, entre les petits marchands, artisans ou paysans qui apportent là leurs produits (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 193

L'isvotchik a revêtu son long manteau bleu (page 194). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 193

Itinéraire de Moscou à Tomsk. 194

À côté d'une épicerie, une des petites boutiques où l'on vend le kvass, le cidre russe (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 195

Et des Tatars offraient des étoffes étalées sur leurs bras (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 196

Patients, résignés, les cochers attendent sous le soleil de midi (page 194). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 197

Une cour du quartier ouvrier, avec l'icône protectrice (page 196). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 198

Sur le flanc de la colline de Nijni, au pied de la route qui relie la vieille ville à la nouvelle, la citadelle au marché (page 204). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 199

Le marché étincelait dans son fouillis (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 200

Déjà la grande industrie pénètre: on rencontre à Moscou des ouvriers modernes (page 195). (D'après une photographie.) 201

Sur l'Oka, un large pont de bois barrait les eaux (page 204). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 202

Dans le quartier ouvrier, les familles s'entassent, à tous les étages, autour de grandes cours (page 196). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 203

Le char funèbre était blanc et doré (page 194). (D'après une photographie.) 204

À Nijni, toutes les races se rencontrent, Grands-Russiens, Tatars, Tcherkesses (page 208). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 205

Une femme tatare de Kazan dans l'enveloppement de son grand châle (page 214). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 205

Nous avons traversé le grand pont qui mène à la foire (page 205). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 206

Au dehors, la vie de chaque jour s'étalait, pêle-mêle, à l'orientale (page 207). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 207

Les galeries couvertes, devant les boutiques de Nijni (page 206). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 208

Dans les rues, les petits marchands étaient innombrables (page 207). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 209

Dans une rue, c'étaient des coffres de toutes dimensions, peints de couleurs vives (page 206). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 210

Près de l'asile, nous sommes allés au marché aux cloches (page 208). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 211

Plus loin, sous un abri, des balances gigantesques étaient pendues (page 206). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 211

Dans une autre rue, les charrons avaient accumulé leurs roues (page 206). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 212

Paysannes russes, de celles qu'on rencontre aux petits marchés des débarcadères ou des stations (page 215). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 213

Le Kreml de Kazan. C'est là que sont les églises et les administrations (page 214). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 214

Sur la berge, des tarantass étaient rangées (page 216). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 215

Partout sur la Volga d'immenses paquebots et des remorqueurs (page 213). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 216

À presque toutes les gares il se forme spontanément un petit marché (page 222). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 217

Dans la plaine (page 221). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 217

Un petit fumoir, vitré de tous côtés, termine le train (page 218). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 218

Les émigrants étaient là, pêle-mêle, parmi leurs misérables bagages (page 226). (D'après une photographie de M. J. Cahen.) 219

Les petits garçons du wagon-restaurant s'approvisionnent (page 218). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 220

Émigrants prenant leur maigre repas pendant l'arrêt de leur train (page 228). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine) 221

L'ameublement du wagon-restaurant était simple, avec un bel air d'aisance (page 218). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine) 222

Les gendarmes qui assurent la police des gares du Transsibérien. (Photographie de M. Thiébeaux.) 223

L'église, près de la gare de Tchéliabinsk, ne diffère des isbas neuves que par son clocheton (page 225). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 224

Un train de constructeurs était remisé là, avec son wagon-chapelle (page 225). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine.) 225

Vue De Stretensk: la gare est sur la rive gauche, la ville sur la rive droite. (Photographie de M. A. N. de Koulomzine.) 226

(p. v) Un point d'émigration (page 228). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine.) 227

Enfants d'émigrants (page 228). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 228

Un petit marché dans une gare du Transsibérien. (Photographie de M. Legras.) 229

La cloche luisait, immobile, sous un petit toit isolé (page 230). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 229

Nous sommes passés près d'une église à clochetons verts (page 230). (Photographie de M. Thiébeaux.) 230

Tomsk a groupé dans la vallée ses maisons grises et ses toits verts (page 230). (Photographie de M. Brocherel.) 231

Après la débâcle de la Tome, près de Tomsk (page 230). (D'après une photographie de M. Legras.) 232

Le chef de police demande quelques explications sur les passeports (page 232). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 233

La cathédrale de la Trinité à Tomsk (page 238). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 234

Tomsk: en revenant de l'église (page 234). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 235

Tomsk n'était encore qu'un campement, sur la route de l'émigration (page 231). (D'après une photographie.) 236

Une rue de Tomsk, définie seulement par les maisons qui la bordent (page 231). (Photographie de M. Brocherel.) 237

Les cliniques de l'Université de Tomsk (page 238). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 238

Les longs bâtiments blancs où s'abrite l'Université (page 237). (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».) 239

La voiture de l'icône stationnait parfois (page 230). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 240

Flâneurs à la gare de Petropavlosk (page 242). (D'après une photographie de M. Legras.) 241

Dans les vallées de l'Oural, habitent encore des Bachkirs (page 245). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 241

Un taillis de bouleaux entourait une petite mare. (D'après une photographie.) 242

Les rivières roulaient une eau claire (page 244). (D'après une photographie.) 243

La ligne suit la vallée des rivières (page 243). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 244

Comme toute l'activité commerciale semble frêle en face des eaux puissantes de la Volga! (page 248.) (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 245

Bachkirs sculpteurs. (D'après une photographie de M. Paul Labbé.) 246

À la gare de Tchéliabinsk, toujours des émigrants (page 242). (D'après une photographie de M. J. Legras.) 247

Une bonne d'enfants, avec son costume traditionnel (page 251). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 248

Joie naïve de vivre, et mélancolie. — un petit marché du sud (page 250). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 249

Un russe dans son vêtement d'hiver (page 249). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 250

Dans tous les villages russes, une activité humble, pauvre de moyens. — Marchands de poteries (page 248). (D'après une photographie de M. G. Cahen.) 251

Là, au passage, un Kirghize sur son petit cheval (page 242). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.) 252

LUGANO, LA VILLE DES FRESQUES
Par M. GERSPACH

Lugano: les quais offrent aux touristes une merveilleuse promenade. (Photographie Alinari.) 253

Porte de la cathédrale Saint-Laurent de Lugano (page 256). (Photographie Alinari.) 253

Le lac de Lugano dont les deux bras enserrent le promontoire de San Salvatore. (D'après une photographie.) 254

La ville de Lugano descend en amphithéâtre jusqu'aux rives de son lac. (Photographie Alinari.) 255

Lugano: faubourg de Castagnola. (D'après une photographie.) 256

La cathédrale de Saint-Laurent: sa façade est décorée de figures de prophètes et de médaillons d'apôtres (page 256). (Photographie Alinari.) 257

Saint-Roch: détail de la fresque de Luini à Sainte-Marie-des-Anges (Photographie Alinari.) 258

La passion: fresque de Luini à l'église Sainte-Marie-des-Anges (page 260). (Photographie Alinari) 259

Saint Sébastien: détail de la grande fresque de Luini à Sainte-Marie-des-Anges. (Photographie Alinari.) 260

La madone, l'enfant Jésus et Saint Jean, par Luini, église Sainte-Marie-des-Anges (page 260). (Photographie Alinari.) 261

La Scène: fresque de Luini à l'église Sainte-Marie-des-Anges (page 260). 262

Lugano: le quai et le faubourg Paradiso. (Photographie Alinari.) 263

lac de Lugano: viaduc du chemin de fer du Saint-Gothard. (D'après une photographie.) 264

SHANGHAÏ, LA MÉTROPOLE CHINOISE
Par M. ÉMILE DESCHAMPS

Les quais sont animés par la population grouillante des Chinois (page 266). (D'après une photographie.) 265

Acteurs du théâtre chinois. (D'après une photographie.) 265

Plan de Shanghaï. 266

Shanghaï est sillonnée de canaux qui, à marée basse, montrent une boue noire et mal odorante. (Photographie de Mlle Hélène de Harven.) 267

Panorama de Shanghaï. (D'après une photographie.) 268

Dans la ville chinoise, les «camelots» sont nombreux, qui débitent en plein vent des marchandises ou des légendes extraordinaires. (D'après une photographie.) 269

Le poste de l'Ouest, un des quatre postes où s'abrite la milice de la Concession française (page 272). (D'après une photographie.) 270

La population ordinaire qui grouille dans les rues de la ville chinoise de Shanghaï (page 268). 271

Les coolies conducteurs de brouettes attendent nonchalamment l'arrivée du client (page 266). (Photographies de Mlle H. de Harven.) 271

Une maison de thé dans la cité chinoise. (D'après une photographie.) 272

Les brouettes, qui transportent marchandises ou indigènes, ne peuvent circuler que dans les larges avenues des concessions (page 270). (D'après une photographie.) 273

La prison de Shanghaï se présente sous l'aspect d'une grande cage, à forts barreaux de fer. (D'après une photographie.) 274

Le parvis des temples dans la cité est toujours un lieu de réunion très fréquenté. (D'après une photographie.) 275

Les murs de la cité chinoise, du côté de la Concession française. (D'après une photographie.) 276

La navigation des sampans sur le Ouang-Pô. (D'après une photographie.) 277

Aiguille de la pagode de Long-Hoa. (D'après une photographie.) 277

Rickshaws et brouettes sillonnent les ponts du Yang King-Pang. (D'après une photographie.) 278

Dans Broadway, les boutiques alternent avec des magasins de belle apparence (page 282). 279

Les jeunes Chinois flânent au soleil dans leur Cité. (Photographies de Mlle H. de Harven.) 279

Sur les quais du Yang-King-Pang s'élèvent des bâtiments, banques ou clubs, qui n'ont rien de chinois. (D'après une photographie.) 280

Le quai de la Concession française présente, à toute heure du jour, la plus grande animation. (D'après une photographie.) 281

Hong-Hoa: pavillon qui surmonte l'entrée de la pagode. (D'après une photographie.) 282

«L'omnibus du pauvre» (wheel-barrow ou brouette) fait du deux à l'heure et coûte quelques centimes seulement. (D'après une photographie.) 283

Une station de brouettes sur le Yang-King-Pang. (D'après une photographie.) 284

Les barques s'entre-croisent et se choquent devant le quai chinois de Tou-Ka-Dou. (D'après une photographie.) 285

(p. vi) Chinoises de Shanghaï. (D'après une photographie.) 286

Village chinois aux environs de Shanghaï. (D'après une photographie.) 287

Le charnier des enfants trouvés (page 280). (D'après une photographie.) 288

L'ÉDUCATION DES NÈGRES AUX ÉTATS-UNIS
Par M. BARGY

L'école maternelle de Hampton accueille et occupe les négrillons des deux sexes. (D'après une photographie.) 289

Institut Hampton: cours de travail manuel. (D'après une photographie.) 289

Booker T. Washington, le leader de l'éducation des nègres aux États-Unis, fondateur de l'école de Tuskegee, en costume universitaire. (D'après une photographie.) 290

Institut Hampton: le cours de maçonnerie. (D'après une photographie.) 291

Institut Hampton: le cours de laiterie. (D'après une photographie.) 292

Institut Hampton: le cours d'électricité. (D'après une photographie.) 293

Institut Hampton: le cours de menuiserie. (D'après une photographie.) 294

Le salut au drapeau exécuté par les négrillons de l'Institut Hampton. (D'après une photographie.) 295

Institut Hampton: le cours de chimie. (D'après une photographie.) 296

Le basket ball dans les jardins de l'Institut Hampton. (D'après une photographie.) 297

Institut Hampton: le cours de cosmographie. (D'après une photographie.) 298

Institut Hampton: le cours de botanique. (D'après une photographie.) 299

Institut Hampton: le cours de mécanique. (D'après une photographie.) 300

À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE
Par le Major PERCY MOLESWORTH SYKES
Consul général de S. M. Britannique au Khorassan.

Une foule curieuse nous attendait sur les places de Mechhed. (D'après une photographie.) 301

Un poney persan et sa charge ordinaire. (D'après une photographie.) 301

Le plateau de l'Iran. Carte pour suivre le voyage de l'auteur, d'Astrabad à Kirman. 302

Les femmes persanes s'enveloppent la tête et le corps d'amples étoffes. (D'après une photographie.) 303

Paysage du Khorassan: un sol rocailleux et ravagé, une rivière presque à sec; au fond, des constructions à l'aspect de fortins. (D'après une photographie.) 304

Le sanctuaire de Mechhed est parmi les plus riches et les plus visités de l'Asie. (D'après une photographie.) 305

La cour principale du sanctuaire de Mechhed. (D'après une photographie.) 306

Enfants nomades de la Perse orientale. (D'après une photographie.) 307

Jeunes filles kurdes des bords de la mer Caspienne. (D'après une photographie.) 308

Les préparatifs d'un campement dans le désert de Lout. (D'après une photographie.) 309

Le désert de Lout n'est surpassé, en aridité, par aucun autre de l'Asie. (D'après une photographie.) 310

Avant d'arriver à Kirman, nous avions à traverser la chaîne de Kouhpaia. (D'après une photographie.) 311

Rien n'égale la désolation du désert de Lout. (D'après une photographie.) 312

La communauté Zoroastrienne de Kirman vint, en chemin, nous souhaiter la bienvenue. (D'après une photographie.) 313

Un marchand de Kirman. (D'après une photographie.) 313

Le «Dôme de Djabalia», ruine des environs de Kirman, ancien sanctuaire ou ancien tombeau. (D'après une photographie.) 314

À Kirman: le jardin qui est loué par le Consulat, se trouve à un mille au delà des remparts. (D'après une photographie.) 315

Une avenue dans la partie ouest de Kirman. (D'après une photographie.) 316

Les gardes indigènes du Consulat anglais de Kirman. (D'après une photographie.) 317

La plus ancienne mosquée de Kirman est celle dite Masdjid-i-Malik. (D'après une photographie.) 318

Membres des cheikhis, secte qui en compte 7 000 dans la province de Kirman. (D'après une photographie.) 319

La Masdjid Djami, construite en 1349, une des quatre-vingt-dix mosquées de Kirman. (D'après une photographie.) 320

Dans la partie ouest de Kirman se trouve le Bagh-i-Zirisf, terrain de plaisance occupé par des jardins. (D'après une photographie.) 321

Les environs de Kirman comptent quelques maisons de thé. (D'après une photographie.) 322

Une «tour de la mort», où les Zoroastriens exposent les cadavres. (D'après une photographie.) 323

Le fort dit Kala-i-Dukhtar ou fort de la Vierge, aux portes de Kirman. (D'après une photographie.) 324

Le «Farma Farma». (D'après une photographie.) 325

Indigènes du bourg d'Aptar, Baloutchistan. (D'après une photographie.) 325

Carte du Makran. 326

Baloutches de Pip, village de deux cents maisons groupées autour d'un fort. (D'après une photographie.) 327

Des forts abandonnés rappellent l'ancienne puissance du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 328

Chameliers brahmanes du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 329

La passe de Fanoch, faisant communiquer la vallée du même nom et la vallée de Lachar. (D'après une photographie.) 330

Musiciens ambulants du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 331

Une halte dans les montagnes du Makran. (D'après une photographie.) 332

Baloutches du district de Sarhad. (D'après une photographie.) 333

Un fortin sur les frontières du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 334

Dans les montagnes du Makran: À des collines d'argile succèdent de rugueuses chaînes calcaires. (D'après une photographie.) 335

Bureau du télégraphe sur la côte du Makran. (D'après une photographie.) 336

L'oasis de Djalsk, qui s'étend sur 10 kilomètres carrés, est remplie de palmiers-dattiers, et compte huit villages. (D'après une photographie.) 337

Femme Parsi du Baloutchistan. (D'après une photographie.) 337

Carte pour suivre les délimitations de la frontière perso-baloutche. 338

Nous campâmes à Fahradj, sur la route de Kouak, dans une palmeraie. (D'après une photographie.) 339

C'est à Kouak que les commissaires anglais et persans s'étaient donné rendez-vous. (D'après une photographie.) 340

Le sanctuaire de Mahoun, notre première étape sur la route de Kouak. (D'après une photographie.) 341

Cour intérieure du sanctuaire de Mahoun. (D'après une photographie.) 342

Le khan de Kelat et sa cour. (D'après une photographie.) 343

Jardins du sanctuaire de Mahoun. (D'après une photographie.) 344

Dans la vallée de Kalagan, près de l'oasis de Djalsk. (D'après une photographie.) 345

Oasis de Djalsk: Des édifices en briques abritent les tombes d'une race de chefs disparue. (D'après une photographie.) 346

Indigènes de l'oasis de Pandjgour, à l'est de Kouak. (D'après une photographie.) 347

Camp de la commission de délimitation sur la frontière perso-baloutche. (D'après une photographie.) 348

Campement de la commission des frontières perso-baloutches. (D'après une photographie.) 349

Parsi de Yezd. (D'après une photographie.) 349

Une séance d'arpentage dans le Seistan. (D'après une photographie.) 350

(p. vii) Les commissaires persans de la délimitation des frontières perso-baloutches. (D'après une photographie.) 351

Le delta du Helmand. 352

Sculptures sassanides de Persépolis. (D'après une photographie.) 352

Un gouverneur persan et son état-major. (D'après une photographie.) 353

La passe de Buzi. (D'après une photographie.) 354

Le Gypsies du sud-est persan. 355

Sur la lagune du Helmand. (D'après une photographie.) 356

Couple baloutche. (D'après une photographie.) 357

Vue de Yezd, par où nous passâmes pour rentrer à Kirman. (D'après une photographie.) 358

La colonne de Nadir s'élève comme un phare dans le désert. (D'après une photographie.) 359

Mosquée de Yezd. (D'après une photographie.) 360

AUX RUINES D'ANGKOR
Par M. le Vicomte De MIRAMON-FARGUES

Entre le sanctuaire et la seconde enceinte qui abrite sous ses voûtes un peuple de divinités de pierre.... (D'après une photographie.) 361

Emblème décoratif (art khmer). (D'après une photographie.) 361

Porte d'entrée de la cité royale d'Angkor-Tom, dans la forêt. (D'après une photographie.) 362

Ce grand village, c'est Siem-Réap, capitale de la province. (D'après une photographie) 363

Une chaussée de pierre s'avance au milieu des étangs. (D'après une photographie.) 364

Par des escaliers invraisemblablement raides, on gravit la montagne sacrée. (D'après une photographie.) 365

Colonnades et galeries couvertes de bas-reliefs. (D'après une photographie.) 366

La plus grande des deux enceintes mesure 2 kilomètres de tour; c'est un long cloître. (D'après une photographie.) 367

Trois dômes hérissent superbement la masse formidable du temple d'Angkor-Wat. (D'après une photographie.) 367

Bas-relief du temple d'Angkor. (D'après une photographie.) 368

La forêt a envahi le second étage d'un palais khmer. (D'après une photographie.) 369

Le gouverneur réquisitionne pour nous des charrettes à bœufs. (D'après une photographie.) 370

La jonque du deuxième roi, qui a, l'an dernier, succédé à Norodom. (D'après une photographie.) 371

Le palais du roi, à Oudong-la-Superbe. (D'après une photographie.) 371

Sculptures de l'art khmer. (D'après une photographie.) 372

EN ROUMANIE
Par M. Th. HEBBELYNCK

La petite ville de Petrozeny n'est guère originale; elle a, de plus, un aspect malpropre. (D'après une photographie.) 373

Paysan des environs de Petrozeny et son fils. (D'après une photographie.) 373

Carte de Roumanie pour suivre l'itinéraire de l'auteur. 374

Vendeuses au marché de Targu-Jiul. (D'après une photographie.) 375

La nouvelle route de Valachie traverse les Carpathes et aboutit à Targu-Jiul. (D'après une photographie.) 376

C'est aux environs d'Arad que pour la première fois nous voyons des buffles domestiques. (D'après une photographie.) 377

Montagnard roumain endimanché. (Cliché Anerlich.) 378

Derrière une haie de bois blanc s'élève l'habitation modeste. (D'après une photographie.) 379

Nous croisons des paysans roumains. (D'après une photographie.) 379

Costume national de gala, roumain. (Cliché Cavallar.) 380

Dans les vicissitudes de leur triste existence, les tziganes ont conservé leur type et leurs mœurs. (Photographie Anerlich.) 381

Un rencontre près de Padavag d'immenses troupeaux de bœufs. (D'après une photographie.) 382

Les femmes de Targu-Jiul ont des traits rudes et sévères, sous le linge blanc. (D'après une photographie.) 383

En Roumanie, on ne voyage qu'en victoria. (D'après une photographie.) 384

Dans la vallée de l'Olt, les «castrinza» des femmes sont décorées de paillettes multicolores. 385

Dans le village de Slanic. (D'après une photographie.) 385

Roumaine du défilé de la Tour-Rouge. (D'après une photographie.) 386

La petite ville d'Horezu est charmante et animée. (D'après une photographie.) 387

La perle de Curtea, c'est cette superbe église blanche, scintillante sous ses coupoles dorées. (D'après une photographie.) 388

Une ferme près du monastère de Bistritza. (D'après une photographie.) 389

Entrée de l'église de Curtea. (D'après une photographie.) 390

Les religieuses du monastère d'Horezu portent le même costume que les moines. (D'après une photographie.) 391

Devant l'entrée de l'église se dresse le baptistère de Curtea. (D'après une photographie.) 392

Au marché de Campolung. (D'après une photographie.) 393

L'excursion du défilé de Dimboviciora est le complément obligé d'un séjour à Campolung. (D'après une photographie.) 394

Dans le défilé de Dimboviciora. (D'après des photographies.) 395

Dans les jardins du monastère de Curtea. 396

Sinaïa: le château royal, Castel Pelés, sur la montagne du même nom. (D'après une photographie.) 397

Un enfant des Carpathes. (D'après une photographie.) 397

Une fabrique de ciment groupe autour d'elle le village de Campina. (D'après une photographie.) 398

Vue intérieure des mines de sel de Slanic. (D'après une photographie.) 399

Entre Campina et Sinaïa la route de voiture est des plus poétiques. (D'après une photographie.) 400

Un coin de Campina. (D'après une photographie.) 401

Les villas de Sinaïa. (D'après une photographie.) 402

Vues de Bucarest: le boulevard Coltei. — L'église du Spiritou Nou. — Les constructions nouvelles du boulevard Coltei. — L'église métropolitaine. — L'Université. — Le palais Stourdza. — Un vieux couvent. — (D'après des photographies.) 403

Le monastère de Sinaïa se dresse derrière les villas et les hôtels de la ville. (D'après une photographie.) 404

Une des deux cours intérieures du monastère de Sinaïa. (D'après une photographie.) 405

Une demeure princière de Sinaïa. (D'après une photographie.) 406

Busteni (les villas, l'église), but d'excursion pour les habitants de Sinaïa. (D'après une photographie.) 407

Slanic: un wagon de sel. (D'après une photographie.) 408

CROQUIS HOLLANDAIS
Par M. Lud. GEORGES HAMÖN
Photographies de l'auteur.

À la kermesse. 409

Ces anciens, pour la plupart, ont une maigreur de bon aloi. 409

Des «boerin» bien prises en leurs justins marchent en roulant, un joug sur les épaules. 410

Par intervalles une femme sort avec des seaux; elle lave sa demeure de haut en bas. 410

Emplettes familiales. 411

Les ménagères sont là, également calmes, lentes, avec leurs grosses jupes. 411

Jeune métayère de Middelburg. 412

Middelburg: le faubourg qui prend le chemin du marché conduit à un pont. 412

Une mère, songeuse, promenait son petit garçon. 413

Une famille hollandaise au marché de Middelburg. 414

Le marché de Middelburg: considérations sur la grosseur des betteraves. 415

Des groupes d'anciens en culottes courtes, chapeaux marmites. 416

(p. viii) Un septuagénaire appuyé sur son petit-fils me sourit bonassement. 417

Roux en le décor roux, l'éclusier fumait sa pipe. 417

Le village de Zoutelande. 418

Les grandes voitures en forme de nacelle, recouvertes de bâches blanches. 419

Aussi comme on l'aime, ce home. 420

Les filles de l'hôtelier de Wemeldingen. 421

Il se campe près de son cheval. 421

Je rencontre à l'orée du village un couple minuscule. 422

La campagne hollandaise. 423

Environs de Westkapelle: deux femmes reviennent du «molen». 423

Par tous les sentiers, des marmots se juchèrent. 424

Le père Kick symbolisait les générations des Néerlandais défunts. 425

Wemeldingen: un moulin colossal domine les digues. 426

L'une entonna une chanson. 427

Les moutons broutent avec ardeur le long des canaux. 428

Famille hollandaise en voyage. 429

Ah! les moulins; leur nombre déroute l'esprit. 429

Les chariots enfoncés dans les champs marécageux sont enlevés par de forts chevaux. 430

La digue de Westkapelle. 431

Les écluses ouvertes. 432

Les petits garçons rôdent par bandes, à grand bruit de sabots sonores.... 433

Jeune mère à Marken. 433

Volendam, sur les bords du Zuiderzee, est le rendez-vous des peintres de tous les pays. 434

Avec leurs figures rondes, épanouies de contentement, les petites filles de Volendam font plaisir à voir. 435

Aux jours de lessive, les linges multicolores flottent partout. 436

Les jeunes filles de Volendam sont coiffées du casque en dentelle, à forme de «salade» renversée. 437

Deux pêcheurs accroupis au soleil, à Volendam. 438

Une lessive consciencieuse. 439

Il y a des couples d'enfants ravissants, d'un type expressif. 440

Les femmes de Volendam sont moins claquemurées en leur logis. 441

Vêtu d'un pantalon démesuré, le pêcheur de Volendam a une allure personnelle. 442

Un commencement d'idylle à Marken. 443

Les petites filles sont charmantes. 444

ABYDOS
dans les temps anciens et dans les temps modernes
Par M. E. AMELINEAU

Le lac sacré d'Osiris, situé au sud-est de son temple, qui a été détruit. (D'après une photographie.) 445

Séti Ier présentant des offrandes de pain, légumes, etc. (D'après une photographie.) 445

Une rue d'Abydos. (D'après une photographie.) 446

Maison d'Abydos habitée par l'auteur, pendant les trois premières années. (D'après une photographie.) 447

Le prêtre-roi rendant hommage à Séti Ier (chambre annexe de la deuxième salle d'Osiris). (D'après une photographie.) 448

Thot présentant le signe de la vie aux narines du roi Séti Ier (chambre annexe de la deuxième salle d'Osiris). (D'après une photographie.) 449

Le dieu Thot purifiant le roi Séti Ier (chambre annexe de la deuxième salle d'Osiris, mur sud). (D'après une photographie.) 450

Vue intérieure du temple de Ramsès II. (D'après une photographie.) 451

Perspective de la seconde salle hypostyle du temple de Séti Ier. (D'après une photographie.) 451

Temple de Séti Ier, mur est, pris du mur nord. Salle due à Ramsès II. (D'après une photographie.) 452

Temple de Séti Ier, mur est, montrant des scènes diverses du culte. (D'après une photographie.) 453

Table des rois Séti Ier et Ramsès II, faisant des offrandes aux rois leurs prédécesseurs. (D'après une photographie.) 454

Vue générale du temple de Séti Ier, prise de l'entrée. (D'après une photographie.) 455

Procession des victimes amenées au sacrifice (temple de Ramsès II). (D'après une photographie.) 456

VOYAGE DU PRINCE SCIPION BORGHÈSE AUX MONTS CÉLESTES
Par M. JULES BROCHEREL

Le bazar de Tackhent s'étale dans un quartier vieux et fétide. (D'après une photographie.) 457

Un Kozaque de Djarghess. (D'après une photographie.) 457

Itinéraire de Tachkent à Prjevalsk. 458

Les marchands de pain de Prjevalsk. (D'après une photographie.) 459

Un des trente-deux quartiers du bazar de Tachkent. (D'après une photographie.) 460

Un contrefort montagneux borde la rive droite du «tchou». (D'après une photographie.) 461

Le bazar de Prjevalsk, principale étape des caravaniers de Viernyi et de Kachgar. (D'après une photographie.) 462

Couple russe de Prjevalsk. (D'après une photographie.) 463

Arrivée d'une caravane à Prjevalsk. (D'après une photographie.) 464

Le chef des Kirghizes et sa petite famille. (D'après une photographie.) 465

Notre djighite, sorte de garde et de policier. (D'après une photographie.) 466

Le monument de Prjevalsky, à Prjevalsk. (D'après une photographie.) 467

Des têtes humaines, grossièrement sculptées, monuments funéraires des Nestoriens... (D'après une photographie.) 467

Enfants kozaques sur des bœufs. (D'après une photographie.) 468

Un de nos campements dans la montagne. (D'après une photographie.) 469

Montée du col de Tomghent. (D'après une photographie.) 469

Dans la vallée de Kizil-Tao. (D'après une photographie.) 470

Itinéraire du voyage aux Monts Célestes. 470

La carabine de Zurbriggen intriguait fort les indigènes. (D'après une photographie.) 471

Au sud du col s'élevait une blanche pyramide de glace. (D'après une photographie.) 472

La vallée de Kizil-Tao. (D'après une photographie.) 473

Le col de Karaguer, vallée de Tomghent. (D'après une photographie.) 474

Sur le col de Tomghent. (D'après une photographie.) 475

J'étais enchanté des aptitudes alpinistes de nos coursiers. (D'après une photographie.) 475

Le plateau de Saridjass, peu tourmenté, est pourvu d'une herbe suffisante pour les chevaux. (D'après une photographie.) 476

Nous passons à gué le Kizil-Sou. (D'après des photographies.) 477

Panorama du massif du Khan-Tengri. (D'après une photographie.) 478

Entrée de la vallée de Kachkateur. (D'après une photographie.) 479

Nous baptisâmes Kachkateur-Tao, la pointe de 4 250 mètres que nous avions escaladée. (D'après une photographie.) 479

La vallée de Tomghent. (D'après une photographie.) 480

Des Kirghizes d'Oustchiar étaient venus à notre rencontre. (D'après une photographie.) 481

Kirghize joueur de flûte. (D'après une photographie.) 481

Le massif du Kizil-Tao. (D'après une photographie.) 482

Région des Monts Célestes. 482

Les Kirghizes mènent au village une vie peu occupée. (D'après une photographie.) 483

Notre petite troupe s'aventure audacieusement sur la pente glacée. (D'après une photographie.) 484

Vallée supérieure d'Inghiltchik. (D'après une photographie.) 485

(p. ix) Vallée de Kaende: l'eau d'un lac s'écoulait au milieu d'une prairie émaillée de fleurs. (D'après une photographie.) 486

Les femmes kirghizes d'Oustchiar se rangèrent, avec leurs enfants, sur notre passage. (D'après une photographie.) 487

Le chirtaï de Kaende. (D'après une photographie.) 488

Nous saluâmes la vallée de Kaende comme un coin de la terre des Alpes. (D'après une photographie.) 489

Femmes mariées de la vallée de Kaende, avec leur progéniture. (D'après une photographie.) 490

L'élément mâle de la colonie vint tout l'après-midi voisiner dans notre campement. (D'après une photographie.) 491

Un «aoul» kirghize. 492

Yeux bridés, pommettes saillantes, nez épaté, les femmes de Kaende sont de vilaines Kirghizes. (D'après une photographie.) 493

Enfant kirghize. (D'après une photographie.) 493

Kirghize dressant un aigle. (D'après une photographie.) 494

Itinéraire du voyage aux Monts Célestes. 494

Nous rencontrâmes sur la route d'Oustchiar un berger et son troupeau. (D'après une photographie.) 495

Je photographiai les Kirghizes de Kaende, qui s'étaient, pour nous recevoir, assemblés sur une éminence. (D'après une photographie.) 496

Le glacier de Kaende. (D'après une photographie.) 497

L'aiguille d'Oustchiar vue de Kaende. 498

Notre cabane au pied de l'aiguille d'Oustchiar. (D'après des photographies.) 498

Kirghizes de Kaende. (D'après une photographie.) 499

Le pic de Kaende s'élève à 6 000 mètres. (D'après une photographie.) 500

La fille du chirtaï (chef) de Kaende, fiancée au kaltchè de la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 501

Le kaltchè (chef) de la vallée d'Irtach, l'heureux fiancé de la fille du chirtaï de Kaende. (D'après une photographie.) 502

Le glacier de Kaende. 503

Cheval kirghize au repos sur les flancs du Kaende. (D'après des photographies.) 503

Retour des champs. (D'après une photographie.) 504

Femmes kirghizes de la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 505

Un chef de district dans la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 505

Le pic du Kara-tach, vu d'Irtach, prend vaguement l'aspect d'une pyramide. (D'après une photographie.) 506

Les caravaniers passent leur vie dans les Monts Célestes, emmenant leur famille avec leurs marchandises. (D'après une photographie.) 507

La vallée de Zououka, par où transitent les caravaniers de Viernyi à Kachgar. (D'après une photographie.) 508

Le massif du Djoukoutchiak; au pied, le dangereux col du même nom, fréquenté par les nomades qui se rendent à Prjevalsk. (D'après une photographie.) 509

Le chaos des pics dans le Kara-Tao. (D'après une photographie.) 510

Étalon kirghize de la vallée d'Irtach et son cavalier. (D'après une photographie.) 511

Véhicule kirghize employé dans la vallée d'Irtach. (D'après une photographie.) 511

Les roches plissées des environs de Slifkina, sur la route de Prjevalsk. (D'après une photographie.) 512

Campement kirghize, près de Slifkina. (D'après une photographie.) 513

Femme kirghize tannant une peau. (D'après une photographie.) 514

Les glaciers du Djoukoutchiak-Tao. (D'après une photographie.) 515

Tombeau kirghize. (D'après une photographie.) 516

L'ARCHIPEL DES FEROÉ
Par Mlle ANNA SEE

«L'espoir des Feroé» se rendant à l'école. (D'après une photographie.) 517

Les enfants transportent la tourbe dans des hottes en bois. (D'après une photographie.) 517

Thorshavn apparut, construite en amphithéâtre au fond d'un petit golfe. 518

Les fermiers de Kirkebœ en habits de fête. (D'après une photographie.) 519

Les poneys feroïens et leurs caisses à transporter la tourbe. (D'après une photographie.) 520

Les dénicheurs d'oiseaux se suspendent à des cordes armées d'un crampon. (D'après une photographie.) 521

Des îlots isolés, des falaises de basalte ruinées par le heurt des vagues. (D'après des photographies.) 522

On pousse vers la plage les cadavres des dauphins, qui ont environ 6 mètres. (D'après une photographie.) 523

Les femmes feroïennes préparent la laine.... (D'après une photographie.) 524

On sale les morues. (D'après une photographie.) 525

Feroïen en costume de travail. (D'après une photographie.) 526

Les femmes portent une robe en flanelle tissée avec la laine qu'elles ont cardée et filée. (D'après une photographie.) 527

Déjà mélancolique!... (D'après une photographie.) 528

PONDICHÉRY
chef-lieu de l'Inde française
Par M. G. VERSCHUUR

Groupe de Brahmanes électeurs français. (D'après une photographie.) 529

Musicien indien de Pondichéry. (D'après une photographie.) 529

Les enfants ont une bonne petite figure et un costume peu compliqué. (D'après une photographie.) 530

La visite du marché est toujours une distraction utile pour le voyageur. (D'après une photographie.) 531

Indienne en costume de fête. (D'après une photographie.) 532

Groupe de Brahmanes français. (D'après une photographie.) 533

La pagode de Villenour, à quelques kilomètres de Pondichéry. (D'après une photographie.) 534

Intérieur de la pagode de Villenour. (D'après une photographie.) 535

La Fontaine aux Bayadères. (D'après une photographie.) 536

Plusieurs rues de Pondichéry sont larges et bien bâties. (D'après une photographie.) 537

Étang de la pagode de Villenour. (D'après une photographie.) 538

Brahmanes français attendant la clientèle dans un bazar. (D'après une photographie.) 539

La statue de Dupleix à Pondichéry. (D'après une photographie.) 540

UNE PEUPLADE MALGACHE
LES TANALA DE L'IKONGO
Par M. le Lieutenant ARDANT DU PICQ

Les populations souhaitent la bienvenue à l'étranger. (D'après une photographie.) 541

Femme d'Ankarimbelo. (D'après une photographie.) 541

Carte du pays des Tanala. 542

Les femmes tanala sont sveltes, élancées. (D'après une photographie.) 543

Panorama de Fort-Carnot. (D'après une photographie.) 544

Groupe de Tanala dans la campagne de Milakisihy. (D'après une photographie.) 545

Un partisan tanala tirant à la cible à Fort-Carnot. (D'après une photographie.) 546

Enfants tanala. (D'après une photographie.) 547

Les hommes, tous armés de la hache. (D'après une photographie.) 548

Les cercueils sont faits d'un tronc d'arbre creusé, et recouverts d'un drap. (D'après une photographie.) 549

Le battage du riz. (D'après une photographie.) 550

(p. x) Une halte de partisans dans la forêt. (D'après une photographie.) 551

Femmes des environs de Fort-Carnot. (D'après une photographie.) 552

Les Tanala au repos perdent toute leur élégance naturelle. (D'après une photographie.) 553

Une jeune beauté tanala. (D'après une photographie.) 553

Le Tanala, maniant une sagaie, a le geste élégant et souple. (D'après une photographie.) 554

Le chant du «e manenina», à Iaborano. (D'après une photographie.) 555

La rue principale à Sahasinaka. (D'après une photographie.) 556

La danse est exécutée par des hommes, quelquefois par des femmes. (D'après une photographie.) 557

Un danseur botomaro. (D'après une photographie.) 558

La danse, chez les Tanala, est expressive au plus haut degré. (D'après des photographies.) 559

Tapant à coups redoublés sur un long bambou, les Tanala en tirent une musique étrange. (D'après une photographie.) 560

Femmes tanala tissant un lamba. (D'après une photographie.) 561

Le village et le fort de Sahasinaka s'élèvent sur les hauteurs qui bordent le Faraony. (D'après une photographie.) 562

Un détachement d'infanterie coloniale traverse le Rienana. (D'après une photographie.) 563

Profil et face de femmes tanala. (D'après une photographie.) 564

LA RÉGION DU BOU HEDMA
(sud tunisien)
Par M. Ch. MAUMENÉ

Les murailles de Sfax, véritable décor d'opéra.... (D'après une photographie.) 565

Salem, le domestique arabe de l'auteur. (D'après une photographie.) 565

Carte de la région du Bou Hedma (sud tunisien). 566

Les sources chaudes de l'oued Hadedj sont sulfureuses. (D'après une photographie.) 567

L'oued Hadedj, d'aspect si charmant, est un bourbier qui sue la fièvre. (D'après une photographie.) 568

Le cirque du Bou Hedma. (D'après une photographie.) 569

L'oued Hadedj sort d'une étroite crevasse de la montagne. (D'après une photographie.) 570

Manoubia est une petite paysanne d'une douzaine d'années. (D'après une photographie.) 571

Un puits dans le défilé de Touninn. (D'après une photographie.) 571

Le ksar de Sakket abrite les Ouled bou Saad Sédentaires, qui cultivent oliviers et figuiers. (D'après une photographie.) 572

De temps en temps la forêt de gommiers se révèle par un arbre. (D'après une photographie.) 573

Le village de Mech; dans l'arrière-plan, le Bou Hedma. (D'après une photographie.) 574

Le Khrangat Touninn (défile de Touninn), que traverse le chemin de Bir Saad à Sakket. (D'après une photographie.) 575

Le puits de Bordj Saad. (D'après une photographie.) 576

DE TOLÈDE À GRENADE
Par Mme JANE DIEULAFOY

Après avoir croisé des bœufs superbes.... (D'après une photographie.) 577

Femme castillane. (D'après une photographie.) 577

On chemine à travers l'inextricable réseau des ruelles silencieuses. (D après une photographie.) 578

La rue du Commerce, à Tolède. (D'après une photographie.) 579

Un représentant de la foule innombrable des mendiants de Tolède. (D'après une photographie.) 580

Dans des rues tortueuses s'ouvrent les entrées monumentales d'anciens palais, tel que celui de la Sainte Hermandad. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 581

Porte du vieux palais de Tolède. (D'après une photographie.) 582

Fière et isolée comme un arc de triomphe, s'élève la merveilleuse Puerta del Sol. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 583

Détail de sculpture mudejar dans le Transito. (D'après une photographie.) 584

Ancienne sinagogue connue sous le nom de Santa Maria la Blanca. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 585

Madrilène. (D'après une photographie.) 586

La porte de Visagra, construction massive remontant à l'époque de Charles Quint. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 587

Tympan mudejar. (D'après une photographie.) 588

Des familles d'ouvriers ont établi leurs demeures près de murailles solides. (D'après une photographie.) 589

Castillane et Sévillane. (D'après une photographie.) 589

Isabelle de Portugal, par le Titien (Musée du Prado). (Photographie Lacoste, à Madrid.) 590

Le palais de Pierre le Cruel. (D'après une photographie.) 591

Statue polychrome du prophète Élie, dans l'église de Santo Tomé (auteur inconnu). (D'après une photographie.) 592

Porte du palais de Pierre le Cruel. (D'après une photographie.) 593

Portrait d'homme, par le Greco. (Photographie Hauser y Menet, à Madrid.) 594

La cathédrale de Tolède. 595

Enterrement du comte d'Orgaz, par le Greco (église Santo Tomé). (D'après une photographie.) 596

Le couvent de Santo Tomé conserve une tour en forme de minaret. (D'après une photographie.) 597

Les évêques Mendoza et Ximénès. (D'après une photographie.) 598

Salon de la prieure, au couvent de San Juan de la Penitencia. (D'après une photographie.) 599

Prise de Melilla (cathédrale de Tolède). (D'après une photographie.) 600

C'est dans cette pauvre demeure que vécut Cervantès pendant son séjour à Tolède. (D'après une photographie.) 601

Saint François d'Assise, par Alonzo Cano, cathédrale de Tolède. 601

Porte des Lions. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 602

Le cloître de San Juan de los Reyes apparaît comme le morceau le plus précieux et le plus fleuri de l'architecture gothique espagnole. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 603

Ornements d'église, à Madrid. (D'après une photographie.) 604

Porte due au ciseau de Berruguete, dans le cloître de la cathédrale de Tolède. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 605

Une torea. (D'après une photographie.) 606

Vue intérieure de l'église de San Juan de Los Reyes. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 607

Une rue de Tolède. (D'après une photographie.) 608

Porte de l'hôpital de Santa Cruz. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 609

Sur les bords du Tage. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 610

Escalier de l'hôpital de Santa Cruz. (D'après une photographie.) 611

Détail du plafond de la cathédrale. (D'après une photographie) 612

Pont Saint-Martin à Tolède. (D'après une photographie.) 613

Guitariste castillane. (D'après une photographie.) 613

La «Casa consistorial», hôtel de ville. (D'après une photographie.) 614

Le «patio» des Templiers. (D'après une photographie.) 615

Jeune femme de Cordoue avec la mantille en chenille légère. (D'après une photographie.) 616

Un coin de la Mosquée de Cordoue. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 617

Chapelle de San Fernando, de style mudejar, élevée au (p. xi) centre de la Mosquée de Cordoue. (D'après une photographie.) 618

La mosquée qui fait la célébrité de Cordoue, avec ses dix-neuf galeries hypostyles, orientées vers la Mecque. (Photographie Lacoste, à Madrid.) 619

Détail de la chapelle de San Fernando. (D'après une photographie.) 620

Vue extérieure de la Mosquée de Cordoue, avec l'église catholique élevée en 1523, malgré les protestations des Cordouans. (D'après une photographie.) 621

Statue de Gonzalve de Cordoue. (D'après une photographie.) 622

Statue de doña Maria Manrique, femme de Gonzalve de Cordoue. (D'après une photographie.) 623

Détail d'une porte de la mosquée. (D'après une photographie.) 624

Note 1: Suite. Voyez page 301.[Retour au texte principal]

Note 2: Suite. Voyez pages 301 et 313.[Retour au texte principal]

Note 3: Suite. Voyez pages 301, 313 et 325.[Retour au texte principal]

Note 4: Suite. Voyez pages 301, 313, 325 et 337.[Retour au texte principal]

Note 5: Ici se termine le récit que le major Percy Molesworth Sykes a consacré à la Perse orientale dans l'ouvrage si documenté qu'il a publié à Londres (1902) sous le titre suivant: Ten Thousand Miles in Persia. L'autorité de l'écrivain qui a voué son existence à un pays dans lequel, depuis de nombreuses années, il représente le Gouvernement de la Grande-Bretagne, en fait un travail géographique et historique de tout premier ordre. C'est une des publications les plus intéressantes à consulter sur l'état actuel de la Perse.

Nota de la Rédaction.[Retour au texte principal]