Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3258, 5 Août 1905, by Various

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Title: L'Illustration, No. 3258, 5 Août 1905

Author: Various

Release Date: April 10, 2011 [EBook #35814]

Language: French

Character set encoding: ISO-8859-1

*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, NO. 3258, 5 ***




Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque







L'Illustration, No. 3258, 5 Août 1905.


(Agrandissement)

Supplément de ce numéro: grande gravure hors texte en
couleurs: Une noce dans l'île de Marken, par Georges Scott.



LA GAGNANTE DU PREMIER MILLION DE LA LOTERIE DE LA PRESSE
Mme Hofer, cantinière au 28e dragons, à Sedan,
dans l'exercice de ses fonctions, le lendemain du tirage.

Photographie de notre envoyé spécial, M. Abeniacar



COURRIER DE PARIS

JOURNAL D'UNE ÉTRANGÈRE

... Gare de Lyon. Un landau qui passe, à grande allure; des agents de police affairés; des passants qui saluent. On entend: «C'est lui... L'avez-vous vu? Où va-t-il?» C'est M. Loubet qui part en vacances.

Je le regarde descendre de voiture, souriant, serrer des mains, distribuer de bonnes paroles auxquelles répondent d'autres sourires. Et je pense à la chose exquise, ineffablement douce, que doit être un mois de repos à la campagne, quand on a été pendant onze mois «monsieur Loubet»!

Le hasard et ma curiosité m'ont souvent mise, depuis quelque temps, sur le chemin de M. Loubet. Je l'ai vu recevoir des rois, présider des revues, inaugurer des salons de peinture, assister à des fêtes de gymnastique, suivre des courses de chevaux à Longchamp, et des concours d'animaux gras au Champ de Mars, et des concours culinaires aux Tuileries; je l'ai rencontré dans des expositions de fleurs, dans des expositions de chiens, dans des expositions de tout; et je pensais souvent: «S'amuse-t-il?» Or, s'il s'ennuyait, c'était merveille de voir combien sincèrement, en quelque lieu que ce fût, il avait l'air de s'amuser, d'être pris par l'intérêt, grave ou léger, des choses qu'on lui montrait. Je l'observais à distance. Il parlait. Et, qu'il s'agît de peinture, d'élevage, d'horticulture, d'art militaire, de politique, d'hippisme, de médecine, de gymnastique ou de charité, j'étais frappée de voir combien ceux qui l'écoutaient goûtaient son éloquence familière, semblaient lui savoir gré d'être venu leur dire précisément les paroles qu'il leur disait.

M. Loubet, à présent, se repose sous les arbres. Il rêve. Il jouit de la volupté de ne rien inaugurer, de ne rien présider, de ne rien célébrer, de ne rien commémorer. Pour quelques semaines, il a reconquis le droit de ne point sourire égalitairement à tout le monde; il se sent libre de bâiller, libre d'aimer ce qu'il aime et de ne pas aimer ce qu'il n'aime pas. Ce sont là ses débauches...

Nos «potaches» aussi sont heureux. Ceux qui ont bien travaillé ont la joie, en ce moment, de trouver leurs noms imprimés dans la gazette... Et cela nous fait, en vérité, des journaux très ennuyeux, où s'alignent des citations de discours de distributions de prix, en caractères minuscules, et des noms, des noms, des noms... Je n'aperçois pas l'intérêt de cette réclame, faite à de petits succès d'enfants, et j'aimerais qu'on habituât les écoliers à triompher de façon plus modeste, à n'avoir pas, dès l'âge de huit ans, la préoccupation de la «bonne presse». Cela vaudrait mieux pour eux, et pour la presse aussi. Il en est un peu des journalistes comme des comédiens. Nous sommes, à l'égard des gens de théâtre, animés d'une curiosité folle, puérile, un peu maladive; nous n'entendons rien ignorer de leurs propos, de leurs gestes, des plus secrets incidents de leur vie; et, comme si nous avions conscience de ce qu'il y a d'inconvenant et de ridicule dans cette curiosité-là, nous nous vengeons d'elle sur eux-mêmes, en leur reprochant de tenir trop de place chez nous et de s'imposer abusivement à l'attention de la foule. Nous feignons d'oublier qu'il ne tient qu'à nous de ne point tant nous occuper d'eux et que, le plus souvent, il leur serait fort agréable que notre badauderie les laissât en repos.

Les journalistes, de même, ne tirent leur influence que de l'excès de nos vanités. Nous nous plaignons d'être à leur merci; mais les opinions qu'ils expriment, leurs critiques, leurs louanges n'ont que l'importance qu'il nous plaît d'y attacher; et, si nous nous montrions moins puérilement préoccupés d'être bien traités par la presse; si nous savions opposer plus de sincère indifférence à ses dédains, à ses facéties, à ses mauvais gestes, elle aurait tôt fait de redevenir la personne discrète que nous lui reprochons tant de ne pas être...

Mais nous n'avons pas ce courage; ses caresses nous tentent et le pouvoir dont elle jouit de nous distribuer un peu de gloire nous la rend sacrée. Nous pestons contre ses erreurs, ses injustices et l'énormité de sa puissance;--et nous nous tournons vers elle pour lui mendier un brin de réclame en faveur du fils ou du neveu que nous avons ramené du lycée, cette semaine, chargé de couronnes. Ecorche-t-elle un nom? Vite, nous la supplions de «rectifier»; elle rectifie, et nous sommes contents.

A qui la faute si, de temps à autre, tant de prestige la grise?

Août... septembre... les deux mois de léthargie de Paris. Bruyamment, mon Quartier latin se vide; mes amis se dispersent. Il y a bien encore, ça et là, des choses neuves à voir, d'amusants ou de beaux spectacles grâce auxquels on se réjouira d'avoir quitté Paris après les autres et qu'on sera fiers d'avoir goûté dans une sorte d'intimité, de huis clos parisien... Il y a les salles nouvelles du Petit Palais; il y a l'exposition triomphale de Ziem; il y aura tout à l'heure le retour aux Tuileries du pesant et ronflant cortège des «véhicules industriels», qui soulevèrent, cette semaine, tant de poussière et firent un si beau bruit sur nos routes; et il y a les étrangers qui viennent voir Paris au moment où nous l'abandonnons.

On les rencontre à l'heure de «l'apéritif», assis aux terrasses des boulevards et, le soir, à la Comédie-Française, à l'Opéra, ou, si la chaleur est trop forte, aux cafés-chantants des Champs-Elysées, devant le cinématographe du Jardin de Paris, autour des tziganes dont ils écoutent rêveusement les mélodies ou les cake-walks en buvant des choses glacées au bout de longues pailles... Ils sont un spectacle pour nous, ces étrangers, et souvent un spectacle instructif. On reçoit d'eux des confidences amusantes et très inattendues.

--Te doutais-tu, Sonia, me disait hier un vieux cousin d'Odessa que je promène dans Paris depuis quelques jours, que cette ville-ci est, en vérité, pleine de lacunes et d'incommodités que ses habitants ne soupçonnent pas?

Et mon parent m'énumérait, d'un ton doux, ses griefs. Il est accompagné à Paris de ses deux filles, et il avait voulu, la veille au soir, les conduire au concert. Son hôtelier lui apprit que la saison des grands concerts était close; qu'on ne chantait plus guère à Paris, depuis un mois, qu'en plein vent, et qu'au surplus ce n'était point à des oreilles de jeunes filles que cette littérature foraine était destinée.

Mon cousin demanda:

--Y a-t-il du moins quelque endroit où d'honnêtes bourgeois puissent s'assembler pour écouter un orchestre supportable?

On lui répondit qu'il y avait bien, dans Paris, des cafés où ces auditions se donnaient, mais que de fâcheux voisinages y étaient à craindre. On lui conseillait plutôt le bois de Boulogne... Il résolut de s'y rendre et chercha, dans la rue, une voiture à quatre places pour s'y faire conduire.

Un agent de police qu'il consultait lui déclara que ce genre de véhicule n'existait point à Paris, et cet aveu stupéfia mon parent.

Alors, l'agent bienveillant, lui signala l'omnibus qui le conduirait le plus commodément vers la destination qu'il indiquait; il y fit monter sa famille et fut surpris d'y devoir payer une somme triple de celle que lui coûte ordinairement une course en omnibus dans son pays.

Mon cousin se plaint de beaucoup d'autres choses: il lui déplaît que nos trottoirs s'encombrent de tant d'édicules dont la vue choque à la fois le sentiment des convenances et celui de la beauté; ses yeux sont excédés par le désordre de ces réclames lumineuses «intermittentes» qui font, la nuit venue, succéder sur les façades des maisons de nos boulevards, sans répit, des tristesses de ténèbres à des surprises de feu d'artifice et rendent sa chambre d'hôtel inhabitable. «Il y aurait, dit-il, sur les incommodités de ce Paris dont vous êtes si fiers, un petit livre bien amusant à écrire.»

Mais tout de même il y vient, depuis trente ans, passer, chaque été, ses vacances... Et c'est là la gloire de Paris. Cette ville pleine de défauts est nécessaire à tout le monde, on ne sait pourquoi; telles ces femmes dont on médit d'autant plus qu'on les aime davantage...
Sonia.



SUR LES PLAGES

(Voir les gravures des pages 96 et 97.)

Août: la saison des bains de mer, suivant l'expression consacrée, «bat son plein»; l'exode en masse des villes vers les nombreuses stations du littoral s'est accompli, et la vie parisienne elle-même n'est autre, à l'heure actuelle, que la vie des plages à la mode.

Mais, en dehors de la mode et de ses aimables tyrannies subies par tant de gens empressés à lui payer un tribut volontaire; en dehors des casinos, avec leurs spectacles et leurs concerts; des promenades d'apparat, avec leurs élégances, la villégiature maritime offre de multiples agréments, goûtés surtout des amis du plein air, des sains exercices, du repos réparateur: la pêche aux coquillages et aux crevettes, facile et pourtant non dépourvue d'émotions; les libres ébats des gentils bambins barbotant à plaisir dans des lacs minuscules ou construisant de fragiles ouvrages; la lutte vaillante de la charmante baigneuse contre la vague; le farniente somnolent des paresseux, mollement étendus sur un tapis de sable fin, que sais-je encore?...

Les malheureux citadins que l'austère devoir ou quelque motif d'ordre économique retiennent attachés, non pas même au rivage, mais très loin du rivage, en sont parfois réduits, par ces jours caniculaires, à attendre de leur imagination l'illusoire sensation d'un peu de fraîcheur et recherchent volontiers des images suggestives, dussent-elles exciter leur légitime envie.

C'est à ceux-là, plus particulièrement, que nous dédions cette série de photographies de saison, dont certaines, prises au moyen du cerf-volant--curieux procédé expliqué dans L'Illustration du 18 octobre 1902--donnent d'amusants effets de perspective panoramique et de raccourci.


NOTRE GRAVURE EN COULEURS

UNE NOCE DANS L'ILE DE MARKEN

Nous avons reproduit récemment (n° du 8 avril 1905) une aquarelle de Georges Scott représentant le Coche d'eau d'Edam à Volendam, en Hollande. Nous lui donnons aujourd'hui un pendant, avec Une noce dans l'île de Marken, du même artiste. Comme Volendam, Marken est bien connu des touristes qui, partant d'Amsterdam, visitent les côtes du Zuiderzée. Ces deux villages de pêcheurs sont voisins: de Volendam on aperçoit nettement l'île de Marken. Mais les costumes et les types des habitants sont tout différents. Les femmes de Marken se distinguent d'une façon toute spéciale par deux grosses mèches de cheveux, non nattées, qui sortent de leur coiffe et leur encadrent le visage. D'un attachement opiniâtre à leur passé, les treize cents habitants de l'île se marient entre eux. Tous ou à peu près sont parents ou alliés, et une noce est une fête générale pour la population entière.


Comment Mme Hofer, cantinière au 28e dragons, est devenue
millionnaire, à 9 h. 22 du matin, le 1er août.
(Photographie instantanée prise dans le grand hall des tirages du Crédit Foncier.)]

LE PREMIER MILLION DE LA LOTERIE DE LA PRESSE

Le premier tirage de la grande loterie autorisée au profit des caisses de retraite des Associations de la Presse fut un des notables événements de la semaine.

Le Crédit Foncier étant l'organisateur de la loterie, l'opération eut lieu à l'hôtel de la rue des Capucines, siège de cet établissement financier. A neuf heures précises, on ouvrait au public matinal, déjà rassemblé dans la cour, les portes du hall situé à droite du rez-de-chaussée. Une salle assez vaste, bien éclairée; au fond, une longue table recouverte d'un tapis vert; devant cette table, les roues de la Fortune,--car, pour la circonstance, elle en avait deux, de diamètres inégaux, contenant, l'une 100 numéros de série, l'autre les 15.000 numéros dont chacune des séries se compose.

Bientôt prenaient place au bureau, sous la présidence de M. Morel, gouverneur du Crédit Foncier: MM. Olagnier, administrateur; Touchard, secrétaire général; Leblanc, censeur, et M. Alfred Mézières, de l'Académie française, sénateur, président de l'Association des journalistes parisiens. Après les formalités et vérifications préliminaires d'usage, des employés de l'administration mirent les roues en mouvement; la tâche d'en extraire les étuis était confiée, suivant la tradition, à deux jeunes pupilles de l'Assistance publique. Au milieu d'un silence solennel, où l'attention se mêlait d'anxiété, on entendit proclamer le numéro 2.174 (série 77), gros lot de un million.

Dès ce moment, curiosité naturelle et phénomène d'altruisme impulsif, chez les assistants, l'amertume de la déception, vite oubliée, faisait place à une préoccupation unique, obsédante, qui, tout à l'heure, au dehors, allait s'emparer des acheteurs de listes et même des gens n'ayant pas pris de billet: quel était l'heureux gagnant du gros lot?

La Fortune, on ne tarda pas à l'apprendre, avait favorisé Mme Hofer, cantinière au 28e dragons, en garnison à Sedan, laquelle avait pris trois billets--et qui, déjà, n'était pas sans une certaine fortune. Née à Coulanges, en Lorraine, mais élevée à Paris--où elle va revenir--Mme Hofer, dont nous donnons le portrait, est une accorte brune de trente-huit ans, veuve depuis un an, sans enfants. Devenue millionnaire du jour au lendemain, ce coup du sort ne paraît pas lui avoir tourné la tête, qu'elle a solide, et, douée d'un bon coeur, elle projette, tout en vivant désormais de ses rentes, de faire du bien autour d'elle. Son premier acte de largesse, est-il besoin de le dire, a été de régaler son régiment.


La salle de la manufacture de Sèvres.
AU PALAIS DES BEAUX-ARTS DE LA VILLE DE PARIS.


LES NOUVELLES SALLES DE "SÈVRES", DE DALOU ET DE ZIEM

Le Petit Palais, musée des beaux-arts de la ville de Paris, vient d'ouvrir trois nouvelles salles, consacrées respectivement à Sèvres, au sculpteur Dalou et au peintre Ziem.

Sèvres est représenté par des spécimens typiques de ses principaux produits, naguère admirés à l'Exposition de Saint-Louis.

Du regretté Dalou, on a réuni ce qui restait dans son atelier, à sa mort, et qu'il avait légué à l'Orphelinat des arts: quelques morceaux achevés, et surtout quantité de maquettes, précieux documents attestant avec quelle conscience le noble artiste tâchait à réaliser ses conceptions.


1. Galerie des bustes de Dalou.--2. «Bacchanale», haut relief du «Fleuriste» de la Ville, par Dalou.

Quant à Ziem, cinquante-six tableaux, soixante-quatorze études, quarante et une aquarelles, constituent sa contribution à cette exposition permanente, vraiment digne de la faveur du public.


LE PEINTRE ZIEM CHEZ LUI

Comme on le mentionne d'autre part, le musée de la ville de Paris, au Petit Palais des Champs-Elysées, vient de s'enrichir d'une importante collection d'oeuvres de Ziem; il convient d'ajouter que, cette bonne fortune, il la doit à la libéralité du maître. De pareils cadeaux sont le plus souvent posthumes; en effet, pour les offrir de son vivant, il faut que le donateur ait pleine conscience de la consécration de sa renommée avant le verdict définitif de la postérité. Or, tel est, sans conteste, le cas du peintre des splendeurs lumineuses de Venise.


Le peintre Ziem dans son jardin.

Mû par un sentiment de respectueuse curiosité, j'ai ambitionné l'honneur d'être admis en présence de ce notoire contemporain. Des gens soi-disant avertis m'avaient objecté la témérité de mon dessein: «Ziem, assuraient-ils, est un original peu sociable; depuis des années il mène une existence d'ermite au fond de sa retraite de Montmartre et l'on n'entre pas chez lui comme au proche Moulin de la Galette.» Baste! pensai-je, risquons toujours l'aventure!


Dans son atelier.

Donc, me voici devant le numéro 72 de la rue Lepic, tirant timidement le fil de fer qui sert de cordon de sonnette. Certes, la maison est d'aspect peu engageant: un cube massif de briques rouges, aux baroques adjonctions parasitaires, aux étroites fenêtres, la plupart masquées d'auvents, une porte de prison. Ouverture préalable d'un judas, pourparlers, entre-bâillement de l'huis, introduction. Dès l'entrée du jardin foisonnant de folles verdures, le pied se heurte à un sarcophage de pierre et à des fragments de sculpture antique, tandis que la tête s'incline instinctivement sous la menace illusoire d'un énorme crocodile empaillé pendu au toit. Cela sent déjà l'alchimie, la sorcellerie; que sera-ce quand on pénétrera dans les ténèbres de l'«antre» mystérieux? Mais un octogénaire de belle prestance, d'une verdeur extraordinaire, paraît sur le seuil, et la légende s'évanouit. Le sorcier se contente d'être un magicien de la palette; le prétendu misanthrope rébarbatif est un homme d'un accueil avenant, prêt à faire au visiteur, avec une exquise courtoisie, les honneurs de ses deux ateliers, de son «capharnaüm», étrange pêle-mêle d'oripeaux fanés, de bibelots précieux, de bouquins rares, où se complaît son recueillement. Causeur disert, le maître parle d'une voix très douce: un susurrement musical, où revient souvent le mot «superbe», qualifiant les réalités pittoresques, sujets de son enthousiasme, et que l'auditeur, lui, applique aux tableaux qu'elles ont inspirés à son prestigieux pinceau. Et enfin, soulignée d'un geste large vers une esquisse toute nouvelle, une phrase ayant l'éloquente concision d'une devise lapidaire: «Travailler jusqu'au bout!...»

Deux heures après, je sortais de la sombre maison, foyer de radieuse lumière, emportant la certitude d'avoir approché et entendu non seulement un incomparable virtuose, mais encore un très grand artiste.
Edmond Frank



DEUX OEUVRES DE DALOU EXPOSÉES AU PALAIS DES
BEAUX-ARTS DE LA VILLE DE PARIS (PETIT PALAIS)


Liseuse. Photographie A. Giraudon.



Boulonaise allaitant. Photographie A. Giraudon.



(Agrandissement)
SUR LES PLAGES
Photographies instantanées.--Voir l'article, page 90.


LE RAID HIPPIQUE LYON-AIX-LES-BAINS.


Un raidillon sur le parcours de la première étape, de Lyon à Lagneu.


Le lieutenant de Benoist descendant le col du Crucifix.

Le capitaine Deremetz traversant Montalieu.

Le passage du gué de l'Ain.

Le lieutenant d'Humières dans le gué de l'Ain.



Une douche rafraîchissante donnée au cheval du lieutenant de Gironde par le lieutenant Degorge.

Pour la troisième fois, le raid hippique organisé par la revue Armée et Marine vient d'être couru du 26 au 28 juillet. Les précédentes épreuves, Paris-Deauville et Lyon-Vichy, furent disputées sur route; le programme de celle-ci portait que la course s'effectuerait en «terrain varié», à travers champs et bois, afin de rendre l'expérience plus démonstrative. Trois étapes: 1° Lyon à Lagneu, 55 kilomètres; 2° Lagneu à La-Tour-du-Pin, 65 kilomètres; 3° La Tour-du-Pin à Lyon, 55 kilomètres. Sur 47 partants, 24 concurrents sont arrivés, le premier ayant accompli le parcours total en 10 heures 32 minutes.


Les vainqueurs: les capitaines Champsavin, 1er (28e dragons); Bucaut, 2e (11e chasseurs); Deremetz, 3e (31e dragons).


Le saut d'un fossé en plein champ par le capitaine
Bontemps, les lieutenants Barrière, Bruyas et Lignon.



Phot. Paul Boyer.Mme JULIA BARTET, chevalière de la Légion d'honneur.

Mme Bartet, doyenne de la Comédie-Française, vient d'être nommée «chevalière» de la Légion d'honneur. L'éminente artiste appartient à la Maison de Molière depuis vingt-cinq ans; elle y compte à peu près une égale durée de sociétariat et, en y accomplissant la plus brillante partie d'une carrière dramatique de plus de trente ans, elle en est devenue incontestablement une des gloires.

Si tous ceux qui l'ont admirée et applaudie avaient eu à trancher par voie de référendum la question: «Mme Bartet mérite-t-elle la croix?» le résultat du vote n'eût pas été douteux, étant donné que la toute-puissance du talent n'est point seulement du côté de la barbe et qu'aujourd'hui, dans les arts comme dans la littérature, la suprême distinction honorifique a cessé d'être un privilège exclusivement masculin. Or, le public n'eut pas voix au chapitre; l'affaire ressortissait au gouvernement et à la grande Chancellerie et, pour ces deux hautes autorités, soucieuses du formalisme, la question préjudicielle se posait ainsi: «Pouvait-on décorer Mme Bartet?» Pourquoi pas? Il y avait deux précédents: l'un récent, celui de Mme Adelina Patti; l'autre datant d'une dizaine d'années, celui de Mme Marie Laurent. Mais, objectait-on, la célèbre cantatrice a, suivant des conventions admises, bénéficié de sa qualité d'étrangère et la populaire actrice reçut le ruban rouge comme fondatrice de l'Orphelinat des arts, tandis que, s'agissant simplement d'une grande comédienne, le cas était grave. Fort heureusement ces chinoiseries n'ont pas prévalu; on a opté pour la solution la plus juste et la plus élégante. Voilà comment Mme Bartet a la fortune, que sa modestie avérée n'ambitionnait probablement pas, d'être la première artiste femme décorée au seul titre de comédienne et de voir son nom attaché à une petite révolution de palais--et de théâtre.


ROBINSONS MODERNES: LES PASSAGERS DU "CHODOC", NAUFRAGÉS
SUR LA COTE DES SOMALIS, A LA POINTE EXTRÊME-ORIENTALE
DE L'AFRIQUE (CAP GUARDAFUI)





1. Sur la plage: un sauveteur et un groupe de naufragés près de la pirogue qui les a transbordés (au fond, le Chodoc échoué).--2. Les préparatifs d'un campement provisoire. 3. La promenade des passagères à travers le camp improvisé, pendant l'installation des tentes--4. Devant le photographe... en attendant le rapatriement.--.Photographies instantanées communiquées par un des naufragés.]

En mentionnant (nº du 29 juillet) l'échouement, dans les parages du cap Guardafui, du Chodoc, paquebot de la Compagnie des Chargeurs-Réunis, venant d'Extrême-Orient, nous avons dit le concours précieux, sinon désintéressé, apporté par les indigènes de la côte au sauvetage des passagers.

Débarqués sur le rivage, les naufragés, au nombre d'environ six cents, durent, bon gré mal gré, rester là jusqu'au dénouement problématique de leur fâcheuse aventure. Ils installèrent donc un campement dont les intéressants documents photographiques reproduits ici montrent l'aspect, d'autant plus pittoresque et curieux que l'on comptait cent cinquante femmes et enfants parmi les hôtes accidentels des Somalis. Ceux-ci, d'ailleurs, profitant d'une rare aubaine, ne pratiquèrent nullement l'hospitalité à l'écossaise: non contents de vendre aux voyageurs jusqu'à l'eau potable, ils ne se firent pas faute de les alléger de leurs bagages.

Aussi, pendant un jour et demi d'attente, les victimes de cette robinsonnade forcée, les yeux anxieusement fixés vers l'horizon, multiplièrent-elles les signaux de détresse. On juge avec quelle joie elles saluèrent l'apparition du bateau sauveur, le vapeur russe Smolensk, quel empressement elles quittèrent une plage n'ayant rien des commodités ni des agréments des plages mondaines désignées d'autre part.


EN RUSSIE: LA LUTTE POUR LA CONSTITUTION

(Voir l'article, page 101).


Prince Dolgoroukof. Comte Heyden. LE CONGRÈS DE MOSCOU
(19-21 juillet).--Une des séances de l'assemblée générale des représentants des zemstvos, présidée par le comte Heyden, chez le prince Paul Dolgoroukof.


APRÈS LE CONGRÈS (22 juillet).--Séance supplémentaire
chez M. Novosiltsef pour la formation d'un parti
constitutionnaliste-démocratique.

--Photographies Smirnoff.]


DOCUMENTS et INFORMATIONS

Le concours des «poids lourds».


Exposition des véhicules automobiles industriels dans le
jardin des Tuileries (au premier plan: des fourgons militaires).

L'Automobile-Club de France a eu l'excellente et très louable idée d'organiser, du 28 juillet au 8 août, un concours de véhicules automobiles industriels et de fourgons militaires.

Voici assurément une manifestation sportive toute nouvelle dans son genre. Il ne s'agit plus, cette fois, de procurer des sensations inédites à des sportsmen fortunés, amoureux de vitesse, ni de consacrer à nouveau la renommée de professionnels dont, en leur temps, nous avons apprécié les exploits.

Les poids lourds ne disputeront point aux véhicules légers la coupe Gordon-Bennett. Ils ont des ambitions plus modestes... et moins dangereuses. En leur faisant parcourir des pays agricoles et industriels, leurs constructeurs veulent surtout affirmer la supériorité incontestable de ces moyens de transport en commun sur tous les autres modes par traction animale. De cette très intéressante et très utile expérience, dont l'idée première appartient à M. de Dion, il résultera, nous n'en doutons pas, un mouvement favorable à l'extension de notre industrie automobile en France et à l'étranger.


Un des omnibus automobiles destinés à la ville de Londres.


Un projecteur électrique de campagne installé sur un camion automobile.

Cinquante-cinq véhicules de tous ordres, et dont plusieurs sont extrêmement ingénieux, ont pris part au concours.

Un pont dans la Saône.


      Un pont tombé dans la Saône, pendant son lancement,
          à Guéreins (Ain).
Phot. comm. par M. Duquaire

Un de ces accidents que les progrès de la construction métallique rendent de plus en plus rares vient de se produire à Guéreins, dans l'Ain. Un pont mixte, destiné à la fois au passage des voitures et des piétons, entre Guéreins et Belleville, et à l'établissement d'une ligne projetée entre Beaujeu et Châtillon-sur-Chalaronne, a plongé par une de ses extrémités dans la Saône. Après l'achèvement des soutiens de maçonnerie, on avait voulu, selon l'usage, faire glisser de pile à pile, jusque sur l'autre rive, la partie du tablier du pont qui devait y trouver sa place définitive. Pour atténuer la trop grande portée à vide du pont avant qu'il atteignît les piles, on l'avait muni d'un avant-bec de texture plus légère, qui viendrait reposer d'abord sur les galets du soutien et servir de conducteur à la travée. L'opération commença dans ces conditions. Mais à peine le bec se fut-il appuyé sur la première pile qu'il se rompit, au cours d'un violent orage. Le pont, privé de son soutien, plongea du nez dans la Saône à une profondeur de 4 mètres. Il faudra, dit-on, plus de six mois pour réparer l'accident.

Le prix du blé depuis cent ans.

M. Bêla Foelder, professeur à l'université de Budapest, vient de publier une étude sur le prix de l'hectolitre de blé, depuis le commencement du dix-neuvième siècle, pour la France, l'Angleterre, la Prusse, l'Italie, la Belgique et l'Autriche-Hongrie; et M. Levasseur, notre éminent économiste, a eu l'heureuse idée de traduire ces chiffres en un graphique qu'il a présenté à la Société de statistique.

Sur ce graphique, on distingue trois périodes bien tranchées: de 1800 à 1850, il y a un grand écart d'une courbe à l'autre; le prix est constamment plus élevé en Angleterre, surtout de 1801 à 1812, pendant les guerres de l'Empire. En Hongrie, le prix est très bas et descend jusqu'à 3 francs l'hectolitre en 1826.

Dans la seconde moitié du dernier siècle, la vapeur diminue les frais de transport et le télégraphe facilite les relations; le commerce s'organise et l'on voit ces courbes se rapprocher les unes des autres jusqu'en 1870.

Mais, en 1870, la relation change. La courbe de l'Angleterre descend au-dessous de celle de la France et de nouveaux écarts apparaissent, qui résultent vraisemblablement des droits de douane.

La France et l'Italie deviennent les pays où le prix moyen de l'hectolitre de blé est le plus élevé. L'Angleterre, la Belgique et la Prusse deviennent les pays d'importation où il est le plus bas.

Il est bas aussi, naturellement, dans les, pays d'exportation, comme la Hongrie et surtout les États-Unis.

A QUEL AGE LE CERVEAU DE L'HOMME PERD-IL SA VALEUR?

La «presse jaune» des États-Unis a mené grand bruit, ces temps derniers, à propos d'une conférence qui a été faite par un médecin anglais, M. Osier, et au cours de laquelle ce dernier aurait déclaré tout simplement qu'après soixante ans le cerveau humain est sans valeur et que tout sexagénaire devrait être doucement éliminé au moyen du chloroforme. M. Osier n'a rien dit de pareil. Ce qu'il a dit, c'est que le meilleur de l'oeuvre intellectuelle des hommes qui travaillent du cerveau se fait avant quarante ans, et qu'après soixante ans, leur production devient très inférieure. Goethe avait déjà dit qu'on n'acquiert plus d'idées nouvelles après quarante ans. Mais Macaulay a fait observer que, si de belles oeuvres ont été faites avant quarante ans, les plus grandes et les plus belles sont dues à des cerveaux de plus de quarante ans. L'affirmation de M. Osier est très discutable. Peut-être est-elle exacte pour certains genres de travaux intellectuels, et très inexacte pour d'autres.

Aussi Macaulay était-il d'avis que les 19 vingtièmes des meilleurs livres sont l'oeuvre d'hommes ayant plus de quarante ans. Et certainement, si l'on y réfléchit, on pensera, comme lui, que le cerveau n'est pas du tout condamné à donner, après quarante ans, des oeuvres inférieures à celles qu'il produisait avant cet âge.

Pérégrinations d'épaves.

Dans toute mer où il y a de la navigation, il y a des épaves aussi, des navires qu'il a fallu abandonner, mais qui, avant de se briser et de couler, peuvent encore faire de longs voyages, ballottés par le vent et les courants. Dans l'Atlantique, il y en a bon nombre: ce sont surtout des vaisseaux en bois, chargés de bois. Les vaisseaux en fer coulent vite; ceux en bois peuvent flotter longtemps encore. On connaît les exploits de certains de ces derniers: le service de la navigation aux États-Unis se fait sans cesse renseigner sur les épaves qui ont été rencontrées et, par la comparaison des observations, il établit la route et la durée de la course de l'épave Une de celles-ci, l'Alma-Cummings, un schooner, a couru l'Atlantique pendant 587 jours et fait un trajet de 8.000 kilomètres. Cette barque avait pris un chargement de bois à Port-Royal pour Boston, en 1895, au mois de janvier; en février, elle fut assaillie par un blizzard qui est à juste titre resté fameux. Ses mâts se brisèrent et, pendant quelques jours, l'équipage fut en grand péril. La tempête s'étant calmée, les hommes purent être recueillis par un vapeur. Mais la barque continua à flotter. Plusieurs grands vaisseaux l'aperçurent et la signalèrent. L'un deux, pour débarrasser la navigation de ce danger, y mit le feu; mais elle ne put brûler que superficiellement: le pont était trempé et la cargaison de bois aussi. On la rencontra pour la dernière fois sous l'équateur; quelques mois après, les courants l'avaient poussée sur la côte de Colon où les Indiens la mirent en pièces. Une autre barque, la Fannie G. Wolston, a fait mieux. Elle s'est promenée pendant quatre ans dans l'Atlantique, y faisant 15.000 kilomètres. Abandonnée le 15 octobre 1891, au cap Hatteras, elle monta vers le nord avec le Gulf-Stream. Puis, une tempête la chassa jusque dans la mer des Sargasses, où elle est restée deux ans.

De la mer des Sargasses elle fut portée sur la côte de Floride, puis vers le Nouveau-Jersey, où elle a dû être détruite, car on n'a plus eu de ses nouvelles. Moins longue a été la carrière d'une autre épave de nom inconnu, mais plus tragique. Car le bateau qui la découvrit trouva un timonier à la roue: un matelot s'était attaché à celle-ci et il était mort à son poste. Son cadavre restait en place, les mains sur les rayons, les yeux vides semblant chercher à voir encore ce que devenait la tempête. On fit sauter cette barque-fantôme, et son conducteur alla trouver, au fond de la mer, le repos. Une autre épave curieuse est celle qui, il y a quelques années, traversa les bancs de Terre-Neuve. Elle était juchée au sommet d'un iceberg et entourée de glace. La barque avait donné sur de la glace qui s'était détachée de la côte et avait été entraînée par le courant. La pluie et la neige, se changeant en glace, la fixèrent sur sa banquise, et c'est ainsi qu'elle vint se montrer aux pêcheurs du Grand-Banc, traversant avec pompe la flotte des morutiers effarés.

La graphologie au Japon.

L'étude du caractère par l'écriture tend de plus en plus à se généraliser.

La graphologie, inventée et propagée par un Français, l'abbé Michon, date chez nous d'une cinquantaine d'années à peine; mais, au Japon, on retrouve la preuve certaine que la graphologie y a été connue de tous temps. Au pays du Soleil Levant, nous écrit M. Albert de Rochetal, directeur de la Revue graphologique, à qui nous devons le curieux document ci-joint, elle est pratiquée depuis des siècles. Tous les gens qui tirent la bonne aventure par la physionomie, les lignes de la main et autres moyens plus ou moins mystérieux, ont l'habitude de faire tracer par leurs clients une ligne ou barre sur une feuille de papier, et voient ainsi l'ensemble de son tempérament. Vous comprenez bien: un simple trait suffit aux sorciers japonais pour juger le caractère; combien de nos graphologues européens pourraient en faire autant?

Voici les principales formes de barres qui leur servent de types:

Ces barres sont ici représentées en tenant compte des proportions, car les Japonais écrivent avec un pinceau, ce qui fait que le trait est beaucoup plus gros, surtout les formes 1, 2, 3, 4. De plus, elles sont horizontales, bien que l'écriture japonaise, tirée de la chinoise, soit tracée de haut en bas. Pour les barres verticales, les significations sont les mêmes.

Barre mince, rigide et courte (fig. 1), signifie esprit net, décidé.

Barre mince et rapide, plus ou moins horizontale, comme un trait de plume (fig. 2), signifie vivacité, gaieté, volonté faible.

Barre fine et tracée lentement (fig. 3), signifie délicatesse de goûts et de sentiments, caractère un peu maniéré.

Barre rapide, en coup de plume, recourbée (fig. 4), signifie vivacité, violence, despotisme.

Barre courte et appuyée (fig. 5), signifie volonté forte et nette, franchise.

Barre longue et appuyée (fig. 6), signifie volonté forte, initiative, franchise.

Barre lente et massive (fig. 7), signifie sensualisme, goûts un peu vulgaires.

Barre informe (fig. 8), signifie nonchalance et paresse, mensonge. Cette barre affecte toutes les formes.

Barre terminée par un crochet (fig. 9), signifie ténacité, caractère crochu.

Barre terminée en massue (fig. 10), signifie franchise, violence. -Barre terminée en pointe (fig. 11), a deux significations, selon qu'elle est mince où épaisse au début: mince, elle signifie colère, méchanceté; épaisse, elle signifie esprit rusé.

Borne en fuseau, ou à renflements multiples (fig. 12), signifie sensualisme raffiné.

La direction du trait a aussi son importance. Avant tout, et quelle que soit leur forme, lorsque les barres sont ascendantes, les sorciers japonais voient l'activité, la gaieté; au contraire, lorsqu'elles sont descendantes, c'est-à-dire qu'elles tombent, ils conjecturent la maladie, le découragement ou la mollesse.

Ne trouvez-vous pas curieuse cette, façon d'interpréter l'écriture réduite à sa plus simple expression: le trait. Mais il y a mieux: c'est que toutes ces explications, si brèves et un peu vagues, correspondent à nos propres principes graphologiques. En un mot, c'est la quintessence de la graphologie devinée et appliquée de temps immémorial par l'esprit subtil des Asiatiques.

M. Albert de Rochetal a donné ici les principales formes, car il y a autant de façons de tracer une ligne qu'il y a d'individus.

Les Japonais attachent une importance énorme à la délicatesse des traits ou plutôt à l'originalité artistique. Ils disent d'une belle écriture qu'elle est sainte, sacrée. Il y a des Japonais qui passent toute leur vie à perfectionner leur écriture, non pas d'après les règles calligraphiques, mais d'après certaines formes qu'ils jugent belles. Nous avons, en France, l'équivalent, lorsque nous disons de certaines écritures d'artistes qu' elles ont du cachet.


Les différentes formes de traits qui servent à déterminer
le caractère humain d'après la graphologie japonaise.

Les Japonais savent distinguer les moindres nuances, d'autant mieux que le consultant manie le pinceau sous leurs yeux et qu'il se trahit ainsi par ses gestes plus ou moins vifs, hardis, calmes ou hésitants. Peu de nos graphologues européens, avec leurs méthodes détaillées, seraient capables de pareils tours de force...

LA NAGEUSE ANNETTE KELLERMANN

A peu près chaque année, des champions de l'un et de l'autre sexe tentent d'égaler le record du capitaine anglais Webb, en renouvelant la traversée à la nage du détroit du Pas-de-Calais.

Ces derniers jours, trois concurrents sérieux, deux Anglais, MM. Heaton et Thomas Burgess, et une jeune Australienne, Mlle Annette Kellermann, venaient prendre position à Douvres. Heaton et Mlle Kellermann se sont mis à l'eau le 26 juillet, Burgess a pris la mer le 27, mais aucun des trois n'a pu s'éloigner à plus d'une douzaine de milles de la côte.

On dit que Burgess recommencera le 8 août. Mlle Kellermann, un peu fâchée de son échec, qu'elle attribue à la houle trop forte et à la brume trop intense, boude les éléments. C'est, d'ailleurs, son droit de jolie femme. Les photographies que nous publions témoignent, en effet, que Mlle Kellermann est une fort gracieuse Australienne; elles font, en tout cas, un contraste amusant avec l'instantané qui représente la jeune femme, affublée d'énormes lunettes, coiffée d'un casque, utile mais inesthétique, le visage protégé par un enduit huileux, défigurée, enfin, ainsi qu'il sied à une nageuse intrépide à la conquête du championnat de la Manche.

Coiffée pour le bal.--Coiffée pour la mer. La toilette avant une séance d'entraînement en mer. En costume de championnat.

UNE CHAMPIONNE DE LA NATATION: Mlle ANNETTE KELLERMANN, QUI A TENTÉ LA TRAVERSÉE DE LA MANCHE.


Le palais de Portsmouth (États-Unis), où les plénipotentiaires russes et japonais vont se rencontrer pour traiter de la paix. Copyright Underwood and Underwood.
La villa «Sagamore», où M. Roosevelt, en villégiature à la baie des Huîtres, a reçu le baron Komura et M. Witte.

LES PLÉNIPOTENTIAIRES RUSSES ET JAPONAIS EN AMÉRIQUE

C'est, on le sait, à Portsmouth (États-Unis), ville du New-Hampshire, située au nord de Boston, que vont se réunir les plénipotentiaires russes et japonais, appelés à discuter les conditions de la paix. Le gouvernement américain a mis à leur disposition le bâtiment affecté au magasin d'équipement de la marine, dont les bureaux ont été aménagés en vue des séances peut-être nombreuses qu'ils y tiendront.

En attendant leur séjour plus ou moins prolongé dans la maison où se décidera la paix, les plénipotentiaires ont reçu l'accueil le plus hospitalier du président Roosevelt dans sa maison d'été de «Sagamore», à Oyster-Bay, près de New-York.

LES SOLDATS MOISSONNEURS


La moisson faite par des soldats dans les blés couchés par l'orage, aux environs de Paris (entre Saint-Denis et Aubervilliers).

De tout temps il a été d'usage, à l'époque de la moisson, de mettre à la disposition des cultivateurs des travailleurs militaires, choisis de préférence parmi les hommes originaires de la campagne. L'utilité de ce renfort s'est fait sentir plus particulièrement cette année; en effet, de fréquents orages, de violents ouragans, ont versé une partie des blés, ce qui rend l'emploi des faucheuses mécaniques presque impossible et nécessite le travail à la main. Or, l'agriculture manquant de bras, le ministre de la Guerre, afin de lui en fournir, a donné aux chefs de corps des instructions en conséquence. C'est ainsi que, dans les champs de la banlieue parisienne, la plupart bornés par de noires usines--notamment entre Saint-Denis et Aubervilliers--on pouvait voir, ces jours derniers, des équipes de soldats vêtus de treillis manier la faucille et lier les gerbes avec la même activité qu'ils apportent à leurs exercices habituels.


       Le sculpteur Armand
       Seveel.
Phot. Desrez.

LE SCULPTEUR ARMAND SEVEEL

Nos artistes s'en vont. Après un peintre, cet admirable Henner, dont le dernier numéro de L'Illustration reproduisait les traits vénérables, voici le sculpteur Seveel--un autre vieillard tout blanc--qui vient de disparaître.

Armand Seveel était né à Bricquebec, dans la Manche, il y a près d'un siècle, exactement en 1820. Tout le monde connaît et admire sa magnifique statue de Napoléon Ier, qui s'élève à Cherbourg au milieu de la place d'Armes. C'est également à Seveel que la ville d'Orléans doit sa Jeanne d'Arc équestre.

Le sculpteur disparu aimait avec passion l'art des siècles passés. Il avait des collections précieuses de porcelaines anciennes. L'une de ces collections fut cédée au musée de Cluny, où elle figure en bonne place; une autre est, croit-on, léguée à la ville de Cherbourg, où l'éminent artiste fut l'objet d'un culte légitime et où il vient de s'éteindre tout doucement ces jours derniers.

Armand Seveel était chevalier de la Légion d'honneur.


LE CONGRÈS DES ZEMSTVOS A MOSCOU

Le caractère et l'importance du mouvement politique et social en Russie se sont affirmés de nouveau par le Congrès des délégués des zemstvos et doumas, qui s'est tenu à Moscou le mois dernier.

Malgré l'interdiction de l'autorité, le 19 juillet, les congressistes se réunissaient chez le prince Paul Dolgoroukof, maréchal de la noblesse et chambellan de la cour, celui-ci ayant mis à leur disposition une vaste salle de son palais; 225 délégués, représentants des zemstvos et des doumas de toutes les villes peuplées de plus de 50.000 habitants, et un nombre à peu près égal de membres des mêmes institutions, venus spontanément, sans mandat, composaient une réunion de plus de 400 personnes. Une intervention de la police pour la dissoudre, comme illégale, resta sans effet, après avoir soulevé de vives protestations et quelques incidents dont un photographe avisé eut le temps de fixer la physionomie; la séance suivit son cours, sous la présidence du comte Heyden, maréchal de la noblesse du district d'Oponetz et membre du zemstvo de Pskof. Continuées le 20 et le 21, les délibérations aboutirent au vote de diverses résolutions relatives à l'obtention des réformes constitutionnelles les plus libérales.

Le 22, eut lieu chez M. Novosiltsef, sous la présidence de M. Pétrov Solovov, une réunion supplémentaire où fut décidée la formation d'un parti «constitutionnaliste-démocratique».


NOTES ET IMPRESSIONS

En diplomatie, adhérer en principe est une manière polie de refuser. Prince de Bismarck.

*
* *

Ne rien définir et laisser tout espérer, c'est le prestige des révolutions. Lamartine.

*
* *

Dans les pays apathiques, le pouvoir tend à passer aux mains des bavards déclassés. H. Taine.

*
* *

Les vocations des enfants sont d'ordinaire simple affaire d'amour-propre; ils en ont souvent trop pour en avoir une.

*
* *

Ne rien savoir est le secret de ne douter de rien. G.-M. Valtour.



(Agrandissement)


NOUVELLES INVENTIONS

(Tous les articles compris sous cette rubrique sont entièrement gratuits.)

NOUVEAU FILTRE PERFECTIONNÉ

Dans les périodes de chaleur où l'eau est une cause de maladies graves, nous croyons intéresser nos lecteurs en leur signalant le nouveau type de filtre perfectionné de M. Mallié, dont les avantages se résument en deux mots: grand débit et stérilisation complète.

Ce nouveau filtre, avec sa grande surface de filtration, présente, l'avantage de pouvoir donner une carafe d'eau absolument stérilisée en moins d'une minute et supprime ainsi l'usage du tonneau servant de réservoir dans lequel l'eau parfois se réchauffe avant de servir à la consommation.

Grâce à un robinet spécial placé en-dessous du filtre on peut laisser couler un instant l'eau non filtrée pour la rafraîchir; l'eau vient passer sur les parois extérieures de la bougie, la nettoie et chasse en même temps les impuretés qui s'amassent entre la bougie et l'enveloppe métallique. Ce filtre a donc besoin d'être démonté pour le nettoyage bien moins souvent qu'un autre.

Ce filtre se pose de deux manières différentes: avec un support qui le tient éloigné environ de 10 centimètres du mur contre lequel il est placé, ou avec un support et un collier; il est alors placé le plus près du mur possible (fig. 1), environ à 2 centimètres.

Un autre type de filtre se plaçant, comme le filtre précédent, à l'aide d'un support et d'un collier, présente l'avantage d'avoir au milieu un robinet ordinaire pour prendre l'eau non filtrée; un autre robinet placé au-dessus et portant la mention: eau filtrée, permet de prendre celle-ci.

L'arrivée d'eau se fait par le robinet du bas.

Le débit est considérablement augmenté par ce fait que la bougie est moulée en forme de poche intérieure (fig. 2) et présente ainsi une surface de filtration presque double.

Les filtres de la maison Mallié sont en porcelaine d'amiante; les pores très réguliers et très abondants de cette matière permettent un écoulement très rapide de l'eau tout en la dépouillant entièrement de tout microbe et de toute impureté solide, en raison de leur extrême finesse.

Pour le nettoyage, il suffit de dévisser la partie supérieure du filtre: on retire alors la bougie sans difficulté, il suffit de la brosser à l'eau chaude de préférence.

Pour tous renseignements, prière de s'adresser à M. Mallié, 155, faubourg Poissonnière, Paris.

GARROT "AMÉRICAIN"

En particulier pendant les chaleurs, les chevaux ont à souffrir de blessures occasionnées par le collier. Notre figure représente au lecteur le Garrot «américain», appareil susceptible, au dire de l'inventeur, d'éviter les blessures du garrot et même de guérir celles déjà survenues.

Cet appareil est fait en zinc et de telle façon qu'il maintient le garrot du cheval constamment frais. Des essais faits sur des chevaux auxquels on était obligé de mettre des colliers spéciaux ont permis de juger que cet appareil pouvait guérir les chevaux blessés sans interrompre leur travail. Au cours de ces essais, plusieurs animaux assujettis à certaines blessures du cou en ont été préservés par l'emploi de cet instrument. Il est admissible, en effet, que la présence d'un métal sur la peau la maintienne en état de fraîcheur. Le prix de l'appareil étant d'ailleurs fort modique, il peut être de l'intérêt des cultivateurs possédant un ou plusieurs chevaux de se munir de cet appareil, qui s'adapte à tous les genres de colliers sans préparation ni difficultés.

Le Garrot «américain» se trouve en vente chez M. Feret, 27, place de la Bonneterie, Troyes.

Il se fabrique en trois tailles; petit, au prix de 5 francs; moyen et grand, au prix de 6 francs. Ajouter 0 fr. 60 pour le port.




Note du transcripteur: Ce supplément ne nous a pas été fourni.








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because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
people in all walks of life.

Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
remain freely available for generations to come.  In 2001, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.


Section 3.  Information about the Project Gutenberg Literary Archive
Foundation

The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service.  The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541.  Its 501(c)(3) letter is posted at
http://pglaf.org/fundraising.  Contributions to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
permitted by U.S. federal laws and your state's laws.

The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
throughout numerous locations.  Its business office is located at
809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
business@pglaf.org.  Email contact links and up to date contact
information can be found at the Foundation's web site and official
page at http://pglaf.org

For additional contact information:
     Dr. Gregory B. Newby
     Chief Executive and Director
     gbnewby@pglaf.org


Section 4.  Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation

Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment.  Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.

The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States.  Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements.  We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance.  To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit http://pglaf.org

While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.

International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States.  U.S. laws alone swamp our small staff.

Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses.  Donations are accepted in a number of other
ways including checks, online payments and credit card donations.
To donate, please visit: http://pglaf.org/donate


Section 5.  General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.

Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone.  For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.


Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included.  Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.


Most people start at our Web site which has the main PG search facility:

     http://www.gutenberg.org

This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.